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Classic Hard Rock Rock Progressif

Deep Purple : back on throne

Toutes les icônes du Rock ont connu une (voire plusieurs) traversée du désert, plus ou longues d’ailleurs, au fil de leur carrière. DEEP PURPLE n’a pas échappé à la règle et vient renouer sur ce très bon « =1 » avec ce feu qui brûle depuis si longtemps chez lui. Grâce à des parties de guitares et de claviers étincelantes, un chant d’une justesse absolue et une rythmique toujours impeccable, le groupe affiche une seconde jeunesse avec une belle énergie, des mélodies soignées et une foi retrouvée. Les Anglais perpétuent leur légende et regagnent une dimension digne de leur statut.    

DEEP PURPLE

« =1 »

(earMUSIC)

Comme le veut la tradition chez DEEP PURPLE, nous sommes donc dans l’ère de la ‘Mark IX’, puisque les Britanniques accueillent de façon permanente le guitariste Simon McBride. Suite au départ de Steve Morse auprès de sa femme atteinte d’un cancer et décédée en février dernier, c’est donc l’Irlandais qui reprend le poste et il le fait avec beaucoup de classe. Les successions ne sont jamais évidentes, et celle-ci est irréprochable. Aussi humble que terriblement efficace et virtuose, son jeu sur son premier opus n’a rien de timide, mieux, il apporte un souffle nouveau et un peu de fraîcheur, tout en respectant l’institution.

Donc, sans faire preuve d’une audace démesurée, le six-cordiste se montre à son avantage et on retiendra aussi cette formidable complicité avec Don Airey, dont les claviers retrouvent leur éclat et leur impact. Il faut dire qu’après le navrant « Turning To Crime », qui avait montré l’une des pires images de DEEP PURPLE depuis longtemps, on pouvait légitimement se poser des questions sur l’avenir musical et créatif du groupe. Mais c’était sans compter sur Ian Gillian, Roger Glover, Ian Paice leurs complices, toujours animés par la même passion et qui, sous la houlette de Bob Ezrin à la production, font étalage d’une inspiration retrouvée.

L’une des choses qui va réconcilier beaucoup de monde avec ce nouvel opus DEEP PURPLE, c’est l’enthousiasme et la maîtrise totale de son frontman. S’il n’a plus rien à prouver depuis longtemps, Ian Gillian semble épanoui durant les 13 morceaux de « =1 ». Avec des mélodies et un songwriting des grands jours, on retrouve les sensations passées, où Hard Rock et Rock Progressif se rejoignent si naturellement (« Show Me », « A Bit on The Side », « Now You’re Talking », « Portable Door », Pictures Of You », « Bleeding Obvious »). Rien ne semble pouvoir arrêter le quintet et on n’osait même plus imaginer un tel album de sa part.   

Découvrez aussi le dernier album solo de Simon McBride :

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Heavy Stoner Doom Southern Stoner

Thunder Horse : passage en force

L’authenticité très rugueuse à laquelle les Texans nous ont habitués depuis leur formation se retrouve cette fois encore sur ce premier album live. Mieux, la puissance du combo se trouve ici exacerbée et cette tornade Stoner et Metal ne faiblit un seul instant sur ce « Dead Live In Texas », qui annonce la couleur dès la cover, où la photo de son frontman résume à elle seul l’intensité de cette performance, qui s’achève d’ailleurs sur un « Aces Of Spades » assez savoureux. Une bien belle célébration.

THUNDER HORSE

« Dead Alive in Texas »

(Ripple Music)

Si jouer à domicile a pour effet de décupler la motivation, du moins pour le sport, avec THUNDER HORSE, c’est carrément un doux euphémisme. C’est la foudre qui s’est abattue sur Cibolo, petite ville de la périphérie de San Antonio. En l’espace de six ans, le quatuor a sorti trois albums et a participé à « Burn On The Bayou », une compilation Heavy Stoner en hommage à Creedence Clearwater Revival, initiée par son label Ripple Music. Et il faut admettre que depuis leur premier effort éponyme, c’est un sans-faute.

Même si l’on pouvait légitimement imaginer que les prestations live du groupe seraient largement à la hauteur de ses réalisations studio, « Dead Live In Texas », vient en apporter la confirmation. Mené par un Stephen Bishop (chant, guitare) aussi exalté que sur la pochette, Todd Connaly (lead guitare), Dave Crow (basse) et Johnny Lightning (batterie) s’en donnent à cœur-joie sur neuf morceaux, qui ont dû faire trembler plus d’une fois les murs. Façon rouleau-compresseur, THUNDER HORSE entraîne tout sur son passage, public compris.

Avec une setlist resserrée et assez courte, les Américains ont décidé de se concentrer sur leurs titres les plus explosifs, en faisant honneur à leur trois opus. Avec cette faculté à englober son Stoner de Doom, de Heavy Metal et d’un Rock massif et Southern, ils nous plongent dans un chaudron bouillonnant dans les pas des légendes du genre. Une folle énergie a toujours submergé THUNDER HORSE et « Dead Alive In Texas » vient couronner un élan ravageur (« New Normal », « Song For The Ferryman », « Monolith », « Chosen One »).

