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Stubborn Trees : une ténacité constante [Interview]

Tout en variation, à la fois puissant, percutant et délicat, le quatuor sort enfin son premier album, après s’être aguerri le temps de deux formats-courts. Comme le signifie son nom, STUBBORN TREES s’adapte, ajuste son jeu et livre avec « The Stronger The Wind… », une réalisation très aboutie, où viennent se rejoindre des styles aussi Rock que Metal, et aussi moderne que respectueux d’influences du siècle passé. Le résultat débouche sur un Alternative Rock véloce et ferme, et dont l’énergie se propage aussi à travers un duo vocal talentueux et complémentaire. Entretien avec un groupe qui fait souffler un vent frais sur la scène hexagonale.

– Pour vous suivre depuis vos débuts, ce qui m’a agréablement surpris en écoutant ce premier album, c’est que le brassage des genres que STUBBORN TREES pratique depuis 2020 est aujourd’hui parfaitement réussi et surtout très cohérent. Pensez-vous qu’il était nécessaire de passer par deux EPs pour atteindre définitivement votre identité musicale ?

Probablement. Au départ, on avait une douzaine de maquettes et on pensait faire un album, ce qui nous été fortement déconseillé. Avec le recul, c’était un bon conseil, car produire ces deux EPs nous a apporté de l’expérience et nous a permis d’affiner notre identité sonore. Les live qui ont suivis « Roots », notre dernier EP, nous ont aussi influencé pour les futures compositions.

– Justement, en restant sur le même propos, est-ce peut-être aussi cela qui vous suggéré de ne pas vous précipiter pour sortir ce premier album et d’arriver aujourd’hui avec un « The Stronger The Wind … » très mature, qui vous ressemble vraiment et qui est très homogène ?

Oui sans doute, nous avons aussi appris à mieux nous connaître tous les quatre, à mélanger nos influences tout en allant dans la même direction. Le travail de répétition et de résidence pour les lives nous a fait gagner en cohérence et en complicité. Les concerts nous ont aussi donné envie d’ajouter une touche un peu plus Metal sur certains morceaux. J’imagine que ces deux EPs et cette expérience scénique nous ont effectivement fait gagner en maturité.

On a aussi pris du temps pour travailler sur la direction à donner à cet album. Il nous a fallu décider de la structure finale des morceaux, des arrangements, pour ensuite tout réenregistrer au propre ! Sans compter l’écriture des textes, la création de la ligne graphique de l’album et l’écriture des clips. Un album, c’est long à faire, surtout en autoproduction !


– On retrouve sur ce premier album tout ce qui constitue l’univers musical de STUBBORN TREES avec un mix savamment dosé de Rock bien sûr, et aussi de Grunge, de touches bluesy et d’accents Metal. Actuellement le terme ‘Alternative Rock’ est assez galvaudé et pourtant il prend ici tout son sens. L’objectif est-il d’englober l’ensemble de votre culture musicale respective et personnelle à travers la musique du groupe ?

Oui, on aime le Rock dans sa globalité, des années 60 à nos jours, en passant par tout un tas de courants comme le Punk Rock, le Grunge ou le Metal. Julien (Le Page, guitare – NDR) apporte même des petites touches de Funk. Tout ça se mélange et se retrouve dans notre musique. On fait aussi attention à ne pas mettre sur un même album deux morceaux qui se ressemblent trop. On pense que cette diversité est importante et nous définit complètement.

– Il y a aussi chez STUBBORN TREES une belle saveur 90’s, qui évite d’ailleurs soigneusement les sonorités vintage pour rester très actuelle. Est-ce que c’est quelque chose sur laquelle vous êtes restés très vigilants au moment de l’enregistrement, ou était-ce plus simplement déjà intégré à votre approche musicale ?    

C’est une chose à laquelle on avait bien réfléchi avant d’enregistrer. Même si une partie de nos influences se situe dans les 90’s, on est un groupe actuel et on voulait vraiment avoir un son moderne.

– STUBBORN TREES a aussi la particularité de présenter une chanteuse et un chanteur au lead. Cela aurait pu déstabiliser la ligne artistique en raison d’évidents changements de tonalités, mais vous vous complétez au contraire très bien. Est-ce que chacun interprète les chansons dont il a lui-même conçu le texte, ou composez-vous et écrivez-vous ensemble ?

Chacun interprète les morceaux qu’il a composés. Quand on sélectionne les chansons pour préparer un album, on choisit les meilleures, peu importe qui les chante et ensuite on les travaille ensemble, tous les quatre. On ajoute également pas mal de chœurs, donc les deux voix sont présentes sur chaque morceau.

Concernant les textes, on commence à les travailler chacun de notre côté. Ensuite, Laurie (Prévot, basse – NDR) les finalise. On a aussi fait appel à une coach en chant anglais, Virginie Coutin, avec qui on a peaufiné les accents toniques et quelques tournures de phrases.

– D’ailleurs, en travaillant sur vos morceaux et sur la tracklist du disque, est-ce que vous avez pensé, par exemple, que les morceaux chantés par Laurie pouvaient être des moments de passage et de transition grâce à son timbre plus doux, afin d’articuler l’album dans un certain sens ?

Oui, tout à fait, nous avons longuement travaillé la tracklist ! C’était très important de proposer un voyage musical. On avait envie d’accrocher l’auditeur dès le début avec des morceaux punchy, puis de proposer des respirations, d’alterner les ambiances énervées et plus calmes, pour regagner en intensité sur la fin.

