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Psychedelic Rock Rock 70's Space Rock

Kadavar : cloudy sounds

Changement de ton, et de look aussi, pour la formation berlinoise récemment passée de trio à quatuor. Après une belle escapade le temps d’un enregistrement avec Elder, KADAVAR fait son (très attendu) retour avec une nouvelle production, toujours aussi organique et inventive. Dans une ambiance rétro-futuriste, « I Just Want To Be A Sound » est un voyage très cosy dans des effluves 70’s, assez distant de ce que le groupe a présenté jusqu’ici.

KADAVAR

« I Just Want To Be A Sound »

(Clouds Hill)

Un peu mou du genou, ce nouvel opus de KADAVAR ? Si vous avez toujours en tête leurs fiévreuses prestations accompagnant des disques hauts en couleur portés par un Stoner Psych tirant sur un Hard Rock vintage, alors oui, les Allemands ont changé de dimension… et le calme règne. Celle-ci reste toujours clairement orientée sur le psychédélisme, mais dans un registre beaucoup plus aérien, presque contemplatif, voire méditatif. « I Just Want To Be A Sound » évolue dans des sphères planantes, loin du Rock rugueux qui a fait sa réputation, même s’il reste quelques soubresauts.

Tous les musiciens, ou presque, affirment haut et fort qu’ils n’aiment pas faire deux fois le même album. Cependant, ils conservent toujours plus ou moins une dynamique et un son assez identifiables. Chez KADAVAR, la donne est différente. Forcément, on se remémore la belle parenthèse d’Eldovar, « A Story Of A Darkness And Light », où il s’était montré polyvalent et créatif. Et c’est encore le cas ici, mais dans des sonorités plus légères oscillant entre un Indie Rock plat et des désagréables relents de Pop anglaise. Les puristes apprécieront.

L’arrivée, il y a deux ans de Jasha Kreft à la guitare et surtout aux claviers, vient aussi apporter quelques explications quant au nouveau cap. Il distille des atmosphères plus progressives et feutrées et prend souvent le dessus sur les riffs. KADAVAR est plus que jamais dans un esprit revival et peine pourtant à vraiment décoller sur ce septième effort. Très conceptuel, « I Just Want To Be A Sound » expérimente et se fait même aussi parfois convaincant (« Hysteria », « Regeneration », « Scar On My Guitar »). Un mélange des genres bien trop hasardeux.

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Blues Rock International

Jennifer Lyn & The Groove Revival : 70’s passion [Interview]

Originaire du Minnesota et dorénavant basée dans le Dakota du Nord, la chanteuse, guitariste et compositrice JENNIFER LYN poursuit son chemin avec sa formation, THE GROOVE REVIVAL, devenue une redoutable machine. Dans un Blues Rock costaud, entraînant et mélodique, elle nous fait part aujourd’hui d’une évolution notable, que ce soit dans son jeu, mais aussi dans cet esprit de groupe, forgé au fil du temps, et que ce troisième album vient véritablement consacrer. Live et organique, « Retrograde » nous plonge dans des atmosphères très 70’s que la production très actuelle parvient à parfaitement conserver. Entretien avec une artiste passionnée et touche-à-tout, qui semble avoir trouvé le parfait équilibre dans sa musique.   

– Je t’avais découvert en 2019 à la sortie de « Badlands », qui faisait suite à ton premier album « I’m All Wrong For You Baby ». Tu as ensuite enchaîné avec les EP « Nothing Holding The Down » et « Gypsy Soul », puis « Live From The Northern Plains ». Alors que sort « Retrograde », quel regard portes-tu sur ton parcours de ces six dernières années ?

Quelle aventure ! Se remémorer les débuts de l’album rend le voyage encore plus surréaliste. Des albums comme « Badlands » et « I’m All Wrong for You Baby » semblent comme des échos d’une autre époque. D’ailleurs, il s’agissait plutôt de démos brutes : je dirigeais alors un trio et je commençais tout juste à façonner ma voix d’auteure-compositrice. Maintenant, avec un groupe de cinq musiciens derrière moi, nous créons enfin le son que j’ai toujours imaginé et nous construisons un répertoire, qui capture exactement ce que nous voulions créer. Ce fut une évolution aussi folle qu’enrichissante.

– Alors que tu ne fait qu’aller de l’avant ces dernières années, ton troisième album s’intitule « Retrograde », ce qui peut surprendre. Tu as souhaité faire un contraste fort entre le titre et le contenu, ou y a-t-il un autre message ?

