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Trank : Rock above all [Interview]

Peut-être un peu malgré eux, les musiciens de TRANK sont un peu des OMNI, sorte d’Objets Musicaux No Identifiés, sur la scène hexagonale. Entre un Heavy Rock flirtant avec un Alternative Rock/Metal solide et direct et des sonorités typiquement Cold, la formation franco-suisse a tout de même largement imposé son style et balisé son registre depuis « The Rope », un premier album qui avait impressionné par sa maîtrise et sa production. Avec « The Maze », le désormais quintet conserve cette identité très personnelle qu’est venu enrichir un léger remaniement de line-up. Michel André Jouveaux, chanteur, claviériste et programmateur, revient sur ce deuxième album tout aussi abouti, la façon de travailler du groupe, ses envies et ne cache une envie viscérale de remonter sur scène au plus vite. Entretien.    

– Votre premier album, « The Ropes », était sorti en 2020 juste avant la pandémie et avait rencontré un franc succès. Un an plus tard, vous aviez proposé une version Deluxe avec un second CD composé de remixes très Electro de vos morceaux. Finalement, cette période compliquée ne vous semble pas vous avoir freiné tant que ça, si ?

Pas sur le plan créatif, car on a continué à composer, à travailler notre son et à faire évoluer notre manière d’approcher les choses. Ce second disque de remixes de « The Ropes » nous a aussi permis d’avancer. Nous avons pu échanger avec les artistes qui en ont créé la moitié, à savoir des gens incroyablement talentueux comme Mokroïé, peut-être le plus beau projet Techno français depuis des lustres, ou Greco Rossetti aux US, mais aussi parce que l’autre moitié a été réalisée par nous-mêmes, ce qui nous a permis de réfléchir à la meilleure manière de combiner les aspects ‘Rock’ et plus électroniques de notre son.

En revanche, le coup de frein a été très net niveau live. On n’a pas pu défendre « The Ropes » sur scène comme on le voulait, et malgré toutes les critiques incroyablement positives qu’on a pu recevoir, l’album n’a pas été aussi exposé qu’on l’aurait voulu. Sans compter le manque du plaisir de jouer en concert. Toute la frustration accumulée a alimenté les chansons de « The Maze », donc c’est un mal pour un bien.

– Aujourd’hui sort « The Maze », qui reste dans la lignée de « The Ropes » et confirme l’identité musicale de TRANK. Toujours axé sur un Heavy Rock Alternatif vif et musclé, il intègre également plus d’éléments électroniques qu’auparavant. C’est un désir de moderniser un registre peut-être trop intemporel ?

Dès qu’on s’est retrouvé ensemble, le mélange entre une influence Hard 90’s et un son plus électronique venu du Post-Punk des origines s’est imposé comme le son qui nous venait naturellement. Il était déjà là sur le premier album, mais il s’entend plus sur « The Maze », parce qu’on a approché les arrangements différemment, en alternant froideur et chaleur, électronique et guitares, plutôt qu’en les superposant tout au long de chaque chanson. Ca donne plus de dynamique et de contraste à chaque morceau et à l’album dans son entier. Après ‘moderniser’, tu sais, on reste finalement très vieille école, y compris dans l’aspect électronique des choses : la plupart des synthés utilisés datent d’avant 1984 ! (Sourires) Les batteries sont acoustiques et pas virtuelles, les guitares et basses ont été enregistrées à l’ancienne avec amplis et micros soigneusement choisis, pareil pour les voix… Notre intention n’est pas d’être modernes, mais de créer le son qu’on a en tête, ce mélange de puissance et de texture, d’efficacité et d’atmosphère. ‘Gros son, grosses émotions’, comme le disait une chronique de « The Ropes », mais en plus accompli.

– D’ailleurs, ce qui est assez étonnant, c’est que TRANK présente un style avec beaucoup de sonorités électroniques, tout en évoluant avec deux guitaristes. Ça peut surprendre. Est-ce qu’il a aussi finalement fallu retrouver un certain équilibre ?

