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Metal Indus

Ministry : #thisisnotgoodopium

Et si c’était la fin d’une époque, le bout d’un cycle qui peine à se renouveler ? C’est en tout cas ce qui ressort malheureusement de l’écoute de « Hopiumforthemasses », sorte de fable Electro, un peu Metal et qui semble être fabriquée sur mesure pour les streamers/gamers plus intéressés par les résonances que par la musique. MINISTRY lâche du leste et paraît ne plus vouloir faire l’effort qui les maintiendrait au sommet du Metal Indus mondial, où il ne trône désormais plus.

MINISTRY

« Hopiumforthemasses »

(Nuclear Blast)

Trois ans après « Moral Hygiene » qui n’avait pas vraiment marqué les esprits, MINISTRY se devait de relever le niveau et revenir à celui auquel il nous a habitués depuis quatre décennies. Mais, sauf à être ultra-fan ou peu regardant, ce n’est pas « Hopiumforthemasses », d’ailleurs écrit comme un hashtag à la con, qui va rétablir les choses. Toujours très bien entouré, Al Jourgensen fait le job sans y croire vraiment, et cela s’entend. Si la dynamique est là et que quelques riffs sortent du lot, l’ensemble est assez plat et surtout très convenu.

Les pionniers du Metal Indus semblent se reposer sur des lauriers bien mérités, certes, mais qui fanent peu à peu. Si la production est massive, ce 16ème album manque cruellement d’originalité. Pour autant, la variété est au rendez-vous, peut-être même trop. A toujours vouloir en faire plus, à chercher à s’engouffrer un peu partout dès que possible, c’est ce manque d’unité qui finit par pécher. Car les repères (qui sont aussi sa force) auxquels MINISTRY est habituellement attaché ont disparu et avec eux l’identité artistique et beaucoup de la personnalité du groupe. 

Pourtant, l’entame de cette nouvelle réalisation est plutôt bonne avec des titres accrocheurs et musclés (« B.D.E », « Goddam White Trash », « Just Stop Oil », « Aryan Embarassment »), puis le gang de Chicago lève le pied, va au plus simple et finit par lasser. Perdu dans un dédale vite indigeste de samples qui se marchent dessus, on peine parfois à retrouver la voix du frontman, avalé par un amas de sonorités bidouillées. MINISTRY dénonce toujours autant, met les deux pieds dans le plat, mais perd de sa folie à devenir trop caricatural (« It’s Not Pretty », « Ricky’s Hand »). Par chance, il nous reste nos excellents Treponem Pal !

Retrouvez la chronique de « Moral Hygiene » :

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Metal Indus

Ministry : santé mentale

Chaque nouvel album de MINISTRY est toujours un petit événement en soi. Si « Moral Hygiene » ne figurera sans doute pas parmi les incontournables des maîtres du Metal Indus, il mérite cependant qu’on y prête une oreille. Très bien produit, ce quinzième opus est aussi le témoin musical d’une Amérique bancale et les propos d’Al Jourgensen ne manquent pas de piquant.

MINISTRY

« Moral Hygiene »

(Nuclear Blast)

Pour ce quinzième album, le chanteur s’est entouré d’experts du Metal Indus, registre qu’il a fortement contribué à créer, puis à développer depuis quatre décennies. Si l’explosivité et le côté extrême de MINISTRY commencent à s’atténuer peu à peu depuis les débuts à Chicago en 1981, la pertinence et la provocation n’ont quant à elles pas disparu. Vindicatif et engagé, le vétéran a toujours les crocs et le sens de la formule.   

Après le convaincant « AmeriKKant » paru en 2018, « Moral Hygiene » est finalement une suite logique, tant l’album reste dans les traces et le ton de son prédécesseur. Composé des guitaristes Cesar Sotto et Monte Pittman, de Roy Mayorga (ex-Soufly, Stonesour) à la batterie et John Bechdel (ex-Prong, Killing Joke, Fear Factory, …) aux samples et aux claviers, MINISTRY a fière allure.

Musicalement, « Moral Hygiene » tient la route même si du haut de ses 63 ans, Jourgensen s’est un peu calmé… sauf au niveau des textes (« Alert Level », « Good Trouble », « Disinformation », « Death Toll »). On notera aussi la présence non-indispensable de Jello Biafra (Dead Kennedys) sur le très mélodique « Sabotage Is Sex ». Là où MINISTRY se perd un peu, c’est sur la reprise « Search And Destroy » des Stooges, aussi terne que l’original d’Iggy Pop. Un album non-essentiel, mais recommandable.

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Extrême

Horskh : une énergie synthétique

Dans un univers très électronique arborant un chant brutal et des sonorités dans la veine des premiers Junkie XL ou de Prodigy, HORSKH présente un deuxième album peut-être plus adapté aux dance-floors qu’aux fosses des concerts (qui nous manquent tant !). Entre Metal Indus et Electro-Rock, le trio brouille un peu les pistes.

HORSKH

« Wire »

(Independant/Blood Blast Distribution)

Après deux EP et un premier album (« Gate » en 2017), le trio français fait son retour avec un deuxième opus en forme de coup de poing. Les 12 morceaux de « Wire » qui s’étalent sur une grosse demi-heure sont autant de beignes en pleine face. Fort d’une énergie omniprésente et directe, HORSKH assène ses titres dans une urgence presque épileptique rassemblant un grand nombre d’influences dans un maelstrom très compact.

Présenté comme un album de Metal Indus, j’avoue être un peu perplexe. En effet, il faut attendre « Trying More » pour distinguer les premiers sons de guitares, alors que le groupe compte deux six-cordistes. Certes, au niveau de la puissance affichée par HORSKH, ainsi que sur le chant, on est bel est bien dans le Metal et le côté Indus est lui aussi incontestable. Cependant, la mainmise des machines sur l’ensemble de « Wire » domine largement.

Du coup, on pense beaucoup à KMFDM, Treponem Pal, Ministry et d’autres, mais manque ce côté organique qui enflamme et libère. Très Electro de bout en bout, l’album pèche sans doute par un son très froid et synthétique… assez loin du Metal donc. Très produit, « Wire » révèle cependant des moments forts (« Mud In My Wheels », « Common Crimes », « Pull The Wire »). Alors, HORSKH : Metal Indus ou Electro-Rock ?