Retrouvez les chroniques consacrées au groupe :

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Hard 70's Occult Rock Proto-Metal Psych

Occult Witches : une fantasmagorie prégnante

On le croirait tout droit sortis des années 70, tant la maîtrise affichée par OCCULT WITCHES a quelque chose d’évident dans la démarche, comme dans l’écriture de ce Rock/Hard aux atmosphères parfois baroques, épiques et même légèrement Doom et Stoner. Les Canadiens proposent un univers Dark, qui tranche cependant avec la majorité des combos actuels du même mouvement. Par sa diversité et une prestation vocale en parfaite adéquation avec les parties instrumentales, « Sorrow’s Pyre » est aussi captivant que frénétique. Une prouesse !

OCCULT WITCHES

« Sorrow’s Pyre »

(Black Throne Productions)

Depuis « Morning Walk » sorti en 2021, OCCULT WITCHES avance sur une cadence effrénée à raison d’un album par an. Pourtant, cette fertile productivité, loin d’être surabondante, a la particularité de préciser et d’affiner le registre des Québécois. L’évolution est manifeste et même implacable, tant les réalisations qui se succèdent viennent peaufiner leur propos et leur style, qui se nourrit autant de Classic Rock, que d’un Blues musclé, de Stoner, de psychédélisme et d’un proto-Metal forcément vintage, mais si rafraîchissant.

Après un deuxième opus éponyme en 2022, puis « Mastermind » en 2023, le quatuor livre donc « Sorrow’s Pyre » et semble toujours aussi inspiré. Mieux, il atteint une sorte d’apogée qu’on sentait poindre depuis un petit moment déjà. L’identité musicale d’OCCULT WITCHES est éclatante et doit aussi sans doute beaucoup à sa chanteuse, Vanessa San Martin, littéralement habitée par des ambiances forcément sombres, tournées vers un occultisme, qu’elle fait vivre avec autant de puissance que de délicatesse. La maîtrise est totale.

Entourée par le flamboyant guitariste Alec Sundara Marceau, et soutenue par le duo basse/batterie composé de Danick Cournoyer et Eliot Sirois, la frontwoman est le point d’équilibre du groupe, dont chaque membre apporte sa touche dans un ensemble très organique, capable de se déployer dans des moments intenses et musclés comme à travers des passages plus légers. OCCULT WITCHES passe de l’ombre à la lumière avec un irrésistible côté hypnotique (« Malice », « Faustian Bargain », « Flesh And Bones », « The Fool »).   

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folk Psych

Dorian Sorriaux : éclatant de sérénité

La musique de DORIAN SORRIAUX est le signe d’une certaine intemporalité qui, pourtant, se renouvelle grâce à l’apport de sonorités variées. D’un classicisme assumé et d’une précision toute moderne et aérienne, l’élégance de ce premier album séduit autant par la diversité des ambiances à l’œuvre, que par une interprétation remarquable. Très organique, « Children Of The Moon » a été enregistré en Bretagne, mixé en Suède et les compositions n’en sont que plus éclatantes, tant leur esthétisme dégage une rare intensité.

DORIAN SORRIAUX

« Children of the Moon »

(The Sign Records)

Le Breton est réputé pour son esprit d’indépendance et DORIAN SORRIAUX s’inscrit parfaitement dans cette lignée. Alors qu’il avait entamé une belle carrière à l’international avec Blues Pills en tant que guitariste principal du groupe suédois, qui sortira d’ailleurs son nouvel opus, « Birthday », début août, il a préféré retrouver sa liberté artistique après six ans de bons et loyaux services. Un retour au bercail qui date de 2018 et depuis lequel le Finistérien s’est forgé un univers musical plus personnel.  

Du haut de ses 28 ans, le songwriter est, on le sait, déjà aguerri grâce à de multiples tournées, ainsi que par le travail en studio avec son ancienne formation. Après un premier EP, « Hungry Ghost » il y a six ans déjà, DORIAN SORRIAUX se livre sur la longueur avec dix morceaux relativement acoustiques et assez éloignés de son registre précédent. Délicat, paisible et intimiste, « Children Of The Moon » évolue dans une Folk très 70’s sur le fond, mais très contemporaine dans la forme, malgré des références assez évidentes.

Et le compositeur n’est pas seul, puisqu’on retrouve notamment la fratrie Moundrag à ses côtés apportant une touche psychédélique à un style assez éprouvé que DORIAN SORRIAUX pare de beaucoup de fraîcheur (« Light In The Dark », « Shine So Bright », « To The Water » et le troublant « Believe That You Can Change »). Sur des arrangements très soignés, l’ensemble est d’une profonde richesse et est mené par une vision authentique et préservée de toute intention nostalgique ou revival.

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France Heavy Rock Rock 70's

Dätcha Mandala : un Rock émancipé [Interview]

Depuis «  Anâhata », son premier EP sorti en 2016, le power trio en a fait du chemin jusqu’à se faire une jolie place sur la scène hexagonale. Après deux albums, « Rokh » (2017) et « Hara » (2020, puis un autre format court, « The Last Drop » (2022), les Bordelais ont créé leur propre structure et aussi amorcé un virage plus mélodique et accessible. Cela dit, avec « Koda », DÄTCHA MANDALA n’a rien perdu de ses bonnes habitudes et délivre un Heavy Rock musclé et accrocheur. Entretien avec Nicolas Sauvey (chant, basse), Jérémy Saigne (guitare, chant) et Jean-Baptiste Mallet (batterie, chant) pour parler de ce troisième opus très inspiré.

Photo : Jessica Calvo

– Vous vous présentez avec un troisième album, « Koda », assez différent musicalement et que vous êtes allés enregistrer aux studios ICP de Bruxelles avec une nouvelle équipe également. Et on note aussi un changement de label, puisque vous avez quitté Mrs Red Sound. A quoi sont dus tous ces changements ?