Mais on espère bien que ça puisse surprendre ! (Sourires) La musique a atteint un tel niveau de formatage ces temps-ci que ça devient cauchemardesque. La seule manière de ne pas tomber dans ce panneau-là, c’est de faire la musique que tu veux entendre, avec le son que tu veux entendre. Qui plus est, même si on a tous des goûts très éclectiques, le centre de gravité des goûts de chacun est différent et ce mélange d’instruments entre Rock et machines en est le reflet. Ça s’applique d’ailleurs aussi aux nouveaux membres du groupe, même s’ils ne nous ont rejoints qu’une fois l’album terminé.

-Et qui sont les nouveaux membres du groupe ?

Arnaud et Nico sont respectivement bassiste et guitariste et ils jouent sur scène avec nous depuis quelques mois maintenant. Julien, avec qui j’avais fondé TRANK et qui assurait les guitares, nous a quittés il y a un peu plus d’un an et demi. C’était une séparation amicale et d’un accord mutuel. On est toujours très proche et il était d’ailleurs présent au concert de la ‘Release Party’ de l’album. Mais cela couvait depuis un moment et David, notre bassiste, avait déjà repris une bonne partie du travail des guitares, qu’il s’agisse d’arrangement, de son ou de performance. Il s’est donc naturellement glissé dans le rôle de guitariste sur neuf des onze chansons de « The Maze ».

On est, du coup, parti à la recherche d’un bassiste et un ami musicien, qui nous connaît bien, nous a recommandé Arnaud qui est parfait pour nous. Non seulement, c’est un excellent bassiste, très technique, qui comprend parfaitement le son très cinématique de nos chansons, mais il est aussi bourré d’idées et avec lui, les chansons prennent sur scène une couleur légèrement Funk/Metal, qui sera très intéressante à explorer en studio sur un futur troisième album.

Et puis, assez vite pendant la création de « The Maze », on a réalisé qu’on écrivait des chansons qui ne pourraient être jouées live qu’avec deux guitares. On a donc aussi recruté un guitariste, en plus de David. Nico est un ami de longue date, avec qui j’ai joué pendant plusieurs années dans un groupe de reprises qui cartonnait localement. En plus d’être une crème, c’est un excellent guitariste, qui amène lui aussi un élément très rythmique à nos guitares. C’est également un soliste brillant et avec David, ils se relaient sur le lead et la rythmique suivant les chansons. Et il a un sens du groove quelque part entre la connexion Foo Fighters/QOTSA et le Funk/Metal de RATM.

Pour finir, on a même une sixième personne avec nous sur scène. Emma, notre manageuse, est une excellente claviériste et elle assure les synthés humainement jouables, car le reste est séquencé, ainsi qu’une partie des chœurs, ce qui ouvre beaucoup plus de possibilités.

– « The Maze » qui est toujours aussi Rock et pêchu. Avez-vous conservé vos habitudes de travail, ou est-ce que le changement de line-up a aussi changé certaines choses dans votre manière de composer et d’écrire vos chansons ?

Nos habitudes ont forcément évolué, dans le sens où la majorité de l’album s’est faite à trois. Mais c’est une évolution graduelle, pas une révolution. On a composé les morceaux avec la même méthode, c’est-à-dire avec David, ou Julien, qui m’envoie deux ou trois minutes de musique plus ou moins structurées, sur lesquelles Johann pose une idée d’arrangement rythmique. Je structure le truc et j’enlève ou ajoute ce qui manque pour que la chanson trouve cet équilibre qu’on cherche entre puissance, mélodie et atmosphère. On travaille d’arrache-pied à un arrangement instrumental qui fonctionne, d’abord par échange de pistes qu’on travaille en home-studio, puis en répétition. Et une fois qu’on a l’instru, je le laisse reposer plus ou moins longtemps, puis je le réécoute et je demande à la chanson de quoi elle veut que je parle. (Sourires) Après quoi, la première ligne de texte finit par s’écrire et inspire le reste et la mélodie vocale.

