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Fu Manchu : un mythe intact [Interview]

Pilier et pionnier du Stoner Rock aux saveurs largement Desert et Space Jam dans l’esprit, FU MANCHU mène une carrière exemplaire, parvenant sans cesse à rester très prolifique au sein-même du groupe comme en dehors. Avec « The Return Of Tomorow », le quatuor du sud de la Californie est parvenu à une synthèse parfaite de l’évolution musicale qui les caractérise depuis toutes ces années. Lourd, aérien, délicat et accrocheur, ce nouvel opus s’apprête à déferler sur scène et c’est encore son guitariste, Bob Balch, qui en parle mieux.

Photo : Thom Cooper

– L’an prochain, FU MANCHU célèbrera ses 40 ans d’existence et un très beau parcours. Vous avez commencé en jouant un Punk Hard-Core avant de côtoyer ses sonorités plus Hard Rock pour enfin donner naissance au Stoner et au Desert Rock. Que retiens-tu de cette évolution ? Te paraît-elle assez naturelle avec des étapes finalement nécessaires ?

J’ai rejoint FU MANCHU en 1997, donc le son était déjà plutôt bien établi à ce moment-là. Tu sais, je connais des tonnes de musiciens, qui sont passés du Punk Hard-Core au Heavy Rock des années 70. Pour ma part, j’ai commencé avec des groupes de Heavy Metal de la fin des années 70, puis j’ai découvert le Punk Rock, donc c’est un peu l’inverse me concernant, mais mélanger les deux styles fonctionne totalement !

– Ca, c’est pour l’aspect musical de FU MANCHU, mais qu’en est-il des textes et des thématiques que vous abordez ? Est-ce que, de ce côté-là aussi, il y a eu de profonds changements et peut-être des remises en questions à un certain moment ?

En ce qui concerne les textes, ce serait plutôt une question à poser à Scott Hill. D’après ce que j’en comprends, il s’agit principalement d’inspiration de films de série B et de blagues internes, des sortes de ‘private jokes’. Mais je pense que cela va bien plus loin que cela.

Bob Balch – Photo Visions In Pixels

– Est-ce que lorsqu’on fait parti du processus de création du Stoner/Desert Rock, comme c’est le cas pour FU MANCHU et quelques autres, on se sent un peu le gardien du temple ? Ou du moins le garant d’un style qu’il faut peut-être préserver, mais également faire évoluer ? 

Pas vraiment, en fait. Au départ, nous n’avions pas vraiment l’intention de créer un son Stoner Rock. Le terme ‘Stoner Rock’ nous est même venu plus tard. Et puis, je pense que chaque style doit également évoluer. Je suis super content quand j’entends un groupe qui pense et qui joue en dehors de son genre d’origine en allant toujours de l’avant.

– Il a fallu attendre six ans pour que vous livriez ce 14ème album, « The Return Of Tomorrow ». Pourtant, FU MANCHU a été très actif avec un album live, des rééditions, trois Eps et même la bande originale d’un documentaire, sans compter vos tournées. Vous êtes vraiment un groupe d’hyperactifs, et on reviendra aussi sur tes projets personnels plus tard. Est-ce qu’avec toutes ces activités, il vous fallu trouver le bon moment pour vous poser et composer ces 13 nouveaux titres ? Attendre l’accalmie en quelque sorte…     

Tu sais, nous nous réunissons pendant environ trois heures tous les jeudis. Ce sont trois heures vraiment très productives. Nous repartons généralement avec un morceau complet, ou au moins la moitié d’une chanson. Nous écrivons ensemble depuis si longtemps que c’est devenu une machine bien huilée à ce stade de notre carrière.

Photo : Visions In Pixels

– FU MANCHU est aussi réputé pour être un groupe qui va sans cesse de l’avant. C’est ce que vous avez voulu signifier avec ce titre « The Return Of Tomorrow » ? Que rien n’est figé et vous êtes résolument tournés vers l’avenir ?

Carrément ! Et puis, tu sais, je reste vraiment conscient de notre incroyable longévité et je suis très reconnaissant à tous nos fans.

– Parlons plus précisément de ce nouvel et très bon album. Il est la quintessence parfaite du style FU MANCHU avec encore et toujours des nouveautés dans les compositions et bien sûr dans le son, qui ne cesse d’évoluer lui aussi. Il y a un énorme travail sur le ‘Fuzz’ comme souvent chez vous. Est-ce que, finalement, ce n’est pas la chose qui vous importe le plus ? Le faire grossir et lui faire prendre des directions différentes et nouvelles ?

