Avec « From The Wreckage », STAR CIRCUS vient assoir une position déjà séduisante entrevue sur « Separate Sides ». Avec un titre qui vient habillement faire mentir son contenu, le duo, qui a doublé de volume entretemps, se montre à la hauteur d’un héritage musical qu’il ne cherche même pas à cacher. Classique sans être poussiéreux, les Britanniques s’inscrivent dans une lignée déjà bien tracée et s’y engouffrent avec plaisir en apportant une touche de fraîcheur à un Rock rassembleur et percutant, sans être nostalgique. Deuxième essai transformé !
STAR CIRCUS
« From The Wreckage »
(Renaissance Records)
Trois ans après un premier effort, « Separate Sides », qui avait valu aux Londoniens une belle reconnaissance nationale, STAR CIRCUS fait un retour en force avec « From The Wreckage ». Et le duo initialement composé de Tony Winkler (chant, guitare) qui avait d’ailleurs produit le premier opus et Sophie Aurelia Young (basse, chant) accueille Reuben O’Donoghue (batterie/chœurs) et les guitaristes Tom Draper (ex-Carcass, Spirit Adrift) et Ritchie Mohicano (Dobermann), venus renforcer les rangs. La nouvelle configuration a fière allure et l’entente est claire. Autour d’un Hard Rock qui évolue entre Classic Rock et un Glam Metal estampillé 80’s, l’ensemble est enthousiasmant.
Signé sur le label Renaissance Records basé en Arizona, les Anglais sous-entendent que leur projet vise l’international et « From The Wreckage » devrait leur permettre, en effet, de quitter leur île sans trop de mal. L’album est plus que cohérent, malgré quelques grands écarts stylistiques bien maîtrisés et franchement bien sentis. STAR CIRCUS est absolument ancré dans son temps et la variété des compositions vient confirmer le savoir-faire du quatuor, qui est assez bluffant en termes de mélodies avec des refrains qui restent en tête. La machine est parfaitement huilée et les membres plus qu’aguerris.
Et ce qui frappe aussitôt également sur « From The Wreckage », c’est la combinaison des deux six-cordistes, qui jouent à armes égales et se partagent très bien les riffs et les solos, se relayant avec beaucoup de finesse et sans se marcher dessus. STAR CIRCUS se montre volontiers ambitieux, alternant des élans musclés et des passages plus sombres avec une efficacité redoutable. Le frontman tient la baraque, mais quand la bassiste prend le chant sur « Masquerade », on regrette qu’elle ne le fasse pas un peu plus. Le combo se montre donc très convaincant et assène un Rock solide, enthousiasmant et personnel.
Sa voix, sa silhouette et son engagement auront marqué d’une empreinte indélébile le Rock exalté des 90’s. La frontwoman Skin et ses trois compagnons d’armes sont enfin de retour avec « The Painful Truth ». Cumulant plus de cinq millions d’albums vendus, SKUNK ANANSIE a pourtant connu des passages à vide, malgré une notoriété conséquente. Peut-être parce qu’il ne triche pas, le combo a pris son temps pour élaborer ce nouvel opus et on y retrouve la même pertinence dans le propos, des mélodies entêtantes et une électricité palpable. L’ambition est intacte et le verbe haut.
SKUNK ANANSIE
« The Painful Truth »
(FLG Records)
On aurait pu croire SKUNK ANANSIE mort et enterré, mais c’était sans compter sur l’énergie qui guide le groupe anglais depuis sa création en 1994. Après des débuts fracassants avec les monumentaux « Paranoid & Sunburnt » (1995), « Stoosh » (1996) voire « Post Organic Chill » (1999), on ne voyait pas bien qui, ou quoi, pouvait les arrêter. Pourtant, une longue pause de 2001 à 2008 l’a fait un peu passer au second plan, et malgré trois albums, le quatuor n’a jamais véritablement retrouvé son aura originelle. La faute probablement à une époque en pleine mutation à laquelle l’adaptation a mis du temps à se faire.
Neuf ans après « Anarchytecture », SKUNK ANANSIE livre son septième opus et celui-ci pourrait bien être celui de la renaissance et d’une impulsion créatrice retrouvée. Toujours menée par sa charismatique (le mot est faible pour qui l’a vu sur scène) chanteuse Skin, la formation londonienne se met à refaire ce qu’elle fait de mieux : un Alternative Rock mélodique, accrocheur, engagé, car il ne saurait en être autrement, et surtout percutant et provocateur à souhait. Sur « The Painful Truth » au titre si évocateur, le groupe paraît même ouvrir un nouveau cycle avec l’assurance des grands.