– D’ailleurs, au niveau du songwriting, les nouveaux morceaux sont hyper-efficaces avec des refrains taillés pour la scène. C’est ce contact immédiat avec le public que vous recherchez en premier lieu en composant ? Comment faciliter l’échange direct finalement ?

Oui, les chansons ont un aspect plus direct et ‘efficace’ que celles du premier. C’est sans doute le résultat de ce qu’on a appris sur scène quand on a pu jouer et aussi de la frustration de ne pas avoir pu le faire pendant deux ans.

– Pour « The Maze », vous avez de nouveau fait appel à Brian Robbins (Asking Alexandria) pour le mix et Andy Von Dette (Porcupine Tree, David Bowie) pour le mastering. En revanche, vous vous êtes chargés de l’enregistrement avec Yvan Barone. C’est important pour vous d’avoir la main sur ce qui fait véritablement le son de base de TRANK ?

C’est essentiel, oui. Pour nous, le son est partie intégrante de l’identité du groupe. Nos démos sont toujours très abouties, on a une idée très précise de la manière dont on veut que les choses sonnent. En gros, concilier un côté puissant, un gros son taillé pour les grandes scènes, avec une vraie richesse de texture et une atmosphère ‘grand écran’, grands espaces, pleine de petits trucs qui amplifient l’impact de la chanson. On aime aussi l’idée que même si le cœur de chaque morceau est évident dès la première fois, chaque nouvelle écoute révèle son lot de petits détails qui font la différence, un peu comme dans les productions de Trent Reznor (Nine Inch Nails), Alan Wilder (Depeche Mode, Recoil), du Paradise Lost période « Icon/One Second/Host », voire Trevor Horn aussi. Yvan est, entre autres, très doué pour capturer toute la richesse harmonique des arrangements et pour nous aider à les épurer autant que nécessaire. Brian, lui, prend toute cette richesse et mixe, avec nous, pour lui donner l’impact et l’efficacité sans lesquelles on se perdrait dans les couches de son. Et Andy n’a pas son pareil pour masteriser tout ça d’une manière qui met en valeur cet équilibre entre épaisseur et puissance. On avait adoré leur travail sur « The Ropes », d’où leur retour sur « The Maze ». Et au-delà de ça, on a adoré travailler avec eux sur le plan humain. Alors, pourquoi s’en priver ?

– Votre Alternative Rock se distingue aussi par la présence de sonorités Cold Wave. C’est un mix assez étonnant compte tenu des riffs plutôt Hard Rock à l’œuvre. Cette noirceur mélodique vient aussi appuyer l’aspect introspectif de TRANK. L’idée est-elle de faire un contrepoids à un côté peut-être plus ‘mainstream’ pour pouvoir s’ouvrir à d’autres horizons artistiques ?

C’est surtout ce qui se passe de manière assez naturelle quand on travaille ensemble. Si tu regardes la manière dont nos goûts se sont formés depuis l’adolescence : David vient du Metal, je viens de la Cold Wave et Johann du Classic Rock, ce qui explique ce mélange. Cela dit, on n’est pas les premiers. Si tu écoutes Killing Joke, Sisters of Mercy, certains trucs des pionniers du Metal Indus comme Ministry, Godflesh ou bien sûr Nine Inch Nails, ce mix entre puissance Rock, Metal et atmosphères électroniques est déjà là. Après, la plupart de ces groupes font ça dans une approche assez extrême, pas forcément hyper-mélodique. Chez nous, c’est la mélodie d’abord. Tout le reste, le rythme, les guitares, les machines et les voix, est à son service.

– J’aimerais aussi qu’on dise un mot de cette reprise de Pink Floyd, « Hey You ». C’est vrai qu’on n’assimile pas forcément TRANK au Rock Progressif des Anglais. C’était, une fois encore, l’idée d’arriver là où on ne vous attend pas forcément, ou est-ce plus simplement une chanson qui vous suit peut-être depuis longtemps déjà ? 