– On vous retrouve aussi tous les deux (avec Yann Eléouet) aux chœurs sur toutes les chansons (et avec votre batteur Camille Barsamian !), mais curieusement, il n’y a pas de véritable duo. Vos morceaux ont-ils des directions artistiques qui ne le permettent pas, ou c’est un exercice que vous n’avez pas souhaité expérimenter ici, et que vous faites d’ailleurs peut-être en live ? 

C’est vrai qu’il n’y a pas de duo à proprement parler. C’est certainement dû au fait qu’on compose chacun de notre côté. C’est quelque chose qu’on aimerait bien expérimenter plus tard.

– Même si STUBBORN TREES n’est pas un groupe à proprement Metal, vous aviez confié le mix de « The Stronger The Wind… » à Fred Duquesne qui, lui, est issu de ce milieu. C’est un choix qui peut surprendre. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire appel à lui ?

Yann avait très envie de travailler avec Fred, dont il apprécie particulièrement le travail. Il est très polyvalent. Il mixe aussi bien dans des registres plus Pop Rock comme Empyr, ou Metal comme Ultra Vomit. On avait besoin de ces deux atouts pour retranscrire les dynamiques de nos morceaux, à la fois mélodiques et puissantes. Il a tout de suite compris notre son et a su mettre en valeur les subtilités de nos compositions.

– L’une des particularités de STUBBORN TREES est bien sûr son côté écologique à commencer déjà par votre nom. Vous avez donc un lien particulier à la nature. Comment cela se traduit-il dans votre démarche artistique ? Et êtes-vous plutôt comme le bambou qui fléchit sans se briser ou le gigantesque séquoia géant multimillénaire et indéboulonnable ? 

STUBBORN TREES signifie les arbres têtus. Ils poussent malgré les obstacles, ils les englobent, ou les contournent, et trouvent toujours un moyen de continuer leur route. Ce serait donc un mix entre les deux, un arbre avec une forme étrange, riche de toutes ses expériences et tenace !

Dans notre démarche artistique, ça se traduit par certains de nos textes qui parlent d’urgence climatique, mais aussi par de la récup’ de décor d’un clip à l’autre. On fabrique beaucoup de choses nous-même et on ne jette rien.

– Enfin, j’aimerais qu’on dise un mot sur cet esprit DIY que vous cultivez et qui vous caractérise aussi. C’est important pour vous d’être présents à toutes les étapes, de la conception jusqu’à la pochette de l’album ? Et puis, vous sortez aussi « The Stronger The Wind… » en autoproduction… C’est un désir de liberté totale ?

En effet, on est très DIY. Ce projet est artistiquement complet. On compose la musique, on écrit les textes, on réalise nos visuels et nos clips. Effectivement, le fait de maitriser tous les aspects du travail nous offre une liberté totale et nous permet de créer un projet artistique cohérent avec notre univers.

L’album de STUBBORN TREES, « The Stronger The Wind… » est disponible sur le site du groupe et sur toutes les plateformes :

Photos : Youri Lenquette

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Alternative Rock

Smash Atoms : back in town

Dix ans après un split assez surprenant, SMASH ATOMS raccroche les wagons et livre donc, et enfin, sa première réalisation. Sobrement intitulée « Smash Atoms », la formation américano-suédoise ne lésine pas sur les riffs costauds, les solos limpides, des parties vocales impactantes et une rythmique fiévreuse et plus appuyée que véloce. Ça martèle donc, et plutôt bien. Si les clins d’oeil aux années 90 ne manquent pas, on retient plutôt l’aspect moderne des compos, un petit côté underground savoureux aussi, et des morceaux entêtants. Après un faux départ, espérons que celui-ci soit le bon !

SMASH ATOMS

« Smash Atoms »

(M-Theory Audio)

L’histoire de SMASH ATOMS est assez atypique. Créé en 2012 du côté de Göteborg, le groupe commence par sortir une première démo, très bien reçue et qui lui ouvre la voie à plusieurs scènes. Une joie de très courte durée puisque son chanteur, l’Américain Glen Gilbert, quitte le navire, laissant ses trois camarades dans le flou. Qu’à cela ne tienne, ceux-ci fondent The Torch, qui sort deux albums, et leur vocaliste s’active de son côté chez The Story Behind et Hide The Knives. Mais en 2022, coup de théâtre, Martin Söderqvist (guitare), Per Romvall (basse) et Peter Derenius (batterie) retrouvent leur frontman et l’histoire reprend là où elle en était, mais sur de nouvelles bases artistiques.

Revoici SMASH ATOMS sur de bons rails et dans un registre qui a forcément évolué avec le temps pour s’inscrire aujourd’hui dans un Alternative Rock légèrement teinté de Grunge, dans ce qu’il possède de mieux interprété (ça raccourcit la liste !). Le quatuor se présente donc dans un style qui serait une sorte de pont entre Seether et Alter Bridge d’un côté, et Stone Temple Pilots et Soundgarden de l’autre. Cependant les Suédois et l’Américain affichent des morceaux très frais, bien Heavy aussi notamment dans des guitares inspirées du Hard Rock nordique, donc mélodiques, dans les solos surtout. Et toutes ces influences cohabitent très bien et offrent un disque rondement mené.

Parfaitement ancré dans son époque, on doit aussi cette très bonne production aux studios Crehate de leur ville, dont la réputation n’est plus à faire tant les grands noms s’y succèdent. La puissance du son est au rendez-vous et se déverse jusque dans les onze titres de cet effort éponyme. Mais la première chose qui surprend après l’écoute intégrale de « Smash Atoms » est qu’il est presqu’entièrement joué en mid-tempo, alors que la course au Bpm est souvent monnaie courante à l’heure actuelle. Et c’est plutôt bien vu de la part de SMASH ATOMS, qui peut se focaliser sur la force des textes (et de la voix !) et le côté massif des riffs. Un opus très rafraîchissant aux refrains accrocheurs.

