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Preyrs : a regenerative power [Interview]

Alors qu’elle commençait à se faire un nom, Amy Montgomery a fait le pari d’en changer et de s’afficher en groupe : une belle preuve de ce qui l’unit à ses musiciens depuis le début. Pour autant, PREYRS est la suite logique de l’aventure menée par la chanteuse irlandaise depuis quelques années déjà et dont Rock’n Force s’est fait l’écho dès le début. Le quatuor prend également une autre dimension avec sa récente signature chez Pelagic Records et la sortie de son premier album, « The Wounded Healer ». Légèrement plus sombre et plus massif encore, c’est dans un Alternative Rock peut-être aussi plus arrangé que la frontwoman et ses musiciens œuvrent désormais et ce cap franchi vient confirmer tout le potentiel entrevu notamment sur « Astil » il y a deux ans. L’occasion de faire le point avec une artiste passionnée, enthousiaste, positive et heureuse de la trajectoire prise par son combo.   

– Tu t’en doutes, ma première question concerne ce passage d’AMY MONTGOMERY à PREYRS. Au moment où ton nom commence à être connu et reconnu dans le milieu, c’est un choix très audacieux. Pourquoi ce changement et de qui est aujourd’hui composé le groupe ? Avez-vous gardé le même line-up ?

Pendant l’écriture de l’album, nous avons constaté un changement radical dans le style des paroles et de la musique. C’était plus sombre, plus intense, comme un nouveau chapitre. Nous avons alors décidé que cette liberté d’explorer et d’expérimenter de nouveaux horizons musicaux et textuels était essentielle pour nous. Il était donc temps de donner un nom au groupe. Cela nous permet aussi de mieux définir notre identité musicale, tout en me laissant la possibilité de créer et de sortir de la musique sous mon nom à l’avenir. Désormais, nous avons des axes clairs : plus de musique, plus de concerts et plus de variété ! La formation reste la même, à l’exception du bassiste, Ciarán McGreevy, qui a rejoint le groupe cette année. Je m’occupe de l’écriture et du chant, Michael Mormecha de la composition, de la production et de la batterie, Nolan Donnelly de la guitare et donc Ciarán de la basse.

– Alors que tu avais sorti « Astil » et un live enregistré chez toi à Belfast sous ton nom, la création de PREYRS correspond à votre signature chez Pelagic Records. Est-ce que cela a été l’une des conditions du contrat, ou au contraire l’occasion pour toi de passer à la formation de groupe et de repartir, peut-être pas de zéro, mais en tout cas avec beaucoup de choses à reconstruire ?

Non, ce n’était absolument pas une condition du contrat. C’était un choix entièrement et vraiment personnel. Nous avions prévu de sortir cet album en indépendant, à tel point que nous avions déjà mis en ligne le premier single. Nous avons ensuite contacté Pelagic et avons rapidement sorti le premier single de PREYRS, réorganisé notre planning et préparé l’annonce de la signature avec le groupe. Nous devons reconstruire beaucoup de choses, c’est certain, mais les bases sont solides, tout comme notre vision pour PREYRS. Nous connaissons précisément nos objectifs et nos intentions pour ce projet, ce qui en fait une aventure passionnante ! C’était également incroyablement courageux de la part de Pelagic de nous prendre sous son aile alors que nous étions un projet quasiment nouveau et eux aussi ont perçu notre potentiel ! (Sourires)

– Toujours au sujet de cette signature chez Pelagic Records, est-ce que le fait de beaucoup tourner en Allemagne et d’y passer beaucoup de temps a-t-il joué en votre faveur ? D’ailleurs, êtes-vous dorénavant installés là-bas ?

