Catégories
Alternative Rock France Grunge Heavy Rock

Stubborn Trees : une ténacité constante [Interview]

Tout en variation, à la fois puissant, percutant et délicat, le quatuor sort enfin son premier album, après s’être aguerri le temps de deux formats-courts. Comme le signifie son nom, STUBBORN TREES s’adapte, ajuste son jeu et livre avec « The Stronger The Wind… », une réalisation très aboutie, où viennent se rejoindre des styles aussi Rock que Metal, et aussi moderne que respectueux d’influences du siècle passé. Le résultat débouche sur un Alternative Rock véloce et ferme, et dont l’énergie se propage aussi à travers un duo vocal talentueux et complémentaire. Entretien avec un groupe qui fait souffler un vent frais sur la scène hexagonale.

– Pour vous suivre depuis vos débuts, ce qui m’a agréablement surpris en écoutant ce premier album, c’est que le brassage des genres que STUBBORN TREES pratique depuis 2020 est aujourd’hui parfaitement réussi et surtout très cohérent. Pensez-vous qu’il était nécessaire de passer par deux EPs pour atteindre définitivement votre identité musicale ?

Probablement. Au départ, on avait une douzaine de maquettes et on pensait faire un album, ce qui nous été fortement déconseillé. Avec le recul, c’était un bon conseil, car produire ces deux EPs nous a apporté de l’expérience et nous a permis d’affiner notre identité sonore. Les live qui ont suivis « Roots », notre dernier EP, nous ont aussi influencé pour les futures compositions.

– Justement, en restant sur le même propos, est-ce peut-être aussi cela qui vous suggéré de ne pas vous précipiter pour sortir ce premier album et d’arriver aujourd’hui avec un « The Stronger The Wind … » très mature, qui vous ressemble vraiment et qui est très homogène ?

Oui sans doute, nous avons aussi appris à mieux nous connaître tous les quatre, à mélanger nos influences tout en allant dans la même direction. Le travail de répétition et de résidence pour les lives nous a fait gagner en cohérence et en complicité. Les concerts nous ont aussi donné envie d’ajouter une touche un peu plus Metal sur certains morceaux. J’imagine que ces deux EPs et cette expérience scénique nous ont effectivement fait gagner en maturité.

On a aussi pris du temps pour travailler sur la direction à donner à cet album. Il nous a fallu décider de la structure finale des morceaux, des arrangements, pour ensuite tout réenregistrer au propre ! Sans compter l’écriture des textes, la création de la ligne graphique de l’album et l’écriture des clips. Un album, c’est long à faire, surtout en autoproduction !


– On retrouve sur ce premier album tout ce qui constitue l’univers musical de STUBBORN TREES avec un mix savamment dosé de Rock bien sûr, et aussi de Grunge, de touches bluesy et d’accents Metal. Actuellement le terme ‘Alternative Rock’ est assez galvaudé et pourtant il prend ici tout son sens. L’objectif est-il d’englober l’ensemble de votre culture musicale respective et personnelle à travers la musique du groupe ?

Oui, on aime le Rock dans sa globalité, des années 60 à nos jours, en passant par tout un tas de courants comme le Punk Rock, le Grunge ou le Metal. Julien (Le Page, guitare – NDR) apporte même des petites touches de Funk. Tout ça se mélange et se retrouve dans notre musique. On fait aussi attention à ne pas mettre sur un même album deux morceaux qui se ressemblent trop. On pense que cette diversité est importante et nous définit complètement.

– Il y a aussi chez STUBBORN TREES une belle saveur 90’s, qui évite d’ailleurs soigneusement les sonorités vintage pour rester très actuelle. Est-ce que c’est quelque chose sur laquelle vous êtes restés très vigilants au moment de l’enregistrement, ou était-ce plus simplement déjà intégré à votre approche musicale ?    