Nous cherchons toujours à nous améliorer, c’est un fait établi. Ce sont les chansons qui comptent le plus, bien sûr. Mais si nous pouvons obtenir les meilleurs sons possibles, en tout cas pour nous et à nos oreilles, c’est ce qui compte le plus ! Par ailleurs, c’est très important pour nous dans le groupe que notre bassiste, Brad Davis, fabrique et conçoive ses fameuses pédales fuzz ‘Creepy Fingers’.

Scott Hill – Photo Visions In Pixels

– « The Return Of Tomorrow » est aussi très particulier dans sa construction, puisqu’il est scindé en deux parties. La première est très Heavy et Fuzz et la seconde est plus Desert avec aussi un côté Space Jam. C’était l’ambition de départ ? De livrer des atmosphères opposées et aussi de pouvoir vous exprimer le plus largement possible ?

Oui, nous en avons discuté dès le départ. Quand nous avons commencé à écrire, nous avons essayé des chansons très lourdes, puis plus douces pour voir quel style servait le mieux les chansons. C’était d’ailleurs très amusant pour nous d’aborder ce disque avec l’idée que nous allions ensuite le diviser en deux.

– Est-ce que, dans le cas de FU MANCHU, cela demande d’être dans un certain esprit pour aborder au mieux ces ambiances très différentes ?

Pas vraiment, finalement. Personnellement, si je me sens inspiré, je vais en tirer le meilleur parti à ce moment précis et je vais composer autant que possible. Mais chaque semaine quand nous nous réunissons, c’est toujours dans l’idée de nous déchaîner et de nous défouler au maximum !

Photo : D.R.

– D’ailleurs, comment allez-vous composer vos setlists pour les concerts à venir ? Elles seront plutôt axées sur le côté Heavy du groupe, et allez-vous intégrer ces nouveaux morceaux plus ‘légers’ comme des interludes, par exemple ?

Probablement, un peu des deux et le plus possible. C’est vrai que nous pourrions aussi en changer soir après soir. Et puis, cela dépend également s’il s’agit d’un concert spécifique de FU MANCHU ou d’une configuration en festival. Si c’est notre propre show, nous jouerons davantage le nouvel album, c’est certain.

– Justement, parlons des concerts, vous serez en tournée en Europe à l’automne, mais d’abord en juin avec un passage au Hellfest, votre deuxième, je crois. Votre dernière venue date de 2019. C’est un festival que vous appréciez particulièrement ?

Oui, le Hellfest est super fun ! La première fois que nous avons joué là-bas, je n’ai regardé ni la scène, ni le public jusqu’à ce que nous montions sur scène. Je me détendais tranquillement dans les coulisses en regardant l’émission « Showdown ». Et quelques minutes plus tard, nous jouions devant des milliers de personnes. C’est un contraste saisissant et jubilatoire !

Photo : Thom Cooper

– Enfin, Bob, j’aimerais que l’on parle aussi de tes multiples side-projets. Il y a Big Scenic Nowhere dans un registre Desert/post-Rock Progressif, Yawning Balch dans un registre assez proche et plus Psych et enfin Slower, qui est un album de reprises de Slayer dans des versions Doom étonnantes. C’est très varié et assez éloigné de FU MANCHU. Tu as besoin de te lancer ce genre de défi, ou c’est plus simplement un désir d’explorer d’autres styles, dont tu es aussi fan ?

Tu sais, mes influences sont très diverses. De plus, j’ai acheté une ‘Universal Audio OxBox’, qui me permet d’enregistrer très facilement mes guitares avec la qualité d’un album à la maison. Cela m’a aussi aidé à devenir plus prolifique. Big Scenic Nowhere et Yawning Balch sont un peu arrivés par hasard, et je n’ai pas su refuser. Je suis un grand fan du jeu de guitare de Yawning Man et de Gary Arce. J’ai secrètement toujours voulu collaborer avec eux. Je suis ravi que cela se soit produit et que cela continue d’exister. Yawning Balch va d’ailleurs bientôt sortir deux albums. L’idée que je m’en fais est plus posée et je me suis aussi bien amusé à faire le premier disque. Et nous avons presque terminé le deuxième. J’ai des tonnes de morceaux originaux cette fois-ci, et c’est génial.

