Dans une atmosphère aux saveurs vintage, PARALYZED s’est bâti un style authentique, où un Blues profond vient apporter beaucoup d’intensité à un Stoner brut et implacable. Si les riffs trouvent aussi leurs racines dans un Hard Rock originel, les nappes d’orgue livrent ce qu’il faut de chaleur aux compositions de « Rumble & Roar », troisième opus de la formation germanique. Et il en émane une classe assez sauvage et indomptable, qui devient vite addictive.
PARALYZED
« Rumble & Roar »
(Ripple Music)
PARALYZED mène son parcours à la manière d’une grosse locomotive inarrêtable. Depuis, 2019, les Allemands ont sorti un EP live en studio (« Hidden Sun »), un premier album éponyme l’année suivante, puis « Heavy Road » en 2022. Et les revoici avec « Rumble & Roar », un troisième effort sur lequel ils semblent avoir obtenu ce qu’ils avaient en tête depuis le début, à savoir un Blues brut et rugueux mélangé à un Stoner Rock puissant. L’ensemble offre des réminiscences des Doors surtout, mais aussi de toute la scène Rock et Hard Rock des 70’s, le tout sur un son massif et enveloppant.
Car s’il paraît tout écraser sur son passage, PARALIZED joue également, et avec beaucoup d’habileté, sur un aspect presque rêveur de son registre. La voix de Michael Binder, sorte de Jim Morrison survitaminé, n’y est pas étrangère. Assurant aussi la lead guitare, il est épaulé de main de maître par Caterina Böhner à l’orgue et à la guitare, Philipp Engelbrecht à la basse et Florien Thiele à la batterie. Et le combo originaire de Bamberg ronronne de belle manière sur des grooves épais et électrisants qui nous renvoient, le sourire aux lèvres, quelques décennies en arrière.
Alors qu’on pourrait s’attendre à de longues plages instrumentales et aériennes, PARALYZED a plutôt opté pour une approche directe, se mettant au service de mélodies accrocheuses, où l’orgue se joint aux guitares avec une belle osmose. Parfois psychédélique et toujours frontal, le quatuor pose une ambiance lourde et forcément organique, grâce à un côté Stoner qui prend le dessus, tout en restant très bluesy. Et l’équilibre se trouve naturellement, à la fois musclé et tout en finesse (« Machine With A Soul », « Heavy Blues », « White Paper », « The Witch »,). Magistral !
GYPSY PISTOLEROS n’est pas prêt à entrer dans le rang et ce n’est pas ce bon « Church Of The Pistoleros », pourtant moins sauvage de prime abord, mais toujours très fougueux, qui viendra apporter la contradiction. Les Anglais y ont une fois encore mis toute leur âme et leur savoir-faire dans ce renversant cri de ralliement. Le combo en appelle à tous les laissés pour compte de la société dans une unité artistique à la fois courageuse et marginale. Accrocheur et revendicatif, l’attitude et l’audace affichées sont d’une fraîcheur réjouissante.
GYPSY PISTOLEROS
« Church Of The Pistoleros »
(Earache Records)
Après quatre singles convaincants (« Church Of The Pistoleros », « Shadow Walker », « Whatever Happened To The Old Town » et le punkisant « Last train To Nowhere »), GYPSY PISTOLEROS avait laissé entrevoir du changement et une orientation musicale légèrement différente. L’arrivée de l’ancien batteur de South Of Salem, Pip Sampson, a donné un bon coup de fouet au groupe, mais ce qui étonne surtout, c’est la production massive et presque trop ‘propre’ de ce nouvel effort, qui semble pourtant ouvrir une nouvelle ère à nos desperados.
Le Glam Metal/Rock du quatuor n’a rien perdu de sa verve, de sa vélocité et de son impact, c’est juste l’équilibre qui est plus évident. GYPSY PISTOLEROS mûrit et plutôt bien ! Enregistré aux renommés studios Old Cider Press de Pershore et surtout produit par Dave Draper connu pour son travail avec Nickelback, Terrovision ou Ginger Wildheart, « Church Of The Pistoleros » se présente comme un quatrième album très bien ciselé. Une manière aussi, finalement, de rendre les compositions aussi accessibles que percutantes. Car, ça claque !
Si GYPSY PISTOLEROS n’est pas constitué de membres d’un gang latino, mais de citoyens britanniques, il a aussi la particularité de proposer un son typiquement américain, sorte de triptyque Rock’n Roll effervescent et très cohérent. Toujours Glam dans l’esprit, le frontman n’est pas sans rappeler les invectives chères à Vince Neil ou Billy Idol, mais le combo s’en sort grâce à une originalité très particulière où se côtoient Metal, Rock, et Flamenco dans un bel élan fédérateur et souvent irrésistible (« Revolution », « Last Of The Comancheros »).
Bruts et sans concession, les Suédois ne donnent pas dans le lisse et ne sont pas là non plus pour arrondir les angles. Très acéré et rugueux, le Hard Rock de BLISTER BRIGADE va piocher autant dans les origines du genre comme dans des sonorités très actuelles et Heavy. Sur des tessitures grasses et organiques, « A Rioting New Breed » a un aspect live et robuste sur lequel son frontman s’appuie pour propulser son quatuor avec une belle détermination et une fraîcheur qui enveloppent ce nouvel effort.