Mon co-auteur et membre du groupe, Richard Torrance, et moi composons une musique imprégnée de cette ambiance Rock si caractéristique des années 70. C’est cette époque qui a façonné nos goûts et qui alimente encore aujourd’hui tout ce que nous créons. Parce que notre son s’inspire de cet esprit vintage, nous avons intitulé l’album « Retrograde », en clin d’œil à cette tendance à contre-courant. C’est notre façon de prendre le contre-pied et de rendre hommage à la musique qui nous touche le plus.

– Pour te suivre depuis un moment maintenant, je trouve que ton chant a considérablement évolué. Il est nettement plus libre et le registre plus ample aussi. C’est un aspect de ta musique que tu as beaucoup travaillé et sur lequel tu t’es plus concentrée, car il est également plus fluide et varié ?

Merci, j’apprécie que tu me dises cela. Je perfectionne constamment mon jeu. Une routine régulière et ciblée m’a aidé à élargir ma tessiture et ma technique vocales au fil du temps. Chanter est une exploration continue, et j’essaie de l’aborder avec patience et curiosité : il s’agit de découvrir ce qui est possible, une note à la fois.

– Avant de parler de ce nouvel album, j’aimerais que l’on dise un mot de ton jeu de guitare. J’ai noté une évolution, pas au sens strictement technique, mais plutôt dans la façon d’aborder les riffs et les mélodies. Qu’est-ce qui a changé, selon toi, dans ton rapport à ton instrument ?

La guitare a toujours été une passion. Je m’y mets dès que j’en ai l’occasion et cette motivation constante m’a permis de progresser. Ecrire avec mon partenaire Richard, qui est un guitariste exceptionnel, me permet d’aller encore plus loin dans cette évolution. C’est lui le maître des riffs, tandis que je me concentre sur la mélodie. Ensemble, c’est un véritable processus collaboratif et créatif.

– Avec toujours cette touche 70’s, ton Blues Rock est toujours aussi percutant et sonne aussi très actuel. Cette dynamique, on la doit aussi aux musiciens qui t’accompagnent. On sent une réelle connexion entre vous. Est-ce qu’ils ont aussi participé à l’écriture de l’album, ou as-tu composé seule les chansons de « Retrograde » ?

Chaque chanson de l’album a été co-écrite avec Richard. Ensemble, nous gérons tous les aspects de l’écriture, de la composition aux arrangements jusqu’aux paroles, créant ainsi une structure complète pour chaque morceau. Une fois les chansons écrites, nos compagnons de groupe leur donnent vie en concevant chaque partie dans le respect de ces limites. S’ils ne contribuent pas à l’écriture en elle-même, leur musicalité, leur expérience et leur interprétation ajoutent profondeur et dimension à la performance finale.

– Au niveau du son, « Retrograde » est très bien produit et il offre un relief et un volume irréprochable. Dans quelles conditions l’avez-vous enregistré et as-tu aussi participé à son élaboration ?

Richard et moi coproduisons nos albums et tous nos albums studio sont enregistrés dans mon home-studio, où je m’occupe de l’ingénierie, du mixage et du mastering. Le studio est devenu mon sanctuaire créatif. J’adore le processus du début à la fin. Prendre le contrôle total de l’enregistrement est à la fois un défi et une étape extrêmement enrichissante de notre parcours.

– « Retrograde » a aussi un aspect très live. C’est important pour toi de conserver cette approche directe et toujours très Rock ?

Lors de l’enregistrement, notre objectif est de capturer le plaisir de faire de la musique ensemble. Il ne s’agit pas seulement des morceaux : nous apprécions sincèrement la compagnie des autres et cette connexion nourrit l’énergie créative qui règne dans la pièce. On nous a dit que l’album avait un côté live et nous pensons que cela reflète le plaisir et l’alchimie que nous avons partagés pendant l’enregistrement.

– Ce qui ressort aussi de « Retrograde », c’est cette belle complicité avec Richard Torrance à la guitare. Y a-t-il beaucoup d’échange entre vous sur le jeu et de quelle manière vous répartissez-vous les rôles entre la rythmique et le lead ?

Richard est notre guitariste principal et il a une façon unique de s’exprimer à travers ses solos : ils sont vraiment parlants. Lorsqu’un morceau nécessite deux parties de guitare solo, c’est là que j’interviens. J’aime échanger et superposer des lignes solo avec lui lorsque cela enrichit le morceau. Côté rythmique, nous nous concentrons sur la création de parties complémentaires qui étoffent la gamme de fréquences de la guitare, en utilisant des voicings (la disposition des notes pour réaliser un accord – NDR) et des textures variés qui se complètent et soutiennent le son global.

