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Blues

Zed Mitchell : Always on the road

Si le style du bluesman ZED MITCHELL est si singulier, c’est probablement car il est limpide et d’une grande justesse. Tout en feeling, le guitariste allemand fait preuve d’une profondeur musicale de chaque instant et son nouvel album, « Route 69 », empreinte de bien agréables chemins. 

ZED MITCHELL

« Route 69 »

(Z Records/TimeZone)

Guitariste et songwriter malheureusement trop méconnu du grand public, le bluesman ZED MITCHELL est pourtant considéré comme l’un des meilleurs de son registre en Europe. Après 50 ans de carrière et plus d’une vingtaine d’albums, le musicien propose aujourd’hui « Route 69 », son huitième album solo en 13 ans. Sur des guitares lumineuses, la sincérité de son jeu se révèle.

Grand guitariste de session, ZED MITCHELL a travaillé avec Tina Turner, Phil Collins ou encore Natalie Cole. Longtemps comparé à Mark Knopfler, Chris Rea, Robert Cray ou JJ Cale en raison de son style clair et précis, l’Allemand se distingue pourtant à bien des égards et « Route 69 » vient le démontrer brillamment. Cristalline et délicate, sa guitare se pose de façon aérienne et posée.

De « By Sundown You’ll Be Gone », « I’m Still Waiting (I see, you see) » à « Freedom Trail », « Blue In Your Eyes » ou « I Don’t Know », ZED MITCHELL va puiser au fond de son âme un Blues très personnel et presque discret malgré une technicité irréprochable. Ce nouvel album mériterait de mettre enfin en lumière ce musicien hors-pair.

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Hard Rock

Ambiance électrique et bluesy

Fidèles représentants d’un Hard Rock aussi Heavy que bluesy, les Allemands de VOODOO CIRCLE livrent leur sixième album. Le guitariste Alex Beyrodt a composé un « Locked & Loaded », tout en nuances et plein de feeling, porté par la voix très chaude de David Readman.

VOODOO CIRCLE

« Locked & Loaded »

(AFM Records)

Très attendu sixième album pour VOODOO CIRCLE, qui continue de faire le pont (sans véritablement l’avouer) entre un Led Zeppelin de la grande époque et le meilleur de Whitesnake. Il faut reconnaitre que David Readman (Pink Cream 69) présente des similitudes troublantes techniquement et dans la tessiture avec David Coverdale (« Flesh & Bone », « Eyes Full of Tears »).

Mais VOODOO CIRCLE, c’est avant tout le projet du songwriter et guitariste Alex Beyrodt, qui fait toujours autant preuve de virtuosité que de feeling. Non content d’écrire entièrement l’album, l’Allemand a même choisi la guitare la plus appropriée à chaque morceau. L’art du détail… C’est ainsi que l’on découvre la belle Gibson double-manche de la pochette sur « Magic Woman Chile ».

Accompagné par la belle rythmique formée de Mat Sinner à la basse (Primal Fear, Sinner) et du batteur Markus Kullman (Glenn Hugues), VOODOO CIRCLE présente un très bon Hard Rock, un brin Heavy, et surtout mené par quatre musiciens qui font vraiment corps et qui brillent notamment sur les passages bluesy de « Locked & Loaded » (« Wasting Time », « Devil with an Angel Smile »).

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Heavy metal

ACCEPTer l’inéluctable…

Rare institution du Heavy Metal allemand encore debout, ACCEPT fait son retour et affiche une volonté farouche et très animale d’en découdre. Cependant, « Too Mean To Die », son seizième album, est assez inégal et peu convaincant. Cela dit, les fans y trouveront sans doute leur compte.

ACCEPT

« Too Mean To Die »

(Nuclear Blast Records)

En dehors de son inamovible guitariste Wolf Hoffmann, que reste-t-il de la légende allemande ACCEPT ? C’est le seizième album pour la formation qui a vécu tant de changements de line-up et autant d’années d’incertitude. « Too Mean To Die » a été enregistré à Nashville avec le fidèle Andy Sneap (Judas Priest, Megadeth) aux manettes, et se maintient dans la lignée des derniers albums du groupe.

Pas de surprise donc sur cette cuvée 2021 des piliers du Heavy Metal allemand, qui reste axé sur des riffs efficaces et directs. Et comme depuis quelques années maintenant, on retrouve quelques touches de musique classique chère à Hoffmann (l’orientalisant « Samson And Delilah »). Pour le reste, ACCEPT offre un Heavy incisif et racé (« Zombie Apocalypse », « The Undertaker », « Too Mean Too Die »).

Sans son emblématique bassiste Peter Baltes, le sextet teuton semble ne pas avoir perdu le cap, et il faut reconnaître que ce nouvel album ne vient ni révolutionner le genre, ni bouleverser la discographie du combo. Pourtant à trois guitaristes, on pouvait s’attendre à un ACCEPT remonté et à des solos plein de fougue. Mais « Too Mean Too Die » ne remplit pas ces conditions et espérances.

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Extrême International Progressif

Mekong Delta : une technicité en orbite !

