Enregistré à Stockhölm avec Mike Wead (King Diamond) notamment, ce quatrième opus vient confirmer l’élan de ces dernières années. « Reign Of The Reaper » montre enfin le véritable visage que l’on pouvait attendre de SORCERER, à savoir un style plus personnel, entre un Heavy Metal classique et des touches Doom savamment dosées. A noter à l’arrivée de Stefan Norgren derrière les fûts, il y a quelques semaines, et qui vient participer à cette résurrection entamée en 2010.
SORCERER
« Reign of the Reaper »
(Metal Blade Records)
Dans sa première et courte vie, celle qui s’étend de 1988 à 1995, le Metal de SORCERER penchait bien plus qu’aujourd’hui vers le Doom. Après des débuts prometteurs, les musiciens sont allés grossir les rangs de Therion, Tiamat, Sundown et Lion’s Share avant de démarrer une seconde phase plus féconde. Très aguerris donc, ils ont fait la bascule vers un Heavy Metal plus généreux et surtout très épique. Et 35 ans après leur création, les Suédois affichent un total de quatre albums, « Reign Of The Reaper » compris.
Cela dit, même si le groupe de par son histoire avance à un rythme de sénateur, il faut lui reconnaître de la qualité dans ses derniers albums, notamment sur « Lamenting of the Innocent », sorti il y a trois ans et qui l’avait relancé. C’est précisément dans cette même dynamique que le frontman Anders Engberg et ses compagnons s’inscrivent avec « Reign Of The Reaper ». SORCERER n’a pas renié ses influences Doom, qui se font toujours sentir dans les moments les plus dark et progressifs, mais la vélocité actuelle est terriblement Heavy.
Avec sa galopante rythmique et la puissance vocale de son chanteur, le quintet possède de solides arguments que les deux guitaristes renforcent brillamment. Les riffs sont racés et appuyés, les chorus abondants et les solos très shred. Et SORCERER montre toute sa maîtrise sur des refrains mémorables, des structures de morceaux massives et un mélange savoureux d’ambiances teintées d’une noirceur un brin Old School (« Mourning Star », « Unveiling Blasphemy », « Thy Kingdom Will Come » et le morceau-titre). Convaincant.
Derrière ce titre énigmatique, cette nouvelle réalisation reprend les choses, musicalement, là où le très créatif duo nous avait laissé avec « Pull ! ». Même si le ‘propos’ est différent dans l’intention, il est le même dans la forme. Dynamique, parfois épique et cinématique, le post-Rock Progressif de GLEN joue sur des concepts très modernes et assez visionnaires avec une technique et une élégance toujours aussi délicates. « I Can See No Evil » est envoûtant à plus d’un titre.
GLEN
« I Can See No Evil »
(Sound Effect Records)
Avec « Pull ! », son précédent album sorti il y a deux ans, la formation basée entre Berlin et Athènes, nous propulsait dans un post-Rock Progressif étonnant. Toujours emmené par le multi-instrumentiste allemand Wilhelm Stegmeier et la guitariste et pianiste Eleni Ampelakioutou, GLEN réédite l’exploit de faire aussi bien en plus de se renouveler. D’ailleurs, sur « I Can See No Evil », il accueille les batteurs Lucia Martinez et Achim Faeber, ainsi que Roland Feinaeugle à la basse. Et l’unité demeure.
Ce qui rend si spéciale la musique du groupe, c’est alors qu’elle est entièrement instrumentale, elle nous raconte plein de choses. Chaque album donne lieu à des morceaux directement liés aux réflexions du binôme et notamment de son compositeur. GLEN possède un sens de l’expressivité musicale, qui se dilue dans un groove obsédant, lui-même guidé par un style narratif qui se passe facilement de mots. Et ce troisième opus est toujours aussi polymorphe, inspiré et véloce.
Comme sur « Pull ! », on retrouve le légendaire producteur allemand Reinhold Mack au mix, qui offre cette fois encore un relief saisissant à des morceaux d’une grande finesse, mis en lumière par des arrangements très soignés (« Paradigma », « Neos Kosmos » et sa trompette aérienne, « In The Midday Sun » et le nerveux « Strike »). GLEN n’a pas son pareil pour nous inviter au voyage, grâce à des envolées lumineuses, des instants suspendus et un art du crescendo inouï. « I Can See No Evil » est exaltant, séduisant et explosif. Un grand moment.