C’est une chose à laquelle on avait bien réfléchi avant d’enregistrer. Même si une partie de nos influences se situe dans les 90’s, on est un groupe actuel et on voulait vraiment avoir un son moderne.

– STUBBORN TREES a aussi la particularité de présenter une chanteuse et un chanteur au lead. Cela aurait pu déstabiliser la ligne artistique en raison d’évidents changements de tonalités, mais vous vous complétez au contraire très bien. Est-ce que chacun interprète les chansons dont il a lui-même conçu le texte, ou composez-vous et écrivez-vous ensemble ?

Chacun interprète les morceaux qu’il a composés. Quand on sélectionne les chansons pour préparer un album, on choisit les meilleures, peu importe qui les chante et ensuite on les travaille ensemble, tous les quatre. On ajoute également pas mal de chœurs, donc les deux voix sont présentes sur chaque morceau.

Concernant les textes, on commence à les travailler chacun de notre côté. Ensuite, Laurie (Prévot, basse – NDR) les finalise. On a aussi fait appel à une coach en chant anglais, Virginie Coutin, avec qui on a peaufiné les accents toniques et quelques tournures de phrases.

– D’ailleurs, en travaillant sur vos morceaux et sur la tracklist du disque, est-ce que vous avez pensé, par exemple, que les morceaux chantés par Laurie pouvaient être des moments de passage et de transition grâce à son timbre plus doux, afin d’articuler l’album dans un certain sens ?

Oui, tout à fait, nous avons longuement travaillé la tracklist ! C’était très important de proposer un voyage musical. On avait envie d’accrocher l’auditeur dès le début avec des morceaux punchy, puis de proposer des respirations, d’alterner les ambiances énervées et plus calmes, pour regagner en intensité sur la fin.

– On vous retrouve aussi tous les deux (avec Yann Eléouet) aux chœurs sur toutes les chansons (et avec votre batteur Camille Barsamian !), mais curieusement, il n’y a pas de véritable duo. Vos morceaux ont-ils des directions artistiques qui ne le permettent pas, ou c’est un exercice que vous n’avez pas souhaité expérimenter ici, et que vous faites d’ailleurs peut-être en live ? 

C’est vrai qu’il n’y a pas de duo à proprement parler. C’est certainement dû au fait qu’on compose chacun de notre côté. C’est quelque chose qu’on aimerait bien expérimenter plus tard.

– Même si STUBBORN TREES n’est pas un groupe à proprement Metal, vous aviez confié le mix de « The Stronger The Wind… » à Fred Duquesne qui, lui, est issu de ce milieu. C’est un choix qui peut surprendre. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire appel à lui ?

Yann avait très envie de travailler avec Fred, dont il apprécie particulièrement le travail. Il est très polyvalent. Il mixe aussi bien dans des registres plus Pop Rock comme Empyr, ou Metal comme Ultra Vomit. On avait besoin de ces deux atouts pour retranscrire les dynamiques de nos morceaux, à la fois mélodiques et puissantes. Il a tout de suite compris notre son et a su mettre en valeur les subtilités de nos compositions.

– L’une des particularités de STUBBORN TREES est bien sûr son côté écologique à commencer déjà par votre nom. Vous avez donc un lien particulier à la nature. Comment cela se traduit-il dans votre démarche artistique ? Et êtes-vous plutôt comme le bambou qui fléchit sans se briser ou le gigantesque séquoia géant multimillénaire et indéboulonnable ? 

STUBBORN TREES signifie les arbres têtus. Ils poussent malgré les obstacles, ils les englobent, ou les contournent, et trouvent toujours un moyen de continuer leur route. Ce serait donc un mix entre les deux, un arbre avec une forme étrange, riche de toutes ses expériences et tenace !

Dans notre démarche artistique, ça se traduit par certains de nos textes qui parlent d’urgence climatique, mais aussi par de la récup’ de décor d’un clip à l’autre. On fabrique beaucoup de choses nous-même et on ne jette rien.

