Chroniques

Retrouvez quotidiennement les sorties d’albums qui font l’actualité (ou pas !). Classés par style, n’hésitez pas à fouiller un peu et à partir à la découverte de groupes qui n’ont pas forcément la lumière qu’ils méritent !

Liste Chroniques
6 novembre 2025BluesDe son côté de l’hémisphère, le songwriter Grant Haua présente un Blues dynamique et débridé depuis trois réalisations studio maintenant, alors que David Noël enflamme les scènes hexagonales, entre autres, avec The Supersoul Brothers depuis une bonne décennie déjà. Partageant le même label, Dixiefrog, les deux chanteurs n’ont pas tardé à faire connaissance et se sont bien sûr trouvé quelques points communs, dont un amour incandescent pour le Blues. De là est né « Two Roots », une belle entrée en matière dont on espère vivement une suite. ATUA BLUES « Two Roots » (Dixiefrog) Le choc des cultures n’en est pas forcément un, lorsque celles-ci se connectent à une même passion. Et quand un Maori et un Béarnais font cause commune, ça débouche même sur une interaction musicale de haut vol. Grant Haua et David Noël, alias Feelgood Dave, se sont d’abord rencontrés il ya trois ans, puis ont tourné ensemble et après une concluante collaboration sur le single de la chanteuse DeLayne, ils se sont rendus à l’évidence qu’un projet commun sera une bien belle idée. Et c’est le cas avec ATUA BLUES, via « Two Roots ». Bien aidé par la technologie, le duo a pu effacer les milliers de kilomètres les séparant pour mettre au point ce premier effort dont la fraîcheur et la production très organique sonnent plus vrai que nature. S’ils l’ont composé à quatre mains, mais chacun de son côté, le Maori et le Français se montrent très complices, au point d’offrir à « Two Roots » une saveur très personnelle assez étonnante. ATUA BLUES ne fait qu’un et les morceaux du tandem sont très complémentaires et même, dans l’ensemble, très homogène dans leur écriture. Très acoustique dans sa composition, « Two Roots » bénéficie aussi du soutien de Tim Julian (basse, claviers, percussions) et du batteur James Bos. Hormis « Amazing Grace », « My Sweet Lord » et « Rose », les huit autres titres sont signés ATUA BLUES. Ainsi, quand l’un prend le lead, la voix gorgée de Soul de David Noël illumine « What have We Done » et « Who’s Gonna Save My Soul » notamment, tandis que Grant Haua apporte du relief à « River Blues », « Hard Lovin’ Woman » et « I Got The Blues ». Deux artistes et un même feeling. Photo : Philip Ducap Retrouvez les chroniques des albums de Grant Haua, The Supersoul Brothers et… DeLayne : Grant Haua : une belle respiration Grant Haua : au plus près des racines Grant Haua : le blues Maori The Supersoul Brothers : lumineux The Supersoul Brothers : soul on fire ! DeLayne : la beauté du Blues maori [...]
3 novembre 2025Blues / International / R&B / SoulS’il a un parcours pour le moins atypique, ce n’est plus ce que l’on retient aujourd’hui de ROBERT FINLEY. De son incroyable rencontre avec Dan Auerbach, moitié de The Black Keys et patron du label Easy Eye Sound, à ses premières tournées, il sort aujourd’hui son cinquième album et il vient marquer une décennie de créativité et la réalisation d’un rêve d’enfant. Avec « Hallelujah! Don’t Let The Devil Fool Ya », le chanteur Soul s’adresse à toutes les générations dans un registre plus Gospel que jamais, fait d’un Blues aux contours très jam, comme s’il laissait un esprit s’emparer de ses nouveaux morceaux. Cette fois aussi, c’est en famille, avec sa fille Christy Johnson, qu’il partage ce nouvel opus. Loin d’être un passage de témoin, c’’est surtout une réunion qui prend tout son sens. Entretien avec un chanteur à la voix de velours, qui a su garder un enthousiasme fou.       – Il y a dix ans maintenant, ta vie prenait une tournant important avec la sortie de ton premier album, « Age Don’t Mean A Thing ». Ensuite, beaucoup de choses se sont accélérées. Quel est ton état d’esprit aujourd’hui ? Est-ce qu’une certaine routine s’est installée, ou y a-t-il toujours de l’émerveillement dans ton quotidien ? Cela signifie surtout que les rêves peuvent devenir réalité et je n’ai jamais perdu espoir. Je n’ai jamais abandonné ma fierté, non plus, et je crois toujours en ce que je fais, car c’était vraiment un rêve d’enfance. – « Hallelujah ! Don’t Tell The Devil Fool Ya » est ton cinquième album en l’espace de dix ans, ce qui est une fréquence assez soutenue. Y a-t-il chez toi la volonté de rattraper le temps perdu, ou au contraire as-tu le sentiment de faire les choses à ton rythme ? J’ai l’impression que tout arrive en temps voulu. Je n’ai aucun regret là-dessus. Si la même opportunité s’était présentée il y a 20 ou 30 ans, je ne sais pas si j’aurais été mentalement préparé pour ce succès. Donc, mon conseil à tous les jeunes artistes qui commencent est de toujours rester soi-même, car les rêves peuvent se réaliser tôt ou tard. – D’ailleurs, est-ce que depuis toutes ces années et au fil des albums, il y a des chansons que tu gardais depuis longtemps, et auxquelles tu tenais, et que tu as enfin pu enregistrer ? Non, tout s’est passé sur le moment. J’ai juste eu cette opportunité de m’exprimer et ce nouvel album est ma façon de dire que j’ai toujours de l’espoir en moi et que je ne l’abandonnerai jamais. Son titre parle pour lui… (Sourires) – J’aimerais que l’on revienne un instant sur cette rencontre et cette formidable collaboration avec Dan Auerbach et son label Easy Eye Sound. Sans mauvais jeu de mot, est-ce que tu te dis parfois que c’est un petit miracle ? Une sorte d’alignement des planètes finalement ? Je pense que c’était le début de quelque chose de nouveau. Je gère bien cette collaboration avec Dan et son équipe, car ils n’essayent pas de faire de moi quelqu’un que je ne suis pas. Ils m’acceptent comme je suis et c’est ce que je veux être avant tout, d’autant que personne ne peut mieux le faire que moi-même. Je suis le seul à avoir cet ADN, à porter ce nom parmi des milliards de gens. Donc, je suis le seul à vraiment pouvoir être moi-même. Mon conseil à toutes et à tous est de rester vous-mêmes ! – C’est aussi Dan qui a constitué l’excellent groupe qui t’accompagne sur ce nouvel album et il y règne une osmose et une connexion très particulière. Comment arrive-t-on à un tel feeling entre musiciens ? Je pense que le plus important est que tout le monde ait pu jouer ce qu’il ressentait. Nous étions tous ensemble et c’est de cette manière que tout est venu. On n’avait pas de plan précis, pas de notes ou de direction particulière. Cela a vraiment été un cadeau et on a tous saisi cette chance. Le bassiste a pu jouer ce qu’il voulait, le guitariste aussi et il s’est vraiment passé quelque chose dans cette connexion, c’est vrai. C’est incroyable que des étrangers se retrouvent dans la même pièce et parviennent à créer un album aussi incroyable. – Avec ce nouvel album, tu réalises enfin ton rêve qui était de faire un disque entièrement Gospel. Même s’il y a toujours eu des chansons Gospel sur tes albums, pourquoi ne l’avais-tu pas fait avant ? Avais-tu besoin de certitudes et/ou de peaufiner certaines chansons ou certains textes peut-être ? Quand nous sommes allés en studio, j’ai prié, car je n’avais aucune note. Quand bien même j’en aurais eu, je n’aurais pas réussi à les lire, car je suis presque aveugle ! (Sourires) C’est de là que vient ma foi. J’ai demandé au seigneur ce qu’il attendait de moi et de tout le groupe. J’avais un problème avec les paroles, alors je m’en suis remis à Dieu. Il faut juste croire. Et en croyant, on reçoit. C’est le principal message de ce disque. Ecoutez-le et vous aurez un regard nouveau sur la vie. (Rires) – Il est bien sûr beaucoup question de Dieu sur cet album, puisque le Gospel y est directement lié. Comment cela se traduit-il au niveau de l’écriture des textes pour les rendre si personnels ? Est-ce ton vécu qui te guide dans ces moments-là ? En fait, le plus important est ce dont je n’ai pas besoin. Comme je ne peux pas écrire de textes, il faut juste que je parle de la vie, des choses que chacun doit gérer au quotidien. C’est la réalité, finalement. Ce n’est pas quelque chose que j’ai découvert, ce n’est pas un secret. Il faut saisir chaque opportunité et écrire la bonne chose au bon moment. C’est ce que cherche tout le monde et c’est aussi ce qu’attendent d’autres personnes. Lorsque j’ai rencontré Dan Auerbach, je n’avais jamais entendu parler de lui, je ne savais pas qui était The Black Keys, aussi parce que nous sommes issus de générations différentes. Mais quand nous sommes arrivés en studio, il m’a juste dire : sois toi-même. Et c’est tout ce que j’ai toujours voulu entendu toute ma vie ! Quand quelqu’un te dit ça, c’est qu’il apprécie qui tu es. Ensuite, j’ai rencontré beaucoup de gens, car il m’a emmené dans beaucoup d’endroits. J’ai fait de nombreuses premières parties en concert, mais jamais celles des Black Keys. En fait, je jouais au milieu de leurs concerts. Dan disait au public qu’il aimerait me présenter et qu’on m’écoute. J’étais très surpris car, au fond de mon cœur, je n’étais personne aux yeux du monde et de ce public. Ensuite, j’ai vendu beaucoup de disques ! (Rires) On avait besoin l’un de l’autre et nous avons mis les trente ans qui nous séparent de côté. Je cherchais juste l’opportunité de chanter pour tous, tout en restant moi-même et Dan aussi d’ailleurs. Pour l’anecdote, au tout début, nous avions quatre jours pour enregistrer quatre chansons en studio. C’était la proposition de départ de Dan et il en avait parlé avec mon manageur. Et je les ai faites en quatre heures ! On a bien rigolé ! (Rires) Et durant les trois jours restant, nous avons créé l’album « Gold Platinum », que Dan, Patrick (Carney, batteur et autre moitié des Black Keys – NDR) et Bobby Woods avaient déjà écrit en amont. Nous avons vraiment passé trois jours de plaisir. Ce n’était pas vraiment un travail pour moi d’aller en studio. Je flânais un peu et lorsqu’ils avaient terminé la musique, tous les arrangements, ils m’appelaient pour savoir si j’étais prêt à chanter. Ensuite, nous avons juste parlé de la façon dont j’allais le faire, rien de plus. C’était très simple et j’étais vraiment le plus heureux au monde ! (Sourires) – D’ailleurs, contrairement à « Black Bayou » qui était plus direct, il règne ici un esprit très jam avec des morceaux qui véhiculent une sorte de transe R&B. Les musiciens prennent aussi possession de plages instrumentales plus importantes et tu te mets un peu en retrait vocalement. Est-ce que c’est le style de l’album qui veut ça, ou ce sont les musiciens qui t’accompagnent, qui ont créé cette nouvelle dimension musicale ? J’ai adoré ça ! Je ne peux pas prendre le crédit de quelque chose que je n’ai pas créé, car ce sont les musiciens qui ont travaillé ensemble pour obtenir ces chansons fascinantes. Je leur ai dit de laisser la lumière briller et que chacun fasse ce qu’il a à faire. C’est finalement très simple et j’ai adoré partager cet élan, même si ce n’est pas moi qui ai inventé tout ça. C’était la combinaison d’un tout. Tous les gens qui sont crédités sur l’album ont participé à cette création. Ce n’est pas seulement ROBERT FINLEY. Chacun a joué comme il le sentait, et lorsqu’il me manquait quelque chose, ils ont su parfaitement le combler. Nous nous sommes amusés à réaliser l’album, d’autant que tous ont bénéficié d’un moment à eux sur les chansons. Beaucoup de jeunes artistes m’ont demandé durant ces deux dernières années comment j’avais fait pour réinventer un peu le style. Je leur réponds toujours qu’il faut toujours croire en soi-même et ne jamais oublier ses rêves. Et on n’est jamais trop vieux pour les réaliser ! (Sourires) – Cette fois, ta fille Christy Johnson, qui est également chanteuse, est présente sur l’ensemble de l’album et jusque sur la pochette. Comment s’est passée cette collaboration familiale ? J’imagine que cela rapproche aussi un peu plus… Tu sais, ma fille chante le Gospel depuis ses deux ans. C’est comme cela que nous l’avons élevé, elle n’avait pas vraiment le choix ! (Sourires) C’est dans la famille : sa mère, sa grand-mère, tout le monde chantait du Gospel. Ma mère avait un groupe qui s’appelait The Harmonified et c’est là que j’ai commencé à chanter. Tout le monde était dans le groupe, les frères, les sœurs, les fiancés, la belle-famille… Et ça marchait tellement bien que tous les enfants aussi voulaient chanter dans le groupe, ce qu’on a fait plus tard avec Brother Philly And The Gospel System. On chantait en direct à la radio chaque samedi matin et les sponsors ont commencé à s’y intéresser. Christy était la voix que tout le monde voulait entendre sur KMAR Radio à Williamsburg en Louisiane, alors qu’elle était si jeune. Et ensuite, nous avons fait des concerts dans les années 70 et 80. Tout vient de là… (Sourires) – Enfin, tu as aussi beaucoup tourné ces dernières années, et  notamment en France où tu étais tout ce mois d’octobre. As-tu créé un lien particulier avec le pays et avec le public français ? Partout où je vais, c’est la même chose. Je ne me contente pas de chanter, de prendre l’argent et de m’en aller. Le plus important, ce sont les gens sans qui ma carrière n’existerait pas. Je prends des photos avec des fans de 8 à 80 ans et il n’y a jamais un sentiment négatif. C’est une belle récompense. Le secret est de toujours rester humble et concentré. C’est la clef du succès…. Et ça commence au plus jeune âge, dans le jardin d’enfants. Et c’est quelque chose qu’il faut entretenir toute sa vie, à chaque étape. Tu sais, ici en France, je ne comprends grand-chose à ce qu’on peut me dire, mais je vois les sourires sur les visages et dans les voix. Ma musique les touche au cœur et c’est la plus belle chose pour moi. Je représente juste la vérité, et la vérité vous libère. Cette hospitalité me touche beaucoup, car je suis accueilli tel que je suis. Je ressens tout cet amour dans les applaudissements, dans les sourires… Je ne sais pas comment le dire, mais j’aime la France ! (Sourires) Le nouvel album de ROBERT FINLEY, « Hallelujah! Don’t Let The Devil Fool Ya », est disponible chez Easy Eye Sound. Photos : Jim Herrington (1, 2, 4, 5) Retrouvez la chronique de « Black Bayou » : Robert Finley : une reconnaissance bien trop tardive [...]
3 novembre 2025Doom / folk / Hard RockGrand maître de l’esprit Doom, le songwriter américain n’en finit pourtant pas de surprendre à travers un parcours en solitaire, ou presque, où il se dévoile depuis quelques disques déjà, dans la peau d’un artiste toujours aussi rebelle, mais peut-être plus apaisé. Suivant une devise qui lui va bien, « Create Or Die » pose un regard très éloigné de celui de ses anciens groupes Saint Vitus et The Obsessed notamment. WINO s’autorise tout et le fait avec talent, laissant apparaître un musicien aux ressources illimitées, dont la ligne musicale a mûri et s’est aussi affinée. WINO « Create Or Die » (Ripple Music) Figure iconique de l’underground américain, et bien au-delà, WINO mène depuis quelques années maintenant, une carrière solo assez éloignée du Doom et du Heavy qui ont forgé sa légende. Cela ne l’a pourtant pas empêché de reformer The Obsessed avec un nouvel album, « Gilded Sorrow » sorti en 2023. L’ancien membre de Saint Vitus et également Spirit Caravan affiche un visage totalement différent sous son nom, et même si l’esprit du Doom n’est jamais bien loin, ses envies aujourd’hui se tournent vers un registre assez acoustique, surtout sur le précédent « Forever Gone » (2020) d’ailleurs, car « Create Or Die » vient électrifier les nouvelles compositions du chanteur dans un bel élan d’authenticité. Et pour mener à bien cette nouvelle aventure, il ne pouvait donc être totalement seul. Si les guests sont assez nombreux sur divers morceaux, WINO a principalement fait appel à Ky Anto (batterie, basse, orgue, percussions), lui-même étant à la guitare, bien sûr, ainsi qu’à la basse, derrière le micro et à la production aux côtés de Frank Marchand. Autant dire qu’il sait parfaitement où il va, tout en diversifiant de manière assez incroyable ce « Create Or Die ». Difficile donc de bien cerner ce quatrième opus dans une globalité artistique, tant il s’amuse à passer de titres très Hard Rock à une Folk sauvage aux saveurs Southern. Mais peu importe puisque sa voix nous guide à travers cette nouvelle introspection. Ce qui devait être au départ une sorte de voyage intimiste a donc pris du volume, se fait parfois Heavy (« Anhedonia », « Carolina Fox », « Hopeful Defiance », « Us Or Them ») avec cette lenteur apparente dans le chant. Cette constance ‘doomesque’ se fond d’ailleurs sur tout l’album, comme pour mieux appuyer un propos articulé autour de réflexions personnelles et sans détour sur sa vie. WINO y expose son âme, entre colère et contemplation, mais avec une lucidité et une sincérité de chaque instant, notamment sur les chansons acoustiques («  Cold And Wrong », « Lost Souls Fly », « Noble Man »). A travers un éclectisme fulgurant, il reste fidèle à un univers unique et tellement personnel.     [...]
