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Heavy metal Old School

Mean Mistreater : compact et exaltant

Tirant son nom d’un morceau de 1975 de Grand Funk Railroad, MEAN MISTREATERannonce à sa manière la couleur concernant, si ce n’est l’époque, du moins ses inspirations concernant le Heavy Metal dans lequel il évolue. Pas complètement proto-Metal non plus, la formation du Sud des Etats-Unis livre un brûlant mix entre des dynamiques très 80’s venant d’Europe et d’autres directement de son pays, et avec la volonté d’afficher le respect d’une tradition toujours aussi passionné. Intense et électrisant, « Do Or Die » avance sur un train d’enfer.

MEAN MISTREATER

« Do Or Die »

(Dying Victims Productions)

Aussi bouillonnante soit-elle, la scène Heavy Metal mondiale ne produit pas forcément des groupes à même de renouveler, ou tout au moins d’apporter une touche originale à un genre né dans les années 80 et qui doit beaucoup à cette légendaire NWOBHM. Mais ils sont quelques uns et c’est de l’autre côté de l’Atlantique, du Texas, que vous vient MEAN MISTREATER. S’il remplit toutes les cases des incontournables atouts à posséder et des codes à respecter, le quintet va au-delà, grâce surtout à une rage et une vraie folie musicale baignant dans un ambiance vintage saillante.

Il y a moins de deux ans, le groupe était apparu avec « Razor Wire », sorte de prémisse à ce qui allait suivre aujourd’hui, « Do Or Die » se veut beaucoup plus abouti, tant dans les compositions à l’écriture chiadée qu’au niveau de la production. Certes, ce deuxième opus n’a rien à voir avec ce qui se fait à l’heure actuelle en termes de sonorités, mais cela ne l’empêche pas d’être parfaitement ancré dans son époque. Brut et incisif, c’est sur la puissance de son jeu que MEAN MISTREATER a misé et il est loin de manquer de ressources  et de (très bonnes) idées.

Resserré sur moins d’une demi-heure, le voyage que propose le combo d’Austin n’est pas de tout repos. Très américain dans son approche du Metal, il peut compter sur sa frontwoman, Janiece Gonzalez, qui n’est pas sans rappeler une certaine Leather Leone ou la Doro de Warlock avec cette hargne et ce côté hyper-Rock. La doublette guitaristique se fait aussi plaisir, redoublant d’efforts sur les échanges de solos et de riffs racés. La paire basse/batterie montre les muscles et MEAN MISTREATER laisse clairement apparaître une belle idée d’un collectif percutant.

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Heavy metal Old School

Ladykiller : Metal warriors

Dire que les musiciens de LADYKILLER sont valeureux est un doux euphémisme, tant ils ont su montrer de la force pour relever les nombreux défis qui se sont dressés sur leur route. Et si l’on en croit l’énergie omniprésente sur « Big Bang Attack », ils sont parvenus à insuffler leur amour dévoué à un Heavy Metal traditionnel avec beaucoup de conviction et un savoir-faire accumulé au fil des ans. Le combo de Toscane est aujourd’hui solide, volontaire et surtout présente des titres enflammés, véloces et très bien ciselés.   

LADYKILLER

« Big Bang Attack »

(Wanikiya Record/Promotion)

Bien que l’histoire de LADYKILLER ait commencé il y a une vingtaine d’années du côté de Pise en Italie, ce n’est vraiment qu’en 2018 que les choses ont pris un tournant sérieux et surtout stable. En effet, le groupe a essuyé des changements incessants de line-up, avec toujours aux commandes Max Morelli au chant. Si l’aventure a vu passer ses membres dans de nombreuses formations, notamment son leader avec Signum Draconis et Hyperion, leur premier album est enfin là et, avec « Big Band Attack », l’attente est enfin récompensée… avec la manière.  

Cela dit, ces dernières années leur ont permis de continuer à écrire et également à retravailler d’anciens morceaux remis au goût du jour avec une approche plus moderne. Pour autant, le Heavy Metal de LADYKILLER a cette touche intemporelle ancrée dans les années 80/90, qui le rend finalement difficile à dater. Preuve, s’il en est, de sa qualité intrinsèque. Car c’est un registre pêchu, aux mélodies ardentes et aux compositions très efficaces et musclées dont il est question sur ce « Big Bang Attack » explosif et franchement accrocheur d’un bout à l’autre.

