Catégories
Doom Post-Metal Sludge

Coltaine : un flot d’émotion

Il y a quelque chose d’inaccessible dans la musique de COLTAINE. Si une certaine tristesse domine, elle est aussi le moteur de l’imagination débordante des Allemands. Porté par le magnétisme de la voix de sa chanteuse, ce deuxième effort apporte beaucoup de certitudes sur l’art du dépassement, qui tangue dans le bercement d’un post-Metal qui pousse le Doom et le Sludge dans leurs derniers retranchements. « Brandung » emprunte des courants et des flux, qui débouchent sur une singularité assez rare. Une odyssée captivante.

COLTAINE

« Brandung »

(Lay Bare Recordings)

Fondé en 2022 dans les profondeurs de la Forêt Noire, un lieu à l’univers brumeux a priori mystique, COLTAINE semblait dès le départ avoir beaucoup de choses à dire. En effet, un an après son premier album, « Forgotten Ways », le revoici avec « Brandung » et toujours aussi inspiré. Dans un registre très personnel, le quatuor est guidé par une profonde mélancolie et celle-ci lui permet de transcender les genres. Si l’on considère le post-Doom Metal comme sa base, les volées post-Rock et les fulgurances Sludge et Blackgaze sont aussi très présentes.

Pourtant, tout l’attrait de COLTAINE réside dans sa diversité plus que dans sa complexité. Le jeu du groupe est direct et organique, loin de toutes fioritures mais aux arrangements soignés. Quittant leur dense forêt pour axer « Brandung » sur le concept de l’océan, la formation allemande s’approprie un autre monde, tout aussi captif et impénétrable, celui de la mer, de sa houle et de ses vagues submersives. Et dès l’intro, « Tiefe Wasser », en forme de comptine, on quitte la surface pour des abysses musicaux captivants.

Julia Frasch (chant), Moritz Berg (guitare), Benedikt Berg (basse) et Amin Bouzeghaia (batterie) nous plongent dans une immersion ténébreuse à travers des atmosphères prenantes et des reliefs sonores d’une grande variété. Les riffs incisifs, la rythmique polymorphe et le chant aérien de sa frontwoman font de COLTAINE une entité hors-norme, dont la créativité défie les genres (« Keep Me Down In The Deep », « Wirbelwind », « Maelstrom », « Brandung », « Solar Veil »). Un dépaysement affrontant le Metal avec talent.

Photo : Daniel Kilgus

Catégories
Extrême Progressif

Tassi : épopée orientale

Le leader du groupe de post-Black Metal/Folk bouddhiste chinois Bliss-Illusion livre un copieux et généreux double-album solo sous le nom de TASSI. Avec « Northland I & II », Dryad nous emmène en voyage dans une atmosphère douce et progressive où quelques fulgurances extrêmes viennent se nicher. Original et créatif, ce double concept-album conjugue poésie et explosion métallique.

TASSI

« Northland I & II »

(Anesthetize Productions)

On commence doucement à s’intéresser et à connaître le Metal chinois et ce n’est pas vraiment un hasard. L’Empire du Milieu regorge de très bonnes formations comme Bliss-Illusion, et c’est précisément du double-album de son leader Dryad dont il est question. Avec TASSI, c’est en solo qu’évolue cette fois le musicien qui entièrement composé et réalisé « Northland I & II » dans une nouvelle version.

Initialement sorti en Chine séparément, c’est donc sous une nouvelle mouture que le chanteur et multi-instrumentiste présente ce concept-album où ésotérisme, religion et Black Metal font bon ménage. Inspiré par son propre recueil de nouvelles et de poésie, Dryad a conçu TASSI et ces deux albums autour d’une histoire basée sur la quête de son héro du même nom pour retrouver son amante.

Entre post-Black, Blackgaze et Folk Progressive, on navigue dans une ambiance à la fois brutale et sereine. Très atmosphérique, « Northland I & II » évolue dans un climat aussi acoustique qu’électrique, dans lequel le chant de Dryad passe du clair au growl et à des passages parlés avec une belle fluidité. TASSI avance dans le clair obscure où les ambiances et les genres ne font qu’un. Un beau voyage cosmique au cœur de la culture chinoise.

Retrouvez TASSI en interview dans les prochains jours.