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Nothing For Real : une réalité hybride [Interview]

En quatre ans d’existence, NOTHING BUT REAL en aura fait du chemin. A force d’envie et de détermination, les Parisiens sont parvenus sur ce deuxième album, « Lost In The Word », à trouver l’équilibre et parfaire le son et l’univers musical qu’ils n’ont jamais perdu de vue depuis leurs débuts. Entretien avec Hanta (chant) et Tom (guitare) suite à la sortie de ce très bon opus fait de Rock, de Metal… et de tant d’autres choses.

– Je vous avais découvert il y a deux ans lors de la sortie de votre premier opus éponyme. Vous revoilà avec un nouvel album, « Lost In The World ». Les deux dernières années n’ayant pas été réjouissantes, comment les avez-vous passé, car il n’y a pas eu de concerts, ou très peu ?

Hanta : Effectivement, depuis le début de la pandémie avec deux ans sans concert, mais pas mal de choses se sont passées. On n’a jamais cessé d’interagir, que ce soit en visio, en chat, par email, pour continuer à faire vivre le projet. La promotion du premier opus s’est faite bon gré mal gré. Nous avons tourné les clips de « Therapy Toy » et « We are Nothing But Real » et renforcé notre visibilité sur Internet et les réseaux sociaux. Nous avons changé de bassiste et dès lors, le processus de composition s’est remis en marche. Heureusement, les studios de répétition où nous allions n’ont été fermés que ‘quelques’ mois et nous sommes également aussi allés chez les uns et les autres pour continuer à jouer et à créer.

Tom : Tu sais comment ça se passe pour un groupe, tu composes et tu sors un album, mais il y a toujours plus de matière cachée et il faut bien avouer qu’il y avait une bonne vingtaine de riffs et d’embryons, plus ou moins aboutis, de titres qui étaient déjà dans le pipe. Personnellement j’ai passé pas mal de temps à composer et affiner des titres qui sont sur « Lost In The World » et on se harcelait de messages. Après, j’avoue que pendant l’année 2020, Eghan (batterie – NDR) et moi avons pris du temps le soir pour dégrossir le travail sur quelques titres qui nous démangeaient.

– A l’époque, vos influences étaient facilement identifiables, alors qu’aujourd’hui elles semblent bien digérées et NOTHING BUT REAL affiche un style beaucoup plus personnel. Comme il y a eu peu de scène, comment avez-vous franchi ce cap dans votre jeu ?

Tom : Comme dans toute formation, on a commencé à se connaitre avec l’expérience des premiers singles, c’était le test en 2018. Puis, le premier album a confirmé cette envie. Ensuite, il y avait du travail à faire sur notre son, car il manquait quelque chose. Comme on ne pouvait pas défendre l’album sur scène, on a donc continué à répéter sur de nouveaux titres comme « Snake Eyes » et « Strike ». Ce sont ces deux morceaux qui ont clairement défini la couleur instrumentale actuelle. L’idée était de revenir à un son plus organique et d’ajouter ce qui a toujours été la visée à l’origine : une couleur plus électro et plus poppy, tout en gardant cette cohérence avec l’univers visuel que j’imaginais à la fois dark et flashy. On cultive cette dualité, qui est l’essence même du projet, car on aime vraiment différents styles d’où le côté hybride, qui est un challenge permanent. Avec l’arrivée de Victor à la basse à l’été 2020 ça a été l’occasion d’affirmer cette vision du son. C’était naturel, ça a matché très vite.

Hanta : Quand le groupe a été formé en 2018, hormis Tom et le premier bassiste, personne ne se connaissait et nous venions tous d’horizons différents. Au fur et à mesure de nos répétitions et de nos discussions, nous avons commencé à assumer nos propres goûts musicaux (même les plus inavouables !) et à les intégrer dans nos compos. L’arrivée de Victor et ses compétences en MAO ont également renforcé notre goût pour les samples, les nappes électroniques, les ambiances et les graphismes apportés au projet. Aujourd’hui, de par nos influences très variées et la confiance mutuelle qu’on s’apporte, notre jeu laisse apparaitre nos quatre personnalités assumées, sans artifice. Juste nous et nos envies, quitte à brouiller les pistes quant à notre ‘catégorie musicale’.

– Parlons de « Lost In The World », mais avant de d’évoquer son contenu, j’aimerais que vous nous disiez un mort sur votre signature chez M&O Music, car vous étiez autoproduits pour votre premier album…

Tom : J’avais été contacté par Alexandre pendant la sortie du premier album en 2020. Comme ça ne le faisait pas avec notre attaché-de-presse, nous en avons changé et cela a porté ses fruits. Il était donc naturel de rediscuter avec M&O pour ce nouvel opus. Au-delà du côté communication, Alexandre a écouté l’album et nous a dit avoir apprécié. Donc, on s’est entendu pour bosser ensemble via le label.

