Rien que le fait d’oser utiliser comme pseudonyme ZZ WARD en dit long et montre à quel point Zsuzsanna Eva Ward n’a pas froid aux yeux et possède une incroyable détermination. Son étonnant timbre de voix, sa faculté à assimiler un grand nombre d’univers différents dans un Blues Rock entrainant, mêlés à une authenticité omniprésente, font d’elle une musicienne hors-norme à bien des égards. En brisant les cloisons et les étiquettes, elle affiche une liberté singulière sur ce troisième opus, « Dirty Shine », avec lequel elle prend pleinement son envol.
ZZ WARD
« Dirty Shine »
(Dirty Shine Records)
Placer ZZ WARD dans la catégorie Blues Rock n’est pas quelque chose d’erroné bien sur, mais ce serait bien trop restrictif et réducteur pour la chanteuse américaine, puisque l’une de ses particularités est justement de s’engouffrer dans tous les genres qu’elle affectionne. Depuis « Til The Casket Drops » (2012), puis avec « The Storm » (2017), elle s’affirme musicalement en brouillant les pistes et en déjouant tous les pronostics. Et en ayant créé son propre label, la multi-instrumentiste affirme son caractère et son indépendance. « Dirty Shine » se pose comme un accomplissement de son très créatif parcours.
Avec un style aussi distinctif basé sur le Blues, la songwriter navigue à l’envie en suivant son instinct et surtout ce qui la fait vibrer. Ainsi, « Dirty Shine » comporte des sonorités Rock, R&B, Hip-Hop (notamment sur « Tin Cups » en duo avec Aloe Blacc), Pop et insuffle même des ambiances Country très Roots. ZZ WARD est à l’aise partout et avec une telle voix, rien ne lui parait interdit, tant elle est capable d’user de variations phénoménales. Démontrant que le Blues mène à tout et en le mettant à la base de ses chansons, elle s’impose comme une artiste complète, inventive et sans frontières musicales.
Ayant grandi dans l’Oregon, c’est désormais depuis Los Angeles qu’elle distille son Blues Rock aux multiples saveurs. Le groovy « OverdoZZe », la slide sur « Don’t Let Me Down », « Baby Don’t » et ses effluves Hip-Hop, l’ensoleillé « Dirty Shine », le bluesy « Ride Or Die » et l’accrocheur « Dead Or Alive » montrent à quel point ce troisième album de la frontwoman est unique en son genre. Vocalement irrésistible, jouant de sa force et de sensualité, ZZ WARD est aussi atypique que touchante. Avec « Dirty Shine », elle rassemble et séduit avec naturel et spontanéité.
En l’espace de deux réalisations qu’il a lui-même composé et interprété seul, MAMMOTH WVH vient frapper à la porte du cercle très fermé des musiciens hors-norme. Aussi à l’aise derrière les fûts, à la guitare ou au chant, le Californien grave fièrement son prénom sur ce « Mammoth II » d’une incroyable variété, plein de feeling et sur lequel il laisse éclater une faculté, peut-être innée, à produire des chansons très fédératrices.
MAMMOTH WVH
« Mammoth II »
(BMG)
Au départ, on aurait pu croire à une double-peine lorsqu’il s’est lancé dans une carrière musicale. Etre le fils de la légende Eddie Van Halen et porter le patronyme de Wolfgang, rien que ça !, aurait pu lui brûler les ailes avant même son envol. Mais fort d’un premier album réussi et très bien accueilli, MAMMOTH WVH a enchainé les concerts, épreuve de vérité s’il en est, pour s’imposer de belle manière, armé d’un Hard US efficace.
Multi-instrumentiste plus que confirmé, il a tenu cette fois encore à jouer seul l’intégralité de « Mammoth II » à savoir tous les instruments et aussi toutes les voix. Et à ce niveau-là, très peu de musiciens peuvent actuellement en faire autant, sachant qu’il ne s’est pas forcément facilité la tâche. Même si quelques gimmicks paternels se font sentir ponctuellement, tout comme l’influence majeure d’Aerosmith, MAMMOTH WVH s’éclate !
