Dans la même veine que les derniers albums, « Propaganda » vient confirmer l’envie du groupe de jouer une musique qui respire et envoûte, mais dont la rage qui l’anime depuis ses débuts reste intacte. Non, TRUST ne vieillit pas mal et n’a pas retourné sa veste. Le groupe rugit encore et toujours, sort les griffes et refuse les concessions pour demeurer créatif et inspiré.
TRUST
« Propaganda »
(Verycords)
Chroniquer un album de TRUST dans notre beau pays, et surtout pour en dire du bien, relève presque de la bravoure. Mais quand on aime : on distribue ! Depuis son ’retour’ avec « Dans Le Même Sang » en 2018, le groupe phare de la scène Rock française divise ses fans de la première heure, restés dans la nostalgie du premier album, de « Répression » ou de « Marche Ou Crève ». Et ça peut même se comprendre. Cependant, Bernie et Nono, eux, ne sont pas restés la tête dans le formol et c’est une chance.
C’est vrai que « Dans le Même Sang », suivi de « Fils de Lutte » l’année suivante, avait montré un autre visage de TRUST, essentiellement musicalement d’ailleurs puisque les textes ont conservé cette verve, cette attaque et ce mordant uniques. Ensuite, « Re-Ci-Div » est venu enfoncer le clou. Mais comment ont-ils pu ? Comment ont-ils osé ? Réinterpréter de tels classiques dans des versions Rock aux ambiances presque bluesy a relevé du sacrilège pour beaucoup. La belle affaire, puisqu’ils sont bons… et surtout à eux !
Ce qu’il faut retenir des dernières productions du groupe, c’est sans doute le fait que tout soit enregistré en condition live et en très peu de temps. Capter ainsi l’instant où la magie opère pour libérer cette énergie et cette spontanéité qui font toute la force de TRUST sur scène. Et c’est très précisément ce que l’on ressent à l’écoute de « Propaganda », douze morceaux instinctifs, solides, calmes aussi et fluides. On ne chasse pas le naturel. Et cette fois encore, c’est le grand Mike Fraser qui a mixé l’ensemble avec le talent qu’on lui connait.
Alors, et si chacun se fera son idée, que faut-il retenir de ce douzième album studio ? Bernie, Nono, Izo Diop, David Jacob et Christian Dupuy ont à nouveau investi les studios ICP près de Bruxelles et on retrouve donc le son des récentes réalisations, entre une chaleur un brin feutrée et des déflagrations brutes. Toujours aussi acérées et tranchantes, les paroles tapent dans le mille, taillent dans le gras et personne n’est épargné. TRUST ne fait pas de prisonniers et c’est même pour ça qu’on l’aime.
Sur une rythmique sans faille, le duo de guitaristes fait des merveilles entre riffs costauds et accrocheurs et des solos aériens, fins et étincelants signés Nono (« Le Jour Se Lèvera », « La Première Pierre », « Petite Elle »). TRUST a beau faire des infidélités à son Hard Rock d’antan, on retrouve sa patte, sa rage et son intensité (« Tout Ce Qui Nous Sépare », « Guerre Lasse », « Rassure tes chiens », « L’Europe des 27 »). Au chant, Bernie se fait moins hurleur ou crieur, mais il reste très vindicatif. Et ses mots résonnent même plus forts, de manière plus incisive encore, car la mélodie domine.
Enfin, avec un titre comme « Propaganda » et de pareilles pochettes (elles sont bien deux !), on pouvait s’attendre à un album très politique, d’autant que l’époque s’y prête encore et toujours. Pourtant, ce nouvel opus revêt un aspect beaucoup plus sociétal dans son contenu. Le constat est même accablant, mais tellement vrai, et Bernie se montre cinglant comme à son habitude (« Salaud d’Pauvre », « Les vagins Impatients », « Dimanche Au Bord Du Gouffre », « Ma Vie »). Peut-être trop contenu musicalement pour certains, TRUST régale encore et se réinvente brillamment. Allez, lâchez les chiens…
Une réponse sur « Trust : mélodies assassines »
“Qu’il est loin mon pays” avait chanté Nougaro, j’ai envie de dire “qu’il est loin mon Trust”, celui que j’ai tant aimé et qui nous a rendu si fiers à une époque où le hard-rock français faisait de la figuration face aux anglo-saxons !(en 1979)
Bien sûr, je suis conscient que réitérer “L’élite” ou “Antisocial” n’est plus vraiment possible aujourd’hui, non pas que le talent ait disparu mais le contexte ( musical) est différent et les chansons sont souvent le reflet de leur époque..
