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Alternative Metal Alternative Rock Heavy Rock

Bad Situation : une belle ferveur

Frais et enthousiaste, ce premier opus complet de BAD SITUATION est peut-être celui que les amateurs de Rock musclé, Heavy et grungy attendaient pour démarrer enfin le printemps de la plus belle des manières. Très groove et même joyeux, les deux musiciens avancent sur un rythme soutenu et de bons gros riffs, soigneusement mis en valeur par une production-maison, qui tient bien la route. « Bad Situation » se dresse dans un esprit live, vivifiant et terriblement addictif.

BAD SITUATION

« Bad Situation »

(Thrash Talkin Records/Klonosphere/Season Of Mist)

Direct et efficace, BAD SITUATION se présente donc avec un premier album éponyme, qui ne manque pas d’énergie. Pour un peu, on en oublierait presque qu’ils ne sont que deux. Aziz Bentot (guitare, chant) et Lucas Pelletier (batterie, chœurs) confirment les bonnes choses entendues sur leur EP « Electrify Me », sorti il y a deux ans. Forcément sans fioritures, ces nouvelles compos s’inscrivent dans un Alternative Rock synthétisant les 30 dernières années. Le panel des références est vaste, mais le rendu très cohérent et carrément pêchu.

On connait l’explosivité des duos dans d’autres registres, mais c’est vrai aussi qu’en termes de Heavy Rock, la basse tient un rôle essentiel et remplir l’espace sonore ne règle pas tout. Et il faut reconnaître que BAD SITUATION s’en sort très bien grâce, notamment, à des guitares très présentes et solides et une bonne balance dans le chant entre le lead et les chœurs. Positifs et dynamiques, les Français distillent avec beaucoup d’entrain des morceaux accrocheurs et se promènent entre Nickelback et QOTSA, le sourire aux lèvres.

Sur un Rock massif flirtant avec le Metal, et malgré quelques touches de Punk californien, BAD SITUATION trouve l’équilibre entre puissance, mélodies entêtantes et refrains fédérateurs (« On My Own », « Fallin’ Apart », « Nothing Lasts Forever », « Echoes », « Won’t Back Home »). La belle ballade « Drown » offre une belle respiration, pleine d’émotion et dotée d’un songwriting imparable. On peut affirmer avec conviction que « Bad Situation » va faire des ravages en concert et guider le public dans une belle communion. Bien joué !

Photo : Kevin Merriaux
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Dark Folk Progressif

Los Disidentes Del Sucio Motel : une spontanéité si naturelle

Depuis bientôt deux décennies, les Alsaciens n’ont de cesse de faire évoluer leur style au fil des albums et des EP. Tout en gardant un pied dans un Stoner Prog souvent proche d’un post-Rock/Metal insaisissable, LOS DISIDENTES DEL SUCIO MOTEL multiplie les expériences, et celle-ci n’est peut-être pas la plus évidente. Légers, fins et presque mis à nu, ses propres morceaux s’exposent sur « Breath » dans une lumière nouvelle et flottante, où l’acoustique se revêt de cordes, comme pour mieux souffler et livrer ses mélodies dans une Dark Folk somptueuse.  

LOS DISIDENTES DEL SUCIO MOTEL

« Breath »

(Klonosphere)

C’est devenu une bonne habitude et même la marque de fabrique de LOS DISIDENTES DEL SUCIO MOTEL que de sortir un format court entre deux albums. Deux ans après « Polaris », le groupe s’offre donc une petite respiration avec le bien nommé « Breath », qui présente d’ailleurs deux nouveautés dans la démarche du quintet. Tout d’abord, on a le droit ici à cinq reprises, quelque chose d’assez inhabituel, et surtout pour la première fois en version acoustique, laissant les gros amplis de côté. 

Lorsqu’une chanson est bien écrite, elle se décline sans mal sous à peu près toutes les formes. Tous les musiciens vous le diront. On peut donc, sans exagérer, dire que les morceaux de LDDSM sont très bien composés car, en mode acoustique, ils ne souffrent d’aucune lacune, tant le passage de l’électrique à l’unplugged est évident et coule de source. Pour autant, il ne faut pas imaginer que les Strasbourgeois ont simplement épuré leur jeu et leurs compos, c’est même presque l’inverse.

LDDSM est donc allé puiser dans son dernier opus pour trois morceaux, avant de remonter le temps avec « Z » issu d’« Arcane » (2013) et le titre « From 66 To 51 », qui figure sur « Soundtrack from The Motion Picture » (2010). Réarrangées et livrées dans une interprétation aussi originale que délicate, ces cinq chansons mettent en avant les guitares sèches, le piano et le violoncelle, preuve qu’elles ont une intemporalité certaine. Peut-être un peu nostalgique, on retiendra plutôt la grande qualité artistique du répertoire.