Ah, elle nous tenait à cœur, celle-là. (Sourires) On avait enregistré une première version pendant le confinement, alors qu’on était très frustré de ne pas pouvoir jouer ensemble. David et moi étant hyper fans de Pink Floyd, l’idée de reprendre l’une des plus belles chansons jamais écrites sur le thème de l’impossibilité de communiquer s’est imposée assez vite. On était très fier de la première version. Alors quand on s’est posé pour sélectionner les chansons à finaliser pour « The Maze », on s’est tout de suite dit qu’il fallait réenregistrer « Hey you » avec le même niveau de qualité que le reste de l’album. La première version avait été bricolée dans nos home-studios respectifs, avec batterie électronique et enregistrement maison. On a juste gardé l’arrangement presque à l’identique, mais on a rejoué et réenregistré le reste de fond en comble. Je te disais qu’on avait des goûts éclectiques ! (Sourires)

– Enfin, la scène française actuelle penche beaucoup vers le Metal extrême. Est-ce qu’il manque actuellement, selon toi, une frange plus Rock et Hard Rock, car vous êtes finalement peu nombreux à l’alimenter ? A moins que l’herbe ne soit plus verte ailleurs ?

Je ne suis pas certains qu’on y pense dans ces termes-là, d’autant qu’avec la manière dont fonctionnent les algorithmes, les plateformes et les réseaux, la meilleure manière de percer, ce serait de se coller à un genre dominant, facile à étiqueter et à résumer. Non, c’est juste qu’on fait la musique qu’on a envie d’entendre. Certains d’entre nous aiment le Metal extrême et les voix growlées d’outre-tombe (pas moi, enfin à petites doses). Mais franchement, il y a déjà beaucoup (trop ?) de gens qui font ça très bien. Donc, on joue ce qui nous manque un peu. Et puis, on se concentre sur nos forces. Le son de TRANK, même si le but est que le tout soit plus grand que la somme des parties, est aussi basé sur le style naturel qui va le mieux, ou qui vient naturellement à chacun d’entre nous. On a beau être ultra-perfectionnistes, on ne ‘force’ rien. D’autres gens font du Slipknot ou du Gojira mieux que nous. On espère bien être le meilleur TRANK possible ! (Sourires)

Le nouvel album de TRANK, « The Maze », est dans les bacs et vous pouvez également vous le procurer sur le site du groupe :

https://www.trankmusic.com

Retrouvez la première interview du groupe à l’occasion de la sortie de « The Rope » :

Photos : Alban Verneret (1, 5) et Esther W. Pink (2,3)

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France Post-Metal post-Rock

Hangman’s Chair : l’histoire d’un concept [Interview]

Très attendu, le sixième album de HANGMAN’S CHAIR, « A Loner », n’a pas déçu, très loin de là ! Poussant toujours plus loin leur travail sur les sons, la production et l’aspect toujours très conceptuel de leur musique, les Franciliens ont livré un opus immersif et saisissant, en nous plongeant toujours un peu plus dans leur univers où se mêlent les styles et les atmosphères avec une minutie et une classe évidente. Rarement le Post-Rock et Metal aura montré autant de richesses et de variété. Rencontre avec Julien Rour Chanut (guitare) et Medhi Trepegnier (batterie), tous deux membres fondateurs du groupe, qui nous parlent d’une même voix de ce nouvel album.

– En l’espace de six albums, celui-ci compris, vous êtes passés du Sludge au Stoner avec aussi un côté Doom. Avec « A Loner », on a le sentiment que vous vous situez entre le post-Metal et le post-Rock avec un aspect Cold Wave. C’est aussi le regard que vous avez sur l’évolution musicale de HANGMAN’S CHAIR ?

Je pense que cela s’est fait très naturellement. Lorsqu’on a monté ce projet en 2005, on écoutait beaucoup de Doom, de Stoner et de Sludge et cela se ressent sur les deux premiers albums. Sur la durée, on a sans doute gagné en maturité humainement, et cela s’en ressent musicalement. On a plus assumé notre son et nous nous sommes un peu éloignés de ces registres-là. Cela dit, le Doom est toujours présent à travers la lourdeur des morceaux, par exemple. Petit à petit, on a affiné et aussi coloré notre musique à travers la recherche de sons. Le côté Gothic et Cold Wave est plus visible, c’est vrai. On travaille depuis quelques albums beaucoup plus sur les textures et les atmosphères. « A Loner » s’inscrit dans cette continuité. Par ailleurs, ce ne sont pas forcément des choses que l’on écoute. On suit quelque chose d’identique sur le concept au fil des albums finalement.     