JB – Le choix d’aller enregistrer en Belgique est dû au fait que nous voulions travailler avec Charles de Schutter, qui est lui-même belge et basé à Bruxelles. Et nous avions envie d’enregistrer avec lui, car les nouvelles chansons appelaient davantage une production plus moderne que vraiment orientée 70’s. Charles semblait être le parfait producteur pour nous faire sonner à la fois massif et plus Pop, entre Royal Blood, Muse et Gojira. Le fait de se retrouver à ICP était en fait un concours de circonstances, son studio n’étant pas disponible la première semaine où nous l’avions loué. Et pour ce troisième album, nous avions aussi la volonté d’essayer l’autoproduction, d’où le fait de ne pas le faire figurer au catalogue de MRS Red Sound, mais on travaille toujours étroitement avec eux sur les précédents disques.

– Depuis 2009, DÄTCHA MANDALA suit une courbe ascendante avec aussi un style qui s’est affirmé pour culminer, selon moi, sur le trop court « The Last Drop » sorti il y a deux ans. Et pourtant, vous décidez d’intégrer des touches Pop sur ce nouvel album. C’est choix qui peut surprendre. Quel a été le déclic ?

Nico – C’est une évolution naturelle de notre façon de composer et de nos goûts. On a tous les trois des influences assez variées, d’où le fait de sortir davantage du 70’s sur cet album. Les morceaux ont appelé cette direction artistique.

Photo : J. Dupeyron

– A l’écoute de « Koda », il paraît assez évident que vous avez souhaité être plus efficaces et fédérateurs sur les mélodies. Cependant, la rythmique est toujours aussi musclée et les riffs épais. Au regard de votre parcours, j’ai l’impression que l’adage ‘qui peut le plus, peut le moins’ prend ici toute sa dimension. N’y aurait-il pas un peu de ‘gentille moquerie’ avec ce côté soudainement plus accessible, d’autant qu’il y a toujours eu beaucoup d’humour chez vous ?

Jerem – On a toujours été sensibles aux belles mélodies et harmonies vocales, ainsi qu’aux gros riffs épais, d’où la volonté d’allier les deux au mieux. Si l’humour a toujours été présent chez nous, on prend notre musique très au sérieux et on ne souhaite se moquer de personne. 

– J’ai aussi pu lire que vous preniez un virage ‘Brit Pop’. Or, c’est un style insupportable que j’écouterai volontiers si ce n’était pas le cas, et DÄTCHA MANDALA ne l’est pas. J’ai plutôt l’impression d’écouter de l’Alternative Rock survitaminé à l’énergie très 70’s. Ce n’était pas plutôt ça l’intention ?

JB – C’est davantage un problème de traduction, parce qu’on parlait de la Pop anglaise allant des Beatles à Muse plutôt que de la scène Brit Pop des Libertines ou Artic Monkeys. Et du coup, effectivement, le propos de l’album puise plutôt son influence dans la scène Rock des années 90-2000, que dans celle des 60’s et 70’s comme on a pu le faire auparavant. 

– La production de « Koda » est moins brute et plus polie, ce qui n’empêche pas une certaine lourdeur et beaucoup de dynamique. L’objectif était de donner un aspect plus moderne ou actuel à vos nouvelles compos ? Moins vintage, peut-être ?

Nico – Tout à fait, tu as tout dit ! C’est pour cela que Charles de Schutter était la personne toute trouvée, car ayant officié pour M, Pleymo ou encore Angèle, on savait qu’il saurait sublimer notre son dans cette direction.  

Photo : Jessica Calvo

– D’ailleurs, vous qui êtes véritablement un groupe de scène, « Koda » donne l’impression d’être taillé pour le live. Vous l’avez conçu dans cette optique aussi ?

Nico – Oui, car sur les précédents albums, nous avons expérimenté des arrangements plus poussés et difficile à reproduire sur scène, à savoir une chorale, des violons, ou même ne serait-ce que le piano. Pour « Koda », la volonté était de pouvoir jouer tous les morceaux à trois sur scène, ainsi que d’essayer de ‘resserrer’ et d’affirmer notre son en trio. 

– Un dernière petite question pour conclure. On sait que Led Zeppelin est l’une de vos références les plus évidentes, est-ce que le titre de l’album est un clin d’œil au « Coda » du grand dirigeable, son ultime réalisation ?

JB – Bien vu ! En effet, si nous nous sommes tous les trois retrouvés au départ sur Led Zeppelin comme inspiration commune, avec les années, et de façon très naturelle, nous nous éloignons de nos racines pour évoluer vers un Rock de plus en plus moderne. C’est pourquoi, on a voulu faire un pied de nez à leur dernier album en appelant le nôtre « Koda » avec un ‘K’ pour annoncer notre « Coda » d’avec Led Zeppelin ! (Sourires)

Le nouvel album de DÄTCHA MANDALA, « Koda », est disponible chez  DM Prod, Take It Easy et Discos Macarras.

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Glam Rock Rock 70's

Gyasi : une sauvage intensité

Il est exubérant, flamboyant et il respire l’âge d’or du Rock’n’Roll à pleins poumons malgré sa jeunesse. Totalement débridé, le songwriter aura attendu seulement un EP et deux albums avant de réaliser son premier live. C’est dire la témérité et l’exaltation de GYASI, homme de spectacle et musicien accompli. Avec « Rock n’Roll Sword Fight », il expose une identité musicale hors-norme et explose les codes établis.