Photo : Benjamin Hincker

Retrouvez la chronique de « Polaris » :

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Crossover France

Koudeta : un soulèvement musical [Interview]

Mené par sa très combative frontwoman, KOUTENA est la réunion de musiciens aguerris unis par une même envie, celle de livrer un Metal Crossover rassemblant des influences au large spectre, mais ayant en commun un esprit très 90’s. Direct et sans concession, le quatuor se présente avec un premier album efficace et brut, dont l’énergie se distille dans des riffs acérés, des rythmiques véloces et un chant redoutable de percussion. Rémi Verger, guitariste du quatuor, nous en dit plus sur la démarche du groupe et sa création.  

Photo : Pierre Guerin

– KOUDETA existe depuis maintenant quatre ans et votre premier album éponyme vient tout juste de sortir. Vous avez préféré prendre votre temps pour peaufiner votre style et votre jeu avant d’entrer en studio ?

Oui effectivement, le groupe a été créé durant l’été 2019 et on est rentré en studio à l’automne 2022. C’était le temps nécessaire pour composer et arranger les neuf chansons qui composent l’album. Le Covid a également un peu ralenti le processus.

– Vous êtes tous issus de plusieurs groupes à savoir Trepalium, New Assholes, War Inside et Vanilla Cage. Qu’est-ce qui vous a rapproché ? L’occasion de pouvoir faire autre chose que ce que vous faites déjà ou plus simplement par amitié ? Ou même les deux ?

A la base, le projet vient juste de l’envie de se retrouver entre potes pour envoyer du gros son. Avec Tom (batterie) et Ludo (basse), on se connaît depuis de longues années. On vit dans la même ville, on traîne dans les mêmes coins et on avait juste envie de jouer ensemble pour s’amuser. On a commencé à composer quelques titres, puis rapidement on a cherché un chanteur et c’est là que Ludo, qui joue également dans Trepalium, nous a suggéré d’intégrer Téona, qui se trouve être la femme de Sylvain Bouvier, le batteur de Trepalium. On a commencé à jouer ensemble et ça a tout de suite fonctionné !

– Justement, comment considérez-vous KOUDETA ? Comme un side-project ponctuel, ou est-ce que, plus clairement, votre intention est d’inscrire le groupe dans la durée ?

Notre objectif est bien de continuer à jouer le plus longtemps possible avec KOUDETA et de faire grossir le plus possible le projet. On est d’ailleurs déjà sur la composition du deuxième album !

Photo : Pierre Guerin

– Il émane une énergie très live de votre album, grâce à une proximité sonore évidente. Dans quelles conditions avez-vous enregistré « Koudeta » et sur quelle durée ?

On l’a enregistré durant l’automne 2022 au Nomad Audio en Vendée, le studio de Fabien Guilloteau. On avait maquetté tous les titres durant l’été et on est donc arrivé assez préparé et l’enregistrement s’est fait en une semaine. Il n’a pas été effectué en live, mais bien instrument après instrument, mais sans beaucoup de retouches et sans non plus empiler les couches sonores. C’est de là que vient, à mon avis, le côté live du son de l’album. On avait demandé à Fabien un mix, qui soit assez naturel et vivant et il a réussi à rendre la dynamique sonore que l’on désirait.

– Contrairement à beaucoup de groupes, votre style ne s’inscrit pas spécialement dans un registre précis, mais balaie au contraire de nombreux courants du Metal. C’est parce que vous écoutez tous des choses différentes qu’on perçoit autant d’influences chez KOUDETA ?

Oui, c’est exactement ça. On est tous fans de plein de courants et même de nombreux autres styles musicaux ! Cela va du gros Brutal Death jusqu’au Rock Progressif. On ne s’intéresse d’ailleurs pas tellement aux étiquettes, mais plutôt à la qualité intrinsèque de la musique quand on se penche sur un groupe. Et c’est certain qu’on ne souhaitait pas du tout s’enfermer dans un courant bien délimité, mais plutôt pouvoir exprimer une large palette musicale, d’autant plus qu’on peut compter sur la voix de Téona pour assurer dans un grand nombre de registres !

Photo : Pierre Guerin

– En revanche, il y a un aspect évident sur l’album, c’est qu’il est fortement ancré dans les années 90 et le spectre est même assez large. Beaucoup de nouveaux groupes surtout usent et abusent de samples, de boucles et de programmations. Est-ce que KOUDETA avance avec cette formule assez classique pour plus d’authenticité ?

On a tous été bercés par le Metal des années 90 et c’est là qu’on va trouver les principales influences du groupe : Pantera, Morbid Angel, Alice In Chains, Rage Against The Machine, Death pour citer celles qui nous paraissent les plus évidentes. Au niveau sonore, on souhaite en effet conserver une approche assez live et brute avec une formule basse-guitare-batterie, sans samples ou autre couche sonore. On ne s’interdit pas dans de futurs enregistrements d’enrichir la production, notamment avec du travail sur les voix et pourquoi un peu d’autres instruments mais, si c’est le cas, ce seront des titres qu’on ne reproduira pas en live. Le concept musical du groupe est d’être direct et authentique : notre son doit sortir des amplis, pas d’un ordinateur !