Après une sérieuse remise en question, les Britanniques ont retrouvé cette fraîcheur et ce dynamisme qui les a toujours caractérisés. Riche en textures et très bien produit, SKUNK ANANSIE se montre ambitieux, tenace et livre autant de paroles et de refrains qui restent ancrés instantanément. Sans remettre en question son style et son jeu, l’évolution est pourtant manifeste. Et cette hargne militante avec ses positions politiques et sociales affirmées resplendit (« An Artist Is An Artist », « Shame », « Cheers », le dubesque « Shoulda Been You » à la Nina Hagen, « Animal » et le tendre « Meltdown »). Quel retour !
L’ampleur et la dimension prises par le groupe sur ce nouvel effort éponyme semble marquer à elles seules le fossé qui le séparait de sa formule en trio. Sur « Big Canyon », son volume est décuplé et enfin à sa taille. Heavy Rock, Hard Rock, peu importe finalement tant les chansons respirent, cognent et deviennent familières en un claquement de doigt. Si le nouveau chanteur change forcément la donne, les autres musiciens de BIG CANYON donnent aussi l’impression d’être enfin à leur place. Tentaculaire et immédiat, il règne une proximité haletante pleine d’audace.
BIG CANYON
« Big Canyon »
(Independant)
Que 2020 semble bien loin à l’écoute de l’album de BIG CANYON. A l’époque, le groupe évoluait encore à trois et sortait son tout premier EP. Il faut bien avouer que la métamorphose est saisissante et elle s’explique même assez facilement. Tout d’abord, l’arrivée au chant d’Andi Meacock apporte beaucoup de poids et de relief, au point de rendre le combo londonien presque méconnaissable. Un nouveau départ exaltant s’offre à lui et renforce son Heavy Rock en consolidant solidement ses fondations, grâce à une énergie folle et toute en nuances, qui vient flirter avec un Hard Rock très britannique.
Si le nouveau frontman conduit la formation avec beaucoup d’assurance et un talent indéniable, qu’il doit en partie à une puissance vocale et un grain aussi identifiable que chaleureux, il y a un autre élément important dans cette évolution sonore et musicale. Pour son premier opus complet, BIG CANYON a fait appel au producteur Dave Draper, connu pour son travail avec The Wildhearts (qui s’apprête d’ailleurs à faire son retour très bientôt) et Terrovision pour ne citer qu’eux, et ça change pas mal de choses. La puissance des guitares, la lourde rythmique et le chant trouvent un équilibre parfait.
Si le quatuor n’élude pas quelques belles ballades, l’ensemble est plutôt costaud et fait également une place conséquente à des mélodies très travaillées, qui n’ont aucun mal à entrer dans le crâne pour ne plus en sortir. BIG CANYON a l’art de se faire fédérateur et très accrocheur et ses nouveaux titres sont franchement taillés pour la scène (« Rescue Me », « Mine In Another Time » », « Dominion Of Truth », « Beautiful Mind », « Captain Of Your Soul », « Devil In Disguise », « The Things You Do »). Bruts et authentiques, les Anglais manient les émotions avec subtilité et une implacable cohérence.
Toujours aussi narrative, la musique de SERPENTYNE est plus imaginative que jamais. Entre contes de fée horrifiques et sombres fables obsédantes, « Tales From The Dark » se meut dans une noirceur captivante, d’où jaillit la voix envoûtante de sa frontwoman qui semble parfois passer d’un cauchemar à l’autre avec une ténébreuse fluidité. Les Britanniques n’ont jamais été aussi sûrs de leur force et cela s’entend. L’ensemble est vif et palpitant.
SERPENTYNE
« Tales From The Dark »
(Rockshots Records)
Depuis son premier effort en 2010, SERPENTYNE est l’un des rares groupes de Metal Symphonique de son pays à s’être hissé au rang des meilleures formations européennes. En effet, les Londoniens ont de quoi de sentir seuls sur leur île à évoluer dans un tel registre. Pour autant, album après album, leur jeu s’affine et se renforce dans un univers original où la mythologie côtoie le médiéval avec une touche Folk et dans un esprit fantastique. Et avec « Tales From The Dark », le niveau montre encore d’un cran.
Six ans après « Angels Of The Night » et un changement de batteur, SERPENTYNE se montre toujours aussi solide. Assez loin des stéréotypes du genre, il évite soigneusement les écueils souvent pompeux pour livrer un Metal, certes symphonique, mais très Heavy, bardé de grosses guitares, d’une rythmique massive, de claviers assez discrets et surtout de la voix toujours aussi cristalline de Maggiebeth Sand. La chanteuse possède une large palette vocale et guide littéralement « Tales From the Dark ».
Ce sixième opus est aussi remarquablement produit et le son très organique à l’œuvre met en évidence les instruments dans un équilibre parfait. Et c’est cette atmosphère très brute qui apporte une belle respiration à « Tales From The Dark ». SERPENTYNE joue également sur la variété des ambiances, passant de moments très puissants et très Metal à d’autres presque gothiques et plus légers et cinématiques (« Phophetess Of Dreams », « Ghost Of Time Past », « Dreamer », « March Of Death »). Une belle inspiration.
