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Death Metal France

Mercyless : le sens de l’éthique [Interview]

Pour beaucoup, MERCYLESS représente l’époque dorée du Death Metal français, une génération qui a posé les bases du genre dans l’hexagone. Cette bouillonnante scène des années 90 résonne encore chez beaucoup et, après plus de 30 ans de bons et loyaux services, le combo de Mulhouse a su garder cette rudesse, ce côté très obscur et robuste qui se déverse de manière brutale et incandescente. Sorte de gardien de l’institution extrême, il perpétue une certaine tradition musicale, faite de codes précis et d’une vision claire, qui paraît aujourd’hui intemporelle. Avec son huitième album, « Those Who Reign Below », le groupe consolide sa position de pionnier et aussi de pilier d’un genre immuable. Et c’est encore son fondateur, chanteur et guitariste, Max Otero, qui en parle le mieux…

– Notre première interview dans le Rock’n Force version papier date de 1992 à l’occasion de la sortie de votre premier album, « Abject Offerings ». A l’époque déjà, il avait marqué les esprits et il ne fallait pas être devin pour comprendre que l’aventure allait durer. Tu es le dernier membre de la formation originelle, quel regard portes-tu sur le parcours de MERCYLESS aujourd’hui ?

C’est un long parcours semé de beaucoup de choses ! (Rires) Dans les années 90, on a forgé notre style avec la sortie des deux premiers albums, qui nous ont marqué ainsi que pas mal de gens. Ensuite, on a pris une voie différente, car on voulait aussi découvrir d’autres horizons sans regarder en arrière. De 1995 à 2000, on était en dessous de ce qu’on aurait pu faire, mais c’était aussi une époque différente. Beaucoup de choses avaient aussi changé dans nos vies personnelles, dans notre façon de voir les choses et la musique. Ensuite, nous nous sommes mis en stand-by pour, peut-être, attendre le bon moment… et ça nous a pris 10 ans ! C’est long, mais cela nous a permis de continuer la musique, souvent ensemble d’ailleurs, sous une autre approche. En 2010, on est revenu encore plus fort avec de nouvelles convictions et l’envie aussi de reprendre l’histoire là où elle s’était arrêtée. Nous nous sommes donnés les moyens de continuer MERCYLESS dans la version des débuts, c’est-à-dire du Metal comme on savait le faire.

– « Those Who Reign Below » est votre huitième album et ce qui est impressionnant, c’est qu’il s’inscrit vraiment dans la continuité de votre discographie, à savoir un style très identifié dans les années 80/90 et une intention qui reste inchangée. C’est important pour toi de rester ancrer dans le Death Metal des origines ?

Oui, ça fait déjà un moment qu’on avait envie de réaliser un album comme celui-ci. C’est presqu’un hommage à cette scène et aussi à ce qu’on a pu vivre dans les années 90. Je pense que c’est dans ce domaine-là qu’on se sent le mieux, c’est-à-dire dans une musique directe, sans concession, violente et malsaine. On voulait vraiment rester dans ce crédo, car on y est bien et parce que c’est aussi ce qu’on sait faire de mieux. On ne cherche pas à faire autre chose, mais plutôt à garder cette ligne directrice qu’on a depuis les années 90. Et depuis 2010, nous gardons cette intention et ce cap. On persévère là-dedans, car je trouve qu’on a encore des choses à dire. Malgré ce qu’on peut croire, ce n’est pas une musique qui est renfermée. Il y a beaucoup à faire et on considère chaque album comme une pierre portée à notre édifice. On souhaite marquer les esprits à notre façon.

– Max Otero –

– Bien sûr, MERCYLESS a beaucoup évolué en plus de 30 ans d’existence, ne serait-ce que techniquement. Pourtant les thèmes abordés sont les mêmes à peu de choses près. On a l’impression que notre époque alimente plus que jamais votre propos. La colère est plus grande aujourd’hui qu’à vos débuts ?

Oui, je pense. On vit une époque où nous sommes très influencés par le monde extérieur, même si on essaie de se focaliser sur autre chose avec la musique, car elle nous le permet. Mais on a tellement de choses à faire sortir de nous que c’est une sorte d’exutoire, un vrai besoin et je crois que la colère représente exactement ce que nous avons au fond de nous. Et le meilleur moyen de l’exprimer est de jouer cette musique. Elle ne nous a jamais quittés, on ne lui a jamais tourné le dos. Au contraire, elle nous a toujours poussés à créer et à aller faire des concerts. Aujourd’hui, et plus que jamais, faire ressortir ce qu’on peut avoir de plus malsain en nous est encore plus important. 

– J’aimerais qu’on s’arrête un moment sur une chose. Cela fait deux fois que tu me parles de ce côté ‘malsain’. Qu’est-ce que tu entends par là ?

En fait, le Death Metal est une musique très revendicative par rapport à toutes ses influences, tout ce qu’elle a aussi engendré dans les années 90 et aussi ce qu’on a vécu. Le terme ‘malsain’ est une sorte d’expression pour définir ce qui en ressort. Elle a toujours eu ce côté fait de plein de paramètres à travers les riffs, les voix, les paroles, … Tout ça bouillonne et c’est un besoin qu’on a de vouloir exprimer une facette de notre personnalité. Et c’est vrai que c’est cet aspect qui ressort le plus souvent et il est proportionnel à ce que l’on voit autour de nous.