– Téona est géorgienne et plusieurs chansons sont très explicites au sujet de la Russie sur l’album. Au-delà de cette relation directe, est-ce que vous considérez KOUDETA comme un groupe engagé, ce qui se fait d’ailleurs de plus en plus rare en France ?

Certains textes ont effectivement une portée politique, mais KOUDETA est avant tout un projet artistique et le moyen d’exprimer nos émotions, nos frustrations, nos ressentis… Lorsqu’on évoque la politique, il s’agit avant tout d’exprimer ce qu’on a dans les tripes et dans le cœur sur ces sujets-là, comme lorsqu’on parle d’autres sujets non-politiques. La chanson « Bastard », qui parle de l’impérialisme russe et des conséquences sur la Géorgie ou l’Ukraine, n’a pas pour objectif d’avoir un quelconque impact politique, mais simplement de permettre à Téona de cracher la rage que lui inspire cette situation. Notre musique exprime ce qu’on ressent dans nos vies au quotidien, et la politique en fait partie, mais KOUDETA n’est pas pour autant un groupe qui se définit comme engagé politiquement.

Photo : Pierre Guerin

– Depuis quelques années, et c’est une très bonne chose, de nombreux groupes comptent une frontwoman dans leurs rangs. Est-ce que chez KOUDETA, c’était une volonté dès le départ, ou la question ne s’est même pas posée et Téona s’est imposée comme une évidence ?

Rien de prémédité là-dedans, on cherchait un chanteur et on savait que Téona avait un super potentiel, que ce soit au niveau musical ou scénique, et qu’elle avait un registre vocal assez large. Mais pour nous, garçon ou fille, ça n’a pas d’importance. Ce qui compte, c’est que ça marche aussi bien humainement que musicalement !!!

– Enfin, et malgré votre expérience personnelle et individuelle, KOUDETA fait partie de cette nouvelle vague de groupes Metal français sans complexe et il faut bien reconnaître que la scène hexagonale ne s’est jamais aussi bien portée, tant dans ses multiples talents que sur le nombre. Quel regard portez-vous là-dessus et votre envie est-elle aussi de vous exporter à courts ou moyens termes ?

C’est super que le Metal français commence à être présent à l’international et on aurait évidemment très envie de pouvoir défendre l’album à l’étranger !

Le premier album éponyme de KOUDETA est disponible chez Klonosphere.

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Dark Folk post-Rock Progressif Rock

The Ascending : le temps de l’élévation

Cela fait maintenant quelques décennies que la Cité des Ducs, c’est-à-dire Nantes, fleurit de belles histoires musicales et montre une grande diversité à travers les groupes qui la représentent. C’est d’ailleurs presque devenu un gage d’authenticité. THE ASCENDING en est le parfait exemple et son premier opus éponyme offre des sensations très pertinentes sur notre époque, où l’ancrage humain et naturel prédomine. Une réussite totale.

THE ASCENDING

« The Ascending »

(Frozen Records/Klonosphere)

Tous issus de la scène Rock et Metal nantaise, les six musiciens qui composent THE ASCENDING n’en sont pas à leur coup d’essai. Et pour preuve, on y retrouve des membres de Stinky, Alan Stivell, Les Hommes Crabes, Tsar, 20 Seconds Falling Man ou Kaiser. Autrement dit, du beau monde qui s’est réuni au sein d’un projet en forme de collectif, et surtout guidé par une liberté artistique qui prend ici une dimension saisissante.

Forcément avec de tels parcours et venant d’horizons aussi différents et même parfois opposés, il est assez difficile de définir avec précision le style de THE ASCENDING. Mais au fond, est-ce bien nécessaire ? Pour mieux appréhender ce bel éclectisme, il suffit d’être curieux et de se laisser aller, voire se perdre, dans ce savoureux mix de Dark Rock, de Folk atmosphérique teinté de Garage, de Post-Rock, de violon et d’une touche progressive.

Même s’il ne compte que six titres, « The Ascending » offre une belle idée des contours musicaux à l’œuvre. Mené par une chanteuse, Jessica Delot, et deux chanteurs, Clair et Eddy Kaiser, on croise dans ce premier opus des moments de poésie (« Circles In The Same Sky ») comme des passages plus engagés (« Waiting A Storm »). THE ASCENDING libère une force organique dans laquelle on se laisse prendre (« The Ascending », « Herons »). Très généreux !

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Metal Progressif

OSM : l’art du crescendo

En jouant sur les multiples facettes du Metal Progressif, à savoir l’aspect orchestral d’un côté et une sauvagerie très canalisée de l’autre, OSM présente un style très personnel et expressif. Mariant un chant clair très accrocheur et un growl loin d’être indispensable selon moi, le combo utilise de nombreux chemins et diffuse un concentré de Metal à la fois brutal et très mélodique sur ce très bon « Plagued By Doubts ».