– Enfin, j’aimerais qu’on dise un mot sur cet esprit DIY que vous cultivez et qui vous caractérise aussi. C’est important pour vous d’être présents à toutes les étapes, de la conception jusqu’à la pochette de l’album ? Et puis, vous sortez aussi « The Stronger The Wind… » en autoproduction… C’est un désir de liberté totale ?

En effet, on est très DIY. Ce projet est artistiquement complet. On compose la musique, on écrit les textes, on réalise nos visuels et nos clips. Effectivement, le fait de maitriser tous les aspects du travail nous offre une liberté totale et nous permet de créer un projet artistique cohérent avec notre univers.

L’album de STUBBORN TREES, « The Stronger The Wind… » est disponible sur le site du groupe et sur toutes les plateformes :

Photos : Youri Lenquette

Catégories
Alternative Metal Alternative Rock

Skillet : still positive

Dans un élan toujours très humaniste et peut-être trop naïf pour beaucoup d’entre-nous, SKILLET continue son chemin, faisant fi des critiques et rassemblant même de plus en plus d’adeptes. Entre Rock et Metal, le combo poursuit la diffusion de la bonne parole sans pour autant faire de concessions sur son style musical, qui reste étonnamment musclé et robuste. Entre résistance face à l’adversité, respect de soi et une empathie permanente, le combo reste d’une positivité à toute épreuve et c’est aussi ce qui fait du bien chez lui.

SKILLET

« Revolution »

(Hear It Loud)

Près de 30 ans après sa création, SKILLET fait-il enfin sa révolution ? Diantre ! Le groupe de Memphis serait-il sur le point de changer de chapelle ?  Qu’on se rassure, le fer de lance du Rock chrétien, fort tout de même de 22 millions d’albums vendus et accessoirement de 24 milliards de streams, reste fidèle à son Alternative Rock pêchu, niché aux frontières du Metal. Ici, l’évènement majeur est surtout le fait qu’il a quitté sa maison de disque pour se lancer en indépendant. Mais les Américains ont les reins plutôt solides.

Donc non, John Cooper n’est pas le nouveau Che Guevara du Rock Yankee et le message de SKILLET n’est qu’espérance, foi et amour. Cela n’empêche d’ailleurs pas le quatuor à la parfaite parité d’envoyer du bois et de balancer un gros son grâce à des riffs massifs, une paire basse/batterie qui bastonne et un frontman solide, soutenu au chant sur plusieurs titres par sa cogneuse en chef Jen Ledger. Trois ans après « Dominion », on a le doit à une facette très moderne dans la production, et ce n’est peut-être pas l’idée de l’année.

En effet, et même si c’était déjà présent précédemment, SKILLET use et abuse des claviers. Et il a eu la main lourde. Les refrains sont bien sûr très accrocheurs, mais les sonorités très ‘fêtes foraines’ qu’on retrouve d’habitude dans le Modern Metal et le MetalCore lui donnent un côté fadasse. Peu importe, la formation du Tennessee n’a rien perdu de son ADN et sait se faire efficace (« Showtime », « Unpopular », « Not Afraid », « Death Defier », « Fire Inside Of Me »). Un fois encore, ce nouvel opus est pavé de bonnes intentions.

Catégories
Alternative Rock Progressif Rock Hard

Blind Ego : une impulsion claire

Sous ses allures un peu sophistiquées, tant dans l’aspect purement sonore qu’à travers des titres aux structures parfois complexes et très finement exécutés, BLIND EGO réussit parfaitement à se rendre accessible. Grâce à des refrains addictifs et porté par un groupe très expérimenté, « The Hunting Party » navigue entre Rock et Hard sous une impulsion très progressive. Limpide et accrocheur, le groove est omniprésent et joue sur les atmosphères brillamment, histoire de nous guider vers des cimes musicales suspendues.

