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Stoner Metal

Orange Goblin : raw, not sweet

C’est enfin l’heure pour les fans de déguster la tant attendue déferlante ORANGE GOBLIN. Avec « Science, Not Fiction », les Britanniques viennent remettre les pendules à l’heure et démontrer par la même occasion qu’ils restent une référence inébranlable du genre. Taillé pour tout ravager sur son passage, ce dixième album se présente même comme l’un de leurs meilleurs. Epique, délicieusement Heavy et envoûtant, il est forgé de l’essence-même du Stoner et du Metal.

ORANGE GOBLIN

« Science, Not Fiction »

(Peaceville Records)

Alors que beaucoup sont restés plus que mitigés après « The Wolf Bites Back » sorti il y a six ans, cette fois, les Londoniens vont mettre tout le monde d’accord. Respirant le Rock’n’Roll à plein poumons, ils renouent somptueusement avec ce Stoner Metal si brut et racé, qui les a distingués et maintenus au sommet pendant trois décennies maintenant. ORANGE GOBLIN n’a rien laissé au hasard et l’arrivée du bassiste Harry Armstrong y contribue largement, tant la dynamique s’étend sur l’ensemble de ce nouvel opus.

En confiant la production de « Science, Not Fiction » à Mike Exeter, dont le travail avec Judas Priest et Black Sabbath notamment lui a valu un Grammy, le quatuor a vu juste. Totalement débridé, le groupe fait parler la poudre assénant des riffs aussi lourds que véloces sur des compos qui deviennent vite addictives. L’empreinte laissée par Motörhead sur ORANGE GOBLIN inspire même plus de respect qu’autre chose. L’héritage de Lemmy est entre de bonnes mains et il est ici ravivé, surpuissant et très actuel.

Dès les premières notes « The Fire At The Center Of The Earth Is Mine », les Anglais renouent avec leurs bonnes habitudes en se montrant accrocheurs et massifs. Gras et hyper-efficaces, ils se montrent implacables, grâce une utilisation subtiles de quelques claviers qui donnent encore plus de corps à l’ensemble (« (Not) Rocket Science », « Cemetery Rat »). Et ORANGE GOBLIN monte encore dans les tours et déploie des arguments monumentaux (« Ascent The Negative », « False Hope Diet », « The Justice Knife », « The Eye Of The Minotaur »). Classe !

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Heavy Stoner Doom Southern Stoner

Thunder Horse : passage en force

L’authenticité très rugueuse à laquelle les Texans nous ont habitués depuis leur formation se retrouve cette fois encore sur ce premier album live. Mieux, la puissance du combo se trouve ici exacerbée et cette tornade Stoner et Metal ne faiblit un seul instant sur ce « Dead Live In Texas », qui annonce la couleur dès la cover, où la photo de son frontman résume à elle seul l’intensité de cette performance, qui s’achève d’ailleurs sur un « Aces Of Spades » assez savoureux. Une bien belle célébration.

THUNDER HORSE

« Dead Alive in Texas »

(Ripple Music)

Si jouer à domicile a pour effet de décupler la motivation, du moins pour le sport, avec THUNDER HORSE, c’est carrément un doux euphémisme. C’est la foudre qui s’est abattue sur Cibolo, petite ville de la périphérie de San Antonio. En l’espace de six ans, le quatuor a sorti trois albums et a participé à « Burn On The Bayou », une compilation Heavy Stoner en hommage à Creedence Clearwater Revival, initiée par son label Ripple Music. Et il faut admettre que depuis leur premier effort éponyme, c’est un sans-faute.

Même si l’on pouvait légitimement imaginer que les prestations live du groupe seraient largement à la hauteur de ses réalisations studio, « Dead Live In Texas », vient en apporter la confirmation. Mené par un Stephen Bishop (chant, guitare) aussi exalté que sur la pochette, Todd Connaly (lead guitare), Dave Crow (basse) et Johnny Lightning (batterie) s’en donnent à cœur-joie sur neuf morceaux, qui ont dû faire trembler plus d’une fois les murs. Façon rouleau-compresseur, THUNDER HORSE entraîne tout sur son passage, public compris.

Avec une setlist resserrée et assez courte, les Américains ont décidé de se concentrer sur leurs titres les plus explosifs, en faisant honneur à leur trois opus. Avec cette faculté à englober son Stoner de Doom, de Heavy Metal et d’un Rock massif et Southern, ils nous plongent dans un chaudron bouillonnant dans les pas des légendes du genre. Une folle énergie a toujours submergé THUNDER HORSE et « Dead Alive In Texas » vient couronner un élan ravageur (« New Normal », « Song For The Ferryman », « Monolith », « Chosen One »).