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Grunge post-Rock Stoner Rock

Abrams : cold vibrations

Avec deux guitaristes qui se donnent le change et une rythmique lourde, ABRAMS s’envole grâce à la voix de son frontman, véritablement habité par les textes qu’il porte. Après le sombre « In The Dark » qui les avait propulsés, les Américains changent quelque peu leur fusil d’épaule pour un Stoner Rock costaud dans lequel lévitent des ambiances très personnelles, foudroyantes et parfois sourdes. « Blue City » n’est pas un disque comme les autres et le côté Noise de certains morceaux n’y est pas étranger.

ABRAMS

« Blue City »

(Blues Funeral Recordings)

Chef de file de la scène underground de Denver, ABRAMS poursuit son expérimentation musicale, comme s’il était en quête de sa véritable identité. Sludge Progressif et post-HardCore à ses débuts avant d’emprunter des sonorités Stoner Metal teinté de Rock, le quatuor livre un cinquième album encore différent et s’aventure cette fois dans des contrées toujours Stoner, bien sûr, avec un côté Psych assumé et une impression globale très aérienne, progressive et parfois même tirant sur l’Alternative Rock.

Cet étonnant mix à l’œuvre sur « Blue City » présente aussi des couleurs post-Rock assez grungy. Une sorte de post-Grunge pleine d’émotions aux sentiments très contrastés et accrochés à des refrains accrocheurs. Et il faut bien reconnaître que cette nouvelle réalisation a également un aspect très cinématographique, mis en évidence par une tracklist qui se tient et forme une belle unité. ABRAMS nous plonge dans un monde où l’épaisseur des riffs se mêle aux mélodies.

Et la formation du Colorado a fait appel au producteur idéal pour « Blue City ». C’est en effet Kurt Ballou (Converge, Torch, High On Fire) qui a parfaitement saisi la complexité de l’univers du groupe. Sur un groove massif et une fausse impression de flou, les titres défilent avec une froideur constante pourtant pleine d’énergie (« Tomorrow », « Fire Waltz », « Etherol », « Lungfish », « Narc »). ABRAMS et son chanteur Zachary Amster trouvent l’inspiration dans de multiples sources, tout en gardant une vibration permanente qui ensorcelle.

Photo : Guy Casavan
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France Grunge Metal Indus Rock Indus

Wallack : l’urgence temporelle [Interview]

Malgré des changements de line-up finalement inhérents à chaque groupe, WALLACK est toujours debout et ressert dorénavant son jeu autour d’un Rock Indus aux légères teintes Metal et Grungy. Devenu trio depuis la récente sortie de « Loveless », les Poitevins s’aventurent dans des atmosphères bien plus sombres, mais toutes aussi prégnantes. Après deux albums (« White Noise »  et « Black Neons »), c’est dans un format plus court que le groupe joue avec le Fuzz et les machines dans un univers très personnel et saisissant. Cyprien Tillet (guitare, chant, synthé) revient sur les dernières péripéties du combo et surtout sur l’élaboration de ce deuxième album massif et compact.

Photo : Thibault Berthon

– Avant de parler de ce nouvel album, il s’est passé quatre ans depuis « Black Neons » et il y a eu quelques changements, à commencer par votre batteur et puis vous êtes désormais un trio, même si l’album a  été enregistré à quatre. Ça a été compliqué de maintenir le cap pendant et après la pandémie ? C’est l’une des raisons de ces mouvements de line-up ?

Notre précédent batteur, Vincent, a souhaité se consacrer pleinement à son entreprise de réparation et maintenance de matériel électronique et Marco, notre bassiste, a vogué vers de nouveaux projets musicaux. Thomas est arrivé à la batterie et, après avoir envisagé d’intégrer un nouveau bassiste, on s’est finalement rendu compte qu’on fonctionnait très bien en trio. On a décidé d’ajouter aux pistes programmées de synthé une piste de basse. Cela colle assez bien avec l’orientation Electro/Indus du nouveau disque. WALLACK a toujours été un groupe à géométrie variable et cela influe assez peu sur le rendu live ou studio. Pour en revenir à la période du Covid, ça a bien sûr été une période compliquée pour nous comme pour beaucoup de groupes, d’autant que notre album est sorti en début de confinement, ce qui nous a privés d’une diffusion efficace et d’une tournée promotionnelle. Il faut néanmoins relativiser les choses : beaucoup ont été plus durement touchés, et notamment au niveau sanitaire…

 On vous retrouve cette fois avec un EP ou un mini-album, c’est selon. C’est le format que vous aviez envisagé dès le départ ? Il n’était pas question d’un album complet ?

C’est un format qui s’est imposé, car nous visions à l’efficacité et voulions insuffler une vraie intensité et une forme d’urgence à ce disque. Pour autant, nous avons essayé de contrebalancer cette violence avec des plages plus ambiantes, presque cinématographiques. On a écrit beaucoup de morceaux entre mars 2020 et septembre 2022, date du début de l’enregistrement de « Loveless », et certains morceaux figureront peut-être sur un futur album. Mais nous avions un vrai désir de cohérence pour ce disque-là, ce qui nous a poussé à épurer le propos au maximum, pour arriver finalement à ce mini-album.

– L’univers musical de WALLACK est toujours aussi distinctif sur « Loveless » et il s’affirme nettement dans une dynamique Indus, qui n’est d’ailleurs pas rappeler Treponem Pal par moment. L’idée est maintenant de se poser clairement dans ce registre ?