BLIND EGO

« The Hunting Party »

(Gentle Art Of Music)

Kalle Wallner est un musicien très occupé. En marge de son groupe de Rock Progressif RPWL (les initiales du nom de ses membres) fondé en 1997, il a aussi sorti un album solo (« Voices » – 2022) et le revoici aujourd’hui avec le cinquième opus de son autre projet BLIND EGO qu’il guide depuis 2007. Toujours en collaboration avec le parolier Dominik Feiner, il présente sur « The Hunting Party » un nouveau chanteur, qui n’est autre que Kevin Kearus et qui œuvre sur la scène MetalCore avec Cyant et The Legend : Ghost. Une belle acclimatation.

Sur cette nouvelle réalisation, l’Allemand est à la guitare bien sûr, ainsi qu’à la basse et aux claviers. Il a tout de fois confié la batterie à Michael Christoph et les claviers, en plus du mix et du master, au ‘L’ de RPWL, c’est-à-dire Yogi Lang, aussi co-producteur. Assez différent de ses autres formations, BLIND EGO évolue dans un style que l’on peut qualifier de Rock/Hard, avec quelques touches d’Alternative et, forcément, de Prog. On ne se refait pas et l’ensemble donne beaucoup de saveurs à ce « The Hunting Party » cristallin et enivrant.

A la fois lumineux et aérien, le petit côté floydien de BLIND EGO met en avant les parties de guitares de Kalle Wallner, tout comme la performance vocale de son nouveau frontman. Rapidement captivant, « The Hunting Party » montre une parfaite fluidité musicale et artistique. Chacun est dans son rôle et à sa place pour offrir le meilleur à des compositions irréprochables (« In A Blink Of An Eye », « The Stranger », « Spiders », « Boiling Point », la ballade « When The Party’s Over » qui clôt le disque et le morceau-titre). Un bel édifice !

(Photo : AlexeyTestov)

Catégories
Alternative Rock

Smash Atoms : back in town

Dix ans après un split assez surprenant, SMASH ATOMS raccroche les wagons et livre donc, et enfin, sa première réalisation. Sobrement intitulée « Smash Atoms », la formation américano-suédoise ne lésine pas sur les riffs costauds, les solos limpides, des parties vocales impactantes et une rythmique fiévreuse et plus appuyée que véloce. Ça martèle donc, et plutôt bien. Si les clins d’oeil aux années 90 ne manquent pas, on retient plutôt l’aspect moderne des compos, un petit côté underground savoureux aussi, et des morceaux entêtants. Après un faux départ, espérons que celui-ci soit le bon !

SMASH ATOMS

« Smash Atoms »

(M-Theory Audio)

L’histoire de SMASH ATOMS est assez atypique. Créé en 2012 du côté de Göteborg, le groupe commence par sortir une première démo, très bien reçue et qui lui ouvre la voie à plusieurs scènes. Une joie de très courte durée puisque son chanteur, l’Américain Glen Gilbert, quitte le navire, laissant ses trois camarades dans le flou. Qu’à cela ne tienne, ceux-ci fondent The Torch, qui sort deux albums, et leur vocaliste s’active de son côté chez The Story Behind et Hide The Knives. Mais en 2022, coup de théâtre, Martin Söderqvist (guitare), Per Romvall (basse) et Peter Derenius (batterie) retrouvent leur frontman et l’histoire reprend là où elle en était, mais sur de nouvelles bases artistiques.

Revoici SMASH ATOMS sur de bons rails et dans un registre qui a forcément évolué avec le temps pour s’inscrire aujourd’hui dans un Alternative Rock légèrement teinté de Grunge, dans ce qu’il possède de mieux interprété (ça raccourcit la liste !). Le quatuor se présente donc dans un style qui serait une sorte de pont entre Seether et Alter Bridge d’un côté, et Stone Temple Pilots et Soundgarden de l’autre. Cependant les Suédois et l’Américain affichent des morceaux très frais, bien Heavy aussi notamment dans des guitares inspirées du Hard Rock nordique, donc mélodiques, dans les solos surtout. Et toutes ces influences cohabitent très bien et offrent un disque rondement mené.

