Catégories
Country International

Emily Nenni : Honky Tonk spirit [Interview]

Malgré son jeune âge, EMILY NENNI commence à se faire un nom dans la jungle musicale que représente Nashville en termes de Country Music. Indépendante, l’artiste est à l’image de sa musique et apporte beaucoup de fraîcheur à un style qui se tourne pourtant de plus en plus vers la Pop. Elle reste authentique et fidèle à un aspect assez classique comme le Honky Tonk notamment, auquel elle offre une version très personnelle, actuelle et sincère. Avec « Drive & Cry », son troisième album, elle se lance aussi à la conquête du public européen. Entretien avec une chanteuse, guitariste et compositrice pétillante et décidée, juste avant une prestation attendue au festival ’Americana Eldorado’ en septembre en France.

– Avant de parler de ce nouvel album, j’aimerais que l’on évoque de ton parcours. Comment une Californienne comme toi en vient-elle à la Country Music et affiche aujourd’hui une telle maîtrise ? C’est un style de musique avec lequel tu as grandi ?

J’ai grandi en écoutant toutes sortes de musiques. Mon père travaille à la radio depuis l’université et mes deux parents ont toujours eu beaucoup d’amour et de respect pour la musique et les musiciens. J’ai souvent entendu Hank Sr, Patsy Cline, Willie Nelson et Johnny Cash, ainsi qu’Emmylou Harris et Lucinda Williams en grandissant. En tant que passionnée de musique, lorsque j’ai déménagé à Nashville, alors que j’avais tout juste 21 ans, je me suis complètement immergée dans la musique Country au ‘Robert’s Western World’ et au ‘Santa’s Pub’, ainsi qu’à travers toutes les vieilles vidéos que je pouvais trouver sur YouTube. Je voulais tout savoir, pas seulement de la musique, mais aussi des gens qui la composaient.

– Assez rapidement, tu as sorti ton premier album, « Hell OF A Woman » en 2017, puis l’EP « Long Game » trois ans plus tard. C’est assez étonnant comme trajectoire. D’habitude, les artistes testent la température avec un format court. Tu te sentais suffisamment sûre et prête pour te lancer tout de suite dans un album complet ?

Lorsque « Hell Of A Woman » est sorti, je gardais certaines de ces chansons depuis déjà quelques années. En fait, la chanson-titre était l’une des dernières que j’ai ajoutées à l’album, avec « Baby Found The Bottle ». Mon état d’esprit concernant la sortie de ma musique, surtout de manière indépendante, était que je continuerai certainement à écrire et j’espérais continuer à apprendre et à m’améliorer. Alors, pourquoi ne pas sortir de ma musique telle qu’elle était ? Je n’avais pas une grande fan-base et je ne pensais pas que le disque irait quelque part, j’avais juste des chansons à partager.

– Puis en 2022 est sorti « On The Ranch » que tu as écrit dans le Colorado durant la pandémie. Finalement, est-ce que le fait d’être bloquée dans un endroit comme celui-là typiquement lié à la Country Music a été une immersion créative pour toi ? Une sorte de source d’inspiration ?

Je vivais dans un ranch avec cinq autres cow-girls, donc c’était une inspiration suffisante ! Écrire dans un endroit comme celui-là était en grande partie pour me vider la tête et m’éloigner de ma routine et de mon environnement habituel. C’est comme ça que j’aime travailler d’habitude. Une fois que ma tête est claire de toutes les choses que je dois faire, je peux réellement exploiter toutes mes pensées, mes sentiments et les mélodies qui les animent.

– Comme tu le disais, tu es arrivée jeune, à l’âge de 21 ans, à Nashville, la capitale de la Country Music. Est-ce que, selon toi, c’est un passage obligé pour tous les artistes, afin d’y obtenir une certaine reconnaissance artistique ?

Je ne pense assurément pas qu’il soit nécessaire d’être à Nashville pour faire de la musique Country. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir rencontré une véritable famille artistique ici, composée de musiciens talentueux et solidaires, et j’ai beaucoup appris d’eux. Désormais, les gens partagent leurs talents en ligne via Internet et ils sont embauchés de cette façon. Je trouve cela merveilleux, car Nashville devient de plus en plus cher pour y vivre, surtout pour les musiciens.

– On le sait, il y a énormément de concurrence entre les jeunes artistes, et pas seulement. Est-ce que Nashville, où tu vis aujourd’hui, provoque aussi une émancipation particulière et demande également peut-être plus d’efforts pour s’imposer et se distinguer ?

J’ai principalement appris en jouant avec des amis au ‘Santa’s Pub’. Au moins dans la communauté dans laquelle j’ai grandi au cours des dix dernières années, cela ne m’a pas semblé être une compétition. Nous voulions tous réussir, bien sûr, mais c’est tellement plus agréable de grandir avec ses amis. Bien sûr, il y a eu des gens qui ont pensé que seuls quelques-uns pourraient réussir, mais ce n’est pas le cas. Sans parler de la fatigue que représente de mener une carrière à bien.

– Justement, tu évolues dans un registre porté sur le Honky Tonk avec beaucoup de fraîcheur. C’est assez surprenant à l’heure où les chanteuses surtout ont tendance à produire de la Country Pop, non ?

