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Thrash Metal

Anthares : d’attaque !

Au terme ‘Old School’, je préfère nettement celui d’originel car, à l’écoute de la nouvelle réalisation d’ANTHARES, la production soignée et moderne vient fracasser cette image ‘vintage’ qu’on trouvait, c’est vrai, sur celles des années 80 et 90. Et si le Thrash Metal des Français va chercher sa source chez les pères fondateurs du style, nous sommes bel et bien au XXIème siècle et cela s’entend sur cet « After The War » à la fois technique, sauvage et qui alterne habillement les moments percutants et les titres mid-tempos. Un disque qui fait du bien à la scène hexagonale ! 

ANTHARES

« After The War »

(M&O Music)

Le temps s’écoule paisiblement sous le viaduc de la cite finistérienne de Morlaix et même au rythme de trois albums en près de 30 ans pour ANTHARES. Pour autant, la virulence et la puissance affichées sur « After The War » ne laissent pas vraiment penser que la vie soit un long fleuve tranquille pour lui. Loin de là ! Cela dit, le temps a aussi fait son œuvre, puisque la formation reste ancrée dans un Thrash Metal des origines du registre, celles qui forgèrent un style finalement hors-mode et intemporel… et c’est tant mieux ! On y retrouve autant de sonorités propres à Slayer, Exodus, Kreator et même Annihilator. L’éventail est donc large ! 

Si le troisième opus des Bretons ne sort qu’aujourd’hui, n’allez pas croire qu’ils se la coulent douce. Non, comme quelques autres, ANTHARES a connu des départs, un split et a sorti une démo et « Pro Memoria » dans sa première vie, entre 1996 et 2001. C’est depuis 2013 que le quintet a entamé sa marche en avant avec un EP, « 2 My Last Breath », puis « Addicted To Chaos », un second effort qui est venu confirmer sa vitalité. Des débuts, seul son emblématique frontman François ‘Fanfan’ Voisin reste solidement accroché à l’entité et la bonne dynamique de son groupe. Et le résultat est plus que palpable sur « After The War ».

Bien aidé par une expérience acquise au fil des années, nos thrashers affichent un son massif et tranchant, parfaitement mis en valeur par une production compacte, musclée et pleine de relief. Ici, les riffs sont racés et aiguisés au mieux pour servir des compos véloces et rageuses (« Invaders From The Outer Space », « Burning Light », « Lost », Trance Thrash », « Pain »). Jamais ANTHRARES ne donne dans la demi-mesure, le combo est sûr de sa force et est parvenu à moderniser son jeu en offrant des compos variées, alternant aussi les tempos au gré du chant de son fondateur, véritable pierre angulaire du groupe. Bien joué !   

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Speed Metal Thrash Metal

Artillery : sans sommation

Fondé au début des années 80 par Michael Stützer, seul rescapé de la formation originelle, ARTILLERY a laissé une trace sur la scène Thrash Metal européenne et si sa route avait été moins sinueuse, elle serait même aujourd’hui bien plus importante. Qu’importe, en 2022 et après deux ans de pandémie, le combo est remontée sur scène, chez lui dans la capitale danoise, pour ce qui restera pour lui un concert d’anthologie. « Raw Live (In Copenhell) » est autant un hommage qu’il ouvre une nouvelle ère pour le groupe.

ARTILLERY

« Raw Live (In Copenhell) »

(Mighty Music)

Après 40 ans de carrière et un parcours assez chaotique avec une mise en pause assez conséquente au début des années 2000, ARTILLERY n’a pourtant jamais lâché l’affaire. Surmontant également de nombreux changements de line-up, le quintet est toujours d’attaque et ce « Raw Live (In Copenhell) » vient démontrer à quel point les Danois ont laissé une solide empreinte dans le monde du Thrash Metal. Enregistré à domicile il y a deux ans, ce live est aussi un beau témoignage.

