Au fil de ses réalisations, et notamment des deux dernières, CRYSTAL VIPER s’impose brillamment sur la scène Heavy Metal européenne. Il ne manquait qu’un témoignage en public pour confirmer l’ascension et la reconnaissance des fans à la formation polonaise pour assoir sa réputation. En offrant des performances de ce calibre, sa fondatrice est irrésistible et son groupe devient petit à petit un acteur incontournable du style. « The Live Quest » est juste renversant et électrisant.
CRYSTAL VIPER
« The Live Quest »
(Listenable Records)
Alors que les Polonais défendaient leur neuvième album, « The Silver Key », à travers toute l’Europe, ils ont eu la bonne idée d’enregistrer de nombreuses prestations que ce soit chez eux bien sûr, mais aussi en Allemagne, en Autriche, au Danemark, en Italie, en France, en Belgique et en République Tchèque. Et il faut reconnaître que l’accueil fait à CRYSTAL VIPER est unanime. Depuis « The Cult » sorti en 2021, le groupe a pris une nouvelle dimension, comme en témoigne « The Live Quest » et cela s’entend.
En tête d’affiche de sa tournée et fort de passages salués au Wacken Open Air et au Hellfest, le combo mené par avec force par sa chanteuse, bassiste et guitariste Martha Gabriel présente ici ses premières captations live. Très bon condensé d’une carrière en pleine ébullition, les concerts de CRYSTAL VIPER sont aussi explosifs que ses disques, et quelques classiques se démarquent même de ce répertoire qui commence à être bien étoffé. Et le public ne s’y trompe pas en rendant ses concerts inoubliables.
Dès la captivante intro « Return To Providence », puis « Fever Of The Gods », on entre dans le vif du sujet. S’enchainent « The Silver Key », « The Cult », « Metal Nation » où la communion est totale, « Night Of The Sin », « Still Alive », … CRYSTAL VIPER affiche un Heavy Metal musclé, aux portes du Power, et la performance vocale de sa frontwoman est exemplaire. Elle est l’une des meilleures chanteuses actuelles et c’est de plus en plus incontestable. Brut et puissant, « The Live Quest » montre le meilleur du quatuor.
Retrouvez les chroniques des deux derniers albums du groupe :
Malgré un parcours assez chaotique, les Américains sont bel et bien dans une dynamique franchement explosive et cette nouvelle réalisation est peut-être même leur meilleure. Entre Thrash et Groove Metal, le quintet reste très Heavy et « Harbingers » vient couper court à tous débats concernant ses velléités. A mi-chemin entre Lamb Of God et Testament, BYZANTINE sort l’artillerie lourde et se montre aussi complexe dans la forme qu’efficace dans le fond. Radical !
BYZANTINE
« Harbingers »
(Metal Blade Records)
25 ans de carrière, trois splits et un septième album attendu depuis huit ans pour les vétérans de cette fameuse New Wave Of American Heavy Metal, qui a commencé à faire parler d’elle au début des années 2000 justement. Si BYZANTINE a toujours cultivé son côté underground, il se pourrait bien qu’il passe enfin à la vitesse supérieure, ce qui serait amplement mérité. Il faut dire que « Harbingers » est le concentré parfait de ce que la bande du frontman Chris Ojeda sait faire de mieux.
Avec Peter Wichers (Soilwork, Nevermore) à la production, le quintet a trouvé l’homme de la situation. Très moderne dans l’approche, le Metal de BYZANTINE est chirurgical et technique, sans renier pour autant l’aspect mélodique qui renforce son côté fédérateur. Teintés de Groove Metal, de Thrash et mâtinés de touches Heavy, les neuf morceaux de « Harbingers » percutent sans détour et s’offrent même quelques tonalités Indus. Et cette férocité se fond dans une irrésistible fluidité.
Profondément sombre, ce nouvel opus de la formation de Charleston est direct, véloce et bien rentre-dedans. Cependant, BYZANTINE a aussi pris soin de laisser respirer ses titres grâce à des passages plus calmes sur des guitares claires. Et puis, son chanteur est d’un impact incroyable. Naviguant entre des riffs menaçants et des solos millimétrés, son spectre vocal s’adapte parfaitement en s’aventurant même sur un terrain plus guttural bien maîtrisé et soutenu par une paire basse/batterie démoniaque. Un sommet du genre !
En 25 ans, les Allemands se sont forgé une solide réputation, tout en restant à leur place, une volonté affirmée. Après un « Hellbreaker » resté dans les mémoires, le quintet surgit avec « Streets Of Fire », un disque toujours aussi Rock’n’Roll dans l’esprit et l’attitude et terriblement Heavy Metal dans le son. Basé sur une énergie constante, des riffs racés et une rythmique qui ne lève jamais le pied, MOTORJESUS régale avec une septième réalisation, qui s’annonce déjà comme l’un des albums phares de l’année. L’occasion d’en parler avec son fougueux frontman, Chris Birx, heureux lui aussi de remettre le feu.