BLISTER BRIGADE
« A Rioting New Breed »
(Inverse Records)
15 ans de carrière, plusieurs changements de line-up et revoici BLISTER BRIGADE plus affûté que jamais avec un quatrième album, dont le titre en dit déjà long sur ses intentions. Toujours emmené par son fondateur, guitariste et chanteur Gustav Lund, le combo arbore un Hard Rock racé et bien rentre-dedans, mais la nouveauté sur « A Rioting New Breed » vient aussi de son aspect Heavy nettement plus présent que sur « Slugfest Supreme », sorti en 2020. L’ensemble est plus nerveux et délicieusement sordide. Ça tabasse !
Quelque part entre Skid Row (de la belle époque !), Motorjesus et Dokken, BLISTER BRIGADE se fraye un chemin à grands coups de riffs massifs et d’un explosif duo basse/batterie. Se revendiquant du ‘Street Metal’, les Scandinaves ont une approche percutante, même si « A Rioting New Bleed » déploie également de belles mélodies distillées sur un tempo rapide et qui ne s’encombre pas de fioritures. Frontal et puissant, ce nouvel opus avance sur une dynamique claire et un chant qui devient vite prenant et fédérateur.
S’ils sont très bien produits, l’arrivée du second guitariste apporte aussi beaucoup d’épaisseur et de lourdeur à ces nouveaux morceaux, qui ne perdent pourtant pas en vélocité. BLISTER BRIGADE est là pour en découdre et ne se fait pas prier (« Paradize Industrialized », « Stampede », « The Duke », « Small Town Tyrant »). Très convaincante sur les solos aussi, la doublette guitaristique se montre fulgurante et complice. Et puis, le groupe conclue ce bon album avec « Reborn A Better Man », une ballade très bien ciselée.
Trois ans après des débuts très prometteurs, les Strasbourgeois réalisent leur premier album, « Cycles », et la surprise est belle. Toujours dans un registre Stoner Rock, le spectre du quatuor s’est considérablement élargi, laissant entrer des sonorités Heavy, post-Rock, progressives et Doom. Très aérien, le groupe joue sur un groove épais pour libérer des paysages sonores très nuancés, appuyant sur les tessitures instrumentales et vocales avec soin. Et la galaxie de YOJIMBO s’élargit aussi avec de multiples projets autour d’un collectif d’artistes, afin de développer encore un univers déjà riche. Entretien collégial avec un combo plein de ressources et d’envie.
– Je me souviens très bien de votre premier EP éponyme sorti en 2022, dont les cinq morceaux m’avaient déjà fait forte impression. Que s’est-il passé ces trois dernières années ? J’imagine que les concerts vous ont permis d’acquérir de la confiance et aussi de mûrir votre projet…
Beaucoup de choses ! Déjà un changement de line-up en 2023 avec l’arrivée de Dom (Pichard – NDR) à la basse et aux chœurs, qui a remplacé Aurélien. Sophie (Steff, guitare et chant – NDR) et Flo (Herrbach – NDR) ont aussi quitté leur boulot pour se consacrer pleinement à la musique, et on a tous investi beaucoup plus de temps dans le projet. On répète deux jours complets par semaine, en plus du temps qu’on consacre à d’autres aspects du groupe, comme notre démarche multidisciplinaire et les collaborations artistiques. On travaille notamment avec le collectif M33, ce qui nous permet d’explorer d’autres champs que la musique pure. Les concerts nous ont aussi permis de gagner en assurance. On a bossé dur sur notre autonomie technique, et on a su bien s’entourer. En bref, on a fait en sorte de se donner les moyens de donner de l’ambition au projet.
– Sans parler de métamorphose, on vous retrouve avec un premier album, « Cycles », qui marque une évolution notable chez YOJIMBO. L’énergie y est décuplée, tout comme votre univers qui s’affirme clairement. Quelles ont été les principales étapes de cette maturité acquise ?
On a bossé dur, tout simplement. Beaucoup d’exploration, de remises en question, d’introspections aussi sur l’intention qu’on voulait faire porter à notre musique. On a pris le temps de chercher le bon son, de comprendre ce qu’on voulait vraiment transmettre. Le fait d’avoir Flo dans le groupe, qui est ingé son de métier, a été un vrai plus. Avec les moyens du bord, il a drivé toute la partie technique de la pré-production jusqu’à l’enregistrement avant que les copains du studio La Turbine mettent ça brillamment en forme au mix. Tout ça nous a permis d’aller loin dans les détails.
– Ce qui est aussi assez étonnant, et on le pressentait déjà sur l’EP, c’est cette sensation de liberté, qui s’épanouit dans un registre toujours aussi Stoner bien sûr, mais où l’aspect progressif, Doom et post-Rock sont plus présent. Vous aviez besoin de prendre de la hauteur musicalement ? De développer un côté plus aérien ?