30 octobre 2025Heavy metal / Stoner Doom / Stoner MetalImprégné de la scène Heavy Metal britannique comme des formations Stoner Rock d’outre-Atlantique, SOLAR SONS s’est façonné un univers qui fait le pont entre diverses traditions métalliques pour se retrouver dans un registre finalement très personnel, et surtout qui devrait parler à tous les amoureux de Metal au sens large. Les trois Ecossais ont parfaitement digéré leurs influences pour en livrer une version efficace, sans bidouillage et très percutante. Capable aussi d’être plus progressifs sur les titres plus longs, la maîtrise est là et l’ensemble fait des étincelles.  SOLAR SONS « Altitude » (Argonauta Records) Après cinq albums en indépendant, SOLAR SONS rejoint Argonauta Records et en profite pour célébrer la magie de la musique sur son nouvel effort. « Altitude » parle donc d’amitié, d’évacuer les idées noires et de refuser l’ambiance folle des villes. Cela dit, c’est avec beaucoup d’énergie qu’il propose de s’y mettre, et de façon plutôt explosive. Le power trio de Dundee nous embarque dans des paysages écossais balayés par la tempête et, malgré quelques éclaircies, les vibrations sont jubilatoires et hyper-Rock’n’Roll dans l’attitude. Sur une base Stoner Metal légèrement Doom, le groupe se déploie surtout dans un élan Heavy Metal fortement impacté par l’héritage de la NWOBHM. Véloce, rugueux et accrocheur, SOLAR SONS ne laisse que peu de répits et passé l’intro épique « Sky Night », on entre dans le vif du sujet avec le morceau-titre, qui ouvre la voie dans un mouvement à la fois intrépide et puissant. En moins de dix ans, les Britanniques se sont aguerris et se sont faits une belle place dans l’underground, ce qui ne doit rien au hasard. C’est du costaud ! Très bien produit, « Altitude » a été enregistré en conditions live et ça ne trompe pas, tant l’énergie est présente et le plaisir du combo très palpable. De riffs acérés en solos plein de feeling, Danny Lee enflamme autant qu’il se montre accrocheur. A la batterie, Pete Garrow martèle ses fûts avec force, tandis que Rory Lee enchaîne les lignes de basse avec sérieux et se montre inflexible au chant. SOLAR SONS est exaltant, galope de titres en titres avec passion et livre une sixième réalisation sans filtres, ni détours. Intense et rassembleur. [...]
22 octobre 2025Hard Rock / LivreMalgré plus de 200 millions d’albums vendus, c’est l’image familière de musiciens qui ont su rester simples, qui dominent lorsqu’on évoque AC/DC. Loin des frasques de certaines ‘Rock Stars’, c’est la tenue d’écolier d’Angus Young et la casquette visée sur la tête de Brian Johnson qui reviennent systématiquement à l’esprit. Pourtant, malgré cette supposée simplicité, son histoire est tout sauf un fleuve tranquille. Et c’est que nous raconte Axel Brémond, dans les détails et sur une narration fluide, presque romancée, à travers « AC/DC : Electric Story », qui devient presque aussi addictif que tous ces innombrables tubes qui ont franchi les générations.     AC/DC : ELECTRIC STORY Axel Brémond (City Editions) Pour tous amateurs de Rock qui se respectent, AC/DC est un groupe incontournable. Les grincheux diront, bien sûr, que les Australiens font le même album depuis 1973 (une belle année !), tandis que d’autres ne jugeront que par Bon Scott, raillant Brian Johnson à la première occasion.  Sauf, qu’à y regarder de plus près, afficher une telle longévité n’a rien du hasard. La longue route qui les a menés à « Power Up » il y a cinq ans, n’a pas été de tout repos et les drames qui ont émaillés la formation ont eux aussi forcément été nombreux. Mais le combo de Sydney tient toujours debout des décennies après le savoureux « High Voltage ». Certes, l’âge commence à faire sentir, mais l’adrénaline reste toujours intacte. Si chacun est capable de fredonner une chanson issue des 17 albums studio, c’est que le groupe distille un style inimitable, même si beaucoup s’y sont essayés, avec ce côté tellement fédérateur et effronté, qui le rend irrésistible. Ce n’est pas très surprenant, finalement, que les frères Young, Angus et Malcom aux guitares, se soient si rapidement accoquinés avec l’autre Ecossais d’origine devenue une légende : Ronald Belford ‘Bon’ Scott. C’est d’ailleurs à ses côtés qu’AD/DC connaîtra le succès à l’international jusqu’en 1980, où le frontman décède une triste nuit de février. Un hommage direct et fraternel lui sera d’ailleurs rendu quelques mois plus tard avec les cloches du tout aussi mythique « Hells Bells ».  Brian Johnson reprendra le flambeau avec le talent et le charisme qu’on lui connaît, mais… Le mieux est de se plonger dans le livre d’Axel Brémond pour découvrir, ou redécouvrir, l’histoire de ces géants du Rock. « Ac/Dc : Electric Story » est d’autant plus passionnant qu’il se lit vraiment comme un roman, loin des habituelles compilations d’anecdotes livrées par des fans devenus experts. Le sentiment qui domine ici est cette immersion au sein du combo, que ce soit dans le quotidien dans leur foyer, en studio ou sur les milliers de scènes, où AC/DC enflamme des millions d’adeptes depuis des dizaines d’années. Explosif et talentueux, le quintet donne décidément souvent l’impression de faire partie de la famille. 272 pages / Format 14,50 x 22,50 / 20€ [...]
20 octobre 2025Americana / Blues / International / Soul / Funk« Out Of The Dark » est un album qui emporte par ses mélodies soignées, cette voix aussi proche qu’attachante et une osmose de chaque instant sur des compositions aux arrangements très soignés. Entre Americana et Blues Rock, LAURA EVANS glisse quelques touches vocales Pop malicieuses et sensuelles. L’univers de la Galloise est aussi vaste qu’authentique et si ce n’est pas la précision et le feeling des guitares qui vous saisissent, ce sera à coup sûr ce chant aussi puissant que familier et troublant. La frontwoman et compositrice affiche aujourd’hui un style très personnel, qui vient se nourrir de vécu et de musiques aux horizons variés. Entretient avec une artiste, qui a façonné un disque où elle va à l’essentiel dans une liberté totale. – Beaucoup de gens vont te découvrir avec ce nouvel album, « Out Of The Dark », dont tu as déjà sorti quelques singles. Pourtant, l’aventure a commencé en 2014 avec ton premier EP « Remember When ». Le style était plus épuré et très acoustique. Quel regard portes-tu aujourd’hui sur tes débuts ? Je repense à cette époque avec beaucoup d’émotion. « Remember When » a été mon premier véritable pas dans le partage de ma musique avec les gens. A l’époque, le son acoustique et épuré me semblait la manière la plus authentique de m’exprimer. Je n’avais ni de grande équipe, ni une production élaborée. J’étais seule avec les histoires que je voulais raconter. Ces débuts étaient purs et bruts, et ils ont véritablement posé les bases de tout ce que j’ai fait depuis. – Tu as ensuite sorti deux singles en 2020 avant ton premier album « State Of Mind » deux ans plus tard. C’est à ce moment que tu as rencontré le producteur et multi-instrumentiste Josiah J. Manning du Kris Karras Band. Sachant que tu es aussi auteure et compositrice, qu’est-ce qui a changé à ce moment-là dans ta manière de concevoir ta propre musique ? Ma rencontre avec Josiah a été un tournant pour moi. J’avais écrit tellement de chansons pour l’album suivant, et Josiah m’a encouragé à oser mes arrangements et à me tourner vers des textures plus naturelles et organiques, qui me plaisaient naturellement. Cela a insufflé une nouvelle énergie à mon écriture et m’a aidé à façonner « State of Mind » en quelque chose d’authentique mais de plus vaste. – D’ailleurs, de toutes tes réalisations, « State Of Mind » est celle qui possède le son le plus brut et le plus roots. L’album t’a aussi distingué du reste de la scène féminine de l’époque. Etais-tu guidée par le désir d’une sorte de retour aux racines sans fioritures de l’Americana, du Blues et du Rock ? Absolument. A ce moment-là, je voulais me débarrasser de tout artifice superflu et me concentrer sur l’essentiel des chansons : l’émotion, la narration et la musicalité. Je voulais aussi me démarquer en tant qu’artiste. Avec « State of Mind », je pense que j’ai pu apporter ma touche personnelle au son Blues Rock, et je pense que c’est cette honnêteté qui le distingue. – On te retrouve donc aujourd’hui avec « Out Of The Dark », qui porte d’ailleurs très bien son nom, puisque ce deuxième album est très lumineux et propose aussi une production plus claire et moderne. L’idée première était-elle de faire sonner un registre intemporel avec un aspect très actuel ? Oui, c’était vraiment l’objectif. Je voulais créer quelque chose qui conserve la chaleur et la sincérité de mes premiers travaux, mais en les transposant dans un espace plus contemporain. « Out Of The Dark » marque un nouveau chapitre, tant sur le plan personnel que musical. Il était donc naturel de viser un son à la fois intemporel et frais, capable de trouver un écho auprès des auditeurs de longue date comme auprès du nouveau public. Je voulais aussi faire quelque chose de différent pour moi-même : j’ai été profondément inspiré par de nombreuses musiques et sonorités nouvelles, et c’était tellement excitant de créer et de me dépasser avec cet album. – Cette fois, c’est avec le producteur Ian Barter (Amy Winehouse, Paloma Faith) que tu as travaillé et on te découvre aussi dans d’autres tonalités. Ton talent de conteuse est intact et ta musique offre une autre dynamique et un nouvel élan. Avais-tu besoin d’un nouveau collaborateur pour faire évoluer un peu plus tes chansons ? Absolument. Je pense qu’il est important d’évoluer et de se remettre en question sur le plan créatif. Travailler avec Ian a apporté une perspective différente à ma musique. Il a une excellente oreille pour mélanger des éléments organiques et modernes, et il m’a vraiment poussé à explorer de nouvelles textures et dynamiques. C’était rafraîchissant d’entrer en studio avec quelqu’un qui avait un parcours musical et une vision différents. Cela a permis aux chansons de se développer de manière inattendue et magnifique. – La première chose que l’on remarque sur « Out Of The Dark » est ton incroyable performance vocale. Il y a beaucoup plus de liberté et de puissance dans ta voix. Comment as-tu travaillé cet aspect et est-ce que Ian Barter est pour quelque chose dans ce qui ressemble à une véritable éclosion ? Merci, ça me touche beaucoup. Vocalement, j’ai abordé cet album avec plus d’assurance. Ces dernières années, j’ai beaucoup progressé en tant qu’interprète et j’ai appris à vraiment faire confiance à ma voix. Ian a grandement contribué à créer un environnement, où je me sentais libre d’expérimenter et de repousser mes limites. Il m’a encouragé à abandonner mes idées préconçues et à chanter, et cette liberté transparaît vraiment dans les enregistrements. – D’ailleurs, « Out Of The Dark » rassemble plusieurs couleurs musicales qui vont du Blues Americana aux ballades plus Soul, en passant par des ambiances plus Pop, Rock, Funky, ainsi que Country et Southern. C’est dans l’assemblage de tous ces styles que tu trouves ta véritable identité artistique et que tu te révèles vraiment ? Oui, à 100 %. Je ne me suis jamais sentie confinée à un seul genre, et « Out Of The Dark » m’a donné l’occasion de m’y immerger pleinement. Tous ces styles font partie intégrante de mon ADN musical, et les mélanger m’a semblé naturel plutôt que forcé. Pour moi, le fil conducteur est la narration. Quel que soit le style, les chansons sont authentiques. Cet album m’a permis de révéler d’autres facettes de moi-même et, d’une certaine manière, de révéler ma véritable identité artistique. – On l’a dit, tu écris toutes tes chansons et notamment les textes. Est-ce que tu as voulu installer uns sorte de fil conducteur sur « Out Of The Dark », car il y a une réelle unité dans l’aspect musicale et dans les paroles, et tout s’enchaîne parfaitement ? Oui, il y a clairement un fil conducteur. « Out Of The Dark » parle de croissance, de résilience et de retrouver la lumière après des moments difficiles. Même si les styles musicaux varient, les thèmes ont tous un lien entre eux : c’est un voyage, tant au niveau des paroles que de la sonorité. J’ai voulu créer un album cohérent, où chaque chanson participe à un récit plus vaste. – Ce deuxième album est très fédérateur et complet. Est-ce l’objectif que tu t’étais fixé dès le départ, et est-il aussi le plus personnel des deux ? C’est vrai. Dès le départ, je voulais que cet album soit une œuvre complète, un reflet de qui je suis aujourd’hui, en tant qu’artiste et en tant que personne. Il est clairement plus personnel. Beaucoup de chansons sont nées d’expériences réelles et de moments de découverte personnelle. Je pense que c’est ce qui le rend si rassembleur. Il est sincère du début à la fin. – Enfin, tu es aussi actrice, même si la musique semble passer aujourd’hui au premier plan. Qu’en est-il de ce côté-là ? Accordes-tu définitivement la priorité à ton activité actuelle, au-delà de la sortie de l’album, ou tu ne fermes aucune porte ? La musique est sans aucun doute ma principale préoccupation en ce moment, surtout avec la sortie de « Out Of The Dark » et tout ce qui va avec. Mais le métier d’acteur a toujours fait partie de moi, et je ne le considère pas comme quelque chose que je vais abandonner. J’aime garder les portes ouvertes et suivre mon énergie créative. Pour l’instant, cette énergie est principalement centrée sur la musique, mais qui sait ce que l’avenir nous réserve ! (Sourires) Le nouvel album de LAURA EVANS, « Out Of The Dark », est disponible sur le site de l’artiste : https://thelauraevans.com/shop Photos : Rob Blackham [...]
20 octobre 2025Heavy metal / Old SchoolTenace, motivé et inspiré, WINGS OF STEEL enchaîne les nouvelles productions sur un rythme effréné depuis assez peu de temps finalement, et surtout  gagne en qualité à chaque fois. Si les débuts étaient déjà prometteurs, l’ascension est assez fulgurante. Vocalement, le Scandinave reste puissant et a même élargi son panel, tandis que l’Américain multiplie les riffs acérés et les solos virtuoses sans faire cependant de « Winds Of Time » une production démonstrative. Au contraire, s’il y a plus de sérieux dans le ton, la fougue reste intacte. WINGS OF STEEL « Winds Of Time » (Independent/High Roller Records) Depuis son premier EP éponyme en 2022, WINGS OF STEEL avance au pas de charge et c’est pied au plancher qu’il sort son deuxième album. « Winds Of Time » fait donc suite à « Gates Of Twilight » (2023), et le groupe s’était même fendu d’un témoignage de sa venue dans l’hexagone avec le détonnant « Live In France », capté dans la bouillonnante cité lilloise. Ainsi, le frontman suédois Leo Unnermark et le guitariste américain Parker Halub mènent une aventure aussi véloce que leur Heavy Metal, bâtit dans la tradition la plus pure. Fort d’une nouvelle collaboration avec High Roller Records, WINGS OF STEEL garde tout de même son indépendance sur ce nouvel opus et s’affiche dorénavant officiellement en quintet. Pour autant, c’est toujours le créatif duo américano-suédois qui reste aux commandes et se montre garant de l’identité artistique à l’œuvre depuis quelques années maintenant. D’ailleurs, de ce côté-là, l’épopée Old School suit son cours et se peaufine. Moins direct que ses prédécesseurs, « Winds Of Time » révèle enfin une personnalité nette. La formation basée à Los Angeles laisse dorénavant respirer ses morceaux, à commencer par le morceau-titre qui ouvre les hostilités, culmine à dix minutes et nous rappelle au bon souvenir du Queensrÿche de la grande époque. Des changements d’ambiance qui viennent donc confirmer la force et la maturité acquise par WINGS OF STEEL. Plus varié et doté d’une approche plus actuelle sur des compos plus lumineuses font de « Winds Of Time » un disque à mettre entre toutes les bonnes mains et à écouter sans modération. L’élan est beau ! Retrouvez aussi l’interview du groupe pour la sortie de « Live In France » et la chronique de « Gates Of Twilight » : Wings Of Steel : French flight [Interview] Wings Of Steel : enfin déployées [...]
