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Moon Shot : a giant step [Interview]

Les Finlandais risquent de devenir la nouvelle attraction Rock de ce printemps avec leur deuxième album, « The Power ». Un mois, presque jour pour jour, avant sa sortie chez Reaper Entertainment, MOON SHOT a déjà laissé échapper les singles « Yes », « Shadow Boxer » « Blackened Spiral » et « The Power », qui mettent le feu aux poudres dans les charts scandinaves et allemands depuis quelques semaines. L’occasion était belle de discuter avec Jussi Ylikoski (guitare/production) et Ville Malja (chant) de ce nouvel opus tout en puissance et en mélodie, qui vient sonner le renouveau de l’Alternative Rock européen.

– Avant l’interview, j’ai réécouté votre premier album « Confession » et la différence avec « The Power » est assez saisissante. Outre la production qui est nettement plus massive, l’intention n’est pas non plus la même. MOON SHOT a surpassé une certaine naïveté à l’œuvre sur le précédent. C’est également votre sentiment ?

Jussi : Tout d’abord, merci pour ta perspicacité. Je pense la même chose. A mon avis, l’écriture des chansons est plus riche et la production est plus sophistiquée sur « The Power ». Nous avons eu la chance de commencer à construire ce nouvel album en nous appuyant sur les acquis du précédent, donc le son et la production sont beaucoup plus délibérés, et cela donne le sentiment d’être moins naïf, c’est vrai.

Ville : Waouh, merci ! C’est bon à entendre ! Je pense que nous avons grandi ensemble en tant que groupe entre « Confession » et « The Power ». La période d’écriture des chansons a été aussi plus longue et très intensive. Nous avons travaillé avec Jussi pendant plus de deux ans sur les chansons de l’album. Et puis, il y a eu le Covid et l’invasion russe en Ukraine en même temps. Tous ces éléments ont un impact direct sur le processus. « The Power » est comme un journal très conséquent, qui raconte ce qui s’est passé au cours des 800 jours environ pendant lesquels nous avons travaillé sur le disque.

– Entre les deux albums, MOON SHOT a beaucoup grandi musicalement, tant dans la composition comme dans le son et l’approche. Quel a été le déclic ?

Jussi : Simplement l’envie d’évoluer et de faire un grand album de Rock, je suppose. En pratique, nous avons travaillé de la même manière et avec les mêmes personnes. Je pense que cela a vraiment payé. De cette façon, nous n’avons pas eu besoin de perdre de temps à chercher une autre manière de faire ou à changer nos habitudes avec un nouveau producteur, etc… J’avais largement le temps pour créer et produire suffisamment de bonnes chansons et vraiment d’en extraire toute la substance.

– Votre Alternative Rock montre une énergie incroyable et il y a même une certaine urgence dans de nombreux morceaux, comme si vous étiez pressés. Et de cette dynamique, il ressort beaucoup de sincérité et l’envie de propager un message très positif. Est-ce que c’est aussi une façon d’affronter l’état actuel de notre société ?

Jussi : C’est bien dit. Je pense qu’une bonne chanson Rock doit accélérer les battements du cœur et vous faire respirer plus vite aussi. Et la sincérité est au centre de MOON SHOT. Cela n’aurait eu aucun sens de faire cela sans être sincère. Nous n’avons pas la volonté, ou le désir, de nous cacher derrière quoi que ce soit, mais tout simplement de laisser les choses se dérouler d’elles-mêmes.

Ville : Bien sûr, et tout le monde peut aussi se cacher derrière un voile d’ironie. Tout le monde peut prendre la pose et crier ‘Fuck You !’. Mais avoir le courage de s’exprimer, d’ouvrir un dialogue et de se tenir sincèrement là où l’on est, et peu importe que cela soit effrayant, inconfortable et dérangeant, c’est ça la vérité. MOON SHOT n’est pas un groupe avec un message politique, mais nous pensons néanmoins que les plus grandes décisions ne peuvent être prises qu’en écoutant notre cœur. Il y a une boussole morale incorruptible en chacun de nous. Nous devons juste être assez courageux pour la regarder en face.

– J’aimerais aussi que l’on parle du son de MOON SHOT. Vous êtes les dignes héritiers des groupes scandinaves qui ont forgé une identité musicale très distincte que l’on retrouve en Finlande, mais aussi chez vos voisins et dans les mélodies surtout. Comment est-ce que la définiriez ? Ça n’a rien d’américain, par exemple…

Jussi : Il y a un fil directeur en matière de mélodies et de progressions d’accords, qui me touche vraiment. Ce décor musical est une combinaison de mélancolie, d’héritage slave avec également une touche moderne.

Ville : Nous essayons toujours de garder les choses simples. Avec Jussi, on a ce dicton : ‘ce n’est pas prêt si on ne peut plus rien ajouter, mais c’est prêt quand on ne peut plus rien enlever’. C’est en quelque sorte notre leitmotiv et la réponse à tous ceux qui s’interrogent sur les chansons de MOON SHOT.

– Toujours au niveau du son, vos morceaux contiennent des riffs puissants et amples, c’est vrai. Et plutôt (peut-être aussi ?) que d’utiliser des claviers ou des samples, il y a beaucoup de gimmicks à la guitare, qui rappellent un peu le jeu de Tom Morello, notamment. Est-ce que, justement, l’objectif est de conserver le son le plus brut et organique possible ?

Jussi : Oui, dans tous les cas. Mais la sensation brute et organique ne sert pas toujours les chansons de MOON SHOT. Il y a donc du temps et de la place pour une production plus scénique avec beaucoup plus de hauteur. Je pense que dans les riffs et les solos de guitare, le brut et l’organique fonctionnent. En tout cas, le style de Tom Morello me tient toujours à cœur.