– Enfin, et puisque l’on parle de tes projets annexes, est-ce que tu te consacres déjà à d’autres choses, ou es-tu essentiellement focalisé sur FU MANCHU et ce nouvel album pour le moment ?

FU MANCHU est mon activité principale. Nous tournons énormément pour soutenir « The Return Of Tomorrow » et j’en suis franchement ravi ! J’ai vraiment hâte que les gens l’entendent. Je pense que nous nous sommes vraiment surpassés sur celui-là !

Le nouvel album de FU MANCHU, « The Return Of Tomorrow », sera disponible le 14 juin sur le propre label du groupe, At The Dojo Records.

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Classic Rock Progressif Stoner/Desert

Big Scenic Nowhere : sans limite

Ils ont beau être très occupés tous les quatre avec leur groupe respectif et différents projets annexes, les membres de BIG SCENIC NOWHERE continuent l’aventure en se livrant cette fois dans un répertoire Classic Rock, toujours emprunt de Stoner et de Desert Rock, guidé par un groove tantôt progressif, tantôt plus costaud. « The Waydown », troisième album auxquels viennent s’ajouter deux EP, plonge dans des espaces plus identifiables, certes, mais tout en mélangeant toujours des tempos et des ambiances variés.

BIG SCENIC NOWHERE

« The Waydown »

(Heavy Psych Sounds)

Fondé il y a quatre ans sous l’impulsion d’un quatuor constitué de cadors de la scène Stoner/Desert Rock, BIG SCENIC NOWHERE continue de livrer des albums toujours plus aboutis et surprenants. L’une des particularités des Américains est aussi d’évoluer au fil des réalisations devenant un collectif dans lequel viennent se greffer et se fondre des invités prestigieux qui se prêtent à l’exercice avec talent et virtuosité. « The Waydown » révèle cette fois un visage nouveau, sans pour autant renier les fondements qui ont forgé son identité sonore et musicale.

Sur des bases aussi diverses qu’inamovibles, BIG SCENIC NOWHERE explore de nombreux horizons et va encore étonner tant le champ d’investigation est spectaculaire depuis sa première production, « Vision Beyond Horizon » en 2020. Bob Balch (Fu Manchu, Slower) à la guitare et sur tous les fronts actuellement, Tony Reed (Mos Generator) à la basse, aux synthés et surtout au chant, Gary Arce (Yawning Man) à la guitare et Bill Stinson (Yawning Man) à la batterie forment une entité très soudée et capable d’atteindre des sommets de créativité.

Avec « The Waydown », c’est dans une lignée Classic Rock, toujours très infuzzée, que BIG SCENIC NOWHERE s’engouffre en proposant des morceaux lumineux et hors du temps. Loin  des jams qui l’ont toujours caractérisé, le songwriting est plus traditionnel, faisant la part belle au Rock Progressif, à la Funk Psyché, à quelques passages Surf Rock et même Soul Blues. L’interprétation est magistrale et Reeves Gabrels (The Cure, Bowie), Per Wiberg (ex-Opeth) et Eliot Lewis (Hall And Oates) viennent aussi prêter main forte sur cet opus aussi accrocheur qu’envoûtant. Monumental !

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Desert Rock post-Rock Psych

Yawning Balch : vers de nouveaux paysages

L’inspiration est hors-norme, la production ne souffre d’aucune lacune et l’ensemble est techniquement imparable. Avec ces deux volumes issus d’une journée unique, où les membres de Yawning Man et Bob Balch de Fu Manchu se sont rassemblés, non pour batailler mais pour communier, YAWNING BALCH révèle des aspects musicaux insoupçonnés de la part de ces quatre musiciens très expérimentés. Le voyage est total et les images défilent…   

YAWNING BALCH

« Volume Two »

(Heavy Psych Sounds Records)

Suite à un somptueux « Volume One » en juillet dernier, voici la suite et elle est aussi exceptionnelle que l’entame. Pour rappel, Gary Arce (guitare), Billy Cordell (basse) et Bill Stinson (batterie) de Yawning Man ont convié il y a un an presque jour pour jour le guitariste et claviériste de Fu Manchu, Bob Balch, à une belle et longue jam à Joshua Tree dans le désert californien. De ces cinq heures, YAWNING BALCH en a extrait deux albums vraiment incroyables, où il s’est livré à de multiples expérimentations.