Avant d’écouter du Stoner ou du Psyché, j’ai grandi dans une décennie où le Rock industriel et le Grunge ont explosé et j’ai toujours eu envie de marier ces deux styles sans vraiment savoir comment m’y prendre. Et puis le titre « Anxiety » sur le précédent album est arrivé et nous a montré une voie intéressante. Pour autant, on ne veut pas reproduire une recette, ni se concentrer sur un style au détriment d’autres influences chères à chacun de nous.

Photo : Thibault Berthon

 Pourtant, le Metal et le Rock font toujours cause commune dans des sonorités très organiques, loin de l’image souvent froide et sophistiquée de l’Indus. Malgré les claviers et/ou les samples, la musique de WALLACK garde beaucoup de proximité et même de chaleur. Tout en faisant preuve de beaucoup de modernité dans la démarche, vous restez fidèles à un son assez Rock. Cela dit, l’émancipation du Stoner semble faite, non ?

Même s’il y a un petit côté Metal, notamment dans la production, on est beaucoup plus proche du Rock, en effet. Nous avions l’objectif de faire un disque Rock et agressif, aux sonorités industrielles et qui n’oublie jamais d’être accessible. Pour autant, on ne s’interdit rien en termes d’influence et certains riffs comme les refrains de « Lux Altera » ou « More A Shade Than A Man » ne dépareilleraient pas dans un contexte Stoner. De même, on va trouver des influences Doom, voire Drone, sur un titre comme « To the End »… L’important est de faire coexister en toute intelligence ces différents styles.

– Tout comme sur « Black Neons », vous avez de nouveau fait appel à Fabien Devaux, qui s’est occupé de l’enregistrement, du mix et du mastering de « Loveless ». Il a dû s’adapter à cette évolution musicale, ou c’est le résultat d’une réflexion commune sur le son ?

Fabien n’a pas eu de mal à s’adapter à cette nouvelle orientation, puisqu’il a déjà une bonne expérience des projets Metal/Electro/Indus avec Step in Fluid ou Carpenter Brut. Il nous a même conseillés tout au long de la composition du disque et a suggéré nombre d’idées en terme de son compact et massif, sorte de fusion entre la basse, les guitares et les synthés Moog et Korg. On a finalement poursuivi les recherches sonores entamées sur certains titres de notre précédent disque, tout en allant plus loin dans la lourdeur avec l’omniprésence du fuzz. C’est aussi Fabien qui a organisé la rencontre avec notre batteur Thomas. Il existait déjà entre eux un passif de travail collaboratif, ainsi qu’une vraie alchimie, ce qui est un plus dans l’élaboration de notre nouveau son.

Photo : Thibault Berthon

– « Loveless » est aussi beaucoup plus sombre que « Black Neons » et le titre le souligne d’ailleurs aussi. Vous avez calqué la thématique du ‘Memento Mori’ sur vos morceaux, ou c’est la composition de ces nouveaux titres qui vous ont mené au sujet principal de ce nouvel EP ?

Cette thématique s’est imposée aux personnes que nous sommes aujourd’hui, préoccupées du temps qui passe, des choses que nous avons accomplies ou non, et du temps incertain qu’il nous reste pour les accomplir. J’ai toujours été obsédé par ces questions… Rien d’original au fond et quelque chose de terriblement humain. Cette urgence, nous l’avons mise dans des titres assez courts, visant à l’essentiel pour épouser d’un côté le ‘Carpe Diem’, la quête d’un plaisir immédiat, exigeant, insatiable, et de l’autre le ‘Memento Mori’, cette angoisse face au temps qui nous échappe et nous détruit.

 Ce qui ressort également de « Loveless », c’est l’aspect assez brut et très efficace, puisqu’on ne retrouve plus les sonorités post-Rock et Stoner. L’objectif était d’aller à l’essentiel, quitte à épurer vos compos au maximum ?

Oui, cette urgence répondait à un vrai besoin à un instant T, là où par le passé nous aimions étirer le propos en écrivant de longues montées, sans doute aussi parce que nous aimons la musique progressive et psychédélique. C’est en tout cas l’esthétique qu’on a souhaité insuffler à ce disque. Rien ne dit qu’on ne reviendra pas à des titres de huit minutes dans le futur ! On ne s’interdit rien, dans les limites de la cohérence inhérente à chaque disque.

– Il y a également une identité visuelle qui se dessine à travers les pochettes de vos deux dernières réalisations. La personnalité de WALLACK passe-t-elle aussi par l’image ? C’est devenu indissociable dans la musique aujourd’hui ? De pouvoir être rapidement identifié ? 

En effet, c’est indissociable. On pourrait le regretter, car l’image supplante souvent la musique. On cherche à capter l’œil rapidement, notamment dans les clips, car notre capacité d’attention est de plus en plus limitée, soumise à une culture du zapping. J’ai parfois l’impression que tout cela se fait au détriment de la musique. Cela court-circuite aussi l’imagination de l’auditeur qui, par un phénomène de correspondance, pourrait visualiser tout un monde, des paysages, des images, en fermant les yeux et en se laissant aller au rythme de la musique. Pour autant, je ne boude pas mon plaisir devant un super clip qui évite cet écueil et sublime un son ! Mais pour revenir plus précisément à la question de l’artwork, celui-ci est en effet très important, car il associe immédiatement un son à une image. Pour celui de « Loveless », on voulait représenter une vanité et, même si c’est un motif récurrent dans le Rock, le choix du crâne s’est imposé.  Seb a travaillé là-dessus et le résultat nous a bluffé tant il se démarquait des représentations ‘Rock’ habituelles. Il a aussi la subtilité de ne pas être immédiatement reconnaissable, de suggérer des visions personnelles et inconscientes.