– D’accord, mais le mot ‘malsain’ a quelque chose de rédhibitoire, c’est quelque chose qu’on ne veut pas toucher, ni approcher…

Oui et je le revendique complètement. C’est quelque chose qui navigue en eaux troubles dans beaucoup de domaines que ce soit dans les croyances, dans les religions et dans la société actuelle. On essaie, en fait, d’évacuer ce qu’on ressent comme étant le pire de tout ça dans notre quotidien. C’est notre façon de dire que cette musique est malsaine, car elle est représentative de notre vision de tout ce qui nous entoure.

– Je situe mieux et je te comprends. Revenons à la musique avec le numérique, qui a pris le dessus sur la grande majorité des productions. Pourtant, « Those Who Reign Below » possède un son très organique, brut et presque live. C’est pour cette raison que vous avez fait appel à Raph Henry du Studio Heldscala ? Pour obtenir cette sonorité très roots et authentique ?

Exactement. On a travaillé presqu’un an sur cet album. On avait donc tous les morceaux avec la façon de les interpréter et on en avait déjà parlé avec Raph qu’on connait depuis des années. Il connait bien MERCYLESS et il aime ce qu’on a fait à nos débuts. On a beaucoup travaillé en pré-prod’ et on voulait vraiment faire ressortir ce côté très organique et très direct. On cherchait à retrouver cette espèce d’aura et de mysticisme, qui existaient dans les années 90. Et comme tu dis, il y a un côté très live, car on a très peu travaillé en numérique. On voulait justement obtenir des sons qui sortent de l’ampli, une édition très légère pour avoir une batterie qui colle justement à qu’on voulait vraiment avoir. On souhaitait retrouver le son de cette époque qui correspond complètement à MERCYLESS. Et Raph Henry a réussi à sculpter tout ça pour atteindre ce son profond et sombre. Et on retrouve aussi un peu ce son de K7, lorsqu’on mettait les premières démos de Morbid Angel ou Autopsy. On avait besoin de ça, alors qu’aujourd’hui, on a des productions de plus en plus surcompressées et très fortes, qui sont destinées à des écoutes plus modernes et numérisées. Nous avons voulu faire l’inverse. C’est même devenu assez difficile d’ailleurs, mais on a réussi à obtenir ce qu’on voulait.

– D’ailleurs, MERCYLESS est très attaché à ce son et ce style Old School. Qu’est-ce qu’il signifie et représente pour toi, et t’est-il déjà venu à l’esprit d’en changer comme d’autres ont pu le faire ? Ou est-ce que cette approche ‘moderne’ te laisse indifférent ?

(Silence)… Il y a une histoire de nostalgie peut-être derrière tout ça. Il y a quelque chose de rassurant et ça nous conforte dans ce que nous sommes. Et on a du mal à se retrouver dans toutes ces sorties qu’on voit presque tous les jours avec des centaines d’albums qui sont de plus en plus produits de la même manière sur l’édition, les applications, les plugins, … Ce sont très souvent les mêmes sons de guitares, de batterie surproduites et ainsi de suite. On voulait éviter ça, car ça ne correspond pas à notre vision de voir les choses, même si on est aussi plongé là-dedans. Le son de MERCYLESS est très cru et très bas et il n’a pas besoin de fioritures. On s’est aussi aperçu, en s’essayant à des sons plus modernes, que nous n’arrivions pas à obtenir quelque chose qui colle à notre personnalité. Avec cet album, on revient à l’essentiel et c’est ce qu’on voulait en restant dans une ligne directrice claire et très 90’s. Il y a toute une génération qui est habituée à un son très moderne, y compris dans les styles extrêmes, qui a sans doute du mal à entrer là-dedans, mais cela correspond vraiment à quelque chose pour beaucoup d’autres.

– Max Otero & Gautier Merklen –

– Et puis, l’autre nouveauté sur ce nouvel album est l’arrivée derrière les fûts de Johann Voirin, qui officie aussi chez Mortuary. Il se fond parfaitement dans le moule du groupe. C’était important aussi qu’il ait cette culture Old School et underground, d’autant qu’il livre une prestation incroyable et tout en puissance ?

Il y a eu un petit travail quand même au départ. Forcément, il vient d’un groupe plutôt axé sur le Brutal Grind Death pour faire court. Et MERCYLESS a un côté Old School avec des paramètres et une définition de jeu, qui demandaient un petit ajustement par rapport à Mortuary. Il a surtout fallu qu’on se comprenne au niveau de notre univers, pas au niveau technique évidemment. Il s’est ensuite très bien fondu dans le style, dans les arrangements et dans le travail sur les nouveaux morceaux. Et le résultat est exactement celui qu’on attendait, à savoir un aspect dynamique, vif et très direct.

– Chez MERCYLESS, et contrairement à beaucoup d’autres groupes dans le Death Metal, il y a une violence viscérale, qui est presque libératoire. Et la présence du diable et de la religion plus largement planent toujours autant sur « Those Who Reign Below ». Le sujet est inépuisable, surtout lorsqu’on voit l’état du monde actuel. Où te places-tu dans cette époque du règne des réseaux sociaux où tout n’est qu’apparence ?

