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After Us : le goût du détail [Interview]

Originaire de la région parisienne, AFTER US est apparu il y a quelques semaines avec un premier EP, « Breaking The Dark », composé de quatre morceaux plus que prometteurs. Entre Rock et Metal, le quintet a particulièrement peaufiné les mélodies et les refrains, apportant une grande fraîcheur à ses morceaux. Pouvant compter sur une frontwoman dont la prestation est irréprochable, les Franciliens peuvent dorénavant aborder sereinement la scène, en attendant un premier album qu’ils enregistreront en fin d’année. Céline Himmer, chanteuse du groupe, nous en dit plus sur la formation et ses projets.

– AFTER US a vu le jour il a trois ans, d’abord sous la forme d’un trio, puis s’est étoffé d’une rythmique basse/batterie. Peu de temps après, la pandémie nous est tombée dessus, ce qui ne vous a d’ailleurs pas freiné. Vous avez même auditionné votre bassiste par Zoom. Ce n’est pas banal. Comment cela s’est-il passé ? Ca a du être assez spécial ? 

Oui, c’est vrai, on a beaucoup échangé pendant cette époque, car on avait un peu peur que cela nous éloigne. Cela a plutôt renforcé les liens. On a composé des morceaux, et on avait Guilhem (Bretillon, le bassiste- NRD) en contact et on s’est dit qu’il fallait qu’on le recrute, alors cela s’est fait par Zoom. Et ça s’est plutôt bien passé ! (Rires) Il nous avait envoyé son travail et on a discuté tous ensemble pour prendre la décision. Et puis, ça lui a aussi beaucoup plu, ce qui a été très facile finalement. Une fois en répétition, on s’est vraiment dit qu’on avait fait le bon choix !

– Une fois le line-up au complet, vous vous êtes mis à la composition, ou est-ce qu’une grande partie des morceaux était déjà bien avancée ?

Les morceaux étaient presque finis, pourtant nous en avons par la suite beaucoup réarrangé et pour certains presque complètement. On a gardé les squelettes, à savoir la structure, la ligne vocale et la mélodie, mais pour tout ce qui est riffs de guitare, beaucoup ont été reliftés.   

– Est-ce que c’est la période qui vous a décidé à sortir un EP de quatre titres étant donné que rien n’était encore simple, ou est-ce que vous êtes dits que pour un jeune groupe, un format court était une meilleure carte de visite ?

Oui, on voulait déjà faire une carte de visite pour voir un petit peu quel serait l’accueil et avoir aussi une édition physique de notre travail, tout ce qui avait été fait pendant cette période. Et aussi voir comment on pouvait se débrouiller en studio, et finalement le EP a reçu un très bon accueil. Et cela nous encourage vraiment à faire l’album en fin d’année.

– Sinon, vous aviez de quoi sortir un album complet ? Même si c’est souvent une question de budget, car on reste un peu sur notre faim…

En fait, on a choisi les quatre titres les plus aboutis, car d’autres étaient encore un peu en chantier. On en avait, mais on voulait sortir les morceaux dont nous étions les plus fiers et dont on savait qu’ils pouvaient toucher les gens, et surtout les peaufiner encore plus en studio. Nous avions aussi envie de présenter des univers différents. En fait, tout cela a été choisi et décidé entre nous.

– Parlons plus en détail de « Breaking The Dark ». On y découvre un univers Rock/Metal Alternatif assez peu représenté en France. Vous mettez s’accent sur les mélodies avec des refrains qui sonnent souvent Pop. Votre objectif était de rendre AFTER US le plus accessible possible ?

Pas forcément, mais on voulait que cela corresponde à notre vision de notre musique. On a cherché à bien distinguer les instruments et la voix pour montrer quelque chose de propre et d’abouti. C’est vraiment ce qui a déterminé notre démarche pour la sélection des titres.

– On note aussi sur les quatre morceaux un soin tout particulier apporté à la production et aux arrangements. Chaque détail a du nécessiter une attention particulière, j’imagine. C’est un travail que vous avez effectué en studio ou déjà en amont ?

On a beaucoup fait de pré-maquettes en échangeant beaucoup entre nous et aussi avec HK (Krauss de Vamacara Studio – NDR) qui nous a enregistré. Nous nous sommes échangés les propositions, et en arrivant en studio, nous avions encore d’autres idées que nous avons ajouté. En fait, c’est un gros travail de fond, tout cela a été très, très réfléchi.

– Vocalement aussi, tu livres une prestation limpide et qui dégage une grande force. Etonnamment, on n’est pas totalement dans un registre Rock ou Metal, et il y a beaucoup de similitudes avec Kim Wilde, par exemple. Là encore, il y a un grand mélange des genres…

Je pense que j’ai une voix qui me permet de faire pas mal de choses, mais je ne voulais pas tomber dans la caricature. Je peux faire des choses plus Rock, mais je voulais garder mon identité vocale en faisait en sorte qu’elle soit la plus naturelle possible, sans effet. Je peux faire des voix plus soutenues, mais mon envie était aussi que l’on retrouve les mêmes performances en live que sur disque, que soit cohérent et que je puisse tout reproduire. C’est ma vraie voix, ce que je chante habituellement. C’est mon registre le plus naturel possible ! (Rires) C’était important de retrouver cette liberté sur les morceaux, même s’il n’y en a que quatre. Sur l’album, on pourra se rendre compte du large panel du groupe, et du fait qu’on aime faire des choses très différentes. Donc, peu importe le style, il faut que ma voix reste ce qu’elle est et qu’elle soit identifiable sur tout l’ensemble et sans bidouillage.