Retrouvez les chroniques consacrées au groupe :

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Hard 70's Occult Rock Proto-Metal Psych

Occult Witches : une fantasmagorie prégnante

On le croirait tout droit sortis des années 70, tant la maîtrise affichée par OCCULT WITCHES a quelque chose d’évident dans la démarche, comme dans l’écriture de ce Rock/Hard aux atmosphères parfois baroques, épiques et même légèrement Doom et Stoner. Les Canadiens proposent un univers Dark, qui tranche cependant avec la majorité des combos actuels du même mouvement. Par sa diversité et une prestation vocale en parfaite adéquation avec les parties instrumentales, « Sorrow’s Pyre » est aussi captivant que frénétique. Une prouesse !

OCCULT WITCHES

« Sorrow’s Pyre »

(Black Throne Productions)

Depuis « Morning Walk » sorti en 2021, OCCULT WITCHES avance sur une cadence effrénée à raison d’un album par an. Pourtant, cette fertile productivité, loin d’être surabondante, a la particularité de préciser et d’affiner le registre des Québécois. L’évolution est manifeste et même implacable, tant les réalisations qui se succèdent viennent peaufiner leur propos et leur style, qui se nourrit autant de Classic Rock, que d’un Blues musclé, de Stoner, de psychédélisme et d’un proto-Metal forcément vintage, mais si rafraîchissant.

Après un deuxième opus éponyme en 2022, puis « Mastermind » en 2023, le quatuor livre donc « Sorrow’s Pyre » et semble toujours aussi inspiré. Mieux, il atteint une sorte d’apogée qu’on sentait poindre depuis un petit moment déjà. L’identité musicale d’OCCULT WITCHES est éclatante et doit aussi sans doute beaucoup à sa chanteuse, Vanessa San Martin, littéralement habitée par des ambiances forcément sombres, tournées vers un occultisme, qu’elle fait vivre avec autant de puissance que de délicatesse. La maîtrise est totale.

Entourée par le flamboyant guitariste Alec Sundara Marceau, et soutenue par le duo basse/batterie composé de Danick Cournoyer et Eliot Sirois, la frontwoman est le point d’équilibre du groupe, dont chaque membre apporte sa touche dans un ensemble très organique, capable de se déployer dans des moments intenses et musclés comme à travers des passages plus légers. OCCULT WITCHES passe de l’ombre à la lumière avec un irrésistible côté hypnotique (« Malice », « Faustian Bargain », « Flesh And Bones », « The Fool »).   

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Dark Folk Heavy Stoner Doom Stoner Doom

Moon Womb : transcendental

L’une des premières choses qui surprend chez MOON WOMB, c’est cette production à la fois rugueuse et sauvage, et pourtant très lumineuse, qui se caractérise par une volonté d’authenticité et d’une certaine pureté. La délicatesse presque vulnérable de la voix fait face à des distorsions guitaristiques où l’étrangeté musicale reste étonnamment familière et transcendante. Les Américains donnent le sentiment d’avoir totalement électrifié un registre acoustique pour lui donner du corps et le résultat est plus qu’ingénieux.   

MOON WOMB

« Moon Womb »

(Firelight Records)

Rangé derrière une étiquette Heavy Rock un peu étriquée, MOON WOMB fait partie de ses groupes complètement atypiques, qui semblent avoir un don inné pour désarçonner leur auditoire. Car sur ce premier album éponyme, les frontières stylistiques sont abattues pour laisser libre-court à l’inspiration du duo, qui nous embarque dans un périple musical contemplatif, globalement assez sombre, mais toujours pertinent et original. Ici s’entrechoquent Folk et psychédélisme sur fond d’ésotérisme et de magie.

Originaire de Woodland en Caroline Du Nord, Brandy (chant, batterie et cymbales) et Richard Flickinger (guitare et amplification) se sont créé un univers très personnel, composé de paysages sonores aux reliefs saisissants. Très organique dans le son, « Moon Womb » est guidé par la voix de sa chanteuse, qui n’a pas son pareil pour donner aux morceaux des aspects presqu’incantatoires avec une douceur enchanteresse. MOON WOMB se montre très intimiste dans l’approche et même assez minimaliste dans la composition.

Le tandem est en symbiose totale et si la voix semble ouvrir le chemin, la guitare baryton aux sonorités brutes et singulières donne le ton aux ambiances qui s’engouffrent dans des passages très sombres et atmosphériques. On est proches d’une Dark Folk où se mêlent contes de fées et folklore dans une ode à la nature. La lenteur des compositions de MOON WOMB libère d’étonnantes impressions de liberté et d’espace et des éléments empruntés au Drone, voire au Doom, se joignent à ce mélange artistique créatif et inattendu.         