Car malheureusement, « Raw Live (In Copenhell) » est aussi le dernier enregistrement avec le batteur Josua Madsen, disparu l’année suivante dans un accident de voiture. Depuis, les thrashers ont aussi remercié Michael Bastholm Dahl, leur frontman au chant très Heavy, et le guitariste Kraen Meier. C’est d’ailleurs Martin Steene (Iron Fire, Force Of Evil) qui se tiendra dorénavant derrière le micro. ARTILLERY se renouvelle en permanence, ce qui doit être un signe de vitalité chez lui.

Porté par un public entièrement acquis à leur cause et aussi sûrement par le fait de partager l’affiche avec le gratin du Metal mondial, les Scandinaves se donnent corps et âme dans une prestation qui frôle le sans-faute, notamment celle du batteur, exalté et rugueux comme jamais. Et ARTILLERY a également peaufiné sa setlist. Onze titres musclés et rageurs qui ne laisseront personne de marbre (« Devil’s Symphony », « The Face Of Fear », « Bomb Food », « In Thrash We Trust », « Legions », « Terror Squad »).

Retrouvez la chronique de leur album précédent :

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Death Mélodique International Thrash Metal

Voice Of Ruin : massif et glacial [Interview]

15 ans après sa formation, les Suisses de VOICE OF RUIN sont loin d’avoir livrer l’entièreté de leurs idées et de leurs envies musicales. Dans un élan commun et avec la noirceur qui les caractérise, le quintet a pris son temps avant de présenter le successeur du très bon « Acheron », sorti en 2019. C’est d’ailleurs chez eux et sans intervenants extérieurs que les Helvètes ont élaboré ce « Cold Epiphany », plus Thrash dans le son, mais toujours globalement Melodic Death Metal. Nicolas Haerri, guitariste et réalisateur de ce nouvel opus, nous en dit plus sur ces quatre années écoulées et le processus de création de l’album. Entretien.

– On s’était quitté il y a quatre ans avec « Acheron », que vous étiez allés enregistrer en Suède à Göteborg avec Henrik Udd et Frederick Nordstorm. Le résultat était d’ailleurs assez stupéfiant et un cap avait été franchi. Avec qui et dans quelles conditions avez-vous travaillé pour « Cold Epiphany » ?

Cette fois, j’ai écrit, enregistré et produit l’album, qui a été fait entièrement à la maison. En fait, j’ai un studio d’enregistrement près de chez moi. On a fait plusieurs sessions. Après « Acheron », on a commencé à tourner avec des dates qui se sont enchaînées et ça partait bien. Le Covid est arrivé et tout s’est arrêté. On a fait un gros break d’environ quatre à six mois, durant lesquels on ne s’est pas beaucoup vu, on n’a pas non plus fait de musique. Ensuite, on a loué une maison avec les grattes, quelques bouteilles et on a commencé à composer tous ensemble. C’est là qu’on s’est dit qu’on allait prendre notre temps. De mon côté, j’avais beaucoup appris de notre expérience suédoise notamment, et je me suis senti suffisamment prêt pour enregistrer l’album moi-même.

– « Acheron » était un album très sombre et vous aviez utilisé pour la première fois pas mal de samples. Ce n’est pas le cas avec ce quatrième opus, où vous revenez à un style plus direct et plus brut aussi. C’était un désir de renouer avec un Thrash/Death, où la ‘technologie’ est un peu plus en retrait ? 

En fait, on en a vraiment pris conscience au milieu du processus de création de l’album. En commençant le mix, j’ai été étonné parce qu’on se dirigeait vers « Purge And Purify » (deuxième album du groupe sorti en 2017 – NRD). Pour les machines, on a mis pas mal de samples dès le début, alors que pour « Acheron », tout avait été réalisé vers la fin de l’enregistrement. Contrairement au précédent album, ces ajouts ont été pensés dès le départ.

– D’ailleurs, dans son ensemble, « Cold Epiphany » contient plus de sonorités Thrash que Death Metal. Il y a un aspect beaucoup plus organique avec un gros travail notamment sur les guitares. On a l’impression que vous avez cherché plus d’immédiateté pour afficher plus de puissance encore. C’était l’intention ?

