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Blues France

Un appétissant et doux fumet

DOO THE DOO

Mené par les frères Jazz, Elmor et Jimmy, DOO THE DOO fait partie des groupes incontournables de la scène Blues hexagonale. Malgré une situation sanitaire incertaine, le quintet vient de sortir « Fishbone Juice », où l’on retrouve avec le même plaisir la fraîcheur et la bonne humeur des Bluesmen. Jimmy Jazz, chanteur et guitariste, nous en dit plus sur ce retour tant attendu.     

–  Vous revenez enfin avec ce nouvel album « Fishbone Juice », qu’on n’attendait presque plus. Vous en avez mis du temps, quel a été le déclic ?

En 2018, Patrick Lecacheur, le président du festival « Bain De Blues », nous avait soumis l’idée d’accompagner Paul Orta pour l’édition 2019 du festival. On avait déjà eu l’occasion de jouer avec Paul dans les années 90 et l’idée nous a tout de suite séduit. Paul était très enthousiaste de faire quelques dates avec nous en France. Tout était calé, sous le nom de « Paul Orta & The Rockin’ Guajillos ». Malheureusement Paul est tombé gravement malade quelques mois avant la tournée et nous avons du annuler sa venue. Nous avons donc assuré le concert sous notre propre nom. Ca a super bien fonctionné et le public était chaud bouillant. Mais malgré les nombreuses demandes, nous n’avions pas de disque à proposer à la fin de notre set ! Quelques jours plus tard, encore dans l’euphorie du concert, on s’est rappelé et on a rapidement pris la décision d’enregistrer un nouvel album.

– Justement, vous le prépariez de longue date ? Ce sont des titres que vous aviez déjà sous le coude ou que vous avez composé récemment ?

Non, on a commencé à travailler sur l’album au milieu du printemps 2019 et à part un titre qu’on avait en « stock », tous les morceaux ont été composés pour « Fishbone Juice ».

– Votre album le plus marquant est « Hex » sorti en 2000. Quelles sont les différences majeures d’avec « Fishbone Juice », selon vous ?

Il s’est passé 20 ans entre les deux enregistrements ! Mais on y retrouve un peu tous les éléments qui constituent l’ADN de DOO THE DOO : Texas Beat, Swamp pop, Rock & Roll, Early Chicago Blues… Mais sinon, on fonctionne toujours beaucoup à l’instinct lorsqu’on travaille un nouveau morceau, on le joue et on sait instantanément si ça va le faire ou pas. On a toujours aussi essayé aussi de privilégier les enregistrements dans des conditions « live ».  La configuration de la salle « Avel Dro » nous permettait de le faire, c’est ce qu’on voulait, pour garder la dynamique du groupe.

 – Malgré la situation actuelle, vous avez décidé de maintenir la sortie de « Fishbone Juice ». L’absence de concerts ne vient pas trop ternir le tableau ?

Initialement, nous devions sortir l’album fin Juin 2020. Suite aux annulations de tous les festivals et concerts de l’été, nous avions pris la décision de repousser la sortie du disque début décembre en espérant que la situation s’améliore. Alors que le gouvernement nous annonçait qu’il était hors de question d’envisager un nouveau confinement, celui-ci est quand même entré en vigueur. Le disque étant déjà parti en fabrication, il nous semblait impossible de repousser une nouvelle fois la parution de l’album.

– 2020 est presque derrière nous, encore un petit effort. Comment envisagez-vous l’an prochain et est-ce que vous parvenez à vous projeter un peu malgré tout, et à mettre des choses en place ?

Tous les corps de métiers liés à la culture vont être fortement impactés par la crise sanitaire. Les artistes, techniciens mais aussi toutes les branches qui vivent du secteur de la culture, les magasins d’instruments de musique, les luthiers, les brasseurs, les prestataires de sonorisation, hôtellerie, restauration, etc… Le réseau des cafés-concerts et des salles de spectacles vont avoir du mal à se remettre de cette crise sans précédent. L’impact négatif va être très difficile à surmonter. Ce n’est pas évident de sortir un disque quand on a si peu de visibilité sur l’année à venir ! On espère en 2021 qu’un retour à la normale puisse se faire rapidement et que les spectacles et les concerts reprennent, car ce sont ces moments de convivialité, de rencontre et de synergie, dont les artistes ont besoin afin de se sentir physiquement confrontés au public. C’est cette interactivité qui impulse l’énergie et engendre la créativité, qui est vitale pour l’avenir du spectacle vivant !

Photo : Thierry Catros.