– On parlait tout à l’heure d’urgence dans le jeu, mais vous avez aussi commencé la composition de « The Power » très peu de temps après « Confession » et les tournées qui ont suivi. C’est dû à la période de pandémie, ou à une créativité débordante amorcée dès le premier album ?

Jussi : Les deux. J’ai dû reporter la sortie de « Confession », car je sentais que j’étais sur une bonne lancée, alors j’ai décidé de profiter de ce temps d’arrêt pour commencer immédiatement à écrire de nouvelles chansons. C’était à l’été 2020.

– Il y a aussi une grande évolution dans l’écriture, qui se veut très fédératrice avec un esprit très ‘Stadium’, comme le veut l’expression consacrée. Si ça peut apporter une certaine intemporalité aux morceaux, cela les inscrit aussi dans une époque précise, non ? Dans un laps de temps défini… C’est assez paradoxal, finalement ?

Jussi : (Rires) oui ! Je suis un enfant de la scène Rock alternative et Punk/Hard-Core des 90’s et du début des années 2000. Cet héritage est profondément ancré en moi. Je pense que cela s’entend dans les chansons que j’écris, aussi ‘intemporelles’, soient-elles.

Ville : Je crois que l’intemporalité est quelque chose que l’on ne peut pas atteindre. Il n’y a pas de recette pour que les choses durent. La seule façon d’y parvenir est de faire de notre mieux et toujours un peu plus. La composition et les paroles impérissables sont toujours réalisées avec la plus haute qualité, et elle vient de l’aspect le plus sincère et le plus fidèle de l’artiste. On ne peut pas trop le concevoir ou le diriger, il suffit de s’y mettre et de respirer à travers les chansons et les paroles. Et avec un peu de chance, le résultat sera un jour de cette qualité.

– Pour « The Power », vous avez été particulièrement investi dans la production, surtout toi Jussi. L’objectif était d’obtenir le son que tu voulais dès le départ, ou est-ce que tu as découvert des possibilités qui t’ont permis de donner encore plus d’ampleur aux  morceaux avec ce côté très live également ?

Jussi : Il y a eu beaucoup d’apprentissage et de découverte de nouvelles possibilités musicales et de production tout au long du processus de création de « The Power ». Ma vision globale du son était déjà assez claire au début, mais nous avons découvert de nouvelles et de meilleures façons de mettre cela en pratique au fur et à mesure que les choses avançaient. Dans la phase de post-production, nous avons répété les chansons plusieurs fois et nous avons trouvé des choses à améliorer à chaque fois. Chanson par chanson et petit à petit.

– Jussi, tu as déclaré que la composition de « The Power » était le fruit d’un long travail de deux ans, depuis l’écriture jusqu’à l’ultime touche finale de la production. Quelles ont été les étapes marquantes de ce long processus pour vous ?

Jussi : La première étape à la fin de la deuxième session à l’E-Studio à Sipoo, en Finlande. A ce moment-là, nous nous sommes concentrés uniquement sur l’enregistrement de la batterie. Et nous avons fini par apporter des changements assez importants aux structures des chansons. En sortant de là, j’ai senti que nous avions pris de bonnes décisions en matière d’écriture et que nous avions de superbes prises de batterie enregistrées. Je sentais que tout allait très bien fonctionner, donc c’était une grande victoire.

La deuxième étape a été lorsque Juppu (Julius Mauranen, qui a mixé et coproduit l’album – NDR) et moi avons terminé le mixage final du premier morceau. C’était après une longue et exigeante période de post-production et d’enregistrements de guitare. Même si nous avions encore un long chemin à parcourir, je savais que j’avais la recette d’un mix Rock de classe mondiale pour MOON SHOT.

Enfin, la troisième étape a été celle où nous avons terminé les mixages finaux des 15 chansons.

– Enfin, vous êtes tous les quatre des musiciens expérimentés qui avez joué au sein de Children Of Bodom, Disco Ensemble et Lapko. Est-ce qu’avec MOON SHOT, vous êtes parvenu à accomplir ce que vous attendiez d’un groupe en votre for intérieur et de votre vision du Rock en particulier ?

Jussi : Je pense que c’est un miracle en soi que ce groupe existe et que j’ai la deuxième chance de vivre le moment de créer quelque chose à partir de zéro, de ressentir et de partager cette excitation. Pour moi, le véritable accomplissement est de trouver du sens et de la passion dans la création, la lecture de la musique et de rester inspiré. Le reste suit, quoi qu’il en soit.

Ville : Quand j’étais adolescent, je rêvais de partir en tournée à l’étranger, de me réveiller dans le bus et de rire beaucoup. C’est exactement ce que nous faisons en ce moment. D’une certaine manière, MOON SHOT est un miracle. Aucun de nous n’a vu venir ce groupe, mais nous y sommes. Il est un parfait exemple de la façon dont les plus belles choses arrivent par accident. Mais après ces moments miraculeux, il reste encore beaucoup de travail à faire. En ce qui concerne ce que nous pourrions encore réaliser. Je crois honnêtement que nous n’en sommes encore qu’au tout début. Cette fusée est sur le point de s’envoler encore bien plus haut bientôt ! (Sourires)

MOON SHOT sortira son deuxième album, « The Power », le 26 avril chez  Reaper Entertainment.

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Heavy metal Old School

Satan’s Fall : sur un rythme d’enfer

Costaud et efficace, le groupe nordique fait son retour avec une nouvelle réalisation qui, espérons-le, ne subira pas le même sort que la première passée inaperçue à cause de la pandémie. Entre Speed et Heavy Metal, SATAN’S FALL perpétue la tradition avec une vigueur qui l’honore et à l’ancienne, ce qui ne signifie pas qu’il regarde dans le rétroviseur, loin de là. « Destination Destruction » emboîte le pas des pionniers du genre avec beaucoup de modernité et sur un rythme d’enfer.

