Dans une mélancolie presqu’addictive où viennent se joindre colère et fracas, IAMBER se présente avec un nouvel opus déroutant, qui vient secouer les émotions avec minutie. Avec « Mercurial Shakes », c’est à un vrai travail d’auteurs que ce sont livrés les quatre membres du combo nordique. Tour à tour post-Metal, post-Rock, Noisy et Sludge, le groupe pulvérise les codes et délivre une empreinte musicale faite d’instinct et d’énergie brute.
IAMBER
« Mercurial Shakes »
(Wormholedeath Records)
Affilier IAMBER au Post-Metal n’est certes pas une hérésie, mais cependant à l’écoute de ce troisième album, les pistes explorées sont si nombreuses que ce serait tout de même un peu réducteur. Usant de sonorités post-Rock, Noisy et même Sludge sur des passages fracassants, les Scandinaves multiplient les soubresauts avec une incroyable dextérité et des élans exaltants d’une grande beauté. Crépusculaire et magique.
D’une froideur hypnotique, le quatuor finlandais évolue dans un univers bien à lui, maniant à l’envie les sonorités extrêmes ou délicates. Il en va de même pour le chant, qui passe d’une clarté mélodique à un scream ravageur. Toutes ces variations sont guidées par un son très organique et saisissant de puissance. IAMBER cultive un environnement plein de relief basé sur une dynamique de chaque instant, qui prend vite aux tripes.
Martial ou langoureux, le groupe nous trimbale sans complaisance dans une fuite en avant effrénée comme pour mieux nous perdre. Mais on est vite rattrapé par cette intensité omniprésente, qui vient sonner le réveil des sens (« I Am The Boundary », « Atomist », « Tourbillon », « Each One A Setting Sun »). IAMBER écrase autant qu’il séduit et la force que dégage « Mercurial Shakes » est d’une rare singularité.
Créatif et technique, NO TERROR IN THE BANG est un nouveau venu sur la scène Metal hexagonale. Et avec ce premier album, « Eclosion », le groupe de Rouen affiche déjà une maturité d’écriture et de composition indéniable. Les membres du sextet n’en sont pas à leur coup d’essai et c’est dans un style assez peu représenté en France qu’ils affichent un Cinematic Metal fertile et audacieux. Entretien avec le compositeur et batteur Alexis Damien…
– Tout d’abord, qu’est-ce qui a poussé six musiciens aux horizons musicaux assez différents à créer un groupe aussi atypique que NO TERROR IN THE BANG ? Il vous manquait quelque chose dans vos formations respectives ?
En réalité, c’est le hasard des rencontres qui l’a déclenché. J’ai croisé Sofia et entendu sa façon de chanter, j’ai pressenti tout de suite qu’on pouvait faire de bons morceaux ensemble. Il se trouve qu’elle aimait le Metal, les musiques alternatives et sombres, sans pour autant les avoir déjà pratiqué. Je lui ai fait écouter mes anciens projets et on a décidé de partir sur un projet Metal, avec une ligne directrice qui s’est affiné aux cours des séances, jusqu’à l’affirmation de ce premier album « Eclosion » : du Metal cinématographique. Le groupe s’est complété au fur et à mesure, avec des musiciens issus de la scène rouennaise. Mais dès le départ, on a senti une belle énergie créatrice se dégager de notre projet. Comme une source, un arbre qui pousse. Sofia et moi sommes très créatifs et avons encore beaucoup à produire.
– Peu de temps après la création du groupe, vous avez sorti un premier single, puis deux autres l’an dernier. C’est la situation sanitaire qui vous y a contraint ou l’impatience de faire découvrir votre musique avant l’album ?
Effectivement, pour qu’un groupe démarre, c’est de plus en plus compliqué aujourd’hui. Il y a saturation partout, la musique est omniprésente. Nous avons donc choisi sciemment de sortir quelques singles au fur et à mesure, pour commencer à faire parler de nous. En Metal et en Rock, c’est toujours l’album qui fait autorité, donc nous avons choisit d’y aller à fond. Notre album « Eclosion » représente un an et neuf mois de travail entre notre première séance de travail et la dernière séance de mastering.
– Parlons maintenant de l’album. Etant donné sa complexité, de quelle manière l’avez-vous composé ? Vous aviez déjà un schéma précis en tête, ou est-ce que les idées et les différentes atmosphères sont venues se greffer petit à petit ?
En réalité, ce n’est pas si complexe. Si ? C’est juste qu’il y a un peu plus d’harmonies « exotiques » que dans un groupe de Metal traditionnel. Il y a effectivement des passages dans des styles « musique de films » ou « satien »… J’ai toujours pris garde à ce que les morceaux gardent un côté « mainstream », et ne soient pas rebutants ou intellos. Il y a une simplicité latente. Plusieurs personnes m’ont fait part du côté « addictif » des morceaux et des surprises qu’on y trouve en plusieurs écoutes. J’y vois un bon critère de réussite, cela veut dire qu’il y a plusieurs niveaux d’écoutes derrière le côté « catchy ». Des titres comme « Another Kind Of Violence » ou « Uncanny », c’est un peu comme si Obélix te mettait un coup sur la tête, mais qu’Idéfix te susurrait juste après des petits bruits étranges à l’oreille … (Rires) Tu ne sais plus si c’est un rêve ou la réalité…On peut donc qualifier notre musique d’un trip entre rêves et cauchemars.