Photo : Agatha Donkar Lund
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International Stoner Rock

Greenleaf : indestructible foundation [Interview]

A la tête de deux institutions, qui sont autant de locomotives du Stoner européen, Tommi Holappa mène de front les groupes Dozer et GREENLEAF. Alors que le premier a sorti « Drifting in the Endless Void » l’an dernier, c’est avec le très bon « The Head & The Habit » qu’il réapparait aujourd’hui, toujours animé d’une passion inébranlable et d’une bonne humeur contagieuse. Très prolifique, le guitariste et ses trois camarades de jeu livrent un nouvel album riche et compact, tout en restant véloces et accrocheurs. Ce neuvième opus est l’un des meilleurs des Suédois et il s’accompagne aussi d’un changement de label. Entretien avec un musicien toujours aussi créatif.  

– La première sensation qui ressort de l’écoute de « The Head & The Habit » est une impression d’aboutissement, une sorte d’apogée du style de GREENLEAF. C’est aussi ton sentiment, celui d’être aller au bout d’un processus de création fort ?

Je peux te dire qu’après avoir eu le mixage final de l’album pendant presque cinq mois avant sa sortie, j’aime toujours beaucoup l’écouter ! Habituellement, bien sûr, j’apprécie chaque nouveau disque que nous faisons, mais avec le temps, on finit par avoir quelques favoris et aussi des chansons qui ne se sont peut-être pas révélées aussi bonnes qu’on l’aurait souhaité. Cela peut, par exemple, être de petits détails dus au mixage, comme le son de la guitare qui n’est pas parfait sur un solo. Des choses comme ça peuvent parfois m’énerver, donc je ne peux plus supporter certains morceaux ! (Rires)

Mais cet album, je peux l’écouter du début à la fin et j’en suis très satisfait ! L’écriture des chansons est forte, la production est excellente, il y a beaucoup d’énergie et on a l’impression que tout le travail acharné que nous avons prodigué a payé ! Alors oui, pour le moment, j’ai l’impression que c’est probablement notre album le plus fort à ce jour. Redemande-moi dans un an et on verra s’il aura résisté à l’épreuve du temps ! (Rires)

– Vos précédents albums gardaient toujours un petit côté imprévisible, tandis que celui-ci est assez direct avec un songwriting plus resserré aussi. L’objectif de « The Head & The Habit » était d’aller à l’essentiel, de gagner en efficacité ?

Quand nous avons commencé à écrire des chansons, nous savions que nous voulions faire un album un peu plus ‘joyeux’. « Echoes From A Mass » était un album assez sombre, parce qu’Arvid était en instance de divorce et il se sentait déprimé pendant la composition. Cette fois-ci, il n’y a pas eu de divorce et tout le monde était dans une bonne situation de vie personnelle. Donc, il s’est agit de passer un bon moment, de profiter de la compagnie de chacun et de composer le meilleur album possible. Bien sûr, les textes sont toujours aussi sombres, car Arvid ne peut pas écrire de paroles joyeuses ! (Rires) Mais la musique est plus énergique et un peu plus entraînante.

– On retrouve bien sûr l’ADN de GREENLEAF avec ce savant mélange de Fuzz, de Desert Rock et de Blues enrobé d’un Stoner Rock véloce et percutant. Et l’album est aussi très bien équilibré. Justement, comment avez-vous travaillé cette fois-ci, et est-ce que vous avez œuvré, dès le départ, pour trouver la manière de rendre l’ensemble le plus homogène et complet possible ?

Lorsque nous commençons à travailler sur du matériel pour un nouvel album, cela prend toujours du temps avant d’entrer véritablement dans le flow. Nous pouvons avoir deux ou trois bonnes idées, mais qui ne nous semblent pas géniales pour autant. Cela peut prendre des semaines, ou parfois des mois, avant d’avoir cette idée de chanson qui nous fait vraiment dire ‘Wow !’. Pour cet album, « Avalanche » a été la chanson qui a tout déclenché. Cela devient plus facile d’écrire tranquillement quand on a une idée de morceaux qui nous inspirent vraiment. Ensuite, le reste arrive naturellement et après un certain temps, on a en quelque sorte un fil rouge qui traverse tout cela, et on commence à entendre ce qui manque à l’album. Les deux dernières chansons écrites ont été « That Obsidian Grin » et « An Alabastrine Smile », parce que nous avions déjà des titres très rythmés et on voulait ralentir un peu les choses. Et la tracklist de cet album a été décidée avec l’idée du vinyle en tête, car nous voulions deux faces, qui se terminent toutes les deux par un titre plus doux. C’est vrai que nous consacrons beaucoup de temps à essayer de trouver l’ordre parfait des morceaux, car un bon album doit être comme un bon film : avoir des hauts et des bas, ainsi que te tenir en haleine et te captiver jusqu’à la fin.

– Comme pour « Echoes From The Mass » et depuis très longtemps maintenant, vous avez travaillé avec Karl Daniel Lidén, qui vous connait très bien. Pourtant, le son paraît plus clair sur « The Head & The Habit » et la production plus accessible et accrocheuse aussi. Est-ce que cela tient tout simplement au contenu de l’album et des textes, ou c’est le son que vous cherchiez à obtenir depuis un moment déjà ?

