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Armellino : groovy pleasure [Interview]

Autour de la fratrie ARMELLINO, Yann à la guitare et Alban à la batterie, sont venus se greffer Vincent Martinez à la guitare et au chant, et Jacques Mehard Baudot à la basse pour donner vie à un quatuor au groove très 70’s et à l’énergie très actuelle. Fort d’un premier album, « Heritage Blend », qui en dit déjà long sur le niveau et les intentions des quatre musiciens, c’est avec un grand plaisir qu’on replonge dans l’âge d’or du Heavy Blues et du Classic Rock, preuve s’il en est que dans l’hexagone, on sait aussi y faire en matière de Rock…. Et sans nostalgie ! Entretien avec Yann et le plus discret Vincent autour de ce premier opus, qui en appelle déjà d’autres.

– Tout d’abord, j’aimerais que vous reveniez sur la création d’ARMELLINO. Certes, il y a cette réunion de guitaristes, mais vu le nom du groupe, il s’agit aussi d’une histoire de famille, non ?

Yann : Je connais Vincent depuis longtemps, cela remonte à 2006 lorsqu’il était déjà guitariste et chanteur du groupe Jakes. A l’époque, je faisais partie du label ‘Why Note’ (Nocturne Distribution). Nous avions organisé une release party pour la sortie de l’album « I Have A Dream » de The Reverend au Hard Rock Café à Paris. C’est Jakes qui a ‘chauffé’ la salle et par la même occasion m’a retourné la tête ! J’ai été tout de suite séduit par l’énergie et les compositions, une claque ! Je leur ai proposé de les signer sur le label, mais cela n’a pas abouti, car le groupe s’est séparé peu de temps après… J’ai toujours gardé une oreille attentive à ce que faisait Vincent artistiquement, notamment avec Carousel Vertigo, que je trouvais vraiment très chouette. Quand il a quitté le groupe, nous avons pensé que c’était le bon moment pour commencer à travailler ensemble (enfin !). Il y a des évidences qui mettent du temps à se concrétiser. Quand nous avons terminé le travail de composition, il a fallu trouver un nom. Une étape toujours un peu délicate. Comme tu le soulignais dans ta question, mon frère Alban est à la batterie, donc oui, c’est aussi une histoire de famille. C’est Vincent qui a eu l’idée de se présenter tout simplement sous le nom d’ARMELLINO et ça nous a semblé être la meilleure option.

Vincent : De mon coté, j’ai toujours suivi les productions de Yann. Depuis notre rencontre, il m’a toujours supporté et j’ai toujours gardé dans un coin de la tête l’idée qu’on ferait quelque chose ensemble à un moment donné.

– Vous vous côtoyez depuis quelques années à travers vos différents projets et dans des registres assez différents. Le Heavy Blues et/ou le Classic Rock ne sont malheureusement pas très répandus en France, pourtant ARMELLINO est la preuve qu’on sait y faire. Comment expliquez cette absence dans l’hexagone et qu’est-ce qui vous a finalement convaincu de vous lancer ?

Yann : Quand on s’est décidé à travailler ensemble, nous n’avons pas parlé de ‘direction artistique’ ou de choix de style. Cela s’est fait naturellement. On avait juste envie de passer de bons moments à écrire, jammer… bref, jouer ! Et notre langage commun est ce mélange de Heavy, de Blues et de Rock avec une dose de Soul. Effectivement, ce style n’est pas très répandu en France mais, avec Internet, les artistes souffrent moins des ‘barrières frontalières’ comme c’était le cas il y a quelques années. Aujourd’hui, j’observe que ça bouge pas mal par ici. Il y a de nombreux artistes et groupes vraiment chouettes comme les Red Beans & Pepper Sauce, Rozedale, Jessie Lee & The Alchemists (et oui !), Nico Chona, Little Odetta, Mat Ninat…. et pas mal d’autres.

– Même si « Heritage Blend » ne laisse pas planer le doute quant à  vos références, quelle était votre ambition première, même avec un registre qui s’impose de lui-même dès le départ ?