On a totalement changé d’époque, c’est vrai. Je pense qu’on a aussi cette chance d’avoir ce recul et d’avoir connu les années 80/90, où il y avait beaucoup de découvertes et d’apprentissage, qui se faisaient sur la longueur. MERCYLESS est né et vient de là. On fait partie de ce temps où on enregistrait des démos nous-mêmes et on avançait petit à petit. Il n’y avait pas tous les contrats discographiques et toutes les sorties comme aujourd’hui. On a construit le groupe au fil des années, ce qui n’est pratiquement plus possible maintenant. Tout va tellement vite. Les réseaux sociaux s’emballent très vite pour tout et n’importe quoi et sans vraiment savoir où on va. Et la différence aussi, c’est que nous avons gardé cette liberté de ton. On utilise aussi les réseaux sociaux avec parcimonie, essentiellement pour promouvoir le groupe et garder le contact avec le public. J’ai su conserver un regard extérieur sur tout ça. Et puis, il y a un bouton ‘off’, si tu veux continuer à regarder le monde évoluer, sans pour autant avoir le nez dans les écrans comme on veut nous l’imposer. C’est difficile, car c’est très présent et ça fait aussi partie de l’évolution de cette société. Il faut faire avec et garder les outils qui sont à notre disposition. Mais en revanche, il faut conserver beaucoup de recul par rapport à tout ça. On tend vers un monde qui devient de plus en plus médiocre, parce qu’on laisse tout le monde s’engouffrer là-dedans sans garder ce qui est positif. On croit qu’on peut apprendre des choses, mais il y a un côté très abrutissant et bête à la base de tous ces réseaux sociaux et tout ce qu’il y a autour. Par moment, il faut vraiment décrocher de ça et garder une certaine distance. Sinon, ça peut très vite nous rendre fou.

– Yohann Voirin & Yann Tligui –

– Tu prêches un convaincu ! Justement, je reviens à la colère et à cette violence viscérale dont on parlait tout à l’heure et aussi au fait que les textes de MERCYLESS tournent essentiellement autour de la religion et l’idée du diable notamment. C’est un sujet qui ne vous lâche pas finalement ?

Non, pas du tout. Cela vient du début du groupe, en fait. Notre musique est liée à ça et, comme tu dis, le sujet est inépuisable. A une époque qui est basée sur les croyances et les religions dans le monde entier, on voit que ça mène vers des défiances, des déviances et des perversions terribles. Et il y a toujours derrière, en ligne de mire, ce besoin de croire et de se réfugier derrière quelque chose, en l’occurrence des textes sacrés, etc… Et tout ça ne mène pas forcément les gens vers un bien-être, ou un monde où on se laisserait réfléchir. Il y a, en effet, beaucoup à puiser dans tout ça. Quand on évoque les démons, par exemple, sur « I Am Hell », je parle des prêtres pédophiles qu’on a vus à la une de beaucoup de médias ces dernières années. L’Eglise catholique est devenue à un moment donné un refuge pour des gens qui sont de vrais dangers. C’est une façon de dire que le diable est souvent déguisé et se niche aussi chez l’être humain.  

– MERCYLESS, avec quelques autres toujours en activité, est un pilier et un pionnier du Metal extrême français. Contrairement à certains, vous n’avez pas dévié de votre trajectoire. Est-ce que vous courrez toujours après le même objectif, c’est-à-dire rester fidèle au milieu underground et le faire vivre ? D’ailleurs, comment le définirais-tu aujourd’hui ?

(Silence) … Bonne question. On peut en effet se poser beaucoup de questions car, aujourd’hui, parler d’underground, c’est presque se foutre de la gueule du monde. Actuellement tout est pensé et réfléchi par rapport à Internet, aux réseaux sociaux, etc… Tout part là-dessus et cela a vraiment changé la donne. Dans les années 90, tout se faisait encore avec les petites mains. Il fallait travailler beaucoup de choses : la musique, les textes, le disque, la distribution, la comm’, … C’était très compliqué et très long. Aujourd’hui, j’essaie toujours de rester connecter à ce monde-là et de le suivre. Et dans cette musique, il y a toujours de l’activité et c’est tant mieux ! Dans les années 2000, cela avait un peu disparu et maintenant, on a la chance d’avoir de nouveaux groupes qui sont là depuis un bon moment et qui sortent des albums de très bonne qualité. C’est là-dedans, et avec eux, que je me sens le mieux. C’est ce que j’écoute le plus, que ce soit en France ou à l’étranger. Je me tiens informer et j’essaie de partager tout ça du mieux possible, y compris au niveau des concerts. On continue d’ailleurs à tourner avec ce genre de groupes avec de petites conditions et dans des petites salles. On n’oublie pas d’où l’on vient et aussi que d’autres nous ont aidés. C’est une chose qu’on tient à faire à notre tour. Avec un peu de bouteille, on arrive à partager et à découvrir de nouvelles choses et ça me fait toujours autant plaisir ! Ce sont des groupes qui ont une certaine ‘grinta’ et une envie d’aller de l’avant. Je me dis que tout n’est pas perdu, même si le mot ‘underground’ ne veut plus dire grand-chose aujourd’hui.

– Vous avez aussi récemment réédité « Abject Offerings » et une compilation de vos premières démos, ce qui est une bonne chose compte tenu de leur rareté. L’industrie musicale a été bouleversée depuis les débuts de MERCYLESS et elle est aujourd’hui méconnaissable. Comment est-ce que tu perçois l’envahissement du streaming et du tout-numérique ? Comment vous êtes-vous adaptés et est-ce que le Death Metal, au sens large, en a aussi subit les conséquences ?