GYASI

« Rock n’Roll Sword Fight »

(Alive Naturalsound Records)

Il y a deux ans, j’avais eu le plaisir de poser quelques questions au très électrique GYASI à l’occasion de la sortie de son deuxième album, « Pronounced Jay-See ». Dorénavant basé à Nashville, le natif de Virginie Occidentale poursuit son périple et ce n’est pas très surprenant de le voir surgir avec « Rock n’Roll Sword Fight », un live qui se trouve être le parfait reflet de l’intense énergie qu’il déploie et surtout du son qui émane de son travail en studio. Une sorte de prolongement, en somme. 

C’est donc dans son élément de prédilection, la scène, que l’Américain a capté les émotions et l’intensité de son jeu. GYASI nous fait le plaisir de se livrer sur près d’une heure d’un Rock’n’Roll fougueux, où il ne prend d’ailleurs guère le temps de lever le pied. Dans une atmosphère très 70’s et porté par un public restreint mais tout acquis, le guitariste et chanteur fait le show… et il le fait même très bien ! La tempête décibélique fait son œuvre et devient même addictive.

Théâtral et incandescent, GYASI incarne littéralement le renouveau du Glam Rock perçu sur « Pronounced Jay-See », et apporte beaucoup de fraîcheur à un registre où l’on se délecte des références à Led Zeppelin, T-Rex et aux Stooges avec un soupçon de Bowie et de Slade. Il se les est accaparé et, très bien soutenu part un groupe efficace, il laisse parler un univers très personnel. A noter en fin d’album les versions survoltées du medley « All Messed Up » et le génial « Sugar Mama ». Un vent de liberté !

Retrouvez l’interview de l’artiste :

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Dark Metal International Occult Rock

Saturday Night Satan : dark feelings [Interview]

Façonné autour de la chanteuse Kate Soulthorn et du multi-instrumentiste et compositeur Jim Kotsis, SATURDAY NIGHT SATAN est apparu il y a peu sur la scène athénienne et entend bien s’étendre au-delà. Entre Rock et Metal et dans une thématique occulte pleine d’ésotérisme, le duo joue sur le contraste entre des ambiances volontairement vintage et des compos très actuelles. Et en ce sens, « All Things Black » est un premier album aussi surprenant que très réussi. Entrainant et mélodique, l’équilibre est trouvé, ce qui a récemment poussé les Grecs à investir la scène. Entretien avec le guitariste et bassiste Jim Kotsis.

Photo : Petros Poulopoulos

– Votre premier album, « All Things Black », est sorti récemment. Il est le fait de ta collaboration avec Kate Soulthorn, la chanteuse. De quand date le début du projet et quel a été le déclencheur pour vous deux ?

Par une charmante nuit de printemps, au milieu de la quarantaine pandémique du Covid-19, j’ai commencé à réfléchir à un projet de Rock Occult. Le nom et l’idée du groupe me hantaient déjà, mais je n’avais jamais réussi à le concrétiser. Et malgré quelques tentatives infructueuses, je n’avais pas abandonné. Kate avait mentionné à plusieurs reprises vouloir faire de la musique ensemble et ce soir-là, j’ai finalement eu le déclic. Il fallait le faire tous les deux. Elle est devenue ma muse et moi, son mentor. Ensemble, nous avons combiné nos efforts et nos âmes et ainsi, SATURDAY NIGHT SATAN est né !

– Au départ, SATURDAY NIGHT SATAN devait rester un projet studio, a priori sans concert, ce qui aurait d’ailleurs été dommage. Qu’est-ce qui vous a poussé à aller de l’avant, à changer vos objectifs et à en faire un groupe à part entière ?

Eh bien, il y a un dicton qui dit quelque chose comme ‘l’appétit vient en mangeant’. Riff après riff, chanson après chanson et avec Kate poussant dans la même direction, j’ai commencé à y réfléchir sérieusement. Et puis, j’ai eu l’occasion de faire écouter le disque avant sa sortie à quelques personnes clés de la scène locale. Ainsi, juste après la sortie des deux premiers singles, les premières offres de concerts ont commencé à arriver. Cela nous a semblé être l’occasion idéale de partager notre musique. Alors, nous avons pris notre courage à deux mains pour contacter des amis et des musiciens talentueux pour former le groupe. Le reste appartient à l’histoire.

Photo : Petros Poulopoulos

– D’ailleurs, parlons de « All Things Black », qui est très bien produit et qui bénéficie aussi d’un son très organique. Dans quelles conditions a-t-il été réalisé, car les arrangements notamment sont très soignés ?

Nous avons composé les chansons et écrit les paroles avec tout notre cœur. Kate a contribué aux mélodies vocales, parfois avant, parfois après la mise en place des riffs de guitare et des structures des chansons. Ensuite, je me suis occupé des arrangements et des structures. A ce moment-là, j’ai pris ce qui s’est avéré être la meilleure décision : confier à mon ami de longue date et membre du groupe ‘Black Soul Horde’, John Tsiakopoulos, les tâches de production, de prises de son et de mixage de l’album. Après quelques discussions et quelques expérimentations, nous avons obtenu le son souhaité sur tous les instruments. Le processus d’enregistrement a ensuite suivi un cheminement classique. Une fois que John a eu fini de mixer (et il a fait un excellent travail), nous avons confié l’album au plus haut niveau c’est-à-dire à Brian Lucey, qui a également masterisé « Meliora » de Ghost, entre autres. Son travail terminé, nous savions que nous avions réussi à donner vie à notre vision de départ. Pour moi, c’est une réussite à 100% et j’espère que d’autres l’apprécieront aussi.

