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Heavy metal Old School

Sunbomb  : back to the roots

Parfois les side-projets permettent aux artistes de s’échapper un temps de leur chapelle musicale et même à l’occasion de revenir à leurs premières amours en se faisant tout simplement plaisir. Cela semble être le cas avec ces deux monuments du Hard Rock américain, Tracii Guns et Michael Sweet. Loin des L.A. Guns et de Stryper, c’est sur un Heavy sombre et massif qu’ils ont jeté leur dévolu et il faut bien avouer que ça leur va bien et qu’ils sont plus qu’à la hauteur de cette nouvelle entreprise. « Light Up The Sky » ravive toute une époque.

SUNBOMB

« Light Up The Sky »

(Frontiers Music)

Avec SUNBOMB, la mention ‘toute ressemblance avec des groupes déjà existants ou ayant existés’ n’a rien de fortuite et prend même tout son sens. Sous l’impulsion du patron de Frontiers Music, Tracii Guns et Michael Sweet se sont réunis il y a quelques années autour d’un projet de Heavy Metal traditionnel pour prolonger, à leur manière, l’héritage laissé par Black Sabbath, Dio, Ozzy ou Judas Priest pour ne citer qu’eux. Et après le très bon «  Evil And Divine » (2021), le duo récidive avec un « Light Up The Sky », tout aussi convaincant.

C’est vrai qu’avec ce groupe, le leader de L.A. Guns et le frontman de Stryper s’éloignent de leur registre habituel respectif, mais ils démontrent avec beaucoup de vigueur et avec le talent qu’on leur connait qu’ils sont bel et bien des guerriers et, si certains en doutaient encore, « Light Up The Sky » est une réponse franchement éclatante. SUNBOMB propose un répertoire très dark et nous propulse directement dans les années 80/90 sur une production actuelle et puissante. Et le plaisir des deux musiciens est palpable.

Tandis que Tracii signe toutes les guitares et la basse, soutenu à la batterie par l’ex-L.A. Guns Adam Hamilton, Michael Sweet donne de la voix et offre un beau contraste avec son groupe, qui vient d’ailleurs de sortir un nouveau single (« End Of Days »). Il y a même un petit côté fétichiste chez SUNBOMB dans sa recherche de l’aspect intemporel du Heavy Metal des origines. De « Unbreakable » à « In Grace We’ll Find Our Name », « Steel Hearts », « Rewind » ou « Scream Out » et « Setting The Sail », cet opus est marqué au fer rouge.

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Hard'n Heavy

The Mercury Riots : so boldly

Avec « In Solstice », c’est un souffle nouveau que vient porter THE MERCURY RIOTS sur le Hard’n Heavy américain incarné à leur belle époque par des formations comme Extreme, Skid Row, voire Dokken et White Lion. A la différence près qu’ici l’ensemble paraît presque revitalisé, réoxygéné, mais sans être forcément réinventé, non plus. Audacieuse et vigoureuse, cette réalisation originelle toute en puissance et accrocheuse va en surprendre plus d’un.

THE MERCURY RIOTS

« In Solstice »

(SAOL)

Enchantés par une prestation enflammée en septembre dernier dans une obscure petite salle du Finistère-Sud, en première partie de vétérans australiens totalement à bout de souffle, les connaisseurs avaient pleinement pu apprécier la fougue et le talent du combo de Los Angeles. Avec un seul single en 2021 (« Save Me A Drink », présent ici) et surtout beaucoup de concerts, THE MERCURY RIOTS présente enfin son premier album et « In Solstice » est une époustouflante réponse aux attentes légitimement placées en lui.

Aguerri par la scène, le quatuor fait des étincelles et a mis toutes les chances de son côté pour réaliser de manière éclatante son premier effort. Pour l’enregistrement, c’est dans les légendaires Armoury Studios de Bruce Fairbairn et chez Bryan Adams au Warehouse que la magie a opéré, et sous la houlette du non moins légendaire Mike Fraser (Ac/Dc, Aerosmith, Metallica) derrière la console. THE MERCURY RIOTS s’est donc donné les moyens avec en prime un mastering signé Ryan Smith (The Black Keys, Greta Van Fleet).

Frais et musclé, le style du groupe doit beaucoup au Heavy californien des 90’s, lequel aurait reçu un furieux coup de boost. Sauvages et virtuoses, Sleaze et mélodiques, les quatre rockeurs font trembler les murs à grands renforts de riffs tranchants et survitaminés. THE MERCURY RIOTS connait la recette, maîtrise tous les rouages et se montre affûté (« Make It », « L.A. Girls »,  « Light It Up », « Scream It Out », « 99 Degrees »). L’entrée en matière est somptueuse et la spontanéité affichée fait vraiment plaisir à entendre.

Photo : Elizabeth Bacher
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Hard'n Heavy International

Euge Valovirta : revival vibrations [Interview]

Pour sa troisième réalisation en solo, le multi-instrumentiste, et surtout guitariste, a vraiment voulu se faire plaisir. Au menu, pas moins de sept chanteurs et amis invités sur des titres taillés sur mesure dans un Hard’n Heavy inspirés des années 80/90, où les références ne manquent pas. Cependant, la production très actuelle de l’ensemble offre un relief étonnant à ce « Hardtones », qui rappelle de belles sensations et de beaux souvenirs d’une époque où la créativité et l’enthousiasme n’avaient guère de limites. Le Finlandais qui nous en dit un peu plus sur sa démarche et cet album.

Photo : Kia Valovirta

– Avec « Hardtones », tu fais un sérieux lifting au Hard’n Heavy des années 80 et 90. C’est une époque que tu regrettes, même si on ne ressent d’ailleurs aucune nostalgie sur l’album ?

