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Stoner Doom

Stones Of Babylon : au coeur des ruines antiques

Imposant et psychédélique, STONES OF BABYLON ne quitte pas la voie qu’il emprunte depuis cinq ans maintenant. Le trio de Lisbonne voyage à travers les mythes et les légendes en arborant un Stoner Doom instrumental massif. Très organique, la production de « Ishar Gate » confère à la musique des Portugais un relief qui la rend pour le moins intrigante.

STONES OF BABYLON

« Ishtar Gate »

(Raging Planet Records)

C’est dans une ancienne Babylone totalement décimée que nous plonge cette fois le trio portugais trois ans après « Hanging Gardens », qui peignait une cité florissante. Forcément, l’ambiance est devenue sombre et pesante et le Stoner Doom de STONES OF BABYLON, même s’il conserve toujours quelques touches orientales lumineuses, traverse l’antiquité avec une lourdeur incroyable.

Toujours instrumental, ce deuxième album studio explore de nouvelles dimensions musicales dans un registre hypnotique et presque rituel. Les riffs monolithiques chargés de Fuzz s’agrémentent de psychédélisme aux allures parfois inquiétantes. STONES OF BABYLON se montre aussi puissant que subtil avec des atmosphères souvent menaçantes. Et cette impression monte en puissance au fil de cette nouvelle réalisation.

Avec six morceaux s’étendant sur près d’une heure, les Lisboètes ont réalisé un gigantesque travail sur les ambiances, qui naviguent dans des sonorités à la fois progressives et capables aussi de brutales déflagrations. Crépusculaire et oppressant, STONES OF BABYLON n’a pas son pareil pour livrer un Stoner Doom captivant (« Giganesh », « Pazurn », « The Gate Of Ishar », « Tigris & Euphrates »). Un baffe !

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Stoner Metal Stoner Rock

Turned To Stone Chapter 6 : épopée nordique

Grâce à ses split-albums, le label américain Ripple Music propose toujours de belles découvertes, tout en parcourant le monde et en réunissant des groupes qui se complètent bien et qui parviennent à chaque fois à se surpasser. Avec CAPTAIN CARAVAN et KAISER, la scène scandinave montre de beaux atouts et une maîtrise du Stoner Rock et Metal.

Turned To Stone – Chapter 6

CAPTAIN CARAVAN / KAISER

(Ripple Music)

C’est déjà le sixième volet des désormais fameux « Turned To Stone » de Ripple Music, qui a eu la bonne idée, il y a un bon moment maintenant, de remettre au goût du jour les split-albums. Et cette fois, le périple Stoner proposé nous emmène dans les contrées nordiques de Norvège et de Finlande, où là aussi les riffs grondent et fuzzent avec une belle ardeur. CAPTAIN CARAVAN et KAISER sont très affûtés et prêts à en découdre. 

CAPTAIN CARAVAN

La première salve vient du quatuor CAPTAIN CARAVAN qui livre cinq morceaux d’un Stoner Rock musclé et sans détour. Depuis 2015, les Norvégiens peaufinent leur style et ont sorti un album (« Shun The Sun » – 2018), un EP et deux singles avant de se faire remarquer par le label californien. Mené par la puissante voix de son frontman, le groupe distille une bonne dose de Doom dans un registre massif.

KAISER

Un peu plus dark dans les atmosphères, KAISER fait d’avantage de place au Fuzz dans ses compos, qui s’étendent aussi un peu plus en longueur. Avec sensiblement le même parcours que leurs compagnons de route, le trio a une approche plus Metal, très compacte et intense. Les Finlandais rentrent dans le lard avec une volonté et une ferveur incroyables. D’une force et d’une créativité égale, les deux groupes régalent.

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Occult Rock Psych Sludge Stoner Doom

Witchfinder : dark fuzz

Très instrumental et développant des atmosphères quasi-séismiques, « Forgotten Mansion » a des allures d’ogre mastodonte. Si elle se pare aussi de mélodies captivantes et psychédéliques, celle nouvelle production de WITCHFINDER vient surtout confirmer la puissance du Stoner Doom du quatuor français avec une force tellurique.

WITCHFINDER

« Forgotten Mansion »

(Mrs Red Sound)

Long EP ou mini-album, c’est selon, « Forgotten Mansion » vient donner suite à « Endless Garden », un EP de deux titres fracassant sorti en juin dernier, et qui marquait un léger tournant avec l’arrivée aux claviers de Kevyn Raecke. Il n’en fallait pas davantage pour que le côté fantasmagorique du quatuor surgisse encore un peu plus. WITCHFINDER s’apprête à réveiller les volcans de son Auvergne natale.