SATAN’S FALL

« Destination Destruction »

(Steamhammer/SPV)

Depuis « Seven Nights », sa première démo sortie en 2016, les Finlandais n’ont pas ménagé leurs efforts at après un EP, quelques singles, ils avaient même sorti un premier album, « Final Day », il y a trois ans en même temps qu’une compilation retraçant leurs débuts (« Past Of »). Cependant, comme beaucoup d’autres, c’est au pire moment que SATAN’S FALL avait décidé de prendre son envol. Entre temps, il a quitté son ancien label et a aujourd’hui toute la confiance de Steamhammer pour son deuxième opus. Une très bonne chose !

Et « Destination Destruction » ne manque pas d’intérêt. Les deux pieds dans les années 80, les Scandinaves s’inscrivent dans la mouvance NWOBHM à laquelle ils ont ajouté d’autres sonorités, passant par le Speed Metal et le Hard Rock notamment. Et SATAN’S FALL n’a rien de passéiste, bien au contraire, et offre à son registre beaucoup de puissance et de vélocité, ce qui rend cette nouvelle galette irrésistiblement actuelle d’autant que la production présente de l’impact, de la volonté et montre une belle assurance.

Mené par son inamovible frontman Mikka Kokko, on note les arrivées de Ville Koskinen comme lead-guitariste et Artu Hankosaari à la batterie, aux côtés de Tomi Mäenpää à la six-corde et Joni Pentander à la basse. Ainsi consolidé, SATAN’S FALL dispose de belles ressources et livre un « Destination Destruction » musclé et mélodique, qui nous renvoie aux fondamentaux du Heavy Metal en version réoxygénée et très accrocheuse (« Lead The Way », « Swines For Slaughter », « Kill The Machine », « Dark Star »). Punchy !

Photo : Toni Salminen
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Extrême France Livre

Editions des Flammes Noires : les reliures de l’extrême [Interview]

Avec 7.000 livres vendus en l’espace de quatre ans, Emilien Nohaïc est parvenu à installer LES EDITIONS DES FLAMMES NOIRES parmi les maisons incontournables de la scène Metal et plus particulièrement extrême en France. Entre traductions de livres biographiques d’artistes incontournables et récits consacrés aux scènes nationales comme celles du Black Metal finlandais, d’Arménie et de France, le Breton a également édité des romans et de beaux livres plus graphiques comme ceux de Jeff Grimal. Si le domaine est réservé, la palette n’en est pas moins large ! Moments choisis d’une longue et passionnante conversation avec un vrai passionné, qui nous en dit plus sur son travail au sein de cette entreprise en plein essor.

– Parce que tout le monde ne connait pas encore LES EDITIONS DES FLAMMES NOIRES, j’aimerais que tu nous dises quand est-ce que tu as créé la société, pour quelles raisons et combien de livres ont été publiés à ce jour ?

L’entreprise a été crée fin 2019 et le premier livre consacré à Rotting Christ est sorti en mars 2020. On vient de sortir notre quinzième livre autour de la scène Black Metal finlandaise. Nous faisons essentiellement des ouvrages autour du Metal et du Metal extrême. Cela peut être de la biographie, comme pour Behemoth très récemment, ou alors plus documentaire sur des scènes françaises et étrangères et également des beaux livres comme avec Jeff Grimal. D’ailleurs, on va en faire d’autres à l’avenir.

– Pourquoi as-tu jeté ton dévolu sur le Metal extrême, qui est plutôt un style de niche ? C’est un registre que tu affectionnes tout particulièrement, un univers qui te fascine ou c’est plus simplement pour combler un manque ?

Un peu tout ça finalement. J’écoute essentiellement et uniquement du Metal extrême comme le Black Metal et le Death Old School. Ce sont vraiment des styles que j’affectionne depuis de nombreuses années. Par ailleurs, je faisais déjà des traductions en 2015-2016 pour ‘Camion Blanc’, une autre maison d’édition, car j’avais beaucoup de temps libre à l’époque en étant prof de français à la FAC aux Etats-Unis. Et c’était aussi un désir personnel de développer des acquis dans le domaine de la traduction. En 2019, j’ai proposé le projet sur Rotting Christ, mais il y avait d’autres livres en cours et il aurait fallu attendre plusieurs années. Comme il y avait d’autres ouvrages dans le même style sur d’autres groupes du genre, je me suis dit que ce serait dommage qu’il ne sorte pas. Ça a été un déclic pour me pencher sur le travail d’entrepreneur, puisque l’Education Nationale ne me proposait rien d’intéressant. Et je me suis lancé très rapidement fin 2019. Je voulais aussi aller voir ce qui se faisait ailleurs, en dehors des groupes et des musiques plus grand public.

Au coeur des festivals, une présence devenue indispensable…

– Au départ, ton intention était d’abord de faire découvrir une musique très peu médiatisée, ou plutôt de faire découvrir de nouveaux auteurs, de belles plumes ?

Ni l’un, ni l’autre, figure-toi ! Je voulais tout d’abord faire des bouquins en français sur des groupes, dont on est tous fans dans le Metal extrême : Paradise Lost, Moonspell, Morbid Angel, etc… Ils ont tous une grosse communauté de fans dont beaucoup ne parlent pas anglais, ou n’ont pas envie de lire en anglais. Je voulais leur proposer ces livres-là et à des prix tout à fait corrects. Et le fait que cette musique ne soit pas très médiatisée n’est pas forcément un souci. Dans le Metal extrême, il y a des moyens de communication très efficaces à travers les réseaux sociaux, les webzines et les magazines, dont ‘Metallian’ qui m’a toujours soutenu. Donc, on n’a pas forcément besoin des gros médias nationaux.

