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Kenny Wayne Shepherd : un scintillement éternel

Même si la concurrence est féroce, mais loyale et amicale, il faut reconnaître que KENNY WAYNE SHEPHERD est sans doute le meilleur bluesman et songwriter de sa génération. A l’instar de Stevie Ray Vaughan en son temps, il donne un nouveau souffle au Blues Rock depuis de nombreuses années maintenant, au point d’être devenu incontestable. Avec « Dirt On My Diamonds Vol 1 », il montre un talent intact et une inspiration toujours aussi vive. Un diamant dans un écrin de Blues…

KENNY WAYNE SHEPHERD

« Dirt On My Diamonds Vol 1 »

(Mascot Label Group)

De quelle meilleure manière KENNY WAYNE SHEPHERD pouvait-il célébrer la sortie de son dixième album studio qu’en le présentant sur deux volumes ? C’est souvent un cap dans la carrière d’un artiste et l’Américain a souhaité le faire le mieux possible, d’autant que celui-ci, ainsi que le second volet, sont déjà enregistrés depuis quelques années, avant la pandémie. Au sortir du Covid et avant un retour à la normale, il a préféré sortir le live « Straight To You Live » et ensuite se consacrer aux 25 ans de « Trouble Is », joyau de sa discographie.

« Dirt On My Diamonds Vol 1 » a été enregistré à Muscle Shoals en Alabama, terre de Blues s’il en est, aux studios Fame et pour la troisième fois avec Marshall Altman à ses côtés. Tenir le rang après le somptueux « The Traveler » était un sacré challenge, mais à écouter KENNY WAYNE SHEPHERD sur ce nouvel opus, quatre ans plus tard, il s’agit d’une simple formalité. Le musicien a encore beaucoup de choses à dire, beaucoup de riffs incandescents à jouer et de lumineux solos à livrer… et on ne s’en plaindra pas !

Car le guitariste de Louisiane vit littéralement son Blues et le son de sa Stratocaster est devenu une signature familière. Ce nouvel opus est aussi très cuivré avec cinq morceaux sur huit, aussi groovy et enflammés les uns que les autres (« Sweet & Low », « Man On A Mission », « Bad Intentions » et le morceau-titre). Et avec son ami Noah Hunt, le duo vocal fait des étincelles, y compris sur la reprise d’Elton John, « Saturday Night’s Alright For Fighting ». Le Blues Rock de KENNY WAYNE SHEPHERD percute, amuse et séduit avec brio !

Photo : Jim Arbogas

Retrouvez la chronique de l’album « Trouble Is…25 » :

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Ana Popovic : une leçon de vie [Interview]

Avec son caractère bien trempé et une virtuosité sur laquelle on ne reviendra pas, ANA POPOVIC est probablement l’une des plus grandes blueswomen de son temps. Grande guitariste et chanteuse hors-pair, la Serbe s’est imposée au fil d’albums de plus en plus affinés à travers lesquels elle affirme également de plus en plus sa forte personnalité. Avec « Power », son treizième album, la musicienne et son incroyable groupe libèrent des ambiances savoureuses, le tout dans une atmosphère de liberté et de bien-être. Entre deux concerts, cette grande Dame du Blues m’a fait le plaisir de répondre à quelques questions avec toute la franchise qu’on lui connait. Entretien.

Photo : Brian Rasic

– Après avoir vaincu la maladie, tu reviens avec un album fantastique et vraiment lumineux. Il faut une volonté incroyable pour obtenir un tel résultat aussi stupéfiant. Est-ce que tu perçois « Power » comme un symbole et un moment unique de ta carrière ?

Absolument. Cela a été un réel ‘entraînement ‘ pour moi et un ‘carburant’ pour mon âme. J’y ai mis tout ce que j’avais ! Le processus a été très enrichissant. Le simple fait de le concevoir m’a donné tellement de joie et cela a aussi guéri ma douleur dans les moments difficiles. Je l’ai abordé très sérieusement. Je ne voulais rien de faible sur le disque. De chaque musicien, de chaque partie, de chaque arrangement et à chacune des performances, je voulais TOUT donner et j’attendais aussi le meilleur des musiciens.