Oui, Karl Daniel est en quelque sorte le cinquième membre du groupe et il sait exactement ce dont les chansons ont besoin. Habituellement, lorsque nous arrivons à la moitié d’un album, nous faisons un enregistrement merdique des chansons en répétition et en direct avec nos téléphones, puis nous l’envoyons à Karl Daniel. C’est à ce moment-là qu’il élabore généralement un plan sur la façon dont l’album devrait sonner. Il écoute les chansons et commence alors à entendre dans sa tête comment devrait être la production. Il fait vraiment ressortir le meilleur de nous !

– Un mot aussi au sujet des textes qui sont très introspectifs et qu’Arvid Hällagård a écrit en se servant de son expérience personnelle avec des personnes en souffrance. Et c’est vrai que l’album a un aspect très narratif dans son déroulé. On a l’impression que vous avez voulu apporter plus de profondeur et d’émotion en explorant ces thématiques. Pourtant, l’ensemble est étonnamment lumineux. Votre envie était-elle de jouer sur ces contrastes ?

Comme je te le disais, Arvid a du mal à écrire des paroles ‘joyeuses’ sur les voitures rapides, les filles et l’alcool ! (Rires) Nous laissons ça à d’autres groupes, qui le font mieux que nous. Sur cet album, les textes parlent principalement de problèmes de santé mentale et de dépendance et nous avons pensé qu’il était intéressant d’avoir des contrastes entre la musique et les paroles. La chanson peut être entraînante et dansante, mais ensuite les mots peuvent te transporter dans un endroit totalement différent.

– Ces dernières années, tu avais pu te consacrer uniquement à GREENLEAF et l’an dernier Dozer a aussi fait son retour (et quel retour !) avec le très bon « Drifting In The Endless Void ». De quelle manière mènes-tu les deux groupes de front ? Je pense surtout à la composition, à ton jeu de guitare et à ton son ? C’est facile de passer de l’un à l’autre ? Et est-ce que ta configuration personnelle est différente sur ton instrument et sa sonorité ?

En fin de compte, c’est facile car Fredrik (Nordin – NDR) et Arvid travaillent tous les deux de manière différente et ce sont des chanteurs très distincts aussi. Si je soumettais une idée de riff à Fredrik, puis la même à Arvid, cela donnerait deux chansons totalement différentes. Mais bien sûr, il y a des parties de guitare dans GREENLEAF, qui pourraient être celles de Dozer et inversement. Les trucs les plus Blues que je propose vont toujours à GREENLEAF et les trucs plus durs à Dozer. Et par ailleurs, je ne travaille pas sur des chansons pour les deux groupes en même temps, ça prêterait à confusion, je pense. Un album à la fois et avec un seul groupe. Et puis, j’ai la chance de travailler et de faire de la musique avec deux grands chanteurs.

– D’ailleurs, les albums de GREENLEAF et de Dozer sont assez proches dans leur sortie respective. Comme allez-vous défendre « The Head & The Habit » sur scène, est-ce que l’on pourrait rêver à une affiche regroupant les deux groupes, comme on a déjà pu le voir avec d’autres musiciens ?

C’est une bonne idée ! Mais je pense que Sebastian (Olsson – NDR), qui est aussi le batteur des deux groupes, et moi mourrions sur scène si nous faisions deux sets d’affilée ! (Rires) Et ce ne serait pas juste envers le groupe qui joue en dernier d’avoir Sebastian et moi après deux ou trois heures de scène dans les pattes ! (Rires)

– Tu es à la tête de deux groupes majeurs de la scène Stoner européenne, qui se distinguent dans des approches différentes et créatives. Même si les journées ne font que 24h, est-ce que tu pourrais avoir l’envie, ou juste l’idée, de créer une autre entité dans une nouvelle déclinaison Stoner ?

On m’a demandé de rejoindre différents projets, mais pour le moment, je n’ai pas le temps. Jouer dans ces deux groupes, avoir un travail quotidien, puis une famille et une fille m’occupent 24 heures. Mais un jour, je monterai un groupe avec Karl Daniel et Peder de Lowrider. Nous en parlons depuis des années. Nous sommes tous des gens très occupés, mais dans le futur, cela arrivera. C’est sûr !

– Enfin j’aimerais qu’on dise aussi un mot sur votre changement de label. Vous avez quitté Napalm Records pour Magnetic Eye Records. Pour quelle raison et est-ce un label qui répond plus et mieux à vos attentes et qui s’éparpillent aussi peut-être moins dans son catalogue ?