Photo : Benjamin Talsik
Retrouvez l’interview du groupe parue à la sortie de « Pull ! »…
Sur une production terriblement organique et entièrement dirigée par le combo, OHMWORK propose avec « In Hindsight », l’un des albums les plus novateurs et intéressants en termes de Heavy Stoner Rock de cette année. La fusion à l’œuvre chez les trois musiciens est plus que palpable et donne lieu à un déferlement de puissance, de riffs épais et massifs soutenus par une paire basse/batterie renversante. Ajoutez à cela un frontman véritablement habité et l’ensemble se fait ensorceleur et ravageur.
OHMWORK
« In Hindsight »
(Rob Mules Records)
C’est toujours assez difficile de définir le style du power trio norvégien et ça fait plus de dix ans que ça dure, depuis son premier album « Storm Season ». Non pas qu’il faille à tout prix mettre une étiquette sur OHMWORK, mais préciser de quoi on parle n’est pas dépourvu d’intérêt, non plus. Alors pour faire simple, il s’agit de Stoner Rock avec une grosse dose d’un Metal lourd, efficace et mélodique et parfois même aux frontières du Doom. Autant dire que le groupe possède solides arguments.
Faisant suite à « Pareidolia » (2021), « In Hindsight » va plus loin dans l’expérimentation et notamment sur la texture des guitares, parfois même acoustiques. Très Heavy dans l’approche, OHMWORK repousse les limites de son Stoner en faisant cohabiter le Rock et le Metal avec beaucoup d’habileté. Accrocheurs, les morceaux sont rapidement immersifs et dégagent une incroyable énergie portée par la voix de son chanteur. Les Scandinaves vivent réellement leur musique, ce qui explique la grande proximité sonore.
Tout en progression, ce sixième opus montre une évolution constante au fil des titres, gravés dans une modernité musicale très audacieuse. Anders L. Rasmussen (guitare, chant, orgue), Heige Nyrud (basse) et Espen A. Solli (batterie) en appelle pourtant à des influences un brin Old School comme socle à des accélérations et des montées en puissance musclées (« 17 Years », « Turmoil », « Relentlessly Closer », « The Web », « Adrift » et ses sept minutes et le fracassant morceau-titre). OHMWORK sait où il va et ne prend aucun détour.
Pour peu d’avoir l’esprit ouvert, cette nouvelle réalisation de BAD AS va ravir les amateurs de Hard Rock, de Heavy Metal et de Prog. Car les Transalpins, à travers « Fight The Demons », ne se mettent aucune limite et laissent libre-court à une inspiration qui va puiser dans une culture musicale aussi vaste que pointue. Techniquement imparable, le groupe joue sur les mélodies en y insufflant des accélérations ravageuses et un chant d’une superbe polyvalence.
BAD AS
« Fight The Demons »
(Wormholedeath Records)
Un peu moins de huit ans après sa formation et la sortie de quatre albums avec ce nouveau « Fight the Demons », BAD AS est parvenu à se faire un nom et développer un style, grâce à un registre assez peu conventionnel mêlant Hard Rock, Heavy Metal et Prog. Autant dire que les amateurs d’étiquettes en tout genre vont avoir du fil à retordre afin de ranger les Italiens dans une même case… et c’est justement ce qui fait leur force.
Et non content d’avancer à contre-courant de la scène actuelle, le combo a aussi effectué des changements de line-up assez conséquents. En novembre dernier, le Grec John Jeff Touch a pris le poste de frontman, suite au départ de Mattia Martin. Et dans la foulée, le batteur Marco Andreeto s’est posé derrière les fûts. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que BAD AS dégage une énergie et une puissance phénoménales.
De cet étonnant crossover naît une musique pleine de rage enrichie d’instants plus aériens et donc progressifs, qui viennent offrir cette particularité au quatuor. Sur les riffs très créatifs de son guitariste, Alessio ‘Lex’ Tricarico, qui ne se refuse absolument rien, BAD AS jouit d’une incroyable liberté de composition (« You Better Run », « Fight The Demons », « Where Did The Love Go », « Inside A Dream », « Awake »). D’une grande fraîcheur !