Je pense que nos nombreuses tournées en Allemagne nous ont d’une certaine manière menés à Pelagic, car toutes les expériences de la vie sont liées. Tourner beaucoup, où que ce soit, et remplir les salles, ou avoir déjà une petite base de fans fidèles, c’est toujours un atout. On a construit quelque chose de vraiment spécial ici en Allemagne, grâce à un travail acharné ces dernières années. Comme je le disais, c’est petit, mais c’est une base très solide car on a une excellente relation avec ceux qui nous soutiennent. Ça joue toujours en notre faveur. Aujourd’hui, je partage mon temps entre l’Allemagne et l’Irlande… une double vie, en quelque sorte ! (Sourires) Et pour que les tournées fonctionnent, on a deux installations ici et là-bas.

– Parlons de « The Wounded Healer », un premier album où l’on retrouve bien sûr ton style. Et si mes souvenirs sont bons, tu étais partie au Canada en Ontario pour travailler sur ces nouveaux morceaux. Comment s’était passé ce séjour et cette expérience ? Et pourquoi partir si loin ?

C’est exact ! Michael avait reçu un coup de fil de Chris Brown, notre ami musicien et producteur canadien, pour enregistrer des parties de batterie sur un album qu’il produisait. Nous lui avons expliqué que nous avions prévu d’écrire et d’enregistrer ce mois-là en Irlande, et l’idée de réunir nos projets respectifs a rapidement germé. Deux semaines plus tard, nous nous sommes envolés pour Toronto, puis nous avons rejoint Wolfe Island, où Chris avait transformé tout le rez-de-chaussée de l’hôtel en studio improvisé. Nous y avons passé un mois entier, en plein hiver et dans un froid glacial ! (Sourires) C’était comme une retraite d’écriture. Une expérience totalement inédite. Le changement d’environnement, de matériel et d’approche a indéniablement influencé notre musique. Se lever à six heures tous les jours à cause du décalage horaire et se mettre directement à composer… Ce fut un mois de création magnifique, intense, introspectif et rigoureux. Nous avons ensuite repris les démos que nous avions réalisées, conservé quelques pistes originales enregistrées au Canada et celles que nous souhaitions réenregistrer, et nous l’avons terminé en Irlande en février.

– Une Irlandaise de Belfast qui enregistre un album au Canada pour le sortir sur un label allemand n’est pas banal du tout. Quel est l’endroit où tu te sens le mieux et où ta créativité s’exprime pleinement aujourd’hui ? Ca reste l’Irlande ? 

Excellente question ! La créativité se manifeste de bien des façons. Personnellement, je suis particulièrement inspirée par les expériences inédites, ce qui explique mon intérêt précoce pour les voyages et la découverte de différentes cultures. Mais ce qui est irremplaçable, c’est l’esprit irlandais, ou ce fameux ‘craic’ (que l’on peut traduire par passer du bon temps de manière très expressive ! – NDR), comme on dit chez nous. Je ne le retrouve nulle part ailleurs, et c’est un réconfort qui me donne envie de revenir chez moi. En matière de créativité, il suffit d’avoir l’espace et la permission de s’exprimer librement et de laisser voguer ses idées. Avec cet espace, la créativité peut s’épanouir partout. Il est cependant essentiel de se nourrir d’expériences enrichissantes, et pour cela, il faut être pleinement présent. C’est ainsi que l’inspiration peut surgir au moment et à l’endroit propices.

– La première chose qui s’impose sur « The Wounded Healer », c’est cette évolution vers un Alternative Rock plus marqué et massif. Est-ce le registre que tu souhaitais obtenir dès le départ ?

Quand on compose, on utilise une guitare acoustique, un piano ou un synthé. Dès la composition, la chanson peut prendre n’importe quelle direction en termes de production. On avait clairement en tête de donner à cette musique une ambiance et une ampleur similaires à celles de « Change Change », par exemple. De ce point de vue, c’était peut-être un peu préconçu. Mais au final, notre objectif principal était d’écrire de bonnes chansons sans les enfermer dans un genre trop tôt. En revanche, pour la production, on voulait absolument un son puissant et ample ! Michael (Morchecha – NDR) a fait un super boulot là-dessus avec Alex Loring au mixage.