Nous avons changé de label, parce que nous avions fait trois albums avec Napalm. Ils ont fait du bon travail, mais il était temps d’essayer autre chose. Nous voulions revenir à un label un peu plus petit, où nous serions l’un des plus grands groupes au lieu d’être un petit groupe de Stoner parmi beaucoup de groupes de Power Metal. Jusqu’à présent, tout se passe très bien avec Magnetic Eye Records ! Nous sommes heureux et eux ont l’air de l’être aussi… C’est un accord parfait !

Le nouvel album de GREENLEAF, « The Head & The Habit », est disponible chez Magnetic Eye Records.

Retrouvez la chronique de l’album précédent de GREENLEAF…

…Et les deux interviews de Tommi pour DOZER :

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Stoner Rock

Sons Of Arrakis : flux et reflux

Le voyage proposé par SONS OF ARRAKIS sur son deuxième opus est captivant à bien des égards. Derrière l’épaisseur des guitares, une paire basse/batterie redoutable et un chant très aérien, les Canadiens parviennent à rendre leur Stoner Rock très accessible en nous plongeant subtilement dans l’aspect conceptuel de leur propos. Véloce et accrocheur, « Volume II » montre une étonnante diversité, très rassembleuse, tant elle parcourt des couleurs musicales très changeantes.

SONS OF ARRAKIS

« Volume II »

(Black Throne Productions)

Avec ce « Volume II », SONS OF ARRAKIS passe à la vitesse supérieure et laisse exploser tout le potentiel aperçu sur le premier volet. L’univers Sci-Fi du groupe s’inspire toujours de paysages musicaux variés, mais aussi de littératures diverses. Cette fois, c’est le livre ‘Dune’ de Frank Herbert qui sert de fil rouge et c’est vrai que vu les récentes sorties cinématographiques couronnées de succès, le choix est plutôt judicieux d’autant que l’œuvre en question est vaste et le champ d’investigation ouvre bien des portes.

Bien produit, ce deuxième album présente un Stoner Rock multi-facette et sur une même thématique, les Québécois se montrent autant à leur aise dans des sonorités Psych, Desert et Prog que Doom et carrément Classic Rock. SONS OF ARRAKIS ne s’interdit rien et des twin-guitares galopantes à des riffs plus lourds et des solos hyper-Heavy, le quatuor s’amuse le plus sérieusement du monde. La dynamique du jeu de faiblit pas un seul instant et on se laisse agréablement guider dans cette épopée ambitieuse.

Avec beaucoup d’efficacité dans l’écriture, le combo de Montréal ne néglige pas pour autant une certaine complexité dans la structure de ses morceaux, bâtis pourtant sur un modèle de chansons. Mélodique, le groove n’en est pas moins costaud et la puissance affichée par la rythmique notamment libère une sorte d’euphorie captivante. SONS OF ARRAKIS se montre original dans l’approche, mariant des effets très actuels avec des passages presque vintage soigneusement élaborés. Un bel album rétro-futuriste et une belle vision du Stoner.

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folk Psych

Dorian Sorriaux : éclatant de sérénité

La musique de DORIAN SORRIAUX est le signe d’une certaine intemporalité qui, pourtant, se renouvelle grâce à l’apport de sonorités variées. D’un classicisme assumé et d’une précision toute moderne et aérienne, l’élégance de ce premier album séduit autant par la diversité des ambiances à l’œuvre, que par une interprétation remarquable. Très organique, « Children Of The Moon » a été enregistré en Bretagne, mixé en Suède et les compositions n’en sont que plus éclatantes, tant leur esthétisme dégage une rare intensité.

DORIAN SORRIAUX

« Children of the Moon »

(The Sign Records)

Le Breton est réputé pour son esprit d’indépendance et DORIAN SORRIAUX s’inscrit parfaitement dans cette lignée. Alors qu’il avait entamé une belle carrière à l’international avec Blues Pills en tant que guitariste principal du groupe suédois, qui sortira d’ailleurs son nouvel opus, « Birthday », début août, il a préféré retrouver sa liberté artistique après six ans de bons et loyaux services. Un retour au bercail qui date de 2018 et depuis lequel le Finistérien s’est forgé un univers musical plus personnel.  

Du haut de ses 28 ans, le songwriter est, on le sait, déjà aguerri grâce à de multiples tournées, ainsi que par le travail en studio avec son ancienne formation. Après un premier EP, « Hungry Ghost » il y a six ans déjà, DORIAN SORRIAUX se livre sur la longueur avec dix morceaux relativement acoustiques et assez éloignés de son registre précédent. Délicat, paisible et intimiste, « Children Of The Moon » évolue dans une Folk très 70’s sur le fond, mais très contemporaine dans la forme, malgré des références assez évidentes.