– J’imagine que c’est un sacré coup de boost. Cela a-t-il eu un impact sur votre motivation et surtout sur la direction musicale de ce nouvel album ?

Tom : Pour être franc, la motivation est toujours à son maximum indépendamment des gens avec qui tu bosses : label, PR agent, booker, coach, manager…  A mon sens, quand on est artiste, amateur, semi-pro ou pro, ton moteur, c’est ta capacité à créer un son et un univers qui te ressemble. Il y a évidemment des hauts et des bas, nous sommes tous humains, mais il faut travailler dur pour arriver à un résultat et faire mieux encore par la suite. Ce qui était très cool, c’est de savoir que ça a plu à Alexandre, car il est exigeant et ce n’est jamais évident pour un label de défendre un groupe, qui oscille sur plusieurs influences parfois larges. Sur la direction musicale, cela n’a pas eu d’impact, car les morceaux étaient écrits et maquettés bien avant qu’on cherche à être accompagné, même si nous l’avions en tête. Il fallait faire du mieux possible avec nos moyens et c’est une chance d’avoir plu au label M&O Music.

– Composer un album en moins de deux ans durant une pandémie complique beaucoup de choses. Comment vous êtes-vous organisés et aviez-vous déjà des morceaux en chantier, voire déjà prêts, car l’ensemble est très mature ?

Hanta : Tom avait déjà quelques morceaux en chantier, qu’il nous a présentés en répétition. Nous avons donc pu en étoffer certains, qui avaient déjà de solides bases. Par la suite, il a suffi que l’un d’entre nous lance un riff, une ligne de basse, un rythme pour se chauffer, on bœuf dessus et comme ça groove pas mal, on enregistre le tout sur un téléphone. On réécoute tout ça chez soi, on l’affine de nouveau en répétition, et voilà. Maintenant qu’on se connait bien, on arrive à prendre rapidement une direction commune pour nos morceaux, et qui convienne à tous.

Tom : Si je te dis que « Here I Am » a été composée en 2008 et « Lost in the World » en 2013 tu me crois ? Il faut que ça mature ! (Rires) C’est vrai que les morceaux qui ont lancé la dynamique sont « Snake Eyes » et « Strike ». Il y avait bien « Behind the Door » et « Scars And Burdens », qui étaient abouties à 60% mais, comme dit Hanta, on a fait de la chirurgie esthétique par endroit, simplifié ou enrichi. Par exemple, sur « Lost in the World », la version originale était plutôt sur une rythmique Trip-Hop, et plusieurs fois Hanta m’a dit avoir du mal à trouver un flow accrocheur. Du coup, tu vois, c’est comme ça que ça se passe. Le côté ‘Poppy’ m’est revenu, car Hanta et moi écoutions beaucoup de Pop comme The Weekend, Billy Eilish ou Ed Sheeran à ce moment-là. Alors, j’ai reprogrammé une batterie plus groovy. Eghan se l’est approprié avec sa patte et ses enrichissements et c’est allé très vite. Pour le reste, ça s’est fait en répétition et en mode impro.

– Justement, le contenu de votre première réalisation était très identifiable comme je l’ai dit, alors que « Lost In The World » a un aspect très hybride comme vous le soulignez d’ailleurs. Vous faites la jonction entre le Rock Fusion parfois Metal et le Rock Alternatif. C’était l’objectif de départ ?

Tom : Oui car, même si on respecte beaucoup Evanescence, l’idée n’a jamais été d’aller dans cette voie. Vraiment le côté hybride avec un univers à la fois dark et lumineux, c’est ce qui nous correspond. Cela nous permet de jongler avec nos humeurs, même s’il y a une tendance à ce que ce soit des morceaux assez Rock pour nos familles ! (Rires) Nous sommes les deux faces d’une même pièce, donc l’enjeu était de forger un son suffisamment identifiable pour servir les morceaux avec la voix et le storytelling, et lier l’ensemble avec l’univers graphique. Tout est calculé chez NOTHING BUT REAL ! (Rires)  

– La bonne production de l’album met aussi en évidence une complicité que l’on sent renforcée. On a l’impression que vous vous êtes beaucoup rapprochés, tant les nouvelles compos affichent une assurance et une force nouvelle. C’est le cas ?

