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Slash : bluesy roots

G N’R bien sûr, mais aussi Velvet Revolver, Slash’s Snakepit ou encore Myles Kennedy & The Conspirators, le détenteur de multiples et prestigieuses distinctions, et aux plus de 100 millions d’albums vendus, revient aux origines, celles du Blues. Avec « Orgy For The Damned », une nouvelle réalisation de covers, SLASH atteste qu’il est l’un des plus grands six-cordistes de sa génération et l’incarnation d’un feeling musical hors-norme. Et malgré quelques petits ratés, l’entreprise du guitar-hero est belle et se balade entre Rock, Blues et le tout dans un esprit très (trop ?) mainstream.

SLASH

« Orgy Of The Damned »

(Gibson Records)

SLASH fait son retour en solo, ou presque, avec un sixième album logiquement signé chez Gibson Records. Et pour un peu, il nous ferait le même coup qu’avec son premier, axé lui aussi autour d’une liste d’invités très séduisante. Cette fois, le Londonien de naissance se penche sur ses premières amours, ses influences fondatrices : le Blues. Cela dit, il y a plusieurs niveaux de lecture, ou d’écoute, dans la découverte de cette « Orgy For The Damned ». Et cela pourra désarmer les puristes et même les faire fuir, comme séduire les néophytes du genre.

Car s’il ravit sur bien des aspects, il peut également passer pour une sorte de grand barnum, comme ces concerts de charité qu’affectionnent les Américains et qui voient défiler des stars venues surtout se faire plaisir. Il y a un peu de ça, il faut le reconnaître. Et en la matière, SLASH sait y faire et est vraiment rompu à l’exercice. Le casting est bon, les morceaux choisis aussi et leurs interprétations tout autant. Et il nous gratifie même d’un inédit instrumental, « Metal Chestnut », vraiment plaisant. Mais entre les pépites, il demeure malgré tout quelques bémols de taille.

Avant d’entrer dans le détail, notons que l’ensemble est produit par Mike Clink, encore et toujours irréprochable. Présents sur tous les morceaux, on retrouve aussi les comparses de SLASH de l’époque ‘Slash’s Blues Ball’, combo épisodique des années 1996/1998, à savoir Johnny Griparic (basse) et Teddy Andreadis (claviers), auxquels viennent s’ajouter Michael Jerome (batterie) et le très bon Tash Neal (guitare, chant). Ce dernier interprète d’ailleurs l’excellent « Living For The City » de Stevie Wonder. Une surprise. Autant dire que ces gars-là connaissent et transpirent le Blues par tous les pores.

Les reprises sont bien vues : Robert Johnson, T. Bone Walker, Albert King, Willie Dixon, Charlie Segar, Steppenwolf, … Et « Orgy For The Damned » fait très fort avec les présences de Chris Robinson des Black Crowes, Gary Clark Jr, Billy F. Gibbons, Chris Stapleton et la grande Beth Hart, littéralement habitée sur ce « Stormy Monday » qu’elle connait si bien. Brian Johnson d’Ac/Dc n’a pas, non plus, à rougir de ce « Killing Floor » avec Steven Tyler à l’harmonica. En ce qui les concerne, c’est souvent somptueux et SLASH se montre d’une classe incroyable. On est là entre gens du Blues… ou très proches.

Puis, il y a ce qui va beaucoup moins bien à l’instar du chant très poussif de Paul Rodgers, ou encore Demi Lovato d’une banalité confondante sur le pourtant très Pop « Papa Was A Rolling Stone ». Et si la chanteuse Dorothy est à côté de la plaque sur « Key To The Highway », la palme d’or de la navre revient à Iggy Pop, blafarde iguane sur « Awful Dream », une vieille habitude chez lui. Mais ces quatre titres ne ternissent heureusement pas vraiment la qualité de ce nouvel opus de SLASH. S’il reste un mythe vivant de la guitare, il n’en est encore rien en termes de casting. Mais c’est un beau moment au final.

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Roots Rock

Duff McKagan : une radieuse parenthèse

Quasi-métamorphosé depuis son retour dans son groupe Guns N’Roses en 2016, l’emblématique bassiste à la crinière blonde semble presque démarrer une deuxième vie. Il écrit, est devenu un musicien de session très demandé et surtout il sort des albums solos dans des territoires musicaux où on ne l’attend pas forcément. Entre Rock et Folk, légèrement Southern et bluesy, DUFF McKAGAN rayonne littéralement sur ce très bon « Lighthouse ».

DUFF McKAGAN

« Lighthouse »

(The World Is Flat)

C’est avec toute la sobriété qu’on lui connait désormais que DUFF McKAGAN se présente avec son troisième effort solo (quatrième même si l’on inclue « Beautiful Disease » qui n’est jamais sorti, mais dont on peut apprécier trois morceaux sur l’album « Dark Days » de son groupe Loaded). Assagi et apaisé, on le retrouve cependant dans un registre plus électrique que ne l’était « Tenderness » (2019), essentiellement acoustique. Avec « Lighthouse », le songwriter, bassiste, guitariste et chanteur affiche un visage authentique comme toujours, ainsi que plus réfléchi et dépouillé musicalement.

Le membre fondateur de G N’R reprend les choses là où il les avait laissées il y a quatre ans. Toujours aussi introspectif et intimiste, il passe en revue avec une évidente sincérité les étapes et les épreuves traversées ces dernières années, non sans humour. Et il en ressort des titres Rock, globalement mid-tempo à travers lesquels DUFF McKAGAN se dévoile comme étant un très bon narrateur (« Lighthouse », le truculent « I Saw God On The 10th Street », « Holy Water », « Longfeather »). Au fil du disque, l’Américain se fond dans des atmosphères très roots avec quelques clins d’œil Country et un brin bluesy.

Comme sur ses précédentes réalisations, le natif de Seattle revient à ses premières amours tres ancrées dans le Rock américain, si l’on excepte la forte influence des Rolling Stones du siècle dernier, bien sûr. Malgré tout, et notamment depuis « Tenderness », on sent une vrai touche et une patte très distinctive chez DUFF McKAGAN. Et « Lighthouse » affiche également une belle homogénéité. On notera aussi la présence de Jerry Cantrell d’Alice In Chains sur « I Just Don’t Know », la discrète et très classe participation de Slash sur « Hope » et celle, non-essentielle, d’Iggy Pop pour clore l’album. Beaucoup de justesse et de finesse.