Yann : Notre première ambition était de se faire plaisir et de partager un genre musical qui perdure malgré les modes. Comme je te le disais précédemment, nous n’avions pas de ligne directrice, ce qui donne à l’arrivée des titres assez variés où l’on peut retrouver pas mal de styles différents. C’est une liberté artistique très éloignée des formats que l’on peut imposer en Pop, en Rap, etc…

Vincent : Et Yann étant très prolifique, c’est très excitant de le suivre dans ses propositions.

– La première chose que l’on remarque chez ARMELLINO est cette complicité entre vous deux au niveau des guitares. Est-ce que c’est quelque chose que vous avez particulièrement travaillé et comment vous répartissez-vous les rôles, notamment au niveau du lead ?

Yann : Quand on s’est retrouvé guitare en main, c’était un peu comme si on avait toujours travaillé ensemble, tant musicalement qu’humainement. Je trouve que Vincent a un phrasé, un groove et une expression musicale digne des plus grands. C’est un cadeau de jouer avec lui. Et en plus, il a une voix Blues Rock Soul, qui sert parfaitement le style. Nous n’avons pas vraiment réfléchi au partage des rôles concernant les lead. C’est pour cela que, suivant les titres, nous ‘chorussons’, si je puis dire, parfois seul ou alors à deux. Ca se fait vraiment au feeling…

Vincent : D’ailleurs, en live, il nous arrive d’étendre certaines plages de guitares et parfois d’échanger nos solos par rapport à l’album.

– Au-delà de l’aspect guitaristique et purement technique d’ARMELLINO, vous avez également le talent de composer des chansons mélodiquement efficaces et entêtantes. Comment cela se passe-t-il au niveau de l’écriture ? Vous échangez d’abord sur des idées de riffs, ou partez-vous aussi d’une ligne vocale ?

Yann : On part très souvent d’une idée de riff que l’on fait tourner. Et quand on sent qu’il se passe quelque chose, on laisse mûrir et ça évolue doucement. Il y a des titres qui ont mis un certain temps à être finalisés, je pense notamment à « These Bones ». On avait le riff d’intro, qui peut évoquer « Oh Well », mais le refrain est venu bien après. C’est d’ailleurs un morceau qui a failli passer à la trappe (ce qui aurait été un véritable sacrilège ! – NDR).

Vincent : Notre but, c’est d’abord la chanson et son ambiance.

– On l’a dit, vous œuvrez dans un registre qui prend racine dans les années 70/80, ce qui offre une saveur vintage délicate. Pourtant, « Heritage Blend » sonne très actuel et ce n’est pas qu’une question de matériel ou de technique. L’idée est-elle de prolonger ce style en lui insufflant une touche moderne, ce qui voudrait aussi dire que le chapitre de ces années-là n’est pas clos…

Yann : Je crois que le chapitre de ces années ‘bénies’ n’est pas près de se refermer. Tout est parti de là et les productions de l’époque n’ont quasiment pas vieilli. C’est loin d’être le cas sur les productions des années 80/90, sur lesquelles il y avait excès de vitesse sur les réverb’ et le traitement des batteries, qui donnait la migraine. C’est dommage, car il y avait de très bons albums aussi pendant cette période. Mais de par leur production, on a du mal à les réécouter aujourd’hui, ce qui n’est pas le cas des Led Zeppelin, Kiss, Cream, Bad Co, etc… On est revenu depuis pas mal de temps à des productions qui ne dénaturent pas le son à proprement parler, un ‘sonner vrai’, qui caresse plutôt les oreilles.

– Un petit mot aussi au sujet des très bonnes parties d’orgue Hammond de Fabien Saussage et de celles de Little Magic Sam à l’harmonica. Elles apportent à ARMELLINO une couleur Southern et beaucoup de chaleur à l’album. Vous aviez besoin de cet équilibre entre Rock et Blues pour construire votre répertoire ?