– Quatre ans près « Hellbreaker », vous êtes de retour avec « Street Of Fire », un nouvel album nerveux, qui dégage une certaine urgence. Vous étiez impatients de présenter ces nouveaux morceaux, dont on peut sentir la pleine puissance ?
Oui, un peu, comme c’est le cas à chaque album d’ailleurs. On a déjà présenté plusieurs singles : « Somewhere From Beyond », « New Messiah Of Steel », « Streets Of Fire » et « Return To The Badlands », mais nous étions impatients que l’album sorte enfin ! Tu sais, on l’a mixé en octobre dernier et il est prêt depuis un bon moment maintenant, plus de six mois. Oui, c’est cool qu’il soit enfin là, car ça commence à faire long pour nous aussi.
– Vous avez à nouveau travaillé avec Dan Swanö (Opeth, Edge Of Sanity) pour la production. J’ai l’impression qu’avec lui, vous avez trouvé le son qui correspond le mieux à MOTORJESUS. Comment travaillez-vous ensemble ? Lui laissez-vous carte blanche sur certaines choses ?
Oui, sur plusieurs parties. Nos échanges pour le mix et le mastering se sont faits par email. Je lui ai d’abord envoyé les morceaux et il m’a proposé de changer certaines choses et d’en améliorer d’autres. Tout s’est passé de manière très simple, dans une bonne ambiance et le contact entre nous a vraiment été facile, très fluide et réactif. On a eu de bonnes vibrations, car c’est quelqu’un de très agréable et aussi l’un de mes musiciens préférés. C’est toujours génial de le rencontrer, car j’ai tellement d’albums de lui des années 90 avec Edge Of Sanity et Opeth notamment. Il en a fait tellement ! C’est un mec super ! Je pense que, maintenant, nous avons vraiment trouvé notre façon de travailler ensemble, on a la bonne recette. On sait très bien de quoi il est capable et c’est un honneur de travailler avec lui. C’est une icône en plus d’être humainement très agréable ! (Sourires)
– Un mot aussi sur la pochette de « Street Of Fire », qui est signée Sebastian Jerke. C’est la troisième fois que vous travaillez avec lui. Comme pour Dan Swanö, ce sont des collaborations de longue date. Y a-t-il une sorte d’esprit de famille chez MOTORJESUS, qui se traduit par cette grande fidélité ?
Oui, c’est vrai. Tu sais, si cela fonctionne aussi bien, pourquoi devrions-nous changer d’équipe ? Sebastian est un mec super, qui est aussi très connu en Allemagne. Il a réalisé beaucoup d’autres pochettes d’albums pour des groupes ici, comme Orden Organ par exemple. Quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois, c’était pour travailler sur le visuel d’un t-shirt. C’est cool de continuer à travailler avec lui, car il est devenu célèbre chez nous. Il a parfaitement saisi l’esprit ‘Comics’ de MOTORJESUS sur nos trois derniers albums. C’est devenu une marque pour nous et c’est génial d’avoir quelque chose d’unique pour le groupe. C’est un style qui nous est propre maintenant et qui nous appartient en quelque sorte.
– L’une des principales particularités de « Street Of Fire » par rapport à « Hellbreaker », c’est que vous êtes revenus à un style nettement plus Heavy Metal, comme un retour aux sources, peut-être moins Rock’n’Roll dans l’intention en tout cas. C’était l’objectif ?
En fait, l’objectif avec « Streets Of Fire » était de faire un disque dans la continuité de « Hellbreaker », qui a vraiment bien marché en Allemagne et s’est même hissé dans le Top 20 des charts. Cela a été une sorte d’accomplissement pour nous. L’accueil a été incroyable. On a eu le sentiment d’avoir fait quelque chose de bien avec « Hellbreaker », et nous avons essayé de retrouvé cette même vibration et j’espère que c’est le cas avec « Streets Of Fire ». Nous nous sommes amusés à faire des chansons rapides, avec un esprit punk assez fun et aussi plus agressif dans le jeu. Pour moi, il n’y a pas de grande différence entre les deux albums, c’est plutôt une continuité.
– Vous terminez ce nouvel album avec une outro et le début de « Somewhere From Beyond » fait aussi penser à une intro. Il y a un petit côté Old School très agréable qui était souvent utilisé dans les albums-concepts notamment. Même si on devine une thématique globale, y a-t-il un lien direct entre tous les morceaux de l’album ?