Le Death Metal a quelque chose d’intemporel. Maintenant, par rapport au numérique et au téléchargement sur les plateformes qui diffusent la musique aujourd’hui, c’est vrai que c’est assez étrange. Cela dit, le Death Metal a ceci de particulier qu’il y a un réel attachement à l’objet à travers le vinyle, le CD, les K7, etc…. Ca a toujours existé et ça existe encore aujourd’hui. Personnellement, et ça concerne aussi plein de gens autour de moi, j’ai du mal à écouter un album sur une plateforme. J’ai toujours le réflexe de mettre un CD ou un vinyle. J’aime aussi prendre mon temps pour écouter ça dans de bonnes conditions. On est encore nombreux à avoir ce besoin de découvrir les choses en ayant le produit dans les mains. On a gardé cette fibre, qui nous anime encore. Aujourd’hui, c’est un autre monde. Et puis, je crois qu’on a aussi besoin de se retrouver dans ce petit espace bien à nous. On découvre plus facilement chaque petit arrangement notamment et le Death Metal permet ça. On s’y met aussi bien sûr, mais c’est un peu aller vers la facilité. 

– En France, on a vu émerger une nouvelle scène de Metal extrême, qui n’a pas grand-chose à voir avec celle qu’on a connu avec vous, c’est-à-dire MERCYLESS, Loudblast, Massacra, No Return et Agressor dans les années 90. Sincèrement, existe-t-il une sorte de famille entre les anciens que je viens de citer, et que penses-tu des nouvelles formations hexagonales ?

C’est un peu compliqué pour moi, car je ne me retrouve pas beaucoup dans les formations modernes pour toutes les raisons dont on parle depuis le début de l’interview. Le son, l’approche, la conception, etc… Je trouve même que le terme de groupe a complètement disparu. On a l’impression que ce sont des assemblages de personnes, qui sont là juste pour fabriquer quelque chose, être dans la ‘hype’ du moment et tirer sa petite épingle en se disant que c’est moderne, frais et neuf. Et alors, on y va. Ce n’est pas notre vision et elle peut même paraître austère pour certains. Mais on ne s’y retrouve pas dans tout ce mélange de styles extrêmes. Ca vient aussi de la vision et de l’interprétation musicale, qui a changé et qui est très différente. C’est le monde moderne qui leur amène ça et ils ont besoin d’être dans le truc du moment pour se sentir bien. Honnêtement, ça me passe sous le nez et ça disparait aussitôt ! (Rires)

– Pour revenir aux groupes français des années 90 cités plus haut, j’ai vraiment l’impression que depuis vous cinq, il n’y a pas eu grand-chose sur la scène hexagonale. Je ne vois pas d’héritiers directs… et j’avoue qu’un plateau vous réunissant serait assez génial !

Je crois que tu as raison, car on vient aussi d’une époque où chacun faisait un truc très, très différent de l’autre. Cela nous a tous amené vers des fan-bases opposées, qui pouvaient quand même se rejoindre. Mais chacun avait sa vision et son propre son. C’est vrai qu’aujourd’hui, il n’y aurait aucun problème à monter un plateau comme ça, au contraire, car nous sommes tous restés ancrés dans ce qu’on sait faire de mieux. Forcément, les héritiers derrière sont peu nombreux dans le sens où très peu de groupes et de personnes ont gardé cet esprit de concevoir la musique et ont plutôt évolué suivant les modes. Certains reconnaissent des influences chez nous. Mais pour ce qui est de perpétuer tout ça, il n’y a pas grand-monde, en effet. Et je pense que nous sommes nombreux à partager ce sentiment.

– Enfin, qui dit nouvel album, dit concerts. Est-ce qu’encore aujourd’hui, vous pouvez compter sur un réseau underground suffisamment solide pour monter une tournée par vous-mêmes sans passer par les tourneurs qui font la pluie et le beau temps en France ?

Carrément et c’est ce qu’on fait depuis des années ! On connait beaucoup de petits tourneurs, des gars à l’ancienne et très ‘DIY’, qui ont des réseaux de salles et de plus petits lieux. On y arrive bien et c’est la seule façon pour nous de ne pas lâcher des 7.000/10.000€ pour des supports tournées, où tu joues 25 minutes à 19h à l’ouverture des portes. Et puis, ça n’apporte plus grand-chose à des groupes comme nous, en tout cas. Après, c’est mon opinion. Mais on essaie de faire comme ça, parce qu’on s’y retrouve et qu’il y a une espèce d’osmose globale. C’est très bon pour le psychisme de tout le monde, car on rencontre des gens sympas. Et il y a une grande proximité. Ca demande forcément un peu plus de boulot, mais on s’en sort très bien. C’est sûr qu’on ne va pas faire 20 dates à travers 15 pays, mais on joue, on fait des festivals et des petites tournées aussi avec des groupes dans notre lignée, voire plus petits. Tout se passe très bien et le public répond présent.

Le huitième et nouvel album de MERCYLESS, « Those Who Reign Below », est disponible chez Osmose Productions.

(Photos portraits live : Eddy Gheorghe)

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Funeral Doom Metal

Ghostheart Nebula : obscur et vibratoire

Avec « Blackshift », les Transalpins prennent possession d’un Doom qui vient s’articuler autour de nombreux courants. Sur des variations très maîtrisées, ils se sont forgés une identité artistique singulière, qui englobe l’aspect Funeral et Black pour évoluer dans des sphères astrales, où la douceur et la brutalité font cause commune. La présence d’une nouvelle chanteuse éclaircit aussi cette galaxie métallique peu ordinaire. Technique et épais, l’espace musical de GHOSTHEART NEBULA s’étend dans une production très texturée aux mélodies assez éthérées, mais massives.

