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Blues Country folk

Sue Foley : interprète d’une sororité rayonnante

C’est par-delà le temps et le monde que SUE FOLEY a décidé de célébrer de grandes guitaristes, plus ou moins connues, mais qui ont marqué par leur talent, leur inspiration et leur technique la place et la présence des femmes dans des registres, où elles se faisaient bien trop discrètes. La songwriter a donc décidé d’emprunter leur chemin, du Mexique à la France en passant par les Etats-Unis, pour leur témoigner son respect et les faire aussi briller de la plus belle des manières. Une reconnaissance saisissante de beauté.

SUE FOLEY

« One Guitar Woman »

(Stony Plain Records)

Blueswoman (très) reconnue et accomplie, SUE FOLEY mène depuis trois décennies une carrière ponctuée de brillantes réalisations en solo, ainsi que de très belles collaborations. Humble et créative, c’est en effectuant des recherches sur ses consœurs pionnières de la guitare que lui est venue l’idée de cet album en forme d’hommage. A travers les époques et les styles, la Canadienne basée à Austin, Texas, remet en lumière ces femmes qui ont marqué l’histoire de son instrument de prédilection et dans une configuration franchement exceptionnelle.

SUE FOLEY ne se contente pas d’un simple tribute. Avec « One Guitar Woman », elle relève plusieurs défis, et non des moindres. Le premier a été d’enregistrer les 12 morceaux en acoustique et avec la même guitare : une flamenco à cordes en nylon, histoire de pouvoir monter en puissance à l’envie. Elle s’est aussi littéralement fondue dans la personnalité unique de ces musiciennes, tout comme dans leur registre. Et elle navigue avec la même habileté et le même feeling dans la Country, la Folk, le Classique, le Flamenco et bien sûr le Blues.

Somptueusement produit, « One Guitar Woman » traverse les chansons de Maybelle Carter, Elisabeth Cotten, Sister Rosetta Tharpe, la Française Ida Presti, Tejano Lydia Mendoza, Geeshie Wiley, Elvie Thomas… SUE FOLEY passe par toutes les ambiances et toutes les sonorités avec une rare authenticité et beaucoup de sincérité. Et si l’on trouve deux instrumentaux, il est impensable de ne pas saluer sa prestation vocale. Là encore, l’adaptation est remarquable et la justesse irréprochable. Grandes parmi les grandes, elle fait jamais autant partie de cette belle sororité.

Retrouvez aussi la chronique de son dernier album solo, « Pinky’s Blues » :

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Country folk Pop Rock

Sheryl Crow : she’s still the boss

Ce qu’il y a de rassurant avec SHERYL CROW, c’est qu’après une telle carrière, qui a fait d’elle une icone de la musique américaine, elle reste attachée à un style qui lui ressemble tellement et qui rassemble toujours. Country Rock, Pop Folk avec ce charmant zeste bluesy, elle reste authentique et ce même quand elle se retrouve produite par Mike Elizondo (Dr. Dre, Maroon 5), qui n’a pas saisi l’essence de l’artiste et qui l’enrobe de sonorités en plastique, façon centre commercial. Peu importe, on perçoit toujours cette spontanéité et cette personnalité attachante sur un « Evolution », qui mérite bien plus qu’une écoute.

SHERYL CROW

« Evolution »

(Big Machine Label Group)

Elle avait pourtant juré par ses grands dieux qu’on ne l’y reprendrait plus. Qu’enregistrer des disques était dorénavant de l’histoire ancienne pour elle, alors que le très bon « Threads » et sa voie lactée d’invités aussi nombreux que prestigieux venait tout juste de sortir. C’était en 2019. Seulement, se mettre sur pause alors qu’on est tout juste intronisé au légendaire ‘Rock And Roll Hall Of Fame’ l’an dernier a du paraître impossible et insurmontable pour une SHERYL CROW qui a encore des choses à dire, à chanter et à composer… et pas seulement à travers quelques singles distillés en streaming dans les méandres goulus du numérique.

Peut-être aussi que c’est un œil jeté à ses neuf Grammy Awards, qui l’a convaincu de reprendre sa guitare et de s’assoir au piano pour se mettre à l’écriture de ce onzième album ? Car, et c’est peu le dire, « Evolution » est un bon album, qui livre également son lot de surprises, plus ou moins bonnes, mais où l’on retrouve une compositrice toujours aussi sincère, authentique et dont les chansons demeurent aussi fluides et qu’accrocheuses. Pop avec toujours ce fond de Country Folk, le tout enveloppé d’un Soft Rock, SHERYL CROW fait ce qu’elle a toujours fait et en parfaite osmose avec son temps et son époque.

