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Archie Lee Hooker & The Coast To Coast Blues Band : un prénom qui en impose

Voix de velours, authenticité et une musique où se marient avec grâce Blues et Soul : voici la recette de ce deuxième album d’ARCHIE LEE HOOKER, neveu du géant Boogieman. Le chanteur américain, installé en France depuis dix ans, ne se contente pas de surfer sur l’héritage familial, bien au contraire, et le prouve avec une musique aussi envoûtante que subtile et majestueuse.

ARCHIE LEE HOOKER & THE COAST TO COAST BLUES BAND

« Living In A Memory »

(Dixiefrog/PIAS)

Ce n’est jamais facile d’endosser le patronyme d’une légende du Blues et pourtant ARCHIE LEE HOOKER, neveu du Boogieman, continue sa route avec un héritage musical à faire pâlir n’importe quel bluesman. Ayant vécu chez son oncle plus de 10 ans où il a aussi vu défiler les plus grands noms du style, le chanteur du Mississippi s’est forgé une expérience incomparable entouré des plus grands dont l’immense John Lee bien sûr.

Mais c’est finalement assez éloigné du patrimoine musical familial qu’évolue le musicien. ARCHIE LEE HOOKER a trouvé sa voie depuis de nombreuses années et si elle reste gravée dans un Blues intemporel et tout aussi majestueux que son oncle, la comparaison s’arrête là. C’est à Memphis qu’il a fait ses premières armes dans un groupe de Gospel, dont on retrouve l’empreinte Soul tout au long des morceaux de « Living In A Memory ».

Installé en France depuis 2011, le chanteur a monté un groupe où l’alchimie est époustouflante. Le quintet compte des musiciens brésiliens, français et luxembourgeois tous animés de la même flamme et d’un feeling incomparable (« Long Gone », « Getaway », « Nightmare Blues », « I Lost A  Good Woman » et le tendre et touchant « I Miss You, Mama »). ARCHIE LEE HOOKER et son COAST TO COAST BLUES BAND régale et enchante.

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Popa Chubby : le vaccin Blues Rock

«Tinfoil Hat » peut autant se percevoir comme un manifeste, un cri de colère, de rage ou d’amour tant le bluesman new-yorkais se livre sans détour dans un Blues Rock virulent, intime et plein de compassion. Moins sophistiqué que le reste de sa discographie, ce nouvel album de POPA CHUBBY est peut-être l’un des plus authentiques de l’artiste.

POPA CHUBBY

« Tinfoil Hat »

(Dixiefrog/PIAS)

L’an dernier alors qu’il célébrait ses 30 ans de carrière, le New-yorkais fut coupé dans son élan, privé de scène et sommé de rester confiné. L’insoumis bluesman, qui n’a de cesse de lutter contre toutes les injustices a du prendre son parti et cela a eu pour effet d’accroitre une inspiration déjà fertile. Refugié dans son home-studio, le Chubbyland, à contrecœur POPA CHUBBY a composé un album nourrie de rage et d’amour.

Poussé dans ses retranchements, POPA CHUBBY s’est inspiré de la situation sanitaire bien sûr, mais aussi des dégâts de l’administration de Trump dans son pays. Entre colère et espoir, le musicien chante un constat accablant sur des Etats-Unis, non sans humour à commencer par ce grand clin d’œil aux imbéciles et complotistes de tous poils (« Tinfoil Hat ») et surtout un beau message à ses fans (« Can I Call You My Friends ? »). 

Le Blues Rock de POPA CHUBBY aura rarement été aussi saisissant et revendicatif. Décrivant sans concession le chaos ambiant sur « You Ain’t No Shit », « No Justice No Peace » et « Someday Soon (Change Is Gonna Come) », il est même de bon conseil (« Baby Put On Your Mask »). Toujours étincelant à la guitare, l’Américain a apporté un soin particulier au chant avec une humilité très empathique. Brillant.