Il faut dorénavant de plus en plus compter sur la scène française, car que ce soit en termes de Metal ou de Rock, l’hexagone tient la draguée haute au reste de l’Europe et même beaucoup plus loin. Avec sa troisième réalisation, « Something Ominous », MOLYBARON se fait une place de choix dans un registre Alternative Metal/Rock aux contours très progressifs.
MOLYBARON
« Something Ominous »
(InsideOut Music)
Après des débuts assez discrets en 2017 avec un premier album éponyme, puis une belle montrée en puissance quatre ans plus tard avec « The Mutiny », c’est à peine si l’on reconnait MOLYBARON. Le combo franco-irlandais a gagné en volume, en maturité aussi et surtout son frontman, Gary Kelly, prend enfin ses responsabilités et l’Irlandais semble avoir définitivement perdu toute timidité pour s’affirmer avec force. Un réel plaisir !
Et il n’est le seul à avoir vécu une petite métamorphose. Si l’arrivée de Florian Soum à la guitare a un impact certain sur le jeu du quatuor, la prise de confiance à l’œuvre chez MOLYBARON parait plutôt collective. La rythmique transpire le groove et les attaques sont incessantes, malgré des mélodies omniprésentes entre Metal et Rock, et d’où émane une atmosphère progressive qui plane sur l’ensemble de « Something Ominous ».
Percutant et fédérateur, le groupe rappelle les Américains de Live, mais la patte est plus musclée et bien plus féroce (« Billion Dollar Shakedown », « Breakdown », « Anyway », « Daylight Dies In Darkness », « Pendulum » et le massif morceau-titre). MOLYBARON vit littéralement ses compositions et l’énergie déployée ici est électrisante et captivante. Bien au-delà d’avoir gagné ses galons, il s’impose avec brio et avec la fougue qu’on attendait.
Mené de main de maître depuis quatre ans et autant d’albums, le vaisseau UNITED GUITARS vogue toujours au rythme des riffs, des solos et des chorus envoûtants de celles et ceux qui viennent se greffer à ce projet au départ un peu fou. Parfaitement produit, comme toujours, « #4 » nous fait parcourir l’univers de cette trentaine de guitaristes et le voyage est encore une fois enchanteur.
UNITED GUITARS
« #4 »
(Mistiroux Productions)
Chez UNITED GUITARS, on ne fait jamais les choses à moitié. Depuis le début de l’aventure en 2019, Ludovic Egraz et sa compagne et productrice Olivia Rivasseau ont livré quatre doubles-albums, dont voici le petit dernier. Et comme on ne change pas les bonnes habitudes, pas moins de 33 guitaristes se relaient sur deux bonnes heures de musique, où un grand nombre de styles sont abordés avec classe et une dextérité de chaque instant.
Chaque volume réservant son lot de surprises, « #4 » ne déroge pas à la règle. Et lorsque l’on connait le principe de base d’UNITED GUITARS, celle-ci est de taille. En effet, presqu’érigé en règle immuable, les précédentes réalisations étaient entièrement instrumentales, l’objectif étant de se mettre au service de la six-codes avant tout. Avec « Stay Real », Jessie Lee Houllier s’invite au chant pour un Blues Rock au groove imparable… et à trois guitares !
Tout en finesse et virtuosité, « #4 » nous invite notamment à faire connaissance avec le bluesman Robben Ford, le jeune prodige russe Max Ostro ou encore le Canadien Nick Johnston. Et UNITED GUITARS garde toujours une petite place pour ses habitués dont Yvan Guillevic (Heart Line), Saturax, NeoGeoFanatic ou Youri de Groote, toujours aussi créatifs. Soutenu par une rythmique royale, ces musiciens-là ne manquent vraiment pas de maestria.