Ce qui peut surprendre à l’écoute d’« Evolution » dans son ensemble, c’est que, finalement, les singles sortis en amont n’en sont pas vraiment le reflet. Le très stonien « Alarm Clock » passe tout seul, le morceau-titre (avec Tom Morello !) est trop produit et froid et le distant « Digging In The Dirt » de et avec Peter Gabriel dénote du reste. Mais SHERYL CROW a suffisamment de métier pour livrer quelques pépites, dont elle a le secret (« Do It Again », « Love Life », « You Can’t Change The Weather », « Waiting In The Wings »). La chanteuse du Missouri garde le sens de la formule, avec des refrains entêtants, et se montre imparable.

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folk Psych Roots Rock Southern Blues

Brother Dege : l’ultime testament

Qualifier BROTHER DEGE de musicien solaire est un doux euphémisme. Alors qu’il vient de nous quitter, son ultime témoignage vient malheureusement mettre un terme à une œuvre Southern où Blues et Folk s’entremêlent avec des sonorités Rock et Country. « Aurora » est le dernier grand cru livré par l’ouroboros du bayou. Le vide va être abyssal et son silence presqu’insupportable, mais ses disques et ses livres restent, eux, éternels et je vous invite à vous y plonger. Un désert de beaux mots.

BROTHER DEGE

« Aurora »

(Prophecy Productions)

Cela faisait déjà un petit moment que je me délectais de cette nouvelle réalisation de BROTHER DEGE Legge, lorsque j’ai soudainement appris sa mort survenue le 9 mars dernier, alors qu’il n’avait que 56 ans. Ce magnifique « Aurora » s’apprêtait à sortir et une tournée européenne était même prévue en avril. Il s’est éteint dans sa ville de Lafayette en Louisiane et laisse un héritage précieux. Et si son fougueux Southern Psychedelic Rock ne vous dit a priori rien, peut-être avez-vous en tête son morceau « Too Old To Die Young », qui figurait sur la B.O. de « Django Unchained » de Quentin Tarantino en 2012 ?

« Aurora » est le quatrième opus de BROTHER DEGE, après « How To Kill Horse » (2013), « Scorched Earth Policy » (2015) et « Farmer’s Almanac » (2018). Il est sans doute aussi le plus intime et le plus personnel. Au regard de sa carrière, y compris celle d’écrivain, on y trouve une espèce de synthèse de son long travail à travers ce parcours si atypique ancré dans le Sud des Etats-Unis qui l’a façonné et qu’il incarnait tellement. La discrétion et l’humilité de l’artiste révèlent sa force poétique, qu’elle soit dans les textes ou dans sa musique bercée par un dobro toujours aussi magnétique.

On pense bien sûr à Ry Cooder sur l’instrumental morceau-titre qui ouvre l’album, mais le songwriter fait rapidement rayonner sa touche si particulière. Cette fusion si singulière entre le slide du Delta Blues, la Folk et un Rock issu du Bayou rend BROTHER DEGE assez unique. Poignant et plein de sensibilité sur « Where The Black Flowers Grow » et « A Man Needs A Mommy », il accélère sur « Turn Of The Screw » pour se montrer très élégant sur « The Devil You Know » et sur l’énigmatique « The Longing » presque prophétique. La douce folie et l’approche de l’Américain vont terriblement manquer au monde de la musique.

Photo : Travis Gauthier
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Americana Country folk

Jesper Lindell : une douce mélodie nordique

Et si un souffle frais venu d’Europe du Nord venait rafraîchir et revigorer le petit monde de l’Americana ? C’est en tout cas la promesse faite avec « Before The Rain », troisième réalisation en cinq ans du songwriter JESPER LINDELL. L’écriture et la composition sont très sûres, l’interprétation en sextet donne du volume et un relief mélodique souvent familier. Les morceaux du chanteur dévoilent une âme de caractère et un cœur tendre et entier. Un disque qui fait du bien !

JESPER LINDELL

« Before The Sun »

(Brunnsvik Sounds)

S’il n’était pas originaire du nord-ouest de Stockhölm, on aurait peine à imaginer JESPER LINDELL les pieds dans la neige, mais plutôt en balade du côté des Appalaches ou dans l’Amérique profonde. Avec son Americana, teinté de Folk, de Soul et de Country Rock, le Suédois est au diapason d’un registre qu’il embrasse pleinement et avec beaucoup d’élégance et de finesse. Bien sûr, on perçoit une sensibilité proche de The Band, Ray LaMontagne et surtout Van Morrison et Chris Stapleton. Pour autant, son style est très personnel, lumineux et ce troisième album l’inscrit parmi les valeurs sûres du genre. 