Italienne et insulaire, EVA CARBONI n’avait, a priori, pas de prédisposition naturelle pour le Blues. Et pourtant, depuis quelques disques maintenant, elle a parfaitement réussi à imposer sa voix, mais aussi un registre qui parcourt sans retenue, et va même parfois au-delà, l’univers des notes bleues. Ce mois-ci est sorti « Blues Siren », un troisième album qui, comme son nom l’indique, est captivant à plus d’un titre et il est même difficile de s’en défaire facilement. Aujourd’hui installée à Londres, la chanteuse multi-culturelle continue de façonner un chant expressif et sincère entourée d’une équipe de haut-vol. L’occasion de revenir avec elle sur son parcours et également sa vision de la musique, de ce qu’elle apporte et aussi ses intentions pour l’avenir.
– Avant de parler de ce nouvel album, « Blues Siren », j’aimerais que l’on revienne sur ton parcours. Tu es née en Sardaigne, qui n’est pas véritablement une terre de Blues. De quelle manière l’as-tu découvert et surtout comment est venue cette envie de le chanter ?
Tout d’abord, je tiens à te dire que mon père est né et a grandi en France. Alors autrefois, je parlais très bien le français. Mais aujourd’hui, je suis très rouillée ! (Sourires) Il chantait beaucoup quand il était jeune, même s’il s’est ensuite consacré à autre chose. Mais enfant, il me faisait chanter des chansons de Gilbert Bécaud et d’Edith Piaf, assise sur la table de la cuisine pendant qu’il faisait la vaisselle. Dans notre maison, on écoutait toujours beaucoup de bonne musique et dans des styles très différents… C’est comme ça que j’ai découvert Janis Joplin. J’ai alors été frappée par la foudre, alors que je n’avais seulement que 11 ou 12 ans.
– Par la suite, tu es partie pour Los Angeles où tu as obtenu ton diplôme de chant à la prestigieuse ‘Vocal Power Academy’ avec la très réputée Elisabeth Howard. En quoi cette école a-t-elle un passage obligé et est-ce là que tu as véritablement trouvé ‘ta voix’ ?
Oui, la ‘Vocal Power Academy’ est arrivée plusieurs années après. J’ai un peu vagabondé, puis j’ai rencontré Elisabeth Howard en Italie dans une masterclass, et j’en suis tombée amoureuse. Ensuite, je l’ai rejointe à Los Angeles où j’ai pu approfondir mes connaissances avec sa super méthode. J’ai aussi beaucoup travaillé sur moi et sur ma voix, en revoyant finalement tout ce que j’avais appris auparavant. Je voulais qu’elle résonne librement, sans tension et qu’elle devienne un instrument qui me permette d’exprimer tout ce que je ressentais à l’intérieur de moi. Je l’ai ensuite cultivée et soignée avec amour et curiosité.
– Étonnamment, c’est ensuite en Angleterre aux côtés du guitariste et compositeur Mick Simpson que tu trouves l’association parfaite, puisque vous travaillez toujours ensemble. On aura pu penser que tu serais restée aux USA, berceau du Blues, et pourtant c’est à Londres, où tu vis aujourd’hui d’ailleurs, que tu t’épanouies. Tu as plus d’affinités avec le British Blues, ou c’est juste un concours de circonstance ?
Ma rencontre avec mon ami, le grand guitariste et auteur-compositeur-interprète Mick Simpson, m’a fait entrer dans une famille britannique fantastique et magique. Il m’a présenté à mon producteur Andy Littlewood, qui est aussi musicien, auteur, interprète et un compositeur incroyable avec qui je collabore depuis 2017. J’adore chanter du Blues britannique et aussi made in USA. J’aimerais d’ailleurs faire une tournée aux Etats-Unis bientôt et pouvoir rendre visite à mes amis américains.
– Tu es également compositrice et tu co-signes plusieurs chansons de « Blues Siren ». Dans quel domaine interviens-tu le plus ? On imagine que les paroles ont une place particulière dans ton univers musical…
Quand j’ai l’inspiration pour écrire une chanson, elle me vient comme une histoire à raconter. La musique et les paroles naissent pratiquement ensemble. Pour moi, c’est comme recevoir un cadeau et j’en suis très reconnaissante. Je me laisse guider par ma voix intérieure. « Blues Siren », par exemple, m’est venue alors que je réfléchissais à ma vie et à celle de tous mes merveilleux amis, qui ont rendu ce monde plus beau avec leur voix. Cette chanson, sérieuse et avec une légère ironie, contient un peu de moi, un peu de toutes les grandes reines du Blues et un peu aussi des moins connues, mais qui n’en sont pas moins de grandes chanteuses de Blues. Elles ont toutes ouvert leur cœur pour donner de douces émotions à travers leur chant.
