Sensible, furieux et aussi à son aise dans un Blues épuré que dans un registre plus Rock et musclé, LOUIS MEZZASOMA joue comme le Blues comme il le vit… avec émotion et authenticité. Complet et plein d’émotion, « Mercenary » est une vraie bouffée d’air frais, dont l’atmosphère est franchement addictive.
LOUIS MEZZASOMA
« Mercenary »
(Le Cri Du Charbon)
Sorti il y a quelques semaines déjà, il eût été dommage de passer à côté de ce très bon album de LOUIS MEZZASOMA. Après deux premiers disques, le Stéphanois se présente avec « Mercenary », petite pépite de morceaux Blues se baladant entre un style Old Time (assez Dirty d’ailleurs !) et des sonorités plus modernes et tranchantes. Accompagné par Gaël Bernaud (batterie, percussions, harmonica), le duo fait des étincelles.
Avec un début d’album électrique sur l’endiablé « Kick Some Ass », on sent déjà qu’on ne va pas s’ennuyer. Et c’est le cas ! Alternant avec maestria guitares, dobro, cigar-box et banjo, LOUIS MEZZASOMA fait preuve de variété et d’éclectisme. Rappelant les ambiances de Chicago, du Delta et du sud des Etats-Unis, le Français s’est construit un univers musical très personnel entre titres électriques et acoustiques.
L’excellente production de « Mercenary » sert des morceaux sensibles, très organiques et personnels (« Flat Land », « Who U R », « Valley Of Shadows »). Subtil et intimiste au fil de l’album, LOUIS MEZZASOMA illumine de son talent et de sa dextérité ce troisième opus très abouti. Que les riffs soient rugueux ou au contraire plus légers, on plonge littéralement dans ce Blues intemporel avec délectation (« Home Alone », « Rusty Man », « Truly Sorry »).
Une signature sur le label de Joe Bonamassa, qui produit et joue sur l’album, un groupe de classe mondiale et un jeu tout en feeling, il n’en fallait pas plus à la chanteuse et guitariste JOANNA CONNOR pour se retrouver en tête des Charts Blues américains. « 4801 South Indiana Avenue » vient grandir le Blues de Chicago, grâce à une prestation hors-norme, une slide sauvage et groovy et une empreinte vocale saisissante. Rencontre avec cette artiste qui vit un rêve éveillé…
– Avant de parler de ce très bon nouvel album, j’aimerais que tu retraces ton parcours. Tu es née à New-York, a grandi dans le Massachusetts et musicalement tes influences se situent du côté de Chicago. Comment es-tu venue à la musique, au chant et à la guitare ?
Ma mère était une mélomane passionnée. Elle m’a initié au Jazz, au Blues, à la Funk, au Rock, au Gospel, à l’Afro-Pop et au Reggae toute mon enfance. Je continue cependant de croire que la muse m’a choisi. J’ai été fasciné par la musique toute ma vie. Je chantais constamment à la radio ou sur ma chaîne Hi-fi et je m’imaginais sur une scène. Ma mère m’a offert une guitare à 7 ans, j’ai chanté dans les chœurs d’école à partir de 4 ans et ensuite j’ai joué du saxophone de 12 à 20 ans. J’étais fasciné par le Blues de Chicago. Je voulais désespérément étudier tous les grands maîtres et faire partie de cette culture. J’ai donc finalement déménagé là-bas à 22 ans.
– Peu de temps après ton arrivée à Chicago, tu as joué avec les plus grands avant de fonder ton propre groupe. C’est une vraie bénédiction d’être ainsi intronisée, non ?
Ce fut une véritable bénédiction, la meilleure et la plus fructueuse façon de faire. J’ai été extrêmement privilégié d’avoir reçu une éducation musicale et un enseignement aussi riches. Cela n’a cependant pas été facile tout le temps. Mais en regardant en arrière, ce sont certains de mes mentors qui ont été les plus durs. Ils m’ont appris le plus musicalement et m’ont endurci. Toute cette expérience a fait de moi la musicienne que je suis aujourd’hui. Je pense que c’était un grand avantage, car cela m’apporté plus de caractère que je n’aurais pu en avoir si je n’avais pas déménagé à Chicago. Cela m’a également donné une connaissance approfondie de la façon dont se joue le Blues de l’après-guerre.