Ça s’est fait assez naturellement. Quand on compose, on ne se dit pas ‘il faut que ça sonne Stoner’ ou ‘mettons une touche de Doom là’. On a un panel d’influences très large à nous quatre, et ça ouvre des portes qu’on n’hésite pas à pousser. On aime l’idée que notre musique soit écoutée comme un voyage, et on a sans doute davantage assumé ça dans « Cycles ». Et c’est vrai que les touches post/prog apportent une forme de carburant à cette volonté d’ouvrir les espaces dans ce voyage.
– Bien sûr, la production de « Cycles » n’a plus grand-chose à voir avec celle de « Yojimbo ». Est-ce que c’est une simple question de production, donc de moyen, ou au contraire, vous êtes parvenus à obtenir le son que vous aviez toujours souhaité ? Entre une puissance massive propre au Stoner et des passages plus légers et très sinueux…
Un peu des deux. On a accordé plus de temps, mais surtout on savait ce qu’on voulait. Ce n’est pas qu’une question de matos ou de studio, c’est aussi le fruit d’une vraie démarche sonore et artistique qu’on a affinée avec le temps. On a notamment beaucoup œuvré à ce que chaque instrument trouve sa place.
– YOJIMBO a toujours revendiqué ce côté cosmique que vous qualifiez même d’intergalactique. Sur « Cycles », il est encore très présent et plus poussé, je trouve. Est-ce qu’il y a, selon vous, un aspect de votre style, c’est-à-dire, le Stoner, le Prog ou le post-Rock qui prend un peu le dessus, et qui domine ce bel équilibre ?
On navigue vraiment à vue, mais le Stoner reste dans notre branche principale. Il y a des morceaux très Doom, d’autres très planants, d’autres plus Heavy… On essaie de ne pas prioriser un style au détriment d’un autre, mais plutôt de créer une continuité d’énergie ou d’évocation. L’esthétique intergalactique nous permet de lier tout ça sans cloisonner : c’est ce qui fait qu’on parle de ‘Stoner Intergalactique’.
– Même si l’on pourrait penser que votre propos pourrait être décalé, compte tenu d’une musique assez intemporelle, vos textes traitent de thématiques très actuelles comme l’écologie, le capitalisme, les conflits comme des choses plus personnelles. Comment conciliez-vous votre aspect ‘cosmique’, qui pourrait se prévaloir d’un certain détachement avec des sujets aussi concrets et sociétaux ?
Les textes sont écrits par Sophie, mais on les travaille au besoin ensemble ensuite, notamment pour chercher les bons niveaux de lecture. On veut que nos paroles aient du fond, mais aussi qu’elles laissent de la place à l’interprétation personnelle. Notre univers est peut-être cosmique, mais il parle du monde dans lequel on vit : des violences systémiques, de nos dérives politiques, de nos rapports au pouvoir ou à la nature. Le filtre science-fictionnel, ou symbolique, est là pour créer une mise à distance poétique, mais il n’y a jamais de déconnexion.
– Je trouve aussi ce premier album techniquement plus complexe. Y avait-il des choses que vous n’aviez pas osées sur « Yojimbo », car le groupe était encore jeune ? Et vous sentez-vous aujourd’hui peut-être débridé par rapport à vos débuts, car le potentiel était déjà là ?
C’est sûr qu’au début, il y a toujours une forme de retenue, d’hésitation à pousser certaines idées jusqu’au bout et un manque de maîtrise aussi. Aujourd’hui, on s’autorise beaucoup plus de libertés, que ce soit dans les structures, les textures, ou les intentions. On a aussi beaucoup évolué individuellement en tant que musiciens, notamment en travaillant nos instruments. Et puis, le groupe est soudé, donc la confiance mutuelle permet d’aller plus loin. On compose pour se surprendre autant que pour surprendre les autres.
– Vocalement aussi, l’évolution est flagrante. Sophie, est-ce que le fait que tu sois peut-être plus entreprenante vient de la scène et des facilités qu’elle enseigne ? Ou alors, comme tu es également guitariste, tu as peut-être aussi décidé d’accorder plus d’attention au chant dans une certaine mesure sur l’album ?
La maturité et le travail, clairement ! (Rires) J’ai passé plus de temps à analyser mes forces et mes faiblesses, mais aussi à davantage interpréter que simplement chanter. J’ai également un autre projet musical dans un tout autre registre (Folk Blues) avec lequel je tourne beaucoup, et qui m’a énormément fait évoluer vocalement. C’est un peu un mélange de tout ça : la tournée, le studio, la répétition, la composition et surtout … le recul. Mais j’attache un point d’honneur à évoluer guitaristiquement aussi. Je cherche à sortir de ma zone de confort pour aller plus loin, que ce soit en tant que guitariste ou chanteuse.
– Parallèlement à la sortie de « Cycles », vous avez également entamé une démarche artistique originale, celle d’écrire une nouvelle de Science-Fiction, mais sous la formule d’un collectif rassemblant différentes activités. Pouvez-vous en dire un peu plus ? Et celle-ci pourrait-elle être la base, par exemple, de votre prochain album ?