Toujours entièrement instrumental, ce « Volume Two » tient bien sûr toutes ses promesses et il s’inscrit dans une continuité, dont la créativité reste le moteur principal. Balch et Arce s’étaient juste entendus sur le fait qu’ils souhaitaient tous les deux multiplier les effets de guitares en utilisant un maximum de pédales. Et le résultat est saisissant. Sur une base Desert Rock, YAWNING BALCH nous replonge dans un post-Rock psychédélique, dont l’élan semble si naturel qu’on peine toujours à croire à une simple jam.

Rien de calculé donc, le quatuor se laisse simplement aller à une improvisation que le talent des Américains rend incroyablement immersive et rapidement addictive. Avec seulement trois morceaux (« A Moment Expanded (A Form Constant) », « Flesh Of The Gods » et « Psychic Aloha »), qui s’étendent sur 40 magnifiques minutes, YAWNING BALCH envoûte comme personne et réalise la jonction parfaite entre Desert Rock, post-Rock et psychédélisme. Ces quatre-là savent y faire et le plaisir est tellement bien partagé.

Retrouvez la chronique du « Volume One » :

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Desert Rock post-Rock Psych

Yawning Balch : le son du désert

Joshua Tree a déjà été le théâtre de belles réalisations musicales et l’expérience menée par le groupe Yawning Man accompagné de Bob Balch, guitariste de Fu Manchu, vient contribuer au mythe existant. Le Desert Psych Rock du quatuor atteint des sommets et dépasse de loin le simple exercice de jam. YAWNING BALCH vise les étoiles !

YAWNING BALCH

« Volume One »

(Heavy Psych Sounds Records)

Convié en novembre dernier par les membres de Yawning Man à une jam d’une journée à Joshua Tree, Bob Balch ne s’attendait sans doute pas à ce qui allait suivre. Le musicien de Fu Manchu et de Big Scenic Nowhere s’est laissé embarquer par le trio pour une session de cinq heures ! Le choc des légendes a eu lieu et YAWNING BALCH a vu le jour. Et voici le « Volume One » de leur aventure aérienne et captivante.

C’est donc en plein désert de Californie que le quatuor s’est mis en ordre de marche pour un trip incroyable, où ces pionniers et vétérans de la scène Desert Rock ont laissé libre-court à leur vivace créativité. A la guitare et aux claviers, Bob Balch trouve les yeux fermés Gary Arce (guitare), Billy Cordell (basse) et Bill Stinson (batterie) et pourtant, au départ, aucun des musiciens ne s’étaient concertés sur le déroulé de YAWNING BALCH.

Rompu à l’exercice, Yawning Man s’est déjà joint aux Anglais de Sons Of Alpha Centauri avec qui ils ont sortis deux albums sous le nom de Yawning Sons. Les Américains sont même passés maîtres en matière d’improvisation. Autour d’un Desert Rock immersif, instrumental et psychédélique, YAWNING BALCH s’évade aussi dans des sphères post-Rock lumineuses. Avec ces trois premiers (très) longs morceaux, on salive déjà à l’idée d’écouter la suite.

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Desert Rock Heavy Psych Rock Stoner Rock

Stöner : ascensionnel

Avec « Totally… », le power trio passe à la vitesse supérieure avec un deuxième album, qui reflète parfaitement les influences de ses fondateurs Brant Bjork et Nick Oliveri. Le côté épais et Punk de son bassiste entremêlé avec le jeu solaire et Desert de son guitariste font de STÖNER la quintessence-même d’un Stoner/Desert Rock incandescent, riche et ardent.

STÖNER

« Totally… »

(Heavy Psych Sounds Records)

La réunion entre Brant Bjork (Kyuss, Fu Manchu) et Nick Oliveri (Kyuss, QOTSA, Mondo Generator) bien accompagnés par Ryan Güt derrière les fûts s’était révélée plus qu’enthousiasmante sur l’excellent Volume 4 des « Live In The Mojave ». Quelques semaines plus tard, STÖNER confirmait cette belle créativité avec « Stoners Rule », un premier album en forme de gigantesque et addictive jam.