– Lorsqu’on parle de Cinematic Metal, on s’attend souvent à des morceaux assez longs permettant de poser des ambiances plus librement. Or chez NO TERROR IN THE BANG, il s’agit plutôt de titres assez courts et racés, entrecoupés d’interludes plus ou moins longs d’ailleurs. L’aspect progressif que peut générer ce genre de style ne vous intéressait pas ?
Oui, c’est vrai. Hypno5e, par exemple, prend plus son temps. Il correspond d’ailleurs peut-être plus à cette définition. Cela nous intéresse énormément, et on essaiera sûrement de le faire. Mais pour « Eclosion », en effet, nous avons privilégié les flashs, les uppercuts et les respirations. D’où un côté toujours écoutable même pour un public moins spécialiste. Petite confidence, certains passages de notre album seront rallongés en live justement, pour prendre plus le temps.
– Avec « Saule Pleureur », vous ouvrez l’album de façon étonnamment calme avant le déferlement du reste de l’album. C’est une manière de présenter la suite ?
J’avais fait le même coup avec « 2unlimited » de Pin-up Went Down (son autre groupe – NDR). J’adore la dualité, la fracture, le contraste. Mais c’est un vieux procédé d’une certaine façon, écoutez l’introduction de « Master of Puppets »… « Saule Pleureur » symbolise la lumière, l’orchestration y est particulièrement lumineuse dès les premières secondes, avec des harmoniques de cordes, des accords très larges… J’y vois une lumière comme dans le film « The Tree Of Life » (de Terrence Malick) avec cette musique éthérée d’Alexandre Desplat. C’est un procédé assez utilisé dans les musiques de film. Puis, vient ce piano mystérieux qui accompagne le chant, un piano feutré, comme des pas de chats inquiétants. L’enchainement avec « Another Kind Of Violence » provoque une petite tension en effet, à l’arrivée d’un riff de guitare puissant, dans un style Metal moderne à la Gojira…
– Vos compositions ramènent à de nombreuses influences qui vont du Metal Alternatif et Fusion à la musique classique et bien sûr aux B.O.F. Tout en étant très technique, votre style reste abordable et très moderne. Quel est l’aspect de votre style qui vous caractérise le mieux selon vous ?
Notre énergie ne vient pas que des riffs. Nous utilisons des harmonies particulières qu’on n’entend pas tous les jours dans un groupe de Metal, comme dans le morceau « Uncanny » par exemple. La musique est en effet assez ciselée et précise, on a donc un son plutôt « propre »… C’est vrai qu’il y a plusieurs écoles, les propres et les sales (Rires). J’adore le sale aussi, le bruit, le parasite, la vermine en quelque sorte. C’est un aspect que l’on exploitera aussi. Les aspects bruts, Sludge, Noisy ou même Indus m’intéressent énormément, on s’en servira un jour. Mais on ne pouvait pas tout faire d’un seul coup ! Il fallait choisir !
En termes de B.O.F, c’est pareil. Sur cet album, on est parti sur des sons plutôt orchestraux, mais rien ne dit que le suivant soit dans cette veine ! J’adore pour ma part le travail d’Atticus Ross et Trent Reznor, je risque de me laisser tenter par leurs timbres aussi… Vous savez ces synthés technoïdes sales… J’adore aussi le travail de Nick Cave et Warren Ellis…Ecoutez la B.O de « The Road »… Enorme, c’est bien plus malsain que Slayer croyez-moi ! (On est d’accord ! – NDR) La musique de film, ça ne veut rien dire en réalité. Il y a trop de réalités différentes… Les champs sont infinis, tu as excité mon imaginaire avec ta question !!! Grrrr
– « No More Helpful Peace » et « Memory Of Waif » sont déclinés en deux parties. On évoquait précédemment des morceaux plus longs. Vous n’avez pas été tentés de les regrouper pour en faire des morceaux plus conséquents dans leur durée ?
Si mais pour des questions techniques, c’était plus simple : référencement, mastering, mixage, travail de placement en synchro, etc… Et puis bon, si un auditeur veut zapper, c’est plus facile, tout simplement… Je sens ta déception ! (Rires)
– Enfin, même si pour le moment les concerts sont malheureusement toujours à l’arrêt. Comment imaginez-vous vos futures prestations live ? L’aspect visuel et même vidéo aura sûrement une place prépondérante ?
On a hâte de monter sur scène. Nous réfléchissons actuellement à cet aspect, on verra bien l’écart entre rêves et réalité. Tout dépend où l’on joue… En festival de plein jour, c’est très différent d’une petite salle fermée ou une simple projection peut suffire… Mais nos concerts ne seront pas des « ciné-concerts ». Il y aura du mosh et de la sueur… !!