GHOSTHEART NEBULA

« Blackshift »

(Meuse Music Records)

Décidemment, Meuse Music Records a du nez et l’Italie semble être un beau terrain de jeu pour le label belge. Avec ce deuxième album de la formation milanaise, c’est un voyage cosmique pour lequel on embarque avec ce « Blackshift », long d’une heure et aux reliefs aussi incertains qu’inattendus. D’une incroyable diversité, le Funeral Doom Death de GHOSTHEART NEBULA peut s’avérer complexe, mais ce qui en ressort surtout, c’est un travail en commun remarquable et la visibilité d’un réel esprit de groupe.

« Blackshift » commence par présenter l’arrivée au chant de Lucia Amelia Emmanuelli, dont la douceur féminine vient faire la balance avec le growl profond et ténébreux de Maurizio Caverzan, qui conserve tout de même le lead sur l’ensemble. Les huit nouveaux morceaux de GHOSTHEART NEBULA sont d’une bonne longueur et le sextet en joue pour poser des atmosphères à la fois pesantes et aériennes en alternant d’énormes blasts typiquement Black Metal avec des sonorités propres au Dungeon Synth.

On navigue ici dans un océan sombre et saisissant et sur un propos philosophique nihiliste (« Sunya », « The Opal Tide », « Naught, I », « Traces », « Orphan Of Light »). A noter également les présences de Diego Cavallotti (ex-Lacuna Coil) et Øystein Garnes Brun (Borknagar) venus poser leur empreinte sur deux titres. GHOSTHEART NEBULA s’engouffre avec force dans une immense tristesse, mais aussi sur des chemins plus lumineux ouverts par sa chanteuse. Authentique et puissant, il domine son sujet avec beaucoup de hauteur.

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Death Metal Thrash Metal

Loudblast : à la croisée des chemins

Pilier essentiel de la scène Metal extrême hexagonale depuis bientôt quatre décennies, le combo nordique avance à l’envie et sans compromis. Suite au ténébreux « Manifesto » sorti en pleine pandémie et qui l’avait laissé quelque peu sur sa faim faute de concert, LOUDBLAST ressurgit avec un opus complet et varié, sombre aussi. Avec 13 titres qui se présentent comme autant de tableaux, le Thrash/Death de « Altering Fates And Destinies » fait toujours frissonner grâce à un mur de guitare exceptionnel, une rythmique massive et une profondeur vocale incroyable.

LOUDBLAST

« Altering Fates And Destinies »

(Listenable Records)

A l’aube de son quarantième anniversaire, la formation originaire de Lille se réinvente encore et « Altering Fates And Destinies » peut se percevoir comme une sorte d’introspection de la part de son leader historique, Stéphane Buriez. Le chanteur, guitariste et principal compositeur semble avoir livré ce qui fait l’essence-même de LOUDBLAST depuis toutes années : un Death Metal toujours teinté de Thrash avec, au-delà d’une avalanche de riffs, quelques mélodies qui viennent se nicher au creux de l’oreille presque discrètement.

S’il ne bénéficiait pas de l’imposante production d’aujourd’hui, on pourrait se croire au croisement de « Disincarnate », « Sublime Dementia » et surtout de l’emblématique « Cross The Threshold ». LOUDBLAST ne joue pas pour autant un revival 90’s prévisible mais, au contraire, affirme son style à travers un jeu beaucoup plus précis et frappant. Aux côtés de son frontman, Frédéric Leclercq tient la basse et offre même quelques solos de guitare bien sentis, tout comme Niklaus Bergen, tandis que Nicolas Muller martèle ses fûts avec force.

Cela dit, on retrouvera Hervé Coquerel à la batterie lors de la tournée, puisqu’il se consacre désormais au live. Organique et puissant, « Altering Fates And Destinies » se déploie donc sur près d’une heure dans une même atmosphère, faite de forts contrastes. Et surtout LOUDBLAST ne se contente pas de bastonner, il distille aussi des morceaux mid-tempos au fil de l’album, offrant de la respiration et de l’impact. Enfin, le quatuor n’a rien oublié, ni effacé de son parcours et conserve une rageuse saveur Old School chevillée au corps.

(Photo : Anthony Dubois)

Retrouvez la chronique de « Manifesto » :

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Death Metal Doom Post-Metal Sludge

For The Storms : la noirceur des embruns

Faire tenir l’équilibre entre une lourdeur presque insoutenable et la légèreté du vide, c’est l’ambition et la réussite de FOR THE STORMS sur ce nouvel effort qui va puiser, dans un post-Metal doomesque aux mélodies saisissantes, une robustesse teintée de résistance assez fascinante. « Losing What’s Left Of Us » n’est pas un album facile, de ceux qu’on écoute par hasard. Non, il provoque immédiatement un magnétisme incroyable et on se fait happer sur plus d’une heure par les fulgurances Death et Sludge qui trouvent leur finesse dans l’épaisseur d’un propos haletant.

FOR THE STORMS

« Losing What’s Left Of Us »

(Meuse Music Records)

Dans le registre post-Doom/Death, « Losing What’s Left Of Us » est probablement l’album le plus complet qu’il m’ait été donné d’écouter. FOR THE STORMS ne contente pas de jouer sa musique, il la vit pleinement et de ce chaos apparent naît une quantité de nuances, qui sont autant d’émotions fortes distillées et exprimées avec une sincérité, qui libère forcément quelques frissons. Le Metal du quatuor est forgé avec une fermeté et une audace magistrale dans un ensemble à la fois mouvant et fluide et dont on découvre les nombreux détails au fil des écoutes. Car on y retourne inéluctablement et de manière quasi-inconscience.

