Catégories
France Hard Rock

Last Temptation : un appétit pour le changement [Interview]

On en va pas se mentir, la France n’est pas vraiment le pays du Hard Rock, mais cela ne lui empêche pas de réserver quelques belles surprises, et LAST TEMPTATION en est une très belle. Le groupe de Peter Scheithauer, guitariste et compositeur, sort « Heart Starter », dans les jours qui viennent, après deux premières réalisations plutôt Hard’n Heavy. Une sorte de retour aux sources pour le fondateur du combo qui a fait ses premières armes à Los Angeles à une époque très créative. Sur ce troisième album, le groupe se présente également avec un nouveau frontman, le Québécois Loup Malevil, et Fabio Alessandrini à la batterie. De quoi rebattre les cartes et s’offrir un bel élan dans un style plus chaleureux, aéré et positif aussi. Entretien avec un musicien qui se fie à son instinct et ses envies avec un bon feeling…

– Votre troisième album, « Heart Starter », sort dans quelques jours. Deux ans se sont écoulés depuis « Fuel For My Soul » durant lesquels vous avez fait de prestigieuses premières parties et de beaux festivals. Est-ce que, dans ce cas-là, tu attends que tout ça retombe un peu ou la composition ne s’arrête jamais ?

Ca ne s’arrête jamais, en fait. Il y a quand même des moments off où pendant deux/trois semaines, je n’ai pas envie de bosser et je laisse venir. Mais en général, je n’arrête jamais, car il y a toujours des idées qui arrivent à droite, à gauche. Bien sûr, je ne finis pas le morceau d’un seul coup. Je garde beaucoup d’idées et ensuite il faut trouver vers quelle direction tu veux aller et trouver une cohésion dans tout ce que tu fais. Sur cet album, on a été assez éclectique et l’objectif était justement de combiner tout ça en un seul style. Que tout sonne LAST TEMPTATION finalement.

– Difficile de ne pas évoquer les changements de line-up assez fréquents chez LAST TEMPTATION. Si la rythmique bouge souvent beaucoup, changer de chanteur après deux albums est toujours assez délicat. Sans entrer dans les détails, est-ce que cela a remis en question certains morceaux déjà composés, par exemple ?

On a tout refait. Cela n’a rien à voir avec ce qui avait été réalisé au préalable. Cet album a  vraiment été composé pour nous. Je crois qu’il y avait un morceau qui était présent sur les démos avec l’ancien line-up. Mais tout le reste est complètement nouveau.

– C’est donc le chanteur Loup Malevil, plus habitué à la Country Music qu’au Hard Rock qui officie derrière le micro. Comment vous êtes-vous trouvé et de quelle manière son intégration s’est-elle déroulée ?

En fait, j’ai cherché un chanteur qui soit plus dans la lignée de ce que je voulais avec une direction un peu plus ‘joyeuse’, plus Hard Rock en tout cas. En cherchant, je suis tombé sur une vidéo de Loup et j’ai trouvé que ça sonnait bien. J’ai appris qu’il était québécois, qu’il habitait à Toulouse et je l’ai contacté. Je lui ai ensuite envoyé des démos et, finalement, il est vraiment à fond dans ce qu’on voulait faire.

– La rythmique est désormais composée de Franz OA Wise toujours à la basse et de Fabio Alessandrini derrière les fûts en remplacement de Farid Medjane. Est-ce que chacun participe à la composition, ne serait-ce qu’en apportant son feeling à travers son jeu personnel, ou y a-t-il une ligne directrice préétablie ?

Fabio aime vraiment ce style et il a vraiment une vision claire de sa façon de jouer. Il y a peut-être une ou deux fois où je lui ai dit que ça n’allait pas. Mais il a une telle finesse dans son jeu, une telle compréhension des morceaux que je le laisse faire. Il apporte tellement. D’ailleurs, souvent, je lui envoie les démos sans batterie pré-enregistrée avec juste la guitare et un clic, puis il fait ce qu’il veut. C’est la même chose avec Franz, qui a vraiment un jeu de basse très riche. Et avec Fabio, il peut vraiment mettre des lignes de basse plus fournies. Il y a une réelle symbiose entre eux deux et ils s’amusent… Et c’est le plus important ! Et puis, il y a beaucoup plus de vibes 70’s dans leur jeu, ce qui donne un groove très intéressant.

– Ce qui est aussi assez étonnant chez LAST TEMPTATION, c’est que vos trois albums ont des couleurs musicales différentes, tout en conservant une identité évidente. Est-ce que vous vous cherchez toujours en termes de son et de production, ou est-ce justement cette diversité qui fait votre force ?

Ah ! (Rires) Le fait que ce soit toujours la même personne qui compose les riffs donne une certaine continuité, même s’il y a toujours quelques différences. C’est vrai que j’aborde les choses de la même façon quand je joue, puisque c’est mon jeu. Cette fois, j’ai voulu donner un côté plus Hard Rock et moins Heavy. C’est aussi dans l’esprit des groupes avec lesquels grandi, c’est-à-dire Van Halen, Dokken, … Il y a toujours eu ce mélange. Ca reste des riffs LAST TEMPTATION et au niveau de la production, on est allé chercher un gros son, mais avec cette fois-ci, plus d’affinité dans le groupe et surtout plus de finesse basse/batterie.

