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Funk Rock

FFF : FFFlamboyant

Sixième cri du coeur pour la plus foncky des formations françaises et il vient confirmer l’élan retrouvé avec « I Scream » en 2023. Celui-ci avait d’ailleurs été ardemment célébré et défendu en tournée, au point d’avoir été immortalisé sur un double-album live enregistré à Paris. Avec « U Scream », FFF enfonce le clou en restant dans la lignée de son prédécesseur, à savoir pimenté, radieux et d’une joie communicative. Marco, Niktus, Yarol et Krichou ont rallumé la FFFlamme et font FFFeu de tout bois. 

FFF

« U Scream »

(Verycords)

Deux ans près « I Scream », FFF continue sa funky conjugaison avec « U Scream », une suite logique puisqu’on y retrouve le même son et la même fougue qui animaient les Parisiens sur l’album de leur retour après 23 ans de silence. Entre ces deux efforts studios s’est glissé en avril dernier le « Live A La Cigale », témoignage sur près de deux heures d’un passage explosif dans la salle de la capitale. Le combo avait enflammé les lieux avec des titres de son nouvel album, et aussi et surtout avec ses classiques qui renvoyaient aux belles heures du combo dans les années 90.

Si l’entame de « U Scream » est toujours aussi solaire que positive, on y trouve toutefois quelques notes de mélancolie et de nostalgie. Dans un flow souvent vertigineux, Marco Prince semble même faire une sorte d’état des lieux d’une vie tumultueuse et d’une société devenue méconnaissable à bien des égards. Mais si FFF donne une impression de spleen sur un « DérivVe SentimentAle » grandiloquent, il faut plutôt y voir un élan fraternel et rassembleur. D’ailleurs, il est beaucoup question d’amour et aussi de sexe, donc de plaisir, sur ce sixième effort très enjoué.

Si les singles « Et touT reCommenCe » et « Y’a tOi » ont donné le ton, « U Scream » réserve encore quelques belles surprises. A commencer par ce clin d’œil au tube « Chacun Fait » de Chagrin D’Amour et son fameux ‘Cinq heures du mat’ j’ai des frissons…’ sur « SomeTimes ». FFF surgit toujours là où on ne l’attend pas. En anglais sur « inSaNity », « Clit ReVoluTion » ou « Keep On », l’énergie tient lieu de guide avec constance (« Smile », « FelliNg High », « Booya dans les DOM-TOM »). A savoir si un troisième volet, qui pourrait s’intituler « We Scream », viendra clore une belle trilogie grammaticalement funky, il n’y a qu’un pas…

Retrouvez la chronique de « I Scream » :

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folk Rock

Détroit : fière poésie

Parfois à fleur de peau, mais aussi très solide et sûr dans ses écrits, l’ancien leader de Noir Désir n’a rien perdu de sa verve, de son sens du propos et de la métaphore. Aller chercher la petite bête au carrefour de ses mots est sincèrement inutile, tant les nouvelles compositions de DETROIT sont limpides, personnelles et fluides. Avec « L’Angle », le groupe nous balade dans des ambiances et des atmosphères diverses avec beaucoup de délicatesse et de force, sans jamais tomber dans ce lyrisme désuet très contemporain. Et grâce à une production lumineuse, c’est le genre de disque d’une qualité devenue très rare.

DETROIT

« L’Angle »

(Independant)

Evacuons d’abord toute polémique. Certes, on pourra toujours trouver un double-sens, voire certaines allusions dans les paroles de Bertrand Cantat, mais on peut aussi s’arrêter à l’aspect poétique de ses textes, car il reste bel et bien l’un des derniers en France à exceller dans le domaine. Et, très sincèrement, à l’écoute de « L’Angle », toutes tentatives de fouiner en quête d’éventuels règlements de compte de sa part seraient malvenus et déplacés. Surtout dans un pays où l’on célèbre un écrivain comme Céline qui a autant brillé par son rôle de fervent propagandiste du parti nazi que par sa fadasse prose, c’en serait presque vulgaire et à l’évidence ne rien connaître l’œuvre de DETROIT et de son chanteur.

Alors qu’en est-il donc de ce deuxième album (trois avec le live « La Cigale »), « L’Angle » ? Quand la majorité des médias s’est surtout posée la question de savoir s’il fallait l’écouter, ou pas, personne ou presque ne semble s’être penché sur son contenu. A croire que cela ne se fait pas. C’est à penser que les amoureux de la musique et des textes de Bertrand Cantat se doivent de l’écouter en catimini… Et sans mot dire, en deux mots. Bref, dix ans après « Horizons » et sept depuis « Amor Fati » sorti en solo, l’auteur, guitariste et harmoniciste poursuit l’aventure DETROIT en trio, où il est brillamment accompagné de Pascal Humbert (basse, batterie, guitare) et Jérémie Garat (violoncelle, guitare).

Très acoustique et mystérieux à bien des égards, « L’Angle » dévoile une nouvelle facette musicale, toujours aussi intense et profonde. Des terres andalouses (« Je Ne Savais Pas », « Recueillement »), en passant par le très secret Pays Basque, DETROIT met légèrement le Rock de côté (excepté sur « Oh Non Non Non » et « Au Royaume Des Aveugles ») et se consacre à des élans fiévreux, atmosphériques et captivants portés par une voix vive et percutante, qui domine dans le moindre détail ces nouvelles chansons (« La Beauté », « Les Roseaux Soucieux », « Les Âmes Sauvages », « Fleur Du Chaos » et le morceau-titre). La maturité artistique de ce nouvel opus est un écrin pour ces paroles étincelantes.

Photo : Détroit