– Quels sont tes critères pour décider d’éditer un livre et comment cela se passe-t-il ? Tu reçois un manuscrit ou une idée que tu peux éventuellement développer avec l’auteur ?

Ça, c’est valable uniquement pour les auteurs francophones. Pour les traductions, il faut que le bouquin me plaise, le groupe est assez secondaire finalement. Mais pour le français, il faut d’abord que la relation se passe bien avec l’auteur, puisque je suis seul à gérer tout ça. Il faut aussi qu’il y ait un bon accompagnement, c’est-à-dire que je puisse les aider et les guider et surtout que le projet m’intéresse. Par exemple, si on prend Pierre Avril qui travaille sur une série sur le Black Metal, son projet était très intéressant, notamment sur sa dimension. En revanche, quand il est arrivé, il m’a proposé 800 pages illisibles, qui partaient dans tous les sens. Je lui ai donc dit que je ne pouvais pas faire ce genre de livre, parce que c’était tout simplement imbuvable. Il a bien compris les choses. Je lui ai proposé de faire cinq chapitres répartis sur cinq livres différents. Et plutôt que d’avoir les pochettes d’albums, les mêmes logos, les mêmes photos présentes partout sur Internet, je lui ai proposé que ce soit un même artiste qui illustre chaque livre en intégralité. Et Maxime Taccardi a eu la gentillesse de travailler avec nous pour le premier et il a réalisé une quarantaine d’illustrations. Pour le deuxième, Von Kowen a interprété à sa manière les classiques gothiques de Gustave Doré. Et ça donne des livres qui sont concentrés sur des sujets très précis du Black Metal. L’idée est d’avoir un seul artiste qui va illustrer l’un des livres, ce qui apporte une cohérence et une âme à chaque fois. C’est très intéressant, car on a un travail différent sur les livres. Finalement, pour tous les livres, le travail est particulier et se distingue des autres.

– Récemment, tu as sorti la biographie de Behemoth, qui est donc une traduction. Dans ce cas-là, il y a des droits d’auteurs et j’imagine qu’il faut les obtenir ou peut-être même les acheter ? Comment cela se négoce-t-il ?

Effectivement, c’est un milieu très mercantile. Tout est monnayable. Donc à partir du moment où tu as les budgets, tu peux avoir globalement qui tu veux. Sans entrer dans les détails, pour Behemoth, c’était un véritable plaisir et un honneur de pouvoir avoir un groupe comme ça. Ils ont commencé très, très bas et aujourd’hui, ils sont au sommet de leur art et en tête d’affiche de tous les gros festivals. Ils seront d’ailleurs à la Philharmonie à Paris le 4 avril 2024. C’est un groupe qui est véritablement impressionnant. Qu’on n’aime pas leur musique, on peut le comprendre, mais leur parcours est exceptionnel. Pour la traduction, il a donc fallu acheter les droits, et c’est un budget ! Je n’ai pas le droit justement de donner les montants, car les négociations ont été compliquées. Et ce n’est pas Behemoth en tant que tel, ce sont les détenteurs des droits sur les livres. Dans certains cas, les groupes ne touchent pas forcément d’argent sur les ventes des livres, car le texte ne leur appartient pas. Et puis, ce n’est même pas non plus forcément l’auteur qui détient les droits. Ça peut être une maison d’édition, des agents… il y a des cas qui peuvent être assez complexes. Je n’ai pas traité avec Behemoth en tant que personne morale en direct, mais avec leur label américain ‘Metal Blade Records’, qui les produit depuis très longtemps.

– LES EDITIONS DES FLAMMES NOIRES publient les livres d’un ou de plusieurs auteurs, comme pour « Furie Arménienne », par exemple. Est-ce qu’il t’est déjà arrivé d’être à l’origine d’un projet, d’être le commanditaire en quelque sorte d’un ouvrage ?

Non, sauf quand je fais les démarches pour avoir les droits sur un livre dans une autre langue. Je fais part de mon intérêt et je fais une proposition avec aussi un pourcentage sur les ventes derrière. Ensuite, on négocie. Mais je ne fais pas d’appel à projet à proprement parler. J’ai déjà beaucoup de travail et de publications à sortir, et je n’ai pas encore le besoin d’en arriver là. De temps en temps, j’ai aussi des propositions intéressantes sur lesquelles je m’appuie.

« The Stoner Freaks Anthology », une bible pour tous les fans…

– En plus de l’édition, il t’arrive aussi d’être le distributeur d’un livre que tu n’as pas publié, comme c’est le cas pour « The Stoner Freaks Anthology ». On fait appel à toi pour ton réseau, ou c’est surtout pour développer ton activité ?

C’est un peu des deux. C’est vrai aussi qu’entre « The Stoner Freaks Anthology » et le Black Metal, plusieurs mondes les séparent ! En fait, les auteurs avaient lancé le projet avec un crowdfunding, qui avait cartonné et qui leur a permis de lancer l’impression de 750 exemplaires sur le premier volume. Quelques mois plus tard et parce qu’il y avait une grosse demande, ils m’ont proposé de reprendre le projet, de le publier sous le nom des FLAMMES NOIRES, mais sans toucher au texte et au prix. On a donc dû trouver des compromis avec l’imprimeur pour que ce soit viable avec un volume de livres assez conséquent pour que ce soit rentable aussi. On en a fait 1.000 exemplaires, qui sont partis sur un an et demi/deux ans. Il s’est donc vendu au total à plus de 1.700 exemplaires très rapidement. Sur le deuxième volume, ils ne voulaient pas gérer la logistique des envois et la réception, ce que je comprends bien. Pour l’anecdote, quand le premier volume est arrivé chez moi, cela représentait trois tonnes de livres ! C’est conséquent quand tu vis en appartement ! Et quand tu vois que tout est parti, c’est quelque chose qui fait vraiment très plaisir d’autant qu’il s’est passé la même chose sur le deuxième ! 