– Avant de parler de ce nouvel album, est-ce que ces changements de registres vous ont aussi permis de conserver vos fans, de les faire grandir avec vous et même d’en gagner ?

Oui, ça marche avec, c’est vrai. Il y a les gens qui nous suivent depuis le début. Il y en a aussi forcément que l’on a perdu sur la route. Dans l’ensemble, les fans de base ont compris l’évolution musicale du groupe. Et puis, on en a gagné aussi et notre audience s’élargit. Tout ça est naturel. Il y a également tout ce qui entoure le groupe : le label, la visibilité, les médias, etc… Et comme les choses se font aussi plus sérieusement, tu y gagnes évidemment en retour.  

– Juste avant de sortir « A Loner », vous étiez chez Spinefarm, un label très réputé. Qu’est-ce qui vous a convaincu de rejoindre Nuclear Blast ? C’était une décision de votre part, ou peut-être un désir de changement et de nouveau départ ?

On a vraiment été ravi que Nuclear Blast nous contacte, qui ne le serait pas ? (Rires) On savait que le bureau allemand nous suivaient depuis quelques années. Ils nous ont justement contactés au moment où cela ne se passait pas vraiment comme on le souhaitait avec Spinefarm. On a rompu le contrat et Nuclear Blast nous recontacté à ce moment-là. Avoir un label aussi prestigieux qui nous propose de collaborer pour la suite a été une très bonne chose, et après quelques discussions entre nous, la décision s’est faite très rapidement. Ils adorent ce que l’on fait, ils nous le font sentir et on voit déjà tout le travail qui a été fait en amont et l’investissement apporté. On ne peut qu’être ravi ! On attend avec impatience la suite, car nous n’en sommes qu’au début, mais pour un groupe comme nous, c’est difficile de trouver mieux.

– Très bien produit, « A Loner » reste dans des atmosphères mélancoliques, qui sont finalement aussi votre marque de fabrique. Loin d’être lancinante, votre musique reste toujours percutante. Ce côté Metal et Rock reste définitivement ancré ?

C’est vrai que c’est une approche pour faire passer des émotions. Ce qui nous intéresse, c’est l’équilibre dans tout ça. On vient de musiques plutôt extrêmes et on se nourrit de tout ce qu’on écoute, et c’est sur ce contraste qu’on aime jouer. Lorsque l’on commence à composer, on pense toujours à l’équilibre entre les émotions. On travaille beaucoup sur le son, le fait d’aérer notre musique et trouver cette balance. On aime ce côté brutal que l’on trouve dans le Metal, mais aussi des aspects plus planants. Cela fait partie intégrale de notre identité. On écoute aussi peut-être beaucoup plus d’autres choses qu’auparavant, et cela multiplie les influences qui se retrouvent sur l’album. Mais il y a toujours ce petit goût de Metal HardCore.

– La production de l’album est peut-être moins organique, mais toujours très soignée. On a presque l’impression que « A Loner » a été imaginé pour être écouté au casque pour plus d’immersion…

Oui, c’est aussi notre impression. Par ailleurs, le fait qu’on ait composé dans la période de confinement a joué. On a plus porté notre attention sur le son et l’ambiance, et cela a vraiment marqué l’album. Et c’est vrai qu’on l’a composé au casque ! (Rires) Cela a aussi été une nouvelle manière d’enregistrer et d’aborder ce nouvel album. C’est marrant que tu dises ça, parce que c’est exactement ce qu’il s’est passé ! (Rires) Il y a aussi beaucoup de travail sur les détails comme les effets stéréo, par exemple. Il faut peut-être être dans une bulle et s’isoler pour écouter ce genre de musique, c’est vrai.