Merci, cela fait vraiment plaisir à entendre ! Est-ce que je regrette les années 80 et 90 ? Pas vraiment. Je suis né au milieu des années 70 et j’ai été initié au Rock dans les années 80. C’était une époque incroyable ! J’adore la musique des 80’s et des 90’s, car j’ai grandi avec et je voulais apporter ces vibrations aux années 2020, mais avec un petit lifting, comme tu l’as dit.

– Tu es l’actuel guitariste de Cyhra et tu as également joué dans Shining, Suburban Tribe, Children Of Bodom, Ensiferum, Hevisaurus et d’autres encore. Et ce sont des groupes aux styles très différents. Est-ce que sur « Hardtones », tu as enfin pu jouer la musique qui te ressemble le plus ?

J’ai été membre de Shining et de Suburban Tribe, mais les autres étaient des boulots de ‘mercenaires’. Cela dit, je les aime tous, car j’ai toujours apprécié différents styles de musique, que ce soit en tant que musicien, mais aussi comme auditeur. J’ai toujours joué la musique que j’aime. Et cette fois, j’avais tout simplement envie de faire ce genre d’album. (Sourires)

Euge aux côté de Samy Elbana (Lost Society), qui interprète deux chansons de l’album.

– Tu possèdes ton studio en Suisse où tu enregistres et produis aussi d’autres artistes. Est-ce que c’est aussi là que tu as conçu et réalisé « Hardtones » et comment cela s’est-il passé avec un nombre aussi important de musiciens ?

Oui, j’ai enregistré toutes les guitares et les basses dans mon studio. La batterie a été enregistrée aux Etats-Unis dans le studio de Devin James, qui joue sur tout l’album. Ensuite, tous les chanteurs ont enregistré leurs parties dans leurs home-studios en Finlande et en Suède. Puis, j’ai mixé et masterisé l’album chez moi. Et enfin, Jacob Hansen m’a un peu aidé aussi pour le mastering, surtout pour le vinyle, et tout ça a très bien fonctionné.

– On retrouve sur l’album des chanteurs qui évoluent dans des groupes mélodiques et d’autres plus rugueux, mais tous dans leur registre habituel. Tu n’as pas eu envie de les faire sortir un peu de leur zone de confort ? Cela aurait pu être une expérience différente aussi pour eux…

Pas vraiment, en fait. La raison pour laquelle je voulais ces gars-là, c’est parce que j’aime ce qu’ils font, ou ont fait. Et tu connais le vieil adage : ‘pas besoin de réparer ce qui n’est pas cassé’. (Sourires)

Euge aux côté d’Olli Herman (Reckless Love), interprète du single « Living, Slow Suicide ».

– Ce qui est également étonnant, c’est que « Hardtones » est très homogène avec une réelle unité à travers les onze morceaux. C’était important pour toi de garder la cohérence du style sans trop se disperser ? Et puis, qu’ils soient aussi tous scandinaves et Finlandais pour beaucoup ?

Je suis très content d’entendre ça, merci ! Pour être honnête, je n’y ai pas vraiment pensé. Je suppose que c’est parce que j’ai co-écrit les morceaux avec les chanteurs. Et puis, je joue les aussi de deux/trois instruments sur les chansons, ce qui donne probablement cette unité. En fait, je voulais tout simplement avoir ces gars-là et il se trouve que la plupart d’entre eux sont finlandais.

– Musicalement et notamment au niveau de la guitare, on sent que tu te fais vraiment plaisir. Tu n’as pas été tenté de chanter sur l’un des morceaux ?

Tu as tout à fait raison. J’ai eu tellement de plaisir à faire cet album. Je fais les chœurs sur presque tous les morceaux, mais je ne suis pas suffisamment bon pour interpréter le chant principal. Et comme je te le disais, j’ai aussi tout écrit avec un certain chanteur en tête, et c’est également avec eux que j’ai finalisé l’écriture des titres.

Photo : Kia Valovirta

– Est-ce qu’avec un si bon album entre les mains, tu envisages de le défendre sur scène, même si tu ne parviens pas à réunir tous les guests ?

Nous venons de faire deux concerts pour la sortie de l’album en Finlande et tout le monde, sauf Jake E, a pu y participer. Et c’était génial ! Ce serait super de faire plus de concerts à l’avenir, avec ou sans tous les chanteurs d’ailleurs, mais nous sommes tous tellement occupés avec nos groupes respectifs que c’est assez difficile à organiser. Mais on verra !

– Un mot enfin à propos de Cyhra avec qui tu as sorti « The Vertigo Trigger » l’an dernier. Quels sont les projets du groupe ? Des concerts ou déjà la composition d’un nouvel album ?

Nous avons quelques festivals cet été, puis une tournée scandinave avec Evergrey en septembre-octobre et probablement une autre à travers l’Europe ensuite. Sinon, nous écrivons tous et tout le temps. Je pense que, plus tard dans l’année, nous nous réunirons pour voir ce que nous avons pour le prochain album.

L’album d’EUGE VALOVIRTA, « Hardtones », est disponible chez Gramophone Records/Warner Records Finland.

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Rock US

Bon Jovi : ad vitam æternam

Garant d’un Rock US né dans les années 80 et devenu intemporel, BON JOVI est l’un des très rares groupes à avoir traversé presque toutes les époques sans trop d’encombres, jouant des coudes sereinement avec la vague Grunge, puis celle du Rock Alternatif. Et c’est probablement en restant fidèle à ce style inimitable et un songwriting efficace et rassembleur qu’il est devenu cette icone indétrônable. Avec « Forever », ce n’est pas une recette qu’il applique, mais juste un savoir-faire et sa vision du Rock américain qu’il met en œuvre. L’ensemble est plutôt entraînant et joyeux, le reflet d’un artiste accompli et libre.