– L’été vient de s’achever avec de nombreux festivals Metal sur lesquels tu étais régulièrement en tant qu’exposant. C’est important d’aller au contact des fans de Metal et de pouvoir directement leur parler des livres des EDITIONS DES FLAMMES NOIRES ?

Complètement, parce qu’aujourd’hui sur les réseaux sociaux et même sur Internet plus largement, c’est difficile d’émerger et de se faire une petite place. On est noyé dans la masse et rien de concret ne se produit derrière. Et surtout, je ne vends que des objets physiques et c’est donc important d’avoir une relation physique avec les gens. Il faut qu’ils puissent le prendre dans les mains, le regarder, le feuilleter et toujours sans obligation d’achat. Les festivals sont nécessaires pour aller vers les gens, car ils ne viendront pas forcément vers toi. Il y a un choix devenu très important et très différent, et qui va bien au-delà des livres avec notamment du merchandising en tout genre, les vinyles et même les cassettes, par exemple.

L’histoire du Black Metal finlandais…

– Tu travailles essentiellement en faisant de la VPC et tu es donc présent sur les festivals, ainsi que dans quelques librairies. Quels sont les principaux obstacles que tu rencontres au niveau de la distribution ?

Une fois encore, c’est un peu plus compliqué que ça en a l’air. Au début, tout passait par moi et le site internet (lien en bas d’interview – NDR), où il y a l’ensemble du catalogue avec une grande variété d’ouvrages comme des romans également. Les principaux obstacles viennent du fait que l’auteur soit connu, ou pas, et que les ventes aient un volume suffisant, parce que cela coûte très cher. Pour le moment, je n’ai pas encore atteint le niveau de vente nécessaire ou de catalogue pour que ce soit intéressant pour les distribuer un peu partout. En 2024, il va y avoir du changement, car j’ai signé les contrats de distribution des livres avec la société Geodif, qui appartient à Gallimard (groupe Eyrolles – NDR). Et ça fait vraiment plaisir ! Ce sont donc eux qui vont gérer les stocks, assurer de la promotion des livres et de leur mise à disposition dans les librairies indépendantes, ainsi que les FNAC, Cultura, les points Leclerc, etc… C’est une super évolution et qui s’est faite en très peu de temps.

– Aujourd’hui, LES EDITIONS DES FLAMMES NOIRES sont focalisées sur les musiques extrêmes. Est-ce que tu envisages à l’avenir de t’ouvrir à d’autres registres, voire d’éditer des ouvrages d’un tout autre genre littéraire ?

Oui, non et pas du tout, en fait ! (Rires) Ma ligne éditoriale est très simple : il faut que ça parle de Metal et de Metal extrême. Si tu me proposes un bouquin sur Led Zeppelin, je te dirai d’emblée que je ne suis pas intéressé, car ça ne rentre pas dans ma ligne éditoriale justement. Ce n’est pas que je n’aime pas le groupe, c’est tout simplement que ce n’est pas ce que je veux. Et il y a d’autres maisons qui font ça très bien et qui le feront mieux que moi. Si quelqu’un vient avec un projet sur Nightwish, par exemple, qui est un groupe un peu plus grand public, et que c’est bien fait, que c’est intéressant, que ça se lit bien et qu’il y a plein de belles photos : je serai partant, alors que Nightwish n’est pas un groupe que j’apprécie. Il faut que ça reste dans cette optique-là. Le plus important est la pertinence par rapport à la ligne que je me suis fixée.

L’histoire des Norvégiens d’Ulver, le petit dernier…

– Il y a une chose de remarquable avec les livres que tu édites, c’est l’importance et le soin apportés à la mise en page et surtout à l’iconographie. Tu les places au même niveau que l’écriture dans le sens où un bon texte se doit d’être accompagné de visuels de qualité ?

Il faut que je prenne du plaisir avec mes bouquins et si je n’en prends pas, ça ne sert à rien. C’est aussi simple que ça. Les images et les photos permettent d’illustrer un texte et de prendre des respirations aussi. Si tu prends le livre sur Behemoth, l’image et le texte sont placés au même niveau, car ils sont complémentaires. L’image raconte aussi beaucoup de choses, qui ne sont pas forcément perceptibles dans le texte. C’est super de pouvoir visualiser ce que tu lis. Mes livres sont loin d’être parfaits, car il y a toujours des petites coquilles qui traînent, une mise en page qui peut être un peu trop tassée parfois ou des choix qui ne sont pas toujours judicieux. On apprend et on s’améliore au fur et à mesure. On apprend aussi de ses erreurs, tout simplement pour grandir. Je n’avais aucune expérience en commençant et j’ai appris en faisant les choses, en étant attentif aux détails. Pour les visuels, il faut toujours trouver le juste milieu, car il faut que ça respire. Et puis, étant aussi amateur de livre et de cette musique, j’ai envie de m’y retrouver et d’avoir envie de le lire. Cela nécessite également une prise de distance avec le temps, pour regarder les choses dans leur globalité. Et puis, chaque livre a sa propre identité et c’est exactement ce qui me plait. La recherche d’équilibre est toujours centrale finalement. Et cela n’empêche d’ailleurs absolument pas d’aborder un groupe sous des angles très différents, car il y a tout un monde derrière et autour des musiciens.

– Depuis la création de la maison d’édition, t’est-il déjà arrivé de refuser un manuscrit ou un projet et pour quelles raisons ?