J’adore le Honky Tonk. Et nous aimons jouer dans une salle devant deux personnes comme face à une foule tapageuse. Si nous avons une salle pleine de gens qui chantent et dansent, alors c’est une bonne soirée. Mes amis de ‘Teddy And The Rough Riders’, qui me soutiennent souvent, enflamment toujours la salle. Finalement, nous voulons juste passer un bon moment !

– Ce qui surprend aussi, même à travers ta courte discographie, c’est que tu sembles avoir immédiatement trouvé ton style. Alors que d’autres s’essaient à plusieurs courants, tu restes attachée à celui de tes débuts que tu ne cesses cependant de peaufiner. Tu as toujours eu une idée très précise de la musique que tu voulais jouer ?

Parfois, j’entends la musique de quelqu’un d’autre et je me suis dit : ‘Wow, j’aurais aimé écrire cette chanson !’. Mais surtout, j’écris simplement sur mes expériences, mes pensées et mes sentiments et je les associe à la mélodie qui en ressort. Quand cela est associé aux musiciens que je connais et que j’aime, cela me ressemble forcément. Il y a tellement de musique là-bas à Nashville que nous pourrions tous nous comparer les uns aux autres. Mais j’aime surtout entendre les gens faire une musique qui leur est personnelle.

– « Drive & Cry » a été pensé à la façon d’un vinyle avec ses deux faces. Est-ce que c’est aussi pour cette raison qu’on y trouve deux ambiances assez différentes ? Ta volonté était de pouvoir capter le plus de sonorités et d’approches musicales possibles ?

Je peux parfaitement me lancer dans l’écriture, ou l’enregistrement, avec une idée de la façon dont j’aimerais que cela sonne globalement, mais cela ne se réalise jamais vraiment. Cela fait partie de l’évolution des chansons. A mesure que vous enregistrez de plus en plus, vous obtiendrez, espérons-le, des sons que vous n’aviez pas auparavant. Travailler avec John James Tourville (qui a produit le disque) a été une expérience merveilleuse. Il a vraiment permis aux musiciens de jouer tout en restant fidèles à eux-mêmes. Ils jouaient pour les chansons et non pour eux, et ça s’entend vraiment.

– Malgré la qualité du songwriting et de la production de John James Tourville (The Deslonde), « Drive & Cry » conserve une savoureuse couleur ‘underground’. Est-ce que c’est quelque chose que tu cultives, ou vois-tu cela aussi comme une sorte de signature sonore ?

Nous nous amusions tous tellement à faire de la musique en studio. John James et moi étions sur la même longueur d’onde en ce qui concerne la notion de ‘perfection’. Elle n’est pas forcément nécessaire. S’il y a une prise avec une imperfection, mais plus de sensations, on y va ! Ce disque a également été mixé par Matt Ross-Spang dans son studio ‘Southern Groove’ à Memphis, et il est un véritable maître en matière d’enregistrement faits de beaucoup de chaleur et de naturel.

– Enfin, tu seras à l’Eldorado Americana Festival en septembre à Vancé en France. J’imagine que tu dois être impatiente, même si la Country Music est assez confidentielle chez nous. Dans quel état d’esprit es-tu et y aura-t-il d’autres concerts ici en Europe ?

Nous allons commencer en Scandinavie, puis faire un show en Allemagne et une semaine ou deux au Royaume-Uni. Je ne suis allée en Europe qu’une seule fois, c’était l’année dernière. Et je me sens chanceuse de pouvoir jouer pour de nouveaux publics. J’ai même du mal à croire que nous ayons la chance de pouvoir jouer dans tous ces merveilleux endroits !

Le nouvel album d’EMILY NENNI, « Drive & Cry », est disponible chez New West Records et pour la première fois en Europe.

Photos : D.R., Sound Snap Photo (3) et Alysse Gafkjen (5)

La billetterie du festival ’Americana Eldorado’, qui aura lieu le 7 septembre à Vancé dans la Sarthe (72), est d’ores et déjà ouverte :

https://my.weezevent.com/eldorado-americana-festival

 

Catégories
Southern Rock

Robert Jon & The Wreck : inspiring moon

Avec « Red Moon Rising », Robert Jon Burrison (chant, guitare), Andrew Espantman (batterie), Henry James Schneekluth (guitare), Warren Murrel (basse) et, depuis peu, Jake Abernathie (claviers) atteignent la plénitude de leur art à travers un Southern Rock frais et ressourcé. Basé autour du mythe de la lune rouge qui apporte son lot d’espoir et de renaissance, ce nouvel opus de ROBERT JON & THE WRECK s’affiche déjà comme un indispensable de sa belle discographie.

ROBERT JON & THE WRECK

« Red Moon Rising »

(Journeyman Records)

Il y a quatre ans déjà, la sortie de « Last Night On The Highway » m’avait parcouru de frissons et, alors que le groupe évoluait encore en indépendant, il paraissait assez évident que le renouveau du Rock Sudiste passerait par lui. Etonnamment, c’est donc de Californie qu’est venu ce souffle chaud et novateur redonnant ses lettres de noblesse à ce style si expressif et rassembleur. Depuis, ROBERT JON & THE WRECK a arpenté sans relâche les scènes des Etats-Unis en long et en large, avant de faire également l’unanimité en Europe, où a même été enregistré le génial « Live At The Ancienne Belgique ». Et après neuf albums studio en moins de 15 ans, il se montre aussi infatigable que prolifique. 