BON JOVI

« Forever »

(Island Records)

Comme de coutume, les grincheux qui s’ennuient ne manqueront pas de cracher tout ce qu’il leur reste de fiel sur ce nouvel et seizième album de BON JOVI, une institution pourtant outre-Atlantique et où l’on n’oserait même pas imaginer lui manquer de respect. Mais ça, ce n’est pas chez nous, de ce que j’ai déjà pu en lire. Rappelons tout de même qu’en 40 ans de carrière, c’est plus de 130 millions de disques écoulés et tout un pan du Rock US bâti pour durer. Alors, « Forever » est peut-être très ‘mainstream’, certes, mais c’est plutôt une bonne nouvelle, car cela officialiserait le fait que les gens écoutent enfin de la vraie musique !

Bref, trêve de bistrot, on pourra aussi se lamenter sur l’absence de Richie Sambora (depuis plus de 10 ans quand même !) et quand on aura dit ça, on constatera que BON JOVI fait toujours du BON JOVI… Un comble ! Cela fait tout de même quelques décennies que le chanteur du New Jersey n’a plus rien à prouver et, malgré une intense chirurgie reconstructive des cordes vocales en 2022, il donne toujours le change et plutôt bien. On n’attend pas que « Forever » vienne renverser la table pour, tout à coup, présenter autre chose que ce qu’il fait déjà très bien. A 62 ans, le réveil serait un peu tardif.

Le sentiment qui domine ici, c’est que le frontman semble réellement rendre hommage à sa belle et longue carrière, puisque les clins d’œil ne manquent pas. Une façon aussi peut-être de retrouver des sensations passées et qui devraient ravir celles et ceux qui ont grandi avec ses premiers albums (et pas en les découvrant 20 ans après !). Et cette petite nostalgie latente n’est pas désagréable et donne même le sourire (« Legendary », «  We made It Look Easy », « Living Proof » et sa talkbox, « The People’s House », « Walls Of Jericho » et le contemplatif « Hollow Man »). Si seulement, il y avait plus de BON JOVI dans ce bas monde…  

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France Heavy metal Old School Speed Metal

ADX : inoxydable et affûté [Interview]

Dans quelques jours maintenant sortira « L’Empire Du Crépuscule », le douzième album d’ADX. Véritable légende du Metal hexagonal, le quintet se réinvente depuis quelques années, tout en préservant un son un brin vintage sur des productions très modernes. Un mix qui fait toujours son effet et qui permet au quintet d’envisager sereinement l’avenir. Entre Speed et Heavy Metal, cette nouvelle réalisation se veut véloce et accrocheuse, preuve que le combo reste une locomotive du registre en France. Batteur et membre fondateur, Didier ‘Dog’ Bouchard nous parle de la conception de « L’Empire Du Crépuscule ».  

– La dernière fois que nous nous sommes parlé, c’était il y a trois ans pour la sortie d’« Etranges Visions ». Tout d’abord, comment l’album avait-il été accueilli par vos fans et comment les concerts qui ont suivi se sont-ils déroulés ?

« Etranges Visions » a eu un accueil excellent. Depuis le temps que les fans attendaient cet album en français, on devait répondre présent et surtout faire un produit qui redonne un nouveau souffle à « Weird Visions ». Concernant le retour lors des concerts, on peut dire que la sauce a redonné du goût à ce projet. Ce n’était pas gagné, mais on l’a fait.

– Pour rappel, « Etranges Visions » est la version française de « Weird Visions », votre seul album en anglais sorti en 1991. Beaucoup l’attendait donc avec impatience. Alors, est-ce que justice a été rendue ? 

« Weird Visions » a toujours été un sujet de polémique. Il faut, il ne faut pas, c’est le moment, ce n’est pas le moment, bref, il y avait quand même une grosse attente des fans, qui n’avaient pas apprécié notre approche de la langue anglaise. La période Covid nous a permis de bosser sur cette nouvelle version et justice est faite.

– Donc si votre précédent album avait quelque chose de spécial, celui-ci est entièrement original. Comment avez-vous abordé sa composition, au niveau de la musique comme des textes, puisqu’ils ne sont pas des adaptations cette fois ?

En ce qui concerne les compos du nouvel album, on a procédé comme d’habitude. J’adore composer et proposer aux autres membres ce qui me passe par la tête, mais attention si c’est de la merde c’est poubelle. Disons que j’amène l’esquisse et les autres mettent les couleurs, c’est identique pour les textes, mais là, le boulot se fait souvent avec Phil (Philippe Grelaud, chant – NDR). Malgré les changements de line-up, nous avons toujours dans ADX des musiciens de talent et à l’écoute de « L’empire Du Crépuscule », on sent que la magie est toujours là.

– Comme toujours, « L’Empire Du Crépuscule » est musclé et toujours aussi moderne dans le son, malgré une touche Old School qui reste votre marque de fabrique. Et à ce sujet, c’est à nouveau Francis Caste qui a mis en forme votre puissance sonore. C’est le cinquième album que vous faites ensemble et on a vraiment le sentiment qu’il ne saurait désormais en être autrement. C’est aussi votre conviction ? Il fait partie de la famille ?

Francis a compris avec nos albums la direction à prendre. Il est facile, intelligent et le mélange entre le Old School et l’actuel donne une couleur très punchy. Il fait partie de la division, c’est un pilote.

Didier ‘Dog’ Bouchard, batteur et fondateur d’ADX

– Ce douzième album est très fluide et véloce. Vos deux guitaristes s’en donnent à coeur-joie et la rythmique bastonne. On a le sentiment qu’ADX est véritablement ancré dans une nouvelle phase avec une évolution qui conserve aussi son ADN. C’est toujours un challenge pour vous de rester actuel, tout en gardant cette saveur 80’s/90’s, ou plus du tout ?