Oui, j’en refuse régulièrement, car cela ne correspond, une fois encore, pas à la ligne éditoriale. On me propose du polar, de la science-fiction ou autre et je refuse, car cela ne m’intéresse pas. Et puis, il y a aussi le côté affectif. Il faut que je me sente en confiance avec l’auteur. C’est un bon point de départ, parce qu’on va s’engager sur plusieurs années et si le courant ne passe pas, ça peut vite devenir compliqué. Après, il y a forcément des moments de crispation, d’incompréhension et de malentendu. C’est normal, puisque qu’on parle de relations humaines. Il faut ensuite que ce soit bien pensé, viable et pertinent. Le parcours de l’auteur est aussi très important, car il apporte un témoignage sur quelque chose qu’il a vécu et/ou qu’il connait très bien. Ecrire un livre demande énormément de travail sur la longueur et beaucoup jettent aussi l’éponge. Des idées, on en a tous, mais les concrétiser est plus compliqué, car ça demande de la pugnacité, de l’engagement et de l’acharnement. Et puis, il faut aussi être en capacité de se voir dire non à de nombreuses reprises pour des raisons qui ne sont d’ailleurs pas toujours légitimes. Il faut savoir faire des choix et ensuite les assumer. Ce que j’ai vraiment appris, c’est que rien n’est jamais simple…. Et comme j’aime bien me faire chier, je suis plutôt heureux ! (Rires)

– Enfin, est-ce que lorsqu’on est éditeur, on a des désirs d’écriture ?

Au début, peut-être un petit peu, mais aujourd’hui pas du tout. Et puis, je n’ai pas le temps. Plus tard sans doute, j’aurais envie de me faire plaisir avec des groupes dont on ne parle peut-être pas assez. Pour le moment, je suis débordé et je n’ai pas la tête pour ça. J’ai déjà fait beaucoup de chroniques de livres, car j’ai tenu un blog pendant un moment, mais très éloigné du Metal. D’ailleurs, je préfère parler de présentation plutôt que de chroniques, et il s’agissait essentiellement de littérature américaine.

Tous les livres des EDITIONS DES FLAMMES NOIRES sont bien sûr disponibles sur le site : https://edt-flammes-noires.com

Retrouvez la présentation du livre consacré à Behemoth :

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Blues Rock

Erja Lyytinen : le diamant de Finlande

Dès la fin des confinements, la virtuose ERJA LYYTINEN a repris le chemin des concerts avec une énergie folle et une incroyable intensité. C’est chez elle, en Finlande, qu’elle a immortalisé « Diamonds On The Road – Live 2023 » le 11 mars dernier. Parfaitement capté et remarquablement produit, c’est une véritable immersion que propose la chanteuse et songwriter scandinave. Un pur moment d’émotion gorgé de feeling.

ERJA LYYTINEN

« Diamonds On The Road – Live 2023 »

(Tuohi Records)

Considérée à juste titre comme l’une des meilleures performeuses live actuelles en matière de Blues Rock, la Finlandaise vient confirmer sur « Diamonds On The Road » l’étendue de sa vaste palette. Ce double-album enregistré à Rytmikorjaemo, Seinäjoki, est déjà le quatrième qu’elle capture sur scène et il vient s’ajouter à ses douze albums studio. Alors que le précédent, « Lockdown Live », reste un témoignage de la période de la pandémie, on retrouve ici ERJA LYYTINEN dans une salle comble et électrisée.

Devant un public totalement acquis, la blueswoman balaie son répertoire avec talent en alternant des morceaux de ses anciens disques avec le dernier en date, « Waiting For The Daylight », qui est largement représenté pour le plus grand plaisir de ses fans… et le nôtre ! ERJA LYYTINEN reprend aussi à son compte le « Crosstown Traffic » de Jimi Hendrix avec beaucoup de personnalité. Long d’une heure et demie, « Diamonds On The Road », nous plonge littéralement au coeur du concert.

Ce qui est aussi assez renversant avec ce double-album, c’est de mesurer l’évolution de la guitariste, qui utilise jusqu’à six instruments différents qu’elle adapte aux titres joués. Son jeu est varié, explosif et l’on décèle même des touches Hard Rock, histoire d’apporter encore plus de puissance à son set. ERJA LYYTINEN nous gratifie également d’un inédit chanté en Finnois (« Vaïnämöinen Tuonelassa ») inspiré du tableau du peintre Pekka Halonen et dans une ambiance très Folk Metal. Brillante… une fois encore !

Photo : Peter Verstraeten

Retrouvez la chronique du dernier album studio de l’artiste :

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Heavy Psych Rock Stoner Doom Stoner Metal

[Going Faster] : Superlynx / Orbiter

Les plus fidèles d’entre vous se souviennent sûrement des [Going Faster] que j’avais mis en place, afin de pouvoir parler d’un maximum d’albums pour faire face à l’avalanche de sorties. Les groupes ne semblaient pas vraiment apprécier la formule, alors j’avais arrêté, histoire de ne froisser personne, mais aussi au risque de passer à côté de bien belles choses. Cela dit, il faut faire des choix et ce sont souvent les mêmes qui en pâtissent.

L’une des conditions était que les planètes soient alignées, qu’il y ait donc des points communs et une démarche artistique proche. C’est le cas ici avec les Norvégiens de SUPERLYNX et les Finlandais d’ORBITER. Les deux voisins évoluent dans un registre Psychedelic Doom Rock/Metal, sont guidés par une frontwoman et surtout partagent le même label : Argonauta Records. Alors, allons-y !