Enregistré chez lui, dans son studio, et avec ses cinq musiciens de tournée, JESPER LINDELL a écrit et composé l’ensemble de « Before The Sun », excepté « Honesty Is No Excuse » du grand Phil Lynnot. Et le songwriter ne manque pas d’inspiration puisque ce nouvel opus arrive dans la foulée de « Twilights », sorti il y a à peine deux ans. Des ennuis de santé désormais derrière lui (il a subi une greffe de rein), le Scandinave se meut dans une certaine mélancolie assez positive et ensoleillée, offrant de beaux contrastes à travers des chansons à la narration douce et à l’interprétation souvent surprenante.

Très cuivré, « Before The Sun » a un aspect très ‘Muscle Shoals’ dans la couleur et la chaleur très organique qu’il dégage. « One Of These Rainy Day » donne une pulsation originale dès l’entame et tout en émotion par la suite (« A Little Light In The Dark »), JESPER LINDELL montre un large spectre musical et ce n’est pas tout. L’un des moments forts est aussi le duo avec la chanteuse de l’Oregon Kassi Valazza, valeur montante de la Country Folk (« A Strange Goodbye »), puis le génial « Do Me In » où il alterne un chant très aigu avec sa voix normale. Il se montre bluffant de bout en bout. Un futur très grand !

Photo : Emilia Bergmark Jiménez
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folk Musique celtique

Loreena McKennitt : une élégante simplicité

Harpiste, accordéoniste, pianiste et bien sûr chanteuse, LOREENA McKENNITT renoue avec ses premières amours, celles de la communauté Folk dans laquelle elle a commencé à se produire avant de diffuser sa musique aux quatre coins du monde. Entouré d’un groupe de chez elle, ainsi que de son amie de longue date, la violoncelliste Caroline Lavelle, la musicienne apparaît dans un registre très personnel, toujours celtique évidemment, et joue avec une proximité très acoustique et captivante.

LOREENA McKENNITT

« The Road Back Home »

(Quinlan Road/Outhere Music)

La plus irlandaise (et écossaise !) des Canadiennes fait son retour avec un album enregistré en public. Une chose pas complètement anodine pour la grande LOREENA McKENNITT, dont la discographie compte presqu’autant d’albums live que de studio. Il faut aussi reconnaître que sa musique prend réellement toute sa dimension en concert et chacun est d’ailleurs un voyage inoubliable, une expérience à vivre. Et du haut de 14 millions de disques vendus, c’est bel et bien sur scène qu’elle rayonne. Les dix morceaux de « The Road Back Home » ont été captés lors de quatre festivals Folk en Ontario, autour de Stratford où elle est installée.

LOREENA McKENNITT est ici accompagnée d’un groupe de musiciens celtiques, ‘The Bookends’, rencontré dans sa ville et qui la suivit l’été dernier dans ces quelques rassemblements. L’occasion aussi pour la chanteuse de jouer quelques titres encore jamais gravés sur aucune de ses nombreuses réalisations. Tout en simplicité, « The Road Back Home » se veut comme un hommage à ses premiers pas dans la musique, et on la retrouve dans une forme d’intimité où elle interprète d’anciennes chansons de ses débuts. Epurées et très Folk, elles sont d’autant plus touchantes qu’elles sont peu arrangées.

Avec ce huitième album live, l’auteure, compositrice et interprète remonte aux sources de sa brillante carrière dans une ambiance pleine d’énergie et de chaleur, ce qui peut d’ailleurs trancher avec les atmosphères pleines de mystère, dont elle s’entoure souvent. LOREENA McKENNITT a souhaité donner et partager sa version musicale du ‘chez-soi’, un lieu chaleureux et familier. Toujours aussi spontanée, on se laisse porter par sa voix étincelante, qui semble figée dans le temps, tant elle est cristalline. Alors qu’elle célèbre les 30 ans de son mythique « The Visit », toujours sur les planches, sa douceur reste toujours palpable.    