Et cette féconde créativité, on la doit aussi et surtout à la volonté des Américains de pouvoir, depuis leur signature sur le label de Joe Bonamassa, sortir à l’envie des singles au gré de leur inspiration. Avant la sortie de cet excellent « Red Moon Rising », on avait ainsi pu découvrir les morceaux « Ballad Of A Broken Hearted Man », « Help Yourself », « Hold On », « Stone Cold Killer » et plus récemment « Trouble ». Certes, ROBERT JON & THE WRECK y dévoile près de la moitié de ce nouvel opus (12 titres avec les bonus), mais cela permet aussi de tenir en haleine son public avant la découverte finale de l’ensemble du disque. Une manière très actuelle, et plus libre selon le combo, de diffuser sa musique entre ses concerts.

« Red Moon Rising » peut facilement être perçu comme l’apogée du style et de la personnalité artistique de la formation de la côté ouest, tant certains titres ont déjà des allures de classiques. La production de Kevin Shirley offre également ce petit plus en termes de lustre, avec beaucoup de clarté et une belle dynamique, ce qui manquait peut-être un peu auparavant. Dorénavant, ROBERT JON & THE WRECK brille comme jamais et la qualité du songwriting est irréprochable, tout comme les harmonies du chant et des guitares (« Dragging Me Down », « Give Love », « Hate To See You Go » et le fabuleux morceau-titre). Le quintet en impose et s’impose de la plus belle des manières.

Photo : Allison Morgan

Suivez le périple de ROBERT JON & THE WRECK à travers les chroniques et les interviews parues sur Rock’n Force (et avant même la création du site) :

https://www.facebook.com/share/p/rAaQ3wUsawf44KsM

Catégories
Blues Soul

Lara Price : full emotion

Ce n’est pas un hasard si Mike Zito s’est penché sur la carrière et surtout la voix et la qualité d’écriture de LARA PRICE avant de la faire signer. D’ailleurs, elle s’était rapprochée de sa future maison de disques depuis quelques années en s’installant dans la capitale texane. Une façon aussi peut-être de s’imprégner d’un Blues plus sudiste et dans lequel sa voix naturellement Soul pourrait explorer de nouvelles contrées musicales. C’est chose faite avec ce très bon « Half & Half » où, pourtant, rien n’est fait à moitié.

LARA PRICE

« Half & Half »

(Gulf Coast Records)

Originaire du sud du Vietnam, LARA PRICE a grandi aux Etats-Unis et plus précisément du côté de San Francicso qu’elle a quitté il y a quelques années pour Austin, Texas. Et la chanteuse n’en est pas à son d’essai et est même très loin d’être une novice en termes de Blues et de Soul. « Half & Half » est donc son premier disque sur le prestigieux label de Mike Zito, Gulf Coast Records. C’est aussi son huitième et, comme d’habitude, elle l’a co-produit, co-écrit et elle y joue également de plusieurs instruments en plus du chant. Une artiste complète et touchante aussi.

Enregistré à 60% au Texas et à 40% en Californie, le titre explique de lui-même le contenu de cette nouvelle réalisation, sur laquelle intervient une bonne vingtaine de musiciens. « Half & Half » est donc assez collégial dans sa conception, mais aussi et surtout terriblement personnel grâce à cette voix unique gorgée de Soul et d’émotion, car c’est cette dernière qui guide chacun des dix morceaux. LARA PRICE éblouit par une incroyable maîtrise vocale, bien sûr, mais aussi par la multitude de styles qu’elle aborde avec la même facilité. Sa polyvalence dans tous ces registres témoigne d’un grand talent. 

Le choix d’avoir un pied sur la côte ouest et un autre dans le grand Etat du Sud n’est pas non anodin, car la songwriter a fait appel à chaque fois à de musiciens du cru et c’est ce qui fait la force et la diversité des atmosphères de l’album. D’ailleurs, on perçoit et distingue sans peine la touche plus Southern, qui se veut plus roots, d’avec celle plus aérée et sensuelle de la Bay Area. Et LARA PRICE navigue entre ces deux pôles artistiques en y imposant sa touche personnelle, aussi puissante que douce, s’inscrivant dans les pas des plus grandes interprètes féminines actuelles.

Photo : Brynn Osborn
Catégories
Hard'n Heavy

The Mercury Riots : so boldly

Avec « In Solstice », c’est un souffle nouveau que vient porter THE MERCURY RIOTS sur le Hard’n Heavy américain incarné à leur belle époque par des formations comme Extreme, Skid Row, voire Dokken et White Lion. A la différence près qu’ici l’ensemble paraît presque revitalisé, réoxygéné, mais sans être forcément réinventé, non plus. Audacieuse et vigoureuse, cette réalisation originelle toute en puissance et accrocheuse va en surprendre plus d’un.

THE MERCURY RIOTS

« In Solstice »

(SAOL)

Enchantés par une prestation enflammée en septembre dernier dans une obscure petite salle du Finistère-Sud, en première partie de vétérans australiens totalement à bout de souffle, les connaisseurs avaient pleinement pu apprécier la fougue et le talent du combo de Los Angeles. Avec un seul single en 2021 (« Save Me A Drink », présent ici) et surtout beaucoup de concerts, THE MERCURY RIOTS présente enfin son premier album et « In Solstice » est une époustouflante réponse aux attentes légitimement placées en lui.