– « Blues Siren » est ton troisième album après « Italia Square » (2019) et « Smoke And Mirrors » (2022), auxquels il faut ajouter quelques singles et l’EP « In The Name Of The Blues ». Je me suis amusé à écouter ta discographie de manière aléatoire et c’est incroyable de voir à quel point il y a une intemporalité dans ta musique au point que c’est difficile de dater tes chansons. Est-ce que c’est ce que tu cherches avant tout à travers tes disques ? Qu’ils soient hors du temps ?
Oui… Avec Andy, on suit le flux du moment. C’est aussi parce que, pour moi, le temps n’existe pas… Mais là, c’est un peu plus compliqué à expliquer ! (Sourires) Et je suis très contente que tu aies écouté toute ma discographie, merci !
– « Blues Siren » vient donc tout juste de sortir, mais il y a quelques mois tu nous as fait patienter avec l’EP « In The Name Of The Blues », qui est d’ailleurs plus Rock et plus rugueux que ton répertoire habituel. Pour quelles raisons as-tu sorti ce format-court ? Ce sont des chansons que tu avais de côté depuis un moment déjà, ou est-ce peut-être parce qu’elles ne s’intégraient pas vraiment dans ce troisième album ? Car il est assez différent, y compris dans le son…
En fait, « In the Name of the Blues » est arrivé comme un double-single avant la sortie de l’album. Et comme nous avions déjà beaucoup de chansons, c’est devenu un EP. Nous avions un tas d’idées et nous y sommes allés doucement ! Cela dit, même sur « Blues Siren », il y a beaucoup de Rock, des chansons comme « Don’t Get In My Way », « Walking A Tightrope », ou « Alive And Breathing » le sont définitivement. L’album alterne avec des morceaux aux saveurs différentes et qui vivent tous ensembles en harmonie.
– Vocalement, tu t’inscris depuis tes débuts dans la tradition des grandes chanteuses de Blues et de Soul comme Etta James ou Aretha Franklin, grâce à une voix à la fois sensuelle et puissante. Curieusement, tu vas un peu à contre-courant des chanteuses actuelles qui jouent un Blues moderne plus Rock et explosif. Est-ce que, finalement, le secret ne vient-il pas du travail que tu fais sur les atmosphères ?
Comme je te le disais, j’aime beaucoup jouer avec ma voix et c’est souvent la chanson qui m’inspire et m’invite à la suivre. Sur certains titres, je chante ce que je suis, dans d’autres, je raconte une histoire en étant spectatrice. Cela peut se faire de manière plus intime, limpide ou explosive. Dans le monde du Blues, il y a beaucoup de chanteuses et de chanteurs fantastiques et authentiques et chacun suit ce qu’il ressent à ce moment-là. Cette diversité est belle et c’est génial qu’elle existe. Je n’aime pas me coller une étiquette et je ne pense pas que quiconque aime cela d’ailleurs. Beaucoup d’artistes, femmes et hommes, ont toujours aimé parcourir ce style à travers différentes atmosphères et expérimenter en permanence.
– D’ailleurs, si tu évolues dans un registre Blues au sens large du terme, il y a de nombreuses influences Soul et Jazzy avec un côté feutré et une certaine dramaturgie dans ton répertoire. C’est finalement cette chaleur très présente sur tes albums que tu recherches tant dans les textes que musicalement, comme une façon de capter intensément l’attention de l’auditeur ?On a presque le sentiment que tu ne veux rien manquer du vaste monde du Blues. Et en fin de compte, rien ne te résiste, non plus. C’est important pour toi de ne pas te restreindre à un seul courant ?
J’ai eu la chance d’étudier intensément de nombreux styles vocaux et chacun m’a laissé quelque chose. Au départ, le Blues ne nous est pas venu très naturellement, à nous les Européens. C’est une question de culture, bien sûr. Nous ne sommes pas nés noirs, ni en Amérique. Mais nous pouvons nous imprégner, écouter et intégrer en nous ce qui vient de ceux qui ont respiré le Blues depuis leur enfance et nous l’approprier à notre manière. Elisabeth m’avait dit une fois qu’elle avait même dû enseigner le Blues à des élèves noirs, qui avaient été adoptés par des blancs en Amérique.
– Juste avant « Blues Siren », tu as aussi sorti quelques singles comme « Winter Of 51 », « The Magic » et une version étendue incroyable de « Call My Name », toujours avec ton complice Mick Simpson. Ce sont des chansons qui n’étaient pas prévues pour un album, ou est-ce que, dans ce nouveau monde numérique, c’est aussi une façon de rester présente pour tes fans et à travers les réseaux sociaux ?