– Il y a un aspect très cinématique sur l’album. Est-ce que vous avez conçu « A Loner » sur un concept précis, ou alors morceau par morceau, plus traditionnellement ?

Julien est arrivé avec un concept. Cela dit, chacun compose aussi beaucoup de son côté. Et ensuite, dans cette période qu’on adore et dans laquelle on est le plus à l’aise, c’est-à-dire l’écriture, il fallait se mettre autour de ce concept pour faire des morceaux et une entité complète à travers un album. Le côté cinématique a toujours été très présent chez nous. On a toujours composé dans ce sens-là, car on adore raconter des histoires à travers nos morceaux. Après, il a fallu en faire un album qui s’écoute de bout en bout comme pourrait se regarder un film. Et il y a la construction tout autour, qui commence par un titre en forme d’intro, un interlude et un morceau de fin aussi. Chaque titre a vraiment une place précise dans l’album. On ne pourrait pas se contenter de placer des singles, parce qu’il y a de très bonnes chansons qui vont pas dans un album, par exemple. C’est pour ça qu’on met certaines choses de côté aussi. Ce qui nous intéresse est surtout ce côté puzzle dans la composition d’un album avec toute la cohérence que cela implique.

– En amont de la sortie de l’album, vous avez également diffusé les clips des deux premiers singles, « Cold & Distant » et « Loner ». Très bien conçus et réalisés tous les deux, ils donnent aussi l’impression que le visuel compte beaucoup chez HANGMAN’S CHAIR. La vidéo est devenue un support incontournable pour vous, ou juste un support marketing finalement ?

Pour être honnête, sur les albums précédents, on aurait adoré avoir cet outil promotionnel. C’est une très bonne chose d’avoir Nuclear Blast derrière toi qui te permet de débloquer des fonds pour travailler avec des supers réalisateurs pour faire des choses de goût. Ce n’est pas un domaine qui est notre fort, non plus, à la base. Mais on a toujours la main sur tout, du début à la fin. En tout cas, on essaie. C’est vrai qu’avant, on n’a jamais eu la possibilité d’habiller les morceaux avec de superbes images et de réaliser de beaux clips. Je pense qu’avec cet album, c’est quelque chose qu’on a réussi à faire. C’est très important aussi, que ce soit dans la pochette ou les vidéos, de préserver cette chartre graphique et que l’on soit fier du résultat. On a fait confiance et on a laissé carte blanche pour sublimer les morceaux en les mettant en image. C’est un vrai plus et on est hyper-satisfait du résultat évidemment. Cela dit, c’est vrai qu’on aime avoir la main sur tout, que ce soit le merchandising aussi. Tout ça prend du temps, car on passe par des graphistes, des illustrateurs… Beaucoup de groupes laissent leur label faire et ce n’est pas ce qu’on veut. En tout cas, on veut faire des choses à notre goût ! (Rires)

– D’ailleurs, et pour conclure, l’actrice Béatrice Dalle figure dans le clip de « Cold & Distant ». Comment cette collaboration et cette rencontre ont-elles eu lieu ? Et s’est-elle impliquée de son côté directement en apportant quelques idées, par exemple ?

Elle a fait son taff d’actrice avec brio. En fait, cela a été un concours de circonstance. On a travaillé avec un réalisateur qui s’appelle Oscar Bizarre, qui connait bien Béatrice Dalle. On avait tourné un clip avec lui, et on avait trois clips à faire au total. Il lui en a parlé et après avoir écouté le morceau, elle a accepté. On a du chambouler un peu notre planning, mais on savait qu’elle pouvait vraiment sublimer le clip. Elle s’est vraiment impliquée dans la mesure où tout tourne autour d’elle et de son jeu d’actrice. Oscar l’a dirigé, car nous étions encore en studio, en apportant ses idées auxquelles elle a complètement adhéré. Elle a parfaitement compris le concept du clip et on l’a remercie énormément. 

Le nouvel album de HANGMAN’S CHAIR, «  A Loner »,  est disponible depuis le 11  février chez Nuclear Blast.

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