Parfaitement ancré dans son époque, on doit aussi cette très bonne production aux studios Crehate de leur ville, dont la réputation n’est plus à faire tant les grands noms s’y succèdent. La puissance du son est au rendez-vous et se déverse jusque dans les onze titres de cet effort éponyme. Mais la première chose qui surprend après l’écoute intégrale de « Smash Atoms » est qu’il est presqu’entièrement joué en mid-tempo, alors que la course au Bpm est souvent monnaie courante à l’heure actuelle. Et c’est plutôt bien vu de la part de SMASH ATOMS, qui peut se focaliser sur la force des textes (et de la voix !) et le côté massif des riffs. Un opus très rafraîchissant aux refrains accrocheurs.

Catégories
Alternative Metal Alternative Rock

Seether : une réelle élévation musicale

L’arrivée du six-cordiste américain Corey Lowery sur la précédente réalisation avait déjà fait beaucoup de bien à SEETHER. Avec « The Surface Seems So Far », les Sud-Africains continuent le virage amorcé, faisant toujours la part belle aux mélodies entêtantes comme aux riffs massifs et bien rentre-dedans. Cette fois, l’entente entre les deux six-cordistes prend réellement toute sa dimension et offre à cette neuvième production une impulsion très subtile, accrocheuse et toujours aussi Heavy.

SEETHER

« The Surface Seems So Far »

(Fantasy Records)

Quatre ans après « Si Vis Pacem, Para Bellum » (2020) suivi de près par l’EP « Wasteland – The Purgatory » l’année suivante, SEETHER nous gratifie d’un nouvel et franchement très bon album. Certes, il se dégage toujours cette atmosphère assez particulière, sombre et mélancolique dans les morceaux du quatuor. « The Surface Seems To So Far » ne déroge donc pas à la règle mais, entre les tourments très présents, se trouvent aussi une luminosité et une fraîcheur musicale qui, paradoxalement, apportent beaucoup de positivité. Et les raisons ne sont pas forcément compliquées à déceler.

Comme souvent, c’est du côté du line-up de SEETHER qu’il faut se pencher. Shaun Morgan (chant, guitare), Dalle Stewart (basse) et John Humphrey (batterie) tiennent toujours la boutique de main de maître et avec la vigueur qu’on leur connait. Alors, c’est à l’éclosion de Corey Lowery arrivé 2019, soit déjà sur l’opus précédent, que l’on doit certainement ce nouvel élan. L’Américain, petit frère d’un certain Clint de Sevendust, prend ici de nouvelles responsabilités et offre un côté aéré aux parties de guitares, qui ne sont contentent plus d’être simplement agressives et dominantes.

Ce n’est pas vraiment un hasard si SEETHER est l’une des formations les plus intéressantes de la scène Alternative Metal/Rock mondiale. Outre la voix singulière de son frontman, une rythmique solide et puissante, c’est surtout le jeu et la complicité entre les deux guitaristes qui fait la différence d’avec leurs homologues américains pour l’essentiel. Car, et même si c’est le cas, le combo de Pretoria ne vise pas forcément le single qui va cartonner. Il reste assez obscur et pourtant si attachant (« Judas Mind », « Illusion », « Walls Come Down », « Try To Heal », « Lost All Control »). Ferme et consistant ! 

(Photo : Alex Berger)

Catégories
Alternative Rock Rock Hard

Black Smoke Trigger : the great mix

Grosse prod’, riffs musclés, solos bien sentis et un chant puissant posé sur une rythmique massive, voilà la somme des ingrédients savamment dosés du premier effort complet des quatre ‘All Black’ qui composent BLACK SMOKE TRIGGER. Avec « Horizons », ils distillent un Alternative Rock aux accroches Hard Rock, aux influences grungy et à l’énergie débordante. Après quelques dates qui ont marqué les esprits outre-Manche et à Paris, l’aventure ne fait que commencer pour ce turbulent combo.