La force d’attraction de FOR THE STORMS va chercher si loin qu’il est même étonnant que les Italiens n’aient sorti que « The Grieving Path », il y a trois ans, avant cet imposant deuxième album. On pourrait penser qu’ils peaufinent et affinent leur style de longue date, et pourtant la jeune formation lombarde (2019) fait preuve d’une maturité et d’une créativité incroyable. Fracassant et ténébreux un moment, délicat et souple l’instant suivant, la construction de l’édifice ne doit rien au hasard. Divisé en trois chapitres différenciés par les deux interludes qui viennent distinctement les scinder, l’ascension se fait graduellement.

Car, si cette progression musicale se déroule en plusieurs parties, elle s’articule avec une facilité qui rend « Losing What’s Left Of Us » très lisible. Sur des morceaux d’une bonne longueur, FOR THE STORMS développe à travers ses textes, en jouant aussi sur des passages presque silencieux tant ils sont éthérés, une réflexion assez sombre sur nos tourments et notre appréhension de l’avenir dans un nihilisme insistant. Très aérienne et massive, cette nouvelle réalisation est également un cri immense et une ode à un espoir à retrouver. On ne s’y perd jamais, on se laisse simplement guider par cette beauté profonde et captivante.

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Death Mélodique Groove Metal

PyraH : duality

Très technique et accrocheur, le style de PYRAH se frotte à un Metal extrême avec beaucoup de percussions, tout en gardant les mélodies très présentes. Le combo souffle le chaud et le froid avec une facilité et une maîtrise assez bluffantes. Aussi brutal qu’il peut être vraiment entraînant, il avance sur un épais groove bardé de passages torturés et effrénés, où sa chanteuse dicte littéralement sa loi et donne la marche à suivre. Grâce à une bonne production, les morceaux de « Veni Vidi Delevi » montrent beaucoup d’agressivité, mais aussi une facette grisante et exacerbée.

PYRAH

« Veni Vidi Delevi »

(Wormholedeath Records)

Composé de Lucie Duval (batterie), Maxime Walchuck (guitare), Clem Artuso (basse) et Ivy Brizard (chant), PYRAH joue la carte de la parité et ça lui franchement très bien. Sur de bons rails depuis une bonne décennie maintenant, le quatuor livre son troisième album et il dépasse de loin ses prédécesseurs en termes d’énergie et d’intensité. Après « Where Am I ? » (2014) et « Part Of The Ghost World » (2019, le style s’est resserré et tendu pour afficher une ligne musicale solide et variée, avec des moments très rapides et extrêmes.

Car, si nos Strasbourgeois évoluent dans un registre que l’on pourrait qualifier de Modern Metal, on est bel et bien sur une crête avec d’un côté un Groove Metal musclé et racé, et de l’autre des aspects tout droit issus du Death Metal mélodique. En effet, PYRAH compte dans ses rangs une frontwoman déterminée et à la dualité vocale, qui n’est donc pas avare de growls puissants et profonds. Pour autant, le chant clair ne manque pas d’intérêt, bien au contraire, et offre même plus de vélocité et d’harmonie aux morceaux.

Sur des riffs aussi acérés que massifs, la rythmique joue sur les variations de tempos avec des accélérations fulgurantes en phase avec des parties vocales très polymorphes. PYRAH surprend, grâce à un style qui oscille entre références actuelles assez dures et d’autres plus classiques et fédératrices. Les Alsaciens nous embraquent dans ce « Veni Vidi Delevi », qui dépasse d’ailleurs les 50 minutes, avec des titres entêtants (« Death From Above », « Mind Reset », « Obey », « Sea Of faces », « Constant Chatter » et le morceau-titre).  Du costaud !  

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Dark Gothic Death Mélodique Doom

Helevorn : une fresque stellaire

Figure incontournable de la scène Doom Metal espagnole et européenne, HELEVORN célèbre son premier quart de siècle avec l’un de ses meilleurs opus. Très éclectique, elle montre un visage polymorphe et actuel, tout en vibrant sur des sonorités très 90’s à l’occasion. Toujours prompt à afficher ses origines, le groupe multiplie les variations musicales selon son humeur et propose sur ce très bon « Espectres » un voyage souvent mélancolique, mais aussi lumineux à travers des mélodies très soignées.

HELEVORN

« Espectres »

(Meuse Music Records)

Les eaux turquoises et le soleil radieux de son archipel n’ont toujours pas d’emprise sur le puissant et élégant Doom Metal du combo originaire des Baléares. Après 25 ans d’existence, HELEVORN, qui a fait appel au batteur Sebastià Barceló pour les sessions studio, sort un cinquième album, « Espectres », avec la régularité métronomique d’une réalisation tous les cinq ans. Enregistré et mixé à Majorque, puis masterisé en Suède par Jens Bogren (Opeth, Katatonia, Paradise Lost), il parvient encore à surprendre grâce à un univers original.

Malgré le contexte, HELEVORN prend avec toujours autant de plaisir le contrepied d’un environnement idyllique pour plonger dans une atmosphère Death/Doom, d’où émanent des effluves gothiques qu’on imagine inspirées de l’imposante cathédrale Sainte-Marie. La parenthèse touristique faite, « Espectres » libère des émotions intenses et profondes, offrant une dramaturgie à un ensemble loin d’être linéaires, et qui est le fruit d’une combinaison maîtrisée entre une puissance brute et une grande délicatesse d’écriture.