– L’album fait aussi la part belle aux émotions avec des chansons plus calmes et mid-tempos, et l’orgue apporte aussi beaucoup de chaleur. L’objectif était-il aussi d’être le plus organique possible, de rester connecter au Blues originel, tout en restant très électrique et actuel dans l’ensemble ?

Absolument. La musique que nous aimons créer est profondément ancrée dans le Blues, et puiser dans ces racines apporte richesse et profondeur à tout ce que nous faisons. Barb Jiskra, notre claviériste, apporte ce caractère vintage au mix, ajoutant des sonorités Soul et Old School, qui complètent parfaitement les guitares et le groove de Jim Anderson à la batterie et de Nolyn Falcon à la basse. C’est ce mélange qui donne à notre son sa signature.

– Enfin, ces dernières années, tu as été plusieurs fois nominée aux ‘Independent Blues Music Awards’ et tes trois derniers disques se sont touts classés dans le Top 10 des radios Blues américaines. Malgré toutes ces reconnaissances, tu n’es pas intéressée par une signature sur un label, ou est-ce que tu tiens à garder ta liberté artistique ?

Les labels ont leur place dans l’industrie, mais nous n’avons jamais laissé l’absence de représentation majeure nous freiner. Notre lien avec les fans a toujours été notre principal moteur. Au-delà de la musique elle-même, c’est le fondement de tout ce que nous faisons. Rester indépendant présente de réels avantages. Des artistes comme Joe Bonamassa ont ouvert la voie et cela se produit désormais dans tous les genres. Certes, il faut se démener pour ouvrir des portes qui autrement resteraient fermées sans label, mais elles ne sont pas verrouillées. Il suffit de continuer à frapper.

Les albums de JENNIFER LYN & THE GROOVE REVIVAL sont disponibles sur le site de l’artiste : https://jlynandthegrooverevival.com/

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R&B Soul

Ina Forsman : northern diva

Parvenir à réaliser un disque aussi prégnant et impressionnant de justesse et de feeling est quelque chose d’assez unique. Déchirante, entraînante ou d’une douceur envoûtante, INA FORSMAN déploie un artifice de sensualité et de pulsations émotionnelles. C’est cette sincérité qui émane avec évidence sur tout au long de « After Dark Hour », dans une effervescence Gospel, funky et Soul. Libres et intimes, les morceaux s’enchaînent avec une même puissance immersive et une tendresse, qui réinventent le style dans un élan positif et très personnel.

INA FORSMAN

« After Dark Hour »

(Jazzhaus Records)

Pour son quatrième album, INA FORSMAN, chanteuse finlandaise installée à Berlin, remet au niveau une Soul contemporaine, actuellement portée par une tripotée d’artistes aussi transparents que leur culture musicale frôle le néant. A la fois très roots dans son approche et d’une douceur enveloppante, c’est pourtant dans un studio souterrain qu’elle s’est enfermée avec son groupe pour élaborer ce « After Dark Hour », né d’une période de doute artistique liée au Covid. D’ailleurs, la chanteuse parle même d’un ‘Blues post-pandémique’. Pourtant, si sa Soul joue sur les émotions, bien sûr, aucune mélancolie ne s’en échappe.  

Sous la houlette de son producteur et ami de longue date Michael Bleu, qui réalise ici un véritable travail d’orfèvre, INA FORSMAN continue son introspection à travers une Soul très 50’s/60’s aux saveurs R&B et aux sonorités qui rappellent avec délectation les belles heures de la Motown. Délicieusement rétro dans l’écriture, elle s’inscrit pourtant dans son temps grâce à un univers musical contemporain aux évocations vintage. Un écrin de douceur pour cette voix si intense, dont l’énergie se propage à travers les douze chansons de ce vibrant et passionné « After Dark Hour », qui vous saisit pour ne plus vous lâcher. 

Entouré par des musiciens et des choristes chez qui le groove est une seconde nature, INA FORSMAN s’envole dans des sphères où la légèreté côtoie la résilience. Sa puissance vocale est électrisante et les arrangements très subtils, l’équilibre entre cuivres feutrés, tempos sobres et envoûtants, cordes et une guitare discrète, tout comme l’indispensable orgue, rendent ce nouvel opus d’une incroyable authenticité. Sensible, habitée et jouant avec beaucoup de finesse de son timbre rauque, la Scandinave semble suspendue dans un espace-temps chaleureux et délicat. Un disque qui s’écoute en boucle !   