OSM

« Plagued By Doubts »

(Klonosphere/Season Of Mist)

Partagé entre La Rochelle et Poitiers, OSM a seulement cinq ans d’existence et pourtant on reste bluffé par la maîtrise et la créativité du quatuor. Après une première entrée en matière remarquée avec « Which Way », le groupe revient avec un second format court, « Plagued By Doubt », où il a mis de côté le Stoner Metal de ses débuts au profit d’un Metal Progressif ravageur, balayant un large spectre musical.

Avec six morceaux s’étendant sur 36 minutes, on se dit tout de même qu’on était à deux doigts de se délecter d’un album complet, même si ce deuxième EP est déjà réjouissant à plus d’un titre. Et justement, ses titres, OSM les a particulièrement soignés et le mix de Chris Edrich offre un relief incroyable et un équilibre parfait à l’ensemble. Et si certaines compos brillent par leur complexité, on ne s’y perd jamais.

Sombre et massif, « Plagued By Doubts » pousse le côté progressif du groupe dans ses retranchements en plongeant dans des atmosphères extrêmes, qui font contraste avec d’autres plus aériennes (« Stuck In A Wrong » et le génial « Drown By Myself »). La lourdeur mêlée à la mélancolie est omniprésente, ce qui laisse à OSM un vaste terrain d’expérimentation (« Abyssal… », « … Loudness »). Un EP complet !

Photo : Julien Kors
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Metal Progressif

Klone : la marque des grands

En pleine ébullition depuis des années, la scène française de Metal Progressif connait une ascension fulgurante grâce à sa qualité et surtout à la constance de sa créativité. Fer de lance de cette explosion artistique, KLONE assume plus que jamais sa stature de formation incontournable de l’hexagone depuis 20 ans, et « Meanwhile » enfonce le clou de façon impressionnante.

KLONE

« Meanwhile »

(Kscope Music)

Très attendu, ce septième album de KLONE est à l’image de sa carrière, à savoir mené de main de maître. Avec le « Le Grand Voyage » et « Alive », les Poitevins exploraient de manière profonde un style très aérien, plus calme et même intimiste, loin de laisser insensible. Sur « Meanwhile », le quintet renoue avec un registre plus massif, plus Metal et remet le bleu de chauffe comme pour mieux en découdre.

Une sorte de retour aux sources, ou plutôt une affirmation de son ADN, dont les fans du groupe devraient se délecter. D’une authenticité sans faille et porté par une incroyable et majestueuse production signée Chris Edrich (Leprous, The Ocean), KLONE livre une partition dont il est difficile de se défaire. « Meanwhile » est imparable et se nourrit de l’élégance qui fait sa force.  

Si la prestation XXL de Yann Lignet au chant porte littéralement cette nouvelle réalisation, c’est un groupe très soudé et évoluant à l’unisson qui se présente ici. Très riche en arrangements et parfaitement équilibré, il est difficile de détacher l’un ou l’autre des dix morceaux de « Meanwhile ». De « Within Reach » à « Bystander » en passant par « Apnea », « Night And Day », « Disobédience » et le morceau-titre, KLONE s’élève encore un peu plus.

Photo : Léo Margarit
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Post-Metal Progressif

Hypnagone : d’une écrasante beauté

Féroce tout en faisant preuve de beaucoup de délicatesse et d’une grande minutie, ce premier opus d’HYPNAGONE est captivant et dégage une puissance phénoménale. Très moderne avec des accents futuristes, il émane de « Qu’il Passe » une énergie et une maturité évidente dans son écriture et son jeu. Le quatuor originaire de l’Est de la France se montre d’ores et déjà d’une créativité à toute épreuve.

HYPNAGONE

« Qu’il Passe »

(Independant/Klonosphere)

Pointus et pointilleux. C’est en ces termes qu’on pourrait décrire HYPNAGONE et son premier album. Autoproduit et distribué par Klonosphere, « Qu’il Passe » aura nécessité cinq ans de gestation et deux enregistrements. Pointilleux, donc. Et si l’on ajoute que le mix a été réalisé par George Lever (Loathe, Monuments) et le mastering par Mike Kalajian (Machine Head, The Dear Hunter), on peut dire sans excès que le groupe n’a rien laissé au hasard.

Réunis autour d’Antoine Duffour, bassiste et fondateur d’HYPNAGONE, Adrien Duffour (chant), Yann Roy (guitare) et Jérôme Binder (batterie) ont élaboré un post-Metal technique et très structuré, qui ne manque pourtant pas de repères. Très immersive, la musique du combo conjugue également des approches progressives, Metal et Rock, expérimentales et avec un soupçon jazzy. Et l’ensemble est massif, très organique et accrocheur.

