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Top 24 : France (2024)

Encore une belle et fructueuse année vient de s’écouler et ce Top 24 vient rappeler quelques souvenirs et servira peut-être de pense-bête pour plus tard. Parmi un peu plus de 400 chroniques et interviews réalisées sur le site, quelques albums sortent facilement du lot dans les différents styles que traite Rock’n Force.

Le Top 24 est bien sûr un clin d’œil aux douze derniers mois, et il n’y a rien de trop si l’on considère le nombre surréaliste, et franchement aberrant, de disques sortis. Avant de regarder le reste du monde, commençons par la France et j’en profite aussi pour saluer tous ces artistes, dont les réalisations m’ont ravi et convaincu.

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Trank : Rock above all [Interview]

Peut-être un peu malgré eux, les musiciens de TRANK sont un peu des OMNI, sorte d’Objets Musicaux No Identifiés, sur la scène hexagonale. Entre un Heavy Rock flirtant avec un Alternative Rock/Metal solide et direct et des sonorités typiquement Cold, la formation franco-suisse a tout de même largement imposé son style et balisé son registre depuis « The Rope », un premier album qui avait impressionné par sa maîtrise et sa production. Avec « The Maze », le désormais quintet conserve cette identité très personnelle qu’est venu enrichir un léger remaniement de line-up. Michel André Jouveaux, chanteur, claviériste et programmateur, revient sur ce deuxième album tout aussi abouti, la façon de travailler du groupe, ses envies et ne cache une envie viscérale de remonter sur scène au plus vite. Entretien.    

– Votre premier album, « The Ropes », était sorti en 2020 juste avant la pandémie et avait rencontré un franc succès. Un an plus tard, vous aviez proposé une version Deluxe avec un second CD composé de remixes très Electro de vos morceaux. Finalement, cette période compliquée ne vous semble pas vous avoir freiné tant que ça, si ?

Pas sur le plan créatif, car on a continué à composer, à travailler notre son et à faire évoluer notre manière d’approcher les choses. Ce second disque de remixes de « The Ropes » nous a aussi permis d’avancer. Nous avons pu échanger avec les artistes qui en ont créé la moitié, à savoir des gens incroyablement talentueux comme Mokroïé, peut-être le plus beau projet Techno français depuis des lustres, ou Greco Rossetti aux US, mais aussi parce que l’autre moitié a été réalisée par nous-mêmes, ce qui nous a permis de réfléchir à la meilleure manière de combiner les aspects ‘Rock’ et plus électroniques de notre son.

En revanche, le coup de frein a été très net niveau live. On n’a pas pu défendre « The Ropes » sur scène comme on le voulait, et malgré toutes les critiques incroyablement positives qu’on a pu recevoir, l’album n’a pas été aussi exposé qu’on l’aurait voulu. Sans compter le manque du plaisir de jouer en concert. Toute la frustration accumulée a alimenté les chansons de « The Maze », donc c’est un mal pour un bien.

– Aujourd’hui sort « The Maze », qui reste dans la lignée de « The Ropes » et confirme l’identité musicale de TRANK. Toujours axé sur un Heavy Rock Alternatif vif et musclé, il intègre également plus d’éléments électroniques qu’auparavant. C’est un désir de moderniser un registre peut-être trop intemporel ?

Dès qu’on s’est retrouvé ensemble, le mélange entre une influence Hard 90’s et un son plus électronique venu du Post-Punk des origines s’est imposé comme le son qui nous venait naturellement. Il était déjà là sur le premier album, mais il s’entend plus sur « The Maze », parce qu’on a approché les arrangements différemment, en alternant froideur et chaleur, électronique et guitares, plutôt qu’en les superposant tout au long de chaque chanson. Ca donne plus de dynamique et de contraste à chaque morceau et à l’album dans son entier. Après ‘moderniser’, tu sais, on reste finalement très vieille école, y compris dans l’aspect électronique des choses : la plupart des synthés utilisés datent d’avant 1984 ! (Sourires) Les batteries sont acoustiques et pas virtuelles, les guitares et basses ont été enregistrées à l’ancienne avec amplis et micros soigneusement choisis, pareil pour les voix… Notre intention n’est pas d’être modernes, mais de créer le son qu’on a en tête, ce mélange de puissance et de texture, d’efficacité et d’atmosphère. ‘Gros son, grosses émotions’, comme le disait une chronique de « The Ropes », mais en plus accompli.

