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Post-HardCore Post-Metal

20 Seconds Falling Man : obsédant

Pour pouvoir jouer sur autant de textures sonores et d’ambiances musicales différentes, 20 SECONDS FALLING MAN englobe dans son post-HardCore des éléments de Noise, de Fuzz, d’un post-Black Metal ultraviolent et d’un Hard-Core radical. Introspectif et souvent céleste, les Français dévoilent un univers particulier, où des rythmiques pachydermiques côtoient des parties de guitares d’une grande finesse, et dans lequel le frontman se fait très versatile. « Resilience » domine les abîmes à travers de multiples climats avec beaucoup d’élégance.  

20 SECONDS FALLING MAN

« Resilience »

(Independant/Blood Blast Distribution)

La suite de « Void », sorti en 2021, nous est enfin livrée par le quintet nantais. Avec « Resilience », 20 SECONDS FALLING MAN boucle son diptyque avec une maestria déjà très largement perçue sur son précédent album. Très polymorphe, le post-HardCore du groupe est toujours aussi insaisissable et imposant. D’une incroyable lourdeur sur son premier opus, il est cette fois peut-être plus aérien, même si les fulgurances Metal, Hard-Core et Noise s’entrechoquent avec toujours autant de puissance et de volume. Cela dit, il semble tout de même que la noirceur omniprésente auparavant ait levé l’un de ses voiles dans cette obscurité dense et épaisse.

Baigné dans une nébulosité parfois terrifiante, « Void » se voulait sombre, écrasant et presqu’étouffant, tandis que « Resilience » montre déjà plus de teintes différentes et s’aère aussi, reprend son souffle et laisse même entrer quelques passages lumineux… une note d’espoir qui se traduit par des cris perçants et volontaires. 20 SECONDS FALLING MAN semble investi d’une quête et il la mène à bien. Les ombres parcourent cette nouvelle réalisation, dont la production est d’ailleurs à la hauteur du travail fait sur les arrangements et dans la complexité des morceaux, qui avancent tels des tableaux mouvants et évanescents.

Avant de se replonger dans « Resilience », l’idéal est de réécouter « Void », afin de mieux saisir l’ambitieuse entreprise et toute la détermination mise dans la création de ces deux réalisations, qui se complètent de manière étonnante. Ténébreux sur « In The Gloom » en ouverture, 20 SECONDS FALLING MAN poursuit avec force sur le morceau-titre, puis suspend son élan à l’envie comme pour mieux exploser quelques instants plus tard (« Shadow Of The Past », « Our Life Is Now »). Le combo joue très habillement sur les atmosphères (l’instrumental « New Moon ») et surprend jusqu’au bout, grâce aussi à un chant tout en contraste. Aussi libérateur que déchirant.

Photo : Gregory Dutein
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Extrême Metal Indus

FauxX : explosif et glacial

Costaud et très incisif, le Metal Indus de FAUXX est là pour remuer autant les esprits que les corps. Brut et brutal à la fois, « StatistiC EgO » se développe sur un concept à la fois sociétal et individuel. Le duo appuie là où ça fait mal avec une constance soutenue par la froideur des machines et le côté organique et percutant de son batteur.

FAUXX

« StatistiC EgO »

(Independant/Blood Blast Distribution)

Nourri d’antagonismes, c’est bel et bien d’un seul et même élan qu’avance FAUXX dont le premier album (après un EP en 2018) est aussi puissant que rageur. Compact et massif, « StatistiC EgO » sonne comme un amer constat de notre société et notamment de ceux qui la composent et la subissent. Et malgré une noirceur persévérante, le duo manie les contrastes avec une grande clarté.  

Armé de claviers et de machines broyant tout sur leur passage, FAUXX évolue dans une unité musicale captivante. Très actuel dans les sonorités, le duo l’est tout autant dans ses textes portés par Joachim Blanchet (claviers, samples, chant). Par ailleurs, la batterie de Jean-Baptiste Tronel (Tagada Jones) apporte un côté très organique et de belles respirations à « StatistiC EgO ».

Dès « All Light Rebirth », FAUXX en impose et ça continue sur les sept morceaux suivants, dont certains s’étendent sur une belle longueur (« Duality », « Fury & Deception », « Kill The Monster »). Le Metal Indus des Français fait mouche avec un aspect expérimental et nihiliste savoureux. Furieux et futuriste, le duo fait preuve d’une très grande maîtrise que l’on a hâte de retrouver sur scène.

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Extrême

Horskh : une énergie synthétique

Dans un univers très électronique arborant un chant brutal et des sonorités dans la veine des premiers Junkie XL ou de Prodigy, HORSKH présente un deuxième album peut-être plus adapté aux dance-floors qu’aux fosses des concerts (qui nous manquent tant !). Entre Metal Indus et Electro-Rock, le trio brouille un peu les pistes.

HORSKH

« Wire »

(Independant/Blood Blast Distribution)

Après deux EP et un premier album (« Gate » en 2017), le trio français fait son retour avec un deuxième opus en forme de coup de poing. Les 12 morceaux de « Wire » qui s’étalent sur une grosse demi-heure sont autant de beignes en pleine face. Fort d’une énergie omniprésente et directe, HORSKH assène ses titres dans une urgence presque épileptique rassemblant un grand nombre d’influences dans un maelstrom très compact.

Présenté comme un album de Metal Indus, j’avoue être un peu perplexe. En effet, il faut attendre « Trying More » pour distinguer les premiers sons de guitares, alors que le groupe compte deux six-cordistes. Certes, au niveau de la puissance affichée par HORSKH, ainsi que sur le chant, on est bel est bien dans le Metal et le côté Indus est lui aussi incontestable. Cependant, la mainmise des machines sur l’ensemble de « Wire » domine largement.

Du coup, on pense beaucoup à KMFDM, Treponem Pal, Ministry et d’autres, mais manque ce côté organique qui enflamme et libère. Très Electro de bout en bout, l’album pèche sans doute par un son très froid et synthétique… assez loin du Metal donc. Très produit, « Wire » révèle cependant des moments forts (« Mud In My Wheels », « Common Crimes », « Pull The Wire »). Alors, HORSKH : Metal Indus ou Electro-Rock ?