Axé sur des thèmes personnels en lien avec les luttes intimes, « Qu’il Passe » se déploie sur onze titres d’une surprenante fluidité. Par ailleurs, la pochette est signée du compositeur Antoine Duffour et représente le ‘brutalisme’, un mouvement architectural caractérisé par une bétonisation à outrance. Et pourtant, les morceaux respirent et ne souffrent d’aucune froideur, bien au contraire. HYPNAGONE réussit un magistral tour de force.

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France Post-Metal

Cancel The Apocalypse : unplugged Metal [Interview]

Avec des instruments essentiellement dédiés à la musique classique, dont la moitié du groupe est issue, CANCEL THE APOCALYPSE a décidé de produire un Post-Metal, mais en version acoustique…! Fort d’un premier album, qui a autant surpris que séduit, le quatuor fait son retour avec « Terminus Stairway », sorte d’OVNI musical rapidement addictif. Arnaud Barat, le guitariste, revient sur la démarche du combo et ses multiples inspirations. Entretien.

– Avant de parler du nouvel album, Audrey et toi, vous avez une formation classique spécialisée en musique baroque, et le groupe est complété par Mathieu et Karol qui viennent quant à eux du Rock et du Metal. A quel moment avez-vous eu le déclic pour fonder CANCEL THE APOCALYPSE ?

Il n’y a pas eu vraiment de moment particulier. L’idée a fait son chemin progressivement avec certaines évolutions du Metal depuis la fin des années 90. On a d’abord adoré des morceaux comme « Kaiowas », « Jasco » et « Itsari » de Sepultura, qui introduisaient la guitare acoustique dans des albums de Metal. Ensuite le « S&M » de Metallica, où c’était tout l’orchestre qui faisait son entrée, et puis il y a eu System of A Down et ses sonorités arméniennes. A partir de là, on a vraiment eu le fantasme de créer un projet, dont le concept reposerait là-dessus : faire du Metal acoustique. La volonté était d’essayer de remplacer la guitare électrique par une guitare sèche, la basse par un violoncelle et d’essayer de faire en sorte que ça tienne la route face à un chant et une batterie Metal. On peut dire que pour nous le déclic a été de voir Matthieu œuvrer dans My Own Private Alaska. On avait trouvé la voix qui correspondrait, la personne adéquate pour tenter le coup. Mais il a fallu encore attendre quelques années pour qu’on ose lui proposer et que les choses se fassent.

– Ce qui est surprenant chez CANCEL THE APOCALYPSE, c’est cette quasi-absence de distorsion dans le son et vous affichez pourtant une puissance étonnante. Là aussi, c’est un parti pris, voire une contrainte, que vous vous imposez ?

Oui, oui, complètement, c’était un parti pris, mais plus vraiment une contrainte à partir du moment où on a eu la sensation que ça fonctionnait. Et en effet sur les deux albums, il n’y a qu’un endroit où il y a de la distorsion, c’est sur le refrain du morceau qui donne son nom au groupe, « Cancel the Apocalypse ». Et encore, c’est un choix de mix qui ne vient pas de nous, mais qu’on a décidé de garder comme un clin d’œil.

– On ne va pas se mentir, sur le papier, on pense à Apocalyptica. Est-ce qu’à l’époque, leur démarche vous a marqué, motivé, influencé ou juste piqué votre curiosité ?

Alors honnêtement, ça a juste piqué notre curiosité lorsqu’ils ont émergé avec leurs reprises de Metallica à quatre violoncelles. Ça confirmait l’idée que l’instrument se prêtait bien au Metal. Mais on n’est pas des gros fans d’Apocalyptica pour autant…

– Parlons de « Terminus Stairway ». Votre premier album, « Your Own Democracy » (2016), ayant reçu un très bel accueil et surpris beaucoup de monde, est-ce que vous aviez un peu plus de pression cette fois, ou c’est quelque chose à laquelle vous êtes imperméables et qui ne vient pas troubler votre travail ?

On a quand même pris beaucoup de temps pour sortir ce deuxième album, et puis pour nous CANCEL THE APOCALYPSE doit rester un truc où on s’amuse avant tout, où on fait les choses à l’envie. Les morceaux de « Terminus Stairway » se sont additionnés progressivement les uns aux autres au cours des dernières années. On en jouait déjà certains lorsqu’on tournait pour « Our Own Democracy » et les derniers-nés ont quelques mois, c’était donc un processus long. On n’a donc pas été troublé par la pression, on s’est juste demandé quelle direction on voulait donner à l’ensemble pour se faire encore plus plaisir. Là, le choix a été de renforcer encore le côté ‘musique de chambre’ par l’ajout de l’alto, que ça donne plus de corps au son. Puis après, on a forcément l’espoir que si ça nous plait à nous, ça plaise à d’autres, mais on ne joue pas notre ego là-dedans. On prend les choses comme elles viennent.

– A l’écoute de vos nouveaux morceaux, on a l’impression que vous vous basez sur un schéma de chanson Rock au sens très large pour composer. L’influence classique se ressent surtout dans les arrangements et le choix des instruments. Est-ce que finalement la musique classique contemporaine n’est pas trop éloignée en termes de structures d’écriture ?