– D’ailleurs, ce qui est assez étonnant, c’est que TRANK présente un style avec beaucoup de sonorités électroniques, tout en évoluant avec deux guitaristes. Ça peut surprendre. Est-ce qu’il a aussi finalement fallu retrouver un certain équilibre ?

Mais on espère bien que ça puisse surprendre ! (Sourires) La musique a atteint un tel niveau de formatage ces temps-ci que ça devient cauchemardesque. La seule manière de ne pas tomber dans ce panneau-là, c’est de faire la musique que tu veux entendre, avec le son que tu veux entendre. Qui plus est, même si on a tous des goûts très éclectiques, le centre de gravité des goûts de chacun est différent et ce mélange d’instruments entre Rock et machines en est le reflet. Ça s’applique d’ailleurs aussi aux nouveaux membres du groupe, même s’ils ne nous ont rejoints qu’une fois l’album terminé.

-Et qui sont les nouveaux membres du groupe ?

Arnaud et Nico sont respectivement bassiste et guitariste et ils jouent sur scène avec nous depuis quelques mois maintenant. Julien, avec qui j’avais fondé TRANK et qui assurait les guitares, nous a quittés il y a un peu plus d’un an et demi. C’était une séparation amicale et d’un accord mutuel. On est toujours très proche et il était d’ailleurs présent au concert de la ‘Release Party’ de l’album. Mais cela couvait depuis un moment et David, notre bassiste, avait déjà repris une bonne partie du travail des guitares, qu’il s’agisse d’arrangement, de son ou de performance. Il s’est donc naturellement glissé dans le rôle de guitariste sur neuf des onze chansons de « The Maze ».

On est, du coup, parti à la recherche d’un bassiste et un ami musicien, qui nous connaît bien, nous a recommandé Arnaud qui est parfait pour nous. Non seulement, c’est un excellent bassiste, très technique, qui comprend parfaitement le son très cinématique de nos chansons, mais il est aussi bourré d’idées et avec lui, les chansons prennent sur scène une couleur légèrement Funk/Metal, qui sera très intéressante à explorer en studio sur un futur troisième album.

Et puis, assez vite pendant la création de « The Maze », on a réalisé qu’on écrivait des chansons qui ne pourraient être jouées live qu’avec deux guitares. On a donc aussi recruté un guitariste, en plus de David. Nico est un ami de longue date, avec qui j’ai joué pendant plusieurs années dans un groupe de reprises qui cartonnait localement. En plus d’être une crème, c’est un excellent guitariste, qui amène lui aussi un élément très rythmique à nos guitares. C’est également un soliste brillant et avec David, ils se relaient sur le lead et la rythmique suivant les chansons. Et il a un sens du groove quelque part entre la connexion Foo Fighters/QOTSA et le Funk/Metal de RATM.

Pour finir, on a même une sixième personne avec nous sur scène. Emma, notre manageuse, est une excellente claviériste et elle assure les synthés humainement jouables, car le reste est séquencé, ainsi qu’une partie des chœurs, ce qui ouvre beaucoup plus de possibilités.

– « The Maze » qui est toujours aussi Rock et pêchu. Avez-vous conservé vos habitudes de travail, ou est-ce que le changement de line-up a aussi changé certaines choses dans votre manière de composer et d’écrire vos chansons ?

