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Magnum : ultime chapitre

C’est avec un espoir un peu vain que je fais cette chronique de la nouvelle production, et peut-être la dernière, de MAGNUM. Avec le décès de son co-fondateur, songwriter et guitariste Tony Clarkin, c’est forcément une page qui se tourne. Lorsque l’on sait qu’il est le principal artisan du son et de l’identité musicale des Anglais, lui succéder paraît presqu’impossible. De fait, « Here Comes The Rain » dégage, un peu malgré lui, beaucoup d’émotion, mais on retiendra surtout et essentiellement une grande qualité artistique, toujours au rendez-vous.

MAGNUM

« Here Comes The Rain »

(Steamhammer/SPV)

C’est toujours un vrai plaisir de chroniquer un nouveau disque de MAGNUM, l’un des rares groupes qui, après 50 ans de carrière et 23 albums studio à son actif, parvient encore à séduire et convaincre sans mal. Sauf cette fois. Comme vous le savez déjà, Tony Clarkin, guitariste et principal compositeur du quintet nous a quitté le 7 janvier dernier des suites d’une maladie rare de la colonne vertébrale, dont il souffrait depuis des années. Avec lui, c’est un mythe du Rock et du Hard Rock qui s’en est allé et sa grande classe va manquer, tant il s’est montré rassembleur des décennies durant.

Alors, même si j’ai eu la chance d’avoir l’album bien avant sa sortie, « Here Comes The Rain » a quelque peu perdu de sa saveur depuis. Cela dit, posthume ou testamentaire, ce nouvel opus des Britanniques est toujours brillant et leur ‘Pomp Rock’, comme certains aiment l’appeler, rayonne avec autant de force. MAGNUM est une formation unique en son genre, qui possède un caractère aussi rassurant qu’imprévisible. Et son univers très personnel et l’élégance de l’interprétation, tout comme la finesse de la production, sont assez exceptionnels cette fois encore.

Entre Progressif et Classic Rock, les Anglais conservent cette touche 70’s, qui défie le temps, les courants et les modes pour parfaitement se fixer dans son époque, grâce à des orchestrations majestueuses (« Run Into The Shadows », « Here Comes The Rain »). Intacte et d’une justesse impressionnante, la voix de Bob Catley est toujours aussi précise, soutenue et enthousiaste, comme si le temps n’avait aucune emprise (« Blue Tango », « The Seventh Darkness », « Broken City »). MAGNUM resplendit encore avec ferveur et émotion. En attendant de voir de quoi le futur sera fait : merci !

Photo : Rob Barrow
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Blues Rock

Little Bob Blues Bastards : du Rock à l’âme

Après 45 ans de carrière, des milliers de concerts et des épreuves de la vie qui auraient pu avoir raison de son envie et de sa motivation, le légendaire rockeur hexagonal LITTLE BOB est de retour en ces temps compliqués avec une énergie positive et communicative. Révolté et poignant, le chanteur livre ce « We Need Hope » plein d’espoir, de hargne mais aussi de tendresse et de sincérité.

LITTLE BOB Blues Bastards

« We Need Hope »

(Verycords)

Roberto Piazza, alias LITTLE BOB, nous fait le plaisir d’un 23ème album, toujours entre Rock’n’Roll et Blues mais qui a cette fois une tonalité toute particulière. La légende française du Rock semble vouloir conjurer le sort qui s’est abattu sur lui à travers 13 morceaux où se s’entrelacent avec fureur et pudeur des sentiments de révolte (“Bella Ciao“), de tristesse ainsi que d’espoir et d’amour. « We Need Hope » est probablement la production la plus intime et la plus touchante du chanteur.  

C’est à Londres qu’il est parti retrouver son souffle et l’envie de continuer à distiller de qu’il sait faire de mieux après la disparition de sa muse. Et la petite flamme scintille toujours dans le cœur de LITTLE BOB. Comme un réflexe naturel, on retrouve les Blues Bastards au grand complet : Gilles Mallet (guitare), Bertrand Couloume (contrebasse), Mickey Blow (harmonica), Nicolas Noël (piano) et en alternance à la batterie son neveu Jérémie Piazza et Mathieu Poupard, enfant du pays.

Conçu avant la crise du Covid, « We Need Hope » est porteur d’attentes et se veut fédérateur en cette période torturée. Si ce nouvel album est marqué par des chansons naturellement dédiées à sa femme (« You Can’t Come Back », « Made For Me » et le magnifique « Bello Della Vita » en italien, sa langue maternelle), il reste très Rock et pêchu (« I Was A kid », « Walls And Barbed Wires »). LITTLE BOB n’a rien perdu de sa superbe et chante le Rock et le Blues comme il le vit… intensément.

Le rockeur havrais livre en fin d’album trois reprises irrésistibles et fidèles à son image et son parcours. On retrouve avec plaisir « Natural Born Boogie » d’Humble Pie, « Where Have All The Good Times Gone » des Kinks et le somptueux « Freedom » de Richie Heaven, immortalisé à Woodstock. Malgré un passé récent compliqué et douloureux, LITTLE BOB est plus que jamais fidèle au poste et répond avec classe, le Rock’n’Roll et le Blues chevillés au corps. « We Need Hope » fait autant de bien aux oreilles qu’à l’âme.