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Atmospheric Black Metal Dark Folk

Saor : Highlands mysteries

Depuis les terres de Calédonie, l’ancien nom des territoires britanniques au nord du mur d’Adrien, Andy Marshall fait revivre une Ecosse reculée, perdue dans les brumes d’un héritage culturel conséquent et éternel. Entre le sacré et l’Histoire surgit le Black Metal atmosphérique de SAOR se parant d’attributs folks, celtes et pagan pour relater des fables épiques et transcendantales. « Amidst The Ruins » lance un appel au réveil au cœur des collines des Highlands. Un voyage hypnotique pour certains, initiatique pour d’autres…

SAOR

« Amidst The Ruins »

(Season Of Mist)

C’est au sein d’une Ecosse ancestrale que SAOR a bâti son Black Metal atmosphérique aux sonorités Folk et Pagan et ce sixième effort s’inscrit plus profondément encore dans un univers rugueux, d’où se détachent des mélodies envoûtantes. Andy Marshall, vocaliste et multi-instrumentiste, s’est donné cette fois des moyens plus conséquents pour faire ressortir l’âme celtique et gaélique d’« Amidst The Ruins ». Ici, la production est solide et le mastering signé Tony Lindgren apporte cette touche d’authenticité, qui manque trop souvent au registre. 

Car pour s’enfoncer de manière aussi immersive dans la culture et la tradition écossaise, il faut pouvoir la ressentir bien au-delà du maelstrom métallique dissonant habituel. L’ensemble doit être palpable et organique, ce que SAOR est parvenu à réaliser. Car, ici, c’est audible ! Pour autant, le successeur d’« Origins » n’est pas l’œuvre d’une one-man-band et le premier indice vient du son de la batterie de l’Espagnol Carlos Vivas, qui fait bien plus que marteler mécaniquement, en offrant souvent la direction à suivre avec des variations parfois étonnantes.

Déployé sur une heure, « Amidst The Ruins » ne compte que cinq morceaux, une belle affirmation des intentions du musicien à guider l’auditeur au cœur de ces paysages musicaux, qui deviennent de plus en plus vivants au fil des minutes. Dans cette nébulosité, ce sont les guest qui portent le flambeau d’une certaine luminosité comme la voix, le violon et l’uilleann pipe d’Ella Zlotos, le scintillant violoncelle de Jo Quail et les cordes d’Angela Moya Serrat, Miguel Izquierdo et Samuel C. Ledesma. SAOR pose de la modernité sur des thèmes lointains avec percussion.

Photo : David Ruff

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Thrash Metal

Deficiency : le peuple du charbon

En se lançant dans l’introspection d’un pan de l’histoire industriel française, les thrashers de DEFICIENCY ont trouvé un terrain de jeu idéal pour laisser s’exprimer un registre à la fois musclé, sombre et technique. Mélodique et solide, « Warenta », quatrième album du combo, est explosif et racé. Suffisamment rare pour être souligné dans ce registre, s’atteler à un concept-album est audacieux et le pari est ici remporté haut la main.

DEFICIENCY

« Warenta »

(Metal East Productions)

Originaire du grand Est, DEFICIENCY plonge dans l’exploration de sa région avec un album-concept, « Warenta », dans lequel le quatuor parcourt la vie de différents protagonistes d’un bassin minier durant les années 40. A travers un Thrash Metal costaud et mélodique, le groupe aborde les malédictions, les légendes et les superstitions vécues par le peuple du charbon. Une immersion parfaitement réussie.

Avec une approche très organique de son jeu, DEFICIENCY a mis l’accent sur la production qui a été confiée à Flavien Morel pour le mix et au grand Tony Lindgren (Kreator, Sepultura, Opeth, …) pour le mastering. Particulièrement dense et massif, « Warenta » se montre d’une étonnante variété, grâce à des atmosphères et des aspects épiques, modernes, progressifs et parfois même symphoniques.   

Après le très bon morceau-titre qui ouvre l’album, DEFICIENCY déroule son Thrash sur des riffs acérés, des mélodies saisissantes et des rythmiques survoltées (« Dichotomy », « The Feathers »). A noter les présences de Björn Strid (Soilwork) sur « I Am The Misfortune Herald » et de Davish G. Alvarez (Angelus Apatria) sur « Lumpendoktor ». Des choix très judicieux pour un album aussi relevé et consistant.

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Metal Progressif

Persefone : une approche visionnaire

Sombre et pourtant éclatant, ce sixième et très attendu album du sextet basé à Andorre, « Metanoia », est un voyage étonnant et très percutant à travers un Metal Progressif appuyé, violent parfois, technique souvent et très mélodique. Un mélange détonnant proposé par un PERSEFONE grandiose et plein de surprises.

PERSEFONE

« Metanoia »

(Napalm Records)

PERSEFONE a la particularité d’être constitué des six personnes les plus connues de la Principauté d’Andorre, ce qui n’est pas rien. Blague à part, en l’espace de deux décennies, le groupe est devenu une valeur sûre, bien que discrète, du Metal Progressif à tendance extrême. Toujours très mélodique et doté d’une puissance phénoménale, « Metanoia » surgit cinq ans après « Aathma » et surprend encore par sa richesse.

Comme d’habitude, PERSEFONE se présente avec une production aux petits oignons, toute en finesse et pleine de relief. Et on doit cette belle mise en lumière à David Castillo (Leprous, Soen, Opeth) pour le mix et à Tony Lindgren (Enslaved, Sepultura) pour le mastering. Dire que « Metanoia » sonne parfaitement est un doux euphémisme, mais l’essentiel reste la musique et le groupe frappe encore très fort. 

Dans une multitude de paysages sonores et musicaux, les Andorrans brillent par la force de leurs nouvelles compositions où le Metal Progressif se fond dans des ambiances Death et brutales et d’autres plus légères et presque rêveuses (« Katabasis », « Merkabah »). PERSEFONE éblouit carrément sur « Consciousness Pt.3 » et conclue magnifiquement ce nouvel opus avec les trois actes d’« Anabasis ». Exemplaire et indispensable.