C’est exactement ça, on voulait vraiment que ce soit plus massif en live, et être sûr de pouvoir reproduire les chansons dans n’importe quelles conditions. Les rythmes sont peut-être moins alambiqués, mais ils tirent plus vers un côté massif où on avance tous ensemble. On a cherché un effet ‘rouleau-compresseur’. C’est vraiment ce que tu décris.

– Le mix aussi libère beaucoup d’énergie et pourtant, ici encore, un grand soin est apporté aux arrangements et aux changements d’ambiances avec notamment plusieurs intros avec un son clair, dont « Prelude To A Dark Age » qui ouvre l’album. L’objectif était d’instaurer l’atmosphère de certains morceaux et plus largement celle de l’album ?

Oui, on voulait donner un contexte. On a vite remarqué qu’on avait des morceaux qui fonctionnaient très bien avec et d’autres qui, souvent, étaient posés comme ça, mais sans contexte. Cette fois, on a essayé de créer une liaison entre les différents titres et passages dans l’album avec plusieurs intros pour pouvoir alterner les morceaux bruts avec d’autres plus calmes, qui servent à créer un contraste.

– D’ailleurs, pour rester sur ce climat qui règne sur l’ensemble de « Cold Epiphany », est-ce que vous l’avez travaillé comme une sorte d’album-concept, car il y a une vraie synergie sur l’ensemble des titres ?

C’est vrai qu’on nous a plusieurs fois posé la question. A la base, oui, car quand on a commencé à discuter avec Randy (Schaller, chanteur du groupe – NDR) du thème de l’album, je me suis dit que ce serait sympa de prendre différents protagonistes pour créer des liens. Ensuite, les choses ont évolué, mais on a gardé cette envie de faire quelque chose de plus sombre, de plus massif et l’ensemble est venu comme ça. Mais à force de voir qu’on nous pose souvent la question, je me demande si on ne pourrait pas faire un album-concept la prochaine fois ! (Rires)

– D’ailleurs, si vous livrez des morceaux toujours Death Metal et mélodiques, certains passages sont aussi Groove et parfois Black Metal sur les parties de batterie notamment. Et vous abordez même des moments vraiment Technical Thrash comme sur « Lustful Gaze ». C’est guidé par le désir d’être assez inclassable, ou plus simplement parce que ce sont des styles que vous aimez et qui représentent finalement très bien VOICE OF RUIN ?

En fait, on a des influences très variées dans le groupe avec tous notre petite madeleine de Proust. C’est vrai qu’on a aussi le désir de les intégrer sur nos albums, histoire aussi de montrer cet aspect de chacun de nous. Peut-être que sur nos albums précédents, c’était un peu plus maladroit, mais là, on a vraiment fait attention pour ne garder que les chansons qui avaient un thème et qui représentaient quelque chose. Pour te dire, on a fait 40 démos pour l’album, c’est-à-dire 40 chansons enregistrées, mixées et prêtes à sortir. Et on n’en a gardé que dix… C’est aussi pour ça que nous avons tout fait à la maison, car pour réaliser tout ça en studio, nous n’aurions jamais eu le budget ! Ça n’aurait pas été possible, et c’est aussi pour cette raison qu’on a souhaité faire l’album différemment.

– Avec « Bloody Salvation », vous sortez le quatrième single extrait de l’album, ce qui correspond presqu’à la moitié du disque. Je sais bien que les temps ont changé et qu’il faut être très présent sur les réseaux sociaux notamment et/ou figurer sur les playlists des plateformes de streaming, mais n’est-ce pas un peu dommage de livrer la moitié d’un travail de longue haleine avant sa sortie et d’être, finalement, sacrifié sur l’autel du marketing ?