Et le compositeur n’est pas seul, puisqu’on retrouve notamment la fratrie Moundrag à ses côtés apportant une touche psychédélique à un style assez éprouvé que DORIAN SORRIAUX pare de beaucoup de fraîcheur (« Light In The Dark », « Shine So Bright », « To The Water » et le troublant « Believe That You Can Change »). Sur des arrangements très soignés, l’ensemble est d’une profonde richesse et est mené par une vision authentique et préservée de toute intention nostalgique ou revival.

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Desert Rock International Space Rock Stoner Rock

Fu Manchu : un mythe intact [Interview]

Pilier et pionnier du Stoner Rock aux saveurs largement Desert et Space Jam dans l’esprit, FU MANCHU mène une carrière exemplaire, parvenant sans cesse à rester très prolifique au sein-même du groupe comme en dehors. Avec « The Return Of Tomorow », le quatuor du sud de la Californie est parvenu à une synthèse parfaite de l’évolution musicale qui les caractérise depuis toutes ces années. Lourd, aérien, délicat et accrocheur, ce nouvel opus s’apprête à déferler sur scène et c’est encore son guitariste, Bob Balch, qui en parle mieux.

Photo : Thom Cooper

– L’an prochain, FU MANCHU célèbrera ses 40 ans d’existence et un très beau parcours. Vous avez commencé en jouant un Punk Hard-Core avant de côtoyer ses sonorités plus Hard Rock pour enfin donner naissance au Stoner et au Desert Rock. Que retiens-tu de cette évolution ? Te paraît-elle assez naturelle avec des étapes finalement nécessaires ?

J’ai rejoint FU MANCHU en 1997, donc le son était déjà plutôt bien établi à ce moment-là. Tu sais, je connais des tonnes de musiciens, qui sont passés du Punk Hard-Core au Heavy Rock des années 70. Pour ma part, j’ai commencé avec des groupes de Heavy Metal de la fin des années 70, puis j’ai découvert le Punk Rock, donc c’est un peu l’inverse me concernant, mais mélanger les deux styles fonctionne totalement !

– Ca, c’est pour l’aspect musical de FU MANCHU, mais qu’en est-il des textes et des thématiques que vous abordez ? Est-ce que, de ce côté-là aussi, il y a eu de profonds changements et peut-être des remises en questions à un certain moment ?

En ce qui concerne les textes, ce serait plutôt une question à poser à Scott Hill. D’après ce que j’en comprends, il s’agit principalement d’inspiration de films de série B et de blagues internes, des sortes de ‘private jokes’. Mais je pense que cela va bien plus loin que cela.

Bob Balch – Photo Visions In Pixels

– Est-ce que lorsqu’on fait parti du processus de création du Stoner/Desert Rock, comme c’est le cas pour FU MANCHU et quelques autres, on se sent un peu le gardien du temple ? Ou du moins le garant d’un style qu’il faut peut-être préserver, mais également faire évoluer ? 

Pas vraiment, en fait. Au départ, nous n’avions pas vraiment l’intention de créer un son Stoner Rock. Le terme ‘Stoner Rock’ nous est même venu plus tard. Et puis, je pense que chaque style doit également évoluer. Je suis super content quand j’entends un groupe qui pense et qui joue en dehors de son genre d’origine en allant toujours de l’avant.

– Il a fallu attendre six ans pour que vous livriez ce 14ème album, « The Return Of Tomorrow ». Pourtant, FU MANCHU a été très actif avec un album live, des rééditions, trois Eps et même la bande originale d’un documentaire, sans compter vos tournées. Vous êtes vraiment un groupe d’hyperactifs, et on reviendra aussi sur tes projets personnels plus tard. Est-ce qu’avec toutes ces activités, il vous fallu trouver le bon moment pour vous poser et composer ces 13 nouveaux titres ? Attendre l’accalmie en quelque sorte…     

Tu sais, nous nous réunissons pendant environ trois heures tous les jeudis. Ce sont trois heures vraiment très productives. Nous repartons généralement avec un morceau complet, ou au moins la moitié d’une chanson. Nous écrivons ensemble depuis si longtemps que c’est devenu une machine bien huilée à ce stade de notre carrière.

Photo : Visions In Pixels

– FU MANCHU est aussi réputé pour être un groupe qui va sans cesse de l’avant. C’est ce que vous avez voulu signifier avec ce titre « The Return Of Tomorrow » ? Que rien n’est figé et vous êtes résolument tournés vers l’avenir ?

Carrément ! Et puis, tu sais, je reste vraiment conscient de notre incroyable longévité et je suis très reconnaissant à tous nos fans.

– Parlons plus précisément de ce nouvel et très bon album. Il est la quintessence parfaite du style FU MANCHU avec encore et toujours des nouveautés dans les compositions et bien sûr dans le son, qui ne cesse d’évoluer lui aussi. Il y a un énorme travail sur le ‘Fuzz’ comme souvent chez vous. Est-ce que, finalement, ce n’est pas la chose qui vous importe le plus ? Le faire grossir et lui faire prendre des directions différentes et nouvelles ?