Hanta : C’est exactement ça ! Il faut voir le fil de nos conversations, il est interminable. Il ne se passe pas un seul jour sans qu’on ne se parle ou ne partage des liens, des idées, des news, même en vacances. On a toujours trouvé un moyen de se voir, même quand l’un est au bout du monde sans réseau. Et comme tout groupe émergent, nous n’avons pas toute une équipe derrière, donc on se retrousse les manches et on se donne des tuyaux pour le faire. Accessoirement, passer plusieurs jours non-stop ensemble en studio d’enregistrement, ça resserre les liens. Quelques saucisses, quelques bières et les langues se délient facilement !

Tom : Oh yeaaaah !!!

– NOTHING BUT REAL présente des morceaux très accrocheurs et plutôt Rock dans l’ensemble, avec d’autres titres dotés de grosses rythmiques et de riffs appuyés. Vers où penchez-vous ? Rock ou Metal ? Ou les deux plus simplement ?

Tom : Les deux, mon capitaine. On ne te dit rien de la suite, mais il y aura encore des surprises. L’évolution n’est pas terminée, car notre niveau de créativité est au max. Si on avait voulu, eu du temps et un gros budget, nous aurions fait bien plus, car si tu voyais tout ce qu’on a sur le PC en morceaux ou en riffs pour la suite… Mais d’abord, place à ce nouvel album, car nous y avons mis beaucoup de cœur, d’énergie et c’est un vrai soulagement de voir quelque chose aboutir avec un résultat qui ressemble enfin à la vision de départ.

– Un mot aussi au sujet de la pochette de l’album qui s’inscrit un peu dans un esprit presque Stoner et Desert Rock. C’est une façon de brouiller les pistes ? L’ambiance du visuel est assez différente du contenu finalement…

Hanta : Bien que les paroles ne le laissent pas toujours transparaitre, l’album raconte une histoire : celle de Sakar, extraterrestre dont le vaisseau s’est crashé sur Terre de manière totalement inattendue, et qui se retrouve dans un monde sans repère. Le désert, c’est l’expression de la solitude et l’illustration sur la jaquette de ses déambulations solitaires à travers toutes les émotions et les rencontres hostiles qu’il va faire. Chaque chanson est en réalité une expérience qu’il vivra comme un pèlerinage, totalement seul, mais bien décidé à aller jusqu’au bout.

Tom : On ne renie pas ces influences Stoner, bien au contraire, même si elles ne se ressentent pas sur cet album. D’ailleurs, on remercie Flow du Chromatorium Music, avec qui nous travaillons quasiment depuis l’origine du projet. Maintenant qu’il a bien compris l’univers et la direction du groupe, je l’embête avec mes idées à la con. Pour la pochette et même toutes les pochettes, nous voulions amener un côté surréaliste. Pour cette cover en particulier, il fallait souligner le côté ‘perdu sur Terre’, et non « Perdu dans l’espace », qui est un bon film pourri ! Rires) autour de notre avatar Sakar, qui est le protagoniste. Brouiller les pistes, je ne sais pas. En tout cas, l’idée était de faire le lien avec le titre de l’album et tenter de surprendre un peu à l’écoute et en ouvrant la pochette…

– Enfin, on vous sent très aguerri et prêts à en découdre sur scène. Des concerts et/ou une tournée sont-ils d’ores et déjà prévus ?

Tom : Nous avons hâte d’y être, car lorsque ce sera possible : chaque titre aura droit à son ambiance visuelle en arrière-scène. Même si on adore créer et enregistrer en studio, rien ne vaut le contact avec un public qui réagit. C’est pour ça qu’on le fait avant tout. Alors, yes : WE ARE READY !

L’album de NOTHING BUT REAL, « Lost In The World », est disponible depuis le 25 mars chez M&O Music.

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Festival 666 : la bête fait son retour [Interview]

Après une édition 2020 annulée en raison de la pandémie, le Festival 666 remet le couvert les 20, 21 et 22 août prochain à Cercoux en Charente. Cette année, ce sont trois jours de concerts qui attendent les spectateurs avec une affiche toujours essentiellement française dans laquelle l’ex-Motörhead Phil Campbell s’est glissé. Tous les styles de Metal sont représentés, de quoi ravir celles et ceux privés de décibels depuis de trop longs mois. Revue d’effectif avec Victor, organisateur du festival, qui revient aussi sur les conditions un peu particulières de cette nouvelle édition.

– Pour commencer, j’imagine qu’en ces temps de pandémie, cela doit être une joie et une grosse satisfaction que cette troisième édition ait lieu après le report de l’an dernier ?

Oui, on est vraiment super content de pouvoir enfin organiser notre troisième édition. Ca fait un an et demi qu’on attend ça. J’ai franchement hâte de retourner dans les pogos et d’accueillir vos festivaliers à Cercoux.  

– Justement, est-ce que vous avez conservé l’essentiel de l’affiche de 2020, et dans quelles conditions cela a-t-il pu se faire ?