Parfois, Andy et moi essayons de tenir compagnie à nos amis et aux fans qui nous suivent avec quelques chansons, même en version single ou sur un EP. On le fait en attendant l’arrivée du nouvel album qui, comme tu le sais bien, demande parfois un peu plus de temps que prévu. « Winter Of 51 » et « Call My Name » font toutes deux partie d’un album. Pour « Call My Name », Mick avait joué un très long et très beau solo en studio. C’était si intense et touchant que nous avons décidé de le présenter dans une version augmentée. « The Magic », quant à elle, est une chanson que nous avons sortie à Noël dernier. Elle est pour moi très spéciale et sincère.
– Enfin, 2024 a été une belle et riche année pour toi avec un EP et un album complet. J’imagine que 2025 sera consacrée essentiellement à la scène, à moins que tu ne travailles déjà sur le successeur de « Blues Siren » ?
Oui, je compte désormais me consacrer intensément au live et avec un super groupe anglais. Mais… De nouvelles chansons bourdonnent déjà dans nos têtes. Je vous tiendrai au courant de tout ça plus tard ! (Sourires)
Le nouvel album d’EVA CARBONI, « Blues Siren » est chez Mad Ears Productions et sur le site de l’artiste : https://evacarboni.com/
La productivité d’ERIC BIBB n’a d’égal que son inspiration… et elle est grande ! Alors qu’en avril, il sortait « Live At The Scala Theatre » quelques mois tout juste après le génial « Ridin’ », il récidive déjà avec un « In The Real World », majestueux dans sa simplicité et dans ce flow Soul dont il a le secret. Très dynamique dans les arrangements, il a donné sa confiance à Glen Scott, le patron de Repute Records, qui a produit, arrangé et mixé les chansons. Magnifiquement équilibré et savamment travaillé, les harmonies vocales sont incroyablement riches et s’élèvent à un niveau auquel on est finalement habitué de sa part.
ERIC BIBB
« In The Real World »
(Stony Plain Records/Repute Records)
L’Américain a le Blues voyageur. Après s’être installé à Paris à 19 ans, puis en Suède pour finalement s’établir en Angleterre, ERIC BIBB n’est peut-être pas prophète en son pays, mais il l’est assurément sur le vieux continent. Ce qui, pour un pasteur, est une bonne première étape. On ne compte plus ses innombrables albums, autour de la quarantaine, mais on peut souligner que chacun d’entre eux est d’une beauté renversante. Le précédent, « Ridin’ » lui a valu d’être nominé aux fameux Grammy Awards et « In The Real World » a de grande chance, lui aussi, de prendre le même chemin, en espérant une récompense au bout.
Après cinquante ans de carrière, un record de récompenses et une intronisation au ‘Blues Hall Of Fame’ en 2015, ERIC BIBB s’offre une magnifique ode à l’introspection et à la quête de soi. Et c’est dans les studios d’un autre grand artiste, Peter Gabriel, qu’il est allé immortaliser les 15 chansons de « In The Real World ». Comme toujours avec lui, le son est limpide, cristallin et la qualité des réalisations effectuées dans au ‘Real World Studios’ donne une couleur pleine de douceur, et aussi de profondeur, à des mélodies passionnées et des textes apaisants, tout en restant engagé dans un humanisme de chaque instant.
Dès les premières notes de « Take The Stage », on se retrouve enveloppé de la voix chaude et rassurante d’ERIC BIBB. Toujours très sociétal dans son propos, il plonge surtout dans ses souvenirs d’enfance dans des ambiances d’ailleurs très différentes passant du Delta au Gospel et à la Folk, et parfois légèrement Country. Il avoue même présenter avec « In The Real World » une sorte d’autoportrait de ses influences (« Everybody’s Got A Right », « This River (Chains & Free) », « Neshoba County », « Dear Mavis », et bien sûr la chanson-titre). Le bluesman a l’écriture forte et sensible et sa musique est aussi immaculée qu’électrique.
G N’R bien sûr, mais aussi Velvet Revolver, Slash’s Snakepit ou encore Myles Kennedy & The Conspirators, le détenteur de multiples et prestigieuses distinctions, et aux plus de 100 millions d’albums vendus, revient aux origines, celles du Blues. Avec « Orgy For The Damned », une nouvelle réalisation de covers, SLASH atteste qu’il est l’un des plus grands six-cordistes de sa génération et l’incarnation d’un feeling musical hors-norme. Et malgré quelques petits ratés, l’entreprise du guitar-hero est belle et se balade entre Rock, Blues et le tout dans un esprit très (trop ?) mainstream.
SLASH
« Orgy Of The Damned »
(Gibson Records)
SLASH fait son retour en solo, ou presque, avec un sixième album logiquement signé chez Gibson Records. Et pour un peu, il nous ferait le même coup qu’avec son premier, axé lui aussi autour d’une liste d’invités très séduisante. Cette fois, le Londonien de naissance se penche sur ses premières amours, ses influences fondatrices : le Blues. Cela dit, il y a plusieurs niveaux de lecture, ou d’écoute, dans la découverte de cette « Orgy For The Damned ». Et cela pourra désarmer les puristes et même les faire fuir, comme séduire les néophytes du genre.