Retrouvez la récente interview du bluesman : https://rocknforce.com/popa-chubby-quel-chapeau-lartiste-interview/

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Popa Chubby : (quel) chapeau l’artiste ! [Interview]

La dernière année a bouleversé POPA CHUBBY, mais l’a également rendu très créatif… Une constante, certes. C’est avec son chapeau d’aluminium (« Tinfoil Hat »), que le New-Yorkais a composé ce nouvel album entièrement réalisé à la maison. Moqueur, tendre, en colère et toujours plein d’humour, le bluesman passe en revue les sentiments qui l’ont traversé ces derniers mois. Court entretien avant la sortie de l’album prévue le 12 mars chez Dixiefrog.

– Il y a un an, tu célébrais tes 30 ans de carrière avec l’excellent « It’s A Mighty Hard Road ». Quel regard portes-tu aujourd’hui sur l’album, et que ressens-tu de l’avoir si peu défendu sur scène ?

En fait, nous avions tourné en Europe début 2020, et donc réussi à défendre un peu le disque. Ensuite, nous avons terminé en Amérique du Nord le 16 mars, donc cette défense était en fait une attaque ! Et je prévois aussi de revisiter ce disque à mon retour sur scène.

– Sur ce même album, on ressentait un grand sentiment de liberté avec des morceaux très Blues Rock, mais aussi des sonorités latines, Reggae, Funk et une superbe reprise de Prince. Avec « Tinfoil Hat », tu reviens aux fondamentaux du Blues dans un style très épuré. Avant d’entrer dans les détails, on te sent moins insouciant, non ?

Au contraire, « Tinfoil Hat » est plus un cri de bonne santé mentale et de raison. Et c’était aussi un devoir artistique pour moi de commenter tous ces événements. Et je n’oublie jamais le public, non plus. Mais c’est vrai que « Mighty Hard Road » était plus une célébration.

– Parlons de « Tinfoil Hat », qui est autant un cri de colère que d’amour. On sait que tu as été très affecté par cette pandémie et par les événements que nous avons traversés …

Pour être honnête, je pense que le disque illustre toutes les émotions et les histoires que j’ai vécues pendant la pandémie. C’est un large éventail de ressentis formés de rage d’aimer, ainsi que de peur mais avec beaucoup l’humour. C’est toujours la muse qui dicte finalement. Et dans ce cas présent, elle a été gentille.

– Tu as entièrement joué et enregistré l’album chez toi, tout en étant très présent sur les réseaux sociaux. Comment t’es-tu adapté à cette situation inédite ? Rester en contact avec tes fans t’a semblé important compte tenu de l’absence de concerts ?

L’enregistrement chez moi n’est pas nouveau. ‘Chubbyland’ est mon laboratoire depuis de nombreuses années et entièrement équipé avec vraiment tout ce qu’il faut. La pandémie m’a permis d’atteindre de nouveaux niveaux sur tous mes instruments. Je pense que le résultat reflète mon expression la plus authentique. Et c’est vrai que les réseaux sociaux me permettent d’avoir un contact direct avec mes amis et mes fans, et c’est un moyen de partager le processus dans son immédiateté.

– En plus de parler du Covid, l’album évoque aussi très frontalement la situation politique américaine. Décidemment, quelle année chaotique ! Elle est à vite oublier, ou au contraire il y a quelques leçons à en tirer ?

Humm… Honnêtement, je déteste la politique, mais Trump a été une abomination. Cela a également vraiment mis en lumière ce qu’est l’Amérique : une nation raciste. La tendance à oublier a beaucoup à voir avec le maintien des personnes au pouvoir. Biden est le bon gars pour le moment. Uncle Joe ! Et c’est même étonnant de voir de quelle manière il a mis en place tant de choses en si peu de temps. Mais nous avons encore un long chemin à parcourir.

– Malgré de la colère, de la frustration et de la rage, on perçoit aussi beaucoup d’amour sur « Tinfoil Hat ». Comme toujours, tu es très sincère et authentique dans tes propos et tu es vraiment très soutenu par tes fans. C’est essentiel pour toi ? Pour continuer d’avancer ?