Doté d’une production massive et écrasante, ce nouvel effort vient définitivement poser le statut de groupe incontournable d’une scène Stoner Doom française, qui devrait vite devenir trop petite. La trajectoire de WITCHFINDER est assez claire : conjuguer le Fuzz, le Metal et le Sludge avec un Psych Rock occulte et ténébreux. La rythmique est lourde, les riffs épais et le chant se devine au lointain.

Si l’ambiance est posée dès le pachydermique « Approaching » suivi de près par « Marijuana », les surprises sont nombreuses au sein-même de ces morceaux, qui s’étendent en longueur. Très groove, la variété des mid-tempos ensorcelle en communion avec des synthés psychédéliques aussi fins que les guitares sont sourdes et menaçantes (« Lucid Forest », « The Old Days »). WITCHFINDER en impose grâce à une créativité débordante.

Photo : Aurore Staiger
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Heavy Psych Rock Stoner Rock

Void Cruiser : transcender l’infini

Entraîné par des guitaristes rivalisant de fuzz, un chanteur pleinement libéré et ténébreux et une rythmique assommante, VOID CRUISER parvient à faire jaillir un groove surpuissant sur des mélodies ténébreuses, parfois lugubres, dans une quête effrénée d’espoir et d’une luminosité qui se fait pourtant rare dans ce Stoner Heavy Psych, où la mesure et la tempérance n’ont pas leur place. « Call Of The Void » appelle à un lâcher-prise sans retenue.

VOID CRUISER

« Call Of The Void »

(Argonauta Records)

Depuis un peu plus d’une décennie maintenant, les Finlandais de VOID CRUISER assènent leur Stoner Heavy Psych avec une progression qui se lit au fil des albums. S’il reste quelques réminiscences du Grunge très 90’s qui a été la base de son jeu sur « Overstaying My Welcome » sorti en 2015, le quintet lorgne aujourd’hui sur un style plus efficace, direct et massif qu’auparavant. Une manière d’affirmer une puissance qui déborde sans relâche sur ce nouvel opus à l’esthétique sonore très travaillée.

Car, ce qui impressionne dès les premières notes de « Dragon’s Tail » qui ouvre les hostilités, c’est cette incroyable férocité portée par un chant à la fois agressif et mélodique qui surprend. VOID CRUISER sait comment emporter l’auditeur dans un registre très maîtrisé. L’imposante rythmique basse/batterie donne le ton à des morceaux qui cognent en emportant tout sur leur passage. Pourtant le quintet joue avec les atmosphères, comme pour mieux nous guider dans son monde tortueux.

Les titres de « Call Of The Void » dépassent tous (ou presque) les six minutes et il est parfois même difficile de reprendre son souffle. Mais VOID CRUISER sait aussi imposer des ambiances plus mélancoliques et envoûtantes (« Wiser Man », « When Gravity Pulls »). L’autre marque de fabrique du groupe est ce mur de guitare implacable, épais et qui frôle parfois même la saturation (« Happiness », « Woe », « Pariah »). A noter aussi le groove massif de ce troisième album qui libère des compos souvent sombres, mais captivantes.

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Fuzz Rock Psych Rock 70's

Howard : frénésie intemporelle

Malgré des débuts perturbés, HOWARD devrait enfin prendre son envol, grâce à ce deuxième album percutant et haut en couleurs. « Event Horizon », en plus d’être très bien réalisé, dévoile huit morceaux au groove constant, aux envolées Fuzz bien senties et avec un feeling qui puise dans un Psych Rock ensorceleur.

HOWARD

« Event Horizon »

(Ditto Music/Season Of Mist/Delta Fuzz Electronics)

Si 2020 a été une année noire pour beaucoup, elle a aussi coupé HOWARD dans son élan, alors que le trio sortait tout juste le très bon « Obstacle » (le bien-nommé), un premier album qui aurait du lancer le groupe de la plus belle des manières. Qu’à cela ne tienne, les Parisiens se sont remis au travail et à l’écriture de « Event Horizon », un deuxième opus qui vient confirmer leur bouillonnante créativité.

Si le Stoner Rock entrevu sur leurs précédentes réalisations (le groupe a aussi sorti un EP en 2018) laisse place à un Psych Rock très 70’s, HOWARD garde et peaufine son style en l’articulant sur des sonorités électroniques vintage boostées par un orgue Hammond sans limite. Pour autant, le combo fait fuzzer les guitares offrant à « Event Horizon » une vélocité et un impact très actuels qui tranchent avec l’esprit du disque.