– Justement, le titre de l’album est très évocateur et les morceaux parlent aussi de cette force dans l’unité à travers l’amitié et l’acceptation de l’autre. Est-ce que les épreuves que tu as traversées t’ont donné un regard nouveau sur la société et notre époque ?

Oh non, j’ai toujours eu cette perspective. Buthel (Burns, bassiste – NDR) et moi avons grandi dans des foyers différents. J’ai grandi dans une famille aimant la musique et la fête en Serbie, et lui dans une famille aimant la musique et la fête dans le Michigan. Mais nous avons tous les deux le même goût pour la musique. Par exemple, nous aimons des thèmes de l’unité et de l’acceptation, ce que l’on peut aborder à travers la musique. Nous avons tous les deux adoré le ‘Live Aid’, quand le monde entier se réunissait pour aider l’Afrique. Et aussi, Paul Simon et son groupe africain, les duos d’Aretha Franklin avec différents artistes, ou lorsque Stevie Wonder pose un regard émouvant sur la vie. C’était donc le bon moment pour s’attaquer à tous les maux du monde : l’injustice sociale, le racisme, la lutte des femmes pour l’acceptation et leurs libertés, les droits des LGBT… Vivez et laissez vivre ! Cela a toujours été ma devise.

Photo : Brian Rasic

– Tu as composé l’album avec ton bassiste et directeur musical Buthel et, entre Los Angeles et Amsterdam où tu te soignais, les choses n’ont pas du être simples. Comment as-tu vécu cette expérience inédite et est-ce que tu penses que « Power » aurait eu le même éclat dans une configuration plus ‘normale’ ?

Oui, je pense que cela aurait été le cas. Après tout, nous travaillions déjà sur ces chansons avant que je sois diagnostiquée. Mais cela a sûrement apporté de l’intensité et plus de sensations aux chansons, c’est sûr. On peut dire que « Power » a été habité par les événements de ma vie personnelle, bien sûr. Mais les chansons et leurs messages positifs auraient été là quoiqu’il en soit. Nous avions commencé à écrire ces chansons avant mon traitement et nous avions des bribes de morceaux qui avaient juste besoin d’une touche finale, au contraire d’autres qui ont été composées à partir de zéro. Mais ce que cette période m’a offert, c’est une envie de les terminer et de livrer un bilan positif à travers un excellent disque, déjà pour moi-même en premier lieu. Si cela avait été mon dernier disque, pour une raison quelconque, quel genre de message aurais-je laissé derrière moi ? C’est en tout cas la question que je me suis toujours posée pour chaque album.

– On sent un engagement total sur « Power » et pourtant il s’en dégage beaucoup de sensibilité, de délicatesse et même de douceur. Tu n’as été tentée d’écrire un album plus nerveux et plus musclé compte tenu des circonstances, peut-être en guise de rébellion ?

J’ai fait exactement ce que je voulais ! Le disque a tout pour plaire. « Luv ’n Touch » est aussi sensible, profond et délicat que possible ! « Recipe Is Romance » et « Deep Down » sont doux, pleins de sentiments, de désir et parlent du manque d’une personne… de l’aimer dans les moments difficiles de notre vie. Il y a beaucoup de nuances sur ce disque, de la sensibilité et de la délicatesse, ainsi que de la rébellion et du caractère comme sur « Queen Of The Pack », « Flicker ‘n Flame », « Power Over Me » ou « Turn My Luck ». Et il y a aussi de la pure luxure sur « Strong Taste ». On trouve également beaucoup de choses mystérieuses et de petites surprises dans chaque chanson, que ce soit dans des changements de tempo inattendus, des chants de type gospel et d’autres passages forts qui vous transportent.