Fondateur de MEKONG DELTA en 1985, Ralf Hubert, immense bassiste et tête pensante du groupe, m’a fait le plaisir de répondre à quelques questions suite à la sortie du nouvel album « Tales Of A Future Past ». Avec l’Allemand, rien n’est jamais simple en matière de musique, ce qui est peut-être du à une recherche perpétuelle et un perfectionnisme poussé à l’extrême.

– Six ans se sont passés depuis « In a Mirror Darkly », pourquoi avoir attendu si longtemps ?

C’est vrai que ça fait long, quatre ans environ pour le composer. Le truc, c’est que je compose tous les morceaux avant de les envoyer au reste du groupe. L’idée d’un album survient lorsqu’à court terme j’accumule plusieurs riffs qui s’assemblent bien. Ca ne veut pas dire qu’ils forment une chanson, juste qu’ils sont compatibles. Si après deux à quatre semaines, je les aime toujours, alors je commence à développer. C’est la base des compositions, et ça prend environ un an. Et si les éléments tiennent toujours la route, je travaille la structure finale, ce qui peut prendre encore un an. Ce n’est que lorsque tout cela est fait que les musiciens reçoivent les titres. Ensuite, la dernière étape commence avec la préparation de l’enregistrement. Cette dernière phase a pris environ deux ans, car les arrangements étaient plus complexes cette fois-ci.

– « Tales Of A Future Past » est vraiment brillant. Quel est le concept de ce nouvel album ?

Le concept est le suivant : des chercheurs retrouvent les restes d’une civilisation passée inconnue, puis découvrent les textes d’une personne qui décrit les problèmes qui ont conduit à leur chute. Quant à la pochette peinte par l’artiste David Demaret, elle était à l’origine pour une histoire de Lovecraft « Mountains of Madness ». Je l’ai découvert par hasard, en cherchant sur le Net une édition spéciale et illustrée d’un livre de l’histoire mentionnée. J’ai été tout de suite fasciné, et j’ai immédiatement pensé à l’idée de base de l’album que la peinture représentait en fait assez bien.

– Tu as dit avoir rencontré des difficultés lors de l’enregistrement, notamment concernant les parties de basse. Qu’est-ce qui était différent cette fois ?

Ce sont surtout la guitare et la basse qui m’ont posé quelques difficultés. Pour comprendre cela, vous devez savoir que tous les riffs de MEKONG DELTA sont basés sur l’upstroke/downstroke pour assurer le flux legato du riff. On peut le faire facilement sur une guitare ou une basse, mais si vous basculez entre deux cordes, ça se complique. Le premier thème de « Mental Entropy » est un bon exemple. L’accent est parfois mis sur le downstroke, et parfois sur l’upstroke. C’est assez lourd, mais c’est toujours possible, car nous avions déjà des riffs sous une forme simplifiée avec ce genre d’attaque. Mais les modulations à la baisse qui suivent, via des figures combinées parfois sur trois cordes, sont plus complexes. Et Peter et moi sommes partis dans cette folie sur nos instruments. Cela m’a pris près d’une semaine pour enregistrer ce stupide début de l’un de mes riffs. Et de tels heurts parcourent tout l’album. (Je laisse le soin aux spécialistes de m’éclairer, merci ! – NDR)

– « Tales Of A Future Past » est techniquement excellent et toujours aussi complexe. On a l’impression que tu repousses toujours tes limites…

Quel genre de musicien faut-il être pour ne pas essayer d’avancer encore plus dans les capacités de jeu et de composition, pour finalement franchir les limites musicales et techniques sur chaque nouvel album?

– Pas faux ! Depuis 2008, le line-up de MEKONG DELTA s’est stabilisé. Tu dois être content que le groupe reste enfin le même, non ?

Il y a eu un petit changement cette fois, car Erik n’a pas eu assez de temps pour s’occuper suffisamment des riffs, alors j’ai demandé à Peter Lake s’il avait du temps et il l’a fait. Personnellement, je crois aujourd’hui que chaque album de MEKONG DELTA est à la recherche de ses propres musiciens. Je sais que cela semble étrange, mais les trois derniers albums, en particulier pour les guitaristes, ont connu des changements et ils ont été positifs pour les albums par la suite. C’est un peu la même chose sur « Tales Of A Future Past ». Mais le reste du groupe est toujours le même : Martin au chant et toujours en pleine forme, Alex qui domine sa batterie, et puis ce bassiste… (Rires)

– Parlons de « Landscape », et ses 18 minutes, qui l’une des pièces majeures de l’album. Cela fait longtemps que tu mûris ce morceau ?

Les parties qui le composent ont une longue histoire. Je travaille depuis des années pour mettre en musique la nouvelle de Joseph Konrad, « Heart of Darkness ». Et cette tentative me plonge régulièrement dans la folie. Tous les titres qui composent « Landscape » sont en fait des études préliminaires d’un possible thème musical de la nouvelle. Tous les titres sont donc importants pour moi, car c’est la seule bonne façon de créer une bonne version musicale de la nouvelle de Konrad.