Techniquement irréprochable et doté d’une belle production, ce premier opus de LADYKILLER s’inscrit dans une tradition Heavy portée par la NWOBHM, notamment Maiden et Priest, grâce à un chant puissant et des guitares à l’unisson, capables d’évoluer en twin comme sur des rythmiques bien structurées et des solos tout en percussion. Les Transalpins maîtrisent leur sujet, c’est indéniable et c’est d’autant plus agréable qu’il en ressort des morceaux plus qu’entêtants (« Break Your Chains », « Television Spot », « Holy Mountain », « Whores & Shadows »). Une belle ténacité !

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Doom Old School

Pentagram : le phoenix du Doom

Plus de 50 ans après sa création, la formation originaire de Washington D.C. nous fait le plaisir d’un nouvel effort, « Lightning In A Bottle », respectueux de ce son si particulier et de cette approche du Doom qui a influencé quelques générations. Au côté de son fantasque chanteur, on retrouve un casting de choix et de choc, qui redonne de l’allant à un PENTAGRAM qu’on peut presqu’imaginer immortel, malgré une existence défiant toutes les conventions. A la fois rebelle et provocateur, le quatuor continue de donner le ton et de montrer la voie.

PENTAGRAM

« Lightning In A Bottle »

(Heavy Psych Sounds)

Groupe pionnier et iconique de la scène Doom Metal, PENTAGRAM poursuit malgré tout, et comme souvent contre toutes attentes, sa carrière et présente un « Lightning In A Bottle » solide. Assez chaotique et finalement peu prolifique, la discographie des Américains a pourtant marqué l’histoire du genre dès les 70’s et surtout dans les 80’s. Difficile aussi d’énumérer les changements incessants de musiciens, sauf à confirmer que son leader et fondateur, Bobby Liebling, tient toujours les rênes, la même foi chevillée au corps.

Premier album depuis une décennie et « Curious Volume », ce neuvième opus affiche un PENTAGRAM a de quoi laisser rêveur, tant le frontman s’est entouré de ce qui se fait de meilleur dans le registre. Jugez vous-mêmes : Henry Vasquez (Legions Of Doom, Saint Vitus, Blood Of The Sun) est derrière les fûts, Scooter Haslip (Mos Generator, Saltine) l’accompagne à la basse et surtout on retrouve le grand Tony Reed (Mos Generator, Big Scenic Nowhere notamment) à la guitare en plus de produire « Lightning In A Bottle ».

Avec un tel casting, PENTAGRAM garde cependant le cap qu’il s’est toujours fixé, à savoir un proto-Doom aux saveurs Heavy Metal des origines qui vient garantir cette intemporalité assez incroyable. Et si le son est fidèle au combo, il n’en demeure pas moins très travaillé, laissant échapper des riffs tranchants et sombres sur un groove démoniaque. Au chant, Bobby Liebling entretient le mythe malgré l’emprise du temps qui se fait parfois sentir. L’ensemble est valeureux, énigmatique et inspiré. Les légendes ne meurent jamais !

Retrouvez l’interview de Tony Reed à l’occasion de la sortie de son album solo, « Funeral Suit » en 2021 :

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Hard'n Heavy

Bonfire : incandescent

De l’autre côté du Rhin, BONFIRE retrouve sa vigueur et sa créativité d’antan. Après quelques problèmes de santé, son leader Hans Ziller renoue avec l’inspiration en arborant un ardent Hard Rock très Heavy. Hyper-affûtés, les cinq musiciens créent la sensation grâce à une intensité constante et s’autorisent même une bonne reprise du « Rock’n’Roll Survivors » de leur précédent disque avec panache et dans des circonstances appropriées. « High Ground » est solide, vif et massif.

BONFIRE

« Higher Ground »

(Frontiers Music)

Depuis plus de quatre décennies, BONFIRE est une institution du Hard Rock et du Heavy Metal allemand aux côtés de Scorpions ert Accept notamment. Même s’il n’a pas connu autant de succès et la même reconnaissance que ses compatriotes, il n’en demeure pas moins un groupe incontournable de la scène germanique et européenne. Pour son 18ème album studio, le quintet fait son arrivée chez Frontiers Music en livrant l’une de ses réalisations les plus enthousiasmantes avec ce virulent « Higher Ground ».