– Dès le départ, tu as mené de front le chant et la guitare. C’est indissociable selon toi ?
Il y a des chanteurs qui vous épateront juste en chantant. Et il y a des instrumentistes qui ont du génie. Mais faire les deux est absolument merveilleux. J’ai commencé comme chanteuse qui jouait de la guitare rythmique. Et sans me vanter, j’étais une sacrée guitariste rythmique et cela m’a donné une excellente base. Mais je me sentais incomplète. Je voulais avoir un jeu plus expressif.
– Parlons de ce nouvel album et tout d’abord de son titre « 4801 South Indiana Avenue », qui est lourd de sens. Tu nous expliques un peu ?
C’est l’adresse d’un des clubs les plus importants de l’histoire du Blues : le Theresa’s Lounge, au sud de Chicago. Les plus grands y ont joué : Howling Wolf, Muddy Waters, Buddy Guy, JR Wells. Je m’y suis produite trois fois avant sa fermeture. C’était un endroit sympa et un peu difficile même. Mais il y avait une grande énergie, une atmosphère et une mémoire musicale dans ces murs.
– L’album sort sur le label de Joe Bonamassa, KTBA Records. Il l’a produit avec le grand Josh Smith. Un beau duo qui offre un son très organique et presqu’analogique. Comment l’enregistrement s’est-il passé ? J’imagine que ce doit être un vrai plaisir de travailler avec des gens si exigeants ?
Travailler avec deux musiciens d’une telle compétence était un rêve. J’étais nerveuse au début… très nerveuse même ! Mais la musique jouée par ces musiciens fantastiques était si puissante, si expressive et avec tellement de groove que j’ai juste lâché prise, puis joué et chanté avec mon cœur. Toute la session a vraiment spéciale d’un bout à l’autre. Quelque chose en moi savait que nous faisions tous quelque chose qui allait avoir un impact.
– Tu as dit que Joe Bonamassa avait fait ressortir le meilleur de toi, qu’il t’avait demandé de repousser tes limites. De quelle manière cela s’est-il concrétisé ?
Il savait ce qu’il voulait et il a été très direct. Joe a également utilisé un humour assez sec pour faire valoir ses arguments et j’ai apprécié cela. J’avais, et j’ai toujours, énormément de respect pour lui en tant qu’artiste et maintenant aussi en tant que producteur, donc cela m’a inspiré. Joe m’indiquait quel type d’attaque ou quel feeling il voulait que je fasse passer sur les solos de guitare. Il a choisi l’ampli et les guitares sur lesquels jouer. Il m’a peint des scénarios fictifs, lorsque je chantais pour me faire comprendre la chanson et son émotion. Il a également chanté pour moi, montrant comment il voulait que j’utilise ma voix sur chaque morceau. J’ai tellement appris et je pense que nous avons réalisé ensemble ce dont chaque titre avait besoin.
– Sur l’album, tu es aussi accompagnée d’un groupe de classe mondiale. Peux-tu nous le présenter ? Il y a un feeling incroyable entre vous…
Le groupe était tellement incroyable. Les musiciens ont été si sensibles les uns les autres et aussi très polyvalents, fougueux, syncopés et sensuels. Tout ce que nous avons joué a été un pur délice. J’ai particulièrement été époustouflé par Reece Wynans. C’est un dieu du clavier ! Quel honneur de jouer avec lui et quelle histoire il a eu notamment avec Stevie Ray Vaughan! C’est un rêve devenu réalité que de jouer avec lui. Avoir aussi Joe Bonamassa et Josh Smith aux arrangements des chansons et jouant de la guitare tout au long de l’album a été vraiment fantastique ! C’était le paradis de la guitare. J’ai aussi beaucoup aimé le bassiste Calvin Turner et le batteur Lemar Carter, qui jouent avec les meilleurs bluesmen. Ils ont jeté une base brûlante à la musique qui m’a également donné l’impression d’être à Chicago avec mon groupe.
