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Eva Carboni : the way of the voice [Interview]

Italienne et insulaire, EVA CARBONI n’avait, a priori, pas de prédisposition naturelle pour le Blues. Et pourtant, depuis quelques disques maintenant, elle a parfaitement réussi à imposer sa voix, mais aussi un registre qui parcourt sans retenue, et va même parfois au-delà, l’univers des notes bleues. Ce mois-ci est sorti « Blues Siren », un troisième album qui, comme son nom l’indique, est captivant à plus d’un titre et il est même difficile de s’en défaire facilement. Aujourd’hui installée à Londres, la chanteuse multi-culturelle continue de façonner un chant expressif et sincère entourée d’une équipe de haut-vol. L’occasion de revenir avec elle sur son parcours et également sa vision de la musique, de ce qu’elle apporte et aussi ses intentions pour l’avenir.

– Avant de parler de ce nouvel album, « Blues Siren », j’aimerais que l’on revienne sur ton parcours. Tu es née en Sardaigne, qui n’est pas véritablement une terre de Blues. De quelle manière l’as-tu découvert et surtout comment est venue cette envie de le chanter ?

Tout d’abord, je tiens à te dire que mon père est né et a grandi en France. Alors autrefois, je parlais très bien le français. Mais aujourd’hui, je suis très rouillée ! (Sourires) Il chantait beaucoup quand il était jeune, même s’il s’est ensuite consacré à autre chose. Mais enfant, il me faisait chanter des chansons de Gilbert Bécaud et d’Edith Piaf, assise sur la table de la cuisine pendant qu’il faisait la vaisselle. Dans notre maison, on écoutait toujours beaucoup de bonne musique et dans des styles très différents… C’est comme ça que j’ai découvert Janis Joplin. J’ai alors été frappée par la foudre, alors que je n’avais seulement que 11 ou 12 ans.

– Par la suite, tu es partie pour Los Angeles où tu as obtenu ton diplôme de chant à la prestigieuse ‘Vocal Power Academy’ avec la très réputée Elisabeth Howard. En quoi cette école a-t-elle un passage obligé et est-ce là que tu as véritablement trouvé ‘ta voix’ ?

Oui, la ‘Vocal Power Academy’ est arrivée plusieurs années après. J’ai un peu vagabondé, puis j’ai rencontré Elisabeth Howard en Italie dans une masterclass, et j’en suis tombée amoureuse. Ensuite, je l’ai rejointe à Los Angeles où j’ai pu approfondir mes connaissances avec sa super méthode. J’ai aussi beaucoup travaillé sur moi et sur ma voix, en revoyant finalement tout ce que j’avais appris auparavant. Je voulais qu’elle résonne librement, sans tension et qu’elle devienne un instrument qui me permette d’exprimer tout ce que je ressentais à l’intérieur de moi. Je l’ai ensuite cultivée et soignée avec amour et curiosité.

– Étonnamment, c’est ensuite en Angleterre aux côtés du guitariste et compositeur Mick Simpson que tu trouves l’association parfaite, puisque vous travaillez toujours ensemble. On aura pu penser que tu serais restée aux USA, berceau du Blues, et pourtant c’est à Londres, où tu vis aujourd’hui d’ailleurs, que tu t’épanouies. Tu as plus d’affinités avec le British Blues, ou c’est juste un concours de circonstance ?

Ma rencontre avec mon ami, le grand guitariste et auteur-compositeur-interprète Mick Simpson, m’a fait entrer dans une famille britannique fantastique et magique. Il m’a présenté à mon producteur Andy Littlewood, qui est aussi musicien, auteur, interprète et un compositeur incroyable avec qui je collabore depuis 2017. J’adore chanter du Blues britannique et aussi made in USA. J’aimerais d’ailleurs faire une tournée aux Etats-Unis bientôt et pouvoir rendre visite à mes amis américains.

– Tu es également compositrice et tu co-signes plusieurs chansons de « Blues Siren ». Dans quel domaine interviens-tu le plus ? On imagine que les paroles ont une place particulière dans ton univers musical…

Quand j’ai l’inspiration pour écrire une chanson, elle me vient comme une histoire à raconter. La musique et les paroles naissent pratiquement ensemble. Pour moi, c’est comme recevoir un cadeau et j’en suis très reconnaissante. Je me laisse guider par ma voix intérieure. « Blues Siren », par exemple, m’est venue alors que je réfléchissais à ma vie et à celle de tous mes merveilleux amis, qui ont rendu ce monde plus beau avec leur voix. Cette chanson, sérieuse et avec une légère ironie, contient un peu de moi, un peu de toutes les grandes reines du Blues et un peu aussi des moins connues, mais qui n’en sont pas moins de grandes chanteuses de Blues. Elles ont toutes ouvert leur cœur pour donner de douces émotions à travers leur chant.