Toujours guidé par son guitariste et compositeur Hans Ziller, BONFIRE donne une suite musclée à « Fistful Of Fire », qui fut comme un nouveau départ il y a cinq ans. Aux côtés de Dyan Mair (chant), Frank Pané (guitare), Ronnie Parkes (basse) et Fabio Alessandrini (batterie), le six-cordiste ouvre la voie et avec un tel line-up, la machine est bien huilée. Dans un Hard’n Heavy qui tire même sur le Power Metal, le combo ose bouleverser ses vieilles habitudes et s’il se fait souvent sombre, il reste captivant.

C’est vrai que le BONFIRE des années 80, sa période faste, est à mille lieux de ce que propose « Higher Ground ». Hans Ziller envoie des riffs racés et fracassants et son entente avec Frank Pané est étincelante, tout comme la rythmique très resserrée qui avance sur un groove impressionnant (« I Will Rise », « Lost All Control », « I Died Tonight », « Fallin’ » et le morceau-titre). Agressif et très Heavy, cette nouvelle réalisation fait plaisir à entendre et remet aussi la formation au centre de l’échiquier. Costaud et intense.

Photo : Frank Kollbi

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Heavy metal

Tokyo Blade : maître des horloges

Les solos sont toujours aussi aiguisés, le chant toujours aussi puissant et la rythmique galopante chez TOKYO BLADE, qui semble même avoir retrouvé une seconde jeunesse depuis quelques disques déjà. Avec « Time Is The Fire », il perpétue un héritage dont il est l’un des ardents fondateurs et à grand renfort de twin-guitars, il entretient sans mal ce côté si fédérateur qui a fait sa réputation. L’énergie est telle qu’on n’imagine pas le combo du Wiltshire, dans le nord-ouest de l’Angleterre, déposer les armes de sitôt.

TOKYO BLADE

« Time Is The Fire »

(Cherry Red Records)

Valeureux représentants de la fameuse NWOBHM, TOKYO BLADE n’a pourtant jamais accédé au rang qu’il aurait dû, et ce malgré une carrière longue de 40 ans agrémentée de quelques très bons albums, dont voici le 14ème. La faute sans doute à des changements de line-up incessants qui ont perturbé le bon cheminement des Anglais sur la scène mondiale. Peu importe finalement, le quintet est stable depuis 2014 maintenant, et « Time Is The Fire » contient une fois encore quelques pépites Heavy Metal bien senties et rafraîchissantes.

C’est donc le quatrième opus de cette reformation quasi-historique, et qui en a encore sous le pied, composée d’Andy Boulton (guitare), John Wiggins (guitare), Andy Wrighton (basse), Steve Pierce (batterie) et Chris Gillen (chant). TOKYO BLADE confirme sa très bonne santé et s’il nous renvoie à ce Heavy, qui manque aujourd’hui cruellement. Avec un peu de nostalgie, le groupe s’inscrit dans une modernité étincelante porté aussi par une production solide et puissante, qui sert autant les mélodies que les envolées guitaristiques dans un bel équilibre.

Et les Britanniques n’y sont pas à aller à moitié, puisque du haut de ses 14 morceaux, « Time Is The Fire » s’étend sur 1h15. De quoi être largement rassasié, car il n’y a rien de trop et l’implication est la même sur chaque titre, aucune négligence de ce côté-là. TOKYO BLADE tient son rang et le tient bien. Epiques et racés, les titres de cette nouvelle réalisation font le tour du répertoire de nos vétérans avec beaucoup de fougue et de percussion, tout en prenant le temps de poser des atmosphères bien structurées et des refrains accrocheurs.  

Retrouvez la chronique de « Fury » :

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Hard 70's Occult Rock Proto-Metal

Time Rift : raw & organic

Originaire de Portland dans l’Oregon, TIME RIFT signe sa deuxième réalisation. Cependant,  celle-ci a des allures de première, tant les changements de musiciens se sont multipliés en une décennie et surtout il dégage aujourd’hui une réelle unité musicale, qui manquait peut-être un peu sur son prédécesseur. « In Flight » marque donc un nouveau départ pour les Américains et le moins que l’on puisse dire est qu’ils sont dans les starting-blocks. Dans un proto-Metal aux contours occultes, ils nous emportent sur un rythme effréné dans un univers d’une nostalgie assumée.  