Tu sais, je suis d’une génération où j’attendais un album, j’allais l’acheter et je l’écoutais de A à Z. Aujourd’hui, on n’a pas le choix. Si on veut exister, si on veut être pris dans les playlists, on doit sortir du contenu avant. Sinon à la sortie de l’album, il ne se passe rien. Il n’y a plus aucun groupe de notre niveau, qui peut promouvoir un album en entier sans sortir quelques titres en amont. Donc oui, ça fait un peu chier de tout donner comme ça. En même temps, dans les jeunes générations, il n’y a plus personne qui écoute un album dans son entier. Ils prennent les playlists, il y a une chanson qu’ils aiment et ils ne vont pas écouter la suivante, parce qu’ils n’aiment qu’un titre. Alors oui, c’est un peu sacrifié sur l’autel du marketing, mais on n’a pas vraiment le choix. Et il y a même des plateformes qui refusent des chansons, parce que l’intro est trop longue ! Du coup, on zappe la playlist.

– Oui mais une fois qu’on a dit ça, on n’a rien dit. Qu’est-ce que vous y gagnez concrètement ? Parce qu’avoir des milliers de followers, etc… ça ne sert à rien pour vendre un album !

C’est sûr que les followers ne paient pas la facture à la fin du mois. Avec ce qu’on gagne, nous sommes une petite PME bien huilée, qui nous permet de beaucoup voyager, de découvrir plein de choses et de vivre notre passion, mais pas d’en vivre. Actuellement, VOICE OF RUIN s’autosuffit et l’argent qu’il génère sert à voyager et faire des albums. Par contre, comme je te l’ai dit : ça nous permet de vivre notre passion, mais pas d’en vivre !

– Pour conclure, j’aimerais qu’on dise un mot sur la participation de votre compatriote Anna Murphy, qui a œuvré une décennie avec Eluveitie, et qui apporte de la douceur et un peu de mystère sur le morceau « Cyanide Stone », où elle chante. Comment s’est passé cette collaboration et comment est-elle née ?

En fait, « Cyanide Stone » est le premier morceau que nous avons composé pour l’album. A l’époque, c’est Darryl (Ducret, guitariste – NDR) qui chantait les passages clean. Comme on avait cette volonté de faire un album que l’on pourrait reproduire facilement sur scène avec ce côté ‘rouleau-compresseur’ et comme il y avait du tapping en même temps, il nous a dit qu’il pouvait y avoir un risque. On a décidé de changer notre fusil d’épaule et on avait trois/quatre personnes en tête. Entre deux sessions d’enregistrement, on a fait plusieurs dates et sur l’une d’elles, on a fait un show-case où Anna Murphy était là pour présenter son projet solo. Erwin (Bertschi, bassiste – NDR) a toujours adoré ce qu’elle faisait et lui a envoyé un mail. Les agendas coïncidaient, elle était dispo, elle a aimé et les choses se sont faites comme ça. Au départ, les autres voulaient le faire un peu plus Metal, mais la voix et cette envolée devaient vraiment rester sous cette forme. Et la voix d’Anna est magnifique.

L’album de VOICE OF RUIN, « Cold Epiphany » est disponible chez Tenacity Music et sur le Bandcamp du groupe :

https://voiceofruin.bandcamp.com/album/cold-epiphany

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Crossover France Hard-Core Thrash Metal

Eight Sins : smilin’ mosh [Interview]

Direction la planète Namek, celle des Dragon Balls évidemment, avec le joyeux et turbulent quatuor Thrash/HxC grenoblois qui sort son quatrième album, « Straight To Namek », et qui s’apprête à reprendre le chemin des concerts avec un enthousiasme débordant. Aux confluents de la scène Thrash californienne de la Bay Area et du Hard-Core musclé et sans concession de New-York, EIGHT SINS aborde son Crossover avec joie, auto-dérision et surtout une sérieuse envie d’en découdre… avec le sourire aux lèvres ! Entretien avec Julien Alves, batteur du combo.

– Cinq ans après l’EP « It’s A Trap », vous faites votre retour avec un quatrième album, « Straight To Namek », haut en couleur et toujours aussi féroce. Vous avez pris votre temps et cette fois, vous avez confié vos morceaux au groupe Landmvrks, notamment à Florent Salfati. Vous aviez besoin de changement, afin d’explorer d’autres sonorités ?