L’intro et l’outro sont assez similaires en termes de composition, car nous avons utilisé les mêmes vibrations assez synthétiques d’un esprit proche des 80’s et du Synth Wave. C’est quelque chose d’assez populaire en ce moment et surtout, cela correspond parfaitement à l’atmosphère de l’album. On a juste essayé d’envelopper le disque dans cette ambiance qui nous plait beaucoup et de placer les morceaux entre les deux. Et puis, l’objectif de « Streets Of Fire » était de transporter l’auditeur dans les années 80, que ce soit un peu Cyberpunk et S-F dans l’esprit. En ce sens, l’intro et l’outro correspondent parfaitement à l’atmosphère qu’on souhaitait développer.
– Comme toujours, il n’y a ni ballades, ni morceaux mid-tempo. On en revient à cette impression d’urgence avec ce rythme très soutenu et les titres sont très accrocheurs et intenses. Est-ce qu’au moment de la composition, vous aviez en tête leur rendu et leur impact sur scène ? Car l’album est très fédérateur…
En fait, nous composons sans trop y réfléchir, c’est un peu un jeu pour nous. Les ambiances des morceaux ne sont pas forcément une priorité consciente pour nous. Le principal reste le travail sur le riff, qu’il soit accrocheur, que le rythme soit soutenu, et que le groove soit très présent : c’est l’essence-même de MOTORJESUS. Ensuite, les arrangements ont une part importante et, pour ma part, j’essaie aussi d’être le plus concis dans les textes et d’élever aussi mon niveau de chant. Si ce n’est pas le cas, je jette. On veut toujours écrire avec la plus grande liberté d’esprit possible et sans calcul. Juste laisser agir le flow… (Sourires)
– Justement à propos de scène, vous avez déjà commencé les concerts et en plus des salles et des festivals, vous serez aussi dans des plus petits clubs. C’est important pour vous de garder cette proximité avec vos fans ?
Oh oui, vraiment ! On adore jouer dans ces petits endroits, car je pense que MOTORJESUS est définitivement un groupe de club ! On a tout essayé, on a joué dans beaucoup de festivals majeurs comme dans des toutes petites salles. Pour nous, une jauge entre 150 et 250 personnes est la dimension parfaite pour MOTORJESUS. Sur les grosses scènes ou les grands festivals, c’est plus stressant. On a juste une heure pour jouer, il faut se préparer rapidement et remballer aussitôt. Il y a toujours un facteur stress dans ces conditions. Dans les clubs, c’est plus intime et plus calme. Tu as le temps de bien te préparer, les gens sont beaucoup plus proches de la scène et tu peux proposer un set plus long aussi. Il y a une bonne pression et c’est tellement plus Rock’n’Roll surtout ! Oui, c’est la bonne taille pour MOTORJESUS, c’est plus adapté à ce que nous voulons offrir.
– A propos de ce nouvel album, il y a aussi votre changement de label avec un passage d’AFM Records à Reaper Entertainment. Vous aviez besoin de changer d’air ?
Tout d’abord, il y a eu des changements majeurs chez AFM Records en interne et beaucoup de groupes ont quitté le label. Nous avons été de ceux-là et nous avons rapidement trouvé un nouveau point de chute chez Reaper Entertainment. Cela a d’ailleurs été cool que cela se fasse aussi vite. On savait aussi que c’était des gens très impliqués, d’autant que la partie financière n’est pas la plus importante à nos yeux. Nous ne faisons pas ça pour l’argent. On le fait pour le fun, pour l’amour du Rock’n’Roll et du Heavy Metal ! Certes, c’est un bon deal pour nous, mais ce n’était pas la priorité. Le plus important est que les gars de Reaper sont très expérimentés, ils sont vraiment cool et ils ont tous travaillés chez Nuclear Blast en Allemagne. Ils savent donc ce qu’ils font et c’est agréable de se savoir entre de bonnes mains.
– L’année prochaine, MOTORJESUS fêtera ses 20 ans d’existence, fort de sept albums studio, un live et un EP. Quel regard portes-tu sur ce beau parcours?
C’est vrai que le groupe existe depuis 25 ans maintenant. Avant MOTORJESUS, on s’appelait The Shitheads et nous avions sorti un album éponyme en 2006. Donc, l’aventure date de 25 ans environ. On a toujours essayé de faire de bons concerts, de rester proches de nos fans, de parler avec eux après les concerts et de rester connecter. Et c’est quelque chose que l’on tient à continuer à faire. L’objectif est de faire encore des disques et de rester en bonne santé. C’est vraiment ce que nous souhaitons pour les années à venir.
– Et qu’en est-il de la nouvelle génération du Metal allemand ? Est-ce que, selon toi, la relève est assurée ?