ADX ne veut pas être largué. Il y a tellement de groupe talentueux qu’il faut être fort et toujours dans le coup. Même si nous avons cette griffe des années 80/90, nous essayons d’évoluer et de faire un mélange des saveurs, qui peut donner un bon album sans que l’on s’emmerde. Nous avons notre style, mais il faut également le peaufiner.

– J’aimerais qu’on dise aussi un mot de cette très belle pochette, signée Stan W Decker. Derrière cette ambiance très ‘historique’, on peut aussi y déceler beaucoup de symboles très contemporains. Quel a été le ‘cahier des charges’ et surtout qu’elles étaient vos intentions ?

Pour la cover de l’album, l’échange avec Stan Decker s’est fait simplement. Nous lui envoyons les idées et lui rajoute ses délires. C’est un artiste doté d’une grande simplicité et quel plaisir d’échanger avec lui. Pour « L’Empire Du Crépuscule », nous voulions montrer un pouvoir qui s’accroche, mais qui s’écroule. Il y a sans cesse des mouvements, des révolutions dans l’Histoire de France et malheureusement, nous sommes en plein dedans.

– D’ailleurs, c’est un peu la même chose au niveau des textes. Les titres des morceaux ont un reflet très XVIIIème siècle et ils le sont sous certains aspects. Cependant, si on lit entre les lignes, le contenu est très actuel et on a presque l’impression que vous dépeignez le climat actuel. Ce double-langage a quel objectif ? Rester toujours aussi engagé et revendicatif, tout en racontant des histoires ? 

ADX a toujours eu dans les textes ce coté ‘historico-fantastique’. Nous aimons raconter des choses sur l’Histoire, qui ne sont pas dévoilé à l’école, parce que trop dérangeantes. Et si nos paroles actuelles se rapprochent de ce que l’on vit en ce moment, c’est effectivement questionnant.

– Au-delà du message, « L’Empire Du Crépuscule » est véritablement taillé pour la scène avec des refrains fédérateurs et efficaces. C’est quelque chose de constant chez ADX. C’est une sorte de leitmotiv depuis toutes ces années ? Quelque chose que vous avez toujours dans un coin de la tête ?

Pour nous, les concerts restent un échange avec le public. C’est une fête que nous devons partager ensemble, nous cherchons toujours dans de nos compositions le refrain qui restera en tête. C’est très important, car entendre chanter tes chansons te donne toujours ce frisson qui te dit : voilà ça fonctionne.

– Pour « Etranges Visions », vous étiez toujours autoproduits avec une distribution par Season Of Mist. Cette fois, vous êtes sur un label, Verycords, qui compte aussi de nombreux groupes français à son catalogue. En plus du soulagement que cela doit procurer, j’imagine que c’est ce que vous attendiez pour peut-être aussi franchir un palier dans cet océan de sorties de disques que l’on voit, et subit, aujourd’hui, non ?

Nous avions déjà bossé avec Verycords et certaines personnes à l’époque avaient eu l’idée que nous pouvions rouler tout seul sans l’apport d’une maison de disques. Nous avons fait quelques albums en autoproduction, mais c’est un boulot énorme. Il faut une équipe pour faire tourner tout ça et nous sommes avant tout des musiciens. Tout n’était pas gagné quand nous avons tapé à la porte de Verycords. Franchement, c’est un soulagement, après toutes ces années, de pouvoir enfin se consacrer à faire de la musique et laisser faire les pros.

– Enfin, un petit mot au sujet des concerts à venir et de cette époque des festivals qui arrive aussi. Quel est le programme ? Avec un tel album, vous devez être sacrément motivés et impatients, non ?

Nous sommes très impatients de monter sur les planches pour balancer notre setlist. Des choses se mettent en place. Nous avons Metallian Productions qui s’occupe de nos affaires et une tournée est en préparation, mais pour l’instant ça se met en place. Et nous avons hâte, vraiment hâte…

« L’Empire Du Crépuscule » d’ADX est disponible chez Verycords.

Retrouvez l’interview du groupe à l’occasion de la sortie d’« Etranges Visions » :

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Dark Metal International Occult Rock

Saturday Night Satan : dark feelings [Interview]

Façonné autour de la chanteuse Kate Soulthorn et du multi-instrumentiste et compositeur Jim Kotsis, SATURDAY NIGHT SATAN est apparu il y a peu sur la scène athénienne et entend bien s’étendre au-delà. Entre Rock et Metal et dans une thématique occulte pleine d’ésotérisme, le duo joue sur le contraste entre des ambiances volontairement vintage et des compos très actuelles. Et en ce sens, « All Things Black » est un premier album aussi surprenant que très réussi. Entrainant et mélodique, l’équilibre est trouvé, ce qui a récemment poussé les Grecs à investir la scène. Entretien avec le guitariste et bassiste Jim Kotsis.

Photo : Petros Poulopoulos

– Votre premier album, « All Things Black », est sorti récemment. Il est le fait de ta collaboration avec Kate Soulthorn, la chanteuse. De quand date le début du projet et quel a été le déclencheur pour vous deux ?

Par une charmante nuit de printemps, au milieu de la quarantaine pandémique du Covid-19, j’ai commencé à réfléchir à un projet de Rock Occult. Le nom et l’idée du groupe me hantaient déjà, mais je n’avais jamais réussi à le concrétiser. Et malgré quelques tentatives infructueuses, je n’avais pas abandonné. Kate avait mentionné à plusieurs reprises vouloir faire de la musique ensemble et ce soir-là, j’ai finalement eu le déclic. Il fallait le faire tous les deux. Elle est devenue ma muse et moi, son mentor. Ensemble, nous avons combiné nos efforts et nos âmes et ainsi, SATURDAY NIGHT SATAN est né !

– Au départ, SATURDAY NIGHT SATAN devait rester un projet studio, a priori sans concert, ce qui aurait d’ailleurs été dommage. Qu’est-ce qui vous a poussé à aller de l’avant, à changer vos objectifs et à en faire un groupe à part entière ?