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France Rock Stoner/Desert

Sur la même longueur d’onde

COFFEE AT NINE

Organique et puissant, ce premier EP éponyme de COFFEE AT NINE  montre une maturité étonnante. Le trio montpelliérain fait preuve d’originalité dans un registre Desert Rock aux accents Stoner et Grunge.  

– Commençons par votre rencontre. COFFEE AT NINE est une aventure très récente…

Nous nous connaissons déjà depuis quelques années, on s’est rencontrés à l’école de musique où nous faisions nos études. Chacun de notre côté, nous avions nos vies et nos projets, jusqu’à que nous fassions notre premier concert en mars 2019. En nous jouions ensembles depuis trois semaines. Pour l’histoire, le groupe avait un premier line-up, sous un autre nom, et c’est l’été dernier que nous avons adopté ce nouveau nom, que nous avons choisi ensembles, et qui nous correspond.

– Quelques mois après votre formation, vous enregistrez déjà un premier EP. Votre complicité et votre complémentarité ont fait des étincelles dès le départ ?

Ça a très bien marché entre nous, dès le départ ! Après nos deux premiers concerts, nous nous sommes retrouvés autour de quelques jams et bières… On prend un réel plaisir à jouer ensemble et il faut dire que ça nous a rendu particulièrement productifs. Nous sommes vraiment sur la même longueur d’onde.

– Vous avez décidé de sortir un EP après quelques mois. Vous étiez trop impatients pour attendre un album complet ?

Dans un premier temps, faire un EP, ça nous a permis de dévoiler notre musique assez rapidement, mais aussi de pouvoir se concentrer sur un nombre minimum de morceaux afin de les optimiser pour qu’ils aient vraiment le rendu qu’ils ont aujourd’hui. Avec ça, on a pu aussi cristalliser la spontanéité du moment. On s’était formés quelques mois auparavant, et cet EP est le témoin de trois potes qui se régalent bien jouer ensemble !

– COFFEE AT NINE a un son très personnel nourri de Desert Rock et de Grunge. Ce sont ces influences (et quelles sont-elles ?) qui vous ont rapproché au moment de fonder le groupe ?

Ce sont effectivement ces influences, c’est aussi cette veine musicale des années 90 qui nous correspond musicalement. On recherche toujours quelque chose de simple, plein d’énergie et qui nous parle avec une certaine fougue. On a tous des influences diverses, allant du Metal, au Jazz et au Rock moderne. Mais c’est le son de cette période qui marche pour nous. Je pense que dans cet EP, on peut entendre des choses comme Alice In Chains, Fu Manchu, QOTSA, Soundgarden…

– Vos morceaux sont à la fois massifs et percutants et pourtant vous mettez également l’accent sur les mélodies et les refrains. Comment faites-vous la jonction entre la puissance et les harmonies ?

En gros, l’idée c’est « on veut des riffs bien épais et des refrains accrocheurs pour que tout le monde puisse s’éclater avec sa bière en concert ». On part du principe qu’on a envie de traduire notre intention dans la musique, et le partager sur scène, et de faire la fête avec les gens qui viennent nous voir. Sur cet EP pour le son, c’est Simon Pillard du Buèges Valley Recording Service, qui s’est occupé de la production de A à Z. Il a fait un travail aux petits oignons, et a su rester fidèle à ce que nous voulions.

– L’adage veut qu’il n’y ait pas de meilleure formule pour le Rock que le power trio. C’est aussi votre sentiment et le line-up le plus efficace pour ce type de musique, selon vous ?

C’est vrai qu’à trois ça fonctionne très bien, on se connait assez pour parfois lâcher les rênes en concert, écrire des morceaux et avoir les mêmes idées, et puis il faut le dire, on a fatalement plus de bières quand on est trois que quatre ! On n’a jamais vraiment réfléchi à un membre en plus, qui sait à l’avenir… Quoique non en fait !

– Malheureusement, votre EP est sorti en plein confinement. Comment avez-vous vécu la situation et comment envisagez-vous l’avenir, même si les concerts ne reprendront pas avant un moment ?

Comme tous les artistes, la situation actuelle n’est pas facile. Effectivement, on ne sait pas quand on va pouvoir retourner sur scène. Nous devions défendre notre EP en avril le jour de sa sortie, mais ça été évidemment compromis. Il en a été de même pour le tournage du clip que nous devions démarrer à cette période. Donc, on en a profité pour explorer de nouvelles idées, on va se concentrer sur l’écriture de nouveaux morceaux, et faire en sorte de partir tourner l’an prochain. On ne lâche rien et de toute façon, on est trop borné pour ça !