– Toutes les chansons de l’album ont aussi été composées avec Michael Mormecha. Est-ce pour cette raison qu’il contient plus de sonorités électroniques, là où ton Rock était précisément plus brut ? C’est une évolution naturelle pour toi ?

J’ai tellement composé avec Michael par le passé que rien n’a vraiment changé de ce côté-là. Parfois, j’ai déjà la structure de base ou l’idée, et Michael lui donne vie musicalement et à la production. C’était déjà le cas pour des morceaux solo, même à l’époque de « Dangerous ». Les influences de Michael sont aussi variées que les miennes. Outre de nombreuses influences Rock, nous avons toujours été inspirés par des groupes comme The Prodigy, Chemical Brothers et Soulwax, et je pense donc qu’il est tout à fait naturel que cela se ressente dans la production. C’est une évolution naturelle, oui ! Mais cela ne veut pas dire que je ne sortirai jamais de morceaux au son plus brut et naturel sous mon nom. Nous sommes très ouverts et l’évolution ne signifie pas forcément l’arrêt définitif d’un certain style.

– Parlons justement de la production de « The Wounded Healer », qui est plus massive et très soignée dans les arrangements avec aussi un aspect plus sombre globalement. Avez-vous changé vos habitudes d’enregistrement et est-ce que l’album a été proposé tel quel à Pelagic Records ?

Comme je te le disais, le changement radical d’environnement a indéniablement influencé nos habitudes d’enregistrement. Nous n’avions plus notre matériel habituel, nous avons donc fini par composer et enregistrer des démos avec beaucoup d’équipement vintage. Je pense néanmoins que nous serons toujours attirés par le son analogique, même en travaillant en numérique. Cette authenticité est toujours présente dans la production, malgré un son légèrement plus lissé. L’album a été soumis tel quel au label. Nous avons toujours été extrêmement indépendants, et l’autoproduction et le fait de disposer de notre propre studio ont toujours été un atout. Et l’album étant terminé, toute la création nous appartient.

– De tes précédents enregistrements, tu as gardé « Change Change », qui est un énorme hit en puissance. Est-ce le genre de chanson dont on ne peut se défaire si facilement ? Et avait-elle besoin d’un petit lifting pour être dans la continuité de l’album, au moins au niveau du son ?

Ah oui ! « Change Change » est vraiment un titre incontournable, un morceau qui, je crois, avait toute sa place avec PREYRS. On est en tournée en ce moment avec New Model Army, et on joue aussi « Astil », un autre titre de mon ancien répertoire, en live. Parce que ça colle parfaitement. D’ailleurs, « Change Change » n’a pas été modifié pour cet album… ironiquement ! Il a été remasterisé pour que les subtilités sonores s’intègrent bien au reste de l’album, mais à part ça, il est identique. C’est ça qui est génial avec la composition : cette liberté. Quand on a créé un morceau, on a le pouvoir de le jouer dans n’importe quel set, n’importe quel projet et comme on veut ! On gagne plein de nouveaux fans, qui ne connaissaient pas ma musique avant, alors pour eux, « Change Change » est un morceau de PREYRS. Question de perception, non ? C’est marrant ! (Sourires)

– Pour toi qui vis littéralement pour la scène, cela a du être un grand moment de partager l’affiche avec New Model Army. Quels sont tes projets de ce côté-là car, dorénavant, l’Europe te tend les bras ?

Absolument ! Nous sommes en route pour jouer ce soir le huitième concert de la tournée New Model Army (Interview réalisée le 12/11 – NDR). On espère vraiment que le public apprécie notre musique ! Les concerts se déroulent à merveille, toutes les salles étant pleines dès le début de nos sets, c’est tout simplement génial. Ça en dit long sur le public de NMA. Ce sont parmi les plus grands concerts que nous ayons jamais donnés, c’est donc un début idéal pour l’aventure PREYRS. Pour ce qui est de développer notre présence en Europe, nous avons deux mois de tournée en tête d’affiche l’année prochaine, avec un focus sur l’Allemagne avec vingt concerts en mars, ainsi qu’une tournée française en avril, dont l’annonce est imminente. Notre objectif est de continuer à progresser, à jouer, à composer et à sortir des albums ! Avec une super équipe autour de nous, on ne voit aucune raison pour que suivre notre cœur et notre passion ne fonctionne pas ! Un pas après l’autre ! (Sourires)

L’album de PREYRS, « The Wounded Healer », est disponible chez Pelagic Records.