Photo : Michael Bleu

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Heavy metal International Old School

Teaser Sweet : feel the impulse [Interview]

A mi-chemin entre Hard Rock et Heavy Metal,  mais solidement ancré dans les années 80, TEASER SWEET évolue dans une torpeur Old School savoureuse et fougueuse. Avec une fraîcheur très actuelle, les Suédois sortent un troisième album, « Night Stalker », accrocheur d’où émane une sorte d’insouciance très entraînante. Aux côtés de son frère Marcus à la guitare, Hampus Steenberg à la basse et Kent Svensson derrière les fûts, Therese Damberg se révèle être une redoutable frontwoman, dont la voix est l’une des forces du quatuor. Entretien avec la chanteuse de ce groupe, qui devrait ravir les fans de Heavy vintage.

– Cela fait déjà dix ans que TEASER SWEET existe et vous sortez aujourd’hui votre quatrième album. A l’époque, quel a été le déclic pour passer d’un groupe qui reprend du Kiss à l’écriture de vos propres chansons ?

Quand on a commencé le groupe, on n’avait pas de matériel personnel, c’est pour cela qu’on jouait des morceaux de Kiss. ​​Mais à la base, on n’a jamais voulu faire des reprises, ce n’était vraiment pas notre objectif. Alors, on a composé nos propres morceaux le plus vite possible. Et c’est vraiment à partir de ce moment-là que tout a vraiment commencé pour le groupe !

– On imagine très bien qu’avec de tels débuts, vos influences se situent dans les années 70 et 80, et d’ailleurs cela s’entend. Vous n’avez jamais été tentés par un style plus moderne, ou est-ce justement pour vous démarquer un peu de l’actuelle scène Metal suédoise ?

On a toujours été attirés par le Metal classique, c’est-à-dire influencé par les années 70 et 80, et qu’on ne retrouve pas dans le Metal moderne. Actuellement, le Metal a un son très numérique et rigide, et ce n’est pas ce qu’on recherche. C’est même tout le contraire ! Nous voulons jouer ce qu’on aime et, bien sûr, on désire aussi développer notre propre son. Pour se démarquer, il faut aussi être soi-même et nous sommes tous d’accord là-dessus. Nous sommes des gens sympas qui aimons la musique et on espère que ça se reflète dans notre façon de composer. On veut que les gens qui nous écoutent se sentent heureux, pleins de vie et prêts à affronter la vie.

– « Night Stalker » marque aussi votre arrivée chez High Roller Records, qui est d’ailleurs un label qui vous correspond parfaitement. Qu’est-ce que cela change pour vous concrètement ?

Nous avons l’opportunité de toucher un public plus large ce qui, espérons-le, nous permettra d’attirer un plus grand nombre de fans et faire aussi plus de concerts que si nous avions à nous en occuper seuls. Nous sommes donc reconnaissants à High Roller Records de nous avoir pris sous son aile.

– D’ailleurs, je trouve que ce nouvel album tranche vraiment par rapport à « Monster ». La production est solide et surtout vos compositions ont pris une nouvelle dimension. Est-ce que, dans un sens, cette signature vous a donné des ailes et fait franchir un nouveau cap ?

Absolument ! On apprend toujours de ses erreurs et on cherche constamment à progresser dans notre musique. Nous avons aussi grandi en tant que musiciens et on a voulu repousser nos limites créatives sur cet album. C’est super d’entendre que tu constates des progrès !

– « Night Stalker » garde aussi un son vintage et une approche Old School très chaleureuse et live. C’était important pour vous de présenter une production si organique, malgré le tout-numérique actuel ?

Absolument. Le son est très important pour nous. Il transmet des émotions et il représente vraiment qui nous sommes. Avec un son numérique moderne, cela aurait été comme bien s’habiller pour une mauvaise occasion.

– A l’écoute de ce nouvel album, les références à la NWOBHM sont évidentes et vous puisez du côté du Heavy Metal comme du Hard Rock. Est-ce que c’est un équilibre que vous avez cherché et souhaité dès les débuts de TEASER SWEET ?