– « Blues Siren » est ton troisième album après « Italia Square » (2019) et « Smoke And Mirrors » (2022), auxquels il faut ajouter quelques singles et l’EP « In The Name Of The Blues ». Je me suis amusé à écouter ta discographie de manière aléatoire et c’est incroyable de voir à quel point il y a une intemporalité dans ta musique au point que c’est difficile de dater tes chansons. Est-ce que c’est ce que tu cherches avant tout à travers tes disques ? Qu’ils soient hors du temps ?

Oui… Avec Andy, on suit le flux du moment. C’est aussi parce que, pour moi, le temps n’existe pas… Mais là, c’est un peu plus compliqué à expliquer ! (Sourires) Et je suis très contente que tu aies écouté toute ma discographie, merci !

– « Blues Siren » vient donc tout juste de sortir, mais il y a quelques mois tu nous as fait patienter avec l’EP « In The Name Of The Blues », qui est d’ailleurs plus Rock et plus rugueux que ton répertoire habituel. Pour quelles raisons as-tu sorti ce format-court ? Ce sont des chansons que tu avais de côté depuis un moment déjà, ou est-ce peut-être parce qu’elles ne s’intégraient pas vraiment dans ce troisième album ? Car il est assez différent, y compris dans le son…

En fait, « In the Name of the Blues » est arrivé comme un double-single avant la sortie de l’album. Et comme nous avions déjà beaucoup de chansons, c’est devenu un EP. Nous avions un tas d’idées et nous y sommes allés doucement ! Cela dit, même sur « Blues Siren », il y a beaucoup de Rock, des chansons comme « Don’t Get In My Way », « Walking A Tightrope », ou « Alive And Breathing » le sont définitivement. L’album alterne avec des morceaux aux saveurs différentes et qui vivent tous ensembles en harmonie.

– Vocalement, tu t’inscris depuis tes débuts dans la tradition des grandes chanteuses de Blues et de Soul comme Etta James ou Aretha Franklin, grâce à une voix à la fois sensuelle et puissante. Curieusement, tu vas un peu à contre-courant des chanteuses actuelles qui jouent un Blues moderne plus Rock et explosif. Est-ce que, finalement, le secret ne vient-il pas du travail que tu fais sur les atmosphères ?

Comme je te le disais, j’aime beaucoup jouer avec ma voix et c’est souvent la chanson qui m’inspire et m’invite à la suivre. Sur certains titres, je chante ce que je suis, dans d’autres, je raconte une histoire en étant spectatrice. Cela peut se faire de manière plus intime, limpide ou explosive. Dans le monde du Blues, il y a beaucoup de chanteuses et de chanteurs fantastiques et authentiques et chacun suit ce qu’il ressent à ce moment-là. Cette diversité est belle et c’est génial qu’elle existe. Je n’aime pas me coller une étiquette et je ne pense pas que quiconque aime cela d’ailleurs. Beaucoup d’artistes, femmes et hommes, ont toujours aimé parcourir ce style à travers différentes atmosphères et expérimenter en permanence.

– D’ailleurs, si tu évolues dans un registre Blues au sens large du terme, il y a de nombreuses influences Soul et Jazzy avec un côté feutré et une certaine dramaturgie dans ton répertoire. C’est finalement cette chaleur très présente sur tes albums que tu recherches tant dans les textes que musicalement, comme une façon de capter intensément l’attention de l’auditeur ? On a presque le sentiment que tu ne veux rien manquer du vaste monde du Blues. Et en fin de compte, rien ne te résiste, non plus. C’est important pour toi de ne pas te restreindre à un seul courant ?

J’ai eu la chance d’étudier intensément de nombreux styles vocaux et chacun m’a laissé quelque chose. Au départ, le Blues ne nous est pas venu très naturellement, à nous les Européens. C’est une question de culture, bien sûr. Nous ne sommes pas nés noirs, ni en Amérique. Mais nous pouvons nous imprégner, écouter et intégrer en nous ce qui vient de ceux qui ont respiré le Blues depuis leur enfance et nous l’approprier à notre manière. Elisabeth m’avait dit une fois qu’elle avait même dû enseigner le Blues à des élèves noirs, qui avaient été adoptés par des blancs en Amérique.

– Juste avant « Blues Siren », tu as aussi sorti quelques singles comme « Winter Of 51 », « The Magic » et une version étendue incroyable de « Call My Name », toujours avec ton complice Mick Simpson. Ce sont des chansons qui n’étaient pas prévues pour un album, ou est-ce que, dans ce nouveau monde numérique, c’est aussi une façon de rester présente pour tes fans et à travers les réseaux sociaux ?

Parfois, Andy et moi essayons de tenir compagnie à nos amis et aux fans qui nous suivent avec quelques chansons, même en version single ou sur un EP. On le fait en attendant l’arrivée du nouvel album qui, comme tu le sais bien, demande parfois un peu plus de temps que prévu. « Winter Of 51 » et « Call My Name » font toutes deux partie d’un album. Pour « Call My Name », Mick avait joué un très long et très beau solo en studio. C’était si intense et touchant que nous avons décidé de le présenter dans une version augmentée. « The Magic », quant à elle, est une chanson que nous avons sortie à Noël dernier. Elle est pour moi très spéciale et sincère.