C’est vrai qu’on a pris plus de temps, car le Covid a aussi freiné nos ardeurs. Nous sommes tous les quatre pères de famille, d’ailleurs Loïc (Pouillon, chanteur – NDR) et moi avons eu des enfants pendant cette période, ce qui a aussi un peu repoussé l’enregistrement de l’album. Ensuite, il a fallu du temps pour se retrouver et composer de nouveau. Dans la foulée, on a pris l’initiative de faire l’album avec les gars de Landmvrks à Marseille. On ne connaissait personne de notre entourage qui avait bossé avec eux, mais vu le résultat de la production, on est vraiment super content. Ils ont archi-bien bossé !

– Malgré une grosse quinzaine d’années d’existence, vous avez lancé une campagne de financement participatif pour « Straight To Namek ». C’est une démarche de plus en plus fréquente… 

Nous sommes complètement indépendants et nous faisons tout par nos propres moyens. Même si nous avions un peu de fonds évidemment, il nous a fallu un petit coup de pouce. L’argent est le nerf de la guerre et on a sollicité un peu nos fans. Et nous avons été agréablement surpris, puisque nous avons atteint l’objectif de notre cagnotte à hauteur de 190%. On est très fier de ça, parce qu’en fait, il y a beaucoup plus de gens que ce que l’on pensait qui nous soutiennent et ça fait super chaud au cœur ! Maintenant, on espère bien le leur rendre !

– EIGHT SINS a la réputation de livrer des prestations scéniques intenses et explosives, ce qui vous a d’ailleurs permis de jouer avec de grands noms. On a l’impression que vous avez appliqué la même formule à ce nouvel album : 10 titres pour 24 minutes, c’est sacrément expédié ! « Straight To Namek » a le format d’un EP, c’était le but ?

Nous sommes un groupe de Crossover et les chansons sont plutôt courtes, c’est vrai, et elles vont droit au but ! Si tu prends certains groupes comme Terror (Punk-HxC de Los Angeles – NDR), par exemple, leurs albums dépassent rarement la demi-heure. On a souhaité garder ce format-là. De toute façon, je ne connais personne qui te met 50mn de Hard-Core dans la tronche comme ça ! Et puis, tous les titres restent bien en tête et cela donne aussi une vision globale de ce qui se trouve sur l’album. Les chansons sont vraiment taillées pour le live et on a pris soin à ce qu’il y ait de bonnes bagarres pour déclencher un bon bordel dans la fosse, tout en ayant toujours le sourire aux lèvres. Notre leitmotiv est vraiment que tout le monde vienne pour prendre du plaisir, se défouler et surtout qu’ils sortent de là avec la banane jusqu’aux oreilles !

– Vous tirez vos influences des Etats-Unis et même de ses deux côtes. La côte ouest pour ce qui est de l’aspect Thrash et New-York pour votre côté Hard-Core. La scène européenne, notamment allemande, n’a pas eu le même impact sur vous, malgré un panel tout aussi large ?

C’est vrai que c’est la même musique jouée de manière différente. Je suis assez d’accord avec toi sur le fait que nous sommes plus influencés par les Américains. Néanmoins, pour être allé dans divers festivals, j’apprécie autant des groupes comme Kreator, Sodom, Tankard et Destruction, par exemple, qui forment le ‘Big Four allemand’. Mais nous avions choisi ce format plus américain, c’est vrai.

Illustration : Chris Regnault

– D’ailleurs, pour rester sur le côté Hard-Core de votre musique, on le sent nettement moins sur « straight To Namek », sauf parfois dans le chant. Le Thrash offre plus de possibilités dans la composition, ou cela s’est-il fait sans calcul ?