Quand nous créons ensemble, à quatre, le son est là et se créer de manière naturelle. Ce n’est pas un objectif auquel nous aspirons, c’est comme ça que ça se produit. Nous sommes heureux d’être arrivés au point, où nous savons aussi exactement comment nous voulons sonner et, bien sûr, nous sommes influencés par ce que nous écoutons nous-mêmes de notre côté.

– Etonnamment, on ne retrouve pas énormément de similitudes avec des groupes qui ont aussi une chanteuse, en tout cas dans l’intention, même si on peut penser à Warlock, par exemple. « Night Stalker » est un album puissant et volontaire. L’important pour vous est-il de conserver l’image d’un style massif et véloce ?

L’important n’est pas forcément d’avoir un style massif et rapide, même si bien sûr, j’aime les chansons très rythmées. C’est ce que je dis toujours aux autres: jouez plus vite ! Mais il est important d’avoir toujours le bon tempo, et qu’il soit rapide ou non. L’essentiel est qu’il colle à la chanson.

– Il y a beaucoup de force et un côté mélodique prononcé dans ta voix et on pense à Doro, bien sûr, mais aussi à Johanna Sadonis de Lucifer, ainsi qu’à la Canadienne Lee Aaron. J’ai l’impression que c’est plutôt le côté Rock qui t’inspire. Est-ce le cas, et peut-être même ta façon d’apporter une touche féminine à TEASER SWEET, d’adoucir son aspect Metal ?

Il y a toujours de l’inspiration venant des chanteurs talentueux, que ce soient des hommes comme des femmes. Mais je n’essaie pas de ressembler à quelqu’un d’autre. J’avance en fonction de ce que je ressens et de qui je suis. Mais si le groupe avait un chanteur, ça ne sonnerait pas pareil, c’est certain.

– TEASER SWEET est aussi une histoire de famille, puisque tu as fondé le groupe avec ton frère Marcus, qui est guitariste. Comme la combinaison guitare/voix est souvent la base pour composer, est-ce que votre proximité est le point de départ de vos morceaux et de quelle manière prennent-ils vie ? D’abord une ligne de chant, ou un riff ?

Ça commence souvent par un riff sur lequel on construit ensuite, et même parfois les deux : un riff avec une ligne vocale. On s’inspire aussi souvent assez vite des idées de l’autre. Mais parfois, c’est vraiment difficile de décrire le résultat final, du moins pour moi. Je ne suis pas aussi douée que les autres pour jouer d’un instrument, mais le reste du groupe a appris à bien me connaître et à comprendre ma façon d’exprimer ce que je souhaite obtenir.

– Enfin, vous avez un répertoire conséquent avec ce quatrième album. Comment établissez-vous vos setlists et surtout, est-ce qu’une tournée est prévue pour cet été ou la rentrée de septembre ?

Nous choisissons les chansons que nous aimons, ainsi que celles que nos fans adorent. Nous les prenons vraiment en considération et nous incluons souvent d’anciens morceaux. Mais la setlist, qui sera jouée dans les concerts à venir, sera principalement composée de titres de « Night Stalker ». Malheureusement, il n’y a pas encore de tournée organisée, mais nous l’espérons fortement !

L’album de TEASER SWEET, « Night Stalker », est disponible chez High Roller Records.

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Hard 70's Old School Proto-Metal

The Riven : awesome revival

Des twin-guitars au diapason, un rythme soutenu du début à la fin et une chanteuse à l’énergie communicative, il n’en fallait pas plus pour que THE RIVEN vienne confirmer avec force que sa présence dans le paysage Rock/Metal était tout sauf un hasard. Avec « Visions Of Tomorrow », la formation de Stockhölm passe le cap des trois albums avec une assurance qui fait d’elle l’une des meilleures représentantes de l’héritage laissé par la flamboyante NWOBHM. Et Totta Ekebergh assoit avec brio son statut de l’une des plus belles voix du style depuis longtemps.

THE RIVEN

« Visions Of Tomorrow »

(Dying Victims Productions)

Continuant son exploration dans un réjouissant revival 70’s et 80’s, les Suédois livrent leur troisième opus, « Visions Of Tomorrow », somptueux mélange de Power Rock, de Heavy Metal, de Hard Rock et d’un soupçon de Prog originel. En bientôt dix ans d’existence, THE RIVEN a très bien digéré ses influences pour atteindre une identité musicale désormais très personnelle et identifiable. Il s’appuie sur ses points forts, à savoir de belles combinaisons de guitares, une rythmique galopante et un chant féroce et aérien.