6 octobre 2025Hard Rock / Heavy metalOn ne présente bien sûr plus le mythique Michael Schenker, influence majeure de très nombreux guitaristes de Hard Rock et de Heavy Metal, et pas seulement. Avec une carrière qui s’étend sur plusieurs décennies, on pourrait le croire à bout de souffle, en fin de course et pourtant il continue d’entretenir cette flamme incroyable grâce à un toucher et un son tellement identifiables. Et c’est avec son infatigable MICHAEL SCHENKER GROUP qu’il poursuit l’aventure et sur lequel il laisse le micro à quelques frontmen qu’il connait bien et qui rayonnent ici encore.  MICHAEL SCHENKER GROUP « Don’t Sell Your Soul » (earMUSIC) L’an dernier, l’iconique guitariste allemand avait entamé une trilogie, dont voici le deuxième volet. La première, consacrée à UFO (« My years With UFO ») où il a été brièvement de passage, nous replongeait quelques décennies en arrière, mais avec « Don’t Sell You Soul », MICHAEL SCHENKER GROUP revient à un registre plus personnel. On sait le guitar-hero assez peu familier avec les compromis, c’est pourquoi il vient nous rappeler avec le talent qu’on lui connait qu’il n’est pas prêt de vendre son âme. Et si le précédent exercice présentait quelques guests de renom, on le retrouve ici avec des amis de longue date.  Pour composer le MICHAEL SCHENKER GROUP, c’est l’habituelle formation composée de Bodo Schopf (batterie), Barend Courbois (basse) et Steve Mann (guitare, claviers), qui assure la partie instrumentale de « Don’t Sell Your Soul ». Quant au chant, c’est d’abord Erik Grönwall, ex-frontman de Skid Row, qui apporte sa fougue sur l’irrésistible morceau-titre. Pour le reste, l’emblématique chanteur de MSG, Robin McAuley, passe le relais à Dimitri Liapakis (Mystic Prophecy), puis à Michael Voss (Mad Max) qui co-produit aussi l’album. Et le plaisir partagé est franchement palpable et la complémentarité évidente. Si l’on aurait pu craindre une perte d’unité artistique en raison du nombre de chanteurs présents, il n’en est rien, puisque le MICHAEL SCHENKER GROUP est une entité solide et surtout rangée derrière son guitariste, maître d’œuvre et garant de ce Hard Rock unique et si reconnaissable. Car, ne nous y trompons, le six-cordiste ne s’aventure pas dans des contrées inconnues (du moins pour lui !), mais entretient un style et une patte qui m’ont pas franchement besoin de lifting (« Danger Zone », « Sign Of The Times », « The Chosen », « It’s You », « Surrender »). De riffs racés en solos majestueux, la légende continue. Photo : Elisa Grosman Retrouvez les chroniques des deux derniers albums de Michael Schenker : Michael Schenker : OVNI guitaristique MSG : flying Schenker [...]
3 octobre 2025Heavy metal / Old SchoolSinueux et entraînant, « Echoes Of Ancient Tales » fait prendre encore plus de hauteur à DOLMEN GATE, qui franchit ici le cap du deuxième album en approfondissant les bases du premier. Assez peu connu pour sa scène Metal, le Portugal peut désormais compter sur un groupe capable de brandir haut et fort une bannière Heavy, qui porte un héritage 80’s clairement actualisé. Agressif et aussi capable de faire quelques clins d’œil au ‘fado’ de son pays, le style des Lisboètes renouvelle une tradition héroïque du genre, et sortir deux longs formats d’une telle qualité en l’espace d’un an et demi seulement est vraiment exceptionnel. DOLMEN GATE « Echoes Of Ancient Tales » (No Remorse Records) Source inépuisable et terreau fertile, l’underground révèle régulièrement de bien belles choses, d’autant qu’il ne connait pas non plus de frontières. Créé depuis quatre ans seulement et après un premier opus livré l’année dernière, « Gateways Of Eternity », qui avait déjà fait forte impression, la formation de Lisbonne n’a pas tarder à se remettre à l’ouvrage et surgit avec « Echoes Of Ancient Tales ». L’évolution de DOLMEN GATE est d’ailleurs assez fulgurante et saisissante. Sur son deuxième effort, l’atmosphère vintage s’est légèrement dissipée, et l’ensemble en impose clairement. Cela dit, même si la production s’est modernisée, le groupe conserve cet esprit Old School chevillé au corps et son Heavy Metal épique et galopant fait toujours de l’effet. Jouant habillement sur les atmosphères, DOLMEN GATE se montre particulièrement méticuleux au niveau de la composition, particulièrement dans la structure de ses morceaux. Grâce à un duo de guitaristes complet et complice, parfois soutenu par la chanteuse sur les parties acoustiques, les Portugais se sont forgés une identité très personnelle, qui devient vite hypnotique autant que familière, malgré la longueur des titres. Car, en ouvrant le disque avec « Souls To Sea » et ses neuf minutes, le quintet ne manque pas d’audace et nous fait pénétrer immédiatement dans son univers. Mené de main de maître par sa chanteuse Ana, dont la voix est aussi claire que puissante, DOLMEN GATE possède un atout de charme et de choc. Ne forçant jamais le trait, elle guide très habillement  « Echoes Of Ancient Tales » et se distingue aussi de ses consœurs en restant d’un naturel incroyable (« We Are the Storm », « The Maze », « Carthage Eternal », « Rising Whispers », « The Prophecy »). Une réalisation pleine et dynamique. Photo : Filipa Pinto Machado [...]
3 octobre 2025Blues / Country / R&B / SoulDétaché de l’atmosphère très intimiste et assez sombre de son précédent effort solo, « Moon Swings », le natif de Caroline du Sud retrouve la lumière et remet surtout sur les rails le génial MARCUS KING BAND. Si certains tourments demeurent, « Darling Blue » présente une nouvelle dynamique, toujours très sudiste, mais plus festive où sa guitare côtoie les violons, les banjos et les cuivres dans une belle harmonie. Directes et organiques, ces nouvelles chansons sont d’une authenticité absolue et guidées par une voix touchante et sincère. Il n’en finit plus de surprendre et aussi de faire des choix artistiques audacieux.       MARCUS KING BAND « Darling Blue » (American Recordings/Republic Records/Universal) Il semblerait que l’empreinte de Nashville, où il est installé depuis un moment maintenant, ait une emprise grandissante sur le jeu et surtout les envies musicales de MARCUS KING. On n’en voudra pourtant pas au bluesman de s’imprégner de son environnement direct, puisque cela le mène dans des contrées où il excelle également. Preuve en est que le jeune homme, qui approche la trentaine, est d’une rare polyvalence et a aussi une faculté d’adaptation hors-norme, car « Darling Blue », s’il reste très bluesy, avance dans une lignée Honky Tonk marquée par la Country. D’ailleurs, les guest présents ici sont directement issus du sérail, ou très proches.  Il faut aussi souligner que « Darling Blue » marque le grand retour du MARCUS KING BAND, que le guitariste avait mis en sommeil depuis 2016 après un excellent album éponyme. Après presque dix ans passés an solo, et qui lui ont tout de même valu ses plus grandes récompenses, il retrouve des musiciens qu’il n’a jamais vraiment quittés et qui restent un socle inamovible de sa musique, quand bien même elle a pu prendre des chemins de traverse souvent surprenants. Pour ce quatrième opus en groupe, la tonalité est donc plus Country-Rock et Blues avec aussi quelques douceurs R&B très touchantes qui surgissent toujours (« Carolina Honey », « No Room For Blue »). L’entame de « Darling Blue » est très marquée de Country et de Honky Tong, avant de revenir à des chansons plus imprégnées de Blues et de Soul. Il faut dire que les présences de Jamey Johnson et Kaitlin Butts (« Here Today »), puis Jesse Welles (« Somebody Else ») y sont pour beaucoup. On retrouve d’ailleurs aussi Billy Strings plus tard sur une version ‘Nashville’ de « Dirt ». Sur « The Shadows », Noah Cyrus, fille de et sœur de, qui vient poser un beau duo très aérien entouré d’un MARCUS KING BAND rayonnant. Décidemment plein de surprises, ce nouvel opus montre à quel point l’univers du musicien est d’une grande richesse et qu’il ne cesse de se renouveler brillamment. Retrouvez les chroniques de ces derniers albums précédents : Marcus King : over the spleen Marcus King : l’âge de raison [...]
26 septembre 2025Folk/AmericanaPourquoi traverser les océans lorsqu’autant de talents gravitent autour de vous ? A en croire un ROBERT PLANT détendu et souriant, il lui suffisait d’arpenter les environs de son Royaume-Uni natal pour trouver des artistes enthousiastes à l’idée de revisiter un répertoire  de haute volée. Car « Saving Grace » pose un regard inédit et singulier sur des chansons faisant partie du patrimoine Folk, Blues, Americana et Gospel des Etats-Unis qu’il réinvente avec beaucoup de fraîcheur. Pas de quoi donc décontenancer ce sextet très soudé. Au contraire, l’émulation est forte et palpable. ROBERT PLANT with SUZI DIAN « Saving Grace » (Nonesuch Records) C’est dans la champagne anglaise, non loin des frontières du Pays de Galles, que l’emblématique chanteur a commence à travailler sur « Saving Grace ». Au gré des rencontres, il a rassemblé un groupe de musiciens locaux et aguerris. Alors qu’avec Alison Krauss, il avait posé son dévolu sur un style plutôt axé sur la Country Americana de Nashville avec l’album « Raise The Roof » en 2021, c’est une sorte de retour aux sources harmoniques qu’il effectue. Et à l’écoute de ces nouveaux morceaux, on retrouve un ROBERT PLANT sensible, appliqué et concerné en duo avec SUZI DIAN. C’est donc dans un registre qui lui convient parfaitement et des harmonies qu’il maîtrise et connait bien qu’il revient pour donner une version personnelle d’une Folk apparemment anglaise dans le son, qui n’est pas sans rappeler celle que l’on retrouve aussi en Irlande et, par extension, dans certaines contrées canadiennes. Et pour se faire ROBERT PLANT a monté une formation connaisseuse et affûtée. En partageant le chant avec SUZI DIAN, il créé aussi un équilibre vocal solide, lumineux et complémentaire. Et « Saving Grace », comme par magie, se fait immédiatement envoûtant. Avec cet album, le Britannique a aussi ouvert une sorte de boîte de Pandore. Pas de compositions personnelles, mais un recueil de reprises qu’il est allé dénicher dans un héritage Folk étonnamment exclusivement américain et qui, ici, sonne totalement british. Oli Jefferson (batterie), Tony Kelsey (guitare), Matt Worley (banjo, cordes) et Barney Morse-Brown (violoncelle) libèrent des horizons emprunts de liberté et de vastes étendues à SUZI DIAN et ROBERT PLANT, qui excellent dans une interprétation et une approche assez rurales et très attachantes… Monumental ! Photo : Tom Oldham [...]
24 septembre 2025Heavy metal / Speed MetalImperméable aux modes, aux courants et aux stéréotypes de la nouvelle scène, RAGE tient bon et fait honneur à un Heavy Metal très musclé, dont la seule révolution est celle de tenir à ses engagements premiers. Avec « A New World Rising », la formation germanique persiste et signe dans un registre finalement immuable, qui ne dira jamais son dernier mot, mais qui se renouvelle sur des cendres brûlantes toujours incandescentes. Au contraire de nombre de ses compatriotes, le power trio évite soigneusement la noyade et garde la tête hors de l’eau avec beaucoup de vigueur. RAGE « A New World Rising » (Steamhammer/SPV) Plus de 40 ans après sa formation sous le nom d’Avenger, les Allemands sont toujours en place, et les multiples changements de line-up ne sont pas venus à bout de la ténacité de son leader Peavy Wagner. Avec 26 albums au compteur, auquel il faut ajouter « Lingua Mortis Orchestra » revisité avec l’Orquestra Barcelona Filharmonia, RAGE probablement l’un des groupes les plus prolifiques du Metal, et surtout il fait aussi preuve d’une belle régularité dans la qualité de ses réalisations. Et « A New World Rising » ne faillit pas à la règle. Solidement accompagné par Jean Bormann (guitare) et Vassilios Maniatopoulos (batterie), le bassiste et chanteur offre donc un nouveau chapitre avec cet opus, qui se veut cette fois plus positif que les précédents. Comme son titre l’indique, il change un peu la perspective livrée habituellement par RAGE. Apaisé ? Pas vraiment dans la forme, mais plutôt dans le fond où la confiance et l’optimisme se dessinent à travers 13 plages (dont une intro) où le Heavy Metal des Teutons flirtent avec le Speed et parfois aussi avec le Thrash Metal. L’état d’esprit du combo a donc légèrement changé et c’est vrai qu’un vent positif souffle sur « A New World Rising ». Cela dit, les riffs sont toujours aussi cinglants et aiguisés, la rythmique bastonne sans trop lever le pied (hormis sur la power ballade « Fire In  Your Eyes »). Pour le reste, RAGE fait du RAGE et reste identifiable, modernise même son jeu, car la production émane toujours des Lucky Bob Studios de Wagner à Leverkusen. Très direct et accrocheur, le groupe avance façon rouleau-compresseur sur des titres sans compromis. Photo : Xoxo Photography Retrouvez les chroniques des derniers albums du groupe : Rage : un Metal généreux Rage : attaque en règle [...]
19 septembre 2025Heavy metal / Old SchoolEngouffrés dans une espèce de faille temporelle, les Allemands alimentent un Heavy Metal traditionnel, dont on s’aperçoit de plus en plus qu’il est loin d’être devenu désuet. Au contraire, il renaît, vit et jaillit comme au premier jour sous l’impulsion de formations comme FIRMAMENT. Sur « For Centuries Alive », son deuxième opus, le combo germanique fait preuve de vaillance et de percussion en oxygénant l’éternelle NWOBHM avec une touche de Classic Rock toute britannique et assez aérienne, qui confirme de belles ambitions. FIRMAMENT « For Centuries Alive » (Dying Victims Productions) En quatre ans seulement, FIRMAMENT a su affirmer un son et une personnalité forte sur la scène Heavy Metal underground. Formé en 2021 à Leipzig, il a marqué les esprits avec « We Don’t Rise, We Just Fall », deux petites années après. Un premier album qui a vu suivre dans la foulée « Gathered Under Open Stares », un split EP partagé avec ses nerveux compatriotes Midnight Prey. Avec « For Centuries Alive » et sa belle pochette signée Ryan T. Hancock, le groupe gravit un nouvel échelon pour se montrer encore plus créatif et déterminé. Impulsif et harmonieux, son style renvoie à un registre traditionnel, qui rayonne toujours. Dès l’intro instrumentale, on pénètre l’univers de FIRMAMENT et on ne met pas bien longtemps à comprendre que les twin-guitares et les riffs bien aiguisés seront à la fête. Tout cela fleure bon les premiers albums d’Iron Maiden notamment mais, grâce entre autres au chant de Marco Herrmann, « Pulsar » dissipe facilement cette sensation et « For Centuries Alive » prend son envol. Pas forcément surprenant, puisqu’éternel, le Heavy Metal du quintet se démarque habillement des standards du genre en jouant sur des mélodies bien ciselées et des structures changeantes, mais très accrocheuses, et une très belle production. Epique et galopant, il y a pourtant quelque chose de romantique chez FIRMAMENT et on trouve cette touche singulière dans l’enchaînement de paysages sonores, dont l’essentiel réside dans un lien étroit entre la présence de son frontman littéralement porté par les deux guitaristes et guidé sur un groove d’enfer par une rythmique redoutablement efficace et qui n’en fait pas trop (« An Anthem For The Spotless Mind », « Brother Of Sleep », « Starbeast », « Into The Realm Of Distant Wonders »). Volontairement héroïque dans certains positionnements, le combo se montre aussi sombre que captivant et surtout fougueux. [...]