 « Loveless » de WALLACK est disponible chez Klonosphere/Season Of Mist.

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Heavy Stoner Rock Psych

King Of None : irrésistible

Avec un son clair et puissant, KING OF NONE déroule son Stoner Rock avec détermination. « In The Realm », deuxième album des Scandinaves, vient confirmer un travail de longue haleine mené depuis une bonne décennie maintenant. Très varié et parfois même surprenant, on se laisse embarquer dans un univers, où le Metal vient faire cause commune avec des passages très progressifs, le tout dans une harmonie convaincante. Spatial et charnu, le combo ouvre un nouveau chapitre avec brio.

KING OF NONE

« In The Realm »

(Argonauta Records)

Cinq ans après son premier opus, « Weightless Waters », qui faisait lui-même suite à trois EP, la formation d’Helsinki est de retour avec un deuxième effort, qui vient définitivement imposer une touche très personnelle. KING OF NONE avait déjà laissé entrevoir avec les singles « Speeder Approaching », « Lizards For Brains » et « Low’n’Slow » que ce « In The Realm » serait costaud et doté d’une bien belle production. Et c’est le cas, puisque les neuf titres qui s’étalent d’ailleurs sur près d’une heure, montrent autant d’énergie que de diversité et avec un souci de la mélodie omniprésent.

Est-ce parce qu’ils ont gardé le même line-up depuis leur création en 2013, mais KING OF NONE montre une belle unité, qui fait sa force. Derrière son frontman, Miiro Kärki, les deux guitaristes Aleksi Kärkkäinen et Juha Pääkkö et la rythmique gonflée à bloc par Juho Aarnio à la basse et Patrick Enckell derrière les fûts, le quintet a presque fait de son Stoner Rock un laboratoire, où se croisent des ambiances Desert Rock, Psych, Grunge, clairement Hard Rock et Heavy aussi et même alternatives.

Mais loin de se disperser, le groupe se montre au contraire très complet en réussissant à intégrer tous ces éléments dans un même élan, faisant de son Stoner Rock une machine aussi captivante que véloce et percutante. KING OF NONE cultive son art du riff sur des morceaux relevés, où le combo prend soin de ne jamais en faire trop (« DPD », « For The Ride », « Snail Train », « The Man… », « Crab Nebula »). Compacts et efficaces, les Finlandais livrent un très bon album et mettre le doigt dedans, c’est ne plus le lâcher !    

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Grunge Rock

Pearl Jam : un lustre étincelant

Eddie Vedder et ses compagnons sont l’un des très rares combos à ne décevoir que très rarement, tant la classe qui émane de leur musique est incontestable. Et le plus étonnant est de voir que, si cela pourrait être un poids pour certains, elle semble même les pousser à aller encore de l’avant, à faire toujours mieux. Et avec une telle réunion de talents, il semble même que PEARL JAM s’en amuse. Et il y a de quoi à en juger par ce « Dark Matter », pas si sombre que ça, mais plutôt engagé, dynamique et solaire. La formation de Seattle n’a franchement plus rien à prouver à qui que ce soit, sauf peut-être encore à elle-même… et elle y parvient sans mal !

PEARL JAM

« Dark Matter »

(Monkeywrench Records/Republic Records/Polydor)

En livrant en amont trois singles de son douzième album studio, PEARL JAM l’a finalement joue très finement. Car en y regardant de plus près, « Dark Matter », l’anecdotique « Running » et « Wreckage » sorti il y a quelques jours ne sont pas très représentatifs de l’ensemble du disque, même s’ils découvrent quelques unes de ses saveurs. Encore différent de son prédécesseur « Gigaton », ce nouvel opus vient démontrer que le quintet est littéralement hors-norme au regard des formations Rock estampillées ‘Grunge’, presque toutes mortes dans l’œuf. Il est l’un des rares à continuer à explorer, et à pouvoir le faire surtout, son propre style en réussissant le tour de force de surprendre et de séduire à chaque fois.

Attaché à ce son éternellement identifiable entre tous, c’est aux fameux studios Shangri-La de Malibu en Californie et sous la houlette du producteur Andrew Watt, un fidèle, que PEARL JAM est allé immortaliser les onze chansons de « Dark Matter ». Avec un Eddie Vedder lumineux, capable de se faire aussi brutal que d’une extrême douceur, les cinq musiciens font ce qu’ils savent faire de mieux : livrer un Rock direct, tout en nuances et surtout en élevant leur niveau de jeu à chaque fois. Certes, les Américains font parler l’expérience, mais pas seulement, ils creusent aussi dans leurs propres entrailles pour en sortir des refrains, des mélodies et des riffs qui n’en finissent plus d’envoûter. La marque des très grands !   

Et si la première partie de « Dark Matter » semble presque facile, il ne faut pas attendre longtemps pour que les morceaux et l’atmosphère prennent une toute autre tournure sur la seconde moitié de l’album. « Upper Hand » amorce le virage, suivi du très bon « Waiting For Stevie » et un peu plus loin par « Something Special ». PEARL JAM alterne avec des titres qui sortent directement de son ADN avec une écriture qui rappelle souvent celle de son chanteur en solo. Le mix entre les deux est parfait et ne souffre d’aucun défaut, ni de baisse de régime (« Got To Give »). Mâtinés d’une poésie très personnelle, les textes sont toujours aussi cinglants, gorgés de vérités et d’appels à la réflexion (« Scared To Fear », « React, Respond »,  « Setting Sun »). Magique !