Impressionnant de dextérité et de maîtrise, c’est bien sûr dans un style Hard US et Heavy Rock, qui le berce depuis son enfance, qu’il a choisi d’évoluer. Sans en faire de trop, il régale par ses mélodies entêtantes (« Right ? », « Like A Pastime », « Waiting ») et ses solos millimétrés (« Another Celebration At The End Of The World », « I’m Alright »). Avec ce deuxième opus plus Heavy, MAMMOTH WVH brille aussi par un sens du songwriting redoutable.
Tous ses amis n’avaient évidemment pas pu figurer sur le premier « Tribute To Eric Bouillette », alors une deuxième réalisation s’imposait, afin que toutes et tous puissent faire un ultime clin d’œil à leur ami et musicien, dont la générosité et l’amitié manquent. SONGS FOR AN ANGEL n’a rien de larmoyant, même s’il est touchant, et il en ressort une douce sensation exacerbée par le talent des artistes présents.
SONGS FOR AN ANGEL
« Tribute to Eric Bouillette Vol. 2 »
(FTF Music)
Quelques mois après la sortie d’un premier volume très réussi, SONGS FOR AN ANGEL complète avec ce second volet le bel hommage rendu à Eric Bouillette après sa disparition. Là encore, on y retrouve ses complices, compagnons de route et membre d’une famille musicale, qui est décidemment très nombreuse. Assez différent de son prédécesseur, celui-ci s’inscrit dans un style qui ressemble beaucoup plus aux dernières inspirations et créations du Niçois.
Cette fois encore, c’est cet élan spontané et très sensible qui donne ce splendide éclat à l’album. SONGS FOR AN ANGEL ne se contente pas de raviver le souvenir du multi-instrumentiste d’exception, il rayonne par l’absence de calcul et l’absolue sincérité des participants. Et si chacun a composé et enregistré son morceau de son côté, il règne une réelle harmonie et une unité artistique surprenante, compte tenu des différents registres.
Comme sur le premier disque, Eric, sa guitare et son violon sont présents sur plusieurs morceaux et le plaisir est intact. Il est bien sûr difficile de mettre en avant certains titres plus que d’autres sur ce SONGS FOR AN ANGEL aux multiples saveurs. Chacun fera ses choix, même si on peut retenir quelques moments forts comme les prestations de Riccardo Romano Land, Hogan’s Hooligans, F.A.C.E., XCIII, AchElas, Colin Timpson et No Limits. Un beau partage.
Originaire de Belfast en Irlande du Nord, AMY MONTGOMERY a une personnalité très forte qui ne peut laisser indifférent. Musicalement, son registre est vaste et même s’il tourne autour d’un Rock efficace et direct, les émotions qu’il véhicule sont tout aussi saisissantes. Indépendante, la chanteuse et multi-instrumentiste vient de livrer un nouveau single, « Change Change », accrocheur et doté d’une énergie incroyable. Nul doute qu’AMY MONTGOMERY ne tardera pas à fouler les scènes françaises. Alors, avant de la découvrir en concert, entretien avec une artiste hors-norme et très attachante.
– Ce qui m’a le plus surpris lorsque je t’ai écouté pour la première fois, c’est cette force qui émane de toi et bien sûr de ta voix. Est-ce que c’est quelque chose que tu as toujours eu en toi ?
J’avais huit ans quand j’ai commencé à jouer sur scène et à l’époque, ma voix était vraiment chétive ! Ma force vocale est venue après des années de pratique, de concerts et d’apprentissage. Après quelques expériences de vie difficiles aussi, je peux vraiment dire qu’elles m’ont aidée à devenir une femme très résiliente. La performance me donne de la force dans la vie et la vie me donne de la force dans la performance.
– Sans revenir sur les drames que tu as traversés adolescente, j’ai aussi l’impression que tu te nourris de cette douleur pour en faire quelque chose de très positif. C’est cette démarche que tu suis à travers ta musique aujourd’hui ?
Oui, absolument. Parfois, je l’exprime dans une chanson très directe, parfois dans une ballade au piano déchirante, parfois dans une chanson Rock aux riffs lourds comme « Change Change ». C’est toujours différent. Mais oui, beaucoup de mes intentions dans l’écriture viennent de mes expériences de vie d’enfant et d’adolescente, ainsi que de choses qui se passent dans le monde et aussi dans ma vie à un moment donné.