TIME RIFT

« In Flight »

(Dying Victims Productions)

Fondé par le guitariste et bassiste Justin Kaye sur les cendres de Doomsower en 2014, TIME RIFT a mis du temps a stabilisé son line-up, s’essayant à de multiples moutures. Avec l’arrivée de Terrica Catwood derrière les fûts en 2017, puis celle de Domino Monet (Hadean, Nyx Division) au chant en 2023, le power trio semble désormais fixe et surtout en parfaite adéquation. Après « Eternal Rock » sorti en 2020 dans le marasme qu’on connait, le groupe a écumé les scènes dès ce fut possible et s’est aguerri pour livrer ce « In Flight », qui porte particulièrement bien son nom.

Car, forcément, avec ce deuxième album, on peut aisément dire que TIME RIFT prend enfin véritablement son envol et les compositions témoignent d’une volonté à toute épreuve. Resserré sur une grosse demi-heure, les neuf titres nous font faire un bond dans le temps, dans cette époque bénie des 70’s et du début des 80’s. Ce mix entre proto-Metal et Hard Rock 70’s aux saveurs Doom et Occult Rock débouche sur un disque au revival très réussi et porté par une production brute, organique, qui manque pas de vélocité et de dynamisme. Il bouscule autant qu’il séduit.

Savoureusement rétro, on pense évidemment à Led Zeppelin ou aux premiers Scorpions d’un côté et à Doro et aux Runaways de l’autre, mais TIME RIFT y pose une patte originale et personnelle et nous entraîne dans un tourbillon de décibels finalement très frais. Grâce à une frontwoman aussi polyvalente qu’efficace, le combo livre un opus convaincant où chaque instrument dispose de l’espace nécessaire pour s’exprimer avec force (« The Spear », « Coyote Queen », « Thunder Calling », « Dancing With The Sun », « Hellbound » et le morceau-titre). Costaud et accrocheur ! 

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Hard'n Heavy Old School

Desert Song : intuitif et expérimenté

Face à une industrie musicale et une scène Metal internationale plus formatées que jamais, où tout finit par se ressembler peu à peu, DESERT SONG prend tout le monde à revers pour faire un bond dans le temps. Si renouer avec la créativité du siècle passé n’est pas une mince affaire, recréer l’atmosphère avec un son organique et chaleureux est encore possible. Et le Hard Rock transgénérationnel et cette ambiance Old School dénotent avec brio des réalisations fadasses et bidouillées d’aujourd’hui.

DESERT SONG

« Desert Song »

(Sleaszy Rider Records)

Prenez trois musiciens chevronnés issus d’Ensiferum, Spiritus Mortis, Amoth, Celesty et d’autres encore, mettez-les ensemble en studio et laissez-les se faire plaisir. C’est très précisément ce qu’ont fait Pekka Montin (chant, claviers), Kimmo Perämäki (guitare, chant) et Vesa Vinhavirta (batterie) pour donner naissance à DESERT SONG, power trio affûté, qui a décidé de retrouver la saveur du Hard Rock et du Heavy Metal des années 70 et 80. Et cette couleur très rétro se développe même jusque sur la pochette.

L’ambition première des Finlandais est de faire la musique dont ils ont envie depuis des années et de bien le faire. Pari réussi pour DESERT SONG avec ce premier album éponyme, qui nous renvoie aux belles heures de Blue Öyster Cult, Uhiah Heep et Deep Purple avec une pincée du Michael Schenker des débuts et de Rainbow. Sont injectés aussi quelques passages Doom, progressifs et AOR distillés dans des morceaux très bien écrits, aux structures solides et dont la production-maison est exemplaire et très naturelle.

En marge de leurs groupes respectifs, le combo se rassemble autour d’influences communes et intemporelles. Allant jusqu’à enregistrer sur du matériel vintage, les Scandinaves se partagent aussi le chant et trouvent un parfait équilibre musical. On imagine facilement que DESERT SONG n’a pas souhaité faire dans le clinquant au niveau du son et ce parfum de nostalgie n’en est que plus prégnant (« Desert Flame », « Rain In Paradise », « Another Time », « The Most Terrible Crime », « Cottage »). Un bain de jouvence !