19 septembre 2025Hard RockNon qu’il soit poursuivi par son passé, car MIKE TRAMP mène une carrière solo brillante depuis la fin de White Lion, ou qu’il ait lui-même le désir de retrouver quelques sensations passées, le chanteur et compositeur a simplement décidé d’en finir avec un cycle. De retour sur scène où il interprète les hits de son ancien groupe, le Danois s’est attelé en 2023 au premier chapitre des « Songs Of White Lion », dont voici l’épisode final, une fois encore très bien revisité par son fondateur. MIKE TRAMP « Songs Of White Lion Vol. III » (Frontiers Music) En replongeant dans ses années White Lion, MIKE TRAMP a tenu à écarter tout de suite toute forme de nostalgie. Et c’est vrai qu’à l’écoute de ce troisième volume, il s’agit surtout de perpétuer une sensation de fraîcheur et surtout l’envie non-dissimulée de lui offrir une seconde vie dans un nouvel écrin. Les mauvaises langues auraient pu dire qu’un seul volet, en guise de ‘Best Of’, aurait amplement suffit à faire le tour de cette institution européenne, et même mondiale, de ce groupe iconique pour tous fans de Hard Rock des années 80. Et pourtant, il en aurait manqué des morceaux devenus des classiques sur un seul disque. « Songs Of White Lion Vol. III » vient nous rappeler au bon souvenir de mélodies et de riffs qui font immédiatement l’effet d’une madelaine de Proust, qui n’attendait juste qu’on en prenne une bouchée. Non que la recette ait été modifiée, mais l’interprétation bénéficie d’un élan particulier, de subtils nouveaux arrangements et surtout de la voix devenue bien sûr plus mature, mais toujours magnétique et puissante, d’un MIKE TRAMP inamovible. Ainsi, on ne boudera pas son plaisir de réentendre près de 40 ans après des titres comme « Dirty Woman », « War Song », « Fight To Survive », « If My Mind Is Evil », « Cherokee », « All Burn In Hell » ou « Radar Love ». Autant de petits plaisirs qui remontent à la surface avec la même force. Et pour les rendre toujours aussi incisif, MIKE TRAMP peut compter sur ses musiciens et compagnons de route Marcus Nand (guitare), Claus Langeskov (basse) et Morten Hellborn (batterie). Un ultime effort qui vient clore une belle et grande trilogie !     Photo : Michael Anthony Retrouvez l’interview de MIKE TRAMP à l’occasion de la sortie du volume 2 : Mike Tramp : le plaisir comme guide [Interview] [...]
12 septembre 2025Heavy metal / Old SchoolOriginaire de Belgique, SPEED QUEEN remonte le temps et tire son épingle du jeu dans un registre entre Speed et Heavy Metal directement inspiré d’une NWOBHM, qui fait toujours des émules. Avec « …With A Bang ! », il affiche la couleur et se joue d’un classicisme qui a encore des choses à dire. A noter la présence du Canadien Jonny Nesta (Skull Fist, Thunderror) venu prêter main forte sur quelques solos et renforcer une intensité déjà bien palpable. SPEED QUEEN « …With A Bang ! » (High Roller Records) Non, vous n’hallucinez pas et aucun miracle n’est à l’ordre du jour. Les Alsaciens du même nom ne font pas un retour surprise plus de 40 ans après leur dernier effort. Non, il s’agit ici d’un quatuor belge originaire du Limbourg et qui, en une bonne décennie d’existence, livre son deuxième album après deux EPs. SPEED QUEEN donne donc une suite à « Still On The Road » (2020) après avoir été freiné comme tout le monde par la pandémie, puis un changement de line-up. Et avec « … With A Bang ! » il monte franchement en puissance avec la manière. Clairement ancré dans un Heavy Metal Old School tirant à l’occasion sur le Speed, le groupe perpétué un solide héritage avec un esprit underground qui lui va bien. Cela dit, la production est à la hauteur et le combo fait parler l’expérience. Puissant et percutant, « …With A Bang ! » ne lésine pas sur l’énergie déployée, multiplie les ambiances et s’il rappelle quelques incontournables du genre, SPEED QUEEN affirme une réelle identité. Technique et mélodique, les arrangements restent discrets, mais soignés. Une belle preuve de maturité et d’assurance. Ne ralentissant que très, très rarement le tempo, cette nouvelle réalisation se veut véloce et les riffs comme la rythmique évoluent dans une cadence effrénée avec beaucoup de précision. Passé l’intro, on entre dans le vif du sujet avec « Showdown » et « I Want It », qui en disent déjà long sur les intentions de SPEED QUEEN. De coups de massue en passages épiques, « …With A Bang ! » présente de la variété à grands renforts de twin-guitares et de refrains accrocheurs (« Chasing Chaos », « Time To Go », « Skygazers », « Fire »). Rondement mené ! [...]
11 septembre 2025Hard Rock / Heavy metal / InternationalVif, puissant et mélodique, le power trio de Belfast fait un retour fracassant avec « Bang », son quatrième album depuis… 1979 ! Malgré une histoire compliquée, le groupe a marqué de son empreinte l’Histoire du Heavy Metal et son appartenance à la fameuse et mythique NWOBHM n’a donc rien d’anodin. Avec ce nouvel opus, c’est une formation littéralement revigorée et plus combative que jamais qui vient remettre quelques pendules à l’heure. Dans un style qui n’a pas pris une ride et qui au contraire se tourne vers un avenir qui s’annonce plus que prometteur, SWEET SAVAGE peut toujours compter sur son frontman originel, dont la voix n’a pas bougié d’un iota. Entretien avec Ray Haller, un chanteur et bassiste passionné, qui regarde le passé avec sérénité et le futur avec appétit. – Sans revenir sur l’histoire très, très mouvementée du groupe à travers 46 ans d’une  carrière hachée, si vous deviez décrire cette sorte de ‘légende’ que représente aujourd’hui SWEET SAVAGE, que retiendriez-vous de ce parcours unique ? Je pense que SWEET SAVAGE a conservé ce statut au fil des ans pour de nombreuses raisons. La principale est que nous avons persévéré. Même si nous n’avons pas beaucoup joué, nous avons toujours été présents. Je crois que les gens nous connaissent et se souviennent de nous simplement parce que nous n’avons jamais arrêté. Nous avons composé des chansons solides, mais surtout, nous avons accueilli des musiciens incroyables, notamment Vivian Campbell et Simon McBride, qui ont tous deux accompli de grandes choses. Ce dont je me souviens vraiment de toute cette aventure avec SWEET SAVAGE, ce sont les rencontres que j’ai faites : des fans de Heavy Metal du monde entier, dont certains sont devenus de grands amis. J’ai aussi rencontré des musiciens fantastiques, dont certains sont mes idoles musicales. – Vous faites un retour fracassant avec « Bang » et à tes côtés, Ray, on retrouve le solide Marty McCloskey à la batterie depuis « Regeneration » (2011) et le fougueux guitariste Phil Edgar. Au regard de votre discographie, j’ai le sentiment que SWEET SAVAGE n’a jamais été aussi uni et inspiré. Est-ce qu’une nouvelle ère débute véritablement pour vous ? L’album « Bang » marque un nouveau départ, c’est vrai. C’est un son frais, génial et moderne. La production est incroyable et je suis convaincu qu’il marque un nouveau chapitre pour le groupe. Il poursuit ce que nous avons commencé avec « Regeneration » dans la bonne direction. C’est fantastique d’avoir Marty à la batterie dans SWEET SAVAGE, cela témoigne vraiment de sa loyauté au sein du groupe. Marty est avec nous depuis l’album « Regeneration ». Phil est également avec nous depuis à peu près la même époque. Nous sommes tous impliqués dans d’autres projets musicaux, mais dès que nous nous appelons, nous répondons présent. C’est formidable d’avoir ce noyau dur. Nous avons deux talents fantastiques au sein du groupe. Au fil des ans, nous avons eu la chance d’avoir Vivian Campbell, l’un des meilleurs guitaristes de Rock au monde, et Simon McBride, qui est sans doute le plus grand guitariste de Rock aujourd’hui. Nous avons toujours eu une chance incroyable de pouvoir compter sur la qualité des musiciens qui ont fait partie de SWEET SAVAGE. « Bang » ouvre clairement la porte à un public bien plus large qu’auparavant. Il y a tellement de morceaux qui plaisent au-delà des seuls fans de Metal. La diversité des chansons est incroyable. C’est un album de Hard Rock traditionnel avec un son très moderne. – L’une des choses qui ressort de « Bang » est sa très belle production. Elle donne même l’impression qu’un voile a été levé sur la musique du groupe. Dans quelles conditions et avec quel entourage avez-vous enregistré cet album, qui est de loin le plus explosif jusqu’à aujourd’hui ? Je suis ravi que la production de cet album te plaise, je la trouve incroyable aussi. L’album a été coproduit par Simon McBride et moi-même. Nous avons tout enregistré dans le studio personnel de Simon, ce qui nous a laissé tout le temps nécessaire pour expérimenter. Beaucoup pensent que nous avons utilisé des claviers, mais c’est en fait le travail de guitare de Simon, qui a utilisé une large gamme de pédales d’effets et a poussé la guitare vers de nouveaux sommets. Je pense que tu as raison, un voile a été levé. Nous n’avions aucune contrainte et nous avons décidé de faire l’album que nous voulions et à notre rythme. Nous avons pris les riffs Hard Rock qui sont au cœur de notre son, y avons ajouté des touches nouvelles et modernes et nous avons fini par créer « Bang ». Simon et moi sommes extrêmement fiers de ce que nous avons produit. L’absence d’influence extérieure nous a permis de créer un album qui nous ressemble. « Bang » est un album très explosif, et nous aimons à penser que le titre signifie que SWEET SAVAGE est bel et bien de retour en force. – Ce qui surprend aussi chez SWEET SAVAGE, c’est que malgré des sorties d’album très espacées, aucune réalisation ne se ressemble et pourtant une forte personnalité s’en dégage. Comment entretient-on une telle identité à travers le temps et si peu de productions finalement ? C’est une excellente question et je suis ravi que tu la soulèves. C’est formidable que tu l’aies remarqué, vraiment. SWEET SAVAGE a un son unique. Bien que nos albums aient été espacés au fil du temps, nous pensons que cela témoigne d’une progression naturelle et cela souligne aussi la capacité d’évolution du groupe. Nous avons un son fondamental qui reste cohérent. Ma voix n’a jamais changé, elle a toujours conservé ce même style brut et audacieux. Notre conviction est que nous composons toujours des riffs de Hard Rock et de Heavy Metal, et nos chansons sont toujours axées sur la guitare. Nous sommes, au fond, un groupe de guitare. Même si les albums sont étalés sur une longue période, les fondations de SWEET SAVAGE restent les mêmes. Nous sommes toujours le groupe que nous étions il y a 40 ans. – Sur « Bang », on retrouve donc Simon McBride de Deep Purple et ancien membre du groupe, qui livre plusieurs parties de guitares. A Priori, ses sessions ont été enregistrées avant qui ne se lance en solo. On a presque l’impression que SWEET SAVAGE est une sorte de famille, en tous cas à Belfast. C’est le cas ? Simon est un membre de longue date du groupe et a participé à chacun de nos albums. Il reste l’un de nos amis les plus proches et il nous aide dès qu’il le peut. Il joue de toutes les guitares sur l’album « Bang ». Tous les solos et les parties de guitare sont de lui. Simon et moi avons écrit toutes les chansons ensemble. Il est impliqué depuis le tout début et il a joué un rôle clef tout au long du processus. Le groupe est comme une grande famille. L’Irlande du Nord est un petit pays et il est difficile de trouver de très bons musiciens de Heavy Metal et de Hard Rock. On se connaît tous ici, avec seulement 1,9 million d’habitants, c’est une scène très soudée. Comme tu peux l’imaginer, trouver les bonnes personnes à proximité a toujours été un défi. Au fil des ans, d’autres membres ont évolué vers d’autres projets, mais pour l’essentiel, nous sommes tous restés amis jusqu’à aujourd’hui. Le projet SWEET SAVAGE a toujours été très familial et c’est en grande partie, parce que l’Irlande du Nord est une petite communauté. – L’album est toujours très Heavy Metal bien sûr et les textes ne manquent ni de pertinence, ni de verve. Est-ce que, finalement, les thématiques restent les mêmes à travers les époques et aussi lorsqu’on évolue dans un registre comme le vôtre ? C’est un album très Heavy Metal, comme tu le dis, et nous avons essayé de rendre les paroles aussi convaincantes et entraînantes que possible. Sur les premiers albums, comme beaucoup de nos pairs, nous parlions de démons et de dragons, de châteaux, du feu, etc… Mais aujourd’hui, sur « Bang » et 40 ans plus tard, les thèmes sont beaucoup plus modernes. Nous écrivons sur la vraie vie, le quotidien. L’une des chansons de l’album s’intitule « Bad F Robot ». Elle parle essentiellement de l’IA, et plus précisément de la peur des musiciens, des acteurs, des journalistes et d’autres acteurs des industries créatives de voir l’IA prendre le dessus et rendre ces carrières et ces débouchés créatifs obsolètes. « Bang », le morceau éponyme, est en fait une chanson sur la vie. Elle invite l’auditeur à garder les yeux grands ouverts, à regarder par-dessus son épaule, car on ne sait jamais ce qui nous attend. On ne sait pas si on va perdre son travail, sa maison. L’album parle d’incertitude et de vigilance dans un monde en constante évolution. Les paroles sont bien plus pertinentes aujourd’hui, c’est vrai. Je ne prétends pas être poète, ni être le Bono nord-irlandais, mais je pense que les textes parlent à tout le monde. Si vous les lisez, vous vous reconnaîtrez probablement dans l’histoire, car elle parle de notre quotidien. On se lève le matin, on va au travail, on rentre à la maison, on coupe la pelouse et on va au supermarché : toutes ces choses banales que nous faisons tous. Alors, si vous écoutez bien les paroles, vous pourrez vous imprégner des chansons et donner votre propre sens à chaque morceau, en fonction de son application à votre vie. – Peut-être malgré vous d’ailleurs, SWEET SAVAGE a toujours eu un côté underground sans doute du à l’instabilité du line-up. Est-ce que c’est tout de même un aspect que vous cultivez de votre approche musicale ? Oui, nous sommes restés underground, non pas volontairement, mais surtout par manque de financement et, par le passé, par l’absence de soutien d’une grande maison de disques. Nous avons eu du mal à percer hors d’Irlande et du Royaume-Uni, surtout à nos débuts. Nous nous sommes toujours sentis géographiquement désavantagés. Du coup, nous sommes restés quelque peu underground. Je pense que ce statut est dû au fait que ceux qui ont entendu le groupe l’ont trouvé vraiment bon, ont aimé sa musique et ont reconnu son talent. Il suffit de regarder les musiciens qui ont fait leur apparition chez SWEET SAVAGE : Vivian Campbell, qui a ensuite joué avec Dio, Whitesnake et maintenant Def Leppard, et bien sûr, Simon McBride, actuel guitariste de Deep Purple. Cela vous donne une idée du calibre des musiciens de SWEET SAVAGE. Malheureusement, nous avons conservé l’étiquette ‘underground’ simplement parce que nous n’avons jamais eu l’argent, ni le soutien nécessaires pour percer et nous faire connaître auprès d’un public plus large sur une plus grande scène. L’Irlande du Nord est à l’extrême limite de l’Europe. En fait, nous ne faisons même plus partie de l’Union Européenne, ce qui est incroyablement triste, même si c’est un tout autre sujet. Mais cela a clairement rendu plus difficile notre intégration dans le monde du Rock et du Metal grand public. Des fans m’ont déjà posé des questions à ce sujet et la vérité est simple : au début, nous n’avions tout simplement pas les moyens de faire des tournées. Nous ne pouvions pas louer de bus, ni payer les frais de transport pour quitter l’île et jouer devant un public plus large. Nous venions tous de milieux populaires, ce qui représentait des obstacles financiers majeurs pour nous et nos familles au début des années 80. J’aimerais bien que le groupe devienne plus grand