Nos habitudes ont forcément évolué, dans le sens où la majorité de l’album s’est faite à trois. Mais c’est une évolution graduelle, pas une révolution. On a composé les morceaux avec la même méthode, c’est-à-dire avec David, ou Julien, qui m’envoie deux ou trois minutes de musique plus ou moins structurées, sur lesquelles Johann pose une idée d’arrangement rythmique. Je structure le truc et j’enlève ou ajoute ce qui manque pour que la chanson trouve cet équilibre qu’on cherche entre puissance, mélodie et atmosphère. On travaille d’arrache-pied à un arrangement instrumental qui fonctionne, d’abord par échange de pistes qu’on travaille en home-studio, puis en répétition. Et une fois qu’on a l’instru, je le laisse reposer plus ou moins longtemps, puis je le réécoute et je demande à la chanson de quoi elle veut que je parle. (Sourires) Après quoi, la première ligne de texte finit par s’écrire et inspire le reste et la mélodie vocale.

– D’ailleurs, au niveau du songwriting, les nouveaux morceaux sont hyper-efficaces avec des refrains taillés pour la scène. C’est ce contact immédiat avec le public que vous recherchez en premier lieu en composant ? Comment faciliter l’échange direct finalement ?

Oui, les chansons ont un aspect plus direct et ‘efficace’ que celles du premier. C’est sans doute le résultat de ce qu’on a appris sur scène quand on a pu jouer et aussi de la frustration de ne pas avoir pu le faire pendant deux ans.

– Pour « The Maze », vous avez de nouveau fait appel à Brian Robbins (Asking Alexandria) pour le mix et Andy Von Dette (Porcupine Tree, David Bowie) pour le mastering. En revanche, vous vous êtes chargés de l’enregistrement avec Yvan Barone. C’est important pour vous d’avoir la main sur ce qui fait véritablement le son de base de TRANK ?

C’est essentiel, oui. Pour nous, le son est partie intégrante de l’identité du groupe. Nos démos sont toujours très abouties, on a une idée très précise de la manière dont on veut que les choses sonnent. En gros, concilier un côté puissant, un gros son taillé pour les grandes scènes, avec une vraie richesse de texture et une atmosphère ‘grand écran’, grands espaces, pleine de petits trucs qui amplifient l’impact de la chanson. On aime aussi l’idée que même si le cœur de chaque morceau est évident dès la première fois, chaque nouvelle écoute révèle son lot de petits détails qui font la différence, un peu comme dans les productions de Trent Reznor (Nine Inch Nails), Alan Wilder (Depeche Mode, Recoil), du Paradise Lost période « Icon/One Second/Host », voire Trevor Horn aussi. Yvan est, entre autres, très doué pour capturer toute la richesse harmonique des arrangements et pour nous aider à les épurer autant que nécessaire. Brian, lui, prend toute cette richesse et mixe, avec nous, pour lui donner l’impact et l’efficacité sans lesquelles on se perdrait dans les couches de son. Et Andy n’a pas son pareil pour masteriser tout ça d’une manière qui met en valeur cet équilibre entre épaisseur et puissance. On avait adoré leur travail sur « The Ropes », d’où leur retour sur « The Maze ». Et au-delà de ça, on a adoré travailler avec eux sur le plan humain. Alors, pourquoi s’en priver ?

– Votre Alternative Rock se distingue aussi par la présence de sonorités Cold Wave. C’est un mix assez étonnant compte tenu des riffs plutôt Hard Rock à l’œuvre. Cette noirceur mélodique vient aussi appuyer l’aspect introspectif de TRANK. L’idée est-elle de faire un contrepoids à un côté peut-être plus ‘mainstream’ pour pouvoir s’ouvrir à d’autres horizons artistiques ?

C’est surtout ce qui se passe de manière assez naturelle quand on travaille ensemble. Si tu regardes la manière dont nos goûts se sont formés depuis l’adolescence : David vient du Metal, je viens de la Cold Wave et Johann du Classic Rock, ce qui explique ce mélange. Cela dit, on n’est pas les premiers. Si tu écoutes Killing Joke, Sisters of Mercy, certains trucs des pionniers du Metal Indus comme Ministry, Godflesh ou bien sûr Nine Inch Nails, ce mix entre puissance Rock, Metal et atmosphères électroniques est déjà là. Après, la plupart de ces groupes font ça dans une approche assez extrême, pas forcément hyper-mélodique. Chez nous, c’est la mélodie d’abord. Tout le reste, le rythme, les guitares, les machines et les voix, est à son service.

