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Katie Henry : un Blues émancipé [Interview]

Malgré son jeune âge, KATIE HENRY a déjà tout d’une grande. Compositrice, pianiste, guitariste et chanteuse, elle embrasse le Blues avec un naturel déconcertant, tout en affichant déjà une originalité remarquable et beaucoup de personnalité. Ne s’interdisant aucun détour par le R&B, la Soul, le Rock ou la Pop, l’Américaine vient de sortir « Get Goin’ », son deuxième album, qu’elle a eu la chance d’enregistrer avec le grand Bernard Allison accompagné pour l’occasion de ses musiciens. Rencontre avec une blueswoman, dont les premiers pas annoncent un avenir radieux.

Photo : Tino Sieland

– « High Road », ton premier album, est sorti il y a six ans maintenant et le chemin parcouru est remarquable. Quel regard portes-tu sur ces premières années et tes débuts dans le New-Jersey ?

Merci d’apprécié mes progrès et mon parcours. En repensant à l’endroit où tout a commencé, je me sens vraiment reconnaissante que ma famille aime la musique et qu’il y ait eu un piano à la maison ! Je dois aussi beaucoup à ma grand-mère, parce qu’elle m’a écouté attentivement, lorsque je jouais et m’a fait prendre conscience de l’impact que la musique peut avoir.

– Tu as commencé à composer très tôt après avoir appris le piano, puis la guitare. Même si tu mélanges plusieurs styles dans tes albums, comment es-tu venue au Blues ?

Je dirais que la chanson « Hurts Me Too » d’Elmore James est vraiment ce qui m’a permis de comprendre que le Blues était en moi. J’ai vu un groupe le jouer en live et je suis rentrée chez moi pour l’apprendre, parce que j’avais un désir ardent de la jouer. C’était aussi l’une des premières chansons que j’ai interprétées au chant. Puis, j’ai rejoint mon premier groupe de Blues peu de temps après ça, car quelqu’un m’avait entendu la jouer. J’ai finalement découvert de plus en plus de choses et j’ai appris que c’est la base de toute la musique Classic Rock que j’aime et avec laquelle j’ai grandi.

– Il y a deux ans, les choses se sont accélérées avec la signature chez Ruf Records, un label reconnu dans le monde du Blues pour son beau catalogue, puis est sorti de « On My Way ». J’imagine que cela a été une belle récompense et aussi une grande source de motivation, non ?

Absolument ! Je suis très reconnaissante que mon chemin ait croisé celui de Thomas Ruf à ce moment-là. Ruf Records est devenu comme une famille pour moi maintenant.

– La même année, il y a eu « Blues Caravan » avec Ghalia Volt et Will Jacobs. Qu’est-ce que tu retiens de cette expérience avec de jeunes artistes comme toi, et qui t’a aussi permis de partir en tournée hors des Etats-Unis ?

C’était la première fois que je voyageais hors des États-Unis, et surtout que je faisais une tournée ailleurs ! C’était très excitant et je ne savais pas à quoi m’attendre. C’était la première fois que je jouais aussi longtemps, soir après soir, et j’ai tellement grandi grâce à cette expérience. C’était aussi très amusant de jouer avec des artistes que je considère comme mes amis, parce qu’ils sont aussi très attachés à la musique et soucieux de bien faire.

Photo : Tino Sieland

– Et tu as eu aussi l’occasion de jouer aussi en Europe ensuite pour le 30ème anniversaire de Ruf Records, et notamment à Paris récemment au New Morning. Quelles différences as-tu noté entre le public américain et européen ? Est-ce que les amoureux de Blues sont les mêmes partout ?

Oui, j’étais tellement heureuse d’avoir eu l’opportunité de jouer à Paris ! J’ai eu envie de venir et d’y jouer toute ma vie et j’ai bien l’intention de revenir. Et je dirais que les amateurs de Blues sont les mêmes partout, mais que le public européen le fait vraiment savoir lorsqu’il s’amuse ! L’énergie dans la salle à la fin du spectacle pour un rappel est toujours très spéciale.