En fait, en Allemagne, il y a toujours beaucoup de flux, ça va et ça vient. Globalement, la scène est constante et elle reste très bonne et les gens viennent toujours aux concerts. Depuis la pandémie, il y a aussi un nouveau public, plus jeune aussi qui vient. Tu sais, les parents ici amènent leurs enfants aux concerts et il y a donc un certain renouvellement. C’est vraiment cool, il se passe toujours quelque chose ! Il y a pas mal de gens qui n’avaient jamais entendu parler de nous et qui viennent maintenant nous voir. Ils aiment le côté ‘Comics’ du groupe. Et puis, il y a le gars qui joue Jesus sur scène avec nous et cela amuse vraiment les gens ! Ça marque un peu les esprits ! (Sourires)
– Une question beaucoup plus légère pour terminer : quand on s’appelle MOTORJESUS, on a forcément dû avoir un œil sur le récent conclave au Vatican (l’interview a été réalisée début mai). Que penses-tu du nouveau Pape ? A-t-il l’esprit suffisamment Rock’n’Roll à ton avis ?
(Rires) Je ne sais pas ! Je suis très septique que le fait qu’il soit américain ! Ça me paraît vraiment très étrange, même super étrange ! (Rires) Avec ce nouvel ordre mondial venu des Etats-Unis et de la Russie, c’est vraiment bizarre d’avoir un Pape américain ! Mais, si tu veux tout savoir, je ne m’intéresse pas vraiment aux questions religieuses ! (Rires)
– Mais il faut quand même lui envoyer ce nouvel album !
(Rires) Oui, peut-être ! On va voir ça ! (Rires)
Le nouvel album de MOTORJESUS, « Streets Of Fire », est disponible chez Reaper Entertainment.
Il existe des groupes qui traversent le temps et font fi des modes et des courants avec une désinvolture et une facilité déconcertantes. SAXON en fait partie et leur venue l’an dernier au Hellfest en est la preuve éclatante. Mené par son emblématique et infaillible frontman, il a été magistral de bout en bout en parcourant un répertoire décidemment intemporel pour son douzième album live. Explosifs et jamais rassasiés, les Britanniques ont dynamité le festival avec classe et élégance, comme en témoigne « Eagles Over Hellfest ».
SAXON
« Eagles Over Hellfest »
(Silver Lining Music)
A quelques jours de l’ouverture de la 18ème édition du Hellfest à Clisson, SAXON partage son explosive prestation de l’an dernier, enregistrée le 29 juin juste après celle de Metallica. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Anglais ont mis le feu à la petite cité bretonne, grâce notamment à une setlist bien équilibrée et représentative d’une bonne partie de leur carrière. Les 14 morceaux sont triés sur le volet avec tout de même une belle saveur 80’s pour l’essentiel. Leur meilleure période, cela dit.
Pourtant, c’est avec le morceau-titre de son dernier album, « Hell, Fire And Damnation », que SAXON a entamé les festivités provoquant un premier électrochoc dans le public. Dans la foulée, Biff Byford y est allé d’un sifflement rassembleur sur « Motorcycle Man » pour nous renvoyer 45 ans en arrière. Malgré le temps qui sépare les deux premiers titres du concert, il est presque impossible de les dater. Mieux, la scène leur fait l’effet d’une véritable cure de jouvence. Puis, les classiques s’enchaînent avec une ferveur et une envie palpables.
L’un des exercices les plus périlleux d’un Live n’est pas tant la performance du combo que l’on sait inamovible, mais sa captation. Et sur ce point, « Eagle Over Hellfest » est remarquable. Le mix est irréprochable, l’équilibre entre la foule et le groupe respecté et on se délecte des hymnes qui se succèdent : « Dallas 1 PM », « The Eagle Has Landed », « Demin And Leather », « Wheels Of Steel », avant un final d’anthologie et des versions survitaminées de « Crusader » et « Princess Of The Night ». Inégalable ? Il y a de ça, oui !
A noter que « Eagles Over Hellfest » existe dans une version double-CD avec l’intégralité de « Hell, Fire And Damnation » pour les retardataires.
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Avec beaucoup de fraîcheur, d’humilité et de professionnalisme, PASSENGERS IN PANIC surgit avec un nouvel album, où il semble vraiment avoir trouvé ses marques. L’expérience acquise ces dernières années permet aujourd’hui à la formation hellène de pleinement s’épanouir dans un mix savamment dosé entre son héritage culturel et un Heavy Metal tranchant. Pour autant, « « Amnesia » n’élude pas d’autres pistes et présente une trame narrative profonde et bien sentie.
PASSENGERS IN PANIC
« Amnesia »
(Sleaszy Rider Records)
PASSENGERS IN PANIC joue deux fois sur deux tableaux, ce qui est assez rare. Le premier est celui de la parité, avec une rythmique masculine, et surtout un style qui présente une égalité entre un Heavy Metal assez classique hérité de Maiden notamment, et des éléments musicaux traditionnels grecs essentiellement. Et si le mélange peut paraître étonnant, il est très réussi à l’instar de Skyclad dans une veine celtique. Cinq ans après un premier effort éponyme, le quatuor revient plus fort en s’appuyant sur des certitudes.