– J’aimerais aussi qu’on dise un mot de cette reprise de Pink Floyd, « Hey You ». C’est vrai qu’on n’assimile pas forcément TRANK au Rock Progressif des Anglais. C’était, une fois encore, l’idée d’arriver là où on ne vous attend pas forcément, ou est-ce plus simplement une chanson qui vous suit peut-être depuis longtemps déjà ? 

Ah, elle nous tenait à cœur, celle-là. (Sourires) On avait enregistré une première version pendant le confinement, alors qu’on était très frustré de ne pas pouvoir jouer ensemble. David et moi étant hyper fans de Pink Floyd, l’idée de reprendre l’une des plus belles chansons jamais écrites sur le thème de l’impossibilité de communiquer s’est imposée assez vite. On était très fier de la première version. Alors quand on s’est posé pour sélectionner les chansons à finaliser pour « The Maze », on s’est tout de suite dit qu’il fallait réenregistrer « Hey you » avec le même niveau de qualité que le reste de l’album. La première version avait été bricolée dans nos home-studios respectifs, avec batterie électronique et enregistrement maison. On a juste gardé l’arrangement presque à l’identique, mais on a rejoué et réenregistré le reste de fond en comble. Je te disais qu’on avait des goûts éclectiques ! (Sourires)

– Enfin, la scène française actuelle penche beaucoup vers le Metal extrême. Est-ce qu’il manque actuellement, selon toi, une frange plus Rock et Hard Rock, car vous êtes finalement peu nombreux à l’alimenter ? A moins que l’herbe ne soit plus verte ailleurs ?

Je ne suis pas certains qu’on y pense dans ces termes-là, d’autant qu’avec la manière dont fonctionnent les algorithmes, les plateformes et les réseaux, la meilleure manière de percer, ce serait de se coller à un genre dominant, facile à étiqueter et à résumer. Non, c’est juste qu’on fait la musique qu’on a envie d’entendre. Certains d’entre nous aiment le Metal extrême et les voix growlées d’outre-tombe (pas moi, enfin à petites doses). Mais franchement, il y a déjà beaucoup (trop ?) de gens qui font ça très bien. Donc, on joue ce qui nous manque un peu. Et puis, on se concentre sur nos forces. Le son de TRANK, même si le but est que le tout soit plus grand que la somme des parties, est aussi basé sur le style naturel qui va le mieux, ou qui vient naturellement à chacun d’entre nous. On a beau être ultra-perfectionnistes, on ne ‘force’ rien. D’autres gens font du Slipknot ou du Gojira mieux que nous. On espère bien être le meilleur TRANK possible ! (Sourires)

Le nouvel album de TRANK, « The Maze », est dans les bacs et vous pouvez également vous le procurer sur le site du groupe :

https://www.trankmusic.com

Retrouvez la première interview du groupe à l’occasion de la sortie de « The Rope » :

Photos : Alban Verneret (1, 5) et Esther W. Pink (2,3)

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France

Trank : transcender les genres [Interview]

Sorti en indépendant, le premier album de TRANK, « The Ropes », avait fortement impressionné tant par la qualité et la maturité des morceaux et que par le travail exceptionnel effectué sur le son et la production. Un peu plus d’un an plus tard, le quatuor est de retour avec une édition Deluxe de son opus et un second disque entièrement composé de remixes de leurs compositions originales. Pour autant, TRANK ne renie pas son style, mais aurait plutôt tendance à étendre sa palette artistique. Johann Evanno (batterie) revient sur « The Ropes », ainsi que sur la démarche qui a les a conduit à remodeler certaines de leurs chansons.