Photo : Brian Rasic

– Tu sembles aussi très sereine dans ton jeu et au chant et cela se ressent notamment sur le morceau « Queen Of The Pack ». Là encore, tu dégages beaucoup de force et d’énergie. Quelle était l’intention première de cette chanson ?

C’est exactement ça. C’est déjà assez difficile comme ça d’affronter et de diriger un groupe formidable, même composé de joueurs d’excellence. Je dois donc jouer le rôle de la reine de la meute et leur faire savoir exactement ce que je veux et comment je le veux. Ces dernières années, j’ai une conduite plus fluide en ce qui concerne les membres de mon groupe, mais par le passé, il y a eu des moments où j’ai senti que je devais ‘taper du poing sur la table et leur montrer qui était la Boss Lady !’. C’est mon travail en tant que leader de livrer un excellent spectacle et je tiens absolument à faire ça !

– Un petit mot aussi au sujet de « Rise Up ! » qui ouvre l’album et qui est signé Kenny Wayne Shepherd, qui est un ami de longue date. C’est assez étonnant de commencer un disque avec le morceau d’un autre, surtout quand on a composé tout le reste. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ? 

Les paroles et l’ambiance générale de la chanson, tout d’abord. La façon dont nous l’avons faite est différente de l’originale et elle est très fédératrice. Je voulais ‘sonner le rappel des troupes’ pour changer tout ce qui ne va pas dans le monde aujourd’hui. Et je voulais aussi une chanson assortie à la pochette du disque (deux mains noires et blanches se tenant comme symbole du bien, de l’unité et du pouvoir). Donc, « Rise Up » s’imposait. Et cela avait aussi une signification particulière pour moi quand je l’ai entendu pour la première fois, alors que je traversais ce que je vivais. Cela m’a donné de l’optimisme et l’envie de continuer.

Ana et Buthel Burns – Photo : Brian Rasic

– « Power » est bien plus qu’un simple album de Blues, puisqu’il contient beaucoup de sonorités Rock, Soul, Jazz, Afro-Beat et Funk. On perçoit un énorme élan de liberté. C’est pour cette raison que tu as voulu aborder autant de variétés musicales et de styles différents ?

Putain, ouais ! Je voulais faire exactement ça ! La musique devrait TOUJOURS te faire te sentir libre. Elle doit ressembler à la liberté : celle de s’exprimer et de tout explorer. C’est le plus grand défi et aussi une récompense. Je tenais absolument à mettre quelque chose de nouveau sur la table ! Quelque chose que personne n’avait fait auparavant. On ne peut pas comparer ce disque et son style musical à quoi que ce soit d’autre existant déjà. Nous sommes dans notre propre voie ! Il y a beaucoup d’influences et c’est ça ANA POPOVIC !

– Tu es comme toujours très bien entourée avec une section cuivre conséquente et des choristes incroyables, qui apportent beaucoup de chaleur. Il y a un esprit très ‘Big Band’ sur « Power ». C’est justement pour affirmer cet aspect d’unité et de fraternité qui règne que les chansons que l’ensemble du groupe est autant mis en avant ?

Oh oui ! C’est cette unité qui rend mon groupe si incroyable. J’ai toujours eu le don de faire sonner n’importe quel musicien du groupe, parce que je mettais en évidence ses forces et que je cachais ses faiblesses musicales. Mais à ce stade de ma carrière, j’ai enfin un groupe des deux côtés de l’océan, dans lequel je n’ai pas besoin de cacher quoi que ce soit. Je dois juste mettre en évidence leur incroyable talent et qu’ils continuent de dévoiler de plus en plus leurs qualités. C’est parfois époustouflant de diriger un tel groupe. Et c’est très enrichissant.

Photo : Brian Rasic

– J’aimerais que l’on parle de ton jeu de guitare qui est très aérien, tout en feeling et peut-être moins ‘shred’ que d’habitude. Tu as dit que ta Stratocaster de 1964 t’avait sauvé la vie. Quel un impact cela a-t-il eu sur ton jeu et au moment de composer l’album ?