SUPERLYNX

« 4 10 »

(Argonauta Records)

Pour leurs dix ans d’existence, les Norvégiens opèrent quelques changements avec la sortie de « 4 10 ». Tout d’abord, le groupe fait son arrivée sur le label italien Argonauta Records et surtout il accueille à la guitare et en live Espen Krøll. Musicalement, on retrouve le style si particulier de SUPERLYNX voguant dans un Psych Rock profondément Doom et Heavy. Au chant, Pia Isaksen (également bassiste) hypnotise toujours autant, parfaitement soutenue par Ole Teigen (batterie) et Daniel Bakken (guiatre). Très atmosphérique, le registre du combo peut laisser penser à une jam directement inspirée par les rêves et une part de surréalisme. Et si la noirceur de « 4 10 » est envahissante, la lumière entre aussi de bien des manières. Avec ce quatrième album, SUPERLYNX s’impose avec classe et une sincérité débordante.

ORBITER

« Hollow World »

(Argonauta Records)

Derrière cette fascinante pochette se cache un opus qui l’est tout autant. Déjà enthousiasmant sur « The Deluge », son premier EP sorti en 2020, la formation d’Helsinki se présente avec un long format, qui en dit déjà long sur ses ambitions et son talent. Mixé et produit par Hiili Hiilesmaa (Him, Apocalyptica) et masterisé par Ted Jensen (Alice In Chains, Mastodon), « Hollow World » fait l’écart et surtout la jonction également entre un Doom Metal massif et un Stoner Rock puissant et dynamique. ORBITER montre beaucoup d’assurance et de créativité, à l’instar de sa chanteuse Carolin, qui enveloppe les morceaux de sa voix captivante, tranchant ainsi avec les riffs acérés et l’ambiance psychédélique à l’heure tout au long de ce premier album. Une montée en puissance très réussie sur des morceaux qui ne manquent pas de créativité.  

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Blues Blues Rock Contemporary Blues

Micke Bjorklof & Blue Strip : colors of soul

Faisant partie des plus grandes formations Blues d’Europe du Nord aux côtés de Bjørn Berge et de la reine de la slide Erja Lyytinen avec qui il a d’ailleurs travaillé, MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP joue du Blues en ne se contentant pas de quelques chapelles, il englobe l’ensemble du style avec un feeling et une dextérité sans faille. Avec « Colours Of Jealousy », le chanteur, guitariste et songwriter éblouit encore une fois de sa classe et de celle de ses partenaires.

MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP

« Colors Of Jealousy »

(Hokahey Music Productions)

Depuis plus de 30 ans, le multi-instrumentiste alterne avec ses formations, MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP en électrique et Micke & Lefty feat. Chef dans un registre acoustique et en trio. Dix albums sont déjà sortis et c’est avec son quintet qu’il se présente cette fois avec ce « Colors Of Jealousy » de toute beauté. Le bluesman finlandais se montre toujours très inspiré et la qualité d’interprétation est encore irréprochable.

Primé à de nombreuses reprises, le Scandinave affiche une grande créativité, bien aidé dans son effort par un groupe exceptionnel. MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP parvient avec une facilité déconcertante à faire le pont entre un Blues contemporain, un Blues Rock enflammé avec quelques touches bien senties d’influences du Delta et un soupçon de Nouvelle-Orléans et de Country. Un rayonnement incroyable.

Si « Colors Of Jealousy » arrive huit ans après « Ain’t Bad Yet », c’est que le groupe a beaucoup tourné, mais notre patience est magnifiquement récompensée. Enveloppé par les chœurs de Lena Lindroos et la slide de Lefty Leppänen, MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP joue sur la corde sensible, tout en parvenant à garder un rythme d’enfer (« Highway Highway », « Missing My Woman », « Are You Real », « Through You Were Mine », « Into The Fire », « It Takes Two »). Eblouissant !

Photo : Mikko Parkkonen
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Melodic Metal Metal Indus Modern Metal

Endless Exam : une énergie submergeante

Pour son premier opus, le combo finlandais frappe fort et affiche même une belle audace. Loin des clichés habituels, ENDLESS EXAM fait preuve de beaucoup d’aplomb, d’une grande liberté et la pertinence des arrangements de « Voice Of Passion And Agony » conjuguée à une envie plus que palpable, des riffs racés, des solos bien sentis et surtout une chanteuse dont le charisme éclabousse l’album, font de lui une réalisation très réussie.

ENDLESS EXAM

« Voice Of Passion And Agony »

(Inverse Records)

« Voice Of Passion And Agony » est le genre de disque qui fait du bien par les temps qui courent. ENDLESS EXAM, pour son premier album, bouscule les codes du Metal actuel grâce à une modernité et une fougue exacerbée, ainsi qu’un côté théâtral qui ne manque ni d’originalité, ni de fraîcheur. Formé en 2020, le groupe a déjà sorti quatre singles, tous très bien accueillis tant par la presse que par le public et le quatuor ne manque franchement pas d’ambition.

En s’appuyant sur des claviers pour développer les atmosphères et donner du relief à ses morceaux, ENDLESS EXAM s’est créé un univers à la fois décadent et très bien structuré. En frontwoman de choc, Nina Kuronen libère une incroyable énergie et se montre capable de se fondre dans n’importe quel registre, du Heavy à l’Indus. Hyper polyvalente, elle capte l’attention en maniant la douceur et la férocité avec une grande habileté.

Bâtis comme des tableaux, les dix titres de « Voice Of Passion And Agony » sont dotés d’une dynamique qui donne une belle unité à l’ensemble. Sans forcément jouer sur la vélocité, ENDLESS EXAM navigue entre les émotions avec un aspect très fédérateur, notamment dans les refrains qui restent rapidement gravés («  The Voice », « I Ain’t Your Toy », le génial « Wilride », « Consealed Truth », « Mother of Mercy », « Solaced Mind »). Envoûtant !