Jessie Lee Houllier, LA chanteuse de l’album – Photo : La Chaîne Guitare
Avec leur deuxième album, « Relentless », les Anglais affichent beaucoup d’ambition et se présentent surtout avec une réalisation très aboutie, tant au niveau des morceaux que de la production. Volumineux et massif, le jeu d’EMPYRE navigue entre Metal et Rock, en courant alternatif et avec beaucoup d’émotion, et dans des sphères très atmosphériques voire progressives. Le groupe londonien a de la suite dans les idées et entend bien poursuivre son ascension sans attendre. Entretien avec Henrik Steenholdt, chanteur et guitariste du quatuor.
Photo : Rob Blackham
– Je vous avais découvert à l’été 2019 avec « Self Aware » où vous affichiez déjà de belles intentions. Vous voici maintenant chez Kscope pour votre deuxième album. Vu le catalogue du label, cela peut étonner un peu. Comment s’est fait le rapprochement qui a mené à cette signature ?
Au départ, nous ne cherchions pas et nous ne nous attendions pas à avoir de label pour la sortie de l’album. Nous l’avons donc abordé comme nous l’avions fait avec « Self Aware » et « The Other Side », dans le sens où nous avons payé nous-mêmes l’enregistrement, le mixage et le mastering. L’album était déjà prêt avant que Kscope n’ait jamais entendu parler de nous. Notre manager travaillait avec un autre groupe sur le label sœur de Kscope, Peaceville, et a suggéré d’envoyer l’album aux patrons des deux labels. Ils l’ont entendu et l’ont suffisamment aimé pour commencer à discuter d’un contrat.
– Avant de parler de « Relentless », j’aimerais qu’on dise aussi un mot sur la réalisation Unplugged qui le précède. On constate que votre musique se prête aussi très bien à un style acoustique. Est-ce que c’est d’ailleurs de cette façon que vous composez ?
Il y avait des compositions acoustiques sur « Self Aware » et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons fait cette adaptation, qui est devenu l’album « The Other Side ». Nous composions souvent avec deux guitares acoustiques, et plus précisément je jouais de l’acoustique et Did (le lead guitariste – NDR) de l’électrique. Beaucoup de ces chansons se prêtaient donc à des réinterprétations acoustiques complètes, et nous nous sommes inspirés de la série des ‘MTV Unplugged’ des années 90. On voulait faire quelque chose de similaire avec cette ambiance.
Photo : Rob Blackham
– Revenons à ce nouvel album qui dénote de « Self Aware », notamment grâce à une production vraiment incroyable. Avec « Relentless », vos morceaux prennent une toute autre ampleur. Est-ce que c’est l’élément qui manquait à EMPYRE pour prendre le volume affiché aujourd’hui ?
L’une des raisons vient d’un changement dans l’approche de l’écriture et plus précisément dans la diversité de composition des chansons. Certaines idées commencent avec une guitare acoustique, d’autres avec une électrique et progressivement les chansons que j’écris aujourd’hui naissent sur un clavier, un piano, un synthé ou même un orchestre. A l’époque de « Self Aware », nous n’avions pas accès aux outils que nous avons découverts au cours des dernières années et donc les arrangements sont généralement plus simples et pas aussi variés. Cette fois, nous avons également passé beaucoup de temps à analyser individuellement les parties de basse, de batterie et de guitare.
– Vous avez enregistré l’album durant la période de pandémie. Est-ce que la noirceur et la mélancolie que l’on retrouve sur les morceaux viennent de ces moments compliqués, ou c’était déjà l’intention de départ ?
Pour moi, la pandémie a globalement été une expérience vraiment agréable et positive à bien des égards. Si on ne tient pas compte du fait que ce fut une période frustrante du point de vue de ne pas pouvoir jouer en concert, de n’avoir pas pu avancer autant qu’on l’aurait souhaité sur le groupe, tout le reste a été super. J’ai vu la pandémie comme une opportunité et en plus la première année il faisait beau et j’avais plus de temps pour me consacrer à la musique. J’ai découvert l’orchestration et la possibilité d’utiliser un tas de choses sur mon ordinateur pour composer pour EMPYRE et aussi pour mon plaisir personnel. Et puis, nous avions déjà beaucoup de choses prêtes. On avait déjà enregistré « The Other Side » et plusieurs vidéos. Nous sommes donc entrés en confinement et on a quand même réussi à sortir 7 singles, 15 clips et un album acoustique en 2020/2021, tout en écrivant et en commençant à enregistrer « Relentless ».