En fait, on avait déjà commencé à prendre cette direction sur le EP précédent (« It’s A Trap » – NDR) en 2018, qui est plus Crossover. Nos premiers albums traitaient plutôt de sujets sérieux. Puis, de fil en aiguille, on s’est aperçu que ce que nous aimons, c’est la musique qui va vite. On aime se marrer, partir en tournée, sortir des conneries, faire l’apéro, etc… Ça peut paraître léger comme ça, mais finalement c’est ce qu’on a voulu retranscrire dans notre musique et c’est vraiment le créneau où on se sent le mieux ! Un bon mélange de Thrash et de Hard-Core ! Cela dit, il y a peut-être plus de pointes ‘thrashouilles’, car je pense que dans le Thrash, il y a plus de place pour la blagounette !

– On retrouve cette touche festive et déconnante tout au long de l’album avec des samples, essentiellement en français d’ailleurs, en intro ou en fin de morceau. Il y a un petit côté Municipal Waste et même un peu Crisix chez EIGHT SINS. On a l’impression de vous mettez un point d’honneur à ne pas vous prendre au sérieux…

Tu as entièrement raison ! En fait, on s’est aperçu que les sujets sérieux parlent toujours de drames, parce qu’on vit dans un monde qui est de moins en moins drôle. Nous, la musique est notre plaisir et notre passion, on est là pour se marrer. L’essentiel, pour les gens qui viennent nous voir, est qu’ils prennent du bon temps. S’ils se marrent et se défoulent, notre mission est accomplie. Bien sûr que Crisix et Municipal Waste, dans ce sens-là, sont des influences majeures. On a eu la chance d’ouvrir pour Municipal Waste à plusieurs reprises et à chaque fois, et même si c’est ultra-violent, on est ressorti avec la banane. C’est vrai qu’on aime prendre les choses à contre-pied.

– J’aimerais aussi qu’on dise un mot sur la pochette de « Straight To Namek », signée Christophe Regnault avec qui vous travaillez depuis un moment. Comment cela se passe-t-il ? Vous lui indiquez ce que vous souhaitez, ou a-t-il aujourd’hui tellement bien assimilé votre univers que ce n’est plus la peine, vous lui laissez carte blanche ?

En fait, il a fait ses études d’Art avec notre chanteur et c’est dont via Loïc qu’on a commencé à bosser avec lui. En fait, on lui donne une trame de base et ensuite, libre à lui de se faire plaisir. Là, l’idée était la bagarre des gentils vs les méchants. On lui a donné les personnages qu’on souhaitait voir figurer sur la pochette, et après il s’est régalé. Il a eu une demi-carte blanche, voilà !

– On a parlé des interludes en français sur l’album, mais sur « Street Trash », vous évoquez aussi votre ville, Grenoble. Que signifie ce clin d’œil et est-ce que Grenoble est véritablement la ‘Trash City’ qui vous inspire ? A moins que ce ne soit juste pour la déconne, encore ?

(Silence)… C’est mi-figue, mi-Konos comme on dit ! Il y a un fond de déconne, bien sûr. Après Grenoble, si tu veux, n’est pas réputée pour être l’endroit le plus propre de France. On s’est un peu lâché, mais c’est chez nous et on en est fier. Quelque part, c’est une sorte d’hommage aussi, d’être fier de là d’où l’on vient ! Généralement, on vient chez nous pour aller faire du ski, pas pour visiter la ville ! Mais on existe quand même !

– Enfin, on connait votre préférence pour la scène. J’imagine que ce nouvel album va vous amené sur les routes de France et peut-être même de Navarre. Est-ce qu’une tournée est déjà prévue et êtes-vous aussi confrontés aux mêmes problèmes que de nombreux groupes sur le coût que cela engendre aujourd’hui ?