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Alternative Metal Alternative Rock Heavy Rock

Bad Situation : une belle ferveur

Frais et enthousiaste, ce premier opus complet de BAD SITUATION est peut-être celui que les amateurs de Rock musclé, Heavy et grungy attendaient pour démarrer enfin le printemps de la plus belle des manières. Très groove et même joyeux, les deux musiciens avancent sur un rythme soutenu et de bons gros riffs, soigneusement mis en valeur par une production-maison, qui tient bien la route. « Bad Situation » se dresse dans un esprit live, vivifiant et terriblement addictif.

BAD SITUATION

« Bad Situation »

(Thrash Talkin Records/Klonosphere/Season Of Mist)

Direct et efficace, BAD SITUATION se présente donc avec un premier album éponyme, qui ne manque pas d’énergie. Pour un peu, on en oublierait presque qu’ils ne sont que deux. Aziz Bentot (guitare, chant) et Lucas Pelletier (batterie, chœurs) confirment les bonnes choses entendues sur leur EP « Electrify Me », sorti il y a deux ans. Forcément sans fioritures, ces nouvelles compos s’inscrivent dans un Alternative Rock synthétisant les 30 dernières années. Le panel des références est vaste, mais le rendu très cohérent et carrément pêchu.

On connait l’explosivité des duos dans d’autres registres, mais c’est vrai aussi qu’en termes de Heavy Rock, la basse tient un rôle essentiel et remplir l’espace sonore ne règle pas tout. Et il faut reconnaître que BAD SITUATION s’en sort très bien grâce, notamment, à des guitares très présentes et solides et une bonne balance dans le chant entre le lead et les chœurs. Positifs et dynamiques, les Français distillent avec beaucoup d’entrain des morceaux accrocheurs et se promènent entre Nickelback et QOTSA, le sourire aux lèvres.

Sur un Rock massif flirtant avec le Metal, et malgré quelques touches de Punk californien, BAD SITUATION trouve l’équilibre entre puissance, mélodies entêtantes et refrains fédérateurs (« On My Own », « Fallin’ Apart », « Nothing Lasts Forever », « Echoes », « Won’t Back Home »). La belle ballade « Drown » offre une belle respiration, pleine d’émotion et dotée d’un songwriting imparable. On peut affirmer avec conviction que « Bad Situation » va faire des ravages en concert et guider le public dans une belle communion. Bien joué !

Photo : Kevin Merriaux
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Grunge Heavy Stoner Psych Stoner Rock

Disastroid : sauvagerie urbaine

Avec ce quatrième album, les trois Américains risquent de marquer les esprits, tant la lourdeur vibratoire qui enveloppe et s’étend sur l’ensemble de « Garden Creatures » a de quoi faire trembler la faille de San Andreas. Massifs et percutants, les morceaux de ce nouvel opus de DISASTROID prennent tous les chemins de traverse, via un flux où s’entrechoquent Stoner, Noise, Grunge et un soupçon de Psych. Une synthèse palpitante et insaisissable.   

DISASTROID

« Garden Creatures »

(Heavy Psych Sounds)

A en croire le groupe, les recoins des maisons résidentielles de San Francisco ne sont pas si sûrs que ça et il s’y passe même des choses sinon terrifiantes, tout au moins lugubres. Au sein des jardins envahis de végétation, dans les caves pleines de secrets et au hasard des crimes et dans une solitude pesante, DISASTROID a imaginé et conçu un album assez obsessionnel, à l’épaisseur trouble et dans un registre où le Grunge et le Noise se fondent dans un Stoner Rock vrombissant et sérieusement Heavy.

Et l’un des grands artisans de l’atmosphère si spéciale de « Garden Creatures » est aussi Billy Anderson, connu pour ses collaborations avec Sleep, Melvins et Neurosis entre autres, qui a réalisé une incroyable production, que ce soit dans l’ambiance globale du disque que dans chaque détail. Si DISASTROID se sert du Stoner Rock comme socle principal et aussi comme fil conducteur, c’est pour mieux distiller un Grunge 90’s hyper-fuzz, d’où la voix d’Enver Koneya, également guitariste, s’envole dans une forme de songe vaporeux, mais appuyé.  

Entre Noise et Heavy Rock, le power trio nous présente probablement la facette la moins glamour de San Francisco. De leur côté, Travis Williams (basse) et Braden McGaw (batterie) procèdent à un broyage en règle sur un groove dévastateur, flirtant même avec certains aspects Doom. Décidemment, DISASTROID n’est jamais à court d’idées, n’hésitant à mêler le son de la scène de Seattle du siècle dernier avec un Stoner moderne et pachydermique (« Garden Creatures », « Figurative Object », « 24 », « Light’Em Up, « Jack Londonin’ »). Une baffe !

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Grunge Power Rock Rock

BikiniMood : Rockalissimo

Parce qu’ils sont italiens et que leur langue est intimement liée à l’art, les membres de BIKINIMOOD ont naturellement opté pour leur mode d’expression maternel et l’entreprise est plus que réussie, puisqu’on est embraqué dans ce Rock savoureux où les couleurs sont nombreuses et s’entrechoquent avec une spontané attractive. Ce cocktail à l’œuvre sur « Ti Fidi Di Me? » se déguste sans modération au gré des accélérations, des instants plus doux et d’un feeling permanent. Une très belle entrée en matière.

BIKINIMOOD

« Ti Fidi Di Me? »

(Independant)

Ils sont quatre amis, tous originaires de Turin, et c’est en février 2022 qu’ils décident de se lancer dans l’aventure BIKINIMOOD. Ayant pris un peu de bouteille, l’idée est de créer un Rock rassemblant leurs goûts musicaux, regroupés et puisés pour l’essentiel dans les années 90, une décennie tellement vaste artistiquement et d’une richesse qu’on peine à retrouver aujourd’hui. Direct et efficace, le style du groupe est un bon condensé de tous ces styles, où l’on retrouve des saveurs Grunge, Alternative à la Deftones avec même quelques touches Stoner plus appuyées.  