Retrouvez également la chronique d’« Astil » et l’interview d’Amy à l’occasion de la sortie du single « Change Change » :

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Alternative Rock Pop Rock Power Rock

Amy Montgomery : une explosive dualité

Elle rayonne, elle rugit et elle envoûte une fois encore sur ce nouvel EP. Avec « Astil », AMY MONTGOMERY prouve qu’elle est aussi à son aise sur des morceaux massifs et rentre-dedans que sur des chansons poignantes. La spontanéité de la volcanique irlandaise fait des merveilles sur ce nouvel effort, qui promet un bel album à venir l’an prochain. 2024 sera sans nul doute son année et ces nouveaux titres sont autant de perles à déguster pour patienter… avant de l’accueillir sur les scènes françaises.  

AMY MONTGOMERY

« Astil »

(Independant)

Au printemps dernier, la déflagration Rock est venue de Belfast avec le single « Change Change » d’AMY MONTGOMERY qui, petit à petit et à force de tourner aux quatre coins de l’Europe, commence à se faire un nom. Il faut dire que la jeune chanteuse (et multi-instrumentiste) n’a pas froid aux yeux et se livre dans un registre explosif, mélodique et très rapidement addictif. Inspirée de figures féminines comme Alanis Morissette, Beth Hart et quelques autres, elle a su imposer son style, grâce à une forte personnalité et une combinaison de sons d’une puissance rare et d’une sincérité absolue.

Après un été passé sur les routes, l’Irlandaise est de retour avec « Astil », un nouvel EP qui nous permet de découvrir d’autres facettes de son jeu. Très bien autoproduit avec son partenaire Michael Mormecha, également touche-à-tout, le duo fait des étincelles en combinant les ambiances, des approches musicales différentes et une émotion qui se traduisent autant dans de délicates déclarations (« Forever And You ») comme sur des intentions plus guerrières (« Astil »). AMY MONTGOMERY ne s’interdit rien et se montre même d’une incroyable polyvalence.

Oser affirmer que la songwriter est l’incarnation-même du Power Rock moderne au féminin n’a flanchement rien d’extravaguant ou d’exagéré. Les morceaux d’« Astil » sont d’une telle variété que rien ne semble lui résister. Sensible et d’un dynamisme à toute épreuve, la frontwoman livre des morceaux très bien arrangés, où les guitares et sa voix percutent à l’envie, bien aidées par des synthés discrets et témoins d’une orchestration très maîtrisée (« Way For Free Limit », « Meet You In The  Sun »). Solaire et fougueuse, AMY MONTGOMERY fait bel et bien partie de ses futures très grandes, qu’on se le dise !

Le nouvel Ep d’AMY MONTGOMERY, « Astil » est disponible sur le Bandcamp de l’artiste :

https://amymontgomery.bandcamp.com/album/astil

Retrouvez également la longue interview qu’elle a accordé à Rock’n Force en mars dernier :

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International Pop Rock Rock

Amy Montgomery : l’âme d’une guerrière [Interview]

Originaire de Belfast en Irlande du Nord, AMY MONTGOMERY a une personnalité très forte qui ne peut laisser indifférent. Musicalement, son registre est vaste et même s’il tourne autour d’un Rock efficace et direct, les émotions qu’il véhicule sont tout aussi saisissantes. Indépendante, la chanteuse et multi-instrumentiste vient de livrer un nouveau single, « Change Change », accrocheur et doté d’une énergie incroyable. Nul doute qu’AMY MONTGOMERY ne tardera pas à fouler les scènes françaises. Alors, avant de la découvrir en concert, entretien avec une artiste hors-norme et très attachante.  