public, bien sûr. Mais en même temps, je suis vraiment fier que nous soyons toujours reconnus tout en étant étiquetés comme ‘underground’. – J’aimerais que tu me dises un mot sur la fameuse NWOBHM à laquelle vous êtes assimilés. Quel regard portais-tu à vos débuts sur ce mouvement, dont vous étiez aussi l’un des pionniers ? Et qu’en reste-il aujourd’hui, selon toi ? Le mouvement NWOBHM était brillant à l’époque. Il s’inscrivait dans la lignée du mouvement Punk. Le Punk est arrivé et a ébranlé l’establishment. Les grands dieux du Rock de l’époque, des groupes comme Yes, Pink Floyd et d’autres, se sentaient intouchables. Ils donnaient l’impression que faire de la musique était une chose impossible pour les gens ordinaires, surtout issus d’un milieu ouvrier. Puis, le Punk est arrivé. Les punks ont montré au monde que c’était possible. Avec une guitare et le pire ampli possible, il suffisait de connaître trois accords pour monter un groupe et réussir. Pour moi, le NWOBHM était la version Heavy Metal du Punk. Ce n’est que mon avis, mais ce mouvement m’a permis, ainsi qu’à des groupes comme Def Leppard et Iron Maiden, de croire que nous pouvions écrire nos propres morceaux, les jouer et attirer les foules. Avant ça, l’idée semblait ridicule, du genre : « Ne sois pas stupide, tu ne seras jamais assez bon pour écrire une chanson ou enregistrer un album. » Mais la NWOBHM a permis à des jeunes comme moi de croire que nous pouvions y arriver. C’était incroyable à l’époque et c’est toujours formidable d’y être associé. Aujourd’hui, je pense que la NWOBHM est un mouvement musical légendaire. Je sais que beaucoup de jeunes fans de Metal à travers le monde en ont entendu parler. Ils ne comprennent peut-être pas vraiment ce que c’était véritablement, ni ce qu’elle représentait. La publication de ton interview contribuera, je pense, à expliquer aux jeunes lecteurs et aux auditeurs de Heavy Metal ce qu’était vraiment la NWOBHM. Son existence a ouvert la voie à des groupes comme Metallica, Slayer et Pantera. La NWOBHM nous a donné la conviction que nous pouvions faire partie de quelque chose de plus grand. Je serai toujours reconnaissant pour cette période de l’histoire de la musique, et je suis honoré d’être mentionné dans le mouvement que représente la NWOBHM. – Avec un tel album et le soutien d’un label comme earMUSIC, SWEET SAVAGE est aujourd’hui sur une belle dynamique et possède tous les atouts pour bien défendre « Bang », notamment sur scène. Qu’en est-il de ce côté-là ? C’est formidable d’avoir un label comme earMUSIC derrière nous. Je suis heureux qu’ils aient accepté de collaborer avec nous et sortir ce disque. Et ils l’adorent sincèrement. Tout le monde dans la maison de disques semble être un véritable mélomane. C’est vraiment un groupe de personnes incroyable, car elles se soucient de la musique elle-même. Max, le directeur du label, nous a confié à quel point il avait personnellement adoré ce disque et qu’il avait formé une équipe formidable autour de nous. Et elle a été géniale : tout le monde travaille dur, nous traite avec beaucoup d’attention et a tout donné pour créer le meilleur package possible. Je trouve que « Bang » est un excellent disque. Tout y est professionnel et cohérent. La production est fantastique, aucun détail n’a été négligé. La pochette est magnifique, les thèmes abordés tout au long des visuels et du packaging sont cohérents et reflètent parfaitement l’image et l’identité du disque, du début à la fin. Je suis vraiment fier de tout ce qui a trait à « Bang ». A chaque fois que je consulte les réseaux sociaux, je suis toujours impressionné par l’harmonie et la perfection de l’ensemble, et tout cela est dû à earMUSIC et à notre management. La prochaine étape est de le jouer en live. Avec sa sortie, nous prévoyons de jouer partout au Royaume-Uni, en Irlande, en Europe et, espérons-le, dans des endroits où nous ne sommes jamais allés auparavant. Ce serait formidable de toucher de nouveaux publics, notamment en Amérique latine, où les fans n’ont jamais eu la chance de nous voir en concert. J’imagine que nous allons d’abord nous produire en concert dans les principaux pays européens, avec l’intention de nous étendre à de nouveaux pays et de nouvelles villes sur le continent. Ce sera formidable de jouer cet album en live ! Les chansons prennent déjà une nouvelle énergie, même en répétition, et je suis impatient de pouvoir les faire découvrir au public. – Enfin, et parce que la nouvelle génération ne le sait peut-être pas, SWEET SAVAGE a donc été le premier groupe de Vivian Campbell qui a  fait la carrière que l’on sait. Par la suite, Metallica a aussi repris votre morceau « Killing Time » et beaucoup de fans vous ont alors découvert. Quels sont vos liens aujourd’hui avec eux deux ? Et de manière plus anecdotique, ce sont des arguments marketing qui doivent faire pâlir de nombreux groupes actuels… Cela entretient-il aussi une certaine légende également, selon toi ? Oui, SWEET SAVAGE était le premier groupe de Vivian Campbell. Vivian et moi l’avons formé il y a longtemps. Dès le début, j’ai su que Vivian était spécial. C’était un guitariste incroyable, dans la lignée des grands guitaristes irlandais comme Gary Moore et Rory Gallagher. Et maintenant, Simon McBride fait partie de ce top 4. C’est fou de penser que ces quatre-là, Gary Moore, Rory Gallagher, Vivian Campbell et Simon McBride, sont tous reconnus comme des guitaristes de renommée mondiale. Ils sont irlandais et deux d’entre eux ont joué dans SWEET SAVAGE. Cela en dit long sur le groupe et sur la qualité de la musique que nous avons créée au fil des ans. Puis, lorsque Vivian a rejoint Dio, Metallica a repris « Killing Time ». Honnêtement, il n’y a pas de meilleure reconnaissance que le plus grand groupe de Heavy Metal du monde choisisse de reprendre une de vos chansons. Quand les choses ont commencé à se calmer, quand le Grunge a pris le dessus, la reprise de « Killing Time » par Metallica nous a ramenés à la vie. Je ne les remercierai jamais assez, aujourd’hui encore. Chaque fois qu’ils nous mentionnent, ou nous font une publicité même infime, cela maintient le groupe en vie. Si Metallica parle de vous, vous recevrez l’appel d’un promoteur, ou d’un agent, pour demander si on peut faire un concert. Metallica nous a vraiment aidés à décrocher énormément d’opportunités. Honnêtement, je ne les remercierai jamais assez. Par ailleurs, je parle à Vivian au moins une fois par semaine depuis 40 ans. C’est l’un de mes meilleurs amis et j’ai des liens très étroits avec lui et sa famille. On fait cette interview un samedi, j’ai parlé à Vivian hier et je le vois lundi, car il arrive en avion pour un concert à Londres et il vient ensuite en Irlande. J’ai aussi de temps en temps des conversations avec les gars de Metallica, surtout quand ils jouent dans le coin. Je suis toujours à leur concert et on se retrouve à chaque fois. On boit généralement une bière et on parle de la vie de tous les jours. Je ne leur parle pas régulièrement, mais dès qu’ils sont en ville et si je suis là, on se voit. Et c’est toujours un plaisir. Ce sont des types comme toi et moi et ils jouent dans le plus grand groupe de Heavy Metal du monde. Mais sans leurs instruments, ce sont des types ordinaires, très terre-à-terre. Ils aiment parler de sport, de voitures, de météo, … C’est vraiment génial quand un groupe comme Metallica mentionne votre nom. Sans aucun doute, ça nous aide à rester sur le devant de la scène et à travailler. Le nouvel album de SWEET SAVAGE, « Bang », est disponible chez earMUSIC. Photos : Mark Hylands [...]
11 septembre 2025Blues / SoulDix ans après une prestation qui a du laisser des étoiles dans les yeux des spectateurs, TEDESCHI TRUCKS BAND AND LEON RUSSELL nous offrent enfin un témoignage concret de leur passage au ‘Lockn’ Festival’ américain et de leur réinterprétation du fiévreux album live de Joe Cocker, « Mad Dogs & Englishmen », paru quelques décennies plus tôt. La ferveur est là et la performance exceptionnelle, d’autant que ce disque pour le moins mythique traverse les âges avec une élégance rare et un sens de la Soul et du Blues qui atteint des sommets. TEDESCHI TRUCKS BAND AND LEON RUSSELL « Mad Dogs & Englishmen Revisited – Live At Lockn’ » (Fantasy Records) Alors que Susan Tedeschi voyait le jour et que neuf ans plus tard, ce serait au tour de Derek Trucks, Joe Cocker, quant à lui, enregistrait l’emblématique « Mad Dogs & Englishmen » au Fillmore East de New-York les 27 et 28 mars 1970. Un disque qui les a donc marqués au fer rouge. A l’époque, c’est le claviériste, chanteur et directeur musical LEON RUSSELL qui était aux manettes et c’est aussi lui que l’on retrouve, bien accompagné, à la production de cette version revisitée par le TEDESCHI TRUCKS BAND et captée en septembre 2015 au ‘Lockn’ Festival’ d’Arrington, en Virginie. 45 ans après l’édition originale, quelques musiciens de Mad Dogs sont revenus fouler la scène et Rita Coolidge, Claudia Lennear et Chris Stainton sont toujours aussi rayonnants. Et comme pour rendre cet hommage inoubliable, TEDESCHI TRUCKS BAND et LEON RUSSELL ont convié quelques invités de marque, qui confèrent à cet album une incroyable générosité. Cette célébration collective rappelle d’ailleurs naturellement celles de Joe Cocker. Ici aussi, on a le sentiment que des amis se sont rassemblés dans une harmonie très fluide et une énergie communicative. Si à eux seuls, TEDESCHI TRUCKS BAND et LEON RUSELL font trembler n’importe quelle scène, alors imaginez un peu les frissons supplémentaires procurés par Chris Robinson des Black Crowes, John Bell, le grand Warren Haynes, Anders Osborne, Doyle Bramhall II et Shannon McNally. Il y a autant d’électricité que de magie pendant plus d’une heure de concert. Susan Tedeschi est impériale au chant, son guitariste de mari Derek Trucks brille de mille feux et les chœurs omniprésents font jaillir autant de lumière et de sourires que la vibrante section de cuivres. Incontournable ! Retrouvez les chroniques de l’album en quatre actes « I Am The Moon » du groupe : Tedeschi Trucks Band : un songe en quatre actes Tedeschi Trucks Band : acte II Tedeschi Trucks Band : songe d’une épopée southern Tedeschi Trucks Band : full moon [...]
9 septembre 2025Heavy metal / International / Old SchoolEn passant d’un label underground à une major du milieu, AMBUSH a fait le grand saut. Pour autant, pas question pour les Suédois de changer quoique ce soit dans leur attitude ou leur style, qui reste farouchement ancré dans un Heavy Metal traditionnel. Toujours Old School, « Evil In All Dimensions » conserve les fondamentaux du groupe, tout en affichant une production plus solide avec ce côté brut et vintage inhérent au registre. Fort d’un enthousiasme débordant, le frontman du quintet, Oskar Jacobsson, revient sur ces changements majeurs et sur ses convictions chevillées au corps. Entretien avec un chanteur, qui affiche beaucoup de force et garde les pieds sur terre. – Tout d’abord, j’aimerais savoir quel effet cela produit de passer d’un label underground comme High Roller Records, chez qui vous avez passé dix ans, à Napalm Records qui est une major du Metal ? En fait, nous avions tous besoin de nouveaux défis et d’une énergie nouvelle pour propulser AMBUSH et le Heavy Metal là où ils doivent être, c’est-à-dire sur les plus grandes scènes. Après des discussions au sein du groupe, nous avons convenu d’envoyer les mixes à quelques grands labels pour voir s’ils étaient intéressés. Nous avons tous été très enthousiastes, lorsque nous avons reçu des réponses élogieuses sur le nouveau matériel et des offres venant de partout. Les jeunes groupes de Heavy Metal traditionnel vivent dans l’ombre depuis bien trop longtemps, et avec cette opportunité, le vent pourrait tourner. C’est le moment d’agir ! – Cette nouvelle signature inclue également un changement d’état d’esprit, par rapport au milieu underground d’où vous venez. Et à l’écoute de ce nouvel album, on n’a pas vraiment l’impression que cela ait changé quoique ce soit pour AMBUSH… L’underground est une scène où les groupes, les organisateurs et les fans travaillent ensemble au service de la culture Heavy Metal par pure passion. Et puis, nous avons rencontré tellement de gens formidables au cours de cette aventure, qui nous ont inspirés pour continuer à nous battre et à être créatifs. AMBUSH est et sera toujours un groupe de fans pour les fans ! – Il y a aussi quelques arrivées sur « Evil In All Dimensions » au niveau du line-up. Comment s’est faite leur intégration et y a-t-il eu quelques changements dans votre travail en studio ? C’est vrai que nos deux nouveaux membres, Karl Dotzek à la guitare et Oskar ‘Burning Fire’ Andersson à la basse, ont apporté une contribution précieuse grâce à leur musicalité, leur vision et leurs contributions. En studio, nous avons également adopté une approche différente, car nous avons passé beaucoup plus de temps avec notre maître du mixage Mankan aux studios PAMA. Nous avions une idée précise du son que nous souhaitions pour l’album. La recette a été d’y mettre moins d’infra-graves, plus de médiums dans les guitares et des voix plus chaleureuses et vivantes ! – « Evil In All Dimensions » marque aussi une grosse évolution dans le traitement du son, même si vous restez fidèles au Heavy Metal traditionnel. Où est-ce que tu situes les principales différences ? Sur cet album, nous avons osé sortir un peu de notre zone de confort. J’imagine que cette vulnérabilité transparaît dans certains morceaux, ce qui les rend plus forts et plus émotionnels à mon avis. Nous sommes à l’aise avec notre son et nous sommes là pour faire sensation dans ce nouveau millénaire. – La numérisation des studios a changé beaucoup de choses. Comment faites-vous pour conserver au maximum votre son vintage avec toute la technologie actuelle, car loin d’être dénaturé, il prend au contraire beaucoup d’ampleur ? Notre mission a été de produire une qualité Hi-fi sans pour autant être trop sub-basses, numérisées, robotisées et corrigées comme beaucoup d’autres productions actuelles. Sur cet album, nous utilisons des sidechains, un égaliseur avancé et des compressions, dont l’interaction m’échappe d’ailleurs encore. (Sourires) Je pense que cet album se démarque de la concurrence à cet égard. – AMBUSH a la réputation d’être un groupe plutôt rentre-dedans et pourtant, cette fois-ci, vous livrez « I Fear The Blood », une ballade à l’ancienne, qui s’intègre d’ailleurs parfaitement à l’album. Peux-tu nous raconter un l’histoire de cette chanson, ainsi que ton évolution flagrante vocalement ? C’est un domaine dans lequel j’ai beaucoup travaillé et j’ai beaucoup progressé depuis la création du groupe, c’est vrai. Quel que soit votre métier ou votre tâche, je sais qu’on peut  tous être tentés de relâcher la tension, de ne voir que le positif, de sourire et de s’accorder un peu de répit au regard du travail acharné qu’on fournit. En ce qui concerne « I Fear The Blood », c’est définitivement la chanson la plus émouvante pour moi. J’ai écrit les solos de guitare en instrumental à la guitare classique quand j’étais ado, et je joue ce morceau pour le plaisir depuis. Un soir d’ivresse et de solitude pendant le confinement lié au Covid, je l’ai joué à la guitare électrique et je me suis dit que ça pourrait être intéressant pour AMBUSH. Comme on a toujours été un peu anti-ballades dans le groupe, il a fallu que je la présente aux garçons, et je peux te dire qu’ils étaient plus que sceptiques ! (Rires) Pourtant, dès la première répétition, on a tous ressenti une sensation magique, et je n’oublierai jamais ce moment. Et à partir de ce jour-là, la chanson est devenue une évidence pour l’album. Le nouvel album d’AMBUSH, « Evil In All Dimensions », est disponible chez Napalm Records. Photos : Philip Truong (1) et Photo Max Ljungberg (3). [...]