– Musicalement, SATURDAY NIGHT SATAN penche un peu plus sur le Metal, en conservant un côté très Rock et il traverse plusieurs décennies dans les influences comme dans les sonorités. Ce sont autant de mouvances qui ont forgé votre identité artistique, puisqu’on y perçoit des choses très 70’s et d’autres plus actuelles ?

Je crois que cela résume bien l’essence de notre son. Tu peux y trouver des influences vintage, mais tout est filtré à travers un prisme moderne, lui donnant une ambiance fraîche et pertinente. Personnellement, et je pense pouvoir parler au nom de Kate à ce sujet, j’apprécie la musique de toutes les décennies et de tous les genres. Bien que je sois un fan de Heavy Metal, j’aime également Blue Öyster Cult, Megadeth, Rush, Darkthrone et John Carpenter. Après tout, que serait la vie sans diversité ?

Photo : Petros Poulopoulos

– Justement, on assiste depuis quelques temps déjà à une vague vintage avec des groupes comme Lucifer notamment, qui partage aussi votre univers. Vous vous reconnaissez dans ce mouvement, et comment expliquez-vous ce regard musical vers les groupes pionniers ?

Je peux bien sûr identifier notre esthétique au sein de ce mouvement. Il est évident que des groupes comme Lucifer, Jess And the Ancient Ones, The Devil’s Blood, In Solitude et des pionniers plus anciens comme Arthur Brown, Coven et Black Widow ont grandement influencé la création de SATURDAY NIGHT SATAN. Cependant, je nous considère bien plus qu’un simple groupe de Rock/Metal occulte. Alors que les gens sont attirés par les groupes de cette scène spécifique en raison de leur esthétique et de leur appréciation croissante pour les vibrations vintage, je pense que le groupe va devoir évoluer. Nous devons explorer de nouvelles directions, permettre à des influences plus diverses de façonner notre son et nous forger notre propre identité. Je ne pense pas que le monde ait besoin d’un autre clone de Black Sabbath. Je veux que nous transcendions cela pour devenir quelque chose de plus fort dans le futur.

– Vous évoluez dans un univers occulte, qu’il soit Metal ou Rock, on l’a dit. D’où tirez-vous vos inspirations ? Plutôt dans ce qu’il y a de plus moderne comme le cinéma ou la littérature ? Car on sait aussi que la Grèce est une terre de légendes, qui peut apporter beaucoup d’influences dans le domaine…  

Lorsque tu arrives sur des sites comme Delphes, l’Achéron, l’ancienne Épidaure ou même le Parthénon, c’est évident que la Grèce était autrefois une terre de grandeur et d’ésotérisme profond. Ces lieux dégagent une énorme quantité d’énergie, qui inspire notre esthétique et notre façon de penser depuis des années. Naturellement, nous sommes fans de littérature occulte et aficionados de cinéma d’horreur. La fusion de ces influences, combinée à des années d’écoute des pionniers du proto-Metal, a façonné ce que nous sommes. Si on plonge dans notre passé, il n’est pas surprenant que nous ayons finalement créé SATURDAY NIGHT SATAN.

Photo : Petros Poulopoulos

– Revenons à l’album, où ce sont vraiment le chant et les guitares qui prédominent. Il y a d’ailleurs un énorme travail sur ces dernières. C’est ce qui a servi de base pour les morceaux, car le nombre de riffs est incroyable et les solos ne sont pas en reste, non plus ?

Je crois fermement en une musique axée sur les riffs plutôt que sur le chant, mais dans ce projet, nous visions à mélanger les deux éléments. Et je pense que nous avons atteint cet objectif. Ce qui est intéressant aussi, c’est que je joue habituellement de la basse, mais pour cet album, j’ai assumé pour la première fois des fonctions de guitariste pour m’assurer que le son correspondait à ma vision. En ce qui concerne les solos, je ne me sentais pas à la hauteur de la tâche, alors j’ai demandé l’aide de mon ami et talentueux musicien et producteur, Akis Pastras (connu pour son travail avec Dexter Ward, Nightfall et en tant qu’ancien membre de On Thorns I Lay, entre autres). Et sa contribution est phénoménale ! Je suis vraiment satisfait du travail et du son de la guitare, même si je reconnais que je n’ai jamais été, ne suis pas et ne serai jamais un grand guitariste, car cela exige un ensemble de compétences spécifiques qui me manque.

– Un mot aussi sur le chant de Kate, qui est réellement envoûtant et parfaitement mis en avant. Si on reconnait aisément certaines références, il est pourtant très personnel. Est-ce que les parties musicales ont été adaptées à ses lignes vocales, ou c’est plutôt l’inverse qui s’est produit en l’incitant à s’adapter à des mélodies préexistantes ?

Kate s’est souvent plainte que certaines chansons ne convenaient pas à sa voix. Alors, à plusieurs occasions, je lui ai permis de commencer avec la mélodie qu’elle souhaitait, puis j’ai construit la chanson autour. Certaines comme « All Things Black » et « Of Love And The Void », ont été créées de cette façon. Je pense que Kate a vraiment amélioré son chant sur cet album et cela l’a aidée à trouver son propre style. Elle a été beaucoup influencée par la musique des années 90, ce qui est logique puisqu’elle a grandi à cette époque. On pourrait peut-être penser que cela aurait été difficile pour elle de s’intégrer, mais en réalité, cela fonctionne très bien. J’en suis heureux et surtout qu’elle ne soit pas simplement une autre ‘voix féminine rock’ de plus. Elle a vraiment quelque chose de spécial.