– Ce qui m’a le plus surpris lorsque je t’ai écouté pour la première fois, c’est cette force qui émane de toi et bien sûr de ta voix. Est-ce que c’est quelque chose que tu as toujours eu en toi ?

J’avais huit ans quand j’ai commencé à jouer sur scène et à l’époque, ma voix était vraiment chétive ! Ma force vocale est venue après des années de pratique, de concerts et d’apprentissage. Après quelques expériences de vie difficiles aussi, je peux vraiment dire qu’elles m’ont aidée à devenir une femme très résiliente. La performance me donne de la force dans la vie et la vie me donne de la force dans la performance.

– Sans revenir sur les drames que tu as traversés adolescente, j’ai aussi l’impression que tu te nourris de cette douleur pour en faire quelque chose de très positif. C’est cette démarche que tu suis à travers ta musique aujourd’hui ?

Oui, absolument. Parfois, je l’exprime dans une chanson très directe, parfois dans une ballade au piano déchirante, parfois dans une chanson Rock aux riffs lourds comme « Change Change ». C’est toujours différent. Mais oui, beaucoup de mes intentions dans l’écriture viennent de mes expériences de vie d’enfant et d’adolescente, ainsi que de choses qui se passent dans le monde et aussi dans ma vie à un moment donné.

– Avant de parler de ton nouveau single « Change Change », j’aimerais que tu me dises un mot au sujet de tes prestations scéniques. Tu te présentes avec un maquillage très guerrier et des tenues assez provocantes. C’est un personnage que tu endosses pour te préserver, ou c’est la véritable AMY MONTGOMERY ?

Ah !!! Eh bien, nous devons d’abord nous demander ce qu’est le ‘vrai’ dans chaque chose, non ? Le personnage que j’incarne sur scène est bien sûr la vraie AMY MONTGOMERY, mais peut-être juste en version un peu exagérée. Je pense que la plupart des gens sont toujours agréablement surpris lorsqu’ils discutent avec moi après un concert. Je ne suis pas aussi effrayante ou féroce que ce que j’ai l’air sur scène. Pour moi, la scène est un lieu où je peux m’exprimer librement, à travers le mouvement, la musique, le chant et bien sûr visuellement à travers les vêtements. Enfiler mes tenues un peu dingues et ma peinture de guerre est un rituel. Cela me rappelle ma force et, à son tour, rappelle au public sa propre force aussi.

– Ce qui est étonnant, c’est que tu es très jeune et pourtant tu as déjà sorti plusieurs singles, EP et un mini-album « Alterations ». Et tu as également tourné dans le Royaume-Uni, bien sûr, mais aussi en Allemagne, en Suisse et même en Australie. Tout semble s’enchainer très rapidement… 

Oui, j’ai été très chanceuse avec les opportunités qui se sont présentées à moi très jeune. A 18 ans, j’avais signé un contrat de management et à 20 ans, j’avais signé avec une agence de booking. J’ai toujours su que la musique était ma passion la plus profonde et je pense que si vous aimez suffisamment quelque chose, vous ne laissez rien vous empêcher de la réaliser. J’ai travaillé, et je travaille toujours extrêmement dur, sur ma carrière musicale. J’ai fabriqué moi-même tout le merchandising et les bénéfices ont financé des tournées complètes, et en groupe, au Royaume-Uni, en Irlande et en Allemagne. J’avais même tout booké moi-même avant même d’avoir un tourneur ! Il a fallu six ans pour arriver au niveau où je suis maintenant et il y a encore un sacré chemin à parcourir ! C’est un voyage d’apprentissage constant et je l’aime !

– Parlons de « Change Change », ton nouveau single qui vient de sortir. Il propose une production très ample et puissante et tu sembles musicalement franchir un cap avec une énergie incroyable. Au regard de tes précédents morceaux, on dirait qu’il annonce et amorce un nouveau départ. C’est le cas ?