– Enfin, 2024 a été une belle et riche année pour toi avec un EP et un album complet. J’imagine que 2025 sera consacrée essentiellement à la scène, à moins que tu ne travailles déjà sur le successeur de « Blues Siren » ?

Oui, je compte désormais me consacrer intensément au live et avec un super groupe anglais. Mais… De nouvelles chansons bourdonnent déjà dans nos têtes. Je vous tiendrai au courant de tout ça plus tard ! (Sourires)

Le nouvel album d’EVA CARBONI, « Blues Siren »  est chez Mad Ears Productions et sur le site de l’artiste : https://evacarboni.com/

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Black Metal

Gallic Hammer : la férocité des anciens

Grâce à un travail remarquable sur les voix et la percussion des morceaux, GALLIC HAMMER offre un voyage captivant au cœur de l’univers du Black Metal. En traversant le genre depuis son format originel, agressif, puissant et épique, vers des ambiances flirtant avec un post-Black plus harmonieux et mélodique, son créateur helvète marie une forme classique avec une interprétation très actuelle et fluide. « Echoes Of Ancestral Battles » dispatche des éléments mystiques, qui viennent se fondre dans une matière souvent violente, qui finit par nous happer.

GALLIC HAMMER

« Echoes Of Ancestral Battles »

(Orko Productions)

Malgré les apparences, le Black Metal regroupe en son sein un grand nombre de courants, ainsi que des line-ups assez différents. Aussi, le one-man-band est un exercice à part entière qui est souvent le fruit de multi-instrumentistes estampillés underground, désireux de mettre leur expérience de groupe en stand-by, voire de s’en éloigner. Parmi eux, on peut citer les plus influents comme Burzum, Vinterriket, Nortt, Arckanum, Satanic Warmaster ou Nattefrost. Mais celui qui nous intéresse ici est GALLIC HAMMER, originaire de Suisse.

Aux commandes du projet, on retrouve Katurix qui l’a initialisé en 2019 et a sorti une première démo avant de se mettre sur pause. 2024 est donc l’heure du renouveau pour GALLIC HAMMER, qui entend apporter sa contribution à l’esprit Black Metal 90’s, tout en lui insufflant de la modernité notamment au niveau du son. En ce sens, « Echoes Of Ancestral Battles » bénéficie d’une bonne production, d’un mix bien équilibré et surtout d’une volonté franche d’éclectisme dans l’approche des six titres de ce nouvel EP.

GALLIC HAMMER semble vouloir passer en revue ce qui fait l’essence-même du style en plongeant dans des narrations épiques héritées de la mouvance viking, des récits guerriers issus d’un registre traditionnel brutal, ainsi que des passages plus éthérés et atmosphériques qui laissent place à d’audacieuses orchestrations. Dévastateur souvent, raffiné aussi, « Echos Of The Ancestral Battles » est la réalisation mature et très convaincante d’un musicien expérimenté (« Winter Moon », « Taïga », « Fall Of The Warrior King » et le morceau-titre).

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Metal Progressif

Wire Edge : une puissante sérénité

Toujours aussi précis dans la structure de ses morceaux, WIRE EDGE se présente avec un format court après des débuts enthousiasmants en 2020. Loin des stéréotypes, le groupe affiche beaucoup de liberté et d’audace sur ce « Salt Of The Earth » assez surprenant. Sur 25 minutes intenses, on évolue dans un Metal Progressif tout en variation, inspiré et aussi plus chaleureux que précédemment. Les Français ont pris du volume, de l’expérience et cela s’entend.

WIRE EDGE

« Salt Of The Earth »

Apparu il y a quatre ans avec un premier album convaincant, « Workhorse Empire », une petite année seulement après sa création, WIRE EDGE donne enfin une suite à son aventure. Cependant, pas de deuxième opus pour le moment, mais un EP de quatre titres encore une fois très prometteur et à la direction musicale quelque peu différente. Les aspects plus Dark se sont dissipés au profit d’un Metal Progressif plus resserré et, de fait, plus efficace dans le songwriting, tout en restant très élaboré et subtil.

Techniquement, WIRE EDGE montre toujours la même facilité d’interprétation, malgré des compositions parfois tortueuses. Avec beaucoup de maîtrise et une personnalité qui s’affine, le quatuor s’est concentré sur quatre morceaux aux durées variées et dont les atmosphères ont cette fois un aspect peut-être plus abordable. C’est « Hollow places » qui ouvre le bal et qui fait un peu figure de longue intro sur un rythme posé et sans batterie, où le travail sur les voix, qui rappellera Metallica à certains, est particulièrement soigné.