– Avant de parler de cette édition Deluxe de « The Ropes », j’aimerais que l’on revienne sur la sortie de l’album l’an dernier. Il a reçu un très bon accueil, ce qui n’est pas étonnant vu sa qualité. Vous aviez mis tous les atouts de votre côté. Ca n’a pas du être facile à accepter de ne pas avoir pu le défendre sur scène…  

Ah non ! Et ça ne l’est toujours pas ! (Rires) On attend qu’une chose, c’est de pouvoir jouer nos chansons sur scène, car on les a toujours imaginé comme ça, et idéalement sur de grosses scènes pour permettre de leur donner l’ampleur nécessaire. On est très frustré car, en concert, il se passe toujours quelque chose qui est unique : le contact avec le public, sa réaction… On attend avec impatience que ça puisse redémarrer pour retrouver ses sensations.

– Avant la sortie de « The Ropes », vous aviez partagé la scène avec de grands noms, puis fait appel à Brian Robbins (Bring me The Horizon, Asking Alexandria) pour le mix de l’album et à Andy Van Dette (Porcupine Tree, Bowie) pour le master. C’est assez rare de mettre autant de volonté, de moyens et même de patience pour un premier opus. Vous ne l’imaginiez pas autrement ?

Comme nous sommes un peu des psychopathes du ‘jusquauboutisme’, nous nous sommes dit que nous allions passer beaucoup de temps sur la composition des morceaux, et il fallait donc que derrière au niveau du son, ça suive et que ça prenne la dimension qu’on avait imaginé. On ne voulait surtout pas bâcler cette partie-là. Sur le mix, on cherchait à avoir un équilibre entre la puissance et la texture, tout en ayant un son moderne et qui ne fasse pas caricatural. Et Brian avait très bien fait ça sur certains albums. On voulait un mix agressif et équilibré par un mastering qui arrondissait un peu les angles. Andy sait parfaitement masteriser des albums qui sonnent très produits, mais également riches, en gardant aussi l’intensité des morceaux, ce qui est très important.

– Avec l’album, vous proposiez un Metal Alternatif solide et accrocheur et avec même des aspects Cold et post-Rock, ce qui est assez inédit en France et même en Europe. Vous aviez conscience qu’un certain décalage était possible ?

On n’a jamais résonné comme ça. En fait, on joue la musique qu’on aurait envie d’entendre. On a tous des goûts musicaux assez variés, ce qui peut donner, en effet, des choses pas forcément indentifiables dans un seul style. C’est aussi une grande force, je pense. Mais à l’époque où tout le monde veut mettre des étiquettes sur tout, c’est toujours un peu compliqué de répondre. Mais que ce soit un Metal très agressif ou de la Pop Electro, on y mettra toujours le même niveau de travail et de passion. 

– « The Ropes – Monolith Version » vient de sortir et sur le double-album, on retrouve les 12 titres originaux, ainsi que 11 remixes. Tout d’abord, qu’est-ce qui vous a poussé à sortir cette nouvelle édition ?

Après la sortie de l’album l’an dernier, nous avons été contactés par deux producteurs Electro avec lesquels nous avions des connaissances communes. Ils nous ont proposé de faire des remixes de certaines chansons qu’ils aimaient. On a donné notre accord et le résultat a été très bon. On s’est ensuite dit qu’il y avait peut-être quelque chose à faire là-dessus. Michel (André Jouveaux, chant – NDR) s’y ait aussi mis de son côté, ainsi que d’autres producteurs. A ce moment-là, on s’est dit que ça vaudrait le coup de sortir une version alternative de certains morceaux. C’est aussi un test ultime pour savoir si la mélodie est suffisamment bonne pour être jouée dans différents styles avec la même efficacité. Ca nous a permis de donner une couleur différente et de voir si ça marchait toujours.

– On retrouve TRANK dans des registres très différents des premières versions. Est-ce c’est vous qui avez décidé des atmosphères et des styles présentés ? Et avez-vous eu un regard permanent sur les remixes, ou avez-vous laissé carte blanche pour la réinterprétation des morceaux ?