4 septembre 2025Grunge / Hard Rock / InternationalOriginaire de Birmingham, ROME IS BURNING surgit avec un premier album éponyme, qui en dit déjà long sur ses intentions et son état d’esprit. Entièrement autoproduit, « Rome Is Burning » vient faire le lien entre une scène Grunge alternative estampillée 90’s et un Hard Rock intemporel musclé et efficace. Un savoureux mix qui le rend explosif. Composé de musiciens chevronnés, les Anglais sont d’une sincérité et d’une honnêteté qui s’entendent jusqu’au cœur de leurs morceaux. Ici, on ne triche pas et on ne se planque pas derrière des bidouilleries numériques. Entretien avec le guitariste Chris Flanagan et Leigh Oates, frontman du quatuor, tous les deux aussi directs et attachants que leur Alternative Hard Rock. – La première question que j’ai envie de vous poser est si votre nom vient du morceau de Junkyard, sorti il y a cinq ans et qui est dans un registre assez proche du vôtre ? Chris : C’est juste une coïncidence ! En fait, à l’époque, on observait l’état du monde et on se demandait : ‘Mais qu’est-ce qui se passe ?! C’est fou !’. Et on voulait un nom qui reflète ça. Leigh : Oui, ROME IS BURNING était clairement notre favori, dès notre première conversation pour le nom du groupe. – On ne sait pas encore grand-chose de ROME IS BURNING, car vous vous êtes formés l’an dernier et votre premier album sort tout juste. J’imagine que vous avez fait vos premières armes sur la scène de Birmingham. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos parcours respectifs et la création du groupe ? Chris : Je parcours la scène britannique depuis des années maintenant, et il m’a fallu beaucoup de temps pour trouver un partenaire musical qui partage ma passion. Heureusement, j’ai trouvé en Leigh un partenaire d’écriture, qui nous a permis à tous les deux d’exprimer pleinement nos idées. Leigh : D’une certaine manière, on peut dire que je suis un vétéran. Je crois que c’est mon dixième album commercialisé. J’ai vécu de belles expériences, des succès et de grosses déceptions au fil des années dans l’industrie musicale. Mais j’adore faire de la musique et Chris et moi partageons vraiment la même vision pour ROME IS BURNING. Ça a été facile d’écrire l’album et de l’enregistrer comme on le souhaitait. – L’une de vos particularités est aussi de présenter un style et un son plus américain que britannique, je trouve. Vos influences se situent-elles clairement de l’autre côté de l’Atlantique ? Chris : Je dirais que je suis quand même plus influencé par la scène musicale britannique en général. La plupart de mes groupes préférés sont anglais, donc par osmose, j’ai absorbé ce type de musique dans une certaine mesure. J’aime beaucoup de groupes américains, comme Alice In Chains et Soundgarden, donc peut-être que cette influence a déteint sur moi à un moment ou à un autre. C’est possible, oui. (Sourires) Leigh : Pour être honnête, mes influences viennent de partout, même si, dans l’ensemble, j’ai surtout été influencé par les groupes britanniques et américains. Grandir avec le Grunge a été une énorme influence pour moi et par nature, la plupart, voire tous les meilleurs groupes de cette époque, étaient américains ! – Pour rester sur l’aspect sonore de ROME IS BURNING, c’est toi Leigh, le chanteur, qui a mixé et produit l’album. C’est un atout supplémentaire, d’autant que le résultat est très convaincant. Est-ce important, selon vous, de pouvoir savoir gérer un maximum de domaines lorsqu’on sort un premier album aujourd’hui ? Chris : Absolument. L’industrie musicale est morte. 99 % des musiciens que j’ai connus ces quinze dernières années ont démissionné, donc il faut tout faire de nos jours. C’est vraiment positif d’avoir quelqu’un dans le groupe avec une oreille aussi fine que celle de Leigh. Leigh : Fini le temps des grandes avancées, alors maintenant plus que jamais, on revient au DIY ! On aime être aussi autonomes que possible. Evidemment, nos budgets sont serrés, donc plus on peut faire de choses nous-mêmes, mieux c’est. – D’ailleurs, « Rome Is Burning » sort en autoproduction. Beaucoup de groupes considèrent que les labels ne sont plus franchement indispensables dans une industrie musicale bousculée par les plateformes et les réseaux sociaux. C’est aussi votre sentiment et est-ce également ce qui explique votre démarche ? Chris : J’emmerde les maisons de disques. J’emmerde Spotify. J’emmerde Apple. J’emmerde Instagram. Ce sont tous des escrocs et j’ai hâte de voir toutes les plateformes brûler ! (Et moi donc ! – NDR) Leigh : On nous a proposé des choses et on les a refusées. Pourquoi donner à quelqu’un la propriété de votre musique et une part des revenus potentiels pour avoir fait ce qu’on sait faire soi-même ? Il suffit de télécharger sa musique sur une plateforme, de payer une petite commission et n’importe qui, partout dans le monde, peut l’écouter. – L’album a une résonnance très 90’s, basée sur un Hard Rock aux touches Grunge et Stoner. Sans y voir une quelconque nostalgie, cela rend votre jeu terriblement efficace. Votre intention est-elle de renforcer l’impact et le groove et, finalement, proposer des arrangements assez minimalistes, afin de rendre ROME IS BURNING plus compact ? Chris : En tant que guitariste, il est très facile d’en faire trop. Lors de la composition de l’album, nous avons délibérément choisi de mettre en avant les accroches vocales, car nous voulions avant tout que notre musique aille vraiment dans ce sens. Avec un chanteur aussi talentueux que Leigh, ce serait une folie totale d’essayer d’intégrer encore plus de guitares au détriment du chant. Nous savons que nous sommes capables de jouer, mais le plus difficile est d’écrire une bonne chanson. Les arrangements minimalistes fonctionnent donc plutôt bien avec ce que nous recherchons. Leigh : Chris est très gentil ! (Rires) C’est vrai que nous voulions rester assez épurés et laisser les accroches briller, et je pense que nous y sommes parvenus. Je suis ravi que tu apprécies la façon dont nous avons présenté les chansons. Nous avons fait en sorte que l’album sonne exactement comme nous le souhaitions, ce qui peut être difficile au départ. J’ai travaillé avec de très bons producteurs au fil des ans, et il arrive que le résultat soit excellent, mais pas toujours celui que l’on imaginait pour la chanson. – L’ensemble de l’album a une saveur très alternative, légèrement sleaze, et avec un côté très underground, comme une volonté d’éviter toutes velléités mainstream. Est-ce que l’indépendance commence, selon vous, par une couleur musicale marquée et presque revendicatrice aussi dans sa forme ? Chris : Tu sais, on n’a pas vraiment pensé au courant dominant quand on a créé l’album. On a juste écrit de la musique qu’on aimait. Leigh : Je trouve qu’il y a aussi beaucoup d’émotion dans notre musique et on a le cœur sur la main. Rien de ce qu’on fait n’est artificiel. – Pour rester sur cet aspect underground de ROME IS BURNING, malgré des thèmes sombres et rageurs aussi, vous présentez un élan très fédérateur dans les refrains, ainsi que dans les riffs. L’un n’empêche pas l’autre ? Et l’idée reste-t-elle de propager cet esprit de liberté que vous véhiculez ? Chris : Ma philosophie pour composer de la musique à la guitare est de créer une tension, puis de la relâcher dans le refrain. J’essaie toujours de donner à Leigh une palette sonore optimale pour créer un bon refrain. Leigh : J’aime que les gens puissent s’identifier aux paroles et en tirer leur propre interprétation. Franchement, qui n’aime pas un long refrain sur lequel chanter ? (Sourires) – Là où beaucoup de groupes aujourd’hui jouent sur des arrangements souvent pompeux et des albums surproduits, ROME IS BURNING touche par son authenticité et un son presque épuré. Il y a une honnêteté qui transpire de vos morceaux. C’est là-dedans et sous cette forme que vous trouvez toute cette énergie ? Chris : L’objectif principal de l’album était de créer quelque chose de brut et de vrai. De nos jours, tout le monde peut obtenir un son studio incroyable dans un garage, mais est-il possible de le rendre authentique ? D’après ce que j’entends d’autres groupes, la réponse est non. La plupart des nouvelles musiques sonnent vraiment mal. On ne dirait pas un groupe en train de jouer dans une pièce. ROME IS BURNING, si ! (Sourires) Leigh : Merci pour cette remarque, je suis content que tu aies saisi notre intention ! On reste réalistes, ce qu’on entend sur l’album est ce qu’on entend en live. Il n’y a pas de trucs, pas de gimmicks. – Enfin, j’imagine que le prochain objectif est de diffuser au maximum votre musique en Angleterre pour commencer, et au-delà par la suite. Et cela commence bien sûr par les concerts, avez-vous déjà des projets de ce côté-là ? Une tournée peut-être ? Chris : On a quasiment enregistré notre deuxième album et les démos sont superbes. Pour la tournée, on veut toucher le plus de monde possible. On est un groupe Old School avec une mentalité Old School, donc si les gens veulent qu’on joue, on le fera ! (Sourires) Leigh : Absolument ! Plus de concerts et on commence déjà le deuxième album. En tout cas, merci beaucoup pour ton intérêt et ton soutien à ROME IS BURNING. Nous t’en sommes vraiment reconnaissants ! Toutes les infos sur le premier album éponyme de ROME IS BURNING sont disponibles sont le site du groupe : https://romeisburning.com/ [...]
26 août 2025Heavy metalCohérent et véloce, ce deuxième effort révèle enfin de manière claire les capacités du tandem ELLEFSON-SOTO. Certes, le pédigrée des quatre musiciens à l’œuvre ici parle pour eux, mais lorsque son chanteur se montre en pleine possession de ses moyens et que les guitares flambent à ce point, c’est un vent de liberté qui se met à souffler sur « Unbreakable », le bien-nommé. La formation italo-américaine est en ordre de marche et ça cogne sévère sur un Heavy Metal puissant et très actuel. ELLEFSON-SOTO « Unbreakable » (Rat Pak Records) Après avoir participé au concert d’adieu à Ozzy il y a quelques semaines et alors que son ancien groupe vient d’annoncer la sortie de son ultime album studio l’année prochaine, l’ex-bassiste de Megadeth et lauréat d’un Grammy Award est de retour avec son dernier projet personnel en date. Trois ans après « Vacation in The Underworld », ELLEFSON-SOTO remet le couvert avec « Unbreakable » et de bien belle manière. Aux côtés du frontman Jeff Scott Soto, du guitariste Andy Martongelli et de Paolo Caridi à la batterie, le line-up est plus qu’affûté. Si le premier album avait permis au quatuor de poser de bonnes bases et surtout de se jauger, David Ellefson et ses compagnons savent aujourd’hui beaucoup mieux où ils vont musicalement. « Unbreakable » est plus personnel et présente nettement plus de caractère que le précédent. Agressif, déterminé et percutant, ELLEFSON-SOTO a trouvé son style, peaufiné son entente et la complicité affichée en dit long sur ses intentions. Cette fois, le Heavy Metal domine largement les débats avec même quelques élans Thrash bienvenus et qui offrent du corps. Si l’on connait déjà bien les performances de Soto et bien sûr d’Ellefson, celles du six-cordistes italien illuminent littéralement ce bel opus, d’ailleurs enregistré aux Rogue Studios de Wembley à Londres et produit par Chris Collier (Mick Mars, Korn). Dès le morceau-titre, ELLEFSON-SOTO sort les griffes, bastonne et enthousiasme. Et ça continue avec « SOAB », « Hate You, Hate Me », « Snakes & Bastards », sans oublier « Poison Tears » avec Laura Guldemond de Burning Witches et « Vengeance » avec Tim ‘Reaper’ Owens. Une bonne beigne ! Retrouvez la chronique du premier album : Ellefson-Soto : addition de talents [...]
12 août 2025Heavy metal / Speed MetalC’est vrai qu’il est assez rare de voir des combos de pur Heavy Metal émerger d’Australie, plus adepte de Hard Rock et de Pub Rock. Pourtant, TEMTRIS s’est fait une place au fil du temps pour atteindre une incontestable maturité artistique. Porté par la voix puissante de sa fondatrice, le groupe affiche beaucoup d’audace, de fermeté et d’allant. Souvent brutal, mais toujours précis, « Queen Of Crows » le montre en pleine maîtrise et prouve que son niveau de jeu vaut très largement celui de nombreuses formations du vieux continent.  TEMTRIS « Queen of Crows » (Wormholedeath Records) Fondé il y a un peu plus de 20 ans à Sydney par la chanteuse Genevieve Rodda et le guitariste Anthony Fox, TEMTRIS s’est taillé une solide réputation dans sa lointaine Australie et cette récente signature avec le label italien Wormholedeath devrait lui ouvrir les portes de la scène européenne. Avec ce huitième album, le quintet assoit une déjà belle et identifiable personnalité musicale. Basée sur un Heavy Metal traditionnel, on y trouve aussi des touches de Speed, de Thrash et de Power Metal. Un mix explosif. Avec une frontwoman qui s’affirme avec beaucoup de force, TEMTRIS possède de solides arguments. S’il y a sans surprises quelques références à Doro et surtout à Crystal Viper, elle œuvre dans un registre bien à elle, très imposant tout en s’engouffrant dans des mélodies accrocheuses. Car, si « Queen Of Crows » est une réalisation racée et percutante, les variations et la finesse d’interprétation ne manquent pas. La rythmique est elle aussi appuyée et les deux six-cordistes donnent parfaitement le change. Moderne et massive, la production  de « Queen Of Crows » montre un impact ferme et les Australiens mélangent avec beaucoup d’habileté l’aspect classique du genre avec une approche actuelle et un son étonnamment européen. L’énergie déployée pose les morceaux de TEMTRIS dans une configuration qui les met parfaitement en valeur, sans négliger aucun aspect de son Heavy Metal (« Evil Lies », « The Risk », « Murder Of Crows », « Dying To Believe », « The World Is Bleeding Out »). Une performance organique et sincère. [...]
5 août 2025Heavy metal / Old School / Speed MetalOriginaire de Santiago au Chili, IRON SPELL cultive son amour pour le Heavy originel avec une minutie et une créativité que l’on ne voit d’ailleurs plus beaucoup chez les derniers représentants du genre. Avec un esprit très cinématographique, « From The Grave » possède ce côté épique propre au Metal du siècle dernier avec une bonne dose de Speed et de Power Metal de la première heure (le vrai !). Authentique et puissant, ce nouvel opus est l’un des meilleurs de l’année dans sa catégorie. IRON SPELL « From The Grave » (Dying Victims Productions) Chez IRON SPELL, on est tenace et combatif. Formé en 2013, le groupe a essuyé plusieurs changements de line-up, a sorti un premier album, « Electric Conjuring », trois ans plus tard et l’EP « Live Magic After Midnight » en 2021. Cela fait donc neuf ans que l’on attend ce deuxième effort et avec « From The Grave », le quintet frappe fort. Les bases sont forgées dans un Heavy Metal traditionnel et sur une thématique axée sur l’horreur dans ce qu’elle a de plus classique. Et s’il n’y a pas de révolution, il y a beaucoup de conviction. Imperméables aux modes, les Chiliens arborent un registre Old School directement hérité de King Diamond, Iron Maiden, Black Sabbath, W.A.S.P. et Rainbow. Mystique et obscur, IRON SPELL emprunte autant au Speed Metal qu’au Hard Rock avec un penchant pour les grosses guitares. Et le duo à l’œuvre sur « From The Grave » a de la suite dans les idées. Riffs acérés, twin-guitares enflammées et solos tourbillonnants, la NWOBHM a aussi inspiré la formation sud-américaine et elle a su en garder le meilleur. L’explosivité de cette nouvelle production doit aussi beaucoup à son frontman, dont l’amplitude vocale fait des merveilles. Diablement accrocheur, il guide IRON SPELL dans un univers horrifique bien à lui. Rapides et racés, les morceaux s’enchaînent affichant une belle polyvalence, des mélodies entêtantes et une personnalité artistique  où le côté Rock a aussi sa place (« Curse Of The Ushers », « Devil King », « Deep In The Night », « Black, Hot & Heavy », ainsi que l’interlude instrumentale menant au final « Children Of the Night »). Foudroyant ! [...]
28 juillet 2025Blues / Soul / FunkRayonnant et électrisant sont les deux sentiments qui émergent de l’écoute de « Live To Be This », le nouvel opus de THE BONESHAKERS. Les Américains ont vu les choses en grand et entre duos, featurings et un esprit funky chevillé au corps, c’est un large panorama du Blues qui prend vie sur cette belle production. Groovy et cuivrée à souhait, c’est l’une des plus savoureuses du genre de l’année, dotée d’un esprit Soul irrésistible et d’une vivacité omniprésente. THE BONESHAKERS « Live To Be This » (Gulf Coast Records) Avec ce onzième album, le guitariste de Detroit Randy Jacobs et la chanteuse californienne Jenny Langer font une fois de plus parler la poudre et il se pourrait bien que « Live To Be This » soit même le meilleur disque des BONESHAKERS. Alliage de Blues et de Funk où vient s’inviter un Rythm’n Blues incandescent, on se balade ici entre la Motor City, Muscle Shoals et Memphis. De l’amour, du punch et de la Soul, tout cela resplendit grâce à ce duo hors-norme, qui a concocté une tracklist de rêve. Alors que THE BONESHAKERS a accompagné la saxophoniste et chanteuse Mindi Abair le temps de nombreuses tournées et de plusieurs enregistrements, la renaissance vient sans doute de l’arrivée au chant de Jenny Langer sur « One Foot In The Groove » (2023). Etincelante, elle donne encore le meilleur sur « Live To Be This », constitué de titres originaux et de reprises aussi méconnues que surprenantes. Mais à travers les 14 chansons, le voyage est beau et surtout, il traverse plusieurs contrées musicales avec la même force. Et afin de rendre cette nouvelle réalisation encore plus lumineuse, le tandem moteur de THE BONESHAKERS a convié quelques invités de renom. Dans ce beau feu d’artifice se succèdent Bobby Rush, Don Was, Charlie Musselwhite, Coco Montoya et Greg Bissonette derrière les fûts. Pour les covers, le groupe dépoussière et dynamise des chansons de Betty Davis, Iggy Pop, Jimmy Hall, Ike et Tina Turner, Screamin’ Jay Hawkins ou encore The Fabulous Thunderbirds. Eclectique, sensuel, puissant et soigné, les sensations exultent. [...]