Eh bien, il y a un dicton qui dit quelque chose comme ‘l’appétit vient en mangeant’. Riff après riff, chanson après chanson et avec Kate poussant dans la même direction, j’ai commencé à y réfléchir sérieusement. Et puis, j’ai eu l’occasion de faire écouter le disque avant sa sortie à quelques personnes clés de la scène locale. Ainsi, juste après la sortie des deux premiers singles, les premières offres de concerts ont commencé à arriver. Cela nous a semblé être l’occasion idéale de partager notre musique. Alors, nous avons pris notre courage à deux mains pour contacter des amis et des musiciens talentueux pour former le groupe. Le reste appartient à l’histoire.

Photo : Petros Poulopoulos

– D’ailleurs, parlons de « All Things Black », qui est très bien produit et qui bénéficie aussi d’un son très organique. Dans quelles conditions a-t-il été réalisé, car les arrangements notamment sont très soignés ?

Nous avons composé les chansons et écrit les paroles avec tout notre cœur. Kate a contribué aux mélodies vocales, parfois avant, parfois après la mise en place des riffs de guitare et des structures des chansons. Ensuite, je me suis occupé des arrangements et des structures. A ce moment-là, j’ai pris ce qui s’est avéré être la meilleure décision : confier à mon ami de longue date et membre du groupe ‘Black Soul Horde’, John Tsiakopoulos, les tâches de production, de prises de son et de mixage de l’album. Après quelques discussions et quelques expérimentations, nous avons obtenu le son souhaité sur tous les instruments. Le processus d’enregistrement a ensuite suivi un cheminement classique. Une fois que John a eu fini de mixer (et il a fait un excellent travail), nous avons confié l’album au plus haut niveau c’est-à-dire à Brian Lucey, qui a également masterisé « Meliora » de Ghost, entre autres. Son travail terminé, nous savions que nous avions réussi à donner vie à notre vision de départ. Pour moi, c’est une réussite à 100% et j’espère que d’autres l’apprécieront aussi.

– Musicalement, SATURDAY NIGHT SATAN penche un peu plus sur le Metal, en conservant un côté très Rock et il traverse plusieurs décennies dans les influences comme dans les sonorités. Ce sont autant de mouvances qui ont forgé votre identité artistique, puisqu’on y perçoit des choses très 70’s et d’autres plus actuelles ?

Je crois que cela résume bien l’essence de notre son. Tu peux y trouver des influences vintage, mais tout est filtré à travers un prisme moderne, lui donnant une ambiance fraîche et pertinente. Personnellement, et je pense pouvoir parler au nom de Kate à ce sujet, j’apprécie la musique de toutes les décennies et de tous les genres. Bien que je sois un fan de Heavy Metal, j’aime également Blue Öyster Cult, Megadeth, Rush, Darkthrone et John Carpenter. Après tout, que serait la vie sans diversité ?

Photo : Petros Poulopoulos

– Justement, on assiste depuis quelques temps déjà à une vague vintage avec des groupes comme Lucifer notamment, qui partage aussi votre univers. Vous vous reconnaissez dans ce mouvement, et comment expliquez-vous ce regard musical vers les groupes pionniers ?

Je peux bien sûr identifier notre esthétique au sein de ce mouvement. Il est évident que des groupes comme Lucifer, Jess And the Ancient Ones, The Devil’s Blood, In Solitude et des pionniers plus anciens comme Arthur Brown, Coven et Black Widow ont grandement influencé la création de SATURDAY NIGHT SATAN. Cependant, je nous considère bien plus qu’un simple groupe de Rock/Metal occulte. Alors que les gens sont attirés par les groupes de cette scène spécifique en raison de leur esthétique et de leur appréciation croissante pour les vibrations vintage, je pense que le groupe va devoir évoluer. Nous devons explorer de nouvelles directions, permettre à des influences plus diverses de façonner notre son et nous forger notre propre identité. Je ne pense pas que le monde ait besoin d’un autre clone de Black Sabbath. Je veux que nous transcendions cela pour devenir quelque chose de plus fort dans le futur.

– Vous évoluez dans un univers occulte, qu’il soit Metal ou Rock, on l’a dit. D’où tirez-vous vos inspirations ? Plutôt dans ce qu’il y a de plus moderne comme le cinéma ou la littérature ? Car on sait aussi que la Grèce est une terre de légendes, qui peut apporter beaucoup d’influences dans le domaine…  

Lorsque tu arrives sur des sites comme Delphes, l’Achéron, l’ancienne Épidaure ou même le Parthénon, c’est évident que la Grèce était autrefois une terre de grandeur et d’ésotérisme profond. Ces lieux dégagent une énorme quantité d’énergie, qui inspire notre esthétique et notre façon de penser depuis des années. Naturellement, nous sommes fans de littérature occulte et aficionados de cinéma d’horreur. La fusion de ces influences, combinée à des années d’écoute des pionniers du proto-Metal, a façonné ce que nous sommes. Si on plonge dans notre passé, il n’est pas surprenant que nous ayons finalement créé SATURDAY NIGHT SATAN.

Photo : Petros Poulopoulos

– Revenons à l’album, où ce sont vraiment le chant et les guitares qui prédominent. Il y a d’ailleurs un énorme travail sur ces dernières. C’est ce qui a servi de base pour les morceaux, car le nombre de riffs est incroyable et les solos ne sont pas en reste, non plus ?