Photo : Rob Blackham
– Au-delà de l’aspect massif et ample de la production, vous avez aussi apporté un soin tout particulier aux arrangements. De quelle manière avez-vous procédé ? Vous avez décidé de beaucoup de choses au moment du mix ?
La plupart des parties jouées par le groupe, ainsi que l’orchestration et les synthés, ont été décidés avant l’étape du mixage. Cependant, nous avons beaucoup travaillé sur le mix. C’était un travail difficile, car il a fallu faire de la place à pour inclure tout ce que nous voulions. On a également essayé différents mixages pour certaines chansons, principalement sur les niveaux entre les guitares et les voix. Il y a même quelques pistes avec deux lignes de basse. Tout ça a pris beaucoup de temps.
– Si on retrouve également certaines sonorités Hard Rock sur l’album, il y a ce côté très atmosphérique et moderne, et parfois même progressif, qui domine l’ensemble. EMPYRE joue beaucoup sur l’émotion dans toute sa diversité. Vous êtes assez inclassables finalement ?
Nous n’essayons pas d’être classés sous quelque étiquette que ce soit, mais juste comme du Rock. Pourtant, c’est peut-être une faiblesse pour un groupe peu connu de ne pas être facilement identifiable, car cela veut aussi dire que certains supports peuvent ne pas nous juger assez lourds pour le Metal, ou pas assez Prog pour le Prog. Nous avons le même problème avec des plateformes comme Spotify. Ils ont des milliers de genres disponibles, mais nous ne sommes pas sûrs qu’ils nous aient encore vraiment cernés ! Avec le temps, on espère que cela deviendra une force et nous aidera à franchir les frontières du Rock et à plaire à un plus large éventail de personnes.
Photo : Rob Blackham
– Enfin, maintenant que vous êtes soutenus par un label de renom avec ce colossal « Relentless », quelle est la prochaine étape ? Vous préparez une tournée plus conséquente ?
Notre objectif depuis le départ est d’atteindre au moins de jouer dans les plus grands festivals de Rock d’Europe. Nous espérons aussi que sur ce chemin, nous pourrons faire de grandes tournées qui nous emmèneront en dehors du Royaume-Uni. Pour l’instant, jusqu’à ce que ces opportunités se présentent, nous nous concentrons sur la construction de notre base de fans européenne en diffusant notre musique et en faisant passer le mot via des relais médiatiques comme que le vôtre, qui font un travail inestimable pour des groupes comme nous qui essaient de se faire connaître. On espère que cela ne prendra pas trop de temps avant de pouvoir tourner à l’étranger en tant que soutien à un groupe plus connu, ou de constituer suffisamment de fans pour être viables nous-mêmes.
Le nouvel album d’EMPYRE, « Relentless », sort le 31 mars prochain chez Kscope.
Magnifiquement produit par Jay Ruston (Anthrax, Black Star Riders, Steel Panther), « Chaos & Colour » vient rappeler ô combien URIAH HEEP a su imposer sa patte et influencer un nombre incalculable de musiciens en plus de 50 ans d’existence. Fondateur d’un Hard Rock aux contours progressifs avec quelques autres au début des années 70, le quintet n’a jamais dévié de sa trajectoire, et, mieux, réussit avec une facilité toute naturelle à nous faire encore vibrer.
URIAH HEEP
« Chaos & Colour »
(Silver Lining Music)
Contrairement à beaucoup de groupes dont je ne ferai pas la liste ici tant elle serait longue, URIAH HEEP est de ceux qui ne semble pas prendre une ride, ni lever le pied un seul moment et surtout, les très rares à pouvoir encore compter avec une créativité hors-norme. Certes, « Chaos & Colour » ne vient pas révolutionner le genre, mais l’énergie déployée et la technicité de ses membres font de la formation anglaise l’une des plus attrayantes du siècle passé toujours en activité.