Sur les albums, j’ai toujours mis la guitare au service de la chanson. Shred, tu dis ? Trop de guitares ? Viens me voir en live ! La musique est mon art, à travers mes chansons et je ne mets jamais en péril la valeur d’un morceau au profit d’aucun instrument, y compris la guitare. C’est la chanson qui tient la première place. Les guitares sont sauvages quand cela est nécessaire, et elles sont plus subtiles quand il le faut. Mais ne vous y trompez pas, il y a plein de guitares sur « Power » !

– Ton album sort sur ton propre label, ArtisteXclusive, Là encore, cela montre à quel point ta liberté artistique est importante. Qu’est-ce que cela t’apporte concrètement et as-tu dans l’idée de signer d’autres artistes ?

Ce serait bien de signer d’autres artistes, si j’avais le temps pour ça ! Il n’y a vraiment plus besoin d’être signé sur un label de nos jours. Vous pouvez faire tellement de choses par vous-même. C’est l’avantage de cette période dans laquelle nous sommes. Sauf si c’est énorme et qu’on ne peut pas le refuser, bien sûr.

– Enfin, tu es venue en Europe et notamment en France pour une série de concerts, alors que « Power » n’était pas encore sorti. Tu avais un besoin irrésistible de retrouver la scène au plus vite ?

Oui, j’avais ce besoin irrésistible de jouer ces chansons et nous avions cette tournée prévue bien avant le jour de la sortie de l’album. Particulièrement en France, car c’était ma façon de tester les chansons et ça n’a jamais été aussi bon ! On a travaillé ces morceaux pour la scène. Tout était prêt et le public s’est régalé. Les gens n’ont pas eu besoin d’un moment d’échauffement et ils n’ont pas eu besoin non plus d’écouter l’album à la maison avant. C’est ça ‘l’amour de la première écoute !’.

Le nouvel album d’ANA POPOVIC, « Power », est disponible partout, via son label ArtisteXclusive.

Retrouvez la chronique : https://rocknforce.com/ana-popovic-une-incroyable-ferveur/

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Blues Rock

Kenny Wayne Shepherd Band : ultime retouche

Plutôt que de se contenter d’une réédition classique augmentée de versions plus ou moins pertinentes, le guitariste et chanteur KENNY WAYNE SHEPHERD a tenu à réenregistrer l’intégralité de l’album avec lequel il s’est imposé sur la scène internationale. « Trouble Is… 25 » offre un souffle nouveau à des compositions largement éprouvées sur scène depuis. Indispensable.

KENNY WAYNE SHEPHERD BAND

« Trouble Is… 25 »

(Provogue/Mascot Label Group)

Une chose se précise : il y a eu Stevie Ray Vaughan et il y a désormais KENNY WAYNE SHEPHERD. Originaire de Louisiane, le guitariste a fortement contribué à donner un second souffle à la scène Blues Rock américaine il y a près de trois décennies maintenant. Après neuf albums, le dernier en date étant « The Traveler » (2019), il est retourné en studio pour célébrer les 25 ans de son album le plus vendu à ce jour, « Trouble Is… », et la surprise est belle d’autant que le musicien s’est considérablement aguerri.

Après un premier album (« Ledbetter Heights » – 1995) sorti alors qu’il n’avait que 18 ans, c’est avec le second que KENNY WAYNE SHEPHERD a véritablement pris la lumière et son envol. Quelques millions d’exemplaires plus tard et une reconnaissance unanime, il entame le parcours qu’on lui connait. Et afin de fêter comme il se doit les 25 ans de cet opus majeur de sa carrière, l’Américain a réuni le line-up originel pour réinterpréter des morceaux devenus des classiques.

Désireux d’enregistrer ses chansons telles qu’il les joue aujourd’hui sur scène, le KENNY WAYNE SHEPHERD BAND leur offre un lustre très actuel, même si « Trouble Is… » possédait déjà une incroyable touche intemporelle. Le songwriting est intact et brillant et l’expérience acquise depuis rend encore plus fort des titres comme son tube « Blue On Black », la nouvelle version de « Ballad Of A Thin Man », « Slow Ride », « (Long) Gone », « King’s Highway » et les reprises de Dylan et Hendrix. Du grand art !