Tout en restant d’une efficacité redoutable sur les mélodies, HOWARD a également apporté un soin tout particulier aux arrangements qui sont d’une grande finesse et que l’on découvre au fil des écoutes (« I Hear A Sound », « Need Want Get », « The Way » et le très bon morceau-titre). HOWARD est inventif, créatif et prouve que revival et modernité font plus que bon ménage. Précis et captivant.

A noter le HOWARD fera sa ‘release party’ avec le groupe Djiin samedi 3 décembre au Backstage By The Mill à Paris. Les tickets sont en prévente ici :

https://www.helloasso.com/associations/below-the-sun/evenements/howard-djiin-backstage-paris

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Heavy Psych Rock

Josiah : avalanche psychédélique

Précurseur d’un Rock psychédélique lourd et puissant, JOSIAH refait surface après dix ans d’absence et avec un nouvel album à la fois éthéré et enveloppant. Les assauts rythmiques, la variété et l’épaisseur des guitares inscrivent « We Lay On Cold Stone » dans un esprit jam volcanique.   

JOSIAH

« We Lay On Cold Stone »

Blues Funeral Recordings

Les fans de JOSIAH n’osaient plus croire à un nouvel album du groupe du chanteur et guitariste Mathew Bethancourt parti explorer d’autres cieux musicaux en mode Garage Rock et toujours psychédélique. Pourtant, le power trio anglais est bel et bien de retour et sous un nouveau line-up avec son premier album depuis « Procession »… il y a dix ans.

Cette fois accompagné de Jack Dickinson (basse) et de Dan Lockston (batterie), le frontman reprend JOSIAH là où il en était avec un son très actuel et toujours aussi percutant. Très enlevé et groovy, les six morceaux de « We Lay On Cold Stone » font autant appel aux pionniers du genre qu’à des sonorités modernes et survoltées.

Ouvrant l’album avec l’instrumental « Rats (To The Bitterend) », le combo britannique donne le ton entre Fuzz appuyé, basse vrombissante et rythmique effrénée. Malgré une production peut-être trop épurée, JOSIAH distille son Heavy Psych Rock avec générosité (« Saltwater », « Cut Them Free »), qui trouve son apothéose sur « (Realise) We Are Not Real » aux inspirations chamaniques.

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Heavy Psych Rock Sludge Stoner Blues

Lord Elephant : un colossal mastodonte

Bardé de Stoner, de Heavy Blues, de Sludge Metal et d’une pointe d’Acid Rock, c’est à un incroyable voyage dense et intense que nous convie le power trio italien avec « Cosmic Awakening ». Avec un tel premier album, le groupe risque de fortement marquer les esprits, tant le style instrumental de LORD ELEPHANT est franchement démentiel.

LORD ELEPHANT

« Cosmic Awakening »

(Heavy Psych Sounds)

Oser s’appeler LORD ELEPHANT et sortir un premier album de cette trempe fait plus que susciter la curiosité. Le trio italien, qui évolue dans un registre instrumental, n’y va pas par quatre chemins et affiche un Stoner Blues où une multitude d’éléments vient de greffer à la foudre du combo. Et l’incroyable fluidité avec laquelle se livrent les Transalpins est même surprenante.

Vu le style LORD ELEPHANT, on aurait pu s’attendre à des morceaux s’étendant sur la longueur, mais hormis le musclé « Hunters Of The Moon » et ses huit minutes trente, « Cosmic Awakening » se concentre sur des titres efficaces, solides et concis. Et avec des touches de Sludge, de Fuzz très Doom et d’un soupçon d’Acid Rock, le pari est remporté haut la main.

Malgré l’absence de chant, on est littéralement saisi par l’impact des compositions de « Cosmic Awakening ». Dès les deux parties qui ouvrent l’album (« Forsaken Slumber » et « First Radition »), LORD ELEPHANT va à l’essentiel et les riffs puissants, la monumentale basse et la fracassante batterie offrent une combinaison fulgurante (« Desert Collision », « Raktabija », « Stellar Cloud »). Massif et mélodique à la fois.

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Doom Stoner Metal

Somnus Throne : un fuzz tamisé

Brumeux mais nerveux, le Stoner Psych Doom du trio américain fait de nouveaux ravages sur « Nemesis Lately », deuxième album du combo établi à Los Angeles. Rugueux, massif et puissant, SOMNUS THRONE ne baisse pas la garde et nous enferme dans un Metal très Fuzz, peu lancinant, compact et incisif. Saisissant.