En fait, on a envoyé les morceaux avec toutes les pistes sans donner de direction particulière à chacun. Et à chaque fois, à une exception près, la première version était très bonne. Dans un seul cas, on dit à l’un d’entre-eux qu’il pouvait s’éloigner encore plus de l’originale, et aller encore plus loin dans sa logique. On a fait confiance à tout le monde, tout en gardant en tête qu’il fallait que ça fonctionne toujours.  

– Vous avez donc fait appel à David Weber (ingé-son des Youngs Gods), Mokroïé et Aura Shred (deux artistes Electro français), Greco Rossetti (ingé-son de Nitzer Ebb) et vous y avez aussi contribué. Comment s’est effectué ce choix ? Est-ce par connaissance de ces artistes ou parce qu’ils ont immédiatement compris votre univers ?

David, on le connait bien, car c’est dans son studio qu’on a enregistré notre premier EP il y a quatre ans et certaines parties basse/batterie de l’album. Pour lui, c’était facile car ils nous avaient vus enregistrer et il a tout de suite eu envie de faire quelque chose. Pour Mokroïé et Aura Shred, c’est grâce à des amis communs qui nous ont mis en relation. Quant à Greco, c’est grâce à Michel qui a des contacts dans l’Electro underground. On a vraiment été ravi de toutes ces contributions. Et du coup, on a donc été très attentif à nos versions ! (Rires) Au final, c’est un très bon exercice.

– D’ailleurs, sur le disque de remixes, on observe qu’il y a deux versions de « In Troubles Times », « Take The Money And Run » et de « Bend Or Break ». Pourquoi avez-vous jugé important de présenter au final trois approches différentes de ces morceaux ?

En fait, ce sont des remixes qui nous été proposés par des personnes extérieures. De notre côté, on s’est aussi dit qu’il y aurait peut-être d’autres versions à faire. Et en marge, nous avons aussi eu pas mal de retours de fans de gaming, qui nous ont dit qu’ils adoraient écouter notre musique quand ils jouaient. On s’est dit que ça pourrait être bien de faire un remixe dans l’esprit d’une bande-son de jeu vidéo. On a vraiment été guidé par l’inspiration, et pas par calcul.

– Sans revenir sur l’idée-même de proposer des remixes, vous n’avez pas été tentés de présenter des morceaux inédits, dans la lignée de ceux présents sur l’album original ?

Non, parce que nous avons enregistré un live en studio il y a quelques mois. On devrait d’ailleurs le sortir en vidéo début 2022. Et il contient des morceaux inédits. On a voulu faire les choses dans l’ordre en sortant un album, puis un autre de remixes et ensuite on sortira d’autres nouveautés.  

– D’ailleurs, en présentant un disque de remixes très différents de votre style, n’avez-vous pas peur de dérouter un peu vos fans ?

Le feedback global qu’on a reçu de nos fans était qu’il y avait beaucoup de richesse dans nos titres. Des gens d’univers très différents s’y sont intéressés : des métalleux comme des fans de Depeche Mode, de post-Punk, de New Wave ou d’Indus. Et tous ces gens ont une culture musicale suffisamment variée pour être assez ouverts pour découvrir autre chose. C’était plutôt dans ce contexte-là au départ. Après, on a aussi voulu apporter de la diversité.

– Enfin, sur scène, de quoi seront faits les sets de TRANK ? Y inclurez-vous aussi des versions remixées de cette nouvelle édition ?

C’est une très bonne question ! Je ne pense pas qu’on jouera les versions remixées telles qu’elles, parce qu’on aime jouer la majeur partie des choses sur scène. On est de la vieille école ! En revanche, je pense que les remixes vont donner lieu à de nouveaux arrangements sur certains morceaux. Ce sera plutôt dans ce contexte-là que cet exercice nous aura été bénéfique.

La nouvelle version de l’album « The Ropes » de TRANK, « Monolith Edition », est disponible chez M&O Music.