Yann : Assez vite, on a entendu d’autres instruments sur différents titres. L’orgue, le piano et l’harmonica se sont imposés naturellement, c’est une vraie valeur ajoutée. Fabien et Little Magic Sam ont fait un travail remarquable, c’est un cadeau de les avoir avec nous. Ils ont eu une totale liberté pour s’exprimer. C’est pourquoi, sur certains titres, il y a de l’orgue et du piano, car Fabien le sentait comme ça et il a eu raison ! Sur « Hardly Yours », on avait demandé à Little Magic Sam de rentrer au moment du chorus de guitare. Et à l’arrivée, il a eu envie de jouer sur tout le morceau : une super idée et une belle inspiration avec ses phrases qui répondent au chant de Vincent. Merci à eux.

– « Heritage Blend » contient onze chansons, dont deux reprises, d’ailleurs très bien produites par Didier Théry qu’on connait pour son travail avec Gaëlle Buswel notamment. Il y a d’abord « Fire » d’Etta James chantée par Jessie Lee Houllier de ‘Jessie Lee & The Alchemists’. Le choix paraît très spontané vu le reste de l’album. Mais pourquoi chante-t-elle seule ? Un duo ne vous a pas tenté ?

Yann : Vincent, qui a déjà travaillé avec Didier Théry, a tout de suite pensé à lui pour réaliser l’album. C’est quelqu’un de très patient, à l’écoute des artistes et qui s’est impliqué dans le projet en y ajoutant ses idées de chœurs, de percus et de batterie. C’est une belle rencontre. Concernant « Fire », l’idée de proposer un featuring à Jessie s’est vite imposée, car elle est parfaite pour rendre cet hommage à Etta James. Un duo aurait été chouette, mais nous n’avons pas eu l’occasion de le mettre en place. Peut-être une prochaine fois ?

Vincent : J’adore quand Yann rend hommage à la Soul et au R’n B. Et avec Jessie, la version est géniale ! On s’est bien éclaté !

– Et il y a cette reprise acoustique du classique de Thin Lizzy, « Dancing In The Moonlight ». Je comprends parfaitement votre choix, car la chanson est géniale, et j’aimerais savoir comment vous l’avez imaginé dans cette version assez épurée et lumineuse…

Yann : On avait envie de faire une autre reprise et Thin Lizzy est l’un des nombreux groupes qui nous rassemble. Il restait à trouver le bon titre. On s’est dit que reprendre un morceau plus Rock serait un peu trop ‘attendu’, donc le choix de « Dancing In The Moonlight » est venu assez naturellement. A l’inverse de la chanson d’Etta James, on l’a tout de suite pensé en acoustique. J’aime beaucoup l’interprétation tout en finesse de Vincent sur ce titre, qui n’est pas facile à chanter. J’aurais bien également tenté « The Sun Goes Down », mais ça nous semblait plus acrobatique en acoustique. Le répertoire de Thin Lizzy est une vraie mine d’or.   

Vincent : C’était super quand Yann a commencé à jouer « Dancing In The Moonlight » en acoustique… Et on adore Thin Lizzy.

– Enfin, vous êtes tous les quatre des musiciens aguerris et très occupés et j’espère que « Heritage Blend » n’est pas un simple one-shot. Comment envisagez-vous l’avenir d’ARMELLINO ? Avec de la scène et aussi une suite discographique ?

Yann : Nous l’espérons aussi ! (Sourires) On va essayer de tourner le plus possible jusqu’à fin 2025. Ça va aussi dépendre de l’accueil des médias et du public. Concernant la suite discographique, nous avons déjà quelques idées ‘sous le coude’. Donc oui, il y en aura une, ce n’est pas un one-shot !

L’album d’ARMELLINO, « Heritage Blend », est disponible chez May I Records/Pias.

Photos : Yann Armellino à la guitare (2), Alban Armellino à la batterie (3), Vincent Martinez à la guitare et au chant (4) et Jacques Mehard Baudot à la basse (5).

Et une fois n’est pas coutume, découvrez le clip de la chanson « I’m Only Me » :

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