Trois petites minutes plus tard et sur un enchaînement parfait, c’est le morceau-titre qui semble libérer les Parisiens, tant l’édifice se met à trembler pour s’étendre sur plus de huit minutes. C’est d’ailleurs aussi le cas sur « Cities Of None », sorte de titre jumeau où le côté Metal de WIRE EDGE prend le dessus entrecoupé de quelques passages aériens bien sentis. Enfin, sur « Towers », le combo se livre sur un format plus ‘classique’ et accrocheur. « Salt Of The Earth » est finalement très complet… mais bien trop court !

« Salt Of The Earth » de WIRE EDGE est disponible sur toutes les plateformes.

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Classic Rock Hard Blues

Lions In the Street : on the hunt

On n’en voudra pas à LIONS IN THE STREET d’être allé puiser dans de vieux morceaux pour constituer ce « Moving Along », bien au contraire. Sur une production tonique et vive, le quatuor américano-canadiens annonce la couleur et donne le ton. Rock’n’Roll jusqu’au bout des doigts, parfois bluesy, toujours groovy et avec un petit côté sudiste qui leur confère une saveur légèrement vintage, les lions entrent dans l’arène et ne font pas dans le détail. Réjouissants, imperturbables et honnêtes, les quatre musiciens se révèlent comme les prétendants à une relève très attendue. Un magnifique pavé dans la marre ! 

LIONS IN THE STREET

« Moving Along »

(Interior Castle Music)

Fondé en 2006, l’histoire de LIONS IN THE STREET a de quoi laisser songeur. Alors que le groupe avait toutes les cartes en main pour mener à bien une belle carrière, il n’en fut rien, même s’il n’est jamais trop tard, bien sûr. Managé par Allen Novac (Mötley Crüe, Blondie), signé chez TVT Records (Nine Inch Nails), puis 604 Records (Nickelback), le quatuor a tout envoyé balader et s’est retrouvé blacklisté par une industrie musicale rancunière. Mais après une longue traversée du désert, le retour est enthousiasmant et sonne comme une belle revanche.

Après deux Eps (« Cat Got Your Tongue » en 2006 et « On The Lam » en 2013), le combo, composé pour moitié de Canadiens de Vancouver et d’Américains de San Diego, a également sorti un premier album, « The Years » en 2016. Mais tout ceci s’est passé relativement dans l’ombre, sous les radars, ne parvenant pas à capter la chaleur des projecteurs pourtant bien méritée. Cette fois, Sean Casey (guitare), Enzo Figliuzzi (basse) et les frères Kinnon (Chris au chant et à la guitare et Jeff à la batterie) font rugir LIONS IN THE STREET pour de bon !

Et le bouleversement à l’œuvre avec l’avènement des plateformes et des réseaux sociaux a aussi bien aidé et ragaillardi la formation, qui fait son retour le couteau entre les dents. Armé d’un Classic Rock musclé et un brin arrogant, elle déroule ce « Moving Along » frais et fougueux avec une volonté exacerbée. Situé quelque part entre les Rolling Stones (même tout près !) et les Black Crows, LIONS IN THE STREET s’affirme à travers des titres entêtants (« Already Gone », « Gold Pour Down », « Shangri La », « Moving Along », « Truer Now ») Intègre !

(Photo : Gregory Crowe)

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International Stoner Doom Metal

Slower : unslayerized [Interview]

En janvier dernier, un sextet aux horizons diverses avait bouleversé une institution du Metal en passant au spectre du Doom un répertoire quasi-intouchable. Composé de membres de Fu Manchu, Year of the Cobra, Kylesa, Lowrider, Kyuss et Monolord, SLOWER s’était approprié des morceaux de Slayer en leur infligeant un traitement très particulier… et le résultat était renversant ! Cette fois, avec « Rage And Ruin », c’est en trio que Bob Balch (Fu Manchu) à la guitare, Amy Tung Barrysmith (Year of the Cobra) à la basse et au chant et Esben Willems (Monolord) à la batterie remettent ça avec la surprise d’y aller aussi de leurs propres compositions. Le porteur du projet, et six-cordiste très ‘Fuzzy’ s’il en est, et la frontwoman du combo reviennent sur cette deuxième réalisation…  

– Bob, au moment de concrétiser vraiment le projet, est-ce que tu as longtemps cherché le son de guitare le mieux adapté au registre de Slayer, ou s’est-il imposé rapidement à toi ?

Le son de guitare est arrivé assez rapidement, en fait. Je voulais qu’il soit aussi fuzz que possible, mais qu’il reste néanmoins très épais et fuyant avec des palm mutes prononcés. On ne peut pas jouer des chansons de Slayer sans palm mutes (une technique qui consiste à étouffer les cordes avec la paume de la main – NDR). Alors, j’ai installé une tonne de pédales fuzz avec différents drives, et c’est après avoir testé pas mal de choses que j’ai opté pour la meilleure combinaison que j’ai pu trouver.