Nous cherchons toujours à nous améliorer, c’est un fait établi. Ce sont les chansons qui comptent le plus, bien sûr. Mais si nous pouvons obtenir les meilleurs sons possibles, en tout cas pour nous et à nos oreilles, c’est ce qui compte le plus ! Par ailleurs, c’est très important pour nous dans le groupe que notre bassiste, Brad Davis, fabrique et conçoive ses fameuses pédales fuzz ‘Creepy Fingers’.

Scott Hill – Photo Visions In Pixels

– « The Return Of Tomorrow » est aussi très particulier dans sa construction, puisqu’il est scindé en deux parties. La première est très Heavy et Fuzz et la seconde est plus Desert avec aussi un côté Space Jam. C’était l’ambition de départ ? De livrer des atmosphères opposées et aussi de pouvoir vous exprimer le plus largement possible ?

Oui, nous en avons discuté dès le départ. Quand nous avons commencé à écrire, nous avons essayé des chansons très lourdes, puis plus douces pour voir quel style servait le mieux les chansons. C’était d’ailleurs très amusant pour nous d’aborder ce disque avec l’idée que nous allions ensuite le diviser en deux.

– Est-ce que, dans le cas de FU MANCHU, cela demande d’être dans un certain esprit pour aborder au mieux ces ambiances très différentes ?

Pas vraiment, finalement. Personnellement, si je me sens inspiré, je vais en tirer le meilleur parti à ce moment précis et je vais composer autant que possible. Mais chaque semaine quand nous nous réunissons, c’est toujours dans l’idée de nous déchaîner et de nous défouler au maximum !

Photo : D.R.

– D’ailleurs, comment allez-vous composer vos setlists pour les concerts à venir ? Elles seront plutôt axées sur le côté Heavy du groupe, et allez-vous intégrer ces nouveaux morceaux plus ‘légers’ comme des interludes, par exemple ?

Probablement, un peu des deux et le plus possible. C’est vrai que nous pourrions aussi en changer soir après soir. Et puis, cela dépend également s’il s’agit d’un concert spécifique de FU MANCHU ou d’une configuration en festival. Si c’est notre propre show, nous jouerons davantage le nouvel album, c’est certain.

– Justement, parlons des concerts, vous serez en tournée en Europe à l’automne, mais d’abord en juin avec un passage au Hellfest, votre deuxième, je crois. Votre dernière venue date de 2019. C’est un festival que vous appréciez particulièrement ?

Oui, le Hellfest est super fun ! La première fois que nous avons joué là-bas, je n’ai regardé ni la scène, ni le public jusqu’à ce que nous montions sur scène. Je me détendais tranquillement dans les coulisses en regardant l’émission « Showdown ». Et quelques minutes plus tard, nous jouions devant des milliers de personnes. C’est un contraste saisissant et jubilatoire !

Photo : Thom Cooper

– Enfin, Bob, j’aimerais que l’on parle aussi de tes multiples side-projets. Il y a Big Scenic Nowhere dans un registre Desert/post-Rock Progressif, Yawning Balch dans un registre assez proche et plus Psych et enfin Slower, qui est un album de reprises de Slayer dans des versions Doom étonnantes. C’est très varié et assez éloigné de FU MANCHU. Tu as besoin de te lancer ce genre de défi, ou c’est plus simplement un désir d’explorer d’autres styles, dont tu es aussi fan ?

Tu sais, mes influences sont très diverses. De plus, j’ai acheté une ‘Universal Audio OxBox’, qui me permet d’enregistrer très facilement mes guitares avec la qualité d’un album à la maison. Cela m’a aussi aidé à devenir plus prolifique. Big Scenic Nowhere et Yawning Balch sont un peu arrivés par hasard, et je n’ai pas su refuser. Je suis un grand fan du jeu de guitare de Yawning Man et de Gary Arce. J’ai secrètement toujours voulu collaborer avec eux. Je suis ravi que cela se soit produit et que cela continue d’exister. Yawning Balch va d’ailleurs bientôt sortir deux albums. L’idée que je m’en fais est plus posée et je me suis aussi bien amusé à faire le premier disque. Et nous avons presque terminé le deuxième. J’ai des tonnes de morceaux originaux cette fois-ci, et c’est génial.

– Enfin, et puisque l’on parle de tes projets annexes, est-ce que tu te consacres déjà à d’autres choses, ou es-tu essentiellement focalisé sur FU MANCHU et ce nouvel album pour le moment ?

FU MANCHU est mon activité principale. Nous tournons énormément pour soutenir « The Return Of Tomorrow » et j’en suis franchement ravi ! J’ai vraiment hâte que les gens l’entendent. Je pense que nous nous sommes vraiment surpassés sur celui-là !