Oui, la nouvelle est un peu notre fil d’Ariane. C’est Stef (Legrand, batterie – NDR) qui en est à l’origine et on l’a retravaillée collectivement en 2023, avec l’accompagnement de Saïda Kasmi du collectif M33. Elle avait notamment déjà accompagné l’écriture de l’album concept de Mathieu Chedid. Cette nouvelle est à la fois un socle, un outil d’inspiration et un prétexte à collaboration. On partage des extraits ou des pitchs aux artistes avec qui on bosse, pour qu’ils puissent en proposer une lecture personnelle. On leur propose aussi de privilégier le réemploi quand c’est possible pour créer autour de cet univers. C’est une façon de sortir du cadre de la commande et d’ouvrir l’imaginaire. La nouvelle est déjà très présente dans « Cycles » et elle nous servira encore pour la suite, sous plein de formes possibles. Rien n’est décidé pour le moment et on ne veut pas figer le processus. Ce qui prime, c’est l’expérimentation.
– Enfin, j’aimerais qu’on dise un mot de cette magnifique pochette d’album que vous avez confié à l’équipe de Førtifem, dont on connait le travail pour de grands groupes, ainsi que pour les deux plus gros festivals Metal français. C’est assez rare de laisser carte blanche, surtout pour un premier album à des personnes extérieures. Comment s’est effectuée la connexion entre vous et leur avez-vous tout de même donné un fil rouge, voire vos nouveaux morceaux à écouter ?
C’est en réalité des amis de longue date de Dom. Il connaissait Jesse via des collaborations photo dans les années 2000, bien avant la création de Førtifem, et il a aussi rapidement accroché avec Adrien à leur rencontre. Dom squattait souvent leur canapé lors de ses passages réguliers à Paris. Depuis, leur travail a explosé, et à juste titre. Ils bossent avec des groupes mastodonte de la scène Rock/Metal et des marques de renom. Même si on aime travailler prioritairement avec des artistes de notre région, pour cette pochette on savait que c’était eux qu’il nous fallait. Pas seulement, parce que leur taf est incroyable, mais parce qu’ils ont une vraie démarche artistique et engagée qui résonne avec la nôtre. On a tout de même donné une idée très générale. Pour le reste la magie du duo a opéré et ils ont parfaitement saisi notre intention.
Avec « Harrowing Insight », les Allemands gagnent en intensité et la chanteuse Tamara Amedov montre la pleine capacité de son chant. Très ferme et jouant sur une diversité qui les guide, le quatuor trouve l’équilibre dans un nouvel opus qui confirme toutes ses aptitudes à produire un Metal Symphonique, qui se détache un peu de la scène actuelle. Les grosses guitares et la massive rythmique montre la voie sur des orchestrations qui servent parfaitement les morceaux. Un beau troisième effort.
VISIONATICA
« Harrowing Insight »
(El Puerto Records)
En une décennie, VISIONATICA s’est imposé comme le groupe incontournable de la scène Metal Symphonique allemande dans un élan qui ne cesse de croître. Le quatuor a patiemment franchi les étapes et avec « Harrowing insight », il s’impose même parmi les plus créatifs d’Europe. Sophistiqué, mais loin d’être pompeux comme c’est si souvent le cas, il laisse une impression de facilité dans un registre qui n’use pas démesurément d’artifices. Pour autant, ce troisième opus brille aussi par des arrangements subtils.
Grâce à une frontwoman qui a pris l’ascendant sur ces nouveaux morceaux à travers une prestation limpide et cristalline, où elle se montre aussi délicate que tranchante, VISIONATICA prend donc une nouvelle dimension. A noter également que c’est dorénavant Martin Kainbacher, qui officiait chez Ardent Spirits et Entera, qui est le nouveau batteur. Avec des parties orchestrales plutôt sobres et efficaces, « Harrowing Insight » affiche une puissance de feu implacable et dense, n’hésitant pas à faire également dans la nuance.
Très bien produit, l’apparition du violon libère également beaucoup de fraîcheur et de respiration au Metal Symphonique de la formation germanique (« Sympathy For The Devil »). S’engouffrant dans des sonorités orientales sur « Scheharazade », VISIONATICA fait preuve d’une belle adaptation, comme avec l’apparition d’Ambre Vourvahis de Xandria sur « Fucking Seducer ». Ici, les riffs sont racés, les solos biens sentis et les mélodies prennent le dessus en restant solides (« Psychopaths », « Paralyzed », « Flashback »). Très réussi !
Il y a des rencontres qui font des étincelles et, d’une côte à l’autre, le Canada a permis la connexion entre THE DAMN TRUTH et le producteur Bob Rock, qui s’est totalement reconnu dans la musique du combo. Grâce à de belles guitares, une rythmique groovy et une frontwoman qui a gagné en assurance, la formation de la Belle Province fait le pont entre un Hard Rock 70’s et des sensations très contemporaines avec beaucoup de saveurs et un plaisir palpable.