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Blues Contemporary Blues folk

Ashley Sherlock : elementary

Rayonnant et positif, ce premier album de l’Anglais ASHLEY SHERLOCK est une vraie petite merveille. Aussi à son aise en électrique qu’en acoustique, le musicien de Manchester combine avec talent des élans musclés très Rock avec des instants suspendus où le Blues et la Folk se tiennent côte à côte dans une chaleur et une communion qui font de « Just A Name » un magnifique disque.

ASHLEY SHERLOCK

« Just A Name »

(Ruf Records)

Il n’aura fallu que deux EP (l’un éponyme en 2019 et « If You’re Listening » en 2021) à ASHLEY SHERLOCK pour taper dans l’œil de Ruf Records et se joindre à son beau catalogue. Il faut dire que le songwriter a fait les choses dans les règles, à l’ancienne, en écumant les scènes intensément pour aguerrir son jeu et bien mesurer l’impact de ses compositions. Et le résultat est là avec ce resplendissant « Just A Name ».

Accompagné de Charlie Kay (basse) et Danny Rigg (batterie), c’est donc en trio que se présente le chanteur et guitariste avec un Blues Rock accrocheur, qui laisse cependant beaucoup de respiration. Entre riffs appuyés et accords plus délicats, ASHLEY SHERLOCK propose un univers très varié et assez éloigné des standards classiques notamment dans les sonorités, qui balaient un large spectre.

Le registre est résolument britannique dans le style et le Mancunien y a injecté de multiples influences, dont certaines assez étonnantes. « Just A Name » évolue dans un périmètre dans lequel se côtoient le Blues bien sûr, mais aussi le Rock, le Hard version acoustique et une Folk façon Jeff Buckley, jusque dans sa voix tout en nuances. ASHLEY SHERLOCK signe ici et déjà un grand album.

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folk

Innessa : une touchante simplicité

La musique d’INNESSA ne manque pas de charme et l’Alternative Folk proposée par la chanteuse, guitariste et compositrice s’ouvre à bien des horizons. Avec « Golden Wreath », la Russe installée en Australie partage un univers assez singulier à la fois slave et celtique, Pop et acoustique… Un moment suspendu.

INNESSA

« Golden Wreath »

(Independant)

Variée et lumineuse, la Folk d’INNESSA montre autant de finesse et de délicatesse que de caractère. Arrivée en Australie depuis sa Russie Natale il y a quelques années maintenant, la chanteuse a déjà sorti trois albums et s’affirme au fil de ses productions. Avec « Golden Wreath », elle présente de multiples visages grâce à une voix limpide, douce et tout en poésie.

Si l’âme slave de la songwriter plane sur « Golden Wreath », d’autres sonorités plus étonnantes viennent alimenter la belle diversité de ce quatrième opus. Très personnel sur le morceau-titre, le style d’INNESSA sait aussi se faire acoustique (« Hollow »), Pop (« Wild Horses », « We », « Strange World »), cinématographique (« Wings ») et très envoûtant (« Wave »).

Autofinancé et très bien produit, l’artiste a apporté un soin tout particulier aux arrangements qui restent  sobres et épurés, mais non sans beaucoup de richesse, comme les interventions de violon notamment. D’une belle naïveté sur « Beneath The Azure Skies », INNESSA nous entraîne aussi dans des ambiances celtiques (« Shallop »), avec une flûte enchanteresse. Très réussi !

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folk Rock

Rodrigo Y Gabriela : four-handed power

Issus d’un groupe Thrash dans leur Mexique d’origine, RODRIGO Y GABRIELA n’ont eu aucun mal à convaincre et séduire le public Metal. Malgré des prestations entièrement acoustiques, la fougue et la grande dextérité des deux spécialistes enflamment chacune des scènes où ils se produisent. « Avec « In Between Thoughts… A New World », ils empruntent une nouvelle voie, plus riche encore, et toujours aussi créative.

RODRIGO Y GABRIELA

« In Between Thoughts… A New World »

(ATO/Pias)

De leurs premières prestations à Grafton Street au coeur de Dublin jusqu’à leur Grammy Award 20 ans plus tard en 2020, RODRIGO Y GABRIELA mènent leur chemin avec la même virtuosité que celle qui les anime, guitare en main, depuis leurs débuts. Le duo mexicain (Rodrigo Sànchez et Gabriela Quintero) s’est fait connaître grâce à un jeu extrêmement dynamique et jusqu’à présent entièrement acoustique et d’une intensité hors du commun.

