On vit une époque formidable ! Et c’est même un doux euphémisme lorsque l’on voit à quelle vitesse et surtout dans quelle proportion la médiocrité devient de plus en plus envahissante. Sans remontrer jusqu’au sommet de l’Etat (et de tant d’autres) ou dans les hautes sphères du pouvoir, de la finance ou de l’industrie plus globalement, restons juste dans le domaine de la musique. C’est déjà pas mal… y compris artistiquement.
Je me souviens d’une époque pas si lointaine où l’on parlait du ’monde de la musique’. Aujourd’hui, on dit simplement ‘l’industrie musicale’. Tout est résumé et on pourrait même s’arrêter là. Sauf qu’il reste d’autres petites choses, devenues habituelles, qui me gênent et même m’insupportent. Cela dit, depuis que n’importe qui peut sortir n’importe quoi, il faut plus de monde pour faire passer le mot. Alors, il y a des failles… qui s’accroissent.
Il y a encore peu de temps, un attaché-de-presse savait de quoi il parlait. On était entre passionnés, bien avant l’avènement du marketing. Les interlocuteurs d’aujourd’hui ont bien changé et ont muté en vendeurs et vendeuses. La musique, c’est comme les pâtes et le shampoing finalement. Et donc, ils se sentent obligés de nous expliquer ce que l’on va écouter à grand renfort de ‘FFO’ et de ‘Pour les Fans De’… Des fois que !
On pourrait juste nous dire qu’il s’agit de tel ou tel style, mais non, on a besoin de comparaisons, faute de culture. Comme si on ne savait pas de quoi l’on parle, que l’on était totalement ‘inculturé’ et qu’on avait besoin qu’on nous tienne la main… fermement. Cela dit, certains en ont besoin, c’est vrai. Mais le plus triste, c’est que les groupes indépendants entrent maintenant dans la boucle. Et les rapprochements sont aussi flatteurs que comiques.
Voilà donc où nous en sommes. Alors forcément, je me sens souvent assez seul. On ne parle plus musique avec ceux qui la distribuent, on attend juste le résultat, la publication. D’ailleurs, on peut descendre un artiste sans que son communicant s’en aperçoive. Cet assistanat dans mon travail devient vraiment gênant. Et ce sont les mêmes qui font la promo et la comm’ de tous ces ‘Tribute Bands’ qui se réunissent dorénavant en festival, carrément !
Si l’on considère la musique comme un art, ne doit-on donc pas faire preuve d’un minimum de respect ? Occuper l’espace avec un album comme on place un produit en tête de gondole au supermarché n’est-il pas un peu déplacé ? Surtout lorsqu’on voit que cette même musique ne nourrit plus son homme, un changement d’attitude et de braquet ne serait-il pas bienvenue ? Je garde espoir et c’est pourquoi l’indépendance de Rock’n Force est vitale !
Alors, écoutez avec vos oreilles plutôt que sur l’étiquette. La curiosité est un bien joli défaut !
Rock on !