THE DAMN TRUTH
« The Damn Truth »
(Spectra Musique)
Il y a quatre ans, THE DAMN TRUTH faisait exploser son plafond de verre montréalais avec « Now Or Nowhere », un troisième album qui l’a révélé et l’a mené un très long moment sur les routes. Il faut reconnaître que les Québécois avait frappé fort avec une version très actuelle et pleine d’audace de Classic Rock, le tout produit par le grand Bob Rock qui n’avait pas hésité un instant à appliquer sa propre recette sur des morceaux entêtants et particulièrement enthousiastes. Et ils sont aujourd’hui tous de retour avec la même envie.
Enregistré à Vancouver dans les Warehouse Studios de Bryan Adams sur une période de deux mois, « The Damn Truth » se révèle comme la réalisation la plus aboutie du quatuor et si elle est éponyme, c’est aussi parce qu’elle le représente et le définit le mieux. Accrocheurs, mélodiques et hyper-Rock, les onze titres sont d’une énergie fulgurante. Même si la guitariste et chanteuse Lee-La Baum fait de plus en plus penser à Beth Hart dans sa façon de chanter haut, THE DAMN TRUTH impose une réelle identité.
Déjà convaincant sur les quatre singles sortis (« Love Outta Love », « I Just Gotta Let You Know », « The Willow » et « Better This Way »), le groupe dévoile de nouvelles facettes de son jeu et l’excellent travail effectué sur le son apporte puissance et relief à l’ensemble. Sensible sur la power-ballade « If I Don’t Make It Home » ou plus frontal sur « Addicted », THE DAMN TRUTH brille par la qualité du songwriting et des arrangements. Avec ses sonorités familières et fédératrices, « The Damn Truth » modernise le Hard Rock… vintage !
Photo : Natali Ortiz
Retrouvez l’interview du groupe en 2021 à la sortie de « Now Or Nowhere »…
Dans un Progressive Metal oscillant entre Thrash et Heavy, SACROSANCT effectue un retour musclé et accrocheur. Même si la création et la finalisation de « Kidron » n’ont pas été des plus simples pour la multinationale métallique, le résultat est là et l’ensemble fait plus que tenir la route. Au côté de l’ancien six-cordiste de Pestilence, un nouveau frontman (et bassiste) vient assoir un peu plus les velléités du combo à s’imposer sur la scène actuelle, grâce aussi à des musiciens percutants et expérimentés.
SACROSANCT
« Kidron »
(Reigning Phoenix Music/ROAR)
Parcours assez atypique que celui de SACROSANCT. Alors que ses débuts étaient franchement prometteurs avec trois albums sortis coup sur coup au début des années 90 (« Truth Is – What Is », « Recesses For The Depraved » et « Tragic Intense »), le break a lieu en 1994 jusqu’à la résurrection en 2017, toujours sous l’impulsion de son guitariste Randy Meinhard (ex-Pestilence). Des influences Thrash du départ, il ne reste que quelques brides dans les riffs, le groupe ayant opté pour un Metal Progressif tirant surtout sur le Heavy.
Et avant de parvenir à « Kidron » dans sa forme actuelle, d’autres péripéties ont secoué le quatuor. En 2021 et en plein Covid, le chanteur Ron Brouwer quitte le navire et Max Morton, tout d’abord pressenti dans le rôle de bassiste, qu’il assume par ailleurs, s’empare finalement du micro. Et la nature fait plutôt bien les choses, car l’Ukrainien se trouve être l’homme de la situation. A l’écoute de sa prestation sur ce cinquième opus, SACROSANCT y gagne au change, puisque le frontman a même réenregistré tous les morceaux.
Entre l’Allemagne, la Hollande et l’Ukraine, la formation européenne prend donc un nouvel élan et « Kidron » s’affiche peut-être comme le plus convaincant, si ce n’est le meilleur, enregistrement du groupe. A noter aussi que le parolier Per Albinsson (Therion, Jaded Heart, Lord Belial) a réécrit tous les textes chantés par Morton. Un travail d’orfèvre réalisé également très rapidement. SACROSANCT est donc sur de très bons rails et la vélocité, l’impact et les mélodies de ce nouvel effort montrent beaucoup de force et de sérénité.
On n’est pas prêt de déloger le toujours aussi prolifique Ginger Wildheart et c’est une très bonne chose ! Malgré les années qui passent et les modes qui défilent, le frontman britannique fait face aux vents et aux marées, solidement amarré à un Hard Rock à propulsion Punk, tout en affichant le visage exalté d’une âme intacte. THE WILDHEARTS livre donc son dernier brûlot, une réalisation pointilleuse, accrocheuse et explosive. Avec « Satanic Rites Of The Wildhearts », la modernité côtoie un savoir-faire inaltérable avec brio et sans la moindre hésitation.
THE WILDHEARTS
« Satanic Rites Of The Wildhearts »
(Snakefarm Records)
Plus de 35 ans après sa formation à Newcastle, THE WILDHEARTS tient toujours debout, malgré des splits incessants et, sans doute, une discographie qui aurait largement due être plus fournie qu’elle ne l’est. « Satanic Rites OF The Wildhearts » est le onzième album du groupe et il présente derrière l’inamovible et irréductible Ginger Wildheart au chant et à la guitare, Ben Marsden (guitare), Jon Poole (basse) et Charles Evans (batterie). Bien sûr, on n’y voit que du feu, tant l’identité musicale du groupe survole les membres qui le composent. Et il faut reconnaître que « Satanic Rites OF The Wildhearts » est un très grand cru. Les Anglais semblent avoir trouvé un nouvel élan, franchement réjouissant.