« Change Change » est définitivement plus lourd avec un ton légèrement différent de mes morceaux précédents, mais je pense qu’il y a toujours un même sentiment qui s’en dégage. J’ai toujours été influencé par la musique Rock en grandissant avec des groupes comme Black Sabbath, AC/DC et Eagles, donc c’est vraiment génial de sortir une chanson qui se penche davantage sur mes influences classiques et solides. Il s’agit d’un processus constant plutôt que d’un nouveau départ.

– J’imagine qu’un album va suivre. Est-ce que peux nous en dire un peu plus ? Est-il déjà entièrement composé et as-tu commencé à enregistrer quelques morceaux ?

En octobre, je vais sortir un EP qui inclura « Change Change ». 2024 sera l’année de la sortie de mon premier album. Je coproduis mes chansons avec mon partenaire Michael Mormecha et nous avons notre propre studio, donc il y a toujours des chansons en cours d’enregistrement. Et nous aurons beaucoup de chansons et d’idées dans lesquelles piocher pour l’album !

– En écoutant tes morceaux depuis tes débuts jusqu’à aujourd’hui, il y a une grande évolution et une belle maturité, tant dans l’écriture que dans l’interprétation. Quelles sont les étapes franchies et est-ce que tu as le sentiment qu’avec « Change Change », tu livres enfin la musique que tu as toujours voulu écrire et chanter ?

Quand j’ai sorti mon premier single « Dangerous », c’était la musique que j’avais toujours voulu écrire. Quand « Intangible » est sorti, c’était encore la musique que j’avais toujours voulu écrire. Aujourd’hui, je joue rarement « Dangerous » en live, parce que je ne le ressens plus comme avant. C’est peut-être parce que je l’ai tellement joué, et aussi parce que le temps passe et mes goûts et mes envies changent. Je pense que beaucoup d’artistes diraient la même chose… C’est un peu comme aimer porter un t-shirt pendant un moment, puis vouloir porter autre chose après. Parfois, vous retournez dans votre garde-robe et vous sortez un vêtement que vous avez oublié. En ce moment, j’aime vraiment mélanger des guitares massives avec des synthés. J’adore « Change Change », mais je suis sûr que dans un an ou deux, j’aurai envie de faire à nouveau un style de musique différent. C’est la nature et la beauté de la créativité. Et comme je le dis souvent : « On ne peut pas aller contre le changement ! » (Sourires)

– Tu es d’ailleurs une songwriter accomplie et ton écriture est de plus en plus efficace. De quelle manière travailles-tu tes chansons ? On a l’impression que c’est le texte qui sert de guide…

Mon processus d’écriture est toujours différent, mais la plupart du temps, la musique est écrite en premier, puis c’est presque comme si les paroles et la mélodie vocale en découlaient toutes seules. J’ai écrit « Change Change » au piano et les paroles et la mélodie des couplets et du refrain sont venues très rapidement et naturellement. Pourtant, je n’ai écrit le pont que deux ans plus tard. Musicalement, la chanson sonne complètement différemment de la première mouture. Je l’ai remanié en studio avec les talents magiques de multi-instrumentiste de Michael Mormecha. Nous l’avons reconstruite autour du riff de guitare que vous entendez maintenant. J’adore discuter de l’évolution d’une chanson. Certaines s’étalent dans le temps plus que d’autres. J’ai d’ailleurs une nouvelle page Patreon, où je partage tous ces ‘coulisses’ de ma vie et de l’écriture des chansons pour tous ceux qui souhaitent s’abonner !

– Si on écoute attentivement « Change Change » d’un côté et des chansons comme « Old Photographs » ou « Dangerous » de l’autre, on peut y entendre nettement les influences d’Alanis Morissette et de Beth Hart notamment. Ce sont deux artistes qui semblent t’avoir beaucoup marqué, non ?