Ces dernières années, il a pu s’aguerrir sur scène, surtout à l’Est en République Tchèque et en Roumanie, et cela s’entend. Si le côté progressif se fait moins sentir, c’est que PASSENGERS IN PANIC se montre plus direct et efficace. Il faut dire que le groupe a été très bien accompagné sur « Amnesia ». Aux arrangements, on retrouve Yiannis Manopoulos de Thelemite, tandis que la production est signée Psychon, guitariste de Septicflesh, qui l’a élaboré dans son propre studio et avec beaucoup de soin.
Ce deuxième opus est donc très bien équilibré. Le gainda de Macédoine, le kaval, le laouto, le violon et le daouli font presque jeu égal avec les riffs acérés de Leila Argyri et le chant accrocheur d’Ionna Galani. Le duo basse/Batterie est irréprochable et PASSENGERS IN PANIC a aussi reçu le soutien de Christos Antoniou (Septicflesh) pour les arrangements de « How To Breath », ainsi que celui de l’acteur Yiánnis Tsortékis au chant et à la narration sur « Kaisis » (un morceau traditionnel) et l’excellent « Erase Me ». Un disque riche, consistant et explosif.
Du sang neuf dans un Heavy Metal traditionnel, c’est ce que propose DEAD END IRONY avec ce très bon « Battles And Brotherhood », un album qui marque sa véritable entrée sur la scène européenne. Avec force et sans négliger les détails à travers des arrangements très soignés, le quintet va de l’avant à travers des compositions pertinentes et inventives, qui montrent aussi qu’il connaît et maîtrise parfaitement son sujet. Aucune influence majeure ne ressort ici, preuve d’une originalité et d’une identité musicale claire et affirmée.
DEAD END IRONY
« Battles And Brotherhood »
(Inverse Records)
C’est devenu tellement rare de voir apparaître autant de fraîcheur dans le Heavy Metal de nos jours que ce premier effort de DEAD END IRONY mérite que l’on s’y penche de plus près. Cela dit, les Finlandais, originaires d’Imatra, ne sont pas des débutants, loin de là. Formé il y a une quinzaine d’années maintenant, ils ont patiemment peaufiné leur style et leur jeu, essuyé aussi quelques changements de line-up et la stabilité affichée aujourd’hui débouche sur un travail rondement mené et sur une créativité en pleine ébullition.
Très bien produit, « Battles And Brotherhood » vient se ranger d’entrée dans le haut du panier du Heavy Metal ‘moderne’ sur une dynamique fluide et puissante. Grâce à un frontman solide et qui n’en fait pas trop (Vesa Winberg), un duo basse/batterie (Antti Vainio à la basse et Antti Pekonen derrière les fûts) et deux guitaristes très affûtés (Simo Jokela à la lead et Kristian Valkama à la rythmique), DEAD EN IRONY se dévoile sous les traits d’une formation à la recherche de renouvellement, plutôt que passéisme.
Loin des actuelles effluves Old School et vintage qui refont surface avec plus ou moins de bonheur, le quintet a une vision nette et actuelle du registre qu’il déploie. Bien rentre-dedans, un brin épique, mélodique, tout en restant aussi agressif, DEAD END IRONY accroche l’oreille avec beaucoup de facilité. Entre riffs acérés, solos millimétrés et un chant très personnel, ce premier opus est dense et solide à souhait (« Fight ! », « Patton », « Day Of Reckoning », « Catch My Soul », « Razor Gods »). Souhaitons qu’il prenne la lumière !
C’est dans la lignée de leur podcast du même nom que les auteurs de CHILDREN OF THE SABBATH ont eu l’idée de poursuivre l’aventure dans une version matériel de leur travail. Alors, quoi de mieux qu’un livre, et qui de meilleures que les Editions Des Flammes Noires pour mettre tout cela sur papier et offrir cet essentiel brin d’éternité ? 66 chansons pour plus de cinq décennies de carrière, les dilemmes ont dû être nombreux, mais le résultat est plus que convaincant et toujours aussi bien illustré.
CHILDREN OF THE SABBATH
Guillaume Fleury/Gabriel Redon/Mathieu Yassef
(Editions Des Flammes Noires)
Considéré probablement à juste titre comme les pères du Heavy Metal, et même du Doom en allant plus loin, Black Sabbath a secoué une bonne fois pour toutes le monde du Rock et au-delà un vendredi 13 février (cela ne s’invente pas !) de 1970. Et il n’y a pas seulement dans la ville de Birmingham que la terre a tremblé. Le séisme s’est propagé avec énergie par delà les îles britanniques. Et en tendant bien l’oreille, il résonne toujours 55 ans plus tard chez tous les fans, devenus les enfants de cette formation pionnière, si créative et incontournable.