Le trio américain transpire le Rock’n’Roll et « Totally… » vient confirmer les espoirs placés dans ces monstres sacrés d’un style qu’ils ont eux-mêmes fortement contribué à créer. Se partageant le micro, le duo Bjork/Oliveri emporte STÖNER dans un tourbillon où le Hard Rock Old School, le Heavy Blues, le Desert et le Punk Rock font la fête sans relâche. Et cette solide communion emporte tout sur son passage.

Soufflant le chaud et le froid, le combo déploie un groove imparable où un chaos sourd côtoie des riffs solaires et où le jeu des Californiens se fait aussi galopant que lancinant. Très coloré, le style de STÖNER se précise et s’ouvre à d’autres dimensions dans une complicité à trois très décontractée (« A Millions Beers », « Space Dude & The Burn », « Turn It Around Now », « Great American Sage »). Brillant.

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Hard Rock Heavy metal Progressif Proto-Metal Stoner/Desert

Döminance & Submissiön : culte et dévotion

Lorsqu’on connait la technicité de Blue Öyster Cult, se lancer dans un Tribute peut s’avérer être délicat au point d’y laisser quelques plumes et quelques dents. Mais concernant les musiciens de Stoner, Desert Rock et proto-Metal qui composent ce bel album DÖMINANCE & SUBMISSIÖN, il semblerait que le challenge ait décuplé leur inspiration. Mieux, certains morceaux sont revisités avec une fougue surprenante.

DÖMINANCE & SUBMISSIÖN

« A Tribute To Blue Öyster Cult »

(Ripple Music)

Chez le label californien Ripple Music, on ne manque pas d’idées et grâce à des connexions facilitées par des artistes-maison de haut viol et de grands talents, de beaux projets émergent comme ce DÖMINANCE & SUBMISSIÖN, un album hommage au légendaire groupe de Hard Rock occulte Blue Öyster Cult. Composé de reprises inédites interprétées par des artistes issus essentiellement du mouvement Stoner, la fête est belle, inattendue et agréablement surprenante.

S’atteler au répertoire des mythiques New-Yorkais n’est pas une mince affaire. Et il faut rappeler qu’à l’origine du projet, on retrouve feu Steve Hanford et Ian Watts de Ape Machine. Initialisé alors que ce premier était une fois encore en prison, il a tout juste eu le temps de finaliser ses propres parties avant de laisser la place à un casting hors-norme, dont le travail est aussi étonnant qu’éblouissant, le tout avec une production extrêmement brute.

A l’œuvre sur DÖMINANCE & SUBMISSIÖN, Mark Lanegan, Billy Anderson, Mondo Generator, Mos Generator, Howling Giant, des membres de Fu Manchu et High On Fire, ainsi que les talentueux Great Electric Quest, War Cloud et Spindrift s’en donnent à cœur-joie. Parmi les 13 morceaux, on redécouvre sous un œil neuf les classiques « The Reaper », « Burnin’ For You », « Godzilla », « Tattoo Vampire », « Fireworks » ou encore « Flaming Telepaths ». Un bon coup de fouet !

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Stoner/Desert

Big Scenic Nowhere : le son du désert

Du Stoner Heavy au Desert Rock, il n’y a qu’un pas que BIG SCENIC NOWHERE franchit allègrement depuis deux ans maintenant. Tout en gardant le cap et en multipliant les guests, le combo développe ce son si particulier teinté de Psych et aux saveurs 70’s. Avec « The Long Morrow », Les Américains donnent dans le grand art avec un alliage musical aussi étonnant que subtil.

BIG SCENIC NOWHERE

« The Long Morrow »

(Heavy Psych Sounds Records)

Apparu début 2020 sous la forme d’un collectif au line-up All-Stars issu du Stoner et du Desert Rock et avec un premier album, « Vision Beyond Horizon » suivi d’un EP, « Lavender Blues », BIG SCENIC NOWHERE continue de faire évoluer sa formation. Si le noyau dur n’a pas bougé, d’autres guests font leur apparition sur « The Long Morrow ». Et bien qu’un peu court, les Américains parviennent à faire ressortir le meilleur de l’underground californien.

Sur cette nouvelle réalisation, Tony Reed (Mos Generator) tient toujours le micro, la basse et les claviers, Bob Balch (Fu Manchu) et Gary Arce (Yawning Man) sont aux guitares et Bill Stinson (Yawning Man) œuvre derrière les fûts. Et sur la pièce maîtresse et morceau-titre long de 19 minutes, BIG SCENIC NOWHERE accueille Per Wiberg (Opeth) aux claviers et au piano, ainsi que Reeves Gabrels (The Cure) à la guitare. Du beau monde !