SOMNUS THRONE

« Nemesis Lately »

(Heavy Psych Sounds Records)

Basé à la Nouvelle-Orléans puis à Portland, c’est dorénavant depuis Los Angeles que SOMNUS THRONE diffuse son Stoner ultra-Fuzz à travers lequel il ne manque pas de clins d’œil pour Lemmy et Iommi. Les deux idoles ont fortement influencé le trio, qui s’en donne à cœur-joie dans un registre où le Doom et le Psych se fondent dans un même Metal épais et enveloppant sur ce deuxième album.

Evan (guitare, chant), Ansel Bretz (basse) et Matt Davis (batterie) ont une vision assez singulière du Stoner et elle est étroitement liée à un Doom Psych bien enrobé de Fuzz. Après un premier album éponyme il y a deux ans, SOMNUS THRONE a resserré les boulons en rassemblant ses forces et en tirant dans le même sens vers un Metal gras et massif. « Nemesis Lately » s’impose avec vigueur.

Le chant incantatoire, frôlant le chamanique, renforce l’esprit Doom du combo, même si SOMNUS THRONE s’écarte du poids écrasant et lent du style. La richesse des riffs apporte beaucoup de vélocité aux morceaux en renforçant leur impact (« Snake Eye », « Dice And Scarecrow », « L-Dopatriptamine »). Pourtant les Américains s’offrent des parties acoustiques surprenantes (« Calm Is The Devil »). Ebouriffant !

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Blues Rock

The Black Keys : groovy fuzz

Plus que jamais, le duo Blues Rock américain transcende les styles et les générations grâce à un registre très personnel et un travail sur le son hors-norme. Depuis une dizaine d’années, THE BLACK KEYS construit un bel édifice sur lequel « Dropout » vient poser une nouvelle et belle pierre. Le duo américain régale… une habitude !

THE BLACK KEYS

« Dropout Boogie »

(Nonesuch records)

Depuis leurs deux derniers albums, « Let’s Rock » et « Delta Kream », THE BLACK KEYS est fortement remonté dans mon estime, grâce à une liberté artistique phénoménale. C’est donc un peu fébrile que je m’attends à une suite aussi relevée. Et « Dropout Boogie » répond parfaitement à mes attentes, tant le duo d’Akron dans l’Ohio fait parler la poudre sur un Blues Rock, dont il a le secret. Heureux je suis, donc.

Dan Auerbach et Patrick Carney restent sur des fondamentaux bien maîtrisés, et ont même invité Billy Gibbons, Angelo Petraglia de Kings Of Leon et Greg Cartwright de Reigning Sound à se joindre à leur petite fête. THE BLACK KEYS s’offre une balade entre fuzz et groove avec la fougue et le côté roots, qui forgent ce style si particulier. Autant dire que « Dropout » est aussi brillant que ses prédécesseurs.

Epais et assez Old School, ce nouvel album contient dix titres aussi inspirés les uns que les autres, et la chaleur et la puissance de la production doivent sûrement beaucoup au lieu de l’enregistrement : Nashville, Tennessee. Fun sur « Your Team Is Looking Good », sombre sur « Good Love », percutant sur « How Long » et plus doux sur « Didn’t I Love You », THE BLACK KEYS sait tout faire et on redemande.

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Stoner Rock

[Going Faster] : Greyborn / Yojimbo

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

GREYBORN – « Leeches » – F2M Planet

Après le split du très bon groupe de Stoner Blues Mama’s Gun, qui avait pourtant pris un départ enthousiasmant, Théo Jude (chant, batterie) et Guillaume Barrou (basse) n’ont pas tardé à se remettre à la tache pour fonder GREYBORN. Rejoints par Maxime Conan (guitare) qui œuvre aussi chez Blackbird Hill, le trio évolue dans un Stoner Rock assez sombre et Heavy. Si le propos n’est pas franchement chaleureux, il montre un visage volontaire sur cinq morceaux assez directs et solides. Même si GREYBORN n’en est qu’à ses premiers émoluments musicaux, on perçoit dans l’épaisseur des riffs et la massive rythmique toute l’expérience du combo, dont le jeu doit prendre une toute autre dimension sur scène.

YOJIMBO – « Yojimbo » – Independant

Premier EP intergalactique pour le combo strasbourgeois YOJIMBO, qui distille un Stoner Rock efficace et profond. Jouant sur la lourdeur des riffs et des tempos, le quatuor propose  des morceaux accrocheurs où la voix de sa chanteuse navigue habillement entre une obscurité pesante et des éclats très lumineux. Très bien produit, ce premier effort éponyme montre une belle variété où le Fuzz se frotte au Doom avec quelques pointes Psych. YOJIMBO traverse des atmosphères spatiales entre mid-tempos et crescendos appuyés avec une belle assurance, en nous propulsant parfois même dans des ambiances post-Rock créatives et dynamiques. Vite, la suite !