– Amy, comment l’adaptation s’est-elle effectuée pour toi, d’abord au chant ? D’ailleurs, cette fois, tu joues également de la basse et du piano. C’est quelque chose qui t’avait manqué sur le premier album ?

En fait, ça s’est plutôt bien passé. Je me suis référée aux chansons originales uniquement pour déterminer où les voix devaient se placer. Mais j’ai essayé de garder l’esprit ouvert en ce qui concernait les mélodies. Et il n’y en a pas beaucoup dans les chansons originales de Slayer. J’ai donc pu laisser libre court à ma créativité dans l’interprétation. Et j’ai vraiment aimé explorer toutes sortes de choses, puis les instructions d’Esben (Willems, batterie – NDR), lorsqu’il m’a contacté pour la première fois, ont été essentielles. Il m’a dit : ‘fais ce que tu veux !’ Et j’ai vraiment pris ça à cœur.

En ce qui concerne la basse et le piano, au moment où j’ai rejoint le projet, nous avions déjà Peder (Bergstrand de Lowrider – NDR) à la basse. Il est tellement talentueux et il a fait un travail tellement incroyable que je n’ai pas pu imaginer qu’il en soit autrement que ce qu’il avait joué. J’ai donc suivi cette ligne. Et en ce qui concerne le piano, il ne semblait pas y avoir de réelles nécessités sur le premier LP, donc je ne pense pas qu’il manquait quoi que ce soit.

– Bob Balch –

– SLOWER a commencé avec un line-up de six musiciens et vous évoluez aujourd’hui en trio sur l’album. En quoi cela a-t-il changé votre jeu et votre approche à tous les deux sur « Rage And Ruin » ?

Bob : Je ne sais pas trop, si cela a changé grand-chose, en fait. Sans doute un peu, oui. Amy a dû en faire plus, parce qu’elle joue de la basse et elle chante. Mais de mon côté, mon approche a été similaire à celle du premier album, excepté dans l’écriture des morceaux originaux.

Amy : Je ne crois pas que ça a beaucoup changé. Au niveau vocal, j’ai abordé le projet de la même manière. Ajouter la basse, c’était juste voir les choses sous un angle différent, mais rien de très nouveau finalement. Pour les morceaux originaux, en revanche, cela a demandé certainement une approche différente, car nous n’avions jamais écrit ensemble auparavant. Et puis, nous étions à distance tout le temps. Cela dit, je m’attendais à ce que ce soit plus difficile, mais j’ai été très surprise de la facilité avec laquelle nous avons travaillé tous ensemble et de la rapidité avec laquelle nous avons pu assembler ces chansons. C’était assez fluide et très amusant.

– Vous venez tous les deux de la scène Stoner et vous vous frottez régulièrement au Doom (notamment Amy). Qu’est-ce qui peut paraître insurmontable lorsqu’on transpose des morceaux de Thrash Metal dans un registre comme celui-ci ?

Bob : Nous avons essayé une première chanson de Slayer et il est devenu très clair dès le début qu’elle ne voulait pas du traitement Doom Metal. Je suppose que les riffs donnent la voie et ils ont assez mal réagi à une telle chose cette fois-ci. La plupart des chansons mid-tempo acceptent assez bien une approche Doom plus lente. Mais celles-ci ne l’étaient tout simplement pas ! (Rires)

Amy : Honnêtement, j’adore faire ça avec les chansons : ralentir les chansons rapides, accélérer les chansons lentes, etc… Juste faire la maligne et voir ce qui se passe ! On ne sait jamais, il peut y avoir des surprises. Mais comme l’a dit Bob, ça ne marche pas toujours. L’un des titres sonnait plutôt bien au ralenti, mais une fois que j’y ai ajouté des voix, ça sonnait clairement très, très mal. Nous l’avons rapidement mis à la poubelle, après que tout le monde ait bien rigolé ! (Rires)

– Amy Tung Barrysmith –

– Le premier album était entièrement dédié à Slayer et à cinq de ses morceaux les plus emblématiques. Avec « Rage And Ruin », vous reprenez deux des trois titres de l’EP « Haunting The Chapel », sorti il y a 40 ans déjà et qui avait été un tournant pour le groupe. C’est un choix étonnant compte tenu de cette vaste discographie. L’idée était-elle de surprendre ?

Bob : L’idée initiale était de reprendre l’intégralité de ce premier EP. Une fois que nous avons réalisé qu’une des chansons n’était pas réalisable, la décision qui a suivi a été de commencer à travailler sur des chansons originales. Je suis content que nous nous soyons embarqués là-dedans. A mon avis, elles sont vraiment bonnes.

– La grande nouveauté sur « Rage And Ruin » est donc l’apparition de quatre morceaux originaux. Du 100% SLOWER ! Dans quel état d’esprit avez-vous abordé ses nouvelles compositions et l’objectif était-il aussi de coller au plus près aux reprises et donc à Slayer ?