Aguerri par la scène, le quatuor fait des étincelles et a mis toutes les chances de son côté pour réaliser de manière éclatante son premier effort. Pour l’enregistrement, c’est dans les légendaires Armoury Studios de Bruce Fairbairn et chez Bryan Adams au Warehouse que la magie a opéré, et sous la houlette du non moins légendaire Mike Fraser (Ac/Dc, Aerosmith, Metallica) derrière la console. THE MERCURY RIOTS s’est donc donné les moyens avec en prime un mastering signé Ryan Smith (The Black Keys, Greta Van Fleet).

Frais et musclé, le style du groupe doit beaucoup au Heavy californien des 90’s, lequel aurait reçu un furieux coup de boost. Sauvages et virtuoses, Sleaze et mélodiques, les quatre rockeurs font trembler les murs à grands renforts de riffs tranchants et survitaminés. THE MERCURY RIOTS connait la recette, maîtrise tous les rouages et se montre affûté (« Make It », « L.A. Girls »,  « Light It Up », « Scream It Out », « 99 Degrees »). L’entrée en matière est somptueuse et la spontanéité affichée fait vraiment plaisir à entendre.

Photo : Elizabeth Bacher
Catégories
Desert Rock International Space Rock Stoner Rock

Fu Manchu : un mythe intact [Interview]

Pilier et pionnier du Stoner Rock aux saveurs largement Desert et Space Jam dans l’esprit, FU MANCHU mène une carrière exemplaire, parvenant sans cesse à rester très prolifique au sein-même du groupe comme en dehors. Avec « The Return Of Tomorow », le quatuor du sud de la Californie est parvenu à une synthèse parfaite de l’évolution musicale qui les caractérise depuis toutes ces années. Lourd, aérien, délicat et accrocheur, ce nouvel opus s’apprête à déferler sur scène et c’est encore son guitariste, Bob Balch, qui en parle mieux.

Photo : Thom Cooper

– L’an prochain, FU MANCHU célèbrera ses 40 ans d’existence et un très beau parcours. Vous avez commencé en jouant un Punk Hard-Core avant de côtoyer ses sonorités plus Hard Rock pour enfin donner naissance au Stoner et au Desert Rock. Que retiens-tu de cette évolution ? Te paraît-elle assez naturelle avec des étapes finalement nécessaires ?

J’ai rejoint FU MANCHU en 1997, donc le son était déjà plutôt bien établi à ce moment-là. Tu sais, je connais des tonnes de musiciens, qui sont passés du Punk Hard-Core au Heavy Rock des années 70. Pour ma part, j’ai commencé avec des groupes de Heavy Metal de la fin des années 70, puis j’ai découvert le Punk Rock, donc c’est un peu l’inverse me concernant, mais mélanger les deux styles fonctionne totalement !

– Ca, c’est pour l’aspect musical de FU MANCHU, mais qu’en est-il des textes et des thématiques que vous abordez ? Est-ce que, de ce côté-là aussi, il y a eu de profonds changements et peut-être des remises en questions à un certain moment ?

En ce qui concerne les textes, ce serait plutôt une question à poser à Scott Hill. D’après ce que j’en comprends, il s’agit principalement d’inspiration de films de série B et de blagues internes, des sortes de ‘private jokes’. Mais je pense que cela va bien plus loin que cela.

Bob Balch – Photo Visions In Pixels

– Est-ce que lorsqu’on fait parti du processus de création du Stoner/Desert Rock, comme c’est le cas pour FU MANCHU et quelques autres, on se sent un peu le gardien du temple ? Ou du moins le garant d’un style qu’il faut peut-être préserver, mais également faire évoluer ? 

Pas vraiment, en fait. Au départ, nous n’avions pas vraiment l’intention de créer un son Stoner Rock. Le terme ‘Stoner Rock’ nous est même venu plus tard. Et puis, je pense que chaque style doit également évoluer. Je suis super content quand j’entends un groupe qui pense et qui joue en dehors de son genre d’origine en allant toujours de l’avant.

– Il a fallu attendre six ans pour que vous livriez ce 14ème album, « The Return Of Tomorrow ». Pourtant, FU MANCHU a été très actif avec un album live, des rééditions, trois Eps et même la bande originale d’un documentaire, sans compter vos tournées. Vous êtes vraiment un groupe d’hyperactifs, et on reviendra aussi sur tes projets personnels plus tard. Est-ce qu’avec toutes ces activités, il vous fallu trouver le bon moment pour vous poser et composer ces 13 nouveaux titres ? Attendre l’accalmie en quelque sorte…     

Tu sais, nous nous réunissons pendant environ trois heures tous les jeudis. Ce sont trois heures vraiment très productives. Nous repartons généralement avec un morceau complet, ou au moins la moitié d’une chanson. Nous écrivons ensemble depuis si longtemps que c’est devenu une machine bien huilée à ce stade de notre carrière.

Photo : Visions In Pixels

– FU MANCHU est aussi réputé pour être un groupe qui va sans cesse de l’avant. C’est ce que vous avez voulu signifier avec ce titre « The Return Of Tomorrow » ? Que rien n’est figé et vous êtes résolument tournés vers l’avenir ?

Carrément ! Et puis, tu sais, je reste vraiment conscient de notre incroyable longévité et je suis très reconnaissant à tous nos fans.