Avec un tel titre, on est en droit de s’attendre à un album musclé et irrévérencieux comme il sait le faire. Et THE WILDHEARTS ne déçoit pas, bien au contraire. Ce nouvel opus est l’un de ses meilleurs depuis très, très longtemps. Remarquablement produit par Jim Pinder qui l’a également mixé avec Carl Bown, il y a presque un air de revanche qui plane sur les nouveaux morceaux. Très actuel et percutant, mais aussi bénéficiant d’un travail minutieux sur les mélodies qui gardent leur côté so british avec cette petite touche punkisante sur les refrains, l’ensemble est hyper-fédérateur, à l’esprit très live et conçu à m’en pas douter pour offrir sur scène un débordement monumental d’énergie.
Surtout, THE WILDHEARTS s’amuse et cela se sent vraiment ! Malgré un titre et une pochette qui pourraient laisser penser le contraire, le quatuor s’éclate et la maîtrise est telle qu’elle lui permet de s’aventurer à peu près dans toutes les ambiances sans sourciller. Toujours aussi créatif, Ginger Wildheart amène tout son monde dans une débauche de riffs, de rythmiques claquantes et harangue presque l’auditeur. (« Eventually », « Troubadour Moon », « Maintain Radio Silence », « I’ll Be Your Monster » feat. Jørgen Munkeby). Le combo se présente comme une véritable confrérie d’un Hard Rock décomplexé, insouciant et imprévisible, qui manque singulièrement dans le paysage musical actuel.
VELVET RUSH pourrait bien être la belle et grande surprise de cette année en matière de Hard Rock estampillé 70’s. Le quatuor originaire d’Hambourg se présente avec un premier EP, « Euphonia », qui montre de solides fondations, des musiciens plus que confirmés et une dynamique implacable. Guidés par leur charismatique frontwoman, les Allemands ont de belles cartes en main et ne devraient pas tarder à se faire connaître bien au-delà de leurs frontières. Séduit par la sortie d’un premier single il y a quelques mois, c’était l’occasion de faire connaissance avec le groupe à quelques jours de la sortie de sa première réalisation.
– Comme beaucoup, j’ai été très agréablement surpris en octobre dernier à la sortie de votre premier single, « Euphonia », qui est d’ailleurs le titre de ce premier EP. Même si c’est votre première réalisation, on devine sans mal à vous entendre que vous êtes loin d’être des amateurs. Pouvez-vous nous faire un peu les présentations et revenir sur votre parcours et la création de VELVET RUSH ?
Merci beaucoup et c’est vrai qu’il y a en fait un aspect très magique, voire spirituel, derrière la création du groupe. Cela a aussi un peu à voir avec la composition et la signification de notre chanson « Aurora ». Mais nous y reviendrons plus tard. VELVET RUSH a été fondé par notre chanteuse Sandra Lian et Tim Black, le bassiste. Grâce à la vision de Sandra et à un peu de magie, VELVET RUSH a été lancé en un week-end. C’était comme si nous nous étions trouvés après une longue attente, un coup du destin. Dennis Henning s’est joint à nous à la guitare et Tom Zeschke à la batterie. Chacun d’entre nous faisait de la musique à un niveau professionnel depuis des années dans différents groupes, à l’international, sur les planches des théâtres, etc… Nous avons tous appris à nous connaître sur la scène musicale de Hambourg. Dennis et Tim avaient déjà joué ensemble auparavant. Sandra a fait de la musique toute sa vie, notamment en étudiant le chant, la danse et le théâtre. Tom a également joué de la batterie dans différents groupes durant des années. Nous savions dès le début qu’il y avait quelque chose de spécial entre nous.
– Avec VELVET RUSH, vous renouez avec un Hard Rock très 70’s auquel vous avez injecté un souffle très moderne et beaucoup de volume. L’idée première était-elle d’offrir un son brut et organique avec beaucoup d’impact, car vous ne levez jamais le pied, sauf peut-être sur « Aurora » qui joue plus sur l’émotion ?
Nous aimons le son du Hard Rock des années 70, très caractéristique de l’époque, et nous le combinons avec des éléments modernes, c’est vrai. Mais nous avons de nombreuses autres facettes. D’une part, nous voulons montrer à l’auditeur que nous avons beaucoup d’énergie, que nous pouvons appuyer sur l’accélérateur et d’autre part que nous voulons aussi servir un côté émotionnel. Nous sommes tous des rockers dans l’âme. Curieusement, beaucoup de gens autour de nous ont pensé que nous avions tendance à jouer une musique plus douce, mais nous aimons beaucoup les surprises. Nous vivons nos performances live pleinement et ces idées viennent simplement du plus profond de nous-mêmes, associées à des inspirations recueillies au cours d’une vie. La chanson « Aurora » est très émouvante, c’est vrai. Elle est dédiée à un être cher que Sandra a perdu peu de temps avant la fondation de VELVET RUSH. Cette chanson signifie beaucoup pour le groupe.