Oui, c’est une très bonne remarque. Lorsque je compose les bases des morceaux, je le fais toujours dans une optique de chanson Rock de 3 minutes 30, avec des modèles très universels comme les Beatles ou Nirvana. Et c’est certain que si les choix de structure de base s’apparentaient à de la musique classique contemporaine, sans cadre de temps ou de répétition de cellules musicales, sans jamais aucune notion de couplet/refrain, ça rendrait le propos complètement opaque, voire prétentieux… On préfère, en effet, nourrir les morceaux par des choix d’harmonie et d’arrangements à l’intérieur d’une structure simple.

– Est-ce que, même inconsciemment, votre ambition avec « Terminus Stairway » est de rapprocher les publics classiques et Rock/Metal, qui se croisent assez peu ? Le guitariste Yngwie Malmsteen était allé dans ce sens dans les années 80 avec des solos et des mélodies inspirés de Paganini, notamment…

Oui, c’est même très conscient, mais on sait aussi très bien aussi qu’on court sans doute derrière des moulins en essayant de faire ça, ce qui n’est pas très grave non plus. (Sourires)

– CANCEL THE APOCALYPSE dégage beaucoup d’émotion musicalement, et il en émane aussi beaucoup à travers les voix. Les deux se complètent très bien et se retrouvent même à un niveau égal. Qu’est-ce qui influence le plus l’autre dans la composition d’un morceau ?

Alors forcément, vu que le travail se fait d’abord au niveau instrumental, Matthieu à la lourde charge d’essayer de composer sa voix sur une base pré-existante. Mais la composition de base se fait toujours avec le fantasme de ce qu’il pourrait faire par-dessus, avec une vision imaginaire de ce que sera le rendu final. Il y a donc une influence dans les deux sens qui fait que, pour l’instant, on ne s’est jamais retrouvés réellement bloqués. Il n’est même pas sûr que Matthieu ait déjà dit : ‘non, celle là je vais rien pouvoir en faire…’ depuis qu’on a commencé à travailler ensemble sur le projet.

– Il y a également une chose qui caractérise CANCEL THE APOCALYPSE, jusque dans votre nom : c’est votre engagement. Il est à la fois humain, social, politique et écologique. On a presque l’impression que c’est le point de départ du groupe. Cela fait partie des motivations premières, de mettre en musique des revendications et surtout des valeurs universelles, qui se perdent aussi d’ailleurs aujourd’hui ?

CANCEL THE APOCALYPSE, c’était avant tout une rencontre humaine. Des gens avec des goûts, des valeurs humaines et des positionnements approchants. On n’a pas vraiment la volonté d’être un groupe militant, mais forcément ça doit se ressentir dans nos textes, dans notre façon de communiquer parfois et c’est super si ça se ressent un peu dans notre musique. Mais en fait, on souhaite que cet aspect ne dépasse pas le cadre musical ‘subjectif’ et on préfère l’assumer dans nos vies personnelles, dans notre boulot et notre vie de tous les jours, par nos actes et ne pas faire du groupe un truc moraliste ou un peu lourd. Le nom CANCEL THE APOCALYPSEen lui-même est d’ailleurs autant une ‘prière’ qu’une blague de départ entre nous.

– Pour conclure, si vous deviez faire évoluer le groupe musicalement pour lui apporter encore plus de profondeur et peut-être de puissance, quel instrument trouverait sa place chez CANCEL THE APOCALYPSE ?

On aurait des tonnes de fantasmes par rapport à ça en fait ! Difficile d’en choisir un ! Alors en vrac : un quatuor à corde, voire un orchestre, des instruments indiens ou africains, des samples electro ! (Sourires)

L’album de CANCEL THE APOCALYPSE,  « Terminus Stairway », est disponible depuis le 10 juin chez Inverse Records/Klonosphere.

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Concerts France Metal

Jurassic Fest : dinosaurus headbanging [Interview]

Dès vendredi (le 20/05), Le-Grand-Pressigny, en Touraine, accueillera le JURASSIC FEST pour trois jours durant lesquels le Metal, le Hip-Hop, l’Electro et la Techno vont se réunir sous l’œil bienveillant de quelques dinosaures, venus en voisins. Avec une belle programmation, les organisateurs proposent un événement dont l’affiche est plutôt alléchante (Smash Hit Combo, Atlantis Chronicles, Beyond The Styx, Stinky, The Necromancers, Hard Mind, Carmen Sea, Final Shodown, …). Et il n’est pas trop tard pour s’y rendre !!!   

– La première édition du JURASSIC FEST aura lieu du 20 au 22 mai à Le-Grand-Pressigny. Qu’est-ce qui vous a motivé à l’organiser au départ et comment cela se présente-t-il à quelques jours de l’événement ?