Photo : Petros Poulopoulos

– A l’écoute de « All Things Black », il n’est pas compliqué de deviner que vous êtes tous les deux des musiciens chevronnés, d’ailleurs issus de l’underground d’Athènes. Jim, tu joues avec le groupe Black Soul Horde, et qu’en est-il de Kate ? Et est-ce que SATURDAY NIGHT SATAN est pour vous deux l’occasion de faire vraiment ce que vous aimez, sans peut-être les contraintes d’un collectif plus important ?

C’est exactement ça et je suis ravi que tu l’aies perçu ! Ce groupe nous donne à tous les deux une grande liberté de création. Nous faisons ce que nous voulons, quand nous voulons. C’est quelque chose qu’on ne peut pas toujours réaliser dans un groupe de quatre ou cinq musiciens. Cependant, nous ne sommes pas de grands fans du concept ‘musicien de session’ pour autant. Nous voulons que toutes les personnes y voient une forme d’expression. Après toutes ces années, nous commençons enfin à trouver un équilibre dans ce processus. Kate a travaillé avec des groupes de reprises toute sa vie et a récemment dirigé un groupe de d’Alternative Rock. Personnellement, je suis actif sur la scène underground locale depuis environ 20 ans. Cela n’a pas toujours été facile, mais cela m’a donné l’expérience dont j’avais besoin pour faire partie d’un projet musical mature comme SATURDAY NIGHT SATAN. Pour l’instant, je suis vraiment content de là où nous en sommes et j’espère que cela continuera ainsi à l’avenir.

– Enfin, j’aimerais que l’on parle de la scène, puisque vous avez franchi le pas. Finalement, SATURDAY NIGHT SATAN doit prendre toute sur ampleur en concert, non ? L’idée d’un simple projet studio doit vous paraître bien lointaine aujourd’hui ? Et qui vous accompagne en live et constitue le reste du groupe ?

Eh bien, il y a beaucoup de gens qui nous disent que nous sonnons mieux sur scène que sur disque. Mais pour moi, le plus difficile est d’essayer de ressembler à l’album. Si beaucoup de personnes qui viennent à nos concerts ont écouté l’album, il faut qu’on réponde à leurs attentes, non ? Je ne dirais pas que le concept de projet de studio semble lointain. Je crois que c’est une situation qui change constamment, et à mesure que les conditions changent, notre opinion à ce sujet peut également changer. Mais pour l’instant, je souhaite que nous fassions beaucoup de concerts et que nous diffusions notre musique le plus possible. C’est notre objectif aujourd’hui ! Actuellement, notre groupe live comprend le batteur Marios Ioannou (qui joue également de la batterie sur l’album), le guitariste Fotis Karaoglanis (qui a participé à certains projets avec moi par le passé), le guitariste Spyros Georgantas (également dans l’incroyable groupe The Vulcan Itch) et le claviériste Theo Foinidis, qui est toujours occupé avec de nombreux projets, mais qui est aussi la personne la plus calme du groupe. Nous sommes plus qu’heureux d’avoir ces gens extraordinaires à nos côtés !

L’album de SATURDAY NIGHT SATAN, « All Things Black », est disponible chez Made of Stone Recordings.

Retrouvez aussi la chronique du disque :

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Heavy metal Stoner Doom Stoner Metal

The Watchers : un regard noir

Issu de l’underground Metal de San Francisco, THE WATCHERS se blottit avec une certaine férocité dans l’obscurité et les ténèbres d’un Stoner Metal dont les saveurs très 70’s sont définitivement addictives. Pour autant, il ne risque pas d’échapper très longtemps aux lumières qui devraient le relever à un plus large public. Cette deuxième production est d’une efficacité et d’une virtuosité décapante. « Nyctophilia » est un voyage musical aux atmosphères multiples et singulières qui donne envie de repartir encore et encore.

THE WATCHERS

« Nyctophilia »

(Ripple Music)

Loin des fastes de la scène Thrash Metal qui colle à la peau de la Bay Area, THE WATCHERS a pris une toute autre voie, celle d’un Stoner teinté de Heavy Metal et aux légers accents Doom. Créé en 2016, les membres du groupe ont d’abord fait leurs armes chez Spiral Arms, White Witch Canyon, Black Gates, Systematic et Vicious Rumors. Autant dire que le quatuor est rompu à l’exercice, ce qui lui permet d’évoluer avec une aisance naturelle dans un univers qu’ils s’est façonné minutieusement pour distiller un style très personnel.

Toujours produit et réalisé par Max Norman (Ozzy, Megadeth), « Nyctophilia » marque pourtant un tournant pour THE WATCHERS, qui voit ici ses compositions parfaitement mises en lumière par un son étincelant. Après l’EP « Sabbath Highway » sorti l’année de sa formation, puis le premier album « Black Abyss » et le court « High And Alive » livré en pleine pandémie, les Californiens prennent une nouvelle dimension. Ce deuxième opus avance sur des morceaux variés, très aboutis et originaux malgré d’évidentes références.