– Revenons à « Heart Starter », dont le contenu est nettement plus varié, même si les fondations et les fondamentaux restent les mêmes. Est-ce que justement Loup vous permet d’explorer de nouveaux horizons ?

Ah complètement ! Il est capable de beaucoup de choses et il a une approche très fun des morceaux. Avec ses capacités vocales, y compris au niveau des chœurs, il apporte beaucoup et avec une grande liberté. Il est également très à l’écoute et il a une touche très personnelle, qui lui permet de vraiment bien sentir les chansons.

– L’approche est également plus Classic Rock dans l’ensemble et donc moins Heavy qu’auparavant. Est-ce qu’il y a une volonté de toucher un public plus large, ou ce sont plus simplement les références musicales de chacun qui ressortent plus facilement cette fois ?

C’est beaucoup plus au niveau des références, en effet. Ce sont vraiment les riffs qui me sont venus avec une couleur différente. Et puis, le chant de Loup ensuite a vraiment confirmé cette intuition. Il a un côté très fédérateur dans le chant et ça m’a rappelé beaucoup de choses. Donc, en plus des riffs plus Rock et une voix comme la sienne, tu donnes tout de suite une autre couleur à l’album. Il y a peut-être plus de chaleur et l’ensemble est aussi plus positif, notamment au niveau des paroles qui contiennent beaucoup plus d’humour et qui sont aussi plus pointues.

– « Heart Starter » a été enregistré dans trois studios différents et mixé pour l’essentiel par Jordan Westfall, qui a récemment travaillé avec Black Stone Cherry, et tu l’as accompagné pour le mastering. C’était important pour toi d’avoir le final-cut sur le son de ce nouvel album ?

Oui parce que, parfois, il manque deux/trois petites choses. Cela dit, je ne suis peut-être pas le meilleur pour le faire surtout avec mon petit problème d’oreille ! (Rires) Mais je détecte certains détails, comme une basse à ajouter, par exemple, et donc oui, c’est important pour moi.

– Un petit mot aussi au sujet du single « Get On Me », qui a été mixé par le grand Mike Fraser. J’imagine qu’une telle collaboration a un caractère assez unique. Qu’est-ce que tu en retiens, dans quelles circonstances cela a-t-il pu se faire et pourquoi n’a-t-il pas mixé tout l’album ?

En fait, cela a surtout été une question de timing pour le mix complet de l’album. A ce moment-là, tout n’était pas encore enregistré de notre côté, non plus. En fait, l’enregistrement ne s’est pas fait en une seule fois, en raison de morceaux qui sont arrivés en toute fin. Et puis, il était très occupé une semaine ici, une semaine là. En fait, on s’est souvent parlé et on voulait faire quelque chose ensemble depuis un moment. Et en dernière minute, il y a aussi eu une question de budget avec notamment un studio au Canada qui était plus cher que ce que l’on croyait. Puis, on a aussi écouté ce que Jordan a fait et j’adore. J’aime beaucoup sa façon de travailler et lorsque j’ai écouté ce qu’il avait réalisé pour Black Stone Cherry, j’ai trouvé ça parfait. Au final, c’était plus une question de timing qu’autre chose.

– Puisqu’on en est à évoquer les grands noms présents sur l’album, on y retrouve Billy Sheehan à la basse sur « I Won’t Love You », Vinny Appice à la batterie sur « All In All Out » et « Wildfire » et Don Airey de Deep Purple sur ces deux mêmes morceaux. Et il faut ajouter Kenny Aronoff (John Mellencamp, John Fogerty) à la batterie sur un titre, tout comme Rudy Sarzo (Dio, Ozzy, Quiet Riot) à la basse sur « Wild Fire ». C’est important aussi d’avoir des guests de ce calibre sur un album, ou il s’agit juste d’un petit plaisir personnel ?

En fait, c’est venu comme ça à travers diverses sessions. On voulait travailler ensemble et les mettre sur l’album. D’avoir Kenny et Billy sur un titre était aussi un peu mon petit Graal. Au niveau basse/batterie, ils sont incroyables. Je croisais très régulièrement Billy à Los Angeles à une certaine époque. Pour Kenny, qui ne veut pas faire un titre avec lui ? (Rires) C’est quelqu’un plein de force, de tellement joyeux et qui un personnage assez impressionnant aussi. Quant à Don, il est tout simplement monumental !

– Enfin, avec trois albums, vous avez de quoi constituer de jolies setlists. Allez-vous vous concentrer sur « Heart Starter », ou essayer de trouver un équilibre avec l’ensemble de votre répertoire ?

Non, on va axer nos concerts sur le nouvel album. Et puis, on ne va pas se le cacher, la direction musicale actuelle est différente. Lors d’un récent concert, on avait juste un ancien titre du deuxième disque. On va peut-être réadapter certains morceaux, qui colleront au set que l’on veut donner. La ligne artistique est plus claire aujourd’hui et j’ai d’ailleurs déjà en tête celle du prochain. Donc on va rester sur cette dynamique.

L’album de LAST TEMPTATION, « Heart Starter », sortira chez Metalville.

Photos : Benjamin Hincker (1, 2,5) et Greg H Photographer (3)

Retrouvez l’interview de Peter Scheithauer lors de la sortie de « Fuel For My Soul » :