J’aime mon peuple, mais je ne peux pas calmer les fans, car cela impliquerait que je suis mieux. Et je ne le suis pas. Et puis, j’en connais tellement personnellement, ainsi que leurs histoires personnelles. Oui, ce sont mes amis et ils me soutiennent.

– Avec le rayon de soleil qu’offre ce nouvel album, quels sont tes souhaits et tes espoirs pour les mois à venir ? Un rapide retour sur scène ?

Je ne peux plus attendre ! Je veux partir tourner au plus vite ! J’espère que nous serons tous vaccinés et que je serai à l’Olympia en octobre 2021 !

« Tinfoil Hat » sera disponible le 12 mars chez Dixiefrog/PIAS.

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Grant Haua : le blues Maori

Guitare à la main, GRANT HAUA a longtemps bourlingué entre son pays, la Nouvelle-Zélande, et l’Australie où il a pu se créer un univers musical et surtout un son très personnel. Avec « Awa Blues », le bluesman nous transporte dans un monde apaisant, simple et qui va à l’essentiel. En plein cœur.

GRANT HAUA

« Awa Blues »

(Dixiefrog)

C’est depuis sa Nouvelle-Zélande natale en solo puis avec le groupe Swamp Things que le songwriter GRANT HAUA a peaufiné et personnalisé sa vision du Blues. Entre l’important héritage du style et sa culture Maori qui reste au cœur de ses morceaux, le guitariste et chanteur présente une technique et un feeling incroyables et « Awa Blues » est exceptionnel en tout point.

Ce nouvel album de GRANT HAUA est de ceux qui guérissent les âmes. Sur un songwriting très soigné, le musicien conserve un style très roots, authentique et sincère. Très épuré dans l’ensemble, on notera la grande prestation de Tim Julian à la basse (et quelques autres instruments). Son groove hors-norme offre un relief incroyable aux morceaux (« Got Something », « Addiction », « My Baby »).

La très bonne production de « Awa Blues » met en avant toute l’intensité et l’émotion des chansons de GRANT HAUA, qui sont toutes des moments forts de sa vie (« Be Yourself », « Though Love Mama », « Better Day »). Le point culminant de l’album est sans conteste le très addictif « This Is The Place » et son refrain en Maori. Accrocheur comme rarement, il reste en tête un très long moment…

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Johnny Gallagher And The Boxty band : le Blues venu d’Irlande

Plus qu’aguerri à la scène, le musicien irlandais se fait plus discret sur disque. C’est pourquoi le bluesman JOHNNY GALLAGHER et son BOXTY BAND jette un œil dans le rétro avec un regard très affûté sur ce très bon « A 2020 Vision ». Incontournable.

JOHNNY GALLAGHER AND THE BOXTY BAND

« A 2020 Vision »

(Dixiefrog/PIAS)

Je n’ai pas pour habitude de chroniquer les compilations, mais celle-ci regroupant les meilleurs morceaux des cinq albums autoproduits (donc difficile à trouver) de JOHNNY GALLAGHER en vaut franchement la peine ! En effet, le multi-instrumentiste pose un regard neuf sur ses productions (de 1997 à 2018) et en a gardé la substantifique moelle, soit 14 titres essentiels à ses yeux.

Originaire du Donegal, l’Irlandais a commencé la musique très jeune, s’essayant à la mandoline, au banjo, au violon et au violoncelle avant de se consacrer sur la basse, mais surtout à la guitare et au chant. Et c’est cette voix si singulière qui fait de JOHNNY GALLAGHER accompagné de sa six-cordes l’un des bluesmen les plus demandés en Europe et dans l’hexagone.  

La musique étant chez lui une affaire de famille, c’est aux côtés de ses frères jumeaux, Pauric et James, qu’il continue l’aventure avec le BOXTY BAND. S’affranchissant des différents styles de Blues, JOHNNY GALLAGHER a dessiné les contours d’un registre très personnel. Entraînant sur « Judi », élégant sur « Spanish Fountain », solide sur « Scars And Sitches », countrysant (Oups !) sur « St Julien » et magistral sur « Nothing Toulouse », l’Irlandais régale par sa finesse et sa dextérité.