– Parlons plus précisément de ce nouvel et très bon album. Il est la quintessence parfaite du style FU MANCHU avec encore et toujours des nouveautés dans les compositions et bien sûr dans le son, qui ne cesse d’évoluer lui aussi. Il y a un énorme travail sur le ‘Fuzz’ comme souvent chez vous. Est-ce que, finalement, ce n’est pas la chose qui vous importe le plus ? Le faire grossir et lui faire prendre des directions différentes et nouvelles ?

Nous cherchons toujours à nous améliorer, c’est un fait établi. Ce sont les chansons qui comptent le plus, bien sûr. Mais si nous pouvons obtenir les meilleurs sons possibles, en tout cas pour nous et à nos oreilles, c’est ce qui compte le plus ! Par ailleurs, c’est très important pour nous dans le groupe que notre bassiste, Brad Davis, fabrique et conçoive ses fameuses pédales fuzz ‘Creepy Fingers’.

Scott Hill – Photo Visions In Pixels

– « The Return Of Tomorrow » est aussi très particulier dans sa construction, puisqu’il est scindé en deux parties. La première est très Heavy et Fuzz et la seconde est plus Desert avec aussi un côté Space Jam. C’était l’ambition de départ ? De livrer des atmosphères opposées et aussi de pouvoir vous exprimer le plus largement possible ?

Oui, nous en avons discuté dès le départ. Quand nous avons commencé à écrire, nous avons essayé des chansons très lourdes, puis plus douces pour voir quel style servait le mieux les chansons. C’était d’ailleurs très amusant pour nous d’aborder ce disque avec l’idée que nous allions ensuite le diviser en deux.

– Est-ce que, dans le cas de FU MANCHU, cela demande d’être dans un certain esprit pour aborder au mieux ces ambiances très différentes ?

Pas vraiment, finalement. Personnellement, si je me sens inspiré, je vais en tirer le meilleur parti à ce moment précis et je vais composer autant que possible. Mais chaque semaine quand nous nous réunissons, c’est toujours dans l’idée de nous déchaîner et de nous défouler au maximum !

Photo : D.R.

– D’ailleurs, comment allez-vous composer vos setlists pour les concerts à venir ? Elles seront plutôt axées sur le côté Heavy du groupe, et allez-vous intégrer ces nouveaux morceaux plus ‘légers’ comme des interludes, par exemple ?

Probablement, un peu des deux et le plus possible. C’est vrai que nous pourrions aussi en changer soir après soir. Et puis, cela dépend également s’il s’agit d’un concert spécifique de FU MANCHU ou d’une configuration en festival. Si c’est notre propre show, nous jouerons davantage le nouvel album, c’est certain.

– Justement, parlons des concerts, vous serez en tournée en Europe à l’automne, mais d’abord en juin avec un passage au Hellfest, votre deuxième, je crois. Votre dernière venue date de 2019. C’est un festival que vous appréciez particulièrement ?

Oui, le Hellfest est super fun ! La première fois que nous avons joué là-bas, je n’ai regardé ni la scène, ni le public jusqu’à ce que nous montions sur scène. Je me détendais tranquillement dans les coulisses en regardant l’émission « Showdown ». Et quelques minutes plus tard, nous jouions devant des milliers de personnes. C’est un contraste saisissant et jubilatoire !

Photo : Thom Cooper

– Enfin, Bob, j’aimerais que l’on parle aussi de tes multiples side-projets. Il y a Big Scenic Nowhere dans un registre Desert/post-Rock Progressif, Yawning Balch dans un registre assez proche et plus Psych et enfin Slower, qui est un album de reprises de Slayer dans des versions Doom étonnantes. C’est très varié et assez éloigné de FU MANCHU. Tu as besoin de te lancer ce genre de défi, ou c’est plus simplement un désir d’explorer d’autres styles, dont tu es aussi fan ?

Tu sais, mes influences sont très diverses. De plus, j’ai acheté une ‘Universal Audio OxBox’, qui me permet d’enregistrer très facilement mes guitares avec la qualité d’un album à la maison. Cela m’a aussi aidé à devenir plus prolifique. Big Scenic Nowhere et Yawning Balch sont un peu arrivés par hasard, et je n’ai pas su refuser. Je suis un grand fan du jeu de guitare de Yawning Man et de Gary Arce. J’ai secrètement toujours voulu collaborer avec eux. Je suis ravi que cela se soit produit et que cela continue d’exister. Yawning Balch va d’ailleurs bientôt sortir deux albums. L’idée que je m’en fais est plus posée et je me suis aussi bien amusé à faire le premier disque. Et nous avons presque terminé le deuxième. J’ai des tonnes de morceaux originaux cette fois-ci, et c’est génial.

– Enfin, et puisque l’on parle de tes projets annexes, est-ce que tu te consacres déjà à d’autres choses, ou es-tu essentiellement focalisé sur FU MANCHU et ce nouvel album pour le moment ?

FU MANCHU est mon activité principale. Nous tournons énormément pour soutenir « The Return Of Tomorrow » et j’en suis franchement ravi ! J’ai vraiment hâte que les gens l’entendent. Je pense que nous nous sommes vraiment surpassés sur celui-là !

Le nouvel album de FU MANCHU, « The Return Of Tomorrow », sera disponible le 14 juin sur le propre label du groupe, At The Dojo Records.