Bob : J’ai vraiment puisé dans tous les trucs de Slayer pour écrire les originaux. Cependant, mon objectif principal est toujours de m’assurer qu’il y ait des BPM différents, des tonalités divergentes et des structures de chansons nouvelles, lorsque je compose pour un album. Je savais qu’une fois que nous aurions la version d’Esben sur les mélodies, puis le chant et la basse d’Amy, les chansons prendraient forme et trouveraient leur propre voie, leur identité.

– Esben Willems –

– Ces nouveaux morceaux se fondent parfaitement dans la sonorité des covers et il y a une réelle identité musicale qui émerge aussi. Est-ce que vous considérez tous les deux « Rage And Ruin » comme le véritable acte de naissance de SLOWER ?

Bob : Oui, bien sûr, étant donné que c’est la première fois que nous nous essayons à des morceaux originaux.

Amy : Absolument. Dès que nous avons commencé à écrire nos propres textes, nous avons compris que nous étions en train de créer quelque chose de très intéressant.

– Est-ce que maintenant que vous avez franchi l’étape de la création originale, le ‘Rubicon’ en quelque sorte, un nouveau chapitre s’ouvre pour SLOWER avec peut-être déjà quelques idées en tête ?

Bob : Il y a toujours des riffs qui circulent, bien sûr. J’aimerais beaucoup faire un album complet avec uniquement des morceaux originaux.

– Au fait, est-ce que vous avez eu des retours des membres de Slayer depuis le premier disque et ont-ils écouté celui-ci ?

Bob : Gary Holt nous a donné son feu vert, il m’a dit que c’était très ‘Heavy’ ! (Sourires)

– Enfin, j’aimerais savoir si vous allez prendre la route pour défendre ce nouvel album ?

Amy : Nous avions l’intention de le faire ce mois-ci, mais il y a eu des imprévus dus à des circonstances familiales. En tout cas, j’adorerais jouer ces chansons en live quand le moment sera venu.

« Rage And Ruin » de SLOWER est disponible chez Heavy Psych Sounds.

Retrouvez la chronique du premier EP :

Photos : Amy (crédit : A.F. Cortes) et Esben (crédit : David Duis)

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Blues Blues Rock Chicago Blues

ZZ Ward : une énergie sans filtre

Chacune de ses réalisations est toujours surprenante et avec « Mother », ZZ WARD ne déroge pas à la règle. Imprévisible, c’est sur le légendaire label Sun Records qu’elle publie cette fois quelques chansons. Avec beaucoup de vitalité, elle témoigne de ses expériences en tant que mère. Vulnérable et forte, elle n’élude aucun passage et aborde plusieurs domaines de la parentalité en jouant aux montagnes russes. Ca sent le vécu et lorsque tout cela est décliné dans un Blues épuré, où se croisent instants Gospel et envolées de cuivres sur des guitares ardentes, on ne peut que tomber sous le charme. 

ZZ WARD

« Mother »

(Sun Records)

Un an tout juste après l’excellent et très éclectique « Dirty Shine », la néo-Californienne originaire de l’Oregon fait un retour express, mais très qualitatif, avec « Mother ». Composé de six titres, ZZ WARD apparait cette fois sur Sun Records et livre ses sentiments sur les sensations que procure la maternité. Et plutôt que de se disperser, ce qu’elle fait d’ailleurs très bien, c’est dans un registre Blues très roots qu’elle a choisi d’évoluer. Et il faut reconnaitre que l’approche très sincère et authentique du style s’y prête à merveille. Avec une attitude totalement décomplexée, on ne peut que succomber à autant de fougue et de vérité.

C’est une sorte de retour à ses premières amours pour ZZ WARD qui renoue avec ses racines musicales dans une version très brute et profonde. D’ailleurs, ce nouveau format court réserve aussi quelques surprises, la songwriter étant pleine de ressources. L’intensité passionnée et l’énergie sans filtre qui émanent de « Mother » nous rappelle à quel point elle est une incroyable chanteuse et une multi-instrumentiste de haut vol. Elle prend beaucoup de plaisir à explorer ses six chansons en les révélant sous un jour nouveau et un son également différent. Directe et sans détour, on brûle avec elle dans ce (trop !) court moment musical. 

L’Américaine ouvre son EP avec le morceau-titre, gorgé de riffs épais et sur un ton puissant, histoire de poser l’ambiance. La production très live et Rock’n’Roll de « Mother » et « My Baby Left Me » accentue cette impression d’urgence et ce dynamisme. Puis, ZZ WARD reprend « Put My Gun Down » et « Lil Darling » de son dernier opus en leur offrant un traitement de choc. « I Have No One » est l’instant le plus tendre et sa voix monte encore d’un cran dans l’émotion. Vocalement irrésistible, elle plonge ensuite dans un Chicago Blues vif sur « Cadillac Man », sorte d’hommage appuyé et généreux à l’esprit agité du Blues. Une tranche vie sans far.