Danny (organisateur) : Le JURASSIC FEST est une édition parmi une série d’événements passés durant lesquels on retrouve trois scènes distinctes : Metal, Hip Hop et Techno/Electro. Le festival reflète l’état d’esprit de notre collectif, en tant qu’organisateurs, puisque nous sommes implantés à titre personnel dans des milieux de la culture et dans des réseaux assez différents, mais complémentaires, les uns des autres. C’est toujours surprenant de pouvoir réunir des structures et un public venant de multiples horizons culturels le temps d’un festival. Effectivement, la pression monte énormément et nous sommes débordés à quelques jours du festival. Dans l’ensemble, cela se finalise bien, et c’est en partie grâce au soutien que nous apportent nos partenaires, notamment la SACEM, l’association FREEFORM et la société WWWY et ainsi qu’aux nombreuses préventes.

– Vous avez opté pour une thématique autour des dinosaures, de Jurassic Parc bien sûr et de la jungle. Et vous recommandez même au public de venir déguiser. Ca vous est venu comment ? Juste pour changer les B.O. des films de Spielberg ?

Arthur (membre du bureau) : L’idée trottait dans ma tête depuis assez longtemps. Des styles musicaux éclectiques et underground se produisant dans un environnement inédit, une infrastructure aux aires de Jurassic Park. Et puis, la franchise regorge d’idées que nous pouvons empruntées pour créer un lieu éphémère et unique en son genre avec une mise en scène et une décoration originale et vivante.

THE NECROMANCERS

– Avant de parler du contenu Metal de la programmation, vous avez prévu trois scènes avec des ambiances très, très différentes : Metal, Hip-Hop, Electro et Techno. Ce sont des domaines assez éloignés les uns des autres et le contraste va être saisissant. Vous pensez que ces publics souvent opposés peuvent se retrouver et cohabiter assez naturellement et artistiquement ?

Danny : Le public de ces trois scènes partagent beaucoup de similitudes, que ce soit au niveau de la fidélité à leurs milieux respectifs, ou de l’influence culturelle et leur mode de vie. Nous pouvons qualifier ces milieux comme étant très spécialisés, voire pour certains hermétiques. Pourtant, ils sont souvent engagés sur le plan social et surtout, ils sont très peu (ou mal ?) médiatisés en France. Et malheureusement, les financements et l’argent public ne les concernent pas, ou alors très difficilement. Et ils détiennent aussi des valeurs en commun.

Durant nos événements, c’est toujours surprenant d’être témoins de ce ‘clash’ des cultures parmi les publics. Dans l’ensemble, nous avons eu des retours très positifs de teuffeurs qui découvrent leur premier pogos, ou alors de metalleux qui hochent la tête et entrent en transe devant la Techno. Ce qui les rapproche le plus selon nous, c’est l’ouverture d’esprit, l’innovation musicale et la recherche artistique qui sont ancrés et qui continuent d’évoluer dans leur milieu respectif.

– En ce qui concerne la programmation Metal, vous avez fait appel à 12 groupes, tous français. C’est en soutien à la scène hexagonale, et plus simplement parce que le niveau est très bon ? Ou alors, c’était peut-être plus simple à mettre en place aussi…

C’est un pur hasard, et comme tu l’as précisé, la scène hexagonale nous réserve de belles surprises et des artistes de qualité. La plupart d’entre-eux sont plus ou moins proches de notre réseau d’organisation. Lorsque nous effectuons les choix de programmation, nous prenons également en compte les personnalités et l’ambiance au sein du groupe (idéologies, …), ainsi que leurs réseaux. Nous essayons de faire au mieux pour privilégier des rencontres artistiques intéressantes et enrichissantes pour tout le monde, dans le but d’élargir les réseaux et d’inciter les personnes à la découverte bienveillante et au partage. Nous privilégions les groupes proches géographiquement, puisque nous avons aussi des valeurs écologiques.

ATLANTIS CHRONICLES

– La qualité de la programmation est vraiment incontestable et les registres englobent des groupes Djent, Metal HardCore, Rock Occult, post-Metal… le spectre est large et même assez pointu. C’est ce que vous écoutez ou est-ce une réelle demande du public ? D’ailleurs, comment avez-vous élaboré le line-up du JURASSIC FEST ?

En tant qu’organisateurs, nous sommes investis dans la musique et nous sommes aussi porteurs de projets artistiques. Et grâce à nos expériences au fil des années, nous avons déjà pu partager la scène avec certains de ces artistes et tisser des liens. Comme je l’ai dit juste avant, nous prenons également en compte l’aspect humain de ces artistes. En ce qui concerne les choix musicaux, oui, ce sont des groupes que nous écoutons ou soutenons personnellement à travers nos réseaux respectifs.