Je crois fermement en une musique axée sur les riffs plutôt que sur le chant, mais dans ce projet, nous visions à mélanger les deux éléments. Et je pense que nous avons atteint cet objectif. Ce qui est intéressant aussi, c’est que je joue habituellement de la basse, mais pour cet album, j’ai assumé pour la première fois des fonctions de guitariste pour m’assurer que le son correspondait à ma vision. En ce qui concerne les solos, je ne me sentais pas à la hauteur de la tâche, alors j’ai demandé l’aide de mon ami et talentueux musicien et producteur, Akis Pastras (connu pour son travail avec Dexter Ward, Nightfall et en tant qu’ancien membre de On Thorns I Lay, entre autres). Et sa contribution est phénoménale ! Je suis vraiment satisfait du travail et du son de la guitare, même si je reconnais que je n’ai jamais été, ne suis pas et ne serai jamais un grand guitariste, car cela exige un ensemble de compétences spécifiques qui me manque.

– Un mot aussi sur le chant de Kate, qui est réellement envoûtant et parfaitement mis en avant. Si on reconnait aisément certaines références, il est pourtant très personnel. Est-ce que les parties musicales ont été adaptées à ses lignes vocales, ou c’est plutôt l’inverse qui s’est produit en l’incitant à s’adapter à des mélodies préexistantes ?

Kate s’est souvent plainte que certaines chansons ne convenaient pas à sa voix. Alors, à plusieurs occasions, je lui ai permis de commencer avec la mélodie qu’elle souhaitait, puis j’ai construit la chanson autour. Certaines comme « All Things Black » et « Of Love And The Void », ont été créées de cette façon. Je pense que Kate a vraiment amélioré son chant sur cet album et cela l’a aidée à trouver son propre style. Elle a été beaucoup influencée par la musique des années 90, ce qui est logique puisqu’elle a grandi à cette époque. On pourrait peut-être penser que cela aurait été difficile pour elle de s’intégrer, mais en réalité, cela fonctionne très bien. J’en suis heureux et surtout qu’elle ne soit pas simplement une autre ‘voix féminine rock’ de plus. Elle a vraiment quelque chose de spécial.

Photo : Petros Poulopoulos

– A l’écoute de « All Things Black », il n’est pas compliqué de deviner que vous êtes tous les deux des musiciens chevronnés, d’ailleurs issus de l’underground d’Athènes. Jim, tu joues avec le groupe Black Soul Horde, et qu’en est-il de Kate ? Et est-ce que SATURDAY NIGHT SATAN est pour vous deux l’occasion de faire vraiment ce que vous aimez, sans peut-être les contraintes d’un collectif plus important ?

C’est exactement ça et je suis ravi que tu l’aies perçu ! Ce groupe nous donne à tous les deux une grande liberté de création. Nous faisons ce que nous voulons, quand nous voulons. C’est quelque chose qu’on ne peut pas toujours réaliser dans un groupe de quatre ou cinq musiciens. Cependant, nous ne sommes pas de grands fans du concept ‘musicien de session’ pour autant. Nous voulons que toutes les personnes y voient une forme d’expression. Après toutes ces années, nous commençons enfin à trouver un équilibre dans ce processus. Kate a travaillé avec des groupes de reprises toute sa vie et a récemment dirigé un groupe de d’Alternative Rock. Personnellement, je suis actif sur la scène underground locale depuis environ 20 ans. Cela n’a pas toujours été facile, mais cela m’a donné l’expérience dont j’avais besoin pour faire partie d’un projet musical mature comme SATURDAY NIGHT SATAN. Pour l’instant, je suis vraiment content de là où nous en sommes et j’espère que cela continuera ainsi à l’avenir.

– Enfin, j’aimerais que l’on parle de la scène, puisque vous avez franchi le pas. Finalement, SATURDAY NIGHT SATAN doit prendre toute sur ampleur en concert, non ? L’idée d’un simple projet studio doit vous paraître bien lointaine aujourd’hui ? Et qui vous accompagne en live et constitue le reste du groupe ?

Eh bien, il y a beaucoup de gens qui nous disent que nous sonnons mieux sur scène que sur disque. Mais pour moi, le plus difficile est d’essayer de ressembler à l’album. Si beaucoup de personnes qui viennent à nos concerts ont écouté l’album, il faut qu’on réponde à leurs attentes, non ? Je ne dirais pas que le concept de projet de studio semble lointain. Je crois que c’est une situation qui change constamment, et à mesure que les conditions changent, notre opinion à ce sujet peut également changer. Mais pour l’instant, je souhaite que nous fassions beaucoup de concerts et que nous diffusions notre musique le plus possible. C’est notre objectif aujourd’hui ! Actuellement, notre groupe live comprend le batteur Marios Ioannou (qui joue également de la batterie sur l’album), le guitariste Fotis Karaoglanis (qui a participé à certains projets avec moi par le passé), le guitariste Spyros Georgantas (également dans l’incroyable groupe The Vulcan Itch) et le claviériste Theo Foinidis, qui est toujours occupé avec de nombreux projets, mais qui est aussi la personne la plus calme du groupe. Nous sommes plus qu’heureux d’avoir ces gens extraordinaires à nos côtés !

L’album de SATURDAY NIGHT SATAN, « All Things Black », est disponible chez Made of Stone Recordings.

Retrouvez aussi la chronique du disque :

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Hard'n Heavy

Sebastian Bach : really back !

C’est en s’isolant tous les quatre dans la même maison en Floride et en bénéficiant à l’envie du studio de leur producteur que SEBASTIAN BACH et ses musiciens ont élaboré ce très bon « Child Within The Man ». Une très bonne idée pour un résultat vraiment à la hauteur. Frais, dynamique et solide, ce nouvel opus du légendaire frontman est exactement ce qu’on attendait de lui depuis des années. Enthousiasmant, vif et plein d’émotion, il se surpasse et s’épanouit vraiment.