Et ce casting de rêve livre cinq titres éblouissants, qui sont d’ailleurs tous issus de la session d’enregistrement de « Lavender Blues » à Joshua Tree. D’ailleurs, vu la longueur de l’EP et celle de « The Long Morrow », un bel album d’une heure aurait sans doute été plus pertinent. Toujours dans une ambiance Desert Rock, BIG SCENIC NOWHERE évolue dans un registre très 70’s et Psych avec maestria (« Defector (Of Future Days) », « Murder Klipp », « LeDü »).

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Stoner/Desert

Live In The Mojave Desert Vol.4 : Stöner

Oser s’appeler STÖNER lorsqu’on se revendique du style du même nom, cela requiert une certaine assurance et surtout une expérience et un talent irréprochables. Et cette légitimité, on la retrouve évidemment chez ces deux monuments et fondateurs du Stoner Rock, Brant Bjork et Nick Oliveri. Nouveau projet, nouveaux morceaux et une énergie et une créativité intacte montrent toute la classe de ce duo haut de gamme.

« Live In The Mojave Desert Vol.4 »

STÖNER

(Heavy Psych Sounds Records)

Ce volume 4 est sans doute le plus attendu de la série des « Live In The Mojave Desert ». Il n’y a aucune trace discographique de ce nouveau combo, mais ce line-up en forme de retrouvailles va titiller les fans les plus fervents de Stoner Rock. Alors quoi de plus normal que d’appeler une formation qui regroupe les grands Brant Bjork et Nick Oliveri : STÖNER ? Une évidence qu’ils incarnent tous les deux.

Les deux musiciens ont fondé Kyuss avant de se retrouver au sein de Mondo Generator et de se lancer chacun dans des projets aussi multiples que devenus mythiques : Fu Manchu, The Bros, Queens OF The Stone Age et des expériences personnelles toujours novatrices et inspirées. Alors quand on incarne un style à ce point-là, la création ensemble de l’entité STÖNER sonne comme quelque chose de naturel et même de légitime.

C’est sous la forme d’un trio (dont je n’ai pas trouvé le nom du batteur), que les deux légendes proposent un set très brut sur des titres joués pied au plancher, radicaux et incarnant parfaitement l’esprit premier du style (« Rad Stays Rad », « Own Yer Blues », « Nothin’ », « Evil Never Dies », « Tribe/Fly Girl »). Un volume 4 qui tient toutes ses promesses avec un STÖNER qu’on espère vite retrouver sur disque et sur scène.

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International Stoner Rock

Dozer : un rock dans le désert [Interview]

Il y a des artistes qu’on n’est pas peu fier d’interviewer, soit par goût, soit parce qu’ils ont marqué leur époque ou carrément créé un style… Et c’est le cas pour les Suédois de DOZER, piliers et fondateurs du Stoner/Desert Rock avec Kyuss et quelques autres. Alors que leurs trois premiers albums ressortent chez Heavy Psych Sounds Records, Tommi Holappa, guitariste du quatuor, a eu la gentillesse de répondre à quelques questions et sans les éluder…  

Vous venez juste de signer chez Heavy Psych Sounds Records. Pourquoi ce choix, et est-ce que la réédition de vos trois premiers albums (« In The Tail Of A Comet », « Madre De Dios » et « Call It Conspiracy ») était la condition ?

En fait, ça faisait un bon moment que nous réfléchissions à ressortir nos trois premiers albums. Ils sont épuisés depuis longtemps, et il y avait aussi une forte demande pour des éditions vinyles. Mais pour être honnête, nous ne sommes pas un groupe très speed quand il s’agit de faire les choses. Maintenant, nous sommes vieux avec une famille et des enfants ! On ne cherchait pas vraiment de label, et c’était trop de travail pour les sortir nous-mêmes.

Nous avons eu plusieurs offres ces dernières années, mais rien de vraiment intéressant. Alors, quand mon vieil ami Rajko de Heavy Psych Sounds Records m’a contacté sur Messenger à propos d’autre chose, nous avons commencé à discuter d’éventuellement sortir quelque chose avec DOZER et, de fil en aiguille, nous avons décidé de commencer par la sortie de nos trois premiers albums. 