23 juillet 2025Blues / International / Soul / Funk / Southern BluesDevon Allman a beau multiplier les projets à travers des formations aussi diverses que nombreuses, il revient finalement toujours à ces premières amours. Celle du Blues est bien évidemment au centre de son répertoire et est même la base de sa construction musicale d’artiste. Cette fois, le guitariste, chanteur et compositeur surgit avec THE DEVON ALLMAN PROJECT entouré d’une pléiade d’invités de renom, et tous semblent n’avoir eu comme unique objectif celui d’élever le Blues à son sommet. Mission accomplie avec « Blues Summit », un album resplendissant, chaleureux, virtuose et sur lequel tous les musiciens se sont mis au service de leur style favori et à travers lequel ils rayonnent. Nouvel entretien avec celui qui ne lève jamais le pied… et on ne saurait s’en plaindre ! – Lors de notre interview l’an dernier à l’occasion de la sortie de « Miami Moon », tu me disais que tu ne pouvais pas rester en place et cela se vérifie avec « Blues Summit », sans compter les concerts entre les deux albums. Cette fois, c’est avec THE DEVON ALLMAN PROJECT que tu reviens. C’est important pour toi ce genre de disque collaboratif ?  Tout d’abord, « Blues Summit » est une véritable rencontre musicale, dans le sens où  créer un album avec ces légendes que sont Jimmy Hall, Larry McCray et Sierra Green, a été un vrai plaisir. On a aussi la chance d’avoir les participations spéciales de Robert Randolph And The Memphis Horns et celle de Christone ‘Kingfish’ Ingram, ce qui le sublime encore un peu plus. Et puis, pouvoir également enregistrer pour la première fois avec mon groupe de tournée, THE DEVON ALLMAN PROJECT, a été quelque chose de très important pour moi. Tous les musiciens présents sur cet album ont littéralement donné le meilleur d’eux-mêmes. – D’ailleurs, tu laisses vraiment tes invités prendre l’initiative. « Blues Summit » est un album où tu sembles même parfois te mettre en retrait. Comment s’est passée la composition, car Larry Mc Cray a aussi écrit deux chansons ? Cela a commencé pendant notre tournée annuelle avec ‘Allman Betts Family Revival’, nous nous retrouvions régulièrement dans les loges pour écrire des chansons chacun de notre côté. Larry (McCray – NDR) avait déjà de nombreux riffs et plein d’idées… Certaines ont débouché sur les chansons « Blues Is A Feeling », « Runners In The Night » et bien d’autres encore… C’est franchement étonnant de voir comment il est incroyablement facile pour lui d’écrire de la musique. – Le titre de l’album parle de lui-même et c’est vrai qu’il est peut-être le plus Blues de ta carrière. Etait-ce délibéré de ta part dès le départ, ou t’es-tu adapté aux musiciens qui allaient t’accompagner ? Je pense que « Blues Summit » est le fruit d’une rencontre de haut vol entre musiciens et le Blues en est la pierre angulaire pour moi comme pour tous les invités. Il nous rassemble et c’est le style qui est d’ailleurs l’alpha du Rock’n’Roll. Il était donc logique de l’adopter, à la fois dans un style vintage et dans sa version la plus moderne. – Tu as l’habitude de partager la scène, comme les studios, avec d’autres artistes depuis toujours. Qu’est-ce que tu aimes tant dans ces échanges ? Partager le même plaisir ensemble, ou est-ce qu’il y a aussi une sorte d’émulation à se surpasser les uns les autres ? Tu sais, je pense que le travail d’équipe peut réaliser vraiment tous les rêves… Dans un autre registre, qui a franchement envie de jouer au basket-ball tout seul ? C’est le fait de partager cette joie qu’offre la musique et de la créer ensemble, qui la rend si spéciale et unique. – Parmi tes invités, on retrouve Christone ‘Kingfish’ Ingram, Robert Randolph, Jimmy Hall et Larry McCray pour la partie instrumentale surtout. Est-ce parce que vous vous connaissez de longue date qu’ils sont présents, car on sent une grande complicité ? Nous sommes tous synchroniser les uns aux autres. Je pense qu’on nous a jeté le même sort finalement. (Sourires) Par ailleurs, nous sommes très compatibles et complémentaires également. Je crois que nous sommes tous connectés à la grande muse de l’univers, c’est quelque chose qui est en nous. (Sourires) – Et il y a également la chanteuse Sierra Green de la Nouvelle Orleans, qui est étincelante sur « Real Love ». C’était important d’apporter cette touche féminine très Soul et sensuelle, comme une façon aussi de pouvoir aborder tous les registres du Blues ? Je pense que Sierra est déjà une légende. Maintenant, c’est juste aux gens de s’en rendre vraiment compte ! Tu sais, j’ai écrit « Real Love » spécialement pour elle, du début à la fin. Je peux même te dire que c’est probablement la chanson dont je suis le plus fier que ce soit en tant qu’auteur-composteur et même par rapport à toutes les autres de l’album auxquelles j’ai participé à l’écriture. Et puis, la touche féminine est toujours importante dans la musique et sur un disque. – D’ailleurs, s’il y a de grands guitaristes sur l’album, « Blues Summit » est aussi très cuivré, ce qui le rend à la fois funky et enveloppant. Est-ce parce que tu es à la recherche d’une certaine intemporalité, ou juste pour le plaisir d’œuvrer au sein de formations nombreuses auxquelles tu as toujours été habitué ? J’ai toujours pensé que les cuivres avaient beaucoup la classe, car ils rehaussent vraiment un enregistrement. Et au-delà de ça, cela vient fait écho à mon amour pour le Jazz. Ils permettent toujours d’élever n’importe quel morceau à un niveau supérieur. Et sur « Blues Summit », les cuivres du ‘Memphis Horns’ et ceux du ‘Funky Butt Brass Band’ ont été superbes et fantastiques sur toutes les chansons. – J’aimerais qu’on dise un mot de l’enregistrement, qui a eu lieu au Shawhorse Studio de Saint-Louis. On y perçoit cette belle chaleur du Sud, qui offre un son très groovy. Est-ce que le lieu a été important dans ton choix cette fois ? Tu sais, Saint-Louis, c’est chez moi. C’est ma maison ! C’est vrai que jusqu’à présent, j’ai toujours choisi d’enregistrer dans d’autres villes comme Chicago, Miami, Memphis ou Nashville. Mais cette fois-ci, je voulais vraiment être à la maison avec ma femme, mon fils et mon chien ! Rien que le fait de pouvoir quitter une séance en studio et rentrer préparer le dîner a été un vrai plaisir pour moi ! (Sourires) – « Blues Summit » contient aussi deux belles reprises : « Wang Dang Doodle » de Willie Nelson et « Little Wing » de Jimi Hendrix. As-tu choisi ces chansons avec une idée bien précise sur la façon dont tu voulais te les approprier, ou est-ce un choix simplement guidé l’affection que tu leur portes ? Dès le départ, je savais que Jimmy Hall pouvait faire un vrai carton avec « Wang Dang Doodle ». Quant à « Little Wing », je l’ai joué lors de la tournée ‘2025 Experience Hendrix Tour’ (une tournée qui a eu lieu en mars et avril dernier courant sur 27 dates aux Etats-Unis et avec un casting de rêve – NDR), et cela m’a donc paru assez logique de l’interpréter ici. Et au-delà de ça, ce sont deux morceaux intemporels, en tout cas à mes yeux. – Enfin, j’aimerais aussi que l’on dise un mot sur cette collaboration entre Ruf Records et ton label Create Records. C’est un partenariat lié à ce disque uniquement, ou envisagez-vous un travail sur le long terme ensemble ? En fait, je connais Thomas Ruf (le boss du label – NDR) depuis plus de 15 ans et j’apprécie vraiment sa passion pour la vraie musique. Par le passé, nous avons déjà participé à de nombreux projets ensemble, ainsi qu’à la mise en place de plusieurs concerts. Cela dit, je ne me projette que dans les quelques années à venir pour voir comment cette nouvelle collaboration va évoluer. « Blues Summit », le nouvel album de THE DEVON ALLMAN PROJECT est disponible chez Ruf Records. Photos : Emma Delevante (3) et John Bowman Nichols (5). Retrouvez aussi l’interview accordée au site l’an dernier à la sortie de « Miami Moon » : Devon Allman : son & brother [Interview] [...]
18 juillet 2025Hard Rock / Hard US / SleazeEn injectant autant d’adrénaline dans un style qui n’en manque déjà pas, MÄDHOUSE lâche les chevaux, refuse les limites et semble ne pas se soucier du qu’en-dira-t-on. Irrévérencieux, mais solide et consistant, le quintet originaire d’Autriche affiche un visage à la fois classieux et hyper-Rock’n’Roll et une attitude qui prend sa source en Californie il y a quelques décennies et qui, pourtant, s’inscrit parfaitement dans son temps, bien aidé par un son massif. MÄDHOUSE « Plead The Fifth » (Rock Of Angels Records) Formé en 2017 par son guitariste et compositeur Mikky Stixx, MÄDHOUSE a bloqué le curseur sur les années 80/90 et à l’écoute de ce quatrième album, on ne peut que s’en réjouir. Comme on faisait de très belles choses au siècle dernier, l’idée d’y ajouter une énergie très actuelle, histoire d’affûter le registre, est une bonne chose d’autant que le résultat est explosif, enthousiaste et irrésistible. Bien sûr, il y a comme une sensation de déjà-vu, mais elle nous replonge dans des atmosphères aux plaisirs indélébiles. Les Autrichiens ont été biberonnés au son du meilleur de Skid Row, Mötley Crüe et Def Leppard notamment et sont parvenus à en garder et à en extraire la substantifique moelle. Technique et inspiré, MÄDHOUSE ne révolutionne un genre auquel il serait malheureux de toucher, mais lui offre un élan pêchu et des mélodies accrocheuses. Si la très bonne production de « Plead The Fifth » trahit un peu son époque, il aurait très largement pu figurer aux côtés de certains classiques d’antan, vu le travail accompli. Epaulé par Thommy Black à, la guitare, Mikky Stixx peut aussi compter sur une puissante et millimétrée rythmique composée de Rickey Dee (basse) et Bobby B. Bastard (batterie). Au chant, Tommy Lovelace fait des étincelles, se montre aussi dynamique qu’irréprochable (« Midnight Fever », « Bring On The Night », « Shotgun Rider », « Get A Grip », « It’s A Monster In My Head », « Mad To The Bone », …). MÄDHOUSE est électrisant, ne tient pas en place et s’affirme avec un opus de haut vol, qui tient littéralement en haleine. Photo : Raphael Hofmann [...]
16 juillet 2025France / Metal / Pop / RockSorti il y a un peu plus de deux mois, « Krystal Metal » marque un bond dans la carrière de la guitariste-chanteuse et fait suite à deux EP, « Brutal Pop I & II » en confirmant un style assez unique où Metal et Pop s’entremêlent naturellement. Egalement productrice, SUN aura pris son temps pour peaufiner son premier long format, ponctué depuis des années par de nombreuses prestations live dont la récente mainstage du ‘Hellfest’. Aguerrie et déterminée, la frontwoman présente un album très abouti et solide sur lequel, vocalement, elle navigue entre un chant clair et un scream ravageur… L’art de conjuguer les opposés. Entretien avec une artiste qui vise toujours plus d’authenticité. – Tout d’abord, comme tu as récemment fait le festival ‘Kreizh y Breizh’ à Glomel (22) et que tu reviens tout juste du ‘Hellfest’ où tu as joué sur la mainstage, j’aimerais que tu me donnes des impressions. Comment le public Metal t’a-t-il accueilli, et te sens-tu d’une manière ou d’une autre faire partie de cette famille-là ?  Oui, le ‘Hellfest’ s’est très bien passé, au-delà de mes espérances. Il y avait beaucoup de pression sur cette date que j’attendais avec impatience. Et puis, on m’avait dit que lorsqu’on ouvrait une journée sur la mainstage, il arrive qu’il n’y ait pas trop de monde. Et en fait, c’était blindé ! Je n’avais jamais vu ça de ma vie ! J’étais sciée et secouée par ça. Et le ‘Kreizh y Breizh’ juste avant était super sympa, dans une ambiance beaucoup plus bretonne, chaleureuse et très agréable. En ce qui concerne le public Metal, je viens du Metal Extrême à la base, du Brutal Death où je suis guitariste rythmique. Même si mon ‘Brutal Pop’ est un mélange différent, j’ai toujours été bien accueillie par le public, même au ‘Festival 666’ l’année dernière. Je n’avais pas trop peur du côté Metal. En revanche, être sur la mainstage pour mon premier ‘Hellfest’, c’était un peu flippant ! (Rires)  – Il y a six ans déjà, on te découvrait avec un premier EP, « Brutal Pop », suivi en 2023 du second volet, toujours en format court. C’est un univers assez unique, qui va puiser autant dans la Pop que dans des sphères Rock plus musclées. Est-ce que tu te considères un peu comme une sorte de chaînon manquant ? Un pont entre ces deux styles musicaux ? Peut-être pas, mais c’est assez naturel dans mon processus. Tout ça est né quand j’étais petite, car j’adorais écrire des chansons. Etant franco-allemande, j’habitais en Forêt Noire en Allemagne où je m’ennuyais un peu, mais j’avais accès à la guitare électrique de mon frère et un livre sur la guitare Metal. Et il se trouve que lorsque j’écrivais mes chansons, au lieu de m’accompagner au piano pour plaquer les accords, j’allais directement à la guitare entre la voix et un gros riff. A l’époque, j’écoutais autant Janet Jackson que Hate Eternal ou Morbid Angel, donc des trucs assez vénères. Pour moi, c’était une façon de faire très organique. En fait, au moment de faire la chanson fabriquée autour de ce jeu de guitare et du scream, qui me permet d’atteindre un point culminant sur les paroles, tout cela se fait assez naturellement finalement. Je ne sais pas si je peux me considérer comme un chaînon manquant, c’est plutôt à d’autres de le dire. En tout cas, je suis heureuse si je peux faire le pont, parce que je ne me suis jamais limitée aux styles musicaux. La seule chose que j’aime est le songwriting, donc si c’est seulement un enchainement de riffs, je m’ennuie rapidement. – Malgré les quatre ans qui les séparent, tes deux premiers EPs se rejoignent et pourraient même constituer un seul et même album, même si des productions sont un peu différentes. Avais-tu besoin de mieux cerner les contours de ton jeu et de ton style avant de t’aventurer dans un format long ? En fait, j’ai retenu l’album pendant très longtemps. Je ne me suis jamais dit que le ‘Brutal Pop’ serait mon plan de carrière. Pendant des années, j’ai chanté dans des comédies musicales, joué dans des pièces de théâtre, j’ai fait du cinéma en tant qu’actrice… Et tout ça en ayant mon projet à côté. Je ne me suis pas dit que c’était une bonne idée, mais plutôt que j’étais une fille un peu bizarre, voilà ! (Sourires) Ce sont surtout les gens et des producteurs que j’ai rencontrés sur la route comme Dan Levy de The Dø et Andrew Sheps, qui m’ont dit que c’était vraiment ça mon projet. Donc, j’ai vraiment retenu mon album pendant longtemps, parce que je savais que la carte du premier album est quelque chose qu’on ne peut jouer qu’une seule chose. Alors, si on peut le faire partir du plus haut possible de la montagne, c’est plus avantageux. Et c’est pour ça que j’ai aussi mis du temps, car je suis en indépendant et je voulais vraiment trouver les partenaires qui m’aideraient.   – Cela dit, « Krystal Metal » est lui aussi assez court et très resserré. Cherchais-tu un certain sentiment, ou tout au moins une impression, d’immédiateté et d’urgence ? Pour être sincère, j’ai enregistré beaucoup plus de choses que ce qui figure sur l’album. J’ai vraiment voulu créer le geste qui coulait le mieux avec une grande variété dans les signatures rythmiques, les tempos et les accords pour qu’il n’y ait pas de redites. Et comme je trouvais que ça collait bien, je me suis arrêtée là-dessus, tout simplement. – Depuis tes débuts, tu t’occupes de tout : de l’écriture à l’interprétation des instruments et du chant jusqu’à la production et le mastering. Tu n’as jamais été tentée de partager tes chansons en groupe, ou avec des arrangeurs par exemple, ou sont-elles trop personnelles à tes yeux ? Ou peut-être que tu as aussi une idée très précise de ce que tu souhaites obtenir ? En fait, j’ai fait le chemin inverse. Le premier EP a été coproduit avec Dan Levy. Ensuite, j’ai produit le second, mais j’ai travaillé avec des personnes au mix comme Andrew Sheps justement. Lui, il a bossé avec Metallica, Smashing Pumpkins, Beyoncé, … et c’est lui qui m’a dit d’arrêter de me cacher derrière les gens et qu’il fallait que je produise tout de A à Z. Il m’a dit que, comme je savais exactement ce que je voulais, il fallait que je me fasse confiance. Et donc, « Krystal Metal » est vraiment le fruit de tout ça. Tu sais, même avant SUN, je tournais sous mon nom, Karoline Rose. J’ai bossé avec Babx et d’autres et je me suis beaucoup diluée et perdue avec des producteurs, car ils ont tous une vision de toi. C’est bien quand tu fais un truc depuis 20 ans et que tu veux le rafraîchir, ou quand tu es un artiste qui n’a pas trop de matière et que tu es surtout interprète.  Mais dans mon cas, ça m’a toujours fait du tort. Et « Krystal Metal » est une sorte de retrouvaille avec moi-même et le meilleur choix de ma vie. Je savais très bien ce que je voulais entendre et je me suis lancée. – Par ailleurs, tes textes sont souvent engagés, notamment en faveur de la cause féminine, mais pas uniquement. A leur écoute, on découvre aussi beaucoup de colère et de rage. Pourtant, il y a toujours un message d’espoir et surtout une énergie très positive. Ce mélange des genres est-il finalement un appel à l’éveil des consciences à travers un jeu brut et direct ? J’essaie de rester quand quelque chose de sincère et d’organique, un peu à l’image des disques de Pop qui m’ont marqué et où il y a toujours une accroche direct sur des thèmes universels. Je fais passer ça dans mes chansons et ça traverse des émotions très diverses. J’ai vraiment essayé de faire un disque Pop dans ce sens-là, c’est-à-dire quelque chose que les auditeurs puissent s’approprier. Je laisse sortir les choses avec cette approche-là. – L’une de tes particularités est d’alterner le chant clair et le scream. C’est un choix qui peut paraître étonnant, même si cela devient aussi très courant sur la scène Metal féminine. Qu’est-ce que cela apporte, selon toi, à tes chanson, car tu pourrais apporter plus de puissance à ton chant clair ? J’ai cette voix claire qui est assez longue, comme on dit, et qui me donne beaucoup de possibilités et dans ma boîte à outils, j’ai aussi le scream. Et donc à des moments précis où la voix de poitrine ne suffirait plus, je vais laisser le scream venir. Je le fais dès la composition et c’est effectivement souvent lié aux paroles sur une intensité qui arrive, ou un bel accord. La plupart du temps, je le fais à des moments qui sont des points culminants positifs ou majeurs. Ca fait aussi partie de mon registre, tout simplement. – Ce premier album, « Krystal Metal », vient donc de sortir et la première surprise vient de sa production qui est beaucoup plus organique et se détache de l’aspect assez synthétique de tes deux EPs. C’est pour cette raison que tu as fait appel à un batteur et ponctuellement à un bassiste ? Pour retrouver une certaine chaleur ? J’ai toujours engagé des musiciens pour les enregistrements en studio, et notamment un batteur, que ce soit sur « Brutal Pop » et « Brutal Pop II ». Le reste, je le fais moi-même. En fait, pour « Krystal Metal », j’ai plutôt fait ce qu’on appelle une ‘non-prod’, c’est-à-dire que je range tous les effets avant qu’on ne les entende. Je ne laisse jamais dépasser ou déborder un réverb’ ou un delay, parce que je veux qu’on écoute la chanson à travers la voix et la guitare. Mais, et cela a été longtemps l’une de mes particularités, c’est parfois une véritable usine à gaz, mais tu ne l’entends pas. C’est important pour moi que la production soit vraiment au service de la chanson et que ce soit l’humain qui joue. C’est vrai que j’ai engagé quelques personnes, mais j’ai aussi beaucoup trifouillé et édité. J’aime avant tout le son organique et ensuite, je passe ma vie à bouger tout ce qu’il a dedans. – Et puis, il présente également beaucoup plus de profondeur et de consistance avec un spectre sonore plus rempli et massif. Outre le travail sur les morceaux, l’idée était-elle aussi de leur offrir plus de relief et donc de peaufiner le plus possible les arrangements, comme c’est le cas ? Oui, c’est ça. J’avais vraiment envie qu’il y ait des arrangements, de la largeur, du gros son et à l’époque du Metal moderne, tu as aussi envie de ça. Tu as envie de remplir l’espace, que ce soit massif et aussi, comme je te le disais, de ranger aussi les effets pour les sortir au bon moment. Je préfère qu’on me dise qu’on adore la voix plutôt que la réverb’. Et c’est pareil pour tout, que ce soit au niveau du mix, de la batterie… Les synthés sont là aussi, mais je les ai enregistrés en analogique pour retrouver justement cette chaleur qui me plait beaucoup plus. – « Krystal Metal » se distingue également par l’utilisation de la double-pédale par ton batteur, de distorsion sur les guitares et ton scream est toujours aussi présent. On se rapproche donc avec ces divers éléments de l’univers du Metal. Justement, d’où viennent tes inspirations de ce registre ? Y a-t-il des artistes ou des groupes qui influent directement sur tes compositions ? Comme toutes les petites filles, j’ai commencé par les Riot Girls, le Grunge et tout ça. Et comme j’aimais les guitares, j’ai glissé vers le Nu-Metal avec Kitty, My Ruin, Korn, Slipknot ou Machine Head. Et petit à petit, j’ai écouté du Thrash Old comme Testament et très vite, tu arrives à Morbid Angel, Hate Eternal, Immolation ou Cannibal Corpse. C’est vraiment ces groupes-là qui m’ont inspiré niveau Metal. Mais côté ‘mainstream’, il y a Gojira aussi, qui a d’ailleurs été influencé par ces artistes-là. C’est ça qui m’a vraiment parlé, et ensuite Strapping Young Lad et l’album « City » et enfin Devin Townsend, qui est pour moi l’inventeur du Pop Metal à la base. J’ai vite compris que c’était ce mélange-là qui m’intéressait le plus. – Enfin, à l’avenir, tu comptes rester sur ce registre-là, ou est-ce que tu penses explorer encore d’autres univers musicaux ? Non, je pense rester là-dessus. En fait, j’ai un peu fait l’inverse du cheminement. Au départ,  je ne savais pas vraiment que faire, je ne pensais pas que c’était une bonne idée et plus je sortais des choses, plus j’étais confirmée dans ma démarche. J’essaie d’aller vers toujours plus d’authenticité. L’album de SUN, « Krystal Metal », et toutes les infos (concerts, etc…) sont disponibles ici : linktr.ee/sunbrutalpop Photos : Jonathan Lhote (1, 4), Bassem Ajaltouni (2) et Alex Pixelle (3). Retrouvez la chronique de « Brutal Pop II » : Sun : rayonnante ! [...]
14 juillet 2025Hard Rock / Heavy metal / LivreSi les combos de cette trempe n’existent plus dans ce monde aseptisé, il reste les souvenirs, et depuis quelques temps, ils jaillissent de tous les côtés. Une sorte de réminiscence imposée. Les coffrets, les compilations et les Live en tous genres grossissent les étagères des fans, mais les Editions Petit à Petit ont eu la bonne idée de mettre en dessin quelques instants mémorables de la vie exaltante et exaltée de MOTÖRHEAD. Le résultat est convaincant et sa lecture agréable. MOTÖRHEAD : BACK FROM THE DEAD Fabrice Rinaudo/Samuel Degasne (DocuBD/Editions Petit à Petit) On vit décidemment une époque formidable. Le grand et surtout irremplaçable Lemmy Kilmister est passé à trépas il y a tout juste dix ans. Alors depuis, l’industrie musicale et à peu près tout ce qui gravite autour se régalent. Une manne ! On ne compte plus les Best Of constitués de morceaux usés jusqu’à la moelle, ou encore le récent et navrant « The Manticore Tapes », ainsi que tout le merchandising qu’on peut ensuite imaginer. Et même si ce n’était sûrement pas ce que le bassiste et chanteur aurait imaginé, nous y sommes… et même jusqu’au cou. Et comme il se trouve que cette décennie depuis la mort de l’Anglais coïncide aussi avec les 50 ans de la création du groupe, les hommages pleuvent de toutes parts. Un coup à faire perdre l’équilibre aux kilos d’acier plantés à Clisson. Bref, les fans semblent ravis et MOTÖRHEAD fait même plus rêver mort que vivant. Un comble et une aberration de notre temps… encore une ! Une grande majorité s’enthousiasme à la découverte de morceaux qui tournent pourtant en boucle depuis des dizaines d’années un peu partout. Alors ne nous plaignons pas : il était grand temps ! Bien sûr, les Editions Petit à Petit surfent à leur façon sur la vague, mais ont au moins le mérite de proposer avec ce « Motörhead : Back From The Dead » quelque chose d’assez nouveau et de différent. Réuni autour d’un collectif de dessinateurs sur un scénario de Fabrice Rinaudo et des textes documentaires de Samuel Degasne, on retrouve fidèlement quelques pans de l’histoire, si peu académique, des turbulents et précurseurs Britanniques. Rock’n’Roll jusqu’au bout du médiator, Lemmy manque, c’est vrai, mais il serait bon maintenant de nous laisser avec nos souvenirs. 144 pages / Format 19×26 cm / 21,90€ [...]
9 juillet 2025Hard 70's / Heavy metalEtre à ce point inspiré par le Hard Rock et le Heavy Metal européen de la part d’un musicien américain aussi aguerri ne passe pas inaperçu et a même de quoi susciter la curiosité. C’est pourtant le cas du véloce JOE STUMP, qui ne s’en cache d’ailleurs pas et qui vient avec TOWER OF BABEL raviver une fibre 70’s, qui semble ne l’avoir jamais quitté. Cela dit, « Days Of Thunder » est vif, actuel et n’a de vintage que sa démarche. Un disque solide et vigoureux. JOE STUMP’S TOWER OF BABEL « Days Of Thunder » (Silver Lining Music) Alors qu’il a repris le flambeau il y a six ans chez Alcatrazz, qui a vu passer des virtuoses comme Yngwie J. Malmsteen ou Steve Vai, JOE STUMP continue de donner des cours au prestigieux Berklee College Of Music de Boston et de mener une carrière en solo, tout en ayant participant aussi à de nombreux projets. Cette fois, il est de retour sous la bannière de TOWER OF BABEL, son groupe avec lequel il avait sorti un premier effort en 2017, « Lake Of Fire ». Pour le style, rien ne change franchement. L’aventure continue !   Et histoire peut-être aussi de ne pas revivre la même expérience, c’est avec un tout nouveau line-up qu’il présente « Days Of Thunder ». Sans détour, l’Américain affirme et assume pleinement les influences de Deep Purple et de Rainbow, dont ce deuxième album est presque un hommage. JOE STUMP’S TOWER OF BABEL s’inscrit dans cette lignée d’un Hard Rock épique et grandiloquent, parfaitement mis en perspective par des musiciens chevronnés chez qui l’on devine d’ailleurs aussi beaucoup de plaisir. Au chant, on retrouve l’ancien frontman de Nightmare, Jo Amore, qui livre une prestation remarquable et toute en puissance. A ses côtés, Mark Cross (Firewind, Helloween) est à la batterie, Mistheria (Bruce Dickinson) aux claviers et Nic Angeleri (Jorn) à la basse. A y regarder de plus près, JOE STUMP’S TOWER OF BABEL est donc presque entièrement européen, ce qui convient en tous points au registre abordé. Le guitariste a su s’entourer et peut à l’envie déverser son shred sur ce « Days Of Thunder » inspiré et puissant. Photo : Esther W Pink [...]
7 juillet 2025Blues / SoulDotée de l’une des plus belles voix du Blues actuel, EVA CARBONI brille de nouveau sur ce disque un peu spécial, où elle a rassemblé des inédits, des remixes de raretés et quelques pépites qui l’ont fait connaître. « The Blues Archives » peut donc se voir comme une sorte d’état des lieux d’une carrière qui ne demande qu’à gagner encore plus en notoriété et en reconnaissance, tant ses performances vocales sont habitées et uniques. Encore un beau moment ! EVA CARBONI « The Blues Archives » (Mad Ears Productions) Après un troisième album sorti en novembre dernier, « Blues Siren », EVA CARBONI nous fait le plaisir de se présenter aujourd’hui avec « The Blues Archives ». Constitué de morceaux inédits et d’autres moins connus, ce nouvel opus est encore un ravissement, où elle s’illustre grâce à sa voix limpide, puissante et très Soul. La chanteuse née en Sardaigne et basée à Londres propose également de nouveaux mixes de ses titres les plus représentatifs, l’occasion de se familiariser avec son répertoire sur un même disque. Toujours accompagnée par son ami le producteur anglais Andy Littlewood, également excellent guitariste, bassiste et claviériste, EVA CARBONI propose un mélange de Blues et de Rock et cette ambiance très feutrée aux accents jazzy est vraiment enveloppante. Il faut aussi préciser que l’Italienne est remarquablement mise en valeur par des musiciens exceptionnels. Aux guitares, Mick Simpson et Andrias Linsdell se relaient à merveille, Pete Nelson fait groover la rythmique et Dave Hunt enflamme « Bad Blood » à l’harmonica. Reparti sur onze chansons, « The Blues Archives » n’a rien de poussiéreux comme pourrait le sous-entendre son titre, c’est même tout le contraire. Le son est très homogène et offre une belle unité musicale et l’intemporalité à l’œuvre est remarquable. EVA CARBONI ouvre majestueusement avec « Someone Else’s Life », puis on retrouve les ‘Archives Mix’ de « Love Me Tonight », « Bad Blood », « The Magic » et « Wrong Turn ». Suivent le ‘Freedom Mix’ de « Goin’ Back Home » et le très bon ‘Bar Room Mix’ de « A Woman Scorned ». Resplendissante !   Retrouvez l’interview de l’Italienne à l’occasion de la sortie de « Blues Siren » : Eva Carboni : the way of the voice [Interview] [...]
27 juin 2025Heavy metalAu fil de ses réalisations, et notamment des deux dernières, CRYSTAL VIPER s’impose brillamment sur la scène Heavy Metal européenne. Il ne manquait qu’un témoignage en public pour confirmer l’ascension et la reconnaissance des fans à la formation polonaise pour assoir sa réputation. En offrant des performances de ce calibre, sa fondatrice est irrésistible et son groupe devient petit à petit un acteur incontournable du style. « The Live Quest » est juste renversant et électrisant. CRYSTAL VIPER « The Live Quest » (Listenable Records) Alors que les Polonais défendaient leur neuvième album, « The Silver Key », à travers toute l’Europe, ils ont eu la bonne idée d’enregistrer de nombreuses prestations que ce soit chez eux bien sûr, mais aussi en Allemagne, en Autriche, au Danemark, en Italie, en France, en Belgique et en République Tchèque. Et il faut reconnaître que l’accueil fait à CRYSTAL VIPER est unanime. Depuis « The Cult » sorti en 2021, le groupe a pris une nouvelle dimension, comme en témoigne « The Live Quest » et cela s’entend. En tête d’affiche de sa tournée et fort de passages salués au Wacken Open Air et au Hellfest, le combo mené par avec force par sa chanteuse, bassiste et guitariste Martha Gabriel présente ici ses premières captations live. Très bon condensé d’une carrière en pleine ébullition, les concerts de CRYSTAL VIPER sont aussi explosifs que ses disques, et quelques classiques se démarquent même de ce répertoire qui commence à être bien étoffé. Et le public ne s’y trompe pas en rendant ses concerts inoubliables. Dès la captivante intro « Return To Providence », puis  « Fever Of The Gods », on entre dans le vif du sujet. S’enchainent « The Silver Key », « The Cult », « Metal Nation » où la communion est totale, « Night Of The Sin », « Still Alive », … CRYSTAL VIPER affiche un Heavy Metal musclé, aux portes du Power, et la performance vocale de sa frontwoman est exemplaire. Elle est l’une des meilleures chanteuses actuelles et c’est de plus en plus incontestable. Brut et puissant, « The Live Quest » montre le meilleur du quatuor. Retrouvez les chroniques des deux derniers albums du groupe : Crystal Viper : conquérant Crystal Viper : Retour aux fondamentaux [...]