BLACK SMOKE TRIGGER

« Horizons »

(Independant)

Et si la nouvelle sensation Rock/Hard venait de Nouvelle-Zélande ? Récemment apparu en première partie de Bruce Dickinson en Angleterre il y a quelques mois et chez nous, BLACK SMOKE TRIGGER avait fait forte impression, malgré un seul EP sorti en 2019 à son actif. Ce premier album était donc très attendu et il ne déçoit pas. Ce savoureux mélange de post-Grunge et d’Alternative Rock/Metal, mâtiné d’un Pub Rock irrésistible cher à leurs voisins australiens est franchement accrocheur et a de quoi séduire le plus grand nombre.

Mixé et produit par Nick Raskulinecz (Alice In Chains, Korn, Foo Fighters) entre Nashville et Hawke’s Bay sur leur île, « Horizons » est une réalisation très mature, équilibrée et sacrément costaude. BLACK SMOKE TRIGGER fait preuve de force et de vigueur, tout en développant des mélodies efficaces et des refrains qui restent en tête. Le quatuor ne bouleverse pas las codes établis, mais délivre beaucoup d’envie et de fraîcheur sur une dynamique très Rock, parfois Hard, et de solides fondations.

C’est vrai que chez les formations issues du Classic Rock, rien ne bouge beaucoup depuis des années, mais BLACK SMOKE TRIGGER affiche pourtant beaucoup d’originalité grâce à une vision moderne du genre et une interprétation à la fois explosive et délicate. En utilisant à bon escient des guitares acoustiques, le groupe apporte une sensible et captivante approche des émotions sans pour autant lever le pied (« Phantom Pain », « KMTL », « The Way Down », « Perfect Torture », « Set Me On Fire »). Une belle surprise !

Photo : Maryanne Bilham

Catégories
Alternative Rock Rock Hard

Collateral : melody maker

Après un premier album éponyme en 2020 très remarqué en Angleterre et qui a bénéficié d’une version remixée il y a deux ans (« Re-Wired ») avec des guests comme Jeff Scott Soto, Phil X et Joel Hoekstra, COLLETERAL apporte beaucoup de fraîcheur au Rock anglais. Très américain dans l’approche et dans le son, le combo réunit avec une touche très moderne tous les ingrédients à même de réunir les fans de Rock au sens très large du terme. Avec son côté très ’stadium’, il devrait rassembler les fans d’une époque estampillée FM comme ceux de l’actuel Alternative Rock.

COLLATERAL

« Should’ve Known Better »

(Big Shot Records)

A en croire la presse spécialisée d’outre-Manche, ce nouvel album de COLLATERAL retranscrit parfaitement toute l’énergie déployée en live par le groupe. On est donc en droit d’attendre un disque costaud et déterminé. Et il faut reconnaître que la formation du Kent est séduisante à bien des égards. Dans un Alternative Rock à la Nickelback et un Hard Rock soft façon Def Leppard ou Bon Jovi, les mélodies sont mises à l’honneur, ce qui n’empêchent nullement son guitariste, très en verve, et son frontman notamment d’apporter un souffle très véloce à un « Should’ve Known Better », séduisant et accessible.

Et si la rythmique basse/batterie (Jack Bentley-Smith et Ben Atkinson) n’est bien sûr pas en reste, COLLATERAL doit beaucoup à son chanteur, Angelo Tristan, au timbre très personnel et à la puissance vocale remarquable. Mais le frontman n’est pas le seul garant de l’identité musical du quatuor. Son guitariste, Louis Malagodi, imprime littéralement de son jeu les compositions de ce « Should’ve Know Better » très varié et entraînant. Et enfin, le relief de ce deuxième opus prend toute sa dimension grâce à la production de Dan Weller (Enter Shikari, Kris Barras, Bury Tomorrow). Un  travail d’orfèvre.