SEBASTIAN BACH

« Child Within The Man »

(Reigning Phoenix Music)

Après le récent départ du Suédois Erik Grönwall de Skid Row, on aurait pu penser que les planètes étaient enfin alignées pour que SEBASTIAN BACH retrouve ‘son’ groupe. C’est finalement la chanteuse Lzzy Hale de Halestorm qui prend pour le moment le relais. Mais à l’écoute de « Child Within The Man », c’est franchement une joie de constater que le chanteur est au meilleur de sa forme et qu’en solo, il surclasse sans peine ses anciens camarades de jeu sur ce superbe album. Aucun regret, donc, bien au contraire.

C’est vrai qu’il aura fallu attendre dix ans depuis « Give ‘Em Hell » pour qu’il nous livre de nouvelles compos. Espérons aussi qu’il tourne enfin la page, même s’il est le principal artisan du succès de son ancienne formation, devenue un cover-band. Aujourd’hui, SEBASTIAN BACH offre un opus Hard’n Heavy moderne et addictif que la production de Michael ‘Elvis’ Baskette (Alter Bridge, Mammoth WVH) rend brillant à plus d’un titre. La puissance vocale et le plaisir sont intacts sur ce très bon « Child Within The Man ».

Superbement accompagné par Devin Bronson (guitare), Todd Kerns (basse) et Jeremy Colson (batterie), SEBASTIAN BACH est aussi inspiré qu’irréprochable au chant. Le combo enchaîne les morceaux avec une fluidité incroyable. Et il accueille aussi quelques amis qui dynamisent l’ensemble : John 5 (« Freedom »), Steve Stevens (« F.U. »), Orianthi (« Future Of Youth ») et Myles Kennedy qui a co-écrit « What Do I Do To Lose ». Entre chansons musclées et power ballades, la prestation est robuste et plus que conforme aux attentes. Un retour en force !

Photo : Jim Louvau
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Alternative Rock

Thadeus Gonzalez : l’éloquence faite Rock

Tout en émotion, THADEUS GONZALEZ ne ment pas. Depuis ses débuts, c’est à travers un Rock sans frontière, où il se joue des genres, qu’il nous invite à le suivre dans une sorte d’état des lieux ou de constat d’une société dans laquelle ses sentiments surgissent avec une vivacité dont peu de groupes font preuve aujourd’hui. « Street Fights Are Starting Hurt » est assez emblématique de notre époque et musicalement la maîtrise est telle qu’il est impossible de ne pas s’y retrouver.

THADEUS GONZALEZ

« Street Fights Are Starting To Hurt »

(Independant)

Auteur du très bon « Opposite Faces » il y a trois ans, THADEUS GONZALEZ poursuit sa trajectoire à travers un Alternative Rock très personnel mâtiné de sonorités Hard Rock 90’s, de quelques ambiances post-Punk écorchées et surtout autour d’un songwriting toujours aussi authentique. Compositeur et parolier, le Californien peaufine avec « Street Fight Are Starting To Hurt » ce qu’il avait entrepris précédemment et le volume affiché aujourd’hui est très largement à la hauteur des attentes.

Ce qui est remarquable chez THADEUS GONZALEZ, c’est qu’il compose toujours avec une guitare acoustique, ce qui confère à ses chansons une touche très vivante et sincère. Les vibrations qui animent ce quatrième album sont intenses, et il fallait bien ça pour mettre en exergue des textes souvent poignants. Ici, l’énergie est constante, jusqu’à devenir le leitmotiv du chanteur qui ne ménage pas ses efforts et qui nous rend même complice et témoin de ses morceaux (« Street Hurt », « The Aura Of Gospel », « Tussle »).

Attachant au possible, THADEUS GONZALEZ se livre dans une formule finalement assez épurée en guitare/basse/batterie, sans effets de manche, et en restant direct et très efficaces. Il y a beaucoup de vérité dans la musique et dans la voix de l’artiste d’Oakland, ça sent le vécu ! Entraînant (« Super Rough Breakdown »), plus intimiste (« My Friends Are All Crazy », « The Fête One »), sombre (« Black Eye On A Tiger ») et fédérateur (« Tell Me What You Want »), il nous embarque dans un univers sensible. Une belle réussite… encore !  

Retrouvez la chronique de l’album précédent :

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Rock Rock/Hard

Gun : des fondamentaux retrouvés

Robuste et élégant, GUN fait un retour où on le retrouve tel qu’il est resté ancré dans nos mémoires. Les Ecossais renouent avec l’ADN de leur Rock si brut et efficace. Sans faire réellement partie du mouvement Hard Rock et encore moins Metal, le groupe s’y frotte comme pour mieux appuyer là où ça fait du bien. Mais ce sont les refrains, les accords majestueux de guitare qui font et qui ont d’ailleurs toujours forgé son identité. « Hombres » rayonne comme au premier jour et on peut même ressentir un plaisir intact.  

GUN

« Hombres »

(Cooking Vinyl)

Sept longues années après « Favorite Pleasures » et alors qu’il s’apprête à fêter ses 35 ans d’existence, où il aura presque tout connu, GUN nous revient avec un album qui devrait ravir les fans de la première heure. Depuis son renouveau en 2008, après le départ de son chanteur Toby Jepson, « Hombres » est probablement le disque le plus réussi et vivifiant de la formation écossaise. Toujours emmenée par les frères Gizzi, Jools à la guitare et Dante derrière le micro, elle semble même avoir trouvé un nouveau souffle.

Arborant toujours cette touche 90’s qui le rend si identifiable, GUN continue de déployer un style très personnel entre Hard Rock et Rock sauvage. Et ce ‘Rock Hard’ garde aussi une saveur propre à l’Ecosse, un son presqu’indescriptible, mais si perceptible. Le quintet accueille aussi dans ses rangs le guitariste Ruaraidh Macfarlane, qui fait beaucoup de bien à ces nouvelles compos, grâce à des riffs costauds et des solos hyper-Rock très bien sentis (« Boys Don’t Cry »). Le combo est de nouveau sur de bons rails et cela s’entend.