– Alors que de plus en plus de groupes utilisent des samples, MEKONG DELTA compose et joue comme au début. Vous n’avez jamais été tenté d’en inclure dans votre musique ?

Pour l’enregistrement, tu as raison. Nous jouons de tous nos instruments sans utiliser de samples. En revanche, pour la composition, tout ce que je joue à la basse est répertorié dans mon ordinateur. Pour les arrangements, j’utilise beaucoup les ordinateurs… depuis les premiers Atari ! Par exemple, pour le morceau « When all Hope is Gone », il a été enregistré sur 200 pistes avec huit bibliothèques différentes. Il nous aurait fallu un soi-disant grand orchestre, c’est-à-dire plus de 100 personnes, et cela dépasse tout budget !

Une grand merci à l’immense bassiste Ralf Hubert, maître d’œuvre de MEKONG DELTA pour sa gentillesse et sa disponibilité.

Retrouvez le groupe :

https://www.facebook.com/mekongdeltagermany/

http://www.mekongdelta.eu/

Albums et merchandising dispos :

mekongmerch@zedmedia.de

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Blues

Intense feeling

Communiant avec son public comme rarement, le KENNY WAYNE SHEPHERD BAND livre une prestation phénoménale avec une set-list exceptionnelle et une interprétation hors-norme. Son Blues Rock est à son apogée.

KENNY WAYNE SHEPHERD

« Straight To You Live »

(Provogue/Mascot Label Group)

C’est à Leverkusen en Allemagne lors de la tournée de l’excellent « The Traveler » que le grand KENNY WAYNE SHEPHERD BAND a enregistré ce majestueux « Straight To You Live ». Accompagné de Noah Hunt (guiatre, chant), Chris Layton (batterie), Joe Known (claviers), Scott Nelson (Basse), Joe Sublett (saxophone) et Mark Penker (trompette), le bluesman livre un album explosif à la hauteur de ses prestations scéniques endiablées.

La Stratocaster en main, « Woman Like You » ouvre les festivités et Noah Hunt joue de sa voix chaud et tout en émotion et soutenu par un groupe exceptionnel. Partageant le chant avec KENNY WAYNE SHEPHERD (« My Soul »), le Blues Rock des Américains prend une dimension incroyable au fil des morceaux. Efficace mais pas exubérant, la set-list est aussi variée qu’elle impressionne (« I Want You », « Long Time Running »). 

L’énergie qui se dégage de « Straight To You Live » est tout simplement phénoménale et la session cuivre en plus des solos très affûtés et racés y est pour beaucoup. L’intensité du KENNY WAYNE SHEPHERD BAND est digne des plus grandes heures du Blues Rock et l’Américain s’impose comme l’un des plus grands bluesmen de sa génération (« Diamonds And Gold », « Take To Me Baby », « Shame Shame Shame »). Ce Live est juste essentiel.

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Heavy metal

Metal queen

Dorothee Pesh, plus connu sous le nom de DORO, est une hyperactive. Entre la préparation de son nouvel album à paraître l’an prochain, plusieurs collaborations artistiques et même un parfum (!), elle a récupéré les droits sur la musique de sa longue carrière et sort un triple-album entre hymnes Heavy Metal, ballades, duos et reprises. Et l’Allemande, comme toujours, tient son rang !

DORO

Magic Diamonds – Best of Rock, Ballads & Rare Treasures

(Rare Diamonds Productions)

C’est vrai que je n’ai pas pour habitude de chroniquer les Best Of, mais celui-ci n’en est presque pas un ! En effet, la chanteuse propose certes ses classiques, et il y en a, mais aussi des versions live, plus rares, de morceaux tombés aux oubliettes ou plus simplement plus disponibles. Et puis, à l’heure où le Metal est envahi par les chanteuses d’opérette, DORO vient rappeler non seulement qu’elle est une précurseure, mais qu’elle reste la seule et unique Metal Queen à ce jour et une frontwoman exceptionnelle. 

De Warlock et ses hymnes Heavy à sa longue carrière en solo, l’Allemande propose un Best Of regroupant pas moins de trois CD et va jusqu’à avouer que le choix fut cornélien et qu’il lui en reste des cartons plein ! L’occasion pour les plus jeunes de se jeter dans la belle discographie de la frontwoman, qui a aussi le mérite de remettre quelques pendules à l’heure. Entre les incontournables de DORO se glissent des versions live toutes aussi pêchues à l’image de ses prestations explosives.

On ne va pas entrer dans le détail des 56 morceaux présentés, mais entre de belles ballades studio ou extraites de concerts, de très bons duos avec Lemmy bien sûr, Slash, UDO, Tarja Turunen ou encore Pete Steele de Type O Negative, des versions live ardentes des immanquables de son grand répertoire, c’est un retour aux belles heures du Heavy Metal auquel nous convie DORO. Plein de surprises, on découvre également « Egypt » en hommage au grand Ronnie James Dio. Bref, un indispensable pour tous les amoureux de Heavy Metal !