– Avant de parler de ton nouveau single « Change Change », j’aimerais que tu me dises un mot au sujet de tes prestations scéniques. Tu te présentes avec un maquillage très guerrier et des tenues assez provocantes. C’est un personnage que tu endosses pour te préserver, ou c’est la véritable AMY MONTGOMERY ?
Ah !!! Eh bien, nous devons d’abord nous demander ce qu’est le ‘vrai’ dans chaque chose, non ? Le personnage que j’incarne sur scène est bien sûr la vraie AMY MONTGOMERY, mais peut-être juste en version un peu exagérée. Je pense que la plupart des gens sont toujours agréablement surpris lorsqu’ils discutent avec moi après un concert. Je ne suis pas aussi effrayante ou féroce que ce que j’ai l’air sur scène. Pour moi, la scène est un lieu où je peux m’exprimer librement, à travers le mouvement, la musique, le chant et bien sûr visuellement à travers les vêtements. Enfiler mes tenues un peu dingues et ma peinture de guerre est un rituel. Cela me rappelle ma force et, à son tour, rappelle au public sa propre force aussi.
– Ce qui est étonnant, c’est que tu es très jeune et pourtant tu as déjà sorti plusieurs singles, EP et un mini-album « Alterations ». Et tu as également tourné dans le Royaume-Uni, bien sûr, mais aussi en Allemagne, en Suisse et même en Australie. Tout semble s’enchainer très rapidement…
Oui, j’ai été très chanceuse avec les opportunités qui se sont présentées à moi très jeune. A 18 ans, j’avais signé un contrat de management et à 20 ans, j’avais signé avec une agence de booking. J’ai toujours su que la musique était ma passion la plus profonde et je pense que si vous aimez suffisamment quelque chose, vous ne laissez rien vous empêcher de la réaliser. J’ai travaillé, et je travaille toujours extrêmement dur, sur ma carrière musicale. J’ai fabriqué moi-même tout le merchandising et les bénéfices ont financé des tournées complètes, et en groupe, au Royaume-Uni, en Irlande et en Allemagne. J’avais même tout booké moi-même avant même d’avoir un tourneur ! Il a fallu six ans pour arriver au niveau où je suis maintenant et il y a encore un sacré chemin à parcourir ! C’est un voyage d’apprentissage constant et je l’aime !
– Parlons de « Change Change », ton nouveau single qui vient de sortir. Il propose une production très ample et puissante et tu sembles musicalement franchir un cap avec une énergie incroyable. Au regard de tes précédents morceaux, on dirait qu’il annonce et amorce un nouveau départ. C’est le cas ?
« Change Change » est définitivement plus lourd avec un ton légèrement différent de mes morceaux précédents, mais je pense qu’il y a toujours un même sentiment qui s’en dégage. J’ai toujours été influencé par la musique Rock en grandissant avec des groupes comme Black Sabbath, AC/DC et Eagles, donc c’est vraiment génial de sortir une chanson qui se penche davantage sur mes influences classiques et solides. Il s’agit d’un processus constant plutôt que d’un nouveau départ.
– J’imagine qu’un album va suivre. Est-ce que peux nous en dire un peu plus ? Est-il déjà entièrement composé et as-tu commencé à enregistrer quelques morceaux ?
En octobre, je vais sortir un EP qui inclura « Change Change ». 2024 sera l’année de la sortie de mon premier album. Je coproduis mes chansons avec mon partenaire Michael Mormecha et nous avons notre propre studio, donc il y a toujours des chansons en cours d’enregistrement. Et nous aurons beaucoup de chansons et d’idées dans lesquelles piocher pour l’album !
– En écoutant tes morceaux depuis tes débuts jusqu’à aujourd’hui, il y a une grande évolution et une belle maturité, tant dans l’écriture que dans l’interprétation. Quelles sont les étapes franchies et est-ce que tu as le sentiment qu’avec « Change Change », tu livres enfin la musique que tu as toujours voulu écrire et chanter ?
Quand j’ai sorti mon premier single « Dangerous », c’était la musique que j’avais toujours voulu écrire. Quand « Intangible » est sorti, c’était encore la musique que j’avais toujours voulu écrire. Aujourd’hui, je joue rarement « Dangerous » en live, parce que je ne le ressens plus comme avant. C’est peut-être parce que je l’ai tellement joué, et aussi parce que le temps passe et mes goûts et mes envies changent. Je pense que beaucoup d’artistes diraient la même chose… C’est un peu comme aimer porter un t-shirt pendant un moment, puis vouloir porter autre chose après. Parfois, vous retournez dans votre garde-robe et vous sortez un vêtement que vous avez oublié. En ce moment, j’aime vraiment mélanger des guitares massives avec des synthés. J’adore « Change Change », mais je suis sûr que dans un an ou deux, j’aurai envie de faire à nouveau un style de musique différent. C’est la nature et la beauté de la créativité. Et comme je le dis souvent : « On ne peut pas aller contre le changement ! » (Sourires)
– Tu es d’ailleurs une songwriter accomplie et ton écriture est de plus en plus efficace. De quelle manière travailles-tu tes chansons ? On a l’impression que c’est le texte qui sert de guide…
Mon processus d’écriture est toujours différent, mais la plupart du temps, la musique est écrite en premier, puis c’est presque comme si les paroles et la mélodie vocale en découlaient toutes seules. J’ai écrit « Change Change » au piano et les paroles et la mélodie des couplets et du refrain sont venues très rapidement et naturellement. Pourtant, je n’ai écrit le pont que deux ans plus tard. Musicalement, la chanson sonne complètement différemment de la première mouture. Je l’ai remanié en studio avec les talents magiques de multi-instrumentiste de Michael Mormecha. Nous l’avons reconstruite autour du riff de guitare que vous entendez maintenant. J’adore discuter de l’évolution d’une chanson. Certaines s’étalent dans le temps plus que d’autres. J’ai d’ailleurs une nouvelle page Patreon, où je partage tous ces ‘coulisses’ de ma vie et de l’écriture des chansons pour tous ceux qui souhaitent s’abonner !
– Si on écoute attentivement « Change Change » d’un côté et des chansons comme « Old Photographs » ou « Dangerous » de l’autre, on peut y entendre nettement les influences d’Alanis Morissette et de Beth Hart notamment. Ce sont deux artistes qui semblent t’avoir beaucoup marqué, non ?
Alanis Morissette a définitivement eu un énorme impact sur moi. Non seulement elle est une compositrice et une interprète fantastique, mais c’est aussi une femme très intelligente émotionnellement, ce qui est super inspirant. Ma sœur a 14 ans de plus que moi et c’est elle qui m’a vraiment fait découvrir Alanis Morissette, alors que je n’avais que neuf ans. J’admire aussi profondément Beth Hart, mais je n’ai découvert sa musique qu’il y a quelques années. Je l’ai vue en concert pour la première fois il y a quelques semaines à peine. J’ai vraiment frissonné très profondément grâce sa performance très expressive, sa voix et son écriture incroyables !
– J’aimerais aussi que tu me dises un mot de ta reprise de Sharon Van Etten, « Jupiter 4 », qui est vraiment magnifique. Pourquoi ce choix et est-elle aussi une chanteuse qui t’inspire ?
En 2019, j’ai découvert Sharon Van Etten au ‘Festival de Glastonbury’, la veille de mon passage. C’était une artiste dont je n’avais jamais entendu parler et la découvrir à ce spectacle a été vraiment époustouflant. Je ne pouvais pas croire que je n’avais jamais entendu parler de sa musique auparavant ! « Jupiter 4 » a explosé en moi en live à travers le son et aussi avec la présence venue d’ailleurs de Sharon Van Etten. Ca m’a rendu accro. Le désir dans sa voix sur cette chanson m’a amené à vouloir la reprendre. Sur ma reprise, je joue d’ailleurs de tous les instruments : batterie, basse, piano et chant !
– Un mot aussi sur tes prestations scéniques qui sont explosives et pleines d’énergie. A te voir, on a vraiment l’impression que c’est là que tu peux t’exprimer le mieux et te libérer à travers des morceaux parfois écorchés mais surtout, une fois encore, d’une grande force. Tu vois et abordes tes concerts comme le but et l’objectif ultime de ton travail d’artiste ?
En ce moment, oui ! Le live est ce qui compte le plus pour moi. Je pense que les gens ont besoin de voir me voir en live pour bien comprendre ce que je fais artistiquement. J’ai cependant beaucoup d’idées créatives et à l’avenir, je pense d’ailleurs que je sortirai de la musique sous un nom d’artiste différent, uniquement pour l’écouter et sans intention de la jouer sur scène.
– Chose étonnante encore, tu produis ta musique en indépendante. Est-ce que des labels se sont déjà manifestés, ou préfères-tu conserver une totale liberté sur la musique, du moins pour le moment ?
J’aime produire ma musique de manière indépendante, mais je pense également qu’il est vraiment avantageux d’être sur un label pour obtenir la promotion nécessaire. J’ai des labels en tête avec lesquels j’aimerais travailler, mais aucun ne m’a encore approché. C’est un long chemin. Mais pour l’instant, je suis contente de continuer à me produire de manière indépendante, car cela a aussi de nombreux avantages !
– Belfast est une ville de contrastes, où beaucoup de combats très variés sont menés. Est-ce qu’à travers ta musique, il y a certains messages que tu souhaites faire passer et certains combats que tu peux peut-être aussi mener parallèlement, car on te sent très engagée ?
Oui, définitivement ! Dans ma musique, il y a à la fois une bataille constante et un message d’acceptation. Je pense que c’est le reflet de la vie en elle-même… ou de la vie telle que je la vois en tout cas. Nous rencontrons des difficultés comme la perte et le chagrin, mais nous éprouvons aussi de la joie et nous surmontons des obstacles. J’aime présenter ces dualités dans ma musique, sachant que nous avons tous besoin de lutter pour savoir ce qu’est la liberté. Enveloppez tout ça de riffs rock, de tenues folles et de peintures de guerre et l’écriture et la performance deviennent un rituel en soi !
Retrouvez le nouveau single d’AMY MONTGOREMY, « Change Change », et toute son actualité sur son site :
C’est assez naturellement que ses amis, ou partenaires, l’ayant accompagné dans diverses aventures musicales se sont réunis et ont composé des morceaux en guise d’au revoir à Eric Bouillette, artiste aussi discret que talentueux, dont la disparition a marqué le monde du Rock Progressif et bien au-delà. Parcourant les styles comme les pays, SONGS FOR AN ANGEL se veut un hommage d’une émotion joyeuse, authentique et sincère, ainsi qu’une superbe marque d’estime.
SONGS FOR AN ANGEL
« Tribute To Eric Bouillette Vol.1 »
(FTF Music)
Il y a des albums qu’on aime recevoir tout en redoutant de les écouter. C’est très précisément le cas avec SONGS FOR AN ANGEL que j’ai glissé, non sans un certain émoi, dans la platine. Car, même si on est relativement habitué à des ‘Tributes’ de toutes sortes, lorsque cela concerne une personne que vous aimez et respectez, l’instant se révèle beaucoup plus délicat et troublant. En nous quittant en août de l’année dernière, Eric Bouillette a laissé un grand vide autour de lui, et bien sûr aussi dans sa famille musicale.
Car c’est bel et bien de l’hommage d’une famille qu’il s’agit avec ce « Tribute To Eric Bouillette Vol.1 », où se sont réunis de nombreux artistes ayant partagé avec lui des moments de scène ou de studio, à travers les multiples groupes et projets auxquels le Niçois a participé dans une vie où la musique ne l’a jamais quitté. Multi-instrumentiste avec une prédilection pour la guitare, on a pu apprécier le talent d’Eric avec Nine Skies, The Room, Solace Supplice et Imaginaerium, son dernier et incroyable album-concept.
Réunissant 12 compositions originales et un titre de Solace Supplice, duo mené avec sa femme Anne-Claire Rallo présente, comme Eric, sur d’autres chansons, SONGS FOR AN ANGEL a forcément une prédominance progressive, un style dont il était devenu une référence. De nombreux membres de ses récentes formations rendent donc un hommage spontané à ce musicien et compositeur hors-norme. Et le plus étonnant est la présence permanente de la saveur des sonorités qu’il a distillées au fil des ans. Une belle respiration.
Une telle audace de la part d’une chanteuse dont la créativité semble sans limite est suffisamment rare pour être soulignée. Dans un esprit très indépendant et DIY, SUN brise les codes de la Pop, d’un Power Rock exalté et d’un Metal souvent convenu, et tout ça fait franchement plaisir à entendre. Avec « Brutal Pop II », la musicienne s’affirme pleinement, tout en installant un style bien à elle.
SUN
« Brutal Pop II »
(Independant)
L’artiste franco-allemande, pour le moins singulière, peut se targuer d’avoir créé un registre à part entière et dont elle a même nommé ses deux premiers EP, « Brutal Pop ». Et cette fois, c’est avec le ‘Volume II’ qu’elle vient confirmer et peaufiner une musique aussi étonnante qu’accrocheuse. SUN a trouvé sa voie, elle est toute tracée et tellement évidente. Une espèce d’OVNI musical rafraîchissant et dynamique.
Bien sûr, on retrouve tous les éléments propres à la Pop avec des refrains addictifs et des mélodies légères et efficaces. Pourtant, Karoline Rose, alias SUN, qui cumule les postes de chanteuse, guitariste, claviériste, parfois bassiste et bien sûr songwriter, livre un univers très particulier où se mêlent de puissants screams et des double-pédalages cher au Metal. L’art de se fondre dans les contraires avec beaucoup d’originalité et d’agilité.
Après une première réalisation de six titres et ce « Brutal Pop II » qui en compte cinq, les deux EP de SUN sont finalement indissociables l’un de l’autre, afin de mieux saisir la démarche et l’œuvre très personnelle de la frontwoman. Dans une atmosphère marquée par le son des 90’s, elle enchaîne brillamment des morceaux aux arrangements subtils (« Wave », « Strength », « Princess Erakin », « John And I »). A découvrir d’urgence !
Toujours inspiré par le monde celtique avec une prédominance pour la Bretagne, STONE AGE se balade inlassablement à travers les légendes et les contes avec un style très identifiable élaboré sur des sonorités modernes, parfois vintage, Electro, Pop et progressives. « Bubry Road » reprend le chemin entamé sur les quatre premiers albums avec une belle créativité.
STONE AGE
« Bubry Road »
(Nevez Productions/Coop Breizh)
Figure incontournable de la scène celtique, STONE AGE réapparait cinq ans après « Totems d’Armorique » avec un nouvel album positif, dynamique, plongeant dans toutes sortes de rêveries. Toujours inspiré par les légendes, notamment bretonnes, le désormais duo constitué de Marc de Ponkallec (Marc Hazon) et de Kervador (Michel Valy) renouvelle quelque peu son registre en naviguant dans des sphères Electro-Pop où l’on se laisse volontiers porter.
Si le quatuor habituel a laissé place au binôme de multi-instrumentistes, STONE AGE accueille du beau monde, dont Robert Le Gall, Xavier Geromimi, Philippe Hervouet, Loïc Blejean, Konan Mevel, Kohann et d’autres. Très accessible, « Bubry Road » ne s’inscrit pas dans un registre traditionnel, mais invite plutôt à la découverte des ambiances et des musiques celtes.
Sur une production éclatante et légère, STONE AGE nous fait profiter de la richesse de ses morceaux qui, malgré des arrangements pointilleux, restent très fédérateurs (« Dansit For Tomorrow », « You Know », « Anti Age », « Pleg An Amzer », « Rozenn An Dro », « Armen Dañs », « Groës Coët »). Surprenant et à l’atmosphère voyageuse, ce cinquième opus pourra contrarier les puristes, mais ne manquera pas d’attirer les curieux.
Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !
Loin d’être un inconnu sur la scène Rock et Metal française, XAVIER BOSCHER a travaillé pour et avec de nombreux groupes, dont Nebuleyes et Misanthrope, avant de se consacrer à sa propre musique au sein de sa structure, où il produit aussi d’autres artistes. Aujourd’hui, c’est avec un album instrumental, « Cosmic Variations », sur lequel il joue tous les instruments qu’il se présente pour un voyage lumineux. Entre Rock et Metal Progressif, XAVIER BOSCHER livre un opus conceptuel où les mélodies se fondent dans une technique exemplaire, sans être exubérante, à travers sept morceaux séparés par des « Echo », intermèdes Drone joués à la guitare et très immersifs. Avec « Cosmic Variations », le multi-instrumentiste se fait aussi subtil que puisant dans un registre très maîtrisé et captivant.