Après le très bon « Peace And Conflict » sorti en 2022, on attendait beaucoup du quintet et il y a de quoi de réjouir avec cet éblouissant « Visions OF Tomorrow ». Tout d’abord, l’excellente production signée Robert Pehrsson (The Hellacopters) met parfaitement en lumière le registre frais et direct du groupe. Sur un son très organique, THE RIVEN déploie son talent librement, loin des réalisations aseptisées d’aujourd’hui, avec une authenticité réelle et un sentiment d’urgence très perceptible. La performance est véloce et brute.

Avec une frontwoman en état de grâce et au sommet de son art, la confiance semble encore renforcée et les Scandinaves laissent pleinement « Visions Of Tomorrow » prendre son envol. Nerveux et massifs, ces nouveaux morceaux sont particulièrement affûtés et transmettent  une sensation immédiate de familiarité, tout en restant originaux (« Far Away From Home », « Killing Machine », « Crystals », « Seen It All », « Follow You » et le morceau-titre). THE RIVEN frappe fort et marque les esprits grâce à un élan créatif décisif.

Retrouvez la chronique de « Peace And Conflict » :

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Heavy metal Old School Proto-Metal

Cirith Ungol : alive forever

Pour qui ne serait pas encore familiarisé avec CIRITH UNGOL (ça doit exister !), ce « Live At Roxy » est fait pour vous. Cultivant son côté underground, malgré une position de précurseur, le combo livre une prestation inoubliable et, à travers 20 morceaux triés sur le volet, parcourt sa carrière sans rien éluder et commençant même par son dernier opus en date… et en entier ! En attendant un septième joyau que le groupe annonce imminent, savourez donc celui-ci sans aucune modération.

CIRITH UNGOL

« Live At The Roxy »

(Metal Blade Records)

Plus de quarante ans après sa première prestation aux fameux ‘Roxy Theatre’ du Sunset Strip de Los Angeles, CIRITH UNGOL est retourné l’an dernier foulé à nouveau les planches de l’endroit qui les a presque vu naître. Car la carrière du combo de Ventura en Californie, est à l’image de son Heavy Metal : épique ! Enregistré à l’occasion de la sortie de son dernier album effort, le quintet avait offert à ses fans une soirée hollywoodienne digne de ses plus grandes heures. Et au menu de ce double-album, on retrouve l’intégralité de « Dark Parade » sur le premier disque et les classiques du groupe sur le second.

La première chose qui attire l’attention sur ce « Live At The Roxy », c’est ce son gras et robuste, tellement identifiable et véritable marque de fabrique des Américains. Sans artifice, CIRITH UNGOL se montre direct, d’une redoutable efficacité et on a surtout le sentiment d’être au cœur de ce concert, qui s’avère vite hors-norme. Très rapidement, on se prend dans ce Heavy, teinté de Doom et aux allures Power Metal (le vrai !) unique en son genre. Emporté par un Tom Baker en très grande forme, le public ne s’y trompe pas et semble savourer chaque riff et chaque embardée rythmique avec un plaisir qui s’entend clairement.

C’est devenu si rare aujourd’hui de voir un groupe interpréter l’intégralité de son nouvel album en concert qu’on se délecte de découvrir en version live le très bon « Dark Parade », sorti en 2023. Pour autant, CIRITH UNGOL n’oublie pas ses fans de la première heure et passe en revue sur le deuxième volet ses morceaux devenus de véritables hymnes pour beaucoup. De « Join The Legion » à « Atom Smasher », « I’m Alive », « Back Machine », « Chaos Descends ou « Frost And Fire », la setlist est époustouflante et vient nous rappeler à quel point les Américains sont incontournables sur la scène mondiale.

Retrouvez également la chronique de « Dark Parade » :

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Hard Rock Heavy metal Old School

Nightbound : out of time

Avec une énergie débordante, de la volonté et un savoir-faire qui n’a pas grand-chose à envier à d’autres formations européennes notamment, les Paraguayens de NIGHTBOUND ne donnent pas pour autant dans l’exotisme et si le Heavy Metal domine ce nouvel opus, « Coming Home » joue sur beaucoup de diversité. Mené par une production très organique et solide, on fait un petit retour dans le passé avec des chorus bien sentis aux saveurs Old School convaincants et surtout authentiques et sincères. Sans effet de manche, cette nouvelle réalisation respire de belle manière, grâce aussi à une mixité au diapason. 