Avec un bel équilibre entre des guitares tranchantes et des claviers aux ambiances sombres et pesantes, « Espectres » impressionne par la qualité d’interprétation et de composition. La dualité du chant de Josep Brunet est incroyablement fluide. Le Metal des Ibériques agit avec force, tout en laissant de beaux espaces à des plages plus douces comme sur « L’Endemà », chanté en catalan avec Inès González. HELEVORN est tout sauf uniforme et le prouve avec beaucoup de classe (« Signals », « The Defiant God », « Children Of The Sunrise »).

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Heavy metal Thrash Metal

Flotsam And Jetsam : une continuité assumée

Les albums se suivent et se ressemblent du côté de Phoenix et on n’en voudra pas à la légende FLOTSAM AND JETSAM de conserver l’élan d’un virage amorcé il y a quelques années déjà. Le Thrash Metal de ses débuts se teinte de plus de plus de Heavy, tout en gardant beaucoup de vélocité et d’agressivité. Plus mélodique, le quintet garde cependant toujours cette touche si particulière et, l’âge aidant, se concentre sur des morceaux compacts, peut-être moins percutants, mais toujours aussi énergiques. « I Am The Weapon » est le reflet d’un style qui s’est modernisé, notamment au niveau de la production, mais qui a perdu aussi de son aspect brut et spontané.

FLOTSAM AND JETSAM

« I Am The Weapon »

(AFM Records)

Malgré près de 40 ans de carrière, c’est toujours assez étonnant de voir un groupe tel que FLOTSAM AND JETSAM se référer à ses deux dernières réalisations, en l’occurrence « The End Of Chaos » (2019) et « Blood In The Water » (2021), comme si rien n’avait survécu ou était arrivé dans leur belle et longue discographie. Cela dit, c’est indéniable que « I Am The Weapon » et son titre volontairement provocateur tiennent de leurs prédécesseurs et s’inscrivent même directement dans leurs pas… Et c’est peut-être aussi ce qu’on pourrait leur reprocher. Il en est coulé de l’eau sous les ponts depuis les « Doomsday for the Deceiver », « When the Storm Comes Down », « Cuatro » et même « High ».

C’est vrai qu’on peut compter sur le frontman Eric AK Knutson et son compositeur en chef et guitariste Michael Gilbert, colonne vertébrale de la formation originelle, pour entretenir et raviver la flamme des piliers du Thrash Metal américain. Pourtant, FLOTSAM AND JETSAM s’est éloigné de ses ambitions premières, qui allaient creuser au fond d’une inspiration qui semblait inépuisable. Les nombreuses expérimentations ont disparu pour laisser place à un Heavy Thrash de bonne facture, certes, mais qui n’a plus l’insolence et la pertinence d’antan. Le combo de Phoenix ne s’est pas forcément assagi, mais il prend le pli… sans tout de même nous faire l’affront de tomber dans le Power Metal !

Bien sûr, l’attaque vocale est toujours aussi vivace, même si on l’en pense souvent à Bruce Dickinson, mais le temps a sans doute fait son œuvre et on ne saurait que saluer une longévité et une persévérance qui forcent le respect. Côté guitare, le duo Michael Gilbert-Steve Conley apporte beaucoup de tranchant, que ce soit sur les riffs, les solos et plus largement les mélodies, tandis que Ken Mary à la batterie impose un rythme effréné bien soutenu par Bill Bodily à la basse. FLOTSAM AND JETSAM livre donc un opus très correct, très au-dessus de la moyenne actuelle, et il alimente le mythe avec une belle rage (« A New Kind Of Hero », « I Am The Weapon », « Beneath The Shadows », « Black Wings »).

(Photo : Shane Eckart)

Retrouvez la chronique de l’album précédent :

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Thrash Metal

Solitary : time to submerge

Vétéran de la scène Thrash Metal britannique, SOLITARY ne bénéficie pourtant pas de la notoriété et de la mise en lumière auxquelles il serait pourtant légitime à prétendre. Cela dit, avec « Embrace The Darkness », la donne pourrait bien changer, tant celui-ci présente une vélocité très moderne tout en respectant les codes des origines du style. Racé et ne laissant pas le temps de souffler, cette nouvelle réalisation possède de nombreux atouts et presqu’aucun défaut.

SOLITARY

« Embrace The Darkness »

(Twisted Into Form)

Après sa prestation impériale enregistrée en août 2019 au festival Bloodstock (« XXV Live At Bloodstock »), où il avait férocement célébrer ses 25 ans d’existence, SOLITARY fête aujourd’hui ses trois décennies dédiées à un Thrash Metal puissant et implacable. Fondé en 1994 dans le Lancashire par Richard Sherrington, dernier membre du line-up originel, le combo a surtout sorti des démos, des EPs et deux Live, puisque ce dévastateur « Embrace The Darkness » est seulement le cinquième album complet des Anglais en 30 ans.

La base du registre de SOLITARY est essentiellement Old School et s’ancre dans le sillage de formations comme Forbidden, Testament, Sacred Reich avec quelques touches rappelant les premiers Slayer. Pour autant, on n’est pas ici dans un Thrash Metal californien, ni vintage. Le son, la production signée Simon Efemey (Napalm Death, Paradise Lost, Obituary) et l’approche musicale sont purement et clairement européens et très actuels. Le quatuor est frondeur et agressif et surtout son niveau de jeu s’est considérablement amélioré.