Sur une intro acoustique, THE WATCHERS nous guide vers les ténèbres comme écrasés par un soleil de plomb avec « Twilight » et «  I Am The Dark ». Sur des riffs épais et charpentés, le combo nous saisit pour ne plus nous lâcher. Emmené par Tim Narducci (guitare, chant), il déroule sur des mélodies prenantes, parfois bluesy, des solos enivrants et un chant véritablement habité (« Eastward Though The Zodiac », « Haunt You When Im Dead », « Taker »). Et l’ambiance vintage vient accentuer cette sombre et délicieuse emprise.

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Heavy metal International Occult Rock Old School

The Wizards : magie et ésotérisme [Interview]

Ancré dans un esprit 70’s, THE WIZARDS se meut dans un concept et des sonorités occultes dilués dans un son organique soigneusement élaboré. Originaires de Bilbao, les Basques combinent Hard Rock, Heavy Metal et Rock et avec « The Exit Garden », le quatrième album du quintet, on plonge dans un univers à l’imagerie sombre et ténébreuse où les longues plages instrumentales souvent épiques font corps avec un chant captivant. Entretien avec Jorge, aka George Dee, lead-guitariste du combo, dont le registre rappelle les belles heures des fondations du genre.

– Vous avez formé THE WIZARDS il y a un peu plus de dix ans et votre parcours est exemplaire avec ce quatrième album qui vient juste de sortir. Est-ce que c’est ce que vous avez déjà en tête au printemps 2013 quand vous avez publié votre première démo ?

Notre première démo est sortie en janvier ou février 2014 et à l’époque, le groupe s’est formé sans objectif clair en tête. Nous avions tous joué dans d’autres groupes et nous avons commencé ce projet juste pour nous amuser et jouer quelque chose de différent. Nous ne pouvions pas imaginer que THE WIZARDS allait être le tournant Rock’n’Roll de nos vies.

– Avant de parler de « The Exit Garden », j’aimerais qu’on évoque de cette sorte de concept autour de THE WIZARDS. Il règne chez vous une ambiance occulte et une imagerie pleine de mystères. Est-ce que l’objectif est de développer un univers bien spécifique autour de chaque album, ou c’est plus global et cela inclue la démarche complète groupe ?

Le concept derrière le groupe a été clair, dès que nous avons choisi le nom en fait. Il reflète la magie liée à la musique. Nous nous inspirons des connaissances ésotériques, ainsi que des livres, des bandes dessinées, de nos expériences personnelles et bien d’autres choses. Chaque album montre une approche différente et rien n’est vraiment planifié, car les choses se produisent finalement lorsque nous écrivons et composons les chansons.

Photo : Raquel Garcia

– Après votre premier album éponyme en 2015, vous avez enchainé avec « Full Moon In Scorpion » et « Rise Of The Serpent », presque coup sur coup en 2017 et 2018. Que s’est-il passé ? Vous aviez un double-album en tête dès le départ, ou il s’agit juste d’un surplus de créativité ?

En fait, c’est juste quelque chose de normal, car nous avions enregistré « Full Moon in Scorpio » en avril 2016 et il n’est paru qu’en mai 2017. Au début, personne ne voulait le sortir et après quelques mois, nous avons finalement conclu un accord avec Fighter Records. Et puis, il y a eu des critiques et des ventes incroyables, donc nous avons beaucoup joué. Ensuite, en avril 2018, nous avons commencé à enregistrer « Rise of the Serpent ». Finalement, il y a eu une pause de deux ans entre la conception et l’enregistrement des deux disques.

– Puis, il s’est passé six ans entre vos deux derniers albums. C’est long et même s’il y a eu la pandémie, est-ce une période où vous avez aussi plus tourné ?

Malheureusement non, nous n’avons pas pu faire de concert pendant deux ans et demi et ce fut un désastre total pour nous. Mais nous nous en sommes remis en selle et nous sommes revenus il y a deux ans et nous sommes là aujourd’hui : prêts pour l’action et plus forts que jamais.

– A propos de concerts, on entend assez peu parler de la scène Metal espagnole. Est-il facile d’y organiser des tournées et est-ce que votre situation au pays Basque vous offre aussi des opportunités en raison de la proximité avec la France, notamment ?

Il y a une scène intéressante dans notre pays et nous avons joué presque partout. Ce n’est pas difficile pour nous de tourner ici. Et comme nous sommes aussi proches de la France, notre premier concert a eu lieu à Rennes en Bretagne. Nous adorons jouer dans d’autres pays. J’espère que nous pourrons bientôt retourner à Rennes et dans d’autres villes également.

– D’ailleurs, la culture basque est aussi riche en légendes. Est-ce qu’elle vous inspire ?

Pas énormément au niveau des paroles. Je pense que nous sommes peut-être plus davantage liés à cette présence par la seule puissance de son essence-même.

– Il y a trois ans, vous aviez aussi sorti un single, « Sign Of The Wolf (Pentagram) ». C’était une façon de garder le contact avec vos fans, alors que les concerts étaient à l’arrêt ?

Oui, exactement. Nous nous sommes souvenus qu’il y avait cette chanson que nous avions gardée pour une sortie spéciale. Et nous avons pensé que c’était le bon moment. On la jouait d’ailleurs en live depuis longtemps.

– « The Exit Garden » paraît plus sombre que vos albums précédents avec des aspects Doom qui rappellent Skyclad et Trouble. Et puis, vous avez également produit votre album. C’est une manière de gérer entièrement votre musique ou, plus simplement, c’est parce que vous aviez une vision précise et claire du son que vous voulez obtenir ?