Le nouvel album de FU MANCHU, « The Return Of Tomorrow », sera disponible le 14 juin sur le propre label du groupe, At The Dojo Records.

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Desert Rock Psych Stoner Rock

Drive By Wire : into the forest

Brumeuse et intimiste mais aussi explosive et massive, cette nouvelle production de DRIVE BY WIRE va mettre une fois encore tout le monde d’accord. Si la chanteuse de la formation des Pays-Bas se surpasse à nouveau pour livrer une très belle prestation, ses camarades de jeu ne sont pas en reste. Epais et incisif, le Stoner Rock du combo côtoie le Psych et le Desert Rock pour se faire lumineux. « Time Horizon » est vibrant, onirique et parfois même sonique et fascinant. Un moment très fort.

DRIVE BY WIRE

« Time Horizon »

(Argonauta Records)

C’est le temps de la majorité pour DRIVE BY WIRE, qui célèbre cette année ses 18 ans d’existence, tout comme la sortie de son premier album éponyme. Depuis, autour de sa fondatrice et charismatique frontwoman et guitariste Simone Holsbeek, l’autre pilier Alwin Wubben (guitare) tient le lead. Il est brillamment accompagné par Marcel Zerb (basse) et Ingmar Regeling (batterie), qui forment à eux deux une rythmique qui rend imparables les compos du groupe en leur permettant de créer des pics sonores et un relief très changeant.

Six ans déjà après le très bon « Spellbound », DRIVE BY WIRE est enfin de retour avec « Time Horizon », qui se trouve être largement à la hauteur de son prédécesseur. A noter que les Hollandais ont profité de la pandémie pour s’essayer à la musique de film, voyant même quelques morceaux apparaître dans les séries ‘Batwoman’ et ‘Riverdale’ (vous me direz !). Et c’est l’an dernier qu’ils ont décidé de s’isoler pour composer leur cinquième album, qui se veut particulièrement brut et spontané, aidé par une production très organique.

Les jams sessions réalisées en pleine forêt ont un caractère très direct et compact et invitent à une escapade psychédélique entre un Stoner solide et un Desert Rock plus aride et hypnotique. Aussitôt indentifiable sur « Northern Lights », DRIVE BY WIRE impose sa signature et apporte aussi une évolution dans son jeu. Le quatuor avance tout en contraste en multipliant les ambiances avec classe (« Shape Shifting », « Elements », « Dustfader », « Black Sails »). « Time Horizon » ouvre de nouvelles portes en restant insaisissable.

Photo : Marta Ros
Catégories
Blues Desert Rock folk Psych

Black Snake Moan : une incandescente narration

Dans un psychédélisme qui puise dans des ambiances ancestrales et très roots dans le ton, le Blues Folk de BLACK SNAKE MOAN fait corps avec un Desert Rock pour éclore dans un registre original et lumineux. Souvent aride, on passe pourtant par les rives du Mississippi entre rituels et mélodies enchanteresses. De cette intemporalité onirique émane un univers parfois chamanique construit sur une multitude de cultures musicales différentes, qui finissent par ne faire qu’une sur ce « Lost In Time » solaire et envoûtant.

BLACK SNAKE MOAN

« Lost in Time »

(Area Pirata Records/Echodelick Records)

Avec sa voix douce et chaude portée par une légère réverb’, BLACK SNAKE MOAN (un nom qui rend hommage au grand pionnier du Blues Blind Lemon Jefferson) nous embraque dans un voyage immersif entre mystères et spiritisme. Avec « Lost In Time », son troisième album, il traverse le temps et l’espace en nous guidant avec un style fait de Blues, de Folk, de Psych, de Desert Rock et doté une touche western, le tout n’étant pas sans rappeler une certaine époque des Doors. Et au fil des titres, les paysages défilent… 

A la tête de BLACK SNAKE MOAN se trouve l’Italien Marco Contestabile, compositeur, multi-instrumentiste (guitare, batterie, percussions, basse et claviers) et chanteur. C’est aussi lui qui a brillamment arrangé et produit de manière si organique ce nouvel opus. Car ce qui séduit sur « Lost In Time », c’est la proximité du son qui se dégage de ce one-man-band hors-norme. Très spirituel dans l’approche, le musicien se promène dans des songes hypnotiques, des atmosphères captivantes et des lieux variés. 

Sur des morceaux relativement courts d’environ trois minutes, excepté les très bons « Shade Of The Sun » et « Cross The Border », BLACK SNAKE MOAN nous emmène dans les déserts amérindiens, sur la terre des anciens Etrusques comme dans des prairies luxuriantes. On suit les étoiles entre lumière et obscurité sur un rythme délicat et parfois flottant (« Dirty Ground », « Come On Down », « Sunrise », « Goin’ Back », « Put Your Flowers », « West Coast Song »). Une épopée qui a des allures de rêves mystique.

Photo : Stefano Dili