Depuis le début, SOLITARY cultive le tumulte et le chaos et « Embrace The Darkness » représente un sommet de son répertoire. Il dépeint sans détour notre sombre époque où les guerres, les pandémies et les divisions liées aux politiques secouent notre quotidien. Dès l’excellente intro qui se fond dans le morceau-titre, on entre dans le vif du sujet. Menaçant et percutant, ce nouvel opus regorge de titres d’où jaillissent colère et brutalité (« Virtues », « Bury It Now », « Beneath The Surface », « Section 21 », « Filtering Hindsight »). Massif !

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Ethnic Neo-Folk Pagan

Heilung : communion spirituelle

Cela fait maintenant trois ans que « Lifa Iotungard » a été joué pour ses fans américains et HEILUNG avait déployé une setlist entourée de mystère au rythme de percussions tribales, de chants envoûtants et presque chamaniques. Ce nouvel appel à la nature entre incantations et prières païennes rend cette performance dynamique et toujours aussi expérimentale. L’aspect hypnotique du combo prend ici une dimension si organique qu’il est difficile de ne pas se laisser emporter dans ce tourbillon extatique.

HEILUNG

« Lifa Iotungard (Live At Red Rocks 2021) »

(Season Of Mist)

Rares sont les groupes qui parviennent à s’imposer de manière aussi incontestable au point de même devenir une référence pour beaucoup d’autres en seulement une décennie et avec uniquement cinq albums, dont deux live, à son actif. Cependant, HEILUNG a réussi ce tour de force grâce à un style original et novateur qui va pourtant puiser son inspiration dans les rituels ancestraux. Et avec « Lifa Iotungard », le voyage musical est une fois encore saisissant et la magie opère instantanément.  

Enregistré dans le magnifique écrin qu’est le fameux amphithéâtre de Red Rock dans le Colorado, « Lifa Iotungard » est un spectacle aussi sonore que visuel et pour cela le trio est entouré de sa troupe de guerriers et elle nous fait traverser les âges. Les concerts de HEILUNG sont de véritables cérémonies tribales, spirituelles et transcendantales, et ce n’est donc pas un hasard si Christopher Juul, Maria Franz et Kai Uwe Faust reviennent avec un nouvel opus live, d’ailleurs déjà capté en 2021.  

Durant une heure et demie, c’est avec cette modernité qui la caractérise que la formation propose un moment de communion entre solennité, célébration et incantation. (« Alfadhirhaiti », « Hakkerskaldyr », « Svanrand »). Depuis ses débuts, le pouvoir de fascination de HEILUNG est intact et le public présent ce soir-là a assisté à un concert captivant (« Eddansurin », « Traust »). Entre le Danemark, la Norvège et l’Allemagne, la connexion est comme toujours d’une incroyable fluidité.

Retrouvez la chronique de « Drift », sorti il y a deux ans :

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Heavy metal Old School Thrash Metal

Category 7 : apocalyptique

La côte ouest des Etats-Unis et sa fameuse Bay Area continuent de faire trembler le monde du Metal grâce à un son unique et surtout une créativité et une technique incontestables. En termes de formations, on ne compte plus celles qui ont influencé, et le font encore, une grande partie de la scène actuelle une quarantaine d’année après son éclosion, voire son explosion. CATEGORY 7 regroupe en son sein des musiciens parmi les plus aguerris et chevronnés du genre, et surtout dont l’envie de repousser les limites est intacte.

CATEGORY 7

« Category 7 »

(Metal Blade Records)

La catégorie 7 est le niveau le plus élevé en termes de catastrophe, notamment nucléaire. Alors, autant dire que lorsqu’un groupe, un temps soit peu sérieux, prend ce nom, ce n’est pas vraiment un hasard même s’il faut l’assumer. Et CATEGORTY 7 n’a rien non plus de très ordinaire. Ses musiciens se connaissent tous de longue date, figurent parmi les plus grands noms du Metal et leur réunion est somme toute presque naturelle. Un tel line-up étant quasi-inespéré, on peut donc ici sans se tromper parler de ‘supergroupe’.

Ce genre de formation est souvent un assemblage de talents et de grands techniciens, dont l’objectif est habituellement d’en mettre plein la vue en jouant les virtuoses. Certes, les membres de CATEGORY 7 affichent des CV hors-normes, mais ils sont surtout unis par la même passion pour un Metal musclé qui tabasse. A la manœuvre, à la composition, et à la production, on retrouve Mike Orlando (Adrenaline Mob, Sonic Universe) et sa guitare, aux côtés de celle de Phil Demmel (Machine Head, Vio-Lence, Kerry King).

Au chant, c’est John Bush (Armored Saint, ex-Anthrax) qui s’y colle, tandis que Jack Gibson (Exodus) à la basse et le foudroyant de Jason Bittner (Overkill) derrière les fûts offrent une prestation ultra-rugueuse. CATEGORY 7 n’est pas là pour trier les lentilles et son Thrash très Heavy, teinté de NWOBHM, bastonne dans un ensemble convaincant (« In Stitches », « Land I Used To Love », « Exhausted », « Through Pink Eyes », « Etter Stormen »). Ce premier album est la quintessence d’un Metal qui a fait ses preuves et qui est joué ici par des cadors.

(Photo : Rob Shotwell)