NIGHTBOUND

« Coming Home »

(Independant)

NIGHTBOUND fait partie de ces groupes qui séduisent tant par leur générosité et leur humilité qu’aussi, bien sûr, par leur musique. Et si on ajoute qu’il vient d’une scène dont on entend très peu parler, le Paraguay, et qu’en plus il joue la parité complète : le combo coche donc toutes les cases. « Coming Home » est son deuxième album et il arrive un an seulement après « The Night Is Calling », et cinq après un premier EP « Nightbound » sorti donc en 2019. Et dès sa pochette, on est plongé dans un univers très 80’s, qui est loin d’être désuet, bien au contraire, et qui a le mérite de planter le décor.

Fondé en 2018, NIGHTBOUND se présente dans un style oscillant entre Heavy Metal et Hard Rock avec des mélodies s’articulant, pour l’essentiel, sur son duo de guitaristes (Mike Martinez et Dario Aquino). Influencé par la NWOBHM, le quatuor joue beaucoup sur les twin-guitares avec des riffs bien ciselés et accrocheurs. A la rythmique, on retrouve la batteuse Monse Diamond, qui forme un beau duo avec la bassiste Arianna Cuenca que l’on retrouve également au chant. Et la frontwoman, très polyvalente, possède de nombreuses cordes à son arc avec autant de puissance que de clarté. 

En ouvrant avec le morceau-titre (que la chanteuse conclue même a cappella), les Sud-Américains se montrent aussi à l’aise dans des ambiances Metal que Rock et cette diversité se retrouve tout au long de « Coming Home ». NIGHTBOUND affiche donc une belle maîtrise et l’on se laisse facilement prendre à ce registre un peu hybride, mais original. Chanté pour l’essentiel en anglais, ce nouvel opus fait également un petit écart en espagnol (« El Viaje Del Héroe », qui ne dépareille pas du reste) et offre aussi un titre instrumental tout en progression (« Arakuaavy »). Une belle bouffée d’oxygène !

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Heavy metal Old School

Serpent Rider : une épique chevauchée

Après avoir quitté la Californie pour Seattle, SERPENT RIDER a vu son line-up presque totalement remanié. Mais ce premier effort vient confirmer que sa volonté n’a pas changé et que c’est toujours dans un Heavy Metal vintage et épique chevillé au corps qu’il évolue avec de plus en plus d’assurance. Grâce à une chanteuse qui sort des habituelles prestations féminines du genre, le quintet ne vient pas révolutionner le style, mais y apporte tout de même une touche d’originalité tout en perpétuant un héritage bien assimilé.

SERPENT RIDER

« The Ichor Of Chimaera »

(No Remorse Records)

Tout d’abord sous la bannière de Skyway Corsair en 2015, la formation américaine a du se réinventer au fil des années et surtout suite à un déménagement de son fondateur de Los Angeles pour Seattle il y a quatre ans. Dès lors, le leader et guitariste rythmique Brandon Corsair s’est mis en quête de nouveaux musiciens qu’il n’a d’ailleurs pas mis très longtemps à trouver. Cette nouvelle mouture de SERPENT RIDER (petit hommage à Manilla Road) sort aujourd’hui dans un registre entre un Heavy Metal assez épique et un Doom langoureux.

Désormais complété par R. Villar au chant, Brian Verderber à la basse, Drake Graves derrière les fûts et le dernier arrivé Paul Gelbach à la lead guitare, le groupe est au complet et « The Ichor Of Chimaera » est un premier album solide, gorgé de références multiples, bien mené et délivrant une saveur Old School directement inspirée des années 80. Cela dit, ce bond dans le temps n’empêche nullement SERPENT RIDER de se montrer original et d’avoir le mérite d’avoir son propre univers, bien aidé en cela par sa frontwoman.

Car elle est justement l’une des forces du quintet, grâce à une prestation vocale surprenante. Pas franchement Metal, mais plutôt Rock et très aérienne, elle parvient à nous guider dans les méandres de cet opus, où sa voix se fait même fantomatique sur certains titres. Une belle polyvalence qui permet à SERPENT RIDER de se mouvoir dans des ambiances variées. Outre un morceau-titre audacieux, on retiendra « Steel Is The Answer », « Matri Deorum », « Tyrant’s March » et le très sinueux « In Spring ». Une belle première !