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Hard Rock

House Of Lords : éternel survivant

En revenant à un son plus rentre-dedans et plus ‘sauvage’, HOUSE OF LORDS semble avoir choisi la bonne voie, celle d’une certaine réhabilitation auprès d’un public un brin nostalgique de ses débuts. En effet, « Full Tilt Overdrive » présente une belle dynamique avec un accent mis sur les guitares, histoire de se rappeler ô combien Jimi Bell est un musicien plein de feeling et de fougue. Le combo américain repart de bonnes bases, déjà posées sur le précédent opus et c’est une bonne nouvelle !

HOUSE OF LORDS

« Full Tilt Overdrive »

(Frontiers Music)

HOUSE OF LORDS fait partie de ces nombreux groupes californiens qui se sont fait connaître grâce à des débuts discographiques époustouflants… Chose qu’on ne voit plus beaucoup de nos jours. En 1988, avec son premier album éponyme, il avait fait plus qu’attirer l’attention dans le petit monde du Hard Rock. Des morceaux hyper-fédérateurs et très mélodiques, mais tout de même suffisamment puissants pour rivaliser avec les plus nerveux de l’époque. La suite a été assez chaotique avec de nombreuses turbulences internes, qui ont mené à un bal incessant d’allés et venues dans ce line-up devenu par la force des choses très fluctuant.

Il ne reste aujourd’hui que son emblématique frontman, James Christian, de la formation originelle et pourtant HOUSE OF LORDS reste toujours aussi identifiable. Composé depuis « Saints And Sinners » (2022) du guitariste Jimi Bell, du claviériste et compositeur Mark Mangold et du batteur suédois Johan Koleberg, une unité artistique semble être retrouvée, ainsi qu’une envie d’avancer ensemble. C’est en tout cas qui ressort à l’écoute de « Full Tilt Overdrive », dont la production assez brute et directe se veut beaucoup plus organique et puissante. Et le quatuor, dans cette configuration, parait également beaucoup plus inspiré.

Vocalement irréprochable, James Christian n’a rien perdu de son charisme et reste l’un des meilleurs chanteurs du genre. Fidèle à lui-même en quelque sorte. La petite surprise vient peut-être des guitares, nettement plus en valeur qu’habituellement, relayant légèrement les claviers au second plan. Même s’il reste toujours très mélodique, HOUSE OF LORDS renoue avec ses racines Hard Rock grâce aux riffs et aux solos costauds d’un Jimi Bell en pleine forme (« Bad Karma, « Talking The Fall », « Crowded Room », « Full Tilt Overdrive » « You’re Cursed » et l’épique « Castles High » et ses neuf minutes). Rafraîchissant et tonique !

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Speed Metal

Speedrush : speedfreaks party

Avec « Division Mortality », SPEEDRUSH parvient avec brio à faire le pont entre un Heavy Metal moderne, furieusement Speed et aux riffs légèrement thrashy, et le respect des institutions portées par la légendaire NWOBHM. Denses et percutants, les Grecs sont intraitables et développent une intensité presque ténébreuse. Le combo est tranchant et très fédérateurs aussi, grâce à des titres bien ciselés et parfaitement exécutés et produits. L’assaut est brutal… et savoureux !

SPEEDRUSH

« Division Mortality »

(Jawbreaker Records)

Il s’est passé sept longues années depuis « Endless War » et il faut bien avouer que SPEEDRUSH nous revient quasi-métamorphosé. Si le fond n’a pas vraiment changé, l’approche, la technique et le son se sont considérablement améliorés. Le quintet affiche  désormais de solides arguments et la maturité acquise depuis son premier opus est plus que significative. Avec « Division Mortality », son registre a évolué pour devenir intemporel et surtout très personnel. Et avec une telle pochette, on entre de suite dans le vif du sujet !

Certes, l’empreinte des années 80 et 90 est perceptible parmi les influences de SPEEDRUSH, mais il a gagné en finesse d’interprétation, ainsi qu’en puissance et même mélodiquement. Je n’aime pas beaucoup les comparaisons, mais imaginez un mix très adroit entre Judas Priest, Slayer, Annihilator, un soupçon de Megadeth et du Helloween de la première époque et vous tenez un bon résumé du Speed Metal à l’œuvre sur « Division Mortality ». Il y a tout de même de quoi saliver, avouez-le, d’autant que le résultat est là.