Jouant littéralement sur des mélodies addictives, GUN nous entraîne dans ce « Hombres », qui ne manque pas de jus et qui a conservé cette force qu’il entretient depuis ses débuts (« All Fired Up », le vrai-faux live « Take Me Back Home »). A l’image de ses concerts, ce nouvel opus est d’une authenticité sans faille. Il y a quelques soupçons de Glam Rock (« Fake Like »), quelques notes bluesy « « You Are What I Need »), des instants fédérateurs (« A Shift In Time ») et du Rock pur et dur (« Never Enough », « Lucky Guy »). Déjà un classique !

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Concerts Dungeon Synth

Dark Dungeon Festival II : le saint du Synth

Les 12 et 13 avril derniers se tenait au château d’Avouerie à Anthisnes, près de Liège en Belgique, la deuxième édition du DARK DUNGEON FESTIVAL. Entièrement dédié au Dungeon Synth, l’évènement a rapidement affiché complet dans ce lieu aussi énigmatique que les artistes qui s’y sont produits. Je l’avoue humblement, j’ai avancé un peu dans l’inconnu, mais non sans enthousiasme et mon habituelle soif de découverte. D’ailleurs, comme pour me rassurer, un membre de l’organisation me confiait que nous étions ici ‘dans la niche des niches’ ! Alors, plutôt qu’un banal ‘live report’, je vais plutôt vous livrer quelques explications, ainsi que mes sensations sur ce style assez atypique et cette ambiance très attachante également. 

Azgirath The Metal Statue

Les puristes ne m’en voudront certainement pas, mais comme nous sommes plusieurs à ne pas, ou très peu, connaître le Dungeon Synth, quelques précisions s’imposent d’autant qu’elles ont été recueillies auprès de spécialistes et de fans, qui se sont d’ailleurs faits une joie de m’initier. Et le plus troublant est que toutes les versions se recoupent dans les moindres détails. Apparu donc au début des années 90 et surtout par le biais d’artistes issus du Black Metal, le style est essentiellement électronique, même s’il dégage des atmosphères étonnamment organiques. Inspiré de la littérature Fantasy et de la tradition païenne avec des thématiques souvent folkloriques et ésotériques, le Dungeon Synth trouve aussi racine dans l’univers de Tolkien comme dans celui de ‘Donjons & Dragons’, avec une touche de médiéval.

Inutile de préciser que le château d’Avouerie était le lieu tout indiqué pour ce deuxième épisode du DARK DUNGEON FESTIVAL, certes très dark, mais toujours très bienveillant. Sourire de mise donc, et tenues noires exigées. Mais qu’en est-il musicalement ? Du Black Metal ? Non, pas vraiment. Nous sommes plutôt dans un mood assez soft et parfois presque contemplatif, sauf pour les Allemands de Gothmog, qui ont franchement secoué l’assemblée. Il faut imaginer que le Dungeon Synth est né de l’inspiration des musiciens qui créent les intros, les outros et les interludes d’albums de Black Metal notamment. Et on y retrouve aussi des ambiances propres à l’Ambient, au Synthwave, à la New-Wave et en cherchant bien quelques effluves New-Age se dégagent aussi. Pourtant, loin d’être franchement planant, c’est au contraire très envoûtant, voire hypnotique.

Le château d’Avouerie

Et quid de l’affiche de cette édition 2024 ? Selon le public, on a atteint des sommets, tant dans la variété que dans la qualité des artistes présents, qui s’inscrivent dans le haut du panier du genre. Alors, pour n’oublier et ne froisser personne, étaient présents : Mortiis (Norvège), Bataille (France), Depressive Silence (Allemagne), Dim (Etats-Unis), Gothmog (Allemagne), Henbane (Danemark), Hyver (France), Malfet (Etats-Unis), Mørke Og Lys (Grèce), Sombre Arcane (Etats-Unis), Weress (France), Wydraddear (France) et Örnatorpet (Suède). Un beau panel pour les adeptes de Dungeon Synth, comme pour les néophytes comme moi et l’occasion surtout de parcourir un grand nombre des tendances à l’œuvre dans ce registre si particulier. Car chaque formation se distingue et apporte sa pierre à ce bel et original édifice.

Voilà, vous l’aurez compris, je suis rentré enchanté de ces deux jours au DARK DUNGEON FESTIVAL II, avec des images et des sonorités, auxquelles je ne suis pas forcément habitué, plein la tête ! Et ce fut aussi un vrai plaisir de pouvoir échanger tranquillement avec de nombreux artistes, qui ont eu la patience de contribuer à parfaire ma connaissance et mon apprentissage au Dungeon Synth… sans compter les gens, toujours prompts à s’épancher sur cette musique qui leur tient vraiment à coeur ! On ne voit pas ce genre d’attitude dans beaucoup de festivals, croyez-moi, et c’est là où cette deuxième édition est également une réussite totale. Sans a priori, sans préjugé et sans jugement, ce fut une belle réunion de passionnés à l’état d’esprit ouvert et particulièrement chaleureux. Que cette ‘famille’ est belle !

Je souhaite aussi terminer cette petite ‘carte postale’ de mon escapade belge depuis l’extrémité de ma belle Bretagne en remerciant Denis Halleux, Estéban Lebron-Ruiz et toute l’équipe d’AZ Live pour leur accueil, leur gentillesse et cette organisation parfaite. Un grand clin d’œil aussi à mes amis grecs de Mørke Og Lys, ainsi qu’à Wydraddear et l’ami Emilien des Editions Des Flammes Noires qui m’a permis de me joindre aux Danois, aux Allemands, aux Hollandais, aux Suédois, aux Belges, à l’Américaine, aux Français, aux Bretons même et tous les autres avec qui j’ai pu partager de très agréables moments. Merci à toutes et à tous… et à l’année prochaine !