– D’ailleurs, pour rester sur le son de ce premier EP, vous avez confié la production à Eike Freese, dont on connait le travail avec Deep Purple, Slash ou Status Quo et l’ensemble a été réalisé dans les fameux studios Chameleon à Hambourg. Même si c’est votre ville d’origine, vous avez désiré mettre les moyens dès le départ pour obtenir cette sonorité très chaude et immédiate ?
Tout d’abord, il n’y a personne de meilleur qu’Eike Freese, selon nous. Tim connaît Eike depuis 2006, ce qui représente une longue période. C’est de là qu’est venue l’idée d’enregistrer avec lui. Lorsque Sandra et Tim sont venus spontanément dans le studio d’Eike, il a entendu parler de notre vision de nos chansons et de l’idée de fonder VELVET RUSH. Nous lui avons montré nos idées et il a été immédiatement impressionné et a voulu travailler avec nous. Le studio existe depuis les années 70 et une grande partie de l’intérieur rappelle encore l’époque d’autrefois. Il y a quelque chose de très magique dans ce lieu. Nous n’aurions pas pu faire un meilleur choix.
– Ce qu’il y a également de marquant sur les cinq chansons, c’est cette alchimie très palpable entre vous, comme si chacun était au service de l’autre. Bien sûr, Sandra est très solaire avec une puissance vocale incroyable, mais les guitares ne sont pas en reste, tout comme cette rythmique terriblement efficace. Le songwriting est très travaillé et on a presque le sentiment que ces chansons ont d’abord eu un traitement acoustique au moment de la composition. C’est le cas ?
Merci beaucoup. En fait, les chansons n’ont pas été écrites sur une guitare acoustique, mais directement sur une électrique. Tim a composé toutes les chansons et Sandra a écrit les paroles et les mélodies vocales. Et Dennis a également contribué aux compositions avec ses solos de guitare.
– La voix de Sandra est très Rock et comporte aussi beaucoup de variations. Et même si l’ensemble paraît débridé de prime abord, on s’aperçoit très vite que la puissance n’est pas tout et que les textes sont également très importants. Quel est votre champ d’investigation à ce niveau-là, se dégage-t-il une certaine unité et peut-être un message à travers vos paroles ?
Sandra écrit seule les paroles. Elle y intègre ses expériences de vie et souhaite également transmettre un message, c’est vrai. Elle aime travailler avec des métaphores. L’EP « Euphonia » parle de laisser derrière soi le passé, où l’on a peut-être vécu des moments très éprouvants et formateurs, mais aussi d’un nouveau départ et cela se reflète dans ses textes. Il s’agit de retrouver son enfant intérieur et le chemin qui vous était destiné depuis le début. Cela a donc une signification très profonde, c’est vrai. « Euphonia » est une sorte d’oiseau qui représente la liberté, la force et l’énergie. Les chansons de l’EP sont très puissantes et ont un message clair et, bien sûr, la composante émotionnelle est très présente.
– Pour revenir sur l’aspect très 70’s de votre jeu, on assiste depuis un moment déjà à un véritable revival du genre dans le Hard Rock, mais aussi dans le Rock et le Metal de manière plus globale. Selon vous, est-ce que certains styles ont déjà montré leurs limites et que la vérité se trouve finalement dans ce registre intemporel né dans les années 70 et même 80 ?
Nous pensons que les nombreux styles musicaux, qui ont vu le jour au fil des années, trouvent leur origine dans le Rock’n’Roll et le Blues. Le Metal ne nous convient pas vraiment, en fait. On ne peut pas réinventer la roue de nos jours, mais on peut laisser son âme s’exprimer dans la musique pour créer son propre son. Nous adorons tout simplement ce son pur et honnête des années 70.
– Je dois vous avouer que les cinq chansons m’ont vraiment laissé sur ma faim. J’imagine qu’il peut y avoir des raisons économiques derrière le choix de sortir un EP, mais est-ce que vous avez envisagé aussi de réaliser un album complet, ou était-ce selon vous un peu tôt ? Il vous fallait d’abord mesurer le retour des fans et de la presse aussi peut-être ?
Nous voulions faire une première présentation au public le plus rapidement possible et partager nos chansons avec les auditeurs. Cet EP est une première impression des nombreuses facettes, qui se présenteront à eux dans le futur. Certaines opportunités se sont ouvertes, dont nous voulions vraiment profiter rapidement. C’est pourquoi nous avons d’abord opté pour un EP. Et bien sûr, nous ne voulons pas nous arrêter en si bon chemin. Nous sommes déjà en pleine phase d’écriture de notre premier album. Il y aura bientôt des nouvelles à ce sujet. Nous pouvons déjà proposer beaucoup de morceaux.
– D’ailleurs, les louanges dès la sortie de la chanson « Euphonia » ne se sont pas faites attendre, et VELVET RUSH a déjà su conquérir un large public assez rapidement. Vous vous attendiez à un tel accueil? Et quelles sont vos premières impressions, car c’est vrai aussi que VELVET RUSH dégage une énergie très positive ?
Nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre. Nous voulions laisser le public venir à nous et nous étions très excités par le premier accueil du public. Nous sommes très reconnaissants d’avoir déjà une base de fans très internationale, qui nous soutient et nous accompagne tout au long de notre parcours. C’est incroyable pour nous d’avoir déjà touché une corde sensible avec notre premier single « Euphonia ».
– Ce premier EP sort ces jours-ci et, outre la vague de promo qui va suivre, j’imagine que le prochain objectif sera de partir en tournée présenter vos morceaux au public. Possédez-vous d’ailleurs un répertoire suffisamment conséquent, car un format court que le vôtre est souvent une carte de visite pour partir sur la route ?
Nous avons un tourneur renommé et formidable et nous sommes très heureux de déjà jouer dans de nombreux festivals cette année avec peut-être aussi une ou deux surprises ! (Sourires) Restez à l’écoute ! Et bien sûr, nous avons beaucoup d’autres chansons qui attendent déjà d’être partagées avec le public en concert.
– De ce que j’ai pu voir, vos prestations scéniques sont pour le moins enflammées et la présence à la fois sexy et charismatique de Sandra y est pour beaucoup. On imagine facilement des concerts passionnés et d’une folle énergie. Comment est-ce qu’on travaille cet aspect-là avant de sortir un premier EP ? Votre expérience individuelle est-elle aussi un atout majeur ?
Grâce à nos années d’expérience sur scène, il n’est pas difficile pour nous de transmettre l’énergie que nous portons en nous au public. Si vous aimez ce que vous faites et que vous vous amusez à le faire, le public le comprend. Sandra a le public de son côté en quelques secondes et oui, bien sûr, c’est une véritable boule de feu. Vous pourrez bientôt le constater par vous-même… (Sourires)
– Enfin, l’une des choses qui a aussi piqué ma curiosité, c’est qu’aucun label ne vous soutient encore. Vous êtes totalement indépendants, comme c’est beaucoup le cas aujourd’hui. Est-ce à dire que VELVET RUSH peut parfaitement mener sa barque et trouver son chemin seul ? Car vous avez certainement du être sollicités, non ?
Comme je te le disais, nous avons un très bon tourneur, qui nous offre de nombreuses possibilités et nous ouvre de multiples opportunités. Nous pourrions envisager de signer avec un label, mais tout dépend de l’offre. En tant que groupe indépendant, vous avez aussi plus de liberté de choix, mais nous ne dirons pas non à une offre appropriée.
Le premier EP de VELVET RUSH, « Euphonia », est disponible sur toutes les plateformes, mais aussi et surtout sur le site du groupe :
Sur un groove ensorceleur, NAXATRAS tisse sa toile dans un Rock à la fois progressif et psychédélique teinté, depuis l’arrivée de Pantelis Kargas aux claviers et aux synthétiseurs, de sonorités électroniques qu’il puise dans les années 70 essentiellement. Ce cinquième album vient rassembler les multiples influences du groupe dans une atmosphère très analogique, qui libère une authenticité qui rend ce « V » très créatif, original et qui ouvre à la formation venue de Grèce des horizons infinis dans un registre où il est passé maître.
NAXATRAS
« V »
(Evening Star Records)
Dix ans après un premier album éponyme qui avait déjà marqué les esprits, NAXATRAS vient poser une monumentale nouvelle pierre à son édifice musical. En élargissant encore un peu plus son spectre, son Rock Psychédélique Progressif prend une ampleur quasi-spatiale. Toujours aussi organique, ce sont la technicité et l’inventivité des Grecs qui dominent et le voyage auquel nous sommes conviés est plus captivant que jamais. Sur un récit conceptuel basé sur l’exploration du monde mythologique de Narahmon, l’évasion se fait dès « Celestial Gaze » qui ouvre « V », et « Spacekeeker » nous plonge ensuite dans une atmosphère enivrante.
Si la vision de NAXATRAS reste moderne, le quatuor dégage pourtant une belle et douce saveur vintage, résultant essentiellement de ce son si proche. Autour de synthés enveloppants, la basse, la batterie, les percussions, la flûte et la guitare s’entremêlent dans une harmonie à laquelle il devient difficile de résister au fil des morceaux comme sur « Numenia » et ses effluves orientaux bousculés par un riff infernal. La maîtrise est totale, les relais entre les instruments prennent un aspect obsédant et les Hellènes nous propulsent dans un univers fait de longues plages aériennes et d’un Rock brûlant (« Breathing Fire »).
En côtoyant d’aussi près le Space Rock, NAXATRAS s’émancipe de toutes frontières musicales, se faisant même orchestral à l’occasion et distillant des couleurs moyen-orientales hypnotiques et très rythmées (« Legion »). Lointain, le chant continue sa narration entre Science-Fiction et une vision antique dans son propos. Le quatuor a de quoi impressionner, tant rien n’est laissé au hasard, que ce soit au niveau de cette production presque charnelle et des arrangements d’une exquise finesse (« Utopian Structures », « Sand Halo »). La touche rétro aux allures célestes qui englobe « V » devient très addictive. Classe !