Bien sûr, résumer Black Sabbath en 66 morceaux, alors que le groupe affiche une vingtaine d’albums, est de l’ordre de l’impossible. Car, même s’il y a de grands classiques, c’est sans compter sur les goûts de chacun qui, eux aussi, alimentent la légende. Et n’éluder aucune période de la très mouvementée carrière des Anglais n’a sûrement pas dû être la plus facile des taches. Car, après l’emblématique Ozzy Osbourne, quelques frontmen de très haut vol se sont succédé, avec plus ou moins de réussite, s’inscrivant eux aussi dans cette grande Histoire.
Si l’on peut dénombrer une bonne dizaine de chanteurs à avoir tenu l’étendard du groupe, ils sont près de trois fois plus à s’être relayés à la basse, à la batterie ou aux claviers. Mais pour l’essentiel, et sans doute aussi pour nos auteurs, le line-up idéal semble celui composé de Tony Iommi (guitare), Geezer Butter (basse), Bill Ward (batterie) et de l’inamovible et incontestable Ozzy. Titre après titre, l’odyssée du combo jaillit comme au premier jour, et on comprend très vite qu’il n’y aura qu’un seul et unique Black Sabbath sur cette bonne vieille Terre.
Le rapprochement entre la bande dessinée et l’univers du Metal et plus largement du Rock est assez évident et coule même de source. Pour preuve, la qualité des pochettes d’albums, notamment celles datant des années 70/80/90, avant l’arrivée du design à outrance et aujourd’hui de l’IA. Cela dit, les deux mondes sont faits pour s’entendre et se compléter. Les Editions Blueman se sont penchées sur le joyau d’IRON MAIDEN, « Piece Of Mind », tandis que Petit A Petit poursuit sa collection de Docu BD avec SERIAL ROCKERS, narrant les frasques de quelques Rock stars.
IRON MAIDEN / SERIAL ROCKERS
Honneur au plus emblématique groupe de Heavy Metal de tous les temps avec un focus sur un disque qui a autant fait parler qu’il a pu séduire par son audace et sa qualité dès sa sortie en 1983. A l’époque de sa parution, peu de gens imaginait que les Anglais d’IRON MAIDEN entreraient dans la légende avec neuf morceaux qui résonnement toujours, 40 ans plus tard. Présenté sous forme d’histoires courtes, on replonge avec délectation dans ce quatrième album de la ‘Vierge de Fer’ au fil de témoignages d’écrivains, d’artistes et de musiciens, dont Bruce Dickinson d’ailleurs. Chacun y va de son interprétation, laissant libre court à un imaginaire personnel, qui offre d’autres visions de cet opus hors-norme. Un précieux document qui continue de révéler ce chef-d’œuvre et qu’il convient, bien sûr, de parcourir en musique !
IRON MAIDEN, « Piece Of mind », Editions Blueman (152 pages – 20€)
Pour SERIAL ROCKERS, l’éventail est bien plus large. Les Editions Petit A Petit ne se contentent pas d’un seul registre musical, ni d’une même époque. Ce nouveau volume de la désormais incontournable collection Docu BD ravive avec malice et humour les méandres des faits d’armes les plus éloquents et improbables de la scène Rock internationale. Certes, il en manque bien quelques uns à l’appel, mais les présents ne sont pas des moindres et les anecdotes relatées ici en image valent leur pesant d’or. Suivant l’adage inhérent au style, il y est beaucoup question de sexe, d’alcool et de drogue et les nombreux dessinateurs s’en sont données à cœur-joie, en restant tout de même plus soft que la réalité de certains de leurs sujets. D’Ozzy à Bowie en passant par Kiss ou Alice Cooper, ces icones flirtent copieusement avec l’extravagance et l’excès dans ce SERIAL ROCKERS haletant et souvent drôle.
SERIAL ROCKERS, Editons Petit A Petit (120 Pages, 21,60€)
Les points communs ne manquent pas entre les deux ouvrages. Tout d’abord, ils ont été réalisés par des collectifs de dessinateurs, offrant aux visuels beaucoup de diversité à travers des changements d’ambiances constants. Ensuite, que ce soit pour IRON MAIDEN ou la pléthore de musiciens évoqués dans SERIAL ROCKERS, ils nous montrent à quel point ce registre, que l’on dit marginal et confidentiel, fait vivre l’Histoire de la musique depuis des décennies. Enfin, il y a quelques mois les Editions Petit A Petit avaient paru un Docu BD très complet sur un autre monument, du Blues cette fois, à savoir ERIC CLAPTON. De son côté, c’est L’ENFER SELON POPPY qui a été mise en avant par les Editions Blueman dans une bande dessinée aussi hybride que désarmante autour de cette artiste Pop, convertie par opportunisme et avec plus ou moins de réussite au Metal.