Et SPEEDRUSH a respecté les traditions en présentant une production à l’ancienne, c’est-à-dire avec une intro (« Division Mortality ») et une outro (« Fade To Flames »). Et il ne s’agit pas de simples bruitages ou de sons d’ambiance, mais de courts morceaux, dont le dernier est entièrement acoustique et très bon. Et entre les deux, les Hellènes montrent les crocs sur des titres racés et bien rentre-dedans. Les deux guitaristes s’en donnent à cœur-joie, la rythmique est intenable et le frontman en ébullition. L’essence-même du Metal avec classe !

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Classic Rock France Heavy Blues

Armellino : groovy pleasure [Interview]

Autour de la fratrie ARMELLINO, Yann à la guitare et Alban à la batterie, sont venus se greffer Vincent Martinez à la guitare et au chant, et Jacques Mehard Baudot à la basse pour donner vie à un quatuor au groove très 70’s et à l’énergie très actuelle. Fort d’un premier album, « Heritage Blend », qui en dit déjà long sur le niveau et les intentions des quatre musiciens, c’est avec un grand plaisir qu’on replonge dans l’âge d’or du Heavy Blues et du Classic Rock, preuve s’il en est que dans l’hexagone, on sait aussi y faire en matière de Rock…. Et sans nostalgie ! Entretien avec Yann et le plus discret Vincent autour de ce premier opus, qui en appelle déjà d’autres.

– Tout d’abord, j’aimerais que vous reveniez sur la création d’ARMELLINO. Certes, il y a cette réunion de guitaristes, mais vu le nom du groupe, il s’agit aussi d’une histoire de famille, non ?

Yann : Je connais Vincent depuis longtemps, cela remonte à 2006 lorsqu’il était déjà guitariste et chanteur du groupe Jakes. A l’époque, je faisais partie du label ‘Why Note’ (Nocturne Distribution). Nous avions organisé une release party pour la sortie de l’album « I Have A Dream » de The Reverend au Hard Rock Café à Paris. C’est Jakes qui a ‘chauffé’ la salle et par la même occasion m’a retourné la tête ! J’ai été tout de suite séduit par l’énergie et les compositions, une claque ! Je leur ai proposé de les signer sur le label, mais cela n’a pas abouti, car le groupe s’est séparé peu de temps après… J’ai toujours gardé une oreille attentive à ce que faisait Vincent artistiquement, notamment avec Carousel Vertigo, que je trouvais vraiment très chouette. Quand il a quitté le groupe, nous avons pensé que c’était le bon moment pour commencer à travailler ensemble (enfin !). Il y a des évidences qui mettent du temps à se concrétiser. Quand nous avons terminé le travail de composition, il a fallu trouver un nom. Une étape toujours un peu délicate. Comme tu le soulignais dans ta question, mon frère Alban est à la batterie, donc oui, c’est aussi une histoire de famille. C’est Vincent qui a eu l’idée de se présenter tout simplement sous le nom d’ARMELLINO et ça nous a semblé être la meilleure option.

Vincent : De mon coté, j’ai toujours suivi les productions de Yann. Depuis notre rencontre, il m’a toujours supporté et j’ai toujours gardé dans un coin de la tête l’idée qu’on ferait quelque chose ensemble à un moment donné.

– Vous vous côtoyez depuis quelques années à travers vos différents projets et dans des registres assez différents. Le Heavy Blues et/ou le Classic Rock ne sont malheureusement pas très répandus en France, pourtant ARMELLINO est la preuve qu’on sait y faire. Comment expliquez cette absence dans l’hexagone et qu’est-ce qui vous a finalement convaincu de vous lancer ?

Yann : Quand on s’est décidé à travailler ensemble, nous n’avons pas parlé de ‘direction artistique’ ou de choix de style. Cela s’est fait naturellement. On avait juste envie de passer de bons moments à écrire, jammer… bref, jouer ! Et notre langage commun est ce mélange de Heavy, de Blues et de Rock avec une dose de Soul. Effectivement, ce style n’est pas très répandu en France mais, avec Internet, les artistes souffrent moins des ‘barrières frontalières’ comme c’était le cas il y a quelques années. Aujourd’hui, j’observe que ça bouge pas mal par ici. Il y a de nombreux artistes et groupes vraiment chouettes comme les Red Beans & Pepper Sauce, Rozedale, Jessie Lee & The Alchemists (et oui !), Nico Chona, Little Odetta, Mat Ninat…. et pas mal d’autres.