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Blues Blues Rock

Joanne Shaw Taylor : le charme et le feeling

Guitariste, chanteuse et compositrice de grand talent, la Britannique JOANNE SHAW TAYLOR mène une carrière bien trop discrète si l’on tient compte de son exceptionnel parcours. Ayant rejoint KTBA Records, le label de Joe Bonamassa, la musicienne se livre sur scène à travers 16 morceaux de Blues et de Blues Rock époustouflants, et avec une présence et un jeu de haut vol.

JOANNE SHAW TAYLOR

« Blues From The Heart Live »

(KTBA Records)

Repérée à l’âge de 16 ans par Dave Stewart de Eurythmics, JOANNE SHAW TAYLOR est sur la route depuis un bon moment maintenant. Rapidement devenue une guitariste incontournable, l’Anglaise a sorti son premier album solo en 2009 (« White Sugar ») et après en avoir parcouru du chemin dans le milieu du Blues Rock, elle présente aujourd’hui un album live éblouissant et une prestation énorme.

Partageant sa vie entre Detroit, Michigan, et Birmingham dans son pays, la musicienne avait rejoint l’écurie de Joe Bonamassa pour son septième album studio sorti l’an dernier (« The Blues Album »). Produit par l’homme au costume et le fidèle Josh Smith à Nashville, puis mixé par le grand Kevin Shirley (Led Zeppelin) en Australie, « Blues From The Heart Live » fait véritablement briller JOANNE SHAW TAYLOR.

Enregistré et filmé au fameux Theatre de Franklin dans la ville du Tennessee et après deux ans de disette scénique, c’est entourée d’un sextet incroyable que la compositrice livre 16 titres Blues et Blues Rock, qui rassemblent plusieurs époques du genre. Et la fête est complète, puisque JOANNE SHAW TAYLOR a invité Kenny Wayne Shepherd, Mike Farris et Joe Bonamassa pour ce show d’anthologie. Essentiel, déjà !

L’album, le DVD et le Blu-ray sont disponible via  www.ktbarecords.com

Photo : Kit Wood
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Americana

Mindi Abair : un souffle Americana

Tout en accompagnant régulièrement depuis des années les plus grands artistes de la planète, la saxophoniste MINDI ABAIR mène aussi une carrière solo où elle laisse parler son feeling dans des registres qu’elle affectionne. Avec toujours autant d’émotion et de justesse, l’Américaine livre « Forever », un album où elle explore un style plus Americana avec le talent qu’on lui connait.

MINDI ABAIR

« Forever »

(Pretty Good For A Girl Records)

Chaque nouvel album de MINDI ABAIR est un petit évènement en soi, d’autant que la saxophoniste, entre autre, n’a rien sorti en solo depuis 2014. Et après toutes ces années, l’Américaine nous fait la surprise et le plaisir de livrer un album d’Americana, même si le smooth jazz dans lequel elle est une référence, n’est jamais bien loin. C’est donc dans un style assez dépouillé et bluesy qu’elle nous revient.

Comme le talent de la musicienne en appelle d’autres, MINDI ABAIR dispose pour « Forever » d’un line-up de choix. On retrouve à la batterie Abe Laboriel JR (Paul McCartney), Sean Hurley à la basse (John Mayer), Tim Pierce à la guitare (trop long CV !) et Rodney Lee aux claviers (la même chose). Autant dire que ça joue et que le feeling est présent d’un bout à l’autre de l’album.

On apprécie toujours autant son joli brin de voix, d’autant qu’elle délaisse même parfois son instrument de prédilection (« Fine Wine And Vinyl »). Et comme pour embellir encore un peu plus ce onzième album solo, MINDI ABAIR a convié Raul Malo (The Mavericks) aux claviers sur « Say It With Love » et le grand Kenny Wayne Shepherd à la guitare sur « What About Love ». La grande classe !