Sans prétention, mais avec beaucoup sérieux, le quatuor a fait naître en studio un premier album entièrement autoproduit en mai dernier. Et le résultat est plus que convaincant. Solide et mélodique, « Ti Fidi Di Me? » ne manque pas de consistance, bien au contraire, et c’est sur un chant en italien que BIKINIMOOD livre des compositions très équilibrées avec une liberté directement liée à la poésie et à l’aspect romantique de la langue de Dante. En tout cas, le pari est réussi et les textes se fondent avec beaucoup d’élégance dans un Rock souvent rugueux, mais toujours agréable.   

Davide Bruno (chant), Stefano Sungia (basse), Roberto Spiga (batterie) et Dry (guitare) savent très bien où ils vont et ce qu’ils présentent montre d’abord une passion commune, mais aussi et surtout une belle énergie. Bien enregistrés, les morceaux libèrent beaucoup de fluidité, ce qui offre à BIKINIMOOD une grande latitude dans les tempos et les ambiances abordées. Très varié, « Ti Fidi Di Me? » montre l’envie des Transalpins de vraiment se faire plaisir et d’embarquer avec eux les fans de Rock authentique et costaud interprété dans cette langue si musicale et séduisante.   

Catégories
France Heavy Stoner Rock

Appalooza : pur-sang [Interview]

Depuis son premier effort éponyme en 2018, l’ascension d’APPALOOZA est fulgurante et en l’espace de seulement trois albums, le trio s’est forgé une identité musicale très personnelle. Basé sur un Stoner Rock rugueux et massif que des sonorités et des sensations très tribales viennent percer, le style des Brestois s’affine au fil du temps et « The Shining Son » montre à quel point l’évolution est plus que palpable. Enigmatique, solaire et dévastatrice, cette nouvelle production surclasse les précédentes grâce à des envolées sismiques, des éclaircies acoustiques radieuses et un chant captivant. Sylvain, aka ‘Wild Horse’, guitariste et chanteur, revient sur l’univers du groupe et à travers lui la vision singulière de l’entité du combo.

– Il y a deux ans, beaucoup vous ont découvert avec votre deuxième opus, « The Holy Of Holies ». Quelques mois plus tard, vous reveniez avec l’EP « Live At Smoky Van Sessions ». Quels étaient l’intention et l’objectif de ce format court juste après l’album ?

L’objectif était de proposer une version live de trois titres issus de notre second album, « The Holy Of Holies ». Nous avons toujours aimé ces deux dimensions chez un artiste. En studio, il y est proposé quelque chose de complet, de produit, de colorisé. En live, il y a peut-être moins d’éléments, mais cela est compensé par l’énergie et une certaine puissance qui peut combler une seconde guitare ou d’autres arrangements.

– Vous sortez aujourd’hui « The Shining Son » toujours chez Ripple Music, légendaire label américain dédié notamment au Stoner et ses dérivés. Qu’est-ce que cette signature a changé pour vous ces dernières années ?

Nous sommes heureux d’être aux côtés d’autres artistes et groupes de cette scène, car cela permet de s’ouvrir et d’exister également dans une communauté d’artistes. C’est ce que nous avons chez Ripple Music. Nous avons également trouvé un accompagnement que nous recherchions sur du long terme, en ce qui concerne le rétro-planning lié à un album (singles, clip vidéos, etc). Il y avait aussi un souhait de réaliser des vinyles de bonne facture et de qualité, c’est en partie ce pourquoi nous avons voulu travailler avec Ripple Music.

– Avec « The Holy Of Holies », vous aviez dévoilé une identité visuelle forte que vous développez cette fois encore sur « The Shining Son ». Peux-tu nous en parler un peu plus d’autant qu’elle définit aussi le concept d’APPALOOZA ? D’ailleurs, c’est toi qui la signes…

Je suis en effet artiste plasticien et tatoueur sous le pseudonyme de ‘Wild Horse’. Lorsque j’étais enfant, je scrutais les vinyles et je découvrais les pochettes d’albums en grand format. Je passais de longues heures à contempler les visuels, chose que je ne faisais pas vraiment avec les CD à cause de leur petite taille. Inconsciemment, j’ai compris que ce format signifiait d’avantage en ce qui concerne l’art et le concept d’un album. La musique et l’univers graphique ne font qu’un.

J’aime raconter des histoires musicalement et visuellement parlant. Il m’a donc paru nécessaire d’illustrer la musique que nous réalisons. Et en ce qui concerne la technique plastique, les visuels sont réalisés à l’encre de chine en dotwork (pointillisme) et aquarelle pour les couleurs et textures. Il y a un côté autant réaliste que graphique que j’aime lier.

– Revenons à votre musique et ce nouvel album, où l’on retrouve votre empreinte et les thématiques présentes sur le précédent disque. Votre volonté au départ était de relier les morceaux entre-eux pour les faire tenir dans une même histoire ?

Relier les morceaux et créer une sorte de concept-album n’a jamais été réalisé consciemment. Les choses viennent comme elles viennent et les chansons se composent dans la majeure partie des cas naturellement. Pour « The Shining Son », je ne savais pas vraiment s’il allait être question d’une suite. Mais j’ai plutôt été amusé de me rendre compte qu’inconsciemment tout cela racontait plus ou moins la suite des évènements de « The Holy Of Holies », tout en gardant un double-sens dans les paroles.

Le premier album, « Appalooza », raconte la bêtise de l’homme et tout ce qui en découle, c’est-à-dire la manipulation, l’exploitation de l’homme par l’homme, l’obsolescence programmée, mais aussi le temps qui passe.