Car s’il ravit sur bien des aspects, il peut également passer pour une sorte de grand barnum, comme ces concerts de charité qu’affectionnent les Américains et qui voient défiler des stars venues surtout se faire plaisir. Il y a un peu de ça, il faut le reconnaître. Et en la matière, SLASH sait y faire et est vraiment rompu à l’exercice. Le casting est bon, les morceaux choisis aussi et leurs interprétations tout autant. Et il nous gratifie même d’un inédit instrumental, « Metal Chestnut », vraiment plaisant. Mais entre les pépites, il demeure malgré tout quelques bémols de taille.
Avant d’entrer dans le détail, notons que l’ensemble est produit par Mike Clink, encore et toujours irréprochable. Présents sur tous les morceaux, on retrouve aussi les comparses de SLASH de l’époque ‘Slash’s Blues Ball’, combo épisodique des années 1996/1998, à savoir Johnny Griparic (basse) et Teddy Andreadis (claviers), auxquels viennent s’ajouter Michael Jerome (batterie) et le très bon Tash Neal (guitare, chant). Ce dernier interprète d’ailleurs l’excellent « Living For The City » de Stevie Wonder. Une surprise. Autant dire que ces gars-là connaissent et transpirent le Blues par tous les pores.
Les reprises sont bien vues : Robert Johnson, T. Bone Walker, Albert King, Willie Dixon, Charlie Segar, Steppenwolf, … Et « Orgy For The Damned » fait très fort avec les présences de Chris Robinson des Black Crowes, Gary Clark Jr, Billy F. Gibbons, Chris Stapleton et la grande Beth Hart, littéralement habitée sur ce « Stormy Monday » qu’elle connait si bien. Brian Johnson d’Ac/Dc n’a pas, non plus, à rougir de ce « Killing Floor » avec Steven Tyler à l’harmonica. En ce qui les concerne, c’est souvent somptueux et SLASH se montre d’une classe incroyable. On est là entre gens du Blues… ou très proches.
Puis, il y a ce qui va beaucoup moins bien à l’instar du chant très poussif de Paul Rodgers, ou encore Demi Lovato d’une banalité confondante sur le pourtant très Pop « Papa Was A Rolling Stone ». Et si la chanteuse Dorothy est à côté de la plaque sur « Key To The Highway », la palme d’or de la navre revient à Iggy Pop, blafarde iguane sur « Awful Dream », une vieille habitude chez lui. Mais ces quatre titres ne ternissent heureusement pas vraiment la qualité de ce nouvel opus de SLASH. S’il reste un mythe vivant de la guitare, il n’en est encore rien en termes de casting. Mais c’est un beau moment au final.
Originaire de Plymouth dans le Devon, la compositrice, guitariste et chanteuse nous a fait languir plus d’une décennie avant de se présenter avec une toute nouvelle production. Exaltée et scintillante, l’Anglaise interprète un Blues frais et enjoué, entourée d’un groupe à en faire pâlir plus d’un… et d’une ! Mais ce sont bel et bien sa voix rocailleuse et son approche guitaristique qui font d’elle une artiste hors-norme. Avec « Fortuna », on quitte un temps les rives de la Tamise pour celles du Delta du Mississippi avec un détour par la Nouvelle-Orleans.
BEX MARSHALL
« Fortuna »
(Dixiefrog)
Avec seulement quatre albums à son actif depuis 2002, dont celui-ci, BEX MARSHALL se fait bien trop discrète. Sa carrière, elle la mène surtout sur scène où elle a peaufiné et rodé son style en développant son exceptionnelle technique de slide back-porch, notamment, qui libère tant d’émotion sur ses morceaux. Lauréate d’un British Blues Award en 2013 en tant que chanteuse, la Britannique nous aura fait patienter douze ans depuis « The House Of Mercy » pour enfin livrer ce « Fortuna », qui se distingue du paysage musical actuel.
Par sa voix éraillée, BEX MARSHALL nous captive avec un British Blues dans le son, teinté de Rock, de Gospel, de Funk et de Soul, et s’en va même titiller le Country Blues (« Jungle »). Pour « Fortuna », elle se fait brillamment accompagné par ce que Londres fait de mieux en qualité de musiciens, et dont le feeling et le groove sont le moteur principal. Pourtant enregistrée en une intense semaine dans la capitale anglaise, cette nouvelle réalisation respire et offre un chaleureux moment d’optimisme dans lequel la frontwoman rayonne.
Bien sûr, il y est toujours question d’amour brisé, d’alcool et de regrets (c’est du Blues !), mais le regard plein de malice et d’humour de BEX MARSHALL montre surtout une ténacité et une résilience à toute épreuve. Et si sa voix nous emporte, que dire de son jeu de guitare ? Torride sur l’instrumental morceau-titre, ou plus délicat sur la splendide ballade « 5AM », elle navigue au gré de ses envies dans des atmosphères enchanteresses (« Preaching To The Choir », « Lay Down n’ Die », « Table For One », « Scrapyard Dog »). On en redemande !
