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Blues Caravan : trio de choc

De la Louisiane avec ERIC JOHANSON, à Belgrade avec KATARINA PEJAK jusqu’en Californie avec ALASTAIR GREENE, cette fois le « Blues Caravan » de Ruf Records nous propose une belle balade et si, sur le papier, l’éclectisme du trio peut surprendre, il est littéralement envoûtant sur scène. Chacun y va de son propre répertoire avant de se retrouver sur des morceaux judicieusement choisis entre compositions personnelles et quelques reprises bien senties. Un régal de deux heures entre Blues Jazzy et solide Blues Rock.

BLUES CARAVAN

« Katarina Pejak, Eric Johanson & Alastair Greene »

(Ruf Records)

Le label allemand Ruf Records, qui fête cette année ses 30 ans d’existence, a eu la belle idée il y a près de deux décennies déjà (19 ans pour être précis) de mettre en place les désormais célèbres « Blues Caravan ». L’idée est que trois artistes de la maison de disques se partagent la scène et jouent ensemble le temps d’une tournée. Avant KATARINA PEJAK, ERIC JOHANSON et ALASTAIR GREENE, de grands noms se succédés parmi lesquels on peut citer (et il en manque !) Vanessa Collier, Ally Venable, Albert Castiglia, Bernard Allison, Mike Zito, Ashley Sherlock, Ghalia Volt, Katie Henry, Sue Foley, Ana Popovic et beaucoup d’autres.

Et c’est vrai que chaque épisode de « Blues Caravan » révèle de belles surprises à travers des rencontres artistiques très intéressantes. Pour KATARINA PEJAK, c’est un retour car elle était déjà présente il y a cinq ans. La pianiste et chanteuse serbe, qui compte six albums (dont deux live) à son actif, apporte une note de Blues plus légère et jazzy à l’ensemble. Car de leur côté, les Américains ERIC JOHANSON et ALASTAIR GREENE ont pour habitude d’œuvrer dans un registre plus soutenu, essentiellement Blues Rock sur des riffs plus costauds. Et pour leur première apparition sur cette nouvelle tournée, ils ont été plus que convaincants.

Accompagnés par Christin Neddens (batterie) et Tomek Germann (basse), les trois musiciens se livrent sur deux heures de concert à travers 16 morceaux, enregistrés en avril dernier au ‘Blues Garage’ d’Isernhagen. Le principe est le même : ils se partagent équitablement la setlist avec quatre titres chacun et quatre autres ensemble. On peut donc découvrir les univers distincts de KATARINA PEJAK, ERIC JOHANSON et ALASTAIR GREENE entre chansons originales et reprises (Robert Johnson, Pink Floyd, Dr. John, Elmore James). Un bel album, plein de groove, de belles guitares et de chants différents dans une belle unité.  

(Photo : Tino Sieland)

Retrouvez les interviews et les chroniques d’albums d’artistes ayant participé aux « Blues Caravan » :

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Eric Johanson : deep South spirit

Bâti sur un songwriting d’une finesse incroyable, « The Deep And The Dirty » révèle de manière éclatante le talent d’ERIC JOHANSON, si cela était encore nécessaire. La force impressionnante des riffs combinée à une certaine nonchalance propre à la musique de Louisiane font de ce nouvel opus l’un des meilleurs en matière de Blues Rock de cette année. Très organiques, les chansons du guitariste-chanteur traversent le temps et semblent tout droit sorties de notre inconscient. Brillant.  

ERIC JOHANSON

« The Deep And The Dirty »

(Ruf Records)

Après avoir fait ses armes aux côtés des Neville Brothers, Anders Osborne, Terrance Simien, JJ Grey ou Mike Zito, c’est très naturellement que le bluesman ERIC JOHANSON a pris son envol pour devenir depuis quelques années une valeur sûre du Blues Rock. Si ses influences viennent de Freddie King et de l’incontournable Robert Johnson, le songwriter y mêle des sonorités Soul, Heavy Rock et Americana pour s’engouffrer dans un Deep South plein d’émotions. Assez sombre, l’ensemble respire l’authenticité d’un musicien virtuose et sensible.

Produit par l’excellent Jesse Dayton, qui a sorti un album explosif avec Samantha Fish en mai dernier, « The Deep And The Dirty » a été enregistré pendant la pandémie et en condition live (une habitude pour son producteur), ce qui lui donne une saveur très roots et percutante. Le son est rugueux et le grain épais, ce qui n’empêche nullement ERIC JOHANSON de se montrer sous son meilleur jour et d’offrir à sa guitare le premier rôle. Un rôle qui la fait passer d’instants musclés à d’autres plus tendres.

Et justement, c’est sur le branchement de celle-ci sur un ampli, d’où émane le grésillement d’une puissance pour l’instant contenue, que démarre cette quatrième réalisation studio avec un « Don’t Hold Back », qui donne le ton et dévoile déjà les intentions du guitariste. Parfois très Fuzz frôlant même le Stoner, ERIC JOHANSON fait vivre son Blues avec brio (« Just Like New », « Elysian Fields », Familiar Sound »), tout en se montrant plus mordant (« Galaxy Girl », « Get Me High », « Stepping Stone »). Du grand art !