C’est vrai que pour des indépendants comme nous, ce n’est pas une mince affaire de partir sur la route. Cependant, on a pas mal de concerts qui arrivent. Pour la tournée, on y travaille en ce moment. Il y a des trucs dont je ne peux pas te parler, mais il se passe des choses ! L’idée est de défendre notre album quoiqu’il arrive et bec et ongle. Avec ou sans argent, on viendra ! (Rires)

L’album d’EIGHT SINS, « Straight To Namek », et toute la discographie du groupe sont disponibles sur son Bandcamp : https://eightsins.bandcamp.com/album/straight-to-namek-3

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Avant-Garde Metal Progressif Technical Metal Thrash Metal

Voivod : l’avant-garde du Metal

Afin de célébrer de la plus belle des manières ses quatre décennies d’existence, VOIVOD a parcouru sa discographie et a choisi neuf morceaux qu’il s’est fait un plaisir de ré-enregistrer avec un son et une production actuelle, tout se réservant le plaisir d’offrir un titre inédit. Pour autant, l’esprit reste intact et les Canadiens ont même convié leurs anciens bassistes, E-Force et Jason ‘Jasonic‘ Newsted, sur quelques plages pour un revival absolument démoniaque.  

VOIVOD

« Morgöth Tales »

(Century Media Records)

Pour fêter en beauté ses 40 ans de carrière, VOIVOD a eu la riche idée de se plonger dans son back-catalogue et de revisiter avec son line-up actuel neuf titres figurant sur ses albums les plus emblématiques. Retour donc sur une période s’étalant de 1986 à 2003 et durant laquelle il est assez incroyable et spectaculaire de constater l’évolution du groupe, bien sûr, mais aussi la façon dont il a su préserver un style unique et en constante mutation. Il a ouvert la voie tout en se renouvellement perpétuellement… Une chose inimaginable aujourd’hui !

Ce quinzième album montre tout le talent, le savoir-faire, la créativité et surtout l’aspect très novateur de ce ‘Chevalier-vampire-androïd de l’ère post-nucléaire’ avant-gardiste, qui a influencé plusieurs générations de musiciens. On passe ainsi en revue la période Technical Thrash, Thrash Punk, Progressive Metal et Sci-Fi des Québécois qui n’ont eu de cesse de se réinventer. VOIVOD a retourné le monde du Metal avec tellement d’application que beaucoup ne l’ont même pas encore saisi.

On démarre avec « Condemned To The Gallows », morceau méconnu apparu sur la compilation « Metal Massacre V » en 1986 et ça défouraille ! S’en suivent avec des titres piochés sur les albums « Rrröööaaarrr », « Killing Technology », « Dimension Hatröss » (un chef-d’œuvre), « Nothingface », « Angel Rat », « The Outer Limits », « Phobos » et « Voivod ». Le festin est total jusqu’à « Morgöth Tales », l’inédit qui donne son titre à l’album. Les membres de VOIVOD se sont éclatés et cela s’entend ! En un mot : merci !

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International Speed Metal Thrash Metal

Raven : la passion du chaos [Interview]

Précurseur et même pionnier du Thrash Metal, RAVEN est toujours resté fidèle à ce style Heavy et Speed, et en mode power trio, qui fait sa force et a forgé sa légende depuis maintenant un demi-siècle. Fondé par les frères Gallagher, ossature indestructible du combo, les Britanniques sont de retour avec leur 15ème album, « All Hell’s Breaking Loose », toujours aussi rageurs et athlétiques. Entretien calme et tout sourire avec John (basse, chant).

Photo : Jay Shredder

– Votre dernier véritable album studio date de trois ans, « Metal City ». Mais l’année dernière, vous avez sorti « Leave’Em Bleeding », qui était aussi le dernier chez Steamhammer. C’était la manière la plus simple de quitter votre label avant de venir chez Silver Lining Music ?

Oui, « Leave’Em Bleeding » était une sorte de compilation, qui faisait le bilan de nos dernières années chez Steamhammer et sur laquelle on a pu ajouter des morceaux en version inédites et notamment live. Et cela tombait bien aussi, puisque le nouvel album n’était pas encore terminé. Ensuite, nous avons reçu une très belle proposition de Silver Lining Music. Steamhammer a fait du bon boulot avec nous, c’est vrai, mais ce nouveau deal nous permettait d’avoir une exposition différente et également de toucher un public plus large et un peu différent.


« All Hell’s Breaking Loose » est aussi le second album complet avec votre batteur Mike Heller et on a franchement l’impression qu’il a toujours été là. Je trouve même que c’est peut-être le meilleur line-up affiché par RAVEN depuis longtemps. C’est aussi ton sentiment ?