ERIC CLAPTON IS GOD, Editions Petit A Petit (128 pages – 24,90€)
L’ENFER SELON POPPY, Editions Blueman (160 pages – 20€)
Avec un chanteuse de ce calibre et aussi bien entourée, HANGFIRE ne devrait pas mettre très longtemps à se faire connaître au-delà des frontières de l’Etat de Washington. Avec « Burn », l’entrée en matière est fracassante, tant la qualité est au rendez-vous. Entre une tradition respectée très présente et un élan moderne, l’énergie déployée sur ce premier opus est le signe d’une aventure qui ne fait que commencer. Le Heavy Metal a de beaux jours devant lui.
HANGFIRE
« Burn »
(Rottweiler Records)
Pour un premier album, HANGFIRE frappe fort. Incisif, « Burn » affiche déjà l’essentiel des ingrédients nécessaires et indispensables à un bon disque de Heavy Metal. Passionnés et aguerris, les Américains font certes dans le classique, mais la production et leur ambition font de « Burn » un modèle du genre très contemporain. Pour autant, ils ne font pas du neuf avec du vieux. Au contraire, ils injectent à l’exemple de leurs aînés un souffle vivifiant et le niveau ne trouve rien à redire au regard des formations les plus chevronnées.
Fondé il y a trois ans par le guitariste Sean Searls et le bassiste Steven Tolbeck, ils ont dû patienter jusqu’à leur rencontre avec Shannon Laird (batterie) et Jenea Fiore (chant) pour pouvoir réellement commencer à se mettre à l’ouvrage. Et la connexion a fait des étincelles pour obtenir HANGFIRE, jeune combo de musiciens expérimentés avec de la suite dans les idées. Dynamique et explosif, il fait preuve de beaucoup d’ambition et se montre même impressionnant de précision, de technicité et de feeling.
Et outre la performance instrumentale, l’un des atouts du quatuor est sans aucun doute sa frontwoman, qui possède un panel vocal assez éloquent. Capable d’être franchement Metal sans tomber dans un growl fadasse, elle use de toute sa puissance pour rendre les refrains hyper-accrocheurs sur des lignes parfois plus Rock, mais toujours aussi musclées (« Warhawk », « White Lie », « Hunger », « Fire In The Night », « The Hunter », « Outlaw »). HANGFIRE s’est forgé un son ample et féroce et « Burn » s’annonce n’être qu’un début.
A mi-chemin entre Hard Rock et Heavy Metal, mais solidement ancré dans les années 80, TEASER SWEET évolue dans une torpeur Old School savoureuse et fougueuse. Avec une fraîcheur très actuelle, les Suédois sortent un troisième album, « Night Stalker », accrocheur d’où émane une sorte d’insouciance très entraînante. Aux côtés de son frère Marcus à la guitare, Hampus Steenberg à la basse et Kent Svensson derrière les fûts, Therese Damberg se révèle être une redoutable frontwoman, dont la voix est l’une des forces du quatuor. Entretien avec la chanteuse de ce groupe, qui devrait ravir les fans de Heavy vintage.
– Cela fait déjà dix ans que TEASER SWEET existe et vous sortez aujourd’hui votre quatrième album. A l’époque, quel a été le déclic pour passer d’un groupe qui reprend du Kiss à l’écriture de vos propres chansons ?
Quand on a commencé le groupe, on n’avait pas de matériel personnel, c’est pour cela qu’on jouait des morceaux de Kiss. Mais à la base, on n’a jamais voulu faire des reprises, ce n’était vraiment pas notre objectif. Alors, on a composé nos propres morceaux le plus vite possible. Et c’est vraiment à partir de ce moment-là que tout a vraiment commencé pour le groupe !
– On imagine très bien qu’avec de tels débuts, vos influences se situent dans les années 70 et 80, et d’ailleurs cela s’entend. Vous n’avez jamais été tentés par un style plus moderne, ou est-ce justement pour vous démarquer un peu de l’actuelle scène Metal suédoise ?
On a toujours été attirés par le Metal classique, c’est-à-dire influencé par les années 70 et 80, et qu’on ne retrouve pas dans le Metal moderne. Actuellement, le Metal a un son très numérique et rigide, et ce n’est pas ce qu’on recherche. C’est même tout le contraire ! Nous voulons jouer ce qu’on aime et, bien sûr, on désire aussi développer notre propre son. Pour se démarquer, il faut aussi être soi-même et nous sommes tous d’accord là-dessus. Nous sommes des gens sympas qui aimons la musique et on espère que ça se reflète dans notre façon de composer. On veut que les gens qui nous écoutent se sentent heureux, pleins de vie et prêts à affronter la vie.
– « Night Stalker » marque aussi votre arrivée chez High Roller Records, qui est d’ailleurs un label qui vous correspond parfaitement. Qu’est-ce que cela change pour vous concrètement ?