– J’ai aussi remarqué que vous mettiez l’accent sur l’aspect écologique du festival. Quelles mesures concrètes avez-vous prises ? Et il faut aussi rappeler qu’au jurassique, la pollution était quasi-inexistence…

Danny : Selon des études récentes, l’aspect le plus polluant d’un festival est lors du déplacement du public (environ 70% des émissions). Pour ce qui est de nos initiatives suite à la crise écologique actuelle, nous mettons en place quelques actions concrètes :

– Création d’un groupe Facebook dédié aux covoiturages avec plus de 500 membres, et contenant des informations sur l’accès du festival par le biais des transports en communs (bus Rémi Touraine…) départementales et régionales.

– Optimisation et recyclage des matériaux (produits de récupérations etc…) destinés pour nos installations, la scénographie et une partie de nos décorations sur le site, mais aussi pour la signalétique, les panneaux, les infrastructures (récupération d’une caravane pour le stand des jetons, bars en palettes, etc…)

– Sensibilisation du public grâce à nos partenaires (associations, militants, artistes et affichage sur place…). 

Cette année, nous sélectionnons des prestataires spécialisés pour la restauration du festival (montage et démontage compris) : food-trucks bio, locaux et responsables qui travaillent avec des producteurs et fermiers de la région en donnant la priorité au bio local. Ils élaborent des menus conscients avec des régimes végans et végétariens, strictement sans bœuf (le bœuf étant l’un des aliments le plus néfaste pour nous et pour l’environnement).

Nos partenaires depuis le début des temps, La Cacaravane de Tours, interviennent également chaque année avec des toilettes sèches installées sur l’ensemble du site (parkings, camping, backstage etc…). Les déchets étant à chaque fois traités et compostés dans les règles à la fin du festival, afin de ne pas impacter le site. Nous interdisons l’accès à la forêt communale autour du festival en explicitant nos objectifs environnementaux.

BEYOND THE STYX

– Sans vouloir casser l’ambiance évidemment, on assiste en ce moment à de nombreuses annulations de concerts et de festivals faute de préventes suffisantes. Dans quel état d’esprit êtes-vous et ne pensez-vous pas plus largement que trop de festivals va finir par tuer les festivals ?

Danny : C’est important, voire essentiel, pour les acteurs et organisateurs du milieu de la culture de promouvoir des valeurs fortes et bienveillantes au sein de notre société, qui se doit d’évoluer sur énormément d’aspects, surtout avec les enjeux actuels. En ce sens, les événements et les organisateurs détiennent un rôle-clef dans la transmission et la sensibilisation du public. Nous encourageons d’autres festivals  à se démarquer, à s’exprimer et mettre en avant la bienveillance,- ainsi que leurs valeurs. Nous encourageons aussi le public à s’éduquer et se renseigner sur la quantité de travail qu’il y a autour de l’organisation d’un tel événement, même de petite envergure comme nous.

– Enfin pour conclure et toujours par rapport au jurassique : vous êtes plutôt ère mésozoïque ou phanérozoïque ? Car la question va se poser…

Arthur : Mésozoïque, bien évidemment ! L’ère des dinosaures a un aspect proche du merveilleux, où ces magnifiques créatures peuplaient tous les continents et prospéraient dans un écosystème symbiotique.

Toutes les infos à retrouver sur la page Facebook du festival :www.facebook.com/opgarencorp

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Hard-Core Post-HardCore

Anna Sage : sans sommation

Le magma dans lequel nous propulse ANNA SAGE sonne la révolte et donne l’assaut dans un Metal HxC brutal et sombre, qui n’en oublie pas pour autant de poser des ambiances savamment dissonantes et franches. Dans une veine post-HardCore sauvage, le quatuor parisien joue sur différents tableaux avec une redoutable efficacité. Rageur et captivant à la fois.

ANNA SAGE

« Anna Sage »

(Klonosphere)

A quelques mois près, ANNA SAGE fêtait ses dix ans d’existence. Un dixième anniversaire qui aurait pu être célébré de main de maître par ce premier album éponyme franchement digne de ce nom. Mais bon… Blague à part, avec « Anna Sage », les Parisiens entrent avec fracas dans la cour des grands, toujours armés du post-HardCore aussi ténébreux qu’incendiaire. Et le quatuor n’a rien laissé au hasard en appuyant là où il faut.

Après deux EP (en 2014, puis en 2018), ANNA SAGE n’a pas réduit la voilure et encore moins l’intensité de son jeu. Quatre ans plus tard, il renouvelle sa confiance à Francis Caste, celui-là même à qui l’on doit la superbe production du dernier album de Hangman’s Chair. Et bien leur en a pris, car on est d’emblée saisi par l’atmosphère de « Anna Sage » et  par la finesse des arrangements et du mix.

Moderne, technique et percutant, ANNA SAGE se veut à l’image du célèbre hors-la-loi, John Dillinger, coincé par le FBI grâce à une prostituée qui a donc donné son nom au groupe. Sans concession, parfois chaotique et toujours très frontal (« The Holy Mice », « Hostile Cage », « Sinner Ablaze »), les titres sont très compacts et cette première réalisation ‘long format’ offre des sonorités impactantes phénoménales (« Wall Of Hate », « Loveless »). Pleine face !