« The Holy Of Holies » traite de l’absence de Dieu sur terre dû à la déception de ce dernier vis-à-vis de l’être humain. L’homme, en colère, va donc réveiller un démon pour le vénérer.

« The Shining Son » raconte comment il exerce son pouvoir sur Terre, mais aussi comment il va être terrassé par le fils prodige, le sauveur. Il y a un double-sens avec le manipulateur, le rapport de force dans un couple, la tyrannie et comment l’enfant est souvent mis à rude épreuve, comment il doit malheureusement prendre parti et se battre pour sauver sa mère des griffes du père violent et tyrannique, aka ‘The Horse’/’Azazael’. Mais il y a toujours cette bêtise humaine qui est traitée, l’homme étant l’ennemi de l’homme, à travers les guerres de religions, les génocides autochtones…

– A propos d’histoire, ‘The Horse’ semble véritablement être le quatrième membre du groupe, à moins qu’il n’incarne justement l’entité d’APPALOOZA. Peux-tu nous en dire un peu plus à propos de ce ‘démon’ ?

A vrai dire, ‘The Horse’ est le premier membre du groupe. Nous nous amusons à raconter que c’est lui qui nous a réunis. Il est en fait celui qui tire les ficelles. Mais c’est également une sorte de bouc émissaire. Il est le producteur qui crée un groupe de Rock, il représente la société de consommation et l’obsolescence programmée. Il est le père de famille tyrannique et manipulateur. Il est le démon qui exerce son pouvoir sur Terre. Il est le colon qui décime un peuple tout entier. Il représente la mort et le temps qui passe. Au final, il est la réincarnation, le fantôme et le spectre de tout ça à la fois.

– Si on retrouve toujours cette atmosphère où des sonorités Grunge et Alternative Rock se mêlent à votre Stoner Rock, « The Shining Son » semble plus Heavy que « The Holy Of Holies ». L’idée était de durcir le ton, ou c’est le contenu de vos textes notamment qui est peut-être plus sombre ?

Nous avons toujours trouvé intéressant de voir comment certains groupes évoluaient au niveau de leur son. Nous n’avons jamais vraiment trouvé grand intérêt chez certains à recréer le même album. L’idée ici était de ‘synthétiser’ le son d’APPALOOZA. Dans le premier opus nous avons affaire à un son puissant, assez ‘rentre-dedans’. Le second présente quant à lui un son peut-être ‘haché’ et ‘agressif’, mais Pop. C’est avec cet album que nous avons d’ailleurs commencé à nous amuser en terme de production, on y retrouve des colorisations, des atmosphères et des sonorités plus travaillées. Et le troisième, ce sont les deux à la fois.

– L’une des particularités d’APPALOOZA réside également dans les percussions qui sont de nouveau très présentes. Vous avez beaucoup tourné aux Etats-Unis et à deux reprises, est-ce que c’est un élément que vous avez ramené de là-bas ? Elles dégagent un côté très tribal et chamanique, qui fait écho au peuple amérindien…

Il y a quelque chose de bestial dans l’approche des percussions. Elles sont utilisées pour colorer certaines chansons et leur donner une personnalité. Elles représentent l’esprit, la liberté, la menace. Nous aimons particulièrement les sons ethniques et les percussions peuvent en effet faire références aux peuples autochtones d’Amérique. Dans les crédits, il est d’ailleurs indiqué que les percussions sont jouées par ‘The Horse’, fantôme et représentant d’un peuple autochtone exterminé. 

– Pour « The Shining Son », vous avez aussi changé de studio d’enregistrement et d’ingé-son. C’était dans l’optique de faire évoluer votre son, d’expérimenter de nouveaux spectres sonores, ou c’est plus simplement une question d’opportunité et de rencontre ?

Pour « The Shining Son », nous avons fait la rencontre d’Arthurus Lauth de Brown Bear Recordings et après une longue discussion, nous avons décidé de travailler avec lui. Il a rapidement compris où nous voulions aller, quelque chose de certes plus massif, mais plus naturel. Il y a eu un travail de pré-prod et de prise de son pour avoir un rendu peut-être plus aéré que les précédents albums. Je pense également que chaque artiste cherche à améliorer certains points d’albums en albums.

– Avec ce troisième album, votre répertoire devient conséquent et il va falloir faire des choix, peut-être difficiles, pour vos setlists. Allez-vous mettre en avant « The Shining Son » comme tous les groupes qui ont de nouveaux morceaux à défendre, ou y a-t-il aussi des incontournables chez APPALOOZA ?

Il est en effet difficile de choisir et d’établir une setlist, surtout en festival, où les temps de passage sont réduits. Nous aimons proposer de nouveaux titres au public et voir leur réaction, mais il y a également des titres des deux premiers albums qui, pour nous, sont toujours un réel plaisir à jouer sur scène. Varier les setlists suivant les concerts me parait être la meilleure option.

– Enfin, et les affiches sont belles, vous êtes programmés sur les ‘Ripplefest’ de Berlin et de Cologne en novembre et décembre prochains. J’imagine que vous attendez ces dates avec impatience ?

Nous sommes très heureux de pouvoir nous produire dans ces deux festivals en Allemagne. Nous avons réalisé deux tournées américaines, mais il ne nous était encore jamais arrivé de jouer en Europe.  Nous avons vraiment hâte !

Le nouvel album d’APPALOOZA, « The Shining Son », est disponible chez Ripple Music et sur son Bandcamp :

https://appalooza.bandcamp.com/

Retrouvez la première interview du groupe…

… et la chronique de « The Holy Of Holies »