Nous avons l’opportunité de toucher un public plus large ce qui, espérons-le, nous permettra d’attirer un plus grand nombre de fans et faire aussi plus de concerts que si nous avions à nous en occuper seuls. Nous sommes donc reconnaissants à High Roller Records de nous avoir pris sous son aile.
– D’ailleurs, je trouve que ce nouvel album tranche vraiment par rapport à « Monster ». La production est solide et surtout vos compositions ont pris une nouvelle dimension. Est-ce que, dans un sens, cette signature vous a donné des ailes et fait franchir un nouveau cap ?
Absolument ! On apprend toujours de ses erreurs et on cherche constamment à progresser dans notre musique. Nous avons aussi grandi en tant que musiciens et on a voulu repousser nos limites créatives sur cet album. C’est super d’entendre que tu constates des progrès !
– « Night Stalker » garde aussi un son vintage et une approche Old School très chaleureuse et live. C’était important pour vous de présenter une production si organique, malgré le tout-numérique actuel ?
Absolument. Le son est très important pour nous. Il transmet des émotions et il représente vraiment qui nous sommes. Avec un son numérique moderne, cela aurait été comme bien s’habiller pour une mauvaise occasion.
– A l’écoute de ce nouvel album, les références à la NWOBHM sont évidentes et vous puisez du côté du Heavy Metal comme du Hard Rock. Est-ce que c’est un équilibre que vous avez cherché et souhaité dès les débuts de TEASER SWEET ?
Quand nous créons ensemble, à quatre, le son est là et se créer de manière naturelle. Ce n’est pas un objectif auquel nous aspirons, c’est comme ça que ça se produit. Nous sommes heureux d’être arrivés au point, où nous savons aussi exactement comment nous voulons sonner et, bien sûr, nous sommes influencés par ce que nous écoutons nous-mêmes de notre côté.
– Etonnamment, on ne retrouve pas énormément de similitudes avec des groupes qui ont aussi une chanteuse, en tout cas dans l’intention, même si on peut penser à Warlock, par exemple. « Night Stalker » est un album puissant et volontaire. L’important pour vous est-il de conserver l’image d’un style massif et véloce ?
L’important n’est pas forcément d’avoir un style massif et rapide, même si bien sûr, j’aime les chansons très rythmées. C’est ce que je dis toujours aux autres: jouez plus vite ! Mais il est important d’avoir toujours le bon tempo, et qu’il soit rapide ou non. L’essentiel est qu’il colle à la chanson.
– Il y a beaucoup de force et un côté mélodique prononcé dans ta voix et on pense à Doro, bien sûr, mais aussi à Johanna Sadonis de Lucifer, ainsi qu’à la Canadienne Lee Aaron. J’ai l’impression que c’est plutôt le côté Rock qui t’inspire. Est-ce le cas, et peut-être même ta façon d’apporter une touche féminine à TEASER SWEET, d’adoucir son aspect Metal ?
Il y a toujours de l’inspiration venant des chanteurs talentueux, que ce soient des hommes comme des femmes. Mais je n’essaie pas de ressembler à quelqu’un d’autre. J’avance en fonction de ce que je ressens et de qui je suis. Mais si le groupe avait un chanteur, ça ne sonnerait pas pareil, c’est certain.
– TEASER SWEET est aussi une histoire de famille, puisque tu as fondé le groupe avec ton frère Marcus, qui est guitariste. Comme la combinaison guitare/voix est souvent la base pour composer, est-ce que votre proximité est le point de départ de vos morceaux et de quelle manière prennent-ils vie ? D’abord une ligne de chant, ou un riff ?
Ça commence souvent par un riff sur lequel on construit ensuite, et même parfois les deux : un riff avec une ligne vocale. On s’inspire aussi souvent assez vite des idées de l’autre. Mais parfois, c’est vraiment difficile de décrire le résultat final, du moins pour moi. Je ne suis pas aussi douée que les autres pour jouer d’un instrument, mais le reste du groupe a appris à bien me connaître et à comprendre ma façon d’exprimer ce que je souhaite obtenir.
– Enfin, vous avez un répertoire conséquent avec ce quatrième album. Comment établissez-vous vos setlists et surtout, est-ce qu’une tournée est prévue pour cet été ou la rentrée de septembre ?
Nous choisissons les chansons que nous aimons, ainsi que celles que nos fans adorent. Nous les prenons vraiment en considération et nous incluons souvent d’anciens morceaux. Mais la setlist, qui sera jouée dans les concerts à venir, sera principalement composée de titres de « Night Stalker ». Malheureusement, il n’y a pas encore de tournée organisée, mais nous l’espérons fortement !
L’album de TEASER SWEET, « Night Stalker », est disponible chez High Roller Records.