– Même si « Heritage Blend » ne laisse pas planer le doute quant à  vos références, quelle était votre ambition première, même avec un registre qui s’impose de lui-même dès le départ ?

Yann : Notre première ambition était de se faire plaisir et de partager un genre musical qui perdure malgré les modes. Comme je te le disais précédemment, nous n’avions pas de ligne directrice, ce qui donne à l’arrivée des titres assez variés où l’on peut retrouver pas mal de styles différents. C’est une liberté artistique très éloignée des formats que l’on peut imposer en Pop, en Rap, etc…

Vincent : Et Yann étant très prolifique, c’est très excitant de le suivre dans ses propositions.

– La première chose que l’on remarque chez ARMELLINO est cette complicité entre vous deux au niveau des guitares. Est-ce que c’est quelque chose que vous avez particulièrement travaillé et comment vous répartissez-vous les rôles, notamment au niveau du lead ?

Yann : Quand on s’est retrouvé guitare en main, c’était un peu comme si on avait toujours travaillé ensemble, tant musicalement qu’humainement. Je trouve que Vincent a un phrasé, un groove et une expression musicale digne des plus grands. C’est un cadeau de jouer avec lui. Et en plus, il a une voix Blues Rock Soul, qui sert parfaitement le style. Nous n’avons pas vraiment réfléchi au partage des rôles concernant les lead. C’est pour cela que, suivant les titres, nous ‘chorussons’, si je puis dire, parfois seul ou alors à deux. Ca se fait vraiment au feeling…

Vincent : D’ailleurs, en live, il nous arrive d’étendre certaines plages de guitares et parfois d’échanger nos solos par rapport à l’album.

– Au-delà de l’aspect guitaristique et purement technique d’ARMELLINO, vous avez également le talent de composer des chansons mélodiquement efficaces et entêtantes. Comment cela se passe-t-il au niveau de l’écriture ? Vous échangez d’abord sur des idées de riffs, ou partez-vous aussi d’une ligne vocale ?

Yann : On part très souvent d’une idée de riff que l’on fait tourner. Et quand on sent qu’il se passe quelque chose, on laisse mûrir et ça évolue doucement. Il y a des titres qui ont mis un certain temps à être finalisés, je pense notamment à « These Bones ». On avait le riff d’intro, qui peut évoquer « Oh Well », mais le refrain est venu bien après. C’est d’ailleurs un morceau qui a failli passer à la trappe (ce qui aurait été un véritable sacrilège ! – NDR).

Vincent : Notre but, c’est d’abord la chanson et son ambiance.

– On l’a dit, vous œuvrez dans un registre qui prend racine dans les années 70/80, ce qui offre une saveur vintage délicate. Pourtant, « Heritage Blend » sonne très actuel et ce n’est pas qu’une question de matériel ou de technique. L’idée est-elle de prolonger ce style en lui insufflant une touche moderne, ce qui voudrait aussi dire que le chapitre de ces années-là n’est pas clos…

Yann : Je crois que le chapitre de ces années ‘bénies’ n’est pas près de se refermer. Tout est parti de là et les productions de l’époque n’ont quasiment pas vieilli. C’est loin d’être le cas sur les productions des années 80/90, sur lesquelles il y avait excès de vitesse sur les réverb’ et le traitement des batteries, qui donnait la migraine. C’est dommage, car il y avait de très bons albums aussi pendant cette période. Mais de par leur production, on a du mal à les réécouter aujourd’hui, ce qui n’est pas le cas des Led Zeppelin, Kiss, Cream, Bad Co, etc… On est revenu depuis pas mal de temps à des productions qui ne dénaturent pas le son à proprement parler, un ‘sonner vrai’, qui caresse plutôt les oreilles.