Dès le premier morceau,on sent bien que le loup est dans la bergerie et qu’on va tout droit vers une déception programmée : derrière un titre original “Cette prière sur tes lèvres et ce sang sur tes mains”un tempo pépère et une rythmique étouffée,on découvre les chœurs féminins sur le refrain??? c’est qui ce groupe ? sans parler du solo joué avec une metalbox à la limite du ridicule..
La suite n’est pas de meilleure qualité avec “Ce que tu donnes” ( qui ne donne pas grand chose !) qui dépasse pas le 50 à l’heure, le solo de Nono n’arrive pas à sauver la partie…on n’accelere pas un convoi qui roule pénard et ça continue avec “Dimanche soir au bord du gouffre”où on retrouve nos chœurs féminins ,des fois qu’elles nous auraient manqué…le riff très ACDC ( et d’un !) est trop banal pour susciter la moindre curiosité…
Mais la formule choisie par les comparses de Bernie semble leur convenir car on reste calé sur le régulateur de vitesse sur “La Première Pierre” et malgré deux solis assez bons,on a droit à nos chœurs habituels qui viennent plomber l’ensemble…et c’est pas “Salaud’pauvre” qui va redresser la barre, pourtant on y a cru l’espace d’un instant ..
J’aimerais vous dire que ça va s’arranger mais hélas la suite confirme le malaise initial , le tempo ralentissant dangereusement sur le trop long “Les vagins impatients”( ya pas qu’eux qui commencent à s’impatienter !) au profit des chœurs qui occupent une place centrale dans les refrains.
Le morceau suivant tente un démarrage timide mais “Le conteur” est vite rattrapé par les incontournables chœurs et même si on a augmenté l’overdrive, c’est toujours pas du Trust !( le conteur est remis à zéro, je sais elle est moyenne, à l’image du disque !)
Arrivé à ce stade,on commence à douter du disque qu’on est en train d’écouter…et si on avait interverti deux groupes par inadvertance? ça pourrait expliquer!.. mais non… alors lorsque le batteur décide de vraiment jouer de la batterie et Nono de se lâcher sur sa six cordes sur “Le jour se lèvera”,on perçoit un début de révolte, pas une émeute, juste un retour aux fondamentaux de Trust, genre “et si on faisait du Hard-rock pour voir ?”
Comme chacun sait,” tout vient à point à qui sait attendre “et notre patience ( grandement sollicitée) est enfin récompensée avec”l’Europe des 27″qui déboule à température métal ( ça veut rien dire , mais c’est à l’image de l’album !!) avec le solo à la wah-wah, le petit break mais toujours les chœurs ( je crois qu’on va se les coltiner jusqu’au bout !)
Pour la suite,on revient à notre vitesse de croisière, faudrait pas risquer une phlébite , on tente le registre blues mid-tempo ( mais comme presque tout l’album est mid-tempo !) dans “Ma Vie”, rien à signaler mon capitaine, repos soldat, vous pouvez fumer !
Pas davantage d’excitation sur le morceau suivant , on se demande bien ce qu’on fout là, ce “Petite Elle”ne décolle pas vraiment,mais à ce niveau-là, c’est plus une surprise…
Le groupe n’a jamais caché son admiration pour ACDC mais de là à repomper carrément le riff de “Live Wire” des Australiens (et de deux !) dans “Tout ce qui nous sépare” , c’est bon mais on hésite entre l’hommage ou le plagiat, chacun décidera..
Résultat des courses : un disque mou du genou,rempli de chœurs féminins avec quelques guitares bien trop sages, des bons morceaux bien trop rares ou tellement éloignés de “mon” Trust que je ne l’ai pas reconnu !
Alors il reste les textes de Bernie , très hétéroclites dans les thèmes, avec des révoltes répétitives et pas toujours très claires mais franchement,ils sont tellement desservis par un hard mollasson qu’ils perdent beaucoup de leur verve..
Dans le morceau “Democrassie ” Bernie disait “pour vendre son âme, encore faut-il qu’on en ait une !” …c’est bien la question: Trust a-t-il encore une âme ?
Enfin, si quelqu’un a vu passer Trust quelque part, qu’il nous dise à quel endroit, je crois bien les avoir perdus à jamais !