A la tête de URIAH HEEP depuis 1969, le jamais-rassasié guitariste Mick Box et sa célèbre wah-wah insufflent une fois encore une dynamique très Hard aux nouvelles compositions avec ce côté intemporel, qui fait la force de URIAH HEEP depuis cinq décennies. A ses côtés, le chanteur Bernie Shaw et le claviériste Phil Lanzon, arrivés ensemble en 1986 dans l’institution, sont l’autre point de repère et la force distillés sur ce 25ème album. Classique bien sûr, mais toujours aussi relevé, le quintet bouillonne encore.
Grâce à sa rythmique exemplaire, Russell Gilbrook (batterie) et Dave Rimmer (basse), URIAH HEEP continue s’assumer avec brio l’aspect très positif de son répertoire sur des envolées guitaristiques incroyables, des refrains et des chœurs imparables et un clavier insaisissable. Les Britanniques n’ont pas changé de braquet et conservent cette envie des premiers jours (« Save Me Tonight », « Silver Sunlight », « One Nation, One Sun », « Closer To Your Dreams », « Fly Like An Eagle »). Progressif et Rock, ces géants restent toujours d’actualité.
Très aérienne et solide, cette première production d’ABSENCE OF COLORS présente un voyage musical envoûtant, interprété par deux musiciens qui ne manquent pas d’imagination. Construit autour d’une guitare, d’une batterie et de quelques effets, l’univers des Français se montre d’une étonnante richesse et « Cycles » nous propulse dans un post-Rock aux contours Metal très absorbant.
ABSENCE OF COLORS
« Cycles »
(Weird Noise)
Nouveau focus sur un EP, ça va finir par devenir une habitude, avec un duo français qui sort sa première réalisation, « Cycles ». Originaire de Chambéry, ABSENCE OF COLORS fait le pari d’associer à part égale sa musique avec son interprétation live. Soutenu par la structure Weird Noise, le groupe mise sur un dispositif scénique, notamment au niveau des lumières, adapté à ses morceaux, lui imposant donc certaines contraintes.
Si à elle seule, la démarche est originale, il en va de même pour ce premier et généreux quatre-titres. Composé de Damien Bernard (batterie et programmation) et Olivier Valcarcel (guitare et programmation), ABSENCE OF COLORS évolue dans une formule instrumentale et très atmosphérique. A travers un post-Rock aux fulgurances souvent Metal, les deux musiciens parviennent sans mal un imposer un style aussi narratif que progressif.
Si certaines productions similaires sont souvent une succession de crescendos sans véritable liant, le groupe prend ici le temps d’installer des ambiances aux thèmes bien développés et très structurés sur des morceaux assez longs. Jouant aussi sur les effets et aidé de samples, ABSENCE OF COLORS a la bonne idée de glisser quelques passages parlés, et presque Dub, apportant une belle respiration à l’ensemble (« Cycles », « Dust Bowl »). Captivant.
Le registre instrumental du trio américain se suffit à lui-même et y poser du chant serait même un sacrilège tant les morceaux de « Ikigai » racontent déjà leurs histoires. Le post-Rock très Metal de GIRIH entre dans une nouvelle dimension avec ces huit nouvelles compositions d’une liberté totale et profonde. Un modèle du genre.
GIRIH
« Ikigai »
(Dunk! Records/A Thousand Arms Music)
Derrière cette majestueuse pochette se cache (à peine!) un album qui l’est tout autant. Après « Eigengram » sorti en 2018, GIRIH continue de perpétuer son art avec « Ikigai », un deuxième album aussi travaillé et accrocheur que le précédent. Impressionnant de fluidité, le trio pose un style original entre légèreté et puissance, post-Rock et Metal, et avec une souplesse artistique rare.
Tout en progression, les Américains jouent avec les tessitures sonores en alternant les passages délicats et les assauts engendrés par des riffs gigantesques et des rythmiques fulgurantes. D’ailleurs, l’excellent travail effectué par le producteur Mike Maschetto met parfaitement en lumière l’univers torturé de GIRIH en illuminant la chaleur très organique de son jeu.
Dans une évolution et un déroulé très cinématographiques, le groupe du New Jersey manie les émotions avec une précision d’orfèvre et une technique imparable (« The Mirror », « The Key », « The Ring »). La dynamique de l’album varie aussi avec des crescendos incroyables libérant de fortes tensions (« The Sand », « The Hourglass »). GIRIH rend une partition royale.