Catégories
Blues Rock Boogie Blues

Canned Heat : alive

Evidemment, le Boogie Blues de CANNED HEAT a pris quelques rides, se montre peut-être moins fougueux et aventureux, mais il demeure toujours aussi enveloppant, chaleureux et surtout on y perçoit sans peine tout le plaisir qu’éprouvent les quatre musiciens à perpétuer un héritage, qui est finalement le leur. Avec « Finyl Vinyl », les Californiens montrent qu’ils sont toujours capables et légitimes à entretenir ce son qui a bercé tant de générations. Et lorsque c’est fait de cette manière, il serait déplacé de cracher sur ces talents si perceptibles.

CANNED HEAT

« Finyl Vinyl »

(Ruf Records)

J’entends déjà les grincheux vociférant au sujet de la chronique d’un nouvel album de CANNED HEAT qui, avant même y avoir posé une oreille, doit forcément être mauvais ou, au mieux, sans intérêt. Et pourquoi ne pas parler d’un nouveau disque des Rolling Stones tant qu’on y est ? Mais il faut bien être un peu taquin au risque de devenir trop consensuel ou carrément chiant, non ? Alors, c’est vrai qu’il n’y a plus aucun membre de la formation originelle fondée à Los Angeles en 1965, car même le batteur Fito de la Parra n’est apparu que sur le légendaire « Boogie With Canned Heat », le seulement deuxième opus du groupe.

Cela dit, Dale Spalding (harmonica, chant), Fito de la Parra (batterie), Jimmy Vivino (guitare, claviers, chant) et Richard Reed (basse) ne sont pas des perdreaux de trois semaines, et autant le dire tout de suite : ça joue et ça joue même très bien. Et la jeune scène actuelle pourrait même prendre quelques notes, tant elle se montre souvent insipide. Mais revenons à CANNED HEAT et ce « Finyl Vinyl », première réalisation depuis une grosse quinzaine d’années. Très bien produit, on retrouve les Américains sur onze morceaux où ils déroulent leur fameux Boogie Blues, guidé par un feeling toujours très présent.   

Sans être transcendant pour autant, on se régale surtout de retrouver cet harmonica envoûtant et tellement identifiable, tant il représente à lui seul le son et la chaleur de la mythique formation. De même que la slide, qui emporte quelques titres, CANNED HEAT n’a rien perdu de son ADN, car il y en a un, malgré la presque cinquantaine d’artistes qui s’y sont succédés. De l’oriental instrumental « East/West Boogie » à « One Last Boogie », « Goin’ To Heaven (In A Pontiac) », « Blind Own » dédié à Alan Wilson ou encore « So Sad (The World’s In A Tangle) », « When You’re 69 » ou « Independence Day, » le moment est agréable… très !

Catégories
Blues Blues Rock International Southern Blues

Susan Santos : sunny vibes [Interview]

La guitariste, chanteuse, compositrice et productrice SUSAN SANTOS a livré il y a quelques semaines son nouvel et sixième album, « Sonora ». Elle nous transporte au coeur du desert à travers huit titres à l’atmosphère plutôt Blues Rock, mais pas seulement. Mâtiné de divers courants allant de sonorités hispaniques et Southern, comme Country ou même Western, l’Espagnole fait preuve d’un éclectisme bluffant et d’une maîtrise totale avec une identité marquée. L’occasion de lui poser quelques questions au sujet de ce brûlant nouvel opus…   

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Le moins que l’on puisse dire est que « Sonora » est un album très solaire à de nombreux points de vue. Même s’il ne dénote pas de tes précédentes réalisations, est-ce que faire du désert le point central du disque est une envie que tu as eue avant même le processus de composition ?

C’est quelque chose qui s’est fait petit à petit, en fait. J’ai commencé à écrire des chansons sans intention précise, et au fur et à mesure du choix des morceaux, l’idée a émergé pour devenir finalement le fil rouge de l’album.

– D’ailleurs, tu l’as entièrement composé, paroles et musique, et tu l’as aussi coproduit avec Jose Nortes. Tout a été réalisé aux studios Black Betty à Madrid. C’était important d’être presque seule à chaque étape de « Sonora » pour en quelque sorte ‘centraliser’ les choses ?

Dès le départ, il était clair pour moi que je voulais faire les choses à ma manière, tout décider et participer à tout le processus, y compris le mixage et le mastering. L’enregistrer à Madrid était le plus pratique, puisque j’habite là. L’enregistrement s’est fait en quelques jours, mais avec les concerts, les voyages et les tournées, j’ai du attendre mon retour pour repartir en studio pour le mixage.

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Les morceaux de « Sonora » sont efficaces sans pour autant être épurés, loin de là. On t’entend jouer de la guitare électrique, baryton et acoustique, ainsi que du banjo et du thérémine. L’album est vraiment très riche, ainsi qu’au niveau des arrangements. Est-ce une chose sur laquelle tu t’es longuement penchée ?

Pas vraiment, la vérité est que tout s’est fait un peu à la volée. En fait, j’ai même écrit  des chansons et de nombreux arrangements en studio pendant que nous enregistrions. J’avais une totale liberté de décision et c’était vraiment très amusant ! C’est vrai que tout ça a aussi fait bouger beaucoup de choses pendant les journées d’enregistrement.