Retrouvez la chronique de son dernier album :

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Classic Rock Hard 70's

Winecraft : pied au plancher

Même si les influences sont manifestes, tout comme l’intention d’ailleurs, la formation de l’Est de la France nous embarque 50 ans en arrière au temps des pionniers et des légendes du Hard Rock et du Classic Rock. Pourtant, le propos de WINECRAFT est très actuel, seule sa musique libère une couleur vintage. Costaud et mélodique, il invoque les névroses de notre époque et ne boude pas son plaisir à faire de ces tensions des envolées inspirées et entêtantes. Une entrée en matière très réussie avec ce « Witchcraft’n Excess Wine » relevé.

WINECRAFT

« Witchcraft’n Excess Wine »

(Independant)

De toute évidence, il souffle un air de revival sur le Rock actuellement (c’est cyclique, comme dirait l’autre !) et la scène française commence à tirer son épingle du jeu dans le domaine. Bien sûr, on ne peut ignorer les deux beaux représentants issus des terres bretonnes, Komodor et Moundrag (et leur fusion !), et il faut dorénavant mentionner également WINECRAFT, dont le premier effort s’inscrit dans cette même veine. Le Classic Rock du quintet évoque bien entendu, et avec beaucoup d’efficacité, les 70’s et leur grain de folie.

Récemment rassemblés du côté de Strasbourg, les membres du groupe se sont déjà aguerris au sein d’autres formations, puis ont enchaîné avec quelques concerts. Car, c’est justement l’ADN et le nerf de la guerre chez WINECRAFT : la scène ! Ça l’est même au point que « Witchcraft’n Excess Wine » a été enregistré dans des conditions live, afin de capter au mieux l’énergie et la fougue de ses six morceaux… auxquels il faut d’ailleurs ajouter un septième issu en l’occurrence d’une prestation en public (« Who’ll Make It Out Alive ? »).

Bien produit, ce premier EP, long d’une bonne demi-heure tout de même, expose ce son brut et organique, qui constituait la saveur et l’authenticité de cette époque bénie si créative. WINECRAFT maîtrise et connait son sujet, ce qui lui offre une évidente légitimité et une belle crédibilité dans ses compos. Musicalement, l’ambiance renvoie à Led Zeppelin, l’orgue à Deep Purple et certaines parties vocales à Motörhead. Autant dire qu’on s’y sent bien et « Witchcraft’n Excess Wine » régale (« A Protest Love Song », « Back In Town »).

(Photo : Les Photos d’Alumine)

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Post-Metal

Le Grand Déclin : ascensionnel

Pour produire un tel premier opus, fut-il composé de seulement quatre morceaux, il faut un minimum d’aplomb et surtout, en plus des qualités techniques et d’interprétations inhérentes, une solide envie de bousculer quelques codes établis. C’est précisément l’intention qui anime LE GRAND DECLIN et qui rend sa musique si attirante. Le travail sur les voix et les guitares est remarquable, tandis que la rythmique nous porte vers des sommets avec une puissance et une finesse redoutable. A suivre donc de très près…

LE GRAND DECLIN

« Le Grand Déclin »

(Independant)

La tendance actuelle est au format court, mais il en sort tellement qu’il devient difficile d’en faire le tri, le plus souvent aussi de se faire une idée d’un groupe et surtout d’émerger de ce flux incessant. Cependant, à l’heure où certains publient des albums dépassant tout juste la demi-heure, d’autres font de même avec un EP de quatre titres. C’est donc à travers des morceaux assez longs (de six à huit minutes) que LE GRAND DECLIN a décidé de diffuser son premier effort éponyme. Et le post-Metal qu’il propose est captivant à bien des égards.

C’est la rencontre entre Lussi (MyPollux, Lussi In The Sky) et MaaAx (The Etherist, Dawn Of The Tigers) qui a donné vie à ce nouveau combo de la scène française, et l’audace dont il fait déjà preuve laisse augurer d’un avenir plus que prometteur. D’autant que le duo n’a pas fait les choses à moitié, puisqu’il a confié le mix au grand Chris Edrich (Leprous, Klone, The Ocean, TesseracT) pour un résultat largement à la hauteur de ses compostions. D’entrée de jeu, LE GRAND DECLIN prend déjà de la hauteur et c’est une très bonne chose.  

Homogène et bien structuré, « Le Grand Déclin » doit aussi beaucoup à l’état d’esprit peu conventionnel de la formation. Car, outre Lussi au chant et MaaAx à la guitare et à la basse, le duo créateur (et créatif) accueille aussi Aurélien Ouzoulias (Mörglbl, Satan Jokers) derrière les fûts et il offre beaucoup de relief à l’ensemble (« The Church of Blasphemy », « Black Star »). Aguerri, LE GRAND DECLIN se meut dans des atmosphères aussi mélancoliques que polymorphes, guidé par des voix claires et growlées. Des débuts savoureux et saisissants.