– Un petit mot aussi au sujet des très bonnes parties d’orgue Hammond de Fabien Saussage et de celles de Little Magic Sam à l’harmonica. Elles apportent à ARMELLINO une couleur Southern et beaucoup de chaleur à l’album. Vous aviez besoin de cet équilibre entre Rock et Blues pour construire votre répertoire ?

Yann : Assez vite, on a entendu d’autres instruments sur différents titres. L’orgue, le piano et l’harmonica se sont imposés naturellement, c’est une vraie valeur ajoutée. Fabien et Little Magic Sam ont fait un travail remarquable, c’est un cadeau de les avoir avec nous. Ils ont eu une totale liberté pour s’exprimer. C’est pourquoi, sur certains titres, il y a de l’orgue et du piano, car Fabien le sentait comme ça et il a eu raison ! Sur « Hardly Yours », on avait demandé à Little Magic Sam de rentrer au moment du chorus de guitare. Et à l’arrivée, il a eu envie de jouer sur tout le morceau : une super idée et une belle inspiration avec ses phrases qui répondent au chant de Vincent. Merci à eux.

– « Heritage Blend » contient onze chansons, dont deux reprises, d’ailleurs très bien produites par Didier Théry qu’on connait pour son travail avec Gaëlle Buswel notamment. Il y a d’abord « Fire » d’Etta James chantée par Jessie Lee Houllier de ‘Jessie Lee & The Alchemists’. Le choix paraît très spontané vu le reste de l’album. Mais pourquoi chante-t-elle seule ? Un duo ne vous a pas tenté ?

Yann : Vincent, qui a déjà travaillé avec Didier Théry, a tout de suite pensé à lui pour réaliser l’album. C’est quelqu’un de très patient, à l’écoute des artistes et qui s’est impliqué dans le projet en y ajoutant ses idées de chœurs, de percus et de batterie. C’est une belle rencontre. Concernant « Fire », l’idée de proposer un featuring à Jessie s’est vite imposée, car elle est parfaite pour rendre cet hommage à Etta James. Un duo aurait été chouette, mais nous n’avons pas eu l’occasion de le mettre en place. Peut-être une prochaine fois ?

Vincent : J’adore quand Yann rend hommage à la Soul et au R’n B. Et avec Jessie, la version est géniale ! On s’est bien éclaté !

– Et il y a cette reprise acoustique du classique de Thin Lizzy, « Dancing In The Moonlight ». Je comprends parfaitement votre choix, car la chanson est géniale, et j’aimerais savoir comment vous l’avez imaginé dans cette version assez épurée et lumineuse…

Yann : On avait envie de faire une autre reprise et Thin Lizzy est l’un des nombreux groupes qui nous rassemble. Il restait à trouver le bon titre. On s’est dit que reprendre un morceau plus Rock serait un peu trop ‘attendu’, donc le choix de « Dancing In The Moonlight » est venu assez naturellement. A l’inverse de la chanson d’Etta James, on l’a tout de suite pensé en acoustique. J’aime beaucoup l’interprétation tout en finesse de Vincent sur ce titre, qui n’est pas facile à chanter. J’aurais bien également tenté « The Sun Goes Down », mais ça nous semblait plus acrobatique en acoustique. Le répertoire de Thin Lizzy est une vraie mine d’or.   

Vincent : C’était super quand Yann a commencé à jouer « Dancing In The Moonlight » en acoustique… Et on adore Thin Lizzy.

– Enfin, vous êtes tous les quatre des musiciens aguerris et très occupés et j’espère que « Heritage Blend » n’est pas un simple one-shot. Comment envisagez-vous l’avenir d’ARMELLINO ? Avec de la scène et aussi une suite discographique ?

Yann : Nous l’espérons aussi ! (Sourires) On va essayer de tourner le plus possible jusqu’à fin 2025. Ça va aussi dépendre de l’accueil des médias et du public. Concernant la suite discographique, nous avons déjà quelques idées ‘sous le coude’. Donc oui, il y en aura une, ce n’est pas un one-shot !

L’album d’ARMELLINO, « Heritage Blend », est disponible chez May I Records/Pias.

Photos : Yann Armellino à la guitare (2), Alban Armellino à la batterie (3), Vincent Martinez à la guitare et au chant (4) et Jacques Mehard Baudot à la basse (5).

Et une fois n’est pas coutume, découvrez le clip de la chanson « I’m Only Me » :