Révélé au début des glorieuses années 90, le trio avait sacrément secoué le petit monde du Metal où tout était encore possible. Son subtil et virulent mix de Metal Indus et de HxC avait rapidement hissé PRONG au rang des formations majeures. Formé par le sonorisateur et le portier du légendaire club new-yorkais ‘CBGB’, le combo faisait la fierté de la côte est. De multiples changements de line-up plus tard et des années 2000 mal négociées, la flamme s’est atténuée et ce nouveau « State Of Emergency » peine à convaincre.
PRONG
« State Of Emergency »
(Steamhammer/SPV)
La nouvelle génération n’aura sûrement aucun mal à se retrouver dans ce nouvel album de PRONG, mais pour les plus anciens (dont je fais partie), ça risque de s’avérer beaucoup plus compliqué. Pour avoir grandi avec « Force Fed », « Beg to Differ », « Prove You Wrong » et le génial « Cleansing », il est difficile de se reconnaître et de suivre le groupe dans sa nouvelle approche musicale, tant il s’est éloigné de son style d’origine, celui qui a fait sa touche, sa renommée et avec lequel il a acquis son statut de précurseur en bougeant les curseurs dans tous les sens avec une précision chirurgicale.
Car il faut avoir à l’esprit que PRONG est la réunion de trois New-yorkais survoltés, dont le Metal avant-gardiste dans son registre originel mêlait avec une facilité très naturelle le Hard-Core, l’Indus dans un Metal au groove puissant et massif. De la formation du début, il ne reste que Tommy Victor, guitariste et chanteur. Si le leader tient toujours la baraque, on est loin du son si particulier d’antan. C’est vrai aussi que quelques décennies se sont écoulées et c’est sûrement aussi ce qui explique les virages amorcés depuis.
Le frontman est aujourd’hui partagé entre PRONG et Danzig et cela confirme l’impression que l’implication n’est plus la même. Sur l’essentiel de « State Of Emergency », les riffs si reconnaissables sont toujours présents, la voix de Victor est très changeante, mais toujours identifiable, mais pour le reste, c’est un peu le flou. Si la première partie de ce treizième opus envoie du lourd (« The Descent », « State Of Emergency », « Non-Existence » « Light Turns Black »), on note un gigantesque trou d’air entre « Obeisance » et « Compliant » avant de se reprendre sur un « Back (NYC) » plus HxC. Très mitigé.