Oui et j’espère que c’est vrai ! (Rires) Il suffit de le voir sur scène ! Et puis, il gère très bien les interviews, la presse, les vidéos : il s’occupe vraiment de beaucoup de choses au sein de RAVEN. Il est très impliqué et il a fait du super boulot sur l’album.

John Gallagher – Photo Jay Shredder

– D’ailleurs, c’est votre 15ème album et l’an prochain, vous fêterez vos 50 ans de carrière. C’est une incroyable longévité et vous faites partie d’un cercle très fermé. Qu’est-ce que tout ça t’inspire et est-ce que tu aurais pu l’imaginer en 1974 à Newcastle ?

Bien sûr que non ! On a commencé à faire de la musique pour s’amuser et on n’aurait jamais imaginé que cela dure aussi longtemps. C’est incroyable pour nous de nous voir dans le Top 10 des groupes les plus anciens encore en activité. C’est même fou ! Aerosmith s’est formé juste deux ans avant nous, tu imagines ? (Rires) L’an prochain, nous allons essayer de préparer quelque chose de spécial pour célébrer cet anniversaire. Nous avons toujours eu cette motivation pour continuer le groupe et surtout pour faire ce que nous faisons. On a toujours voulu être meilleur à chaque album. Nous avons toujours en nous cette étincelle qui nous pousse plus loin et qui continue à nous inspirer. Et nous n’avons pas l’intention de nous arrêter en si bon chemin ! (Sourire) D’ailleurs, je pense que ce nouvel album en est un parfait exemple. Nous ferons des choses très spéciales en tournée l’an prochain, c’est une certitude.

– Vous avez enregistré ce nouvel album à Los Angeles dans vos propres studios. Vous êtes désormais installés là-bas, ou est-ce que c’est juste parce que le soleil de Californie qui vous donne toute cette énergie ?

En fait, Mike (Heller, le batteur – NDR) vit là-bas et possède son propre studio. Nous sommes en Floride avec Mark, mais cela ne change rien au processus d’écriture. Mike a apporté beaucoup d’idées et fait de nombreuses propositions pour obtenir ce son sur ce nouvel album. Pour ce qui est des arrangements, nous nous en occupons toujours tous les trois, ensemble. Nous lui avons tout envoyé : les guitares, la basse, les solos et il a fait un travail de fou avec tout ça, ainsi que sur les voix ! Il a réussi à faire un mix génial, tout en conservant ce côté très organique, qui caractérise RAVEN. Il nous a suffit de livrer la meilleure performance possible finalement.

– Cette fois encore, l’album est bâti autour des riffs et vos morceaux sont toujours très compacts. Il y a un côté intemporel dans votre écriture, ce qui fait que RAVEN sonne très actuel et moderne. Comme l’expliques-tu, car la plupart des groupes sont marqués par une époque et cela ne concerne pas seulement le son ?

En fait, on essaie de garder à l’esprit ce qui fait RAVEN : les riffs, bien sûr, un rythme soutenu, etc… mais sans jamais regarder vers le passé. On ne perd pas de vue nos racines, elles sont définitivement ancrées en nous. Et il y a aussi ce côté un peu extravagant et exagéré dans les textes, une certaine attitude de mauvais garçons peut-être aussi. Parfois, la basse et la guitare prennent des directions différentes et lorsqu’on se rend compte que ça devient un peu trop commercial : on se dit ‘Oups ! Il faut changer ça !’. Mais on garde un œil sur l’aspect mélodique, c’est un truc de fou en fait ! Il y a de l’intensité, on  frôle souvent le chaos, mais il faut que ce soit accrocheur. Notre truc, c’est notre relation de musicien et la destruction ! (Rires)

– Il y a aussi une chose que je trouve incroyable chez RAVEN, c’est que votre Heavy Thrash ou Speed Metal ne baisse pas en rapidité et en percussion. Beaucoup de groupes de votre génération ont tