Maniant les émotions avec toujours autant de délicatesse et de force, THE BLUESBONES se livre sur un nouvel opus aussi varié que complet dans une voie traditionnelle et des sonorités très actuelles. « Unchained » est taillé pour la scène, tant l’intensité de chaque morceau et l’interprétation des cinq musiciens rayonnent sur l’ensemble des titres. La signature est bel et bien là et plus assumée que jamais.
THE BLUESBONES
« Unchained »
(Naked/Donor Company)
Devenue incontournable sur la scène Blues européenne, le groupe vient assoir encore un peu plus sa position et surtout son style avec ce septième album. Comme ses prédécesseurs, « Unchained » possède ce son si organique qui vient du fait que THE BLUESBONES a toujours tenu à enregistrer en prise directe et en analogique, une marque de fabrique qu’il doit à son amour de la scène. Un acte de vérité et d’authenticité.
Car chez les Belges, la musique est bien vivante et vibre grâce à un groove imparable et inimitable. Si on peut clairement qualifier le registre du groupe de ce que l’on appelle communément le ‘Contemporary Blues’, THE BLUESBONES s’approprie de nombreux courants, passant du Blues Rock à des ambiances plus feutrées et aussi plus roots. Et « Unchained » présente tout cela à la fois avec élégance.
La production est remarquable et le soin apporté aux arrangements met encore plus en lumière la qualité d’écriture des bluesmen. Galvanisé par le chant de Nico de Cock, le quintet propose une approche sensible, ainsi que directe et relevée (« Chain Gang », « Time To Learn », « Talking To The Lord », « The Road Ahead »). Mention spéciale à « I Cry », véritable machine à frissons que THE BLUESBONES décline en deux versions. Etincelant !
En quelques années, ALLY VENABLE est passée d’un statut de star montante à celui d’artiste confirmée. Sans donner dans le démonstratif, la Texane, qui ne renie pas l’influence du grand Stevie Ray Vaughan, fait preuve de beaucoup de feeling dans un esprit délicieusement Southern. Avec « Real Gone », la jeune musicienne fait des étincelles et s’affirme avec classe.
ALLY VENABLE
« Real Gone »
(Ruf Records)
A quelques jours de son 24ème anniversaire, ALLY VENABLE sort déjà son septième album, si l’on inclue le sept-titres « Wise Man » paru alors qu’elle n’avait que 14 ans ! Et cet enfant prodige du Blues Rock ne s’arrête plus depuis et peaufine son jeu au fil du temps. Rien d’étonnant pour cette dernière considération, si ce n’est que son registre devient également de plus en plus personnel.
Guitariste et chanteuse de grand talent, ALLY VENABLE est aussi une songwriter accomplie et réalise même l’ensemble de « Real Gone ». Une maturité qui ne surprend pas plus que ça d’ailleurs lorsque l’on connait la portante courte carrière de la jeune femme. Et pour ce nouvel opus, elle s’est même offerte la collaboration du producteur Tom Hambridge (Susan Tedeschi, Kingfish, …).
Outre les deux moments que constitue la participation de Joe Bonamassa (« Broken And Blue ») et du géant Buddy Guy (« Texas Louisiana »), « Real Gone » regorge de pépites et la musicienne mène l’ensemble avec une élégance rare. Punchy sur le morceau-titre, « Justifyin’ », « Kick Your Ass » et « Two Wrongs », ALLY VENABLE se montre aussi très délicate sur « Gone So Long » et « Blues Is My Best Friend ». Une désormais grande dame !
Avec « Dark Waters », les Hollandais de DELAIN signent leur septième album et accueillent surtout en leur sein la chanteuse Diana Leah, en lieu et place de Charlotte Wessels. Si le challenge pouvait paraître énorme, le quintet le remporte haut la main, grâce aussi à des compositions plus frontales et moins Pop et Electro que sur « Apocalypse & Chill », sorti en 2019. Martijn Westerholt, fondateur, claviériste et principal compositeur du groupe, revient sur ce nouvel opus où il renoue avec le Metal Symphonique qui a forgé la réputation de DELAIN. Entretien.
Photo : Andreas Falaschi
– Il y a moins de deux ans, tout le monde pensait à la disparition de DELAIN après 15 ans d’une belle carrière. Finalement te revoici avec un nouveau line-up et surtout un nouvel album. Pour « Dark Waters », tu as rappelé batteur Sander Zoer ainsi que le guitariste Ronald Landa. C’était important pour toi de ressouder DELAIN en faisant appel à d’anciens membres pour créer une solide union autour de ce nouvel album ?
Oui, c’est exactement ça et j’en suis très heureux. La seule manière dont je voulais que DELAIN continue était que l’ADN du groupe soit toujours présent. Sinon, ça n’aurait eu aucun sens de poursuivre l’aventure sous le même nom. C’était pour moi la principale condition. Nous sommes restés en contact, on se connait très bien et pour nous tous, cela a été presqu’automatique, comme un réflexe. C’est pour cette raison que je leur ai demandé de me rejoindre.
– La grande nouveauté de l’album est bien sûr l’arrivée au chant de Diana Leah. Bien sûr, on ne lui demande pas de nous faire oublier Charlotte Wessels, mais elle doit avoir beaucoup de pression pour son arrivée chez DELAIN, non ?
Oui bien sûr, elle a eu beaucoup de pression. Elle a très bien compris que le costume qu’elle devait endosser était très grand. Je lui ai posé la question et, en fait, Diana a beaucoup de personnalité et elle est très forte. On en a parlé tous les deux évidemment et aujourd’hui, j’ai une très grande confiance en elle.
Diana Leah
– D’ailleurs, tu l’as découverte sur YouTube et tout est ensuite allé très vite. Ce réseau est-il devenu un nouveau lieu de casting ?
(Rires) Oui, c’est vrai ! En fait, tu peux voir beaucoup de choses au sujet des personnes. Tu peux observer des traits de leur comportement, comment elles s’expriment et aussi ce qu’elles pensent.
– L’autre façon d’ouvrir un nouveau chapitre pour le groupe aurait aussi été de prendre un chanteur, ce qui aurait aussi pu ouvrir d’autres voix musicales. Tu y as pensé ?
Très bonne question ! Oui, j’y ai pensé et je l’ai vraiment considéré comme une option sérieuse. La principale condition pour moi était que la nouvelle personne au chant, peu importe que ce soit une femme ou un homme, se fonde parfaitement dans la musique et se mette réellement à son service. Et finalement, le sexe n’avait pas vraiment d’importance. Mais en fin de compte, la voix de Diana m’a définitivement convaincu et j’en suis très heureux. Et puis, elle est capable de chanter l’ensemble du répertoire de DELAIN et d’assumer les tournées également. Avec un homme, cela aurait été très différent par rapport aux morceaux plus anciens notamment.
– Avec « Dark Waters » et malgré tous ces changements, on retrouve le son et la personnalité de DELAIN, ce qui a dû aussi rassurer les fans. On se dit que malgré tout et peu importe les musiciens, le groupe reste l’entité première avec un son qui fait son ADN. C’est aussi ton point de vue ?
Merci beaucoup pour ce beau compliment ! (et en français, svp ! – NDR) J’en suis vraiment content et je suis d’accord avec toi. C’est vrai que c’était très important. Dès le départ, on a décidé de conserver les bases du son de DELAIN et le style. Malgré le départ de Charlotte, je voulais que rien ne change à ce niveau-là et aussi que cela soit mis en avant. Nous sommes restés dans notre bulle en quelque sorte. Et c’est également très agréable que les gens me fassent la remarque.
Martijn Westerholt
– Alors qu’auparavant, c’était Charlotte qui écrivait les textes, c’est ta femme Robin, qui les signe cette fois et de très belle manière. Tu n’as pas eu envie de t’essayer toi-même à l’écriture ?
Non, pas pour les paroles, cela n’aurait sûrement pas ravi les gens ! (Rires) En fait, ça n’a jamais été une option, même auparavant. J’ai la chance d’avoir une femme dont l’anglais est la langue maternelle et qui, de plus, est poétesse. C’est vrai que cela a été très facile pour moi de lui demander.
– Une fois encore, « Dark Waters » fait la part belle aux arrangements, qui restent symphoniques et pourtant l’album demeure musclé et solide. On a le sentiment que tu es resté très focalisé sur le songwriting, comme si tu voulais mettre tous les problèmes rencontrés de côté. C’est le cas ?
En fait, mon objectif premier a été de composer des morceaux efficaces et peut-être aussi plus directs, c’est vrai. J’avais besoin de paix et de tranquillité pour le faire. Alors, je me suis simplement dit : « Continue à faire ce que tu sais faire et ce que tu fais de mieux ». Et finalement, tout s’est passé le plus simplement du monde.
Photo : Andrea Falaschi
– Il y a une question que je me pose, car c’est un phénomène que l’on rencontre beaucoup aujourd’hui dans les groupes qui ont une chanteuse. Justement, loin de remettre en question le talent de Diana qui est incontestable, pourquoi le bassiste Ludovico (Cioffi de The Modern Age Slavery – NDR) vient y poser du growl ? Est-ce vraiment nécessaire et utile lorsqu’on a une frontwoman de ce niveau ?
Rien n’est nécessaire, c’est vrai. C’est juste que j’adore son growl ! (Rires) Il est très brutal et j’avais dans l’idée de réaliser une sorte de comparaison entre ‘la belle et la bête’. Je l’adore vraiment et d’ailleurs, nous avions déjà tenté l’expérience auparavant. Et puis maintenant, nous avons aussi ce choix-là et c’est une très bonne chose.
– Enfin, lorsque l’on voit la très grande qualité, et même la prédominance des groupes hollandais sur la scène mondiale du Metal Symphonique avec Within Temptation, Epica, Delain, bien sûr, et quelques autres, et sans oublier Nightwish en Finlande, comment expliques-tu l’importance du style en Europe du Nord ? Parlerais-tu de ‘grande famille’ ?
Tu sais, c’est une question que je me pose depuis déjà une vingtaine d’années. Et cela reste une très bonne question ! Je n’ai jamais réussi à expliquer pourquoi il y avait autant de groupes de Metal Symphonique en Hollande. C’est une énigme et elle grossit de plus en plus chaque année. Et je considère les membres des autres groupes comme une famille, au même titre que Nightwish d’ailleurs. C’est vrai que c’est assez incroyable ! (Rires)
« Dark Waters » est disponible depuis le 10 février chez Napalm Records.
Grand artisan de la scène Stoner italienne, GODWATT n’en finit pas de surprendre en se renouvelant au fil des albums. Bien qu’ancré dans un registre qui a fait ses preuves, le trio parvient avec une facilité déconcertante à modeler son Doom dans un Metal mélodique et accrocheur. « Vol. III » a clôt 2022 avec brio !
GODWATT
« Vol. III »
(Time To Kill Records)
Jusqu’en 2012, soit six ans après sa création, il fallait encore ajouter ‘Redemption’ au patronyme de GODWATT. « Vol. III » n’est donc pas la troisième production des Italiens, mais leur septième… et elle est de taille. Dynamique et puissant, le groupe offre un mix généreux et savamment dosé entre un Stoner Metal vivifiant et un Doom qui va puiser dans les origines-mêmes du style.
Composé de Moris Fosco (guitare, chant), Mauro Passeri (basse) et Jacopo Granieri (batterie), GODWATT montre sa faculté, sur ce nouvel opus, à pouvoir réunir les fans de Hard et de Heavy 70’s, de Doom et de Stoner Rock exalté. Grâce à un travail remarquable sur la variété des riffs, la folie des solos, une voix et des chœurs fédérateurs et une rythmique implacable, le groupe régale.
Cela dit, les Transalpins ne donnent pas dans le revival et s’inscrivent au contraire dans une modernité bien réelle, musclée et servie par une production impeccable. Chantés dans sa langue maternelle, les morceaux de GODWATT prennent un relief original et une couleur mélodique très spéciale (« Signora Morte », « Croce », « Delirio », « Oscura », « Lamenti »). Fin et bien charpenté.
Sur un rythme régulier, les Montpelliérains mènent leur carrière sur un train d’enfer. Sept albums en un plus de dix ans et une créativité toujours très prolifique font du quintet l’une des valeurs sûres hexagonales. Son Blues Rock musclé, doublé d’un Classic Rock efficace, fait encore et toujours des merveilles sur « 7 », un nouvel album enlevé et marqué aussi par la performance claire et puissante de sa chanteuse. Entretien avec Laurent Galichon, principal compositeur et guitariste de RED BEANS & PEPPER SAUCE.
– Vous venez de sortie « 7 » qui, comme son nom l’indique, est votre septième album en un peu plus de dix ans. C’est un rythme très soutenu, si on compte en plus les tournées. Comment faites-vous pour être aussi créatifs ?
Personnellement, dès que j’ai une idée, j’essaye de l’enregistrer, que ce soit en chantant dans mon smartphone, ou en jouant de la guitare si je l’ai sous la main. J’archive tout ça et ça me sert de boite à idées, quand il est temps d’écrire de nouveaux morceaux. Après, c’est sûr qu’on a aussi un rythme de travail très soutenu.
– Avec le nombre de concerts que vous donnez, on aurait pu imaginer que « 7 » soit le fruit de longues jams. Or, l’album est très écrit avec des compositions très efficaces. On a presque l’impression que vous gommez le superflu pour n’en garder que l’essentiel, et sans perdre en feeling. C’est votre façon de procéder ?
En fait, on compose à distance, on ne joue pas tous ensemble dans la même pièce. Je commence en général par envoyer aux autres musiciens une maquette, où j’ai joué tous les instruments. Niko intervient en premier sur la batterie, ce qui permet de poser les fondations du morceau et de retravailler les structures. Ensuite, Serge et Pierro ajoutent leurs idées, puis Jessyka travaille le chant à partir des textes et des mélodies que j’ai pu chanter ou jouer à la guitare. On s’envoie de très nombreux fichiers pendant des mois avant d’arriver aux versions définitives. L’avantage de cette méthode, par opposition au travail classique en studio, c’est qu’elle permet aux musiciens de tenter plein de choses, de laisser reposer les idées et de ne garder que le meilleur, le tout sans être dans l’urgence du studio, ni dans les tensions que cela peut engendrer.
– Avant de parler de l’album, vous œuvrez toujours dans un registre entre un Classic Rock racé et un Heavy Blues très Soul. Si on était dans les années 70, dans quel style auriez-vous versé : plutôt Rock/Hard ou Blues nerveux ?
C’est difficile de dire ce qu’on aurait fait dans les 70’s. Parce que ce reviendrait à gommer tout ce qui a pu nous influencer dans les 40 années suivantes. Même si nos bases se situées fins 60’s-début 70’s avec Led Zep, Purple, Hendrix, etc, on a forcément été influencé par ce qui s’est passé après, de Dire Straits à Police en passant par Queen, AC/DC, la vague Rock des 90’s des Nirvana, Soundgarden, la fusion des Red Hot, de RATM, l’Electro Pop de Bjork, etc… Le seul truc dont on peut être sûr, c’est que le blues aurait fait partie de l’histoire. Du blues nerveux, du Hard Blues, du Heavy Blues, on peut y donner le nom qu’on veut, mais pour moi ça revient au même.
– Sur « 7 », vous évoluez toujours en quintet et pourtant pour les compositions, c’est un travail en binôme entre Jessyka Aké et toi. C’est votre manière de gagner en concentration, ou c’est plus simplement la marque de fabrique et la façon de faire du groupe ?
C’est simplement que je propose au groupe des maquettes avec tous les instruments et la mélodie, ce qui fait de moi le compositeur. Ensuite, chacun apporte sa façon de jouer, son instrument. C’est plutôt du travail d’arrangement, car la mélodie, les accords, les riffs et les structures sont déjà là. Parfois la mélodie n’est écrite qu’en partie, voire pas du tout, et dans ces cas-là, Jessyka intervient dans le travail de composition.
– « 7 » est scindé en deux parties, l’une enregistrée chez vous à Montpellier, les ‘Rythm Design Sessions’ et l’autre aux Studios Rockfield au Pays de Galles, sur laquelle on reviendra. La plupart de vos enregistrements a été réalisée au Rythm Design Studio avec votre batteur Niko Sarran. C’est une belle preuve de fidélité et de confiance. Est-ce parce qu’il connait particulièrement bien votre son et donc vos attentes, que c’est très pratique aussi ou parce que d’autres opportunités ne se sont tout simplement pas présentées ?
Niko est un fantastique producteur d’album, c’est lui qui a amené ce son au groupe et cette méthode de travail. Comme il est également le batteur, son travail sur la production s’enclenche dès qu’il commence à imaginer les parties de batterie. C’est donc à lui que j’envoie les maquettes en premier, car la production est pensée dès le début. Et si on décide d’aller dans d’autres studios, il reste malgré tout celui qui travaille sur la production, c’est lui qui sculpte le son.
– Pour la seconde partie, vous êtes donc allés aux légendaires Rockfield Studios au Pays de Galles, là où Black Sabbath, Queen et Led Zeppelin ont laissé leur empreinte. C’était un désir, voire un rêve, que vous nourrissiez depuis longtemps ?
En fait, un peu avant de commencer à travailler sur ce quatrième album que Niko allait produire pour le groupe, on cherchait comment lui donner une couleur différente. Les documentaires de Dave Grohl sur les studios les plus mythiques des USA (‘Sonic Highways’) nous avaient donné cette envie de visiter des studios légendaires, avec une histoire. Et puis, pendant nos réflexions, c’est un autre documentaire, « Le Rock est dans le pré », qui nous a fait découvrir ces studios avec leur histoire assez dingue. On a tout de suite flashé et eu envie d’aller s’isoler quelques jours dans cette ferme de la campagne galloise. Le fait que des artistes qu’on aime y soit passés avant nous donne une dimension incroyable à ce voyage. Pour des amateurs de musique, c’est comme un pèlerinage dans un lieu historique.
– D’ailleurs, vous y faites un beau clin d’œil à Led Zeppelin avec cette superbe reprise de « Rock’n’Roll » dans un esprit très Blues et Soul, et sur un tempo lent et doux. Comment est venue l’idée d’aborder ce standard avec cette approche très délicate par rapport à l’original, qui est très musclé ?
On a tendance à penser que quand on fait une cover, il faut s’éloigner de l’original, sinon ça présente peu d’intérêt. Après, on est partie du principe que comme Led Zep avait fait ce titre pour rendre hommages à ses idoles des années Rock’n’Roll, on allait remonter encore un peu plus dans le temps à le ramenant aux fondateurs du Blues. Alors évidement, Led Zep n’a pas joué ce titre comme l’aurait fait un Little Richard, mais il s’en est inspiré pour le faire à sa façon. On en a fait de même, on n’essaye pas de jouer comme l’aurait fait Muddy Waters, on s’en inspire et on l’a fait à notre sauce.
– Au niveau du son aussi et de la production, on vous découvre sous un angle nouveau avec trois morceaux plus ronds et aussi plus feutrés. Est-ce que vous avez travaillé différemment ces titres, sachant qu’ils seraient enregistrés aux Rockfield ?
Le processus de composition est resté le même, mais c’est la méthode d’enregistrement qui est complètement différente. Dans ce studio qui baigne dans son jus depuis les 70’s avec du matériel vintage, comme la légendaire table de mixage Neve de 74, on a voulu enregistrer dans les mêmes conditions, ou presque, qu’à l’époque c’est-à-dire en jouant ‘live’ tous ensemble. Ensuite, en post-production, Niko a souhaité conserver cette patine vintage. On a d’ailleurs utilisé pour les réverbes les fameuses rooms du Rockfield. Des pièces vides et hermétiques à l’acoustique travaillée, où on envoie du son via un haut-parleur et qu’on enregistre avec des micros dans la pièce. Entre ça, la Neve, les préampli vintage et les vieux micros, on obtient forcément quelque chose de plus ancien, de plus rond et c’est exactement ce qu’on voulait faire. D’où le fait qu’il y ait deux CD pour bien mettre en valeur ce contraste entre la prod’ moderne et puissante du Rythm Studio et la chaleur vintage du Rockfield.
– Est-ce cette expérience galloise vous a donné des idées ? Comme d’y retourner, par exemple ? Et enfin, pourquoi ne pas avoir enregistré l’ensemble de l’album là-bas ?
Je pense qu’on aurait tous envie d’y retourner et d’y rester plus longtemps. La campagne galloise est apaisante et inspirante. Et puis, c’est vraiment chouette de dormir sur place, c’est très confort et on est focus sur la musique. Mais ça reste un sacré budget pour un groupe autoproduit. Il va nous falloir trouver un mécène !
L’album, « 7 », de RED BEANS & PEPPER SAUCE est disponible depuis le 20 septembre chez Crossroads / Socadisc.
S’éloignant du Hard Rock de ses débuts, SUNSTORM s’est tourné vers un Hard FM moins massif. Grâce à un grand Ronnie Romero au chant et l’excellente recrue Luca Princiotta à la guitare, le quintet maintient une certaine dynamique permettant à « Brothers In Arms » de ne pas sombrer dans la facilité.
SUNSTORM
« Brothers In Arms »
(Frontiers Music)
Septième album et second avec le chanteur Ronnie Romero (Michael Schenker, Lords Of Black) pour le groupe international, dont le line-up a d’ailleurs encore changé. SUNSTORM accueille le très bon guitariste Luca Princiotta (Doro, Blaze), qui livre une excellente prestation sur ce « Brothers In Arms », produit et mixé par son claviériste Alessandro Del Vecchio.
Depuis « Afterlife » sorti l’an dernier, le Hard Rock pêchu et solide du quintet a laissé place à un style où la mélodie prime sur la vitesse et le côté brut, qui avait fait la réputation du groupe fondé par Joe Lynn Turner et Dennis Ward en 2006. SUNSTORM, pour des raisons évidentes (label et producteur), surfe donc sur une vague Rock mélodique en plein renouveau.
Malgré tout, le combo a gardé une certaine hargne grâce à une rythmique soutenue, mais essentiellement à l’incroyable puissance vocale de son frontman Ronnie Romero et aux solos millimétrés de Luca Princiotta. SUNSTORM conserve donc cet aspect Hard Rock plein de fraîcheur et livré avec de belles mélodies (« Games We Play », « No Turning Back », « Hold The Night », « Living Out Of Fear »).
C’est avec éclat et spontanéité que H.E.A.T. fait son retour comme au premier jour et sous son line-up originel. En effet, « Force Majeure » voit Kenny Leckremo reprendre son micro une décennie plus tard. Cela semble même avoir aiguisé l’amplitude mélodique du Hard Rock des Suédois, qui entretiennent une nostalgie enflammée.
H.E.A.T.
« Force Majeure »
(earMusic)
Avec son septième album, H.E.A.T. vient apporter de la nouveauté… avec de l’ancien ! En effet, « Force Majeure » acte le retour aux affaires de Kenny Leckremo, premier frontman du groupe à l’œuvre jusqu’en 2010. Remplacé dans l’intérim par Erik Grönwall, parti aujourd’hui chez les fantomatiques Skid Row, le chanteur retrouve sa place après un album solo, « Spectra », en 2018.
C’est donc sous son line-up initial que H.E.A.T. s’affiche et il semblerait que la composition de ce nouvel opus ait eu l’effet d’un bain de jouvence pour les Suédois. Bien sûr, Leckremo redonne beaucoup de fraîcheur et d’allant au quintet, mais sa seule présence n’explique pas tout. « Force Majeure » regorge de riffs hyper-efficaces, de solos parfaitement calibrés et d’une rythmique survoltée.
Soufflant sur les années 80 et 90 avec une vigueur très actuelle, H.E.A.T. nous rappelle bien sûr au bon souvenir d’une scène Hard Rock dynamique et créative, mais pas seulement. Dès « Back To The Rythm », le ton est donné et le combo se montre très affûté (« Hollywood », « Not For Sale », « Hold Your Fire », « Demon Eyes »). Surfant sur l’enthousiasme distillé sur « II » en 2020, « Force Majeure » s’inscrit parmi les meilleurs albums des Scandinaves.
Incandescent et Rock’n’Roll, ce septième album des Californiens claque autant qu’il saisit par les riffs gras de son leader Eddie Glass (ex-Fu Manchu) et sa rythmique aussi brutale que précise. NEBULA est bel et bien de retour depuis deux ans et rayonne véritablement sur la scène Stoner Rock. A travers « Transmission From Mothership Earth », le power trio se meut dans des ambiances souvent surréalistes, portées par un chant lointain et exalté.
NEBULA
« Transmission From Mothership Earth »
(Heavy Psych Sounds)
Après leur envoûtante prestation immortalisée sur le volume 2 des « Live In The Mojave Desert » sorti l’an dernier, NEBULA est de retour de studio avec un septième album sous le bras et il est comme toujours rentre-dedans, hypnotique et aérien. Eddie Glass (guitare, chant), Tom Davies (basse) et Mike Amster (batterie) nous font frôler l’insolation avec ce « Transmission From Mothership Earth », qui semble aller toujours plus loin dans les profondeurs Psych qu’ils affectionnent tant.
La lourdeur et la force de frappe de la rythmique paraissent ne faire qu’une avec les riffs hyper-Fuzz et le chant lointain et presque plaintif du frontman, qui nous aspire dans une spirale sans fin. Avec ce côté 70’s et Garage Rock particulièrement Heavy, NEBULA a forgé un son original construit autour d’effets généreux, ce qui rend son Stoner Rock unique en son genre et reconnaissable entre tous. Le power trio californien avance tête baissée dans une frénésie sans limite.