Nous sommes ravis d’avoir signé sur Heavy Psych. Ils ont un tas de gars sympas et c’est un label qui sort beaucoup de trucs cool… du très bon Stoner, du Doom, du Rock’n’Roll, quoi !

Depuis le puissant « Beyond Colossal » en 2008, puis « Vultures » en 2013, tout le monde n’a qu’une question en tête, et promis on en restera là : quand est-ce que vous sortez un nouvel album ?

(Rires) Tout le monde nous pose la question ! Bon, nous n’avons pas le projet d’enregistrer un nouvel album ou quoique ce soit pour le moment. Mais je ne vais pas te dire que nous ne le ferons pas, on ne sait jamais. Ce serait sympa d’essayer d’écrire au moins une ou deux chansons et les enregistrer, histoire de voir ce que ça donne.

Ca fait environ 13 ans que nous n’avons rien enregistré ensemble, ce serait donc une bonne expérience. Mais c’est aussi une question de temps, car DOZER est un peu devenu un ‘side-project’ pour nous maintenant. Johan joue avec BESVÄRJELSEN, Fredrik a un nouveau projet qui s’appelle AMBASSADORS OF THE SUN et de mon côté, j’ai GREENLEAF.

En l’espace de cinq albums, DOZER est devenu un pilier et même un fondateur du Stoner Rock en Europe et à travers le monde. Quels souvenirs gardes-tu de vos débuts, des premiers concerts ?

Au début, on s’est bien marré ! Oh oui ! Nous étions des gamins qui s’amusaient à jouer avec des grosses basses, des guitares avec des pédales Fuzz et on adorait des groupes comme Kyuss, Monster Magnet, Fu Manchu et d’autres. Je me rappelle de notre premier concert ! C’était le 25 décembre 1995 dans notre ville à Borlänge. On n’avait pas assez de matos, juste quelque chose comme cinq ou six morceaux et on a fait quelques reprises. Je me souviens qu’on avait joué « Dopes to Infinity » de Monster Magnet et « Supa Scoopa and the Mighty Scoop » de Kyuss !

D’ailleurs, est-ce que tu trouves que la communauté du Rock’n’Roll Underground a changé ces dernières années ?

Je ne pense pas qu’elle ait beaucoup changé, elle est juste plus importante par rapport au début des années 2000. Il y a plus de monde à jouer du Heavy bien Fuzz, et c’est tant mieux ! Je pense aussi que ces dix dernières années beaucoup de festivals comme ‘Desertfest’ ou ‘Stoned From The Underground’ y ont beaucoup contribué, car il y a eu de très bons groupes !

Cette année, vous allez commencer une série de concerts et une tournée en Australie un peu plus tard. Vous devez être impatients de remonter sur scène tous les quatre ensembles ?

Oui, nous avons quelques festivals bookés cet été et en novembre, nous partons en Australie ! Nous avons déjà joué là-bas en 2004 et c’était génial ! Alors, quand on a proposé de venir, on n’a pas pu dire non ! Oui, nous sommes très excités !

Tu peux nous dire un mot de la tracklist que vous jouerez ? Peut-être un ou deux inédits… ?

Ces dernières années, lorsque nous avons joué en concert, on jouait principalement nos trois derniers albums, et quelques anciens titres. Je ne sais pas encore ce que nous jouerons en festival, ni en Australie mais en général, dès que nous commençons à répéter, on se décide rapidement.

Mais je suis certain que nous jouerons « Big Sky Theory », parce que c’est le pied sur scène ! De nouveaux morceaux ? Qu’est-ce que c’est qu’ça ! (Rires) Comment je te l’ai dit, nous n’avons encore rien écrit, mais on ne sait jamais…

Pour conclure, j’espère vraiment que les rééditions de ces trois albums magiques vont marquer une nouvelle ère pour DOZER ! Comment vois-tu le futur du Stoner/Desert Rock ?

L’avenir est prometteur ! Et avec des groupes comme Elder, nous n’avons rien à craindre.

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France Rock Stoner/Desert

Sur la même longueur d’onde

COFFEE AT NINE

Organique et puissant, ce premier EP éponyme de COFFEE AT NINE  montre une maturité étonnante. Le trio montpelliérain fait preuve d’originalité dans un registre Desert Rock aux accents Stoner et Grunge.  