– Je disais que « Sonora » était musicalement très solaire dans son ensemble, à travers le thème du désert bien sûr, mais aussi musicalement. C’est la première fois que tu réalises ce qu’on pourra apparenter à un album-concept ?

Oui, c’est la première fois que je fais quelque chose comme ça. Comme je te le disais, je n’y ai pas pensé au début, lorsque je me suis décidée à enregistrer un album. J’ai commencé l’écriture des chansons et dès que j’en ai eu deux ou trois, c’est à ce moment-là que l’idée m’est venue et s’est imposée.

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Evidemment, la thématique et certaines sonorités hispaniques, et parfois Southern aussi, font penser à une bande originale de western. Est-ce un peu de cette manière que tu as conçu « Sonora » ?

Absolument ! J’aime beaucoup être au croisement de tous ces sons entre Rock, Blues, Country, Southern Rock et Western. Et l’environnement du désert est parfait pour encadrer et englober toutes ces ambiances.

– Un petit mot aussi sur le clip de « Hot Rod Lady », qui a été tourné à Joshua Tree. Pourquoi spécialement là-bas, même si on en a une petite idée ? On aurait aussi pu l’imaginer dans les Bardenas Reales… 

En fait, j’étais en tournée en Californie, lorsque je mixais l’album et on était très proche de Joshua Tree. Ca m’a semblé être l’endroit parfait pour le tournage du clip de la chanson.

– Depuis tes débuts, tu multiplies les styles de Blues et aucun ne te résiste. Y a-t-il cependant un registre qui a ta préférence et qui te ressemble le plus ?

Je suis très curieuse de tous les styles musicaux et beaucoup d’entre eux se marient facilement car, au final, ils ont tous la même source et les mêmes racines. J’aime toujours me renseigner en amont pour ensuite orienter les chansons vers d’autres ambiances. C’est à chaque fois un défi que j’aime beaucoup.

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Depuis quelques années, on voit de plus en plus de blueswomen mises enfin en lumière. Certains découvrent de grands talents, alors que la majorité d’entre-vous êtes là depuis un bon moment. Est-ce que tu penses aussi que cette reconnaissance est souvent un peu tardive ?

Oui, il nous faut se battre et progresser petit à petit. Pour le moment, je continue à faire ce que j’aime le plus, c’est-à-dire composer des chansons et les jouer en concert partout où c’est possible. Et oui, bien sûr que j’aimerais avoir bien plus de reconnaissance, évidemment.

– On l’a dit, tu navigues entre plusieurs styles, tous plus ou moins Rock d’ailleurs. Cela dit, ton propre son est très européen, malgré quelques touches américaines, notamment Southern. Est-ce qu’après toutes ces années et avec six albums à ton actif, il y a un désir en toi de t’imposer au pays du Blues, ou est-ce que les frontières ont déjà été franchies ?

J’ai beaucoup voyagé, mais pour le moment je me sens très bien ici en Espagne. J’y ai de bonnes relations avec beaucoup de monde et de bonnes collaborations également. Mais je n’exclus pas de vivre ailleurs à l’avenir. La vérité est que je joue déjà beaucoup en dehors de l’Espagne, car ici le circuit est assez restreint pour ce style de musique.

Le nouvel album de SUSAN SANTOS, « Sonora », est sorti et est disponible sur le site de l’artiste : https://www.susansantos.info/shop

Catégories
Alternative Rock

Thadeus Gonzalez : l’éloquence faite Rock

Tout en émotion, THADEUS GONZALEZ ne ment pas. Depuis ses débuts, c’est à travers un Rock sans frontière, où il se joue des genres, qu’il nous invite à le suivre dans une sorte d’état des lieux ou de constat d’une société dans laquelle ses sentiments surgissent avec une vivacité dont peu de groupes font preuve aujourd’hui. « Street Fights Are Starting Hurt » est assez emblématique de notre époque et musicalement la maîtrise est telle qu’il est impossible de ne pas s’y retrouver.

THADEUS GONZALEZ

« Street Fights Are Starting To Hurt »

(Independant)

Auteur du très bon « Opposite Faces » il y a trois ans, THADEUS GONZALEZ poursuit sa trajectoire à travers un Alternative Rock très personnel mâtiné de sonorités Hard Rock 90’s, de quelques ambiances post-Punk écorchées et surtout autour d’un songwriting toujours aussi authentique. Compositeur et parolier, le Californien peaufine avec « Street Fight Are Starting To Hurt » ce qu’il avait entrepris précédemment et le volume affiché aujourd’hui est très largement à la hauteur des attentes.

Ce qui est remarquable chez THADEUS GONZALEZ, c’est qu’il compose toujours avec une guitare acoustique, ce qui confère à ses chansons une touche très vivante et sincère. Les vibrations qui animent ce quatrième album sont intenses, et il fallait bien ça pour mettre en exergue des textes souvent poignants. Ici, l’énergie est constante, jusqu’à devenir le leitmotiv du chanteur qui ne ménage pas ses efforts et qui nous rend même complice et témoin de ses morceaux (« Street Hurt », « The Aura Of Gospel », « Tussle »).

Attachant au possible, THADEUS GONZALEZ se livre dans une formule finalement assez épurée en guitare/basse/batterie, sans effets de manche, et en restant direct et très efficaces. Il y a beaucoup de vérité dans la musique et dans la voix de l’artiste d’Oakland, ça sent le vécu ! Entraînant (« Super Rough Breakdown »), plus intimiste (« My Friends Are All Crazy », « The Fête One »), sombre (« Black Eye On A Tiger ») et fédérateur (« Tell Me What You Want »), il nous embarque dans un univers sensible. Une belle réussite… encore !  