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Heavy metal Old School

Tower : dark clouds

Séduisants et implacables, les New-Yorkais présentent un double-visage au sein d’un même univers aux contours démoniaques, où cohabitent fées et sorcières, toutes incarnées par sa frontwoman. Enveloppé d’un voile Old School à la fois rassurant et obscur, « Let There Be Dark » fait un retour aux racines d’un Metal très Heavy et parfois même assez Rock. Une belle combinaison, qui promet des rebondissements surprenants et intenses. TOWER impose sa marque avec force et talent avec une troisième réalisation très Dark à la hauteur de ses ambitions.

TOWER

« Let There Be Dark »

(Cruz Del Sur Music)

Fondé il y a une dizaine d’années, TOWER signe avec « Let There Be Dark » son album le plus convaincant que ce soit au niveau de la composition que de la production. Cette dernière est d’ailleurs, tout comme l’enregistrement, l’œuvre d’Arthur Rizk qui a travaillé notamment avec Blood Incantation, Cavalera Conspiracy et King Diamond. Un gage de sérieux et d’expérience qui se ressent sur ce troisième opus distillé dans un Heavy Metal classique et traditionnel, mais non sans originalité et percussion.

Après un changement de batteur il y a trois ans, TOWER semble sur de solides rails et ses intentions sont claires : allier puissance et mélodie. Pari remporté avec « Let There Be Dark » qui affiche de belles capacités et surtout une prédisposition à se projeter avec détermination et beaucoup de finesse. Emmené par Sarabeth Linden qui fait presqu’office de prêtresse, le quintet est plein d’ambition, à commencer par celle de redynamiser et de réhabiliter un Heavy Metal originel un brin occulte et dans des sonorités vintage.

Jouant sur son côté ténébreux et envoûtant, la chanteuse du groupe se meut entre les avalanches de riffs, les solos survoltés et le galopant duo basse/batterie. Et c’est précisément ce qui fait la force des Américains, ainsi que leur identité. TOWER se montre fluide, mystique même et enchaîne les morceaux avec beaucoup de confiance (« Under the Chapel », « Book Of The Hidden », « Iron Clad », « The Hammer »). Epique et accrocheur, « Let The Be Dark » marque le franchissement d’un cap dans le parcours du combo.

Photo : Eva Tusquets

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Classic Rock Hard 70's

The Damn Truth : truth serum

Il y a des rencontres qui font des étincelles et, d’une côte à l’autre, le Canada a permis la connexion entre THE DAMN TRUTH et le producteur Bob Rock, qui s’est totalement reconnu dans la musique du combo. Grâce à de belles guitares, une rythmique groovy et une frontwoman qui a gagné en assurance, la formation de la Belle Province fait le pont entre un Hard Rock 70’s et des sensations très contemporaines avec beaucoup de saveurs et un plaisir palpable.

THE DAMN TRUTH

« The Damn Truth »

(Spectra Musique)

Il y a quatre ans, THE DAMN TRUTH faisait exploser son plafond de verre montréalais avec « Now Or Nowhere », un troisième album qui l’a révélé et l’a mené un très long moment sur les routes. Il faut reconnaître que les Québécois avait frappé fort avec une version très actuelle et pleine d’audace de Classic Rock, le tout produit par le grand Bob Rock qui n’avait pas hésité un instant à appliquer sa propre recette sur des morceaux entêtants et particulièrement enthousiastes. Et ils sont aujourd’hui tous de retour avec la même envie.

Enregistré à Vancouver dans les Warehouse Studios de Bryan Adams sur une période de deux mois, « The Damn Truth » se révèle comme la réalisation la plus aboutie du quatuor et si elle est éponyme, c’est aussi parce qu’elle le représente et le définit le mieux. Accrocheurs, mélodiques et hyper-Rock, les onze titres sont d’une énergie fulgurante. Même si la guitariste et chanteuse Lee-La Baum fait de plus en plus penser à Beth Hart dans sa façon de chanter haut, THE DAMN TRUTH impose une réelle identité.

Déjà convaincant sur les quatre singles sortis (« Love Outta Love », « I Just Gotta Let You Know », « The Willow » et « Better This Way »), le groupe dévoile de nouvelles facettes de son jeu et l’excellent travail effectué sur le son apporte puissance et relief à l’ensemble. Sensible sur la power-ballade « If I Don’t Make It Home » ou plus frontal sur « Addicted », THE DAMN TRUTH brille par la qualité du songwriting et des arrangements. Avec ses sonorités familières et fédératrices, « The Damn Truth » modernise le Hard Rock… vintage !

Photo : Natali Ortiz

Retrouvez l’interview du groupe en 2021 à la sortie de « Now Or Nowhere »…

… Et la chronique de l’album :