Et c’est dans une atmosphère très ensoleillée et presqu’aride que NEBULA vient distiller huit nouveaux titres, qui ont franchement un air estival. Entraînant et musclé, « Transmission From Mothership Earth » est comme souvent avec les Américains très roots et brut flirtant avec un Space Rock très appuyé (« Highwired », « Wilted Flowers », « Warzone Speedwulf », « Existential Blues », « The Four Horsemen »). Acide et débridé, ce nouvel opus confirme la place du groupe au tout premier rang du Stoner Rock mondial.
Accrocheur et portant un propos sombre sur la planète et la condition humaine, le septième album du quatuor américain est aussi puissant que surprenant, notamment dans sa structure. Découpé d’une manière étonnante, « Planet Zero » affiche une belle férocité et des mélodies toujours aussi efficaces. Brut et massif, ce nouvel opus s’inscrit dans une tradition d’Alternative Metal américain, qui a fait ses preuves.
SHINEDOWN
« Planet Zero »
(Warner Music)
Initialement prévue le 22 avril dernier, la sortie de ce nouvel album de SHINEDOWN a été repoussée en raison d’un retard dans la production de CD et de vinyle. Autant dire que l’impatience des fans doit être à son comble. Et ces derniers devraient être ravis, car « Planet Zero » fait plus que tenir la route. Si le quatuor donne son point de vue sur les réseaux sociaux, les maladies mentales et le totalitarisme, il ne sombre pas pour autant dans une noirceur exacerbée.
Essentiellement composé par son guitariste Zach Myers, ce septième album se veut donc très revendicatif, et parfois même alarmiste, sur notre époque et les systèmes à l’œuvre dans le monde. SHINEDOWN laisse même entrer Cyren, une voix robotique qui vient délivrer des messages d’alerte sous forme d’interludes entre les morceaux. Avec des sonorités 80’s proches de l’ère Atari, les Américains auraient peut-être du s’en passer, car « Planet Zero » se suffit largement à lui-même.
En effet, le combo de Jacksonville en Floride livre des compos soutenues en mettant l’accent sur des riffs bruts et efficaces (« Dead Don’t Die », « American Burning »). Tout en conservant son groove imparable, SHINEDOWN n’en oublie pas pour autant ce qui fait sa marque de fabrique, à savoir des refrains entêtants et hyper-fédérateurs. Véritablement taillé pour la scène, « Planet Zero » présente aussi des aspects plus légers (« Daylight », « A Symptom Of Being Human », « Hope »). Une belle combinaison.
Arborant la même énergie qu’à ses débuts en 1997, le quatuor d’Ontario signe un septième album après quatre ans d’existence et « Explosions » tient plutôt ses promesses. Sur une production toujours aussi massive, les Canadiens de THREE DAYS GRACE offrent des variations intéressantes à leur Alternative Metal.
THREE DAYS GRACE
« Explosions »
(Music For Nations/Sony Music)
Après des débuts tonitruants et une carrière menée avec une infaillible régularité, THREE DAYS GRACE livre son septième album, faisant suite à « Outsider » sorti en 2018. Au chant depuis 1993, le frontman Matt Watst a pris le quatuor canadien à bras le corps, et « Explosions » vient confirmer qui s’y sent plutôt bien et qu’il a pris le chant à son compte et avec une touche personnelle indéniable.
Cependant, on n’observe que peu de changements ou de surprises sur ce nouvel opus qui vient s’inscrire dans une déjà belle discographie. Toujours aussi tonique et mélodique, l’Alternative Metal de THREE DAYS GRACE est cependant plus sombre que ses prédécesseurs, ce qui est certainement dû aux temps difficiles auxquels chacun d’entre-nous est confronté depuis quelques années.
De fait, « Explosions » porte bien son nom, tant il souffle chaud et le froid entre des morceaux musclés (« So Called Life », « Scar Is Born », « No Tomorow », « I Am The Weapon ») et des titres plus doux et mid-tempos (« Heart Of A Champion », « Someone To Talk Top »). THREE DAYS GRACE avance donc toujours avec cette même assurance qui fait de lui un groupe phare de la scène Alternative Metal mondiale.