Retrouvez la chronique de l’album précédent :

Catégories
Classic Rock Progressif Stoner/Desert

Big Scenic Nowhere : sans limite

Ils ont beau être très occupés tous les quatre avec leur groupe respectif et différents projets annexes, les membres de BIG SCENIC NOWHERE continuent l’aventure en se livrant cette fois dans un répertoire Classic Rock, toujours emprunt de Stoner et de Desert Rock, guidé par un groove tantôt progressif, tantôt plus costaud. « The Waydown », troisième album auxquels viennent s’ajouter deux EP, plonge dans des espaces plus identifiables, certes, mais tout en mélangeant toujours des tempos et des ambiances variés.

BIG SCENIC NOWHERE

« The Waydown »

(Heavy Psych Sounds)

Fondé il y a quatre ans sous l’impulsion d’un quatuor constitué de cadors de la scène Stoner/Desert Rock, BIG SCENIC NOWHERE continue de livrer des albums toujours plus aboutis et surprenants. L’une des particularités des Américains est aussi d’évoluer au fil des réalisations devenant un collectif dans lequel viennent se greffer et se fondre des invités prestigieux qui se prêtent à l’exercice avec talent et virtuosité. « The Waydown » révèle cette fois un visage nouveau, sans pour autant renier les fondements qui ont forgé son identité sonore et musicale.

Sur des bases aussi diverses qu’inamovibles, BIG SCENIC NOWHERE explore de nombreux horizons et va encore étonner tant le champ d’investigation est spectaculaire depuis sa première production, « Vision Beyond Horizon » en 2020. Bob Balch (Fu Manchu, Slower) à la guitare et sur tous les fronts actuellement, Tony Reed (Mos Generator) à la basse, aux synthés et surtout au chant, Gary Arce (Yawning Man) à la guitare et Bill Stinson (Yawning Man) à la batterie forment une entité très soudée et capable d’atteindre des sommets de créativité.

Avec « The Waydown », c’est dans une lignée Classic Rock, toujours très infuzzée, que BIG SCENIC NOWHERE s’engouffre en proposant des morceaux lumineux et hors du temps. Loin  des jams qui l’ont toujours caractérisé, le songwriting est plus traditionnel, faisant la part belle au Rock Progressif, à la Funk Psyché, à quelques passages Surf Rock et même Soul Blues. L’interprétation est magistrale et Reeves Gabrels (The Cure, Bowie), Per Wiberg (ex-Opeth) et Eliot Lewis (Hall And Oates) viennent aussi prêter main forte sur cet opus aussi accrocheur qu’envoûtant. Monumental !

Catégories
Hard Rock Hard US

Riley’s L.A. Guns : l’ultime ruade

C’est déjà le deuxième album posthume depuis le début de l’année et c’est tout sauf un exercice agréable, surtout lorsque l’on voit la qualité proposée. Véritable guerrier du Rock et grande figure du Hard US, le batteur Steve Riley nous a quitté cet automne, non sans nous laisser un superbe témoignage de son talent avec « The Dark Horse », un concentré explosif de ce que RILEY’S L.A. GUNS peut offrir de mieux. Voyons maintenant ce que nous réservera l’avenir du quatuor…

RILEY’S L.A. GUNS

« The Dark Horse »

(Golden Robot Records)

Décédé le 24 octobre dernier des suites d’une grave pneumonie, Steve Riley aurait eu 68 ans aujourd’hui même. L’ultime clin d’œil et preuve du grand respect de sa maison de disques, Golden Robot Records, est donc un bel hommage de sa part à ce grand musicien. Depuis septembre, RILEY’S L.A. GUNS avait sorti trois singles, le morceau-titre « The Dark Horse », « Rewind » et « Overdrive », laissant présager d’une très belle réalisation. Et ce deuxième opus coche toutes les cases. La formation de Los Angeles livre un Hard Rock classieux.

Pour mémoire, Steve Riley a été batteur de W.A.S.P. sur les monumentaux « The Last Command » (1985) et « Inside The Electric » (1986), avant de connaître le succès avec L.A. Guns dont il a contribué aux meilleurs albums. On connait la suite. C’est en 2020 que le RILEY’S L.A. GUNS sort « Renegades », un premier opus qui met tout le monde d’accord et siffle pour beaucoup, dont je suis, la fin de la récréation entre les deux combos californiens. Inventif et pêchu, Riley surnage dans cette petite guéguerre d’égo.

Entouré de Kurt Frohlich (guitare, chant), Scott Griffin (guitare) et Kelly Nickels (basse), le cogneur américain a dirigé la réalisation de « The Dark Horse » pour un résultat plus que convaincant. L’icône du Hard US de la côte ouest possédait un sens incroyable du Rock et du Hard, et c’est ce que l’on retrouve fidèlement ici (« Somebody Save Me », « The Truth », « Changing Lights », « Down Day Drag »). RILEY’S L.A. GUNS va laisser un manque terrible et un grand vide, alors qu’il était la nouvelle locomotive tant attendue à la Cité des Anges.

Photo : Mark Weiss