Si les nationalités se côtoient aussi naturellement chez les CINELLI BROTHERS, c’est probablement dû à un amour commun pour le Blues, bien sûr, mais cela va bien au-delà. Avec l’indépendance chevillée au corps, le quatuor italo-anglo-français livre déjà son quatrième album, « Almost Exactly », dont le titre parle de lui-même avec cet état d’esprit si particulier. S’ils échangent leurs instruments à l’envie, c’est avec une authenticité palpable que le groupe a imposé sa patte au fil des disques. Entretien avec Marco Cinelli (chant, guitare, claviers), principal compositeur et producteur, et à l’humour so british…
Photo : Anna Polewiak
– Tout d’abord, j’aimerais vous demander si la nationalité du groupe importe encore pour vous lorsque celui-ci se compose de deux Italiens, d’un Anglais et d’un Français ? Sachant en plus que vous êtes basés à Londres…
A ce stade, nous pouvons tous nous fondre dans la nationalité écossaise. Personne n’est écossais, mais l’Ecosse est un concept dans lequel chacun a des points communs les uns avec les autres.
– Est-ce que, finalement, ce n’est pas ce mélange de cultures qui fait que vous vous soyez retrouvés tous les quatre autour de la musique américaine si naturellement ?
Tu l’as dit. J’ai toujours pensé que le mélange de personnalités différentes, liées également à la différence de nos origines, rendait la soupe plus originale en goût. Comme le Blues.
– Vous venez de sortir « Almost Exactly », votre quatrième album, et vous êtes partis l’enregistrer aux Etats-Unis, à Woodstock, avec le grand Rich Pagano qui le co-produit également. Qu’est-ce qui vous a poussé à traverser l’Atlantique ? C’était une façon de vous rapprocher de vos racines musicales ?
C’était et c’est le rêve de nombreux jeunes groupes européens comme nous. Aller en Amérique – aller à Woodstock ! – dans un grand studio d’enregistrement, pour produire et sortir un album qui sent bon les étoiles et les sillons. Waouh ! C’était presque comme si même la réalité des faits ne pouvait saper la beauté de ce rêve innocent. Le fait est qu’en Amérique, il existe toujours un vif intérêt pour la production discographique. Je dirais en fait qu’en Europe, il existe un vif intérêt pour ce qui se passe en Amérique.
Photo : Anna Polewiak
– Malgré de multiples récompenses et de nombreuses tournées, vous n’êtes pas signés sur un label après quatre albums. Pourtant, j’imagine que les sollicitations ne doivent pas manquer. Vous souhaitez simplement garder votre indépendance et une certaine liberté, ou vous n’avez pas eu d’offres suffisamment intéressantes ?
Je dois malheureusement admettre que nous n’avons pas eu l’offre qui nous ferait arrêter de faire ce que nous faisons sans l’aide de qui que ce soit. Nous avons eu des histoires, nous avons fait des choix et le résultat est le groupe aujourd’hui. Nous ne regrettons rien et nous ne changerions rien au passé, non plus. Un jour, viendra l’offre que nous ne pouvons refuser. Nous nous préparons à ne pas l’accepter.
– Revenons à « Almost Exactly », vous avez co-écrit les chansons pour la première fois, et surtout on y décèle un côté plus Pop et peut-être plus roots aussi. Vous aviez des envies de changement, ou c’est une évolution assez naturelle de votre musique ?
Nous ne pensons jamais en termes de changement de musique. Quand nous composons, nous faisons simplement notre truc. Je dirais donc certainement que nous évoluons naturellement vers autre chose. Si c’est plus Pop, ou plus ‘vert’ plutôt que ‘bleu’, c’est à vous de décider. Je suis heureux quand les gens s’intéressent à notre musique et soulèvent toutes ces questions sur le changement de style, etc… Pour nous, cela n’a pas changé du tout depuis le début. PEUT-ÊTRE, juste un tout petit peu, OK !
Photo : Anna Polewiak
– Cela dit, cette authenticité très Blues est toujours autant alimentée de Soul et de R&B dans des couleurs fidèles aux 60’s et 70’s. Ca, c’est une chose qui ne changera jamais chez THE CINELLI BROTHERS ?