– Commençons par votre rencontre. COFFEE AT NINE est une aventure très récente…

Nous nous connaissons déjà depuis quelques années, on s’est rencontrés à l’école de musique où nous faisions nos études. Chacun de notre côté, nous avions nos vies et nos projets, jusqu’à que nous fassions notre premier concert en mars 2019. En nous jouions ensembles depuis trois semaines. Pour l’histoire, le groupe avait un premier line-up, sous un autre nom, et c’est l’été dernier que nous avons adopté ce nouveau nom, que nous avons choisi ensembles, et qui nous correspond.

– Quelques mois après votre formation, vous enregistrez déjà un premier EP. Votre complicité et votre complémentarité ont fait des étincelles dès le départ ?

Ça a très bien marché entre nous, dès le départ ! Après nos deux premiers concerts, nous nous sommes retrouvés autour de quelques jams et bières… On prend un réel plaisir à jouer ensemble et il faut dire que ça nous a rendu particulièrement productifs. Nous sommes vraiment sur la même longueur d’onde.

– Vous avez décidé de sortir un EP après quelques mois. Vous étiez trop impatients pour attendre un album complet ?

Dans un premier temps, faire un EP, ça nous a permis de dévoiler notre musique assez rapidement, mais aussi de pouvoir se concentrer sur un nombre minimum de morceaux afin de les optimiser pour qu’ils aient vraiment le rendu qu’ils ont aujourd’hui. Avec ça, on a pu aussi cristalliser la spontanéité du moment. On s’était formés quelques mois auparavant, et cet EP est le témoin de trois potes qui se régalent bien jouer ensemble !

– COFFEE AT NINE a un son très personnel nourri de Desert Rock et de Grunge. Ce sont ces influences (et quelles sont-elles ?) qui vous ont rapproché au moment de fonder le groupe ?

Ce sont effectivement ces influences, c’est aussi cette veine musicale des années 90 qui nous correspond musicalement. On recherche toujours quelque chose de simple, plein d’énergie et qui nous parle avec une certaine fougue. On a tous des influences diverses, allant du Metal, au Jazz et au Rock moderne. Mais c’est le son de cette période qui marche pour nous. Je pense que dans cet EP, on peut entendre des choses comme Alice In Chains, Fu Manchu, QOTSA, Soundgarden…

– Vos morceaux sont à la fois massifs et percutants et pourtant vous mettez également l’accent sur les mélodies et les refrains. Comment faites-vous la jonction entre la puissance et les harmonies ?

En gros, l’idée c’est « on veut des riffs bien épais et des refrains accrocheurs pour que tout le monde puisse s’éclater avec sa bière en concert ». On part du principe qu’on a envie de traduire notre intention dans la musique, et le partager sur scène, et de faire la fête avec les gens qui viennent nous voir. Sur cet EP pour le son, c’est Simon Pillard du Buèges Valley Recording Service, qui s’est occupé de la production de A à Z. Il a fait un travail aux petits oignons, et a su rester fidèle à ce que nous voulions.

– L’adage veut qu’il n’y ait pas de meilleure formule pour le Rock que le power trio. C’est aussi votre sentiment et le line-up le plus efficace pour ce type de musique, selon vous ?

C’est vrai qu’à trois ça fonctionne très bien, on se connait assez pour parfois lâcher les rênes en concert, écrire des morceaux et avoir les mêmes idées, et puis il faut le dire, on a fatalement plus de bières quand on est trois que quatre ! On n’a jamais vraiment réfléchi à un membre en plus, qui sait à l’avenir… Quoique non en fait !

– Malheureusement, votre EP est sorti en plein confinement. Comment avez-vous vécu la situation et comment envisagez-vous l’avenir, même si les concerts ne reprendront pas avant un moment ?

Comme tous les artistes, la situation actuelle n’est pas facile. Effectivement, on ne sait pas quand on va pouvoir retourner sur scène. Nous devions défendre notre EP en avril le jour de sa sortie, mais ça été évidemment compromis. Il en a été de même pour le tournage du clip que nous devions démarrer à cette période. Donc, on en a profité pour explorer de nouvelles idées, on va se concentrer sur l’écriture de nouveaux morceaux, et faire en sorte de partir tourner l’an prochain. On ne lâche rien et de toute façon, on est trop borné pour ça !