En fait, on a pu conserver tous les groupes. En 2020, nous devions faire ça sur deux jours et au moment du report, ils ont tous répondu présents pour 2021. Mais je n’avais pas simplement envie de dire qu’on reportait, de dire à chacun garder ses billets pour l’année prochaine, donc on a ajouté une troisième journée avec une programmation supplémentaire. Et les détenteurs du pass 2 jours rentreront gratuitement la troisième journée.

– Comment se sont passés ces derniers mois ? Vous avez continué à travailler presque normalement en espérant que le festival puisse quand même se maintenir ?

On était dans l’idée de faire le festival cet été quoiqu’il arrive. On ne voulait pas être encore dans le doute par rapport au lancement de la billetterie et à la programmation. On a continué à aller de l’avant. En ce qui concerne les contraintes sanitaires, nous nous sommes mis dans les pires conditions possibles. Dans le doute, on a limité la jauge à 1.000 personnes/jour et on demande le pass sanitaire. On a aussi agrandi la surface du festival en se mettant en open-air.

No One Is innocent sera l’une des têtes d’affiche du festival… quelques semaines avant la sortie de son nouvel album !

– Petite nouveauté, l’ancien Motörhead Phil Campbell sera de la partie. Pourquoi est-il le seul étranger et comment cela s’est-il passé pour le programmer ? Vous avez du mettre certaines choses en place spécialement pour l’accueillir ?

Son management s’occupe de tout ce qui est sanitaire. Au départ, il s’était abonné sur notre compte Instagram et comme j’avais été assez honoré, je lui avais envoyé un petit mot pour le remercier. Il nous a répondu en nous disant : « pourquoi ne pas venir jouer dans votre festival ? ». J’ai tout de suite contacté son agent et on a mis tout ça en place.

– Vous avez une affiche très variée en termes de styles avec Mass Hysteria, No One Is Innocent, Loudblast, Trepalium, Sidilarsen et d’autres. Etant donné la situation, vous n’avez pas été assailli de demandes, sachant en plus que les groupes français seraient prioritaires ? Il a fallu faire des choix difficiles, ou pas ?

Tous les ans, on reçoit beaucoup de demandes, mais c’est vrai que cette année, nous en avons reçu plus de d’habitude surtout quand les groupes ont appris qu’on programmait une journée supplémentaire. Dans ces cas-là, on privilégie toujours les groupes locaux, parce que c’est sympa aussi de faire jouer des formations de la région. D’ailleurs, Carbone sera là sur la troisième journée.  

– Etant donné les difficultés rencontrées par les festivals, est-ce que les groupes ont fait un effort particulier financièrement, ou pas du tout ?

En fait, je n’ai pas été témoin d’une inflation, ou de l’inverse, concernant le cachet des artistes ou de leurs conditions. Lorsque j’ai reporté les groupes de 2020 à 2021, cela a été fait à l’identique. Du coup, par rapport à d’habitude, il n’y a pas de différence pour nous.

– Vous êtes l’un des rares festivals de Metal de cette envergure à avoir lieu cette année. J’imagine qu’il doit y avoir une certaine fierté et peut-être aussi un peu de pression, non ? Les projecteurs seront braqués sur le Festival 666…

C’est vrai qu’on va nous porté une attention plus importante que d’habitude. On est très content et fier d’être là, parce que cette année est aussi pour les petits festivals une belle occasion de montrer que nous valons. Tout le monde a l’opportunité de faire quelque chose de bien. On est sérieux et très motivés, et ça permet de montrer aussi qu’on  est vivant !

Fer de lance de la scène Death/Thrash française depuis 30 ans, Loudblast sera également de la partie !

– Actuellement, vous en êtes où des réservations ? Reste-t-il encore des pass 3 jours ou des billets à la journée ? Et comment peut-on encore se les procurer ? (Interview réalisée le 12/07 – NDR)

Nous avons lancé la billetterie il y a un mois et demi. 20% des billets sont partis en deux heures, ce qui nous a vraiment ravi. On n’imaginait pas qu’il y aurait autant de demandes. Actuellement, nous en sommes à 70%. Nous allons aussi lancer des pass à la journée, ce qui est une première pour le festival.

– Pour conclure, qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour cette troisième édition et quelle serait votre plus grande satisfaction à l’issue de ces trois jours ?

Déjà qu’il fasse beau ! Jusqu’à présent, on a été très chanceux de ce côté-là. Les préventes sont aussi très bonnes. Les gens ont aussi hâte de revoir des concerts et on espère que ce sera une belle fête !

Infos et réservations sur le site du festival : https://www.festival666.com/