Alanis Morissette a définitivement eu un énorme impact sur moi. Non seulement elle est une compositrice et une interprète fantastique, mais c’est aussi une femme très intelligente émotionnellement, ce qui est super inspirant. Ma sœur a 14 ans de plus que moi et c’est elle qui m’a vraiment fait découvrir Alanis Morissette, alors que je n’avais que neuf ans. J’admire aussi profondément Beth Hart, mais je n’ai découvert sa musique qu’il y a quelques années. Je l’ai vue en concert pour la première fois il y a quelques semaines à peine. J’ai vraiment frissonné très profondément grâce sa performance très expressive, sa voix et son écriture incroyables !

– J’aimerais aussi que tu me dises un mot de ta reprise de Sharon Van Etten, « Jupiter 4 », qui est vraiment magnifique. Pourquoi ce choix et est-elle aussi une chanteuse qui t’inspire ?

En 2019, j’ai découvert Sharon Van Etten au ‘Festival de Glastonbury’, la veille de mon passage. C’était une artiste dont je n’avais jamais entendu parler et la découvrir à ce spectacle a été vraiment époustouflant. Je ne pouvais pas croire que je n’avais jamais entendu parler de sa musique auparavant ! « Jupiter 4 » a explosé en moi en live à travers le son et aussi avec la présence venue d’ailleurs de Sharon Van Etten. Ca m’a rendu accro. Le désir dans sa voix sur cette chanson m’a amené à vouloir la reprendre. Sur ma reprise, je joue d’ailleurs de tous les instruments : batterie, basse, piano et chant !

– Un mot aussi sur tes prestations scéniques qui sont explosives et pleines d’énergie. A te voir, on a vraiment l’impression que c’est là que tu peux t’exprimer le mieux et te libérer à travers des morceaux parfois écorchés mais surtout, une fois encore, d’une grande force. Tu vois et abordes tes concerts comme le but et l’objectif ultime de ton travail d’artiste ?

En ce moment, oui ! Le live est ce qui compte le plus pour moi. Je pense que les gens ont besoin de voir me voir en live pour bien comprendre ce que je fais artistiquement. J’ai cependant beaucoup d’idées créatives et à l’avenir, je pense d’ailleurs que je sortirai de la musique sous un nom d’artiste différent, uniquement pour l’écouter et sans intention de la jouer sur scène.

– Chose étonnante encore, tu produis ta musique en indépendante. Est-ce que des labels se sont déjà manifestés, ou préfères-tu conserver une totale liberté sur la musique, du moins pour le moment ?

J’aime produire ma musique de manière indépendante, mais je pense également qu’il est vraiment avantageux d’être sur un label pour obtenir la promotion nécessaire. J’ai des labels en tête avec lesquels j’aimerais travailler, mais aucun ne m’a encore approché. C’est un long chemin. Mais pour l’instant, je suis contente de continuer à me produire de manière indépendante, car cela a aussi de nombreux avantages !

– Belfast est une ville de contrastes, où beaucoup de combats très variés sont menés. Est-ce qu’à travers ta musique, il y a certains messages que tu souhaites faire passer et certains combats que tu peux peut-être aussi mener parallèlement, car on te sent très engagée ?

Oui, définitivement ! Dans ma musique, il y a à la fois une bataille constante et un message d’acceptation. Je pense que c’est le reflet de la vie en elle-même… ou de la vie telle que je la vois en tout cas. Nous rencontrons des difficultés comme la perte et le chagrin, mais nous éprouvons aussi de la joie et nous surmontons des obstacles. J’aime présenter ces dualités dans ma musique, sachant que nous avons tous besoin de lutter pour savoir ce qu’est la liberté. Enveloppez tout ça de riffs rock, de tenues folles et de peintures de guerre et l’écriture et la performance deviennent un rituel en soi !

Retrouvez le nouveau single d’AMY MONTGOREMY, « Change Change », et toute son actualité sur son site :

https://www.amymontgomery.me/