– Pour « Get Goin’ », tu as eu l’opportunité et la chance d’enregistrer avec Bernard Allison et son groupe. Il a aussi joué sur plusieurs morceaux et a produit l’album. Cela doit être une expérience incroyable, d’autant qu’elle a dû être très enrichissante à tous points de vue, non ?

Ce fut vraiment une bénédiction de travailler avec Bernard et son groupe. Ils ont fait de leur mieux pour me soutenir tout au long du processus. Bernard a notamment veillé à ce que je ne me limite en aucune manière. Il voulait faire ressortir toutes mes facettes musicales, ce que j’ai beaucoup apprécié. C’est gratifiant d’avoir travaillé dur ensemble et d’avoir cet album, dont nous sommes tous fiers.

– D’ailleurs, est-ce que tu avais déjà composé l’ensemble de l’album avant d’entrer en studio, ou y a-t-il eu un travail de co-écriture avec Bernard, ou juste quelques arrangements ou orchestrations sur certains morceaux ?

J’avais juste des ébauches de chansons et quelques arrangements avant d’entrer en studio, mais nous avons surtout beaucoup travaillé sur les chansons sur place.

– Justement, de quelle manière composes-tu ? Tu pars du piano ou de la guitare et est-ce que l’un ou l’autre va automatiquement donner la couleur du morceau ? La guitare peut être plus percutante, par exemple…

C’est vrai ! J’aime le côté percutant de la guitare et les chansons ressortent définitivement de manière différente. Je dirais que j’écris sur les deux instruments de manière égale. Généralement, je trouve une mélodie au chant et je construis autour de cela. La plupart des chansons commencent par le premier couplet, ou par ce qui finit par être le refrain, comme la chanson « A Doll’s Heart », par exemple. La mélodie du refrain est apparue, puis le reste de la chanson a été construit autour.

– Si « Get Goin’ » est très bluesy évidemment, on y décèle aussi des notes Pop, R&B, Soul, Soul et Rock. C’est important pour toi cette pluralité musicale ? Tu ne te sentais peut-être pas de réaliser un album purement Blues ?

Oui, il y a un mélange bluesy dans le son et les influences, car la pluralité musicale est très importante pour moi. J’essaie aussi de ne pas me concentrer sur la catégorisation de la musique que je fais, car cela peut limiter mon processus créatif au final. Au lieu de ça, je me concentre sur la création d’une musique que je ressens et qui résonne en m’étant fidèle intimement et aussi selon mon propre vécu.

Photo : Tino Sieland

– Même s’ils s’inscrivent dans une continuité très naturelle, « Get Goin’ » montre une étonnante maturité par rapport à « On My Way ». Tu as ressenti aussi une réelle progression dans ton jeu et dans la composition entre les deux albums ?

Merci ! J’ai vraiment l’impression d’avoir énormément grandi au cours des deux dernières années. Comme je le disais tout à l’heure, jouer soir après soir sur la tournée ‘Blues Caravan’ a vraiment renforcé mes capacités, et m’a aussi permis d’obtenir de plus en plus de premières parties et d’opportunités de festivals. Je pense aussi que certains changements personnels, ainsi que des pertes subies, m’ont fait plonger plus profondément en moi-même ce qui, je pense, transparaît aussi dans l’écriture.

– On l’a dit, tu es chanteuse, guitariste et claviériste. Dans quel domaine te sens-tu le plus à ton aise ? Seule au chant ou avec un instrument entre les mains ?

Jouer du piano et chanter est la configuration dans laquelle je me sens le plus à l’aise, car c’est comme ça que tout a commencé !

– Pour conclure, tu vas sûrement défendre ce nouvel album sur scène. Quels musiciens vont t’accompagner ? Ceux de Bernard, ou un autre groupe ?

Oui, j’ai vraiment hâte de jouer ces chansons en live et ce sera désormais avec mon propre groupe, mais si l’occasion se présente de jouer à nouveau avec Bernard, je la saisirai avec plaisir !

« Get Goin’ » de KATIE HENRY est disponible chez Ruf Records.

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