-Maintenant que la situation est revenue à la normale, où en êtes-vous au niveau concert ? Ca se met en place doucement ? On sait que ce n’est jamais évident pour un jeune groupe avec un premier EP…

C’est notre gros projet pour 2022 et on y travaille d’arrache-pied. La plupart de nos répétitions servent à trouver ce son live, car on veut vraiment pouvoir tout restituer sur scène.

– Pour conclure, tu évoquais tout à l’heure de votre premier album. C’est donc acté ?

Exactement, en novembre, on retourne en studio voir HK pour y enregistrer cette fois l’album, qui devrait comprendre entre dix et douze titres. C’est bouclé ! (Rires) Et il sortira en indépendant, tant que nous n’aurons pas décroché un contrat satisfaisant.

Retrouvez la chronique du EP d’AFTER US :

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Alternative Metal Alternative Rock Metal Fusion

[Going Faster] : Matrass / Corey Taylor

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

MATRASS – « Inner Wars » – La Tangente

C’est de manière intelligente et créative que MATRASS se présente avec une deuxième réalisation particulièrement bien produite. Avec « Inner Wars », le quintet bordelais remet habillement la Fusion à l’honneur mélangeant une vision musicale très moderne pourtant héritée de groupes comme RATM, Faith No More et d’un soupçon de Living Coloür. Mariant la puissance du Metal et des ambiances post-Rock où se mêlent growl et chant clair, MATRASS est techniquement imparable et met beaucoup de relief à des compositions, qui prennent aussi le temps de respirer et pour être ensuite très incisives (« The Tide », « Y », « Soldier »). La fougue et la polyvalence de sa chanteuse, Clémentine Browne, apporte une singularité très colorée à ce « Inner Wars », dont les arrangements sont, par ailleurs, très soignés. Une formation à ne surtout pas manquer !

COREY TAYLOR – « CMFB… Sides » – Roadrunner

On a beau être habitué aux grands écarts de COREY TAYLOR, ça ne l’empêche pourtant pas de jouer à nouveau aux montagnes russes avec « CMFB… Sides ». Le chanteur de Slipknot et de Stone Sour navigue ici entre reprises, unplugged et versions live de ses compositions. Côté covers, le frontman s’essaie à Metallica (« Holier Than You ») et à Kiss comme on peut le voir sur la pochette (« Got To Choose »), et c’est franchement réussi.  Avec un respect des institutions et sa touche personnelle, COREY TAYLOR joue l’équilibriste. Pour le reste, on retrouve ses versions de titres de John Cafferty, Eddie Money et des Dead Boys très énergiques, puis beaucoup de délicatesse sur « Kansas » et « Halfway Down ». Eclectique et soigné, « CMFB… Sides » mérite bien plus qu’une simple écoute.

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Alternative Metal Groove Metal Progressif

Rest In Furia : furieusement groove

En général, un EP est un premier effort qui permet de se lancer, de tâter le terrain et de poser de solides bases. REST IN FURIA, quant à lui, en est à son troisième format court, ce qui peut paraître étonnant vu la qualité du quatuor francilien. A la fois groove, alternatif et légèrement progressif, le Metal acéré du combo révèle et dévoile un registre affiné et de plus en plus personnel.  

REST IN FURIA

« Silent Beholders »

(M&O Music)

Pour les suivre depuis un bon moment maintenant, il faut admettre que le style des Franciliens est en constante évolution. Et il se pourrait qu’avec ce troisième EP, « Silent Beholders », le quatuor se soit véritablement trouvé. Metal, REST IN FURIA l’est assurément, ainsi que groove grâce à la forte présence de la basse, mais aussi extrême par moment et légèrement progressif.  

Pour sa nouvelle réalisation, le groupe se présente dans un registre hybride où l’on perçoit dorénavant plus de cohérence et d’unité. Ne s’interdisant aucune embardée, REST IN FURIA maintient le cap et les cinq morceaux proposés forment un bel ensemble harmonieux. Assez alternatif globalement, le chant clair domine le growl et apporte donc plus de mélodie aux nouveaux titres.

Très bien produit et mettant en avant une puissance bien distillée, « Silent Beholders » montre également que le combo s’est débarrassé de ses influences et a peaufiné son Metal (« No Project », « Waving Crowds »). REST IN FURIA multiplie les riffs entêtants et millimétrés en avançant sur un groove efficace et souvent très Rock (« Those Empty Eyes », « Out Of The Kingdom »). On attend l’album !