DAY OF DEPARTURE – « Day of Departure » – Bravemusic
Originaire de Washington DC, DAY OF DEPARTURE sort enfin son premier album éponyme, fruit de deux ans de travail à distance pour ses cinq membres. Dans un registre Progressif et Ambient, les Américains proposent un style entre Rock et Metal avec quelques embardées post-Rock qui confèrent à cet opus une originalité et une touche toutes particulières. Enveloppé par la voix de sa chanteuse Michelle Schrotz, DAY OF DEPARTURE nous invite à le suivre dans un périple basé sur le thème de la science fiction. Le pari est osé, l’album très bien réalisé et couronné d’une belle production assurée par le groupe lui-même, et qui traverse les atmosphères spatiales avec talent. Un bel opus pour un départ qui se présente sous les meilleurs auspices.
Avant-gardiste, c’est sûr et c’est aussi en soi très transcendant et assez perché. Cela dit, le projet présenté par le multi-instrumentiste helvétique Manuel Gagneux fait des étincelles ! De sa production à la structure-même des morceaux, parfois assez insaisissables, ZEAL & ARDOR séduit quand même, pour peu que l’on ait l’oreille un peu aiguisée.
ZEAL & ARDOR
« Zeal & Ardor »
(MKKA)
Il en a de la force chez Manuel Gagneux pour envoyer un tel album. De la force et beaucoup de créativité. Le multi-instrumentiste réalise une fois encore un mix étonnant entre Black Metal, Ambient avec des touches Gospel. Cela dit, il ne faut pas s’attendre à une partie de plaisir douce et conciliante… on est toujours loin du compte avec le musicien suisse, qui fait plus qu’expérimenter avec ZEAL & ARDOR.
Superbement produit (avec des respirations nécessaires) le Sieur envoie de grands coups de Blast et reste toujours très pointilleux (« Hole Your Head Low ». Alors à quoi faut-il s’attendre ? Les puristes de Black Metal, les fans d’Ambient et les amoureux de belles voix vont chercher (moi, le premier) une certaine cohérence, mais la trouveront-il ? Parce qu’avec ZEAL & ARDOR, il y a un peu de tout.
Si certains y détecteront même quelques touches de Blues, c’est bel et bien dans un univers Indus et très Dark que nous embarque ZEAL & ARDOR. Le troisième album du Suisse s’étale sur une grosse demi-heure, où le Replay aura finalement du bon. En pleine immersion, ce nouvel opus éponyme du musicien s’écoute vraiment au casque. Fraîcheur et joie garanties dans cette réalisation une fois encore très atypique.
Présent depuis de nombreuses années dans le circuit musical anglais et plus précisément dans le petit monde du Rock Progressif, Dave Hulatt sort le premier album de son projet solo, ROAD TRIP. Producteur, compositeur et interprète de tous les instruments sur « Merry Go Round », le Britannique s’est créé un univers très personnel et sans frontière artistique.
ROAD TRIP
« Merry Go Round »
(Epictronic Records)
Musicien, songwriter et producteur chevronné, c’est pourtant son premier album sous le nom de ROAD TRIP que vient de sortir le Britannique et multi-instrumentiste Dave Hulatt. Après un EP « Sun Daze », sorti en 2015, et qui était surtout un pur projet solo, « Merry Go Round » montre un éventail bien plus large de l’univers progressif et constitué de rêveries du guitariste anglais.
Musicien de session, Dave Hulatt a joué aux côtés de Nick Turner et Dave Anderson d’Hawkwind, c’est donc assez naturellement que l’on retrouve une touche psychédélique sur ce premier opus. Mais le terrain de jeu de ROAD TRIP est bien plus complexe et riche qu’il n’y parait. Dans la tradition d’un Rock Progressif très british, les neufs titres naviguent entre Rock, Folk et Psych.
Dans la veine de Rush, de Led Zeppelin ou de Nick Drake, « Merry Go Round » montre toute l’étendue du savoir-faire de l’artiste au niveau du mix et de la production, mais aussi et surtout de son talent de compositeur et d’interprète (« Crack In Space », « Light Of Perfection », « The Rabbit Hole Of Time »). ROAD TRIP propose un beau voyage à travers des sonorités captivantes et sensibles.