Visiblement, les nombreuses tournées des deux dernières années ont fait beaucoup de bien à COLLATERAL, dont les nouveaux morceaux sont très fédérateurs. Les Britanniques imposent leur marque sur des refrains entêtants et une redoutable efficacité dans le songwriting. On peut déjà imaginer l’impact sur scène de chansons comme « Glass Sky », « Original Criminal », Teenage Dream », « No Place For Love » et « Final Stand ». Parfois un peu convenu et attendu sur certains passages, « Should’ve Known Better » s’adresse à un vaste public sans se perdre dans le côté émotionnel du genre.

Photo : Blackham
Catégories
Alternative Rock

Thadeus Gonzalez : l’éloquence faite Rock

Tout en émotion, THADEUS GONZALEZ ne ment pas. Depuis ses débuts, c’est à travers un Rock sans frontière, où il se joue des genres, qu’il nous invite à le suivre dans une sorte d’état des lieux ou de constat d’une société dans laquelle ses sentiments surgissent avec une vivacité dont peu de groupes font preuve aujourd’hui. « Street Fights Are Starting Hurt » est assez emblématique de notre époque et musicalement la maîtrise est telle qu’il est impossible de ne pas s’y retrouver.

THADEUS GONZALEZ

« Street Fights Are Starting To Hurt »

(Independant)

Auteur du très bon « Opposite Faces » il y a trois ans, THADEUS GONZALEZ poursuit sa trajectoire à travers un Alternative Rock très personnel mâtiné de sonorités Hard Rock 90’s, de quelques ambiances post-Punk écorchées et surtout autour d’un songwriting toujours aussi authentique. Compositeur et parolier, le Californien peaufine avec « Street Fight Are Starting To Hurt » ce qu’il avait entrepris précédemment et le volume affiché aujourd’hui est très largement à la hauteur des attentes.

Ce qui est remarquable chez THADEUS GONZALEZ, c’est qu’il compose toujours avec une guitare acoustique, ce qui confère à ses chansons une touche très vivante et sincère. Les vibrations qui animent ce quatrième album sont intenses, et il fallait bien ça pour mettre en exergue des textes souvent poignants. Ici, l’énergie est constante, jusqu’à devenir le leitmotiv du chanteur qui ne ménage pas ses efforts et qui nous rend même complice et témoin de ses morceaux (« Street Hurt », « The Aura Of Gospel », « Tussle »).

Attachant au possible, THADEUS GONZALEZ se livre dans une formule finalement assez épurée en guitare/basse/batterie, sans effets de manche, et en restant direct et très efficaces. Il y a beaucoup de vérité dans la musique et dans la voix de l’artiste d’Oakland, ça sent le vécu ! Entraînant (« Super Rough Breakdown »), plus intimiste (« My Friends Are All Crazy », « The Fête One »), sombre (« Black Eye On A Tiger ») et fédérateur (« Tell Me What You Want »), il nous embarque dans un univers sensible. Une belle réussite… encore !  

Retrouvez la chronique de l’album précédent :

Catégories
Alternative Rock Classic Rock

The Outfit : authentic & raw

Troisième album pour les Américains de The OUTFIT, révélés notamment par leur précédente réalisation « Viking » (2020), et qui poursuivent leur chemin entre Classic et Alternative Rock avec une belle détermination. Musiciens chevronnés, ils se sont entourés de l’équipe constituée à leurs débuts. Et l’idée est plutôt bonne, puisque ces nouveaux morceaux s’inscrivent dans la continuité, tout en progressant avec vigueur et une belle puissance de frappe. « Go » vient confirmer définitivement le potentiel du groupe.

