C’est du côté de l’Espagne que la guitariste, compositrice et productrice, Sonia Anubis est allée reconstruire le line-up de son groupe COBRA SPELL. Après avoir œuvré dans le Heavy Metal de Burning Witches et le Death Metal de Crypta, c’est dans un registre très 80’s que l’autodidacte hollandaise s’épanouit aujourd’hui. Après deux EP, c’est sous la bannière de Napalm Records que le quintet livre « 666 », un premier album très varié, Heavy et solide, où les femmes dictent leurs règles. Entretien avec une musicienne très enthousiaste.
– Avant de parler de votre premier album, j’aimerais que l’on parle du line-up de COBRA SPELL, qui a changé depuis « Anthems Of The Night ». En dehors de toi bien sûr, Sonia, la formation est entièrement espagnole. Comment vous êtes réunies et est-ce que tout le groupe est dorénavant installé en Espagne… ou ailleurs ?
J’ai fondé le groupe avec le rêve de créer un groupe de Heavy Rock inspiré des années 80. COBRA SPELL a démarré comme un projet parallèle avec des musiciennes vivant à l’international. Les deux EP, « Love Venom » et « Anthems of the Night », ont été extrêmement bien reçus, au-delà même de nos attentes. Depuis, le groupe a grandi et a eu de belles et multiples opportunités, ce qui a conduit à des changements. Il faut être prêt à tout. Maintenant que nous avons signé avec Napalm Records et que nous sortons un premier album, le groupe avait besoin d’un line-up solide comme le roc et le moyen le plus simple d’y parvenir était de ne pas vivre trop loin les unes des autres. Nous sommes donc majoritairement installées en Espagne.
– Tu as fondé le groupe il y a quatre ans maintenant après tes expériences au sein de Crypta et Burning Witches, qui étaient également des groupes entièrement féminins. Que tu sois entourée de femmes était aussi ta priorité pour COBRA SPELL ?
En fait, COBRA SPELL a été fondé avant Crypta et non pas suite mon départ de ces groupes. Et faire partie d’une formation entièrement féminine est quelque chose de très valorisant. Lorsque je faisais partie de Crypta, j’ai vu beaucoup de jeunes femmes venir me voir et me dire que ce que je fais en tant que musicienne les inspirait. Le sentiment d’avoir cet effet sur d’autres femmes est incroyable. A l’époque où nous vivons, il existe toujours un déséquilibre entre les sexes et il est donc important d’avoir des modèles féminins et également de se serrer les coudes en tant que femmes et se soutenir mutuellement. J’ai donc décidé de faire de COBRA SPELL une formation entièrement féminine pour diffuser cette énergie dans le monde de la musique.
– D’ailleurs, tes deux anciens groupes évoluent dans des styles très différents de COBRA SPELL. Est-ce que, maintenant, tu fais enfin ce que tu as toujours voulu musicalement et est-ce que c’est aussi ce qui t’avait déjà justement poussé à monter ton propre projet ?
Oui, c’est vrai ! COBRA SPELL est le groupe où je peux exprimer ma créativité et ma vision musicale sans contraintes. Après avoir été musicienne ‘live’ pendant dix ans auparavant, il était temps de me lancer dans quelque chose de plus personnel ! Et c’est la meilleure décision que je n’ai jamais prise de m’engager pleinement dans COBRA SPELL.
– Après « Venom Love » (2020) et « Anthems Of The Night » (2022), le premier album sort enfin. C’était important pour toi de passer avant par deux formats courts, ou c’est juste une question de circonstances ?
Il était important pour COBRA SPELL de sortir d’abord ces deux EP pour trouver la bonne identité au niveau du son, mais aussi au niveau du line-up. Je voulais aussi sortir un album uniquement avec le soutien d’un label. La signature avec Napalm Records et la solidification du line-up font que nous sommes prêtes à 100% pour ce premier album ! Hell yeah !
– Avec COBRA SPELL, vous explorez un Heavy Metal très Sleaze, aux multiples influences et surtout très marqué par les années 80. Est-ce que, comme beaucoup de fans, tu considères cette époque, qu’aucune d’entre-vous n’a d’ailleurs connu, comme l’âge d’or du Metal ?
Absolument ! Je ne l’ai pas vécu, mais la meilleure musique, les meilleurs films, les voitures, le design, tout ce que vous voulez… viennent des années 80 !
– « 666 » présente donc un Heavy très Sleaze et 80’s comme on l’a dit, où beaucoup de courants du Metal se croisent. C’était important pour toi qu’il soit le plus varié possible, d’autant que Kristina Vega, la frontwoman du groupe, possède une large palette vocale ?
Damn ! C’est un réel plaisir de travailler avec une telle professionnelle ! Kristina est une chanteuse incroyablement talentueuse avec de très grandes possibilités vocales. Quant à la composition et à l’écriture de la musique de COBRA SPELL, je ne me limite pas à un seul sous-genre des années 80. J’aime explorer de nombreux sons et des ambiances issues de courants comme l’AOR, le Speed Metal, le Power Metal, le Glam, le Rock’n’Roll et plus encore. Le mélange de toutes ces influences est ce qui devient finalement l’identité du son de COBRA SPELL.
– Au-delà du line-up, « 666 » est également très féminin dans le propos à travers des chansons et des textes souvent explicites. C’est aussi pour vous une façon de livrer un message à l’intention des femmes dans une période où leur parole se fait justement beaucoup mieux entendre ?
Les paroles ont été écrites sans filtre et avec le cœur ! Je n’aime pas faire de compromis sur les attentes du public, ou sur ce que les gens aimeraient entendre. Je suis assez intrépide à cet égard. C’est quelque chose de spontané et de naturel, car les paroles ont été écrites par une femme et les thèmes, s’ils proviennent souvent d’expériences personnelles, le sont toujours à travers le regard d’une femme.
– Entre Glam Rock, Heavy Metal, Sleaze et même Rock’n’Roll, COBRA SPELL montre beaucoup de diversité et il y a aussi ce langoureux solo de saxo sur « Love = Love ». Il fallait un instant plus ‘glamour’ aussi sur cet explosif « 666 » ?
« Love = Love » est l’exemple parfait d’une chanson typiquement inspirée de l’AOR dans le style. Je compose d’ailleurs les morceaux les plus mélodiques sur un synthé, plutôt qu’à la guitare. Le solo de saxophone est une décision de dernière minute que j’ai proposée quand nous étions au studio d’enregistrement et le producteur a vraiment aimé l’idée ! Il devait y avoir un solo de guitare, mais non, c’est ça que je voulais… Il fallait qu’il y ait un solo de sax ! Alejandro, notre producteur, a donc cherché un saxophoniste parmi ses contacts et a contacté la bonne personne. La saxophoniste, Nata Estevez, a interprété un solo entièrement improvisé et qui figure désormais à jamais sur le disque. La chanson ressemble maintenant beaucoup plus à la bande originale d’un film des années 80 et j’adore ça !
– Enfin, j’aimerais qu’on dise un mot des parties de guitares. On sent beaucoup de complicité entre toi et Noelle. Comment vous êtes-vous réparties les rôles et est-ce que vous avez composé ensemble les rythmiques et les solos ? A moins que tu aies conservé le lead sur tout l’album ?
J’ai composé toutes les chansons et les mélodies de « 666 », mais il y en a une sur laquelle Noelle m’a aidé, c’est « Love Crime ». Concernant les solos, c’est quelque chose que nous nous sommes partagées toutes les deux sur l’ensemble de l’album.
L’album de COBRA SPELL, « 666 », est disponible chez Napalm Records