– Enfin j’aimerais que tu parles de ton jeu de guitare, et notamment de la façon dont tu joues de la slide. C’est une pure folie ! Il en dégage tellement de force et d’émotion…
Si vous ne jouez pas avec passion et intensité sans cherchez à communiquer ce qu’il y a en vous, alors pourquoi vous jouer ? Quand je prends une guitare, elle fait partie de moi. Nous sommes connectées. Je ressens également des sentiments très intenses, de l’agressivité et de la passion qui sortent de moi à travers l’instrument. Par ailleurs, en tant que guitariste femme, je sens que je dois prouver quelque chose et jouer aussi dur et ardemment qu’un homme. Certaines musiciennes sont trop passives. Je ne veux pas juste « être bonne pour une fille » comme on dit… vraiment pas.
– Encore bravo pour ce très bel album, Joanna. Il est d’ailleurs actuellement et logiquement numéro 1 des Charts américains de Blues et j’espère vite l’entendre en live… !
SKYLAR ROGERS puise son Blues dans son cheminement personnel pour livrer un premier album très Rock et Soul. Authentique, la chanteuse américaine joue autant de la puissance de sa voix que de la sincérité et de la profondeur qu’elle lui accorde. Sans coller aux standards de Chicago, sa ville, la chanteuse propose un Blues Rock authentique, généreux et saisissant.
SKYLAR ROGERS
« Firebreather »
(Independant)
Etant née et ayant grandi dans les quartiers difficiles de Chicago, SKYLAR ROGERS vit le Blues comme qu’elle le chante… avec force ! Après un premier EP en 2019 (« Insecurities »), elle sort enfin son premier album dans cette période malheureusement difficile et qui lui a valu d’arrêter une grande tournée américaine bien lancée. La chanteuse a d’ailleurs co-écrit « Firebreather », qui est aussi sensible que punchy.
Toujours accompagné de son groupe, l’excellent The Blue Diamonds, la frontwoman n’est pas là pour faire de la figuration et distille un Blues Rock teinté de Soul avec quelques touches rappelant même la Motown. Multipliant les morceaux assez mid-tempos (« Hard Headed Woman », « Back To Memphis »), SKYLAR ROGERS n’en oublie pas pour autant le côté mordant que lui permet ses capacités vocales (« Failure », « Moving On »).
Très varié dans son ensemble, « Firebreather » ne ressemble pas aux albums enregistrés à Chicago, malgré bien sûr quelques piqûres de rappel (« Thankful »). En marge des dynamiques morceau-titre et « Like Father Like Daughter », SKYLAR ROGERS sait aussi se faire plus émotive et touchante comme sur le délicat et poignant « Drowning ». Avec un premier album aussi abouti, l’Américaine fait son entrée par la grande porte.
Produite par Joe Bonamassa, qui joue également sur deux titres de ce nouveau petit bijou, la chanteuse et guitariste JOANNA CONNOR déverse un Blues plein d’émotion et d’une énergie incroyable. Accompagnée par un groupe de classe mondiale, l’Américaine irradie de son talent les dix morceaux de « 4801 South Indiana Avenue », qui est d’une élégance totale. Un must !
JOANNA CONNOR
« 4801 South Indiana Avenue »
(KTBA Records)
Présente depuis les années 80 sur la scène Blues de Chicago, on ne présente plus JOANNA CONNOR, l’une des reines incontestables du Blues Rock et surtout une virtuose de la slide. Toujours très bien entourée, l’Américaine s’est adjoint les services d’un groupe hors-norme pour son 14ème album, le premier sorti sur le label indépendant de Joe Bonamassa, qui produit avec Josh Smith ce magnifique « 4801 South Indiana Avenue ».
Tirant son titre d’un haut lieu du Blues et Funky de Chicago, l’atmosphère qui se dégage de ce nouvel album de la songwriter est juste exceptionnelle. Soutenue par le claviériste Reese Wynans (SRV), du bassiste Cavin Turner, du batteur Lemar Carter et d’une session cuivre renversante, JOANNA CONNOR explose et tire des sons incroyables de sa Gibson. Toute aussi puissante vocalement, elle rayonne sur les dix morceaux.
Dominant les débats sur « Destination », « For The Love Of A Man » ou « I Feel So Good », la guitariste livre une prestation à la hauteur de sa réputation : fougueuse, dynamique et intense. Honky-Tonk sur « Come Back Home », pleine d’émotion sur « Bad News » en hommage à Luther Allison et presque psychédélique sur « It’s My Time », JOANNA CONNOR livre un vrai chef- d’œuvre, qui s’annonce comme un futur classique du genre.