Ne jamais dire jamais. Quand les gens commenceront à exiger une musique type pour les CINELLI’S, j’essaierai sérieusement de comprendre pourquoi dans un premier temps, puis j’envisagerai la possibilité de changer le son dans ce sens. Nous avons un bluesman dans le groupe (Tom Julian Jones), un Rock Soul (Stephen Giry) et un jazzman (mon frère Alessandro). Les éléments peuvent être mélangés pour toujours et auront un son vintage pour certains et nouveau pour d’autres. L’harmonica est l’instrument du Blues, donc tant qu’il y en aura dans notre musique, le ‘facteur’ Blues sera toujours là, je pense. Moi, je ne suis qu’un clown, là au milieu…
– Par ailleurs, « Almost Exactly » contient des sonorités Southern et même Country Blues et Gospel. Est-ce à dire que vous considérez le Blues au sens large du terme comme un vaste terrain de jeu aux possibilités infinies ?
Le Blues n’est pas un genre, c’est une ambiance. C’est un style de vie, apparent ou réel. Une chose peut cependant paraître ‘bluesy’, si vous chantez la gamme pentatonique avec plus ou moins d’émotion. Je suppose que nous avons l’air bluesy, car il y a beaucoup de gammes pentatoniques dans ce que nous faisons. Nous nous inspirons de ces rythmes qui étaient populaires il y a un demi-siècle. Si une chose est plus Country, ou Gospel, cela dépend du contenu des paroles ou des sons. La délivrance est toujours la même. Mais le Blues porte l’ambiance, c’est sûr.
Photo : Anna Polewiak
– Prochainement, vous allez venir en France pour une belle série de concerts. En dehors de votre guitariste Stephen, est-ce que vous entretenez une relation particulière avec notre pays, qui est aussi une belle terre d’accueil pour le Blues ?
Bien sûr que nous le faisons. Il n’y a rien de plus gratifiant que d’entretenir une relation avec chaque pays dans lequel nous nous produisons. La France est un beau pays plein de gens enthousiastes. La nourriture et la vigne sont excellentes et les musiciens sont parmi les meilleurs. Elle nous a toujours très bien traités, nous ne pouvons que lui rendre la pareille en vous traitant également bien.
– Pour conclure, il n’y a pas que votre musique qui soit très soignée, votre look vintage l’est tout autant. Cela fait partie intégrale de l’univers de THE CINELLI BROTHERS, ou plus simplement de votre quotidien ?
Nous jouons un rôle dans le groupe. Nous sommes des artistes et il n’y a rien de mal à le dire. Quand le style que vous mettez sur scène vous va parfois bien dans la vraie vie, c’est là qu’on se fait ‘cinellier’. Personnellement, j’ai tendance à m’habiller très mal, trop coloré, hors-concours, criard et tout le reste. Tu imagines donc bien que le défi d’apporter un tel style dans le groupe et de convaincre les trois autres n’était pas si grand !
Le nouvel album de THE CINELLI BROTHERS, « Almost Exactly » (Inouie Distribution), est disponible sur le site du groupe avec toutes infos et notamment leurs concerts à venir :
Transgressive, addictive et terriblement intense, la musique de SAINT AGNES est un alliage magnétique, supersonique et ténébreux qui pioche autant dans l’Electro, le Metal que le Rock brut et l’Indus. Sur des textes crus d’une rare authenticité et d’une force chaotique, « Bloodsuckers » se joue des styles, se moque des courants musicaux et se livre avec minutie à un consciencieux travail de démolition, d’où surgit une identité très personnelle et vivante.
SAINT AGNES
« Bloodsuckers »
(Spinefarm Records)
Sorti en plein cœur de la fraîcheur estivale bretonne, le deuxième album des Anglais était passé sous mes radars, entre les mailles de mes filets. La sortie de l’édition Deluxe de « Bloodsuckers » est donc une agréable piqûre de rappel et l’occasion de se plonger dans une réalisation hors-norme portée par un trio qui l’est tout autant. Kitty Arabella Austen (chant, basse, guitare, claviers), Andy Head (batterie) et Jon Tufnell (guitare, basse) ont fait de SAINT AGNES un monstre de créativité.
Très loin du Blues Punk Rock débridé de « Welcome To Silvertown » (2019), les Britanniques ont fait leur mue et opté pour une esthétique musicale très Electro, mais aussi très Metal. Imaginez un instant la rencontre entre Prodigy au meilleur de sa forme, Junkie XL à ses débuts avec un Zack de la Rocha au féminin ou une Pink sous acide, et vous obtenez SAINT AGNES, un furieux et décomplexé combo, qui serait même très largement adoubé par Trent Reznor. Mais « Bloodsuckers » ne se limite pas à ça, loin de là.
Si ce nouvel opus des Londoniens bouscule, c’est en partie dû à la performance d’une frontwoman écorchée vive qui transmet ses émotions et sa colère avec une sincérité totale. Très organique malgré les machines, « Bloodsuckers » transgresse les codes, intègre des notes de Grunge, de Nu Metal sur des phrasés et avec un flow parfois parlés entre rage et férocité (« Animal », « At War With Myself », « Follow You », « Outsider » et bien sûr « Bloodsuckers »). Percutant, puissant et massif, SAINT AGNES lance tout juste les hostilités.