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Blues

Ally Venable : Texas rules !

Si ALLY VENABLE fait sonner sa Gibson et entendre sa voix depuis seulement cinq ans, c’est en blueswoman aguerrie et au style très personnel qu’elle livre un quatrième album authentique, entre un Blues Rock imprégné de SRV et un Southern Rock très percutant. « Heart Of Fire » est une réalisation à la hauteur du grand talent de la jeune texane.

ALLY VENABLE

« Heart Of Fire »

(Ruf Records)

Le monde du Blues Rock se féminise peu à peu depuis quelques années et c’est une très bonne chose ! Si Ana Popovic, Jessie Lee ou Samantha Fish sont aujourd’hui reconnues, d’autres ont pris le train en marche pour s’affirmer non seulement comme de très bonnes chanteuses, mais aussi et surtout comme des musiciennes hors-pair. Et c’est le cas pour ALLY VENABLE, jeune texane de 22 ans, nourrie au Blues et au Southern que sa fougueuse jeunesse semble avoir parfaitement assimilé.

La précocité de la chanteuse et guitariste vient tout de même rappeler qu’elle publie rien moins que son quatrième album en cinq ans d’une carrière menée tambour-battant. Si son jeu n’est pas sans évoquer Buddy Miles, Robin Trower voire Lynyrd Skynyrd ou Bad Company, ALLY VENABLE présente un style très actuel, où ses capacités vocales semblent déjà prendre une place prépondérante. D’ailleurs, quelques grands noms ne s’y sont pas trompés et sont venus apporter une belle contribution à « Heart Of Fire ».

Sur « Road To Nowhere », c’est le grand Devon Allman himself qui vient juste poser des chœurs et quelques accords. Et ce n’est pas tout puisque le virtuose Kenny Wayne Shepherd offre un superbe solo en forme de duel sur le génial « Bring On The Pain », empreint d’une fièvre très Southern. Justement, « Hard Change » et « Do It In Hells » restent dans cette veine, tout comme « Sad Situation ». Très à l’aise sur sa Gibson à travers des riffs classieux, ALLY VENABLE s’avère également redoutable à la slide, la wah-wah ou au dobro.    

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Blues

Intense feeling

Communiant avec son public comme rarement, le KENNY WAYNE SHEPHERD BAND livre une prestation phénoménale avec une set-list exceptionnelle et une interprétation hors-norme. Son Blues Rock est à son apogée.

KENNY WAYNE SHEPHERD

« Straight To You Live »

(Provogue/Mascot Label Group)

C’est à Leverkusen en Allemagne lors de la tournée de l’excellent « The Traveler » que le grand KENNY WAYNE SHEPHERD BAND a enregistré ce majestueux « Straight To You Live ». Accompagné de Noah Hunt (guiatre, chant), Chris Layton (batterie), Joe Known (claviers), Scott Nelson (Basse), Joe Sublett (saxophone) et Mark Penker (trompette), le bluesman livre un album explosif à la hauteur de ses prestations scéniques endiablées.

La Stratocaster en main, « Woman Like You » ouvre les festivités et Noah Hunt joue de sa voix chaud et tout en émotion et soutenu par un groupe exceptionnel. Partageant le chant avec KENNY WAYNE SHEPHERD (« My Soul »), le Blues Rock des Américains prend une dimension incroyable au fil des morceaux. Efficace mais pas exubérant, la set-list est aussi variée qu’elle impressionne (« I Want You », « Long Time Running »). 

L’énergie qui se dégage de « Straight To You Live » est tout simplement phénoménale et la session cuivre en plus des solos très affûtés et racés y est pour beaucoup. L’intensité du KENNY WAYNE SHEPHERD BAND est digne des plus grandes heures du Blues Rock et l’Américain s’impose comme l’un des plus grands bluesmen de sa génération (« Diamonds And Gold », « Take To Me Baby », « Shame Shame Shame »). Ce Live est juste essentiel.