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Contemporary Blues Soul / Funk

Caitlin Krisko & The Broadcast : soulful reverberations

Avec « Blueprints », CAITLIN KRISKO & THE BROADCAST semble franchir un cap et même si on devra se contenter de six titres, on reste sous le charme de ce nouvel, et bien trop court, effort. Avant une tournée anglaise à la rentrée, le quatuor se présente au meilleur de sa forme et la performance vocale de sa chanteuse est tout simplement époustouflante. Avec beaucoup de force et d’authenticité, elle captive grâce à des variations toute en puissance et terriblement mélodiques.    

CAITLIN KRISKO & THE BROADCAST

« Blueprints »

(Independant)

Après l’excellent « Lost My Sight » paru en 2020 et qui avait déjà posé les solides fondations de THE BROADCAST, c’est avec l’EP « Blueprints » que les Américains font leur retour. Cette fois, leur chanteuse et parolière CAITLIN KRISKO y a ajouté son patronyme, peut-être pour mieux marquer de son empreinte ce nouveau format-court, mais pas seulement. Il faut préciser que les six morceaux ont un côté très personnel et introspectif dans la mesure où la frontwoman a récemment perdu sa mère et nombre des émotions traversées ici y font directement référence, rendant ce Blues teinté de Soul et de Rock plus émouvant encore.

Si le premier album avait une couleur peut-être plus roots et brute avec un jeu plus direct, sur « Blueprints », CAITLIN KRISKO & THE BROADCAST joue la carte de l’émotion et la chanteuse est réellement au centre de toute l’attention. Née à Détroit et ayant grandi à New-York, c’est désormais dans la ville d’Asheville en Caroline du Nord qu’elle est basée et sans tomber dans un registre clairement Southern, des sonorités et des intentions très Soul se dégagent du EP, notamment sur les très bons « Haunted By You », Have To Say Goodbye » « Blue Monday », les chansons les plus touchantes.

Déchirante souvent, CAITLIN KRISKO fait parler la puissance de sa voix tout en faisant preuve de beaucoup de sensibilité et d’une folle énergie, comme sur le très funky et enthousiasmant « Devil On Your Side », qui ouvre cette nouvelle réalisation. Et que dire de ses camarades qui élèvent THE BROADCAST sur chaque titre ! Sur une production limpide, le groove et les arrangements très soignés prennent une dimension enchanteresse, comme sur le dynamique « Piece Of You » et l’entêtant « Operator ». Très moderne dans son approche, « Blueprints » montre un large spectre musical, et on attend la suite rapidement.

Catégories
Alternative Metal Melodic Rock

Braindrag : Spanish race

Si l’Espagne se fait assez discrète sur la scène Metal européenne, elle n’en demeure pas moins active et inspirée. Et BRAINDRAG fait une belle entrée en matière avec « Coure Roent », un premier opus qui en dit long sur les intentions et la motivation du combo. Avec à sa tête une chanteuse à la voix chaude, puissante et qui chante presqu’intégralement dans sa langue maternelle, le catalan, le quatuor évolue dans un Alternative Metal ancré dans son temps et très percutant.

BRAINDRAG

« Coure Roent »

(Wormholedeath Records)

Fondé il y a un peu moins de dix ans à Barcelone, BRAINDRAG est typiquement de ces groupes dont on apprécie la technique, la persévérance et l’humilité. Créé par le guitariste Enric GS, c’est avec l’arrivée de Mirea Pérez au chant que les choses se sont  accélérées avec l’EP « Atreverme » (2019), reprenant d’anciennes chansons issues de « One » (2017) et « Soñar » (2018), ses deux précédents formats courts. Ce premier album marque donc le franchissement d’un cap et impose le style des Espagnols.  

Dans un Alternative Metal solide (Lorenç Arbonés à la batterie et Gon Tello à la basse y sont aussi pour beaucoup) et également assez sensuel grâce à sa frontwoman, BRAINDRAG présente des morceaux bien structurés, mélodiques et accrocheurs. Et là où il sort son épingle du jeu et se montre original, c’est que l’essentiel de « Coure Roent » est chanté en catalan, une belle preuve d’indépendance au regard d’une industrie musicale dominé par une influence anglophone omniprésente.

Pour autant, BRAINDRAG n’a rien d’exotique et emprunte même de nombreux courants actuels du Metal et du Rock, ce qui rend son jeu très moderne. Des sonorités orientales de  « Pro Human Race » au plus progressif et massif « Rhapsody » qui clôt l’album, le quatuor est très volontaire, vif et créatif en multipliant les atmosphères. Ce mariage entre Melodic Rock et Hard Rock, avec une touche Heavy tranchante, prouve que la formation ibérique en a sous le pied et qu’elle est prête à déferler hors de ses frontières.

(Photo : Raquel Garcia)