En effet, après cinq albums instrumentaux, RODRIGO Y GABRIELA ont décidé d’étoffer leur répertoire, dont le chant reste toujours absent. Sur « In Between Thoughts… A New World », les deux musiciens intègrent des sonorités de guitare électriques (une première !), mais aussi quelques claviers, des percussions synthétiques et même les cordes de l’Orchestre Symphonique Bulgare dirigé par Adam Ilyas Kuruc. La métamorphose est assez saisissante.

Depuis leur opus précédent, RODRIGO Y GABRIELA ont aussi fait la découverte de la philosophie indienne non-dualiste de l’Advaita Vedanta, dont ils se sont inspirés pour ce nouveau disque. Et ils ne se sont pas pour autant assagis. Cette sixième réalisation fait toujours le pont entre un souffle Rock, Folk et leurs influences latines natales. Avec « True Nature », « Egoland », « Seeking Unreality », ou « Broken Rage », le charme opère toujours.  

Photo : Ebru Yildiz
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Bluegrass Blues folk

Muddy What ? : un élan de spontanéité

Sur des mélodies jouées à la mandoline, des solos cristallins plein de feeling, des rythmiques souples et entraînantes et un chant très attachant, MUDDY WHAT ? diffuse un Blues joyeux et touchant. Avec ce troisième album studio, la formation germanique se livre dans des paysages musicaux surprenants et colorés. « Spider Legs » swingue autant qu’il apaise.

MUDDY WHAT ?

« Spider Legs »

(Howlin’ Who Records)

C’est à une belle balade à travers un Blues original que nous invitent les Allemands de MUDDY WHAT ?. Avec un nom qui déclenche à lui seul le sourire, le groupe relève facilement le challenge qu’il s’est donné à sa création en 2006. Même son line-up est atypique, puisqu’on retrouve Ina Spang (lead guitare et mandoline), son frère Fabian (chant et guitare rythmique) et Michi Lang qui alterne la basse et la batterie.

Originaire de Bavière, MUDDY WHAT ? ne s’impose aucune frontière, même si la formule présentée a des saveurs inspirées du Sud des Etats-Unis. Avec dorénavant quatre albums à son actif, dont un Live, le trio propose pour la première fois un opus entièrement de sa composition. Aucune reprise donc et c’est tant mieux, car le groupe a des arguments à faire valoir et des sonorités très personnelles à livrer.

Enregistré dans un haut lieu du Blues local, « Spider Legs » se déploie justement dans une chaleur très vivante et authentique. Et MUDDY WHAT ? ne manque pas de sincérité dans son jeu, loin de là. Entre Blues flamboyant et escapades Bluegrass et Folk, le combo se montre aussi éclatant que d’une grande finesse (« Dead Cigars », « Much Too Loud », « What Would I Do »). Une fraîcheur incroyable et positive !

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Americana Country folk

Alyssa Bourjlate : intime et radieuse

Même si le style est essentiellement joué en Amérique du Nord, l’Americana qu’interprète ALYSSA BOURJLATE est d’une étonnante authenticité, compte tenu de sa rareté dans l’hexagone. Sur « I’ve Lost Myself On The Way », la chanteuse et compositrice française fait de sa sincérité une force et un atout majeur.

ALYSSA BOURJLATE

« I’ve Lost Myself On The Way »

(Independent)

Après des débuts assez discrets sous son seul prénom et avec deux albums en français, « Insomnie » (2008) et « Mariage Noir » (2010), ALYSSA BOURJLATE prend un virage très Americana, un style peu répandu chez nous et qui marie Country, Blues, Folk, et Rock avec une approche très narrative. Entièrement écrit en anglais, ce troisième opus marque une nouvelle entrée en matière très réussie et particulièrement convaincante.

Soutenue par un groupe de musiciens chevronnés (guitare, basse, batterie, banjo, harmonica), c’est en songwriter avertie que se présente ALYSSA BOURJLATE avec des morceaux très personnels et tout en délicatesse. Ecrit et composé par ses soins, « I’ve Lost Myself On The Way » retrace finalement, et avec élégance, le parcours de la chanteuse ces dix dernières années. L’essence-même de l’Americana…

Très bien produit, l’ensemble est constitué de titres d’une belle unité artistique à la fois intimistes et dynamiques (« High And Dry », « Outlaw », « King Of Sadness », « Never Be Yours »). Par ailleurs, ALYSSA BOURJLATE a eu la bonne inspiration de reprendre « Cry To Me » du grand Salomon Burke et aussi « Losing My Religion » de R.E.M., dont la présence interroge un peu par son décalage. Un disque et une chanteuse à découvrir d’urgence.