© 2021 Nina Mönkkönen +358504633473, all rights reserved
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Dark Gothic Dark Metal Glam Metal Horror Metal

The 69 Eyes : vampirizing

Toujours aussi passionné, mystérieux et arborant ce petit sourire énigmatique, inquiétant et provocateur, THE 69 EYES continue de faire vibrer le monde gothique en étant depuis trois décennies l’un des patrons du Rock/Metal Dark et Glam. Entraînants et dotés d’une séduisante fraîcheur, le temps n’a pas de prise sur les Scandinaves, dont chaque nouvel album semble être une cure de jouvence. Et « Death Of Darkness », avec ses sonorités très 80’s, est un modèle du genre.

THE 69 EYES

« Death Of Darkness »

(Atomic Fire Records)

En plus de 30 ans de carrière, THE 69 EYES n’a jamais change de line-up, ce qui force le respect. Musicalement, c’est un peu la même chose, puisque le quintet ne bouleverse pas beaucoup les bases très solides de son Dark Rock teinté de Metal. Par conséquent, ce nouvel et treizième album ne déroge pas à la règle, il s’inscrit dans la continuité et fait honneur au style gothique dont la formation est un pilier… et pas des moindres.

Morbidité, Glam, sexe et surnaturel sont toujours les ingrédients favoris de THE 69 EYES et malgré tout, « Death Of Darkness » se montre très entraînant et même vampirisant à plus d’un titre. A travers sa musique, il continue donc sa mission : rendre son Rock/Metal toujours aussi sombre et accessible et ce ne sont pas ces nouvelles compositions, qui vont entraver sa route. Le groupe va de l’avant et se fait plus actuel que jamais.

Si l’on peut penser à Billy Idol (« Dying In The Night ») ou à Sisters Of Mercy (« Drive »), THE 69 EYES reste identifiable entre tous et détenteur d’une empreinte inimitable. On notera aussi cet excellent duo avec Kat Von D, « This Murder Takes Two », où l’on imagine facilement ceux chantés à l’époque par un certain Johnny Cash. Les Finlandais ouvrent leur spectre et on se régale de tant de créativité (« California », « Sundown », « Outlaws »).  

Photo : Marek Sabogal
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Post-Metal post-Rock

IAmber : dantesque

Dans une mélancolie presqu’addictive où viennent se joindre colère et fracas, IAMBER se présente avec un nouvel opus déroutant, qui vient secouer les émotions avec minutie. Avec « Mercurial Shakes », c’est à un vrai travail d’auteurs que ce sont livrés les quatre membres du combo nordique. Tour à tour post-Metal, post-Rock, Noisy et Sludge, le groupe pulvérise les codes et délivre une empreinte musicale faite d’instinct et d’énergie brute.   

IAMBER

« Mercurial Shakes »

(Wormholedeath Records)

Affilier IAMBER au Post-Metal n’est certes pas une hérésie, mais cependant à l’écoute de ce troisième album, les pistes explorées sont si nombreuses que ce serait tout de même un peu réducteur. Usant de sonorités post-Rock, Noisy et même Sludge sur des passages fracassants, les Scandinaves multiplient les soubresauts avec une incroyable dextérité et des élans exaltants d’une grande beauté. Crépusculaire et magique.

D’une froideur hypnotique, le quatuor finlandais évolue dans un univers bien à lui, maniant à l’envie les sonorités extrêmes ou délicates. Il en va de même pour le chant, qui passe d’une clarté mélodique à un scream ravageur. Toutes ces variations sont guidées par un son très organique et saisissant de puissance. IAMBER cultive un environnement plein de relief basé sur une dynamique de chaque instant, qui prend vite aux tripes.

Martial ou langoureux, le groupe nous trimbale sans complaisance dans une fuite en avant effrénée comme pour mieux nous perdre. Mais on est vite rattrapé par cette intensité omniprésente, qui vient sonner le réveil des sens (« I Am The Boundary », « Atomist », « Tourbillon », « Each One A Setting Sun »). IAMBER écrase autant qu’il séduit et la force que dégage « Mercurial Shakes » est d’une rare singularité.     

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Hard Rock

Lordi : monsters awards

Délicieusement horrifique, tellement fun et terriblement Rock’n’Roll, LORDI reste fidèle à lui-même et son leader et maître à penser n’est toujours pas à court d’idées. Cette fois, c’est dans les pas d’une association de scénaristes hollywoodiens du début du siècle dernier que nous embarquent les monstres sur ce « Screems Writers Guild » accrocheur et toujours aussi bien produit.

LORDI

« Screem Writers Guild »

(Atomic Fire Records)

Après avoir sorti le monumental « Lordiversity », coffret de sept albums inédits, et enchainé les concerts, LORDI fait déjà son retour deux ans tout juste après ses dernières réalisations. Probablement saisi d’une frénétique créativité, le quintet finlandais signe avec « Screem Writers Guild » son 18ème album en trois décennies d’une belle carrière. Qu’il est loin le temps de l’Eurovision…!

Pour ce nouvel opus, le groupe présente son nouveau guitariste Kone venu remplacer Amen, parti pour incompatibilité après 25 ans de bons et loyaux services. Et il faut reconnaître que LORDI ne perd pas au change, puisque le nouveau six-cordiste, dont on ne connait pas non plus l’identité, se fond parfaitement dans l’univers monstrueux des Scandinaves et de ses nouvelles compos.

Après avoir parcouru et s’être immergé dans sept styles différents sur « Lordiversity », le combo renoue avec son registre de prédilection : un bon vieux Hard Rock aux saveurs 90’s mélodique, entraînant et fédérateur. Et dans le domaine, on peut dire sans se tromper que LORDI s’y connait et maîtrise son sujet. Ce nouvel effort est joyeux, vivifiant et blindé de titres entêtants.