THE OUTFIT

« Go »

(Pavement Entertainment)

A Chicago, on n’y célèbre pas seulement le Blues. Côté Rock, on sait aussi y faire et THE OUTFIT vient témoigner de la bonne santé d’une scène qui sait se renouveler. Franc et direct, le style de la formation de l’Illinois évolue dans une mouvance un brin alternative avec un son et des compos qui font écho au groupe Live, à Foo Fighters par moment aussi et avec une bonne dose de Cheap Trick. Sur « Go », la touche personnelle se fait plus précise et un nouveau chapitre s’ouvre même avec de belles ambitions affichées.

L’aventure a commencé en 2018 avec un premier album éponyme solide, mélodique et avec ce qu’il faut d’agressivité pour imposer un Rock rugueux et accessible. Aux manettes, on y trouvait déjà le très expérimenté Matt Mercado à la prise de son et Ulrich Wild (Pantera, White Zombie, Deftones) au mix et à la production. THE OUTFIT a d’ailleurs confié la confection de « Go » à ce même duo, qui a su élaborer et peaufiner l’univers du combo. Et le résultat est toujours aussi convaincant. C’est une affaire qui tourne toute seule.

Composé d’Andy Mitchell au chant, de Mike Gorman à la basse et de la fratrie Nawara, Matt à la guitare et Mark à la batterie, le quatuor se montre efficace et est même parvenu à faire de ses influences 80’s et 90’s un atout de choc, notamment sur les chansons les plus relevées (« Monster », « Big Eyes », « Fire Eye », « You Say » et le morceau-titre). Tout en conservant une épaisseur musclée sur les riffs et les rythmiques, THE OUTFIT nous embarque dans un Rock assez urbain, aux refrains entêtants et réalisé de main de maître.

Catégories
Alternative Metal Alternative Rock Heavy Rock

Bad Situation : une belle ferveur

Frais et enthousiaste, ce premier opus complet de BAD SITUATION est peut-être celui que les amateurs de Rock musclé, Heavy et grungy attendaient pour démarrer enfin le printemps de la plus belle des manières. Très groove et même joyeux, les deux musiciens avancent sur un rythme soutenu et de bons gros riffs, soigneusement mis en valeur par une production-maison, qui tient bien la route. « Bad Situation » se dresse dans un esprit live, vivifiant et terriblement addictif.

BAD SITUATION

« Bad Situation »

(Thrash Talkin Records/Klonosphere/Season Of Mist)

Direct et efficace, BAD SITUATION se présente donc avec un premier album éponyme, qui ne manque pas d’énergie. Pour un peu, on en oublierait presque qu’ils ne sont que deux. Aziz Bentot (guitare, chant) et Lucas Pelletier (batterie, chœurs) confirment les bonnes choses entendues sur leur EP « Electrify Me », sorti il y a deux ans. Forcément sans fioritures, ces nouvelles compos s’inscrivent dans un Alternative Rock synthétisant les 30 dernières années. Le panel des références est vaste, mais le rendu très cohérent et carrément pêchu.

On connait l’explosivité des duos dans d’autres registres, mais c’est vrai aussi qu’en termes de Heavy Rock, la basse tient un rôle essentiel et remplir l’espace sonore ne règle pas tout. Et il faut reconnaître que BAD SITUATION s’en sort très bien grâce, notamment, à des guitares très présentes et solides et une bonne balance dans le chant entre le lead et les chœurs. Positifs et dynamiques, les Français distillent avec beaucoup d’entrain des morceaux accrocheurs et se promènent entre Nickelback et QOTSA, le sourire aux lèvres.

Sur un Rock massif flirtant avec le Metal, et malgré quelques touches de Punk californien, BAD SITUATION trouve l’équilibre entre puissance, mélodies entêtantes et refrains fédérateurs (« On My Own », « Fallin’ Apart », « Nothing Lasts Forever », « Echoes », « Won’t Back Home »). La belle ballade « Drown » offre une belle respiration, pleine d’émotion et dotée d’un songwriting imparable. On peut affirmer avec conviction que « Bad Situation » va faire des ravages en concert et guider le public dans une belle communion. Bien joué !

Photo : Kevin Merriaux