Nos deux précédents disques avaient été produits par Dean Rispler et il nous a montré de nombreuses astuces importantes concernant la production. C’était donc le moment idéal pour le faire nous-mêmes. Nous n’avons pas beaucoup réfléchi au son global, mais nous avons beaucoup travaillé sur les arrangements, les structures et le jeu. Je pense que nous avons réalisé ce que nous avions en tête, donc nous sommes vraiment heureux de l’avoir produit nous-mêmes.

– L’une des premières choses qui attire l’attention chez THE WIZARDS est l’énorme travail effectué sur les guitares, entre les riffs, les twin-guitares et les solos. Les morceaux ont structures solides. Vous composez plutôt autour d’un thème de départ, du chant ou des parties de guitares justement ?

Merci, c’est peut-être parce que les principaux auteurs sont Felipe (Phil The Pain – NDR) et moi, les deux guitaristes du groupe. Nous aimons écrire les chansons ensemble, et c’est génial, car nous nous complétons vraiment. Habituellement, nous travaillons sur quelques riffs qui deviennent la structure principale, puis nous ajoutons les paroles et d’autres arrangements. Mais la majeure partie du travail est accomplie lorsque nous répétons tous les cinq ensembles. Cela a d’ailleurs toujours été notre façon de faire depuis le début.

– D’ailleurs, comment se partagent les parties de guitares entre le lead et la rythmique ? Et est-ce que le fait d’avoir le même line-up depuis vos débuts est important pour l’harmonie du groupe et l’équilibre de vos morceaux ?

C’est assez simple, je joue le lead et Felipe joue la rythmique en concert. En studio, nous enregistrons tous les deux les parties rythmiques, et ensuite je fais les solos. C’est vrai que nous sommes ensemble depuis 2013 et c’est véritablement la clé du son serré que nous aimons offrir. Ecrire, répéter et jouer en live avec les mêmes personnes pendant dix ans est quelque chose qui crée une réelle connexion et une belle synchronicité au niveau des guitares dans les morceaux.

– Enfin, THE WIZARDS aurait très bien pu exister et évoluer dans les années 70/80. Comment vous êtes-vous plongé dans ce courant du Heavy Metal, qui rappelle ses belles heures ?

Nous aimons les groupes classiques tels que Judas Priest et Blue Öyster Cult, c’est vrai. Les albums que ces groupes ont réalisés dans les années 70/80 sont de grande classe. Mais nous essayons surtout simplement de créer quelque chose de personnel en s’inspirant de tous ces grands maîtres. Et puis, rien ne nous intéresse plus qu’un ampli Marshall et une guitare Gibson : c’est du Rock’n’Roll et c’est donc toujours très organique.

Le nouvel album de THE WIZARDS, « The Exit Garden », est disponible chez High Roller Records.

Catégories
Blues Rock Soul / Funk

The Black Keys : funky vibes

L’heure est à la détente pour THE BLACK KEYS, qui s’autorise le temps de ce nouvel opus une sorte de récréation nettement plus vaporeuse, mais non sans livrer un ardente prestation. Souvent galvaudée, le terme de groove prend ici tout son sens à travers 14 morceaux où l’objectif du groupe est clairement de prendre du plaisir et surtout d’en donner. Très 70’s dans les sonorités, des effluves de Soul, de Funk et d’un Blues tendre et généreux font cause commune sur « Ohio Players », qui donne autant le sourire que la patate !    

THE BLACK KEYS

« Ohio Players »

(Easy Eye Sound/Nonesuch Records)

Joie et félicité ! THE BLACK KEYS est de retour, clope au bec, avec une pêche d’enfer et sur un groove aussi démoniaque que réjouissant ! Alors ok, Dan Auerbach et Patrick Carney ne sont pas complètement seuls. « Ohio Players » n’est pas non plus complètement un album de leur composition. Et alors ? Le duo est particulièrement bien entouré et la tracklist est joyeuse, funky et, on ne va pas se mentir, ça fait plutôt du bien par les temps qui courent ! Il y a forcément aussi une explication très rationnelle à ce douzième effort studio des Américains, qui nous emmènent assez loin de l’âpreté du Blues Rock de « Dropout Boogie ».

En titrant ce nouvel opus du nom du cultissime groupe de Funk, THE BLACK KEYS annonce la couleur : elle sera festive, légère et explosive. L’idée de cette création inattendue et originale est née lors de soirées organisées par le groupe, où il passait de vieux 45tr de sa collection. Et c’est l’esprit de ces fêtes qui a constitué le fil rouge de l’album. A l’exception de « I Forgot to Be Your Lover », une chanson écrite par William Bell et Booker T. Jones, l’ensemble de « Ohio Players » est signé et produit par le tandem de la petite ville d’Akron. En revanche, les collaborations ne manquent pas et elles ont même parfois assez surprenantes.

Le guitariste/chanteur et le batteur ne renient pas une seule seconde leur patte musicale et encore moins ce son si particulier qui les distingue depuis leurs débuts. L’approche est la même et on la ressent jusqu’à cette production, certes, plus lisse cette fois, mais tellement riche en arrangements. Facile et aérien, THE BLACK KEYS a donc convié l’ami Beck sur près de la moitié de « Ohio Players », tandis que Noël Gallagher (oui, oui !) intervient aussi dans la composition de trois morceaux. Et la participation des rappeurs Juicy J et Lil Noid libère quelques instants de Hip-Hop langoureux. On sait s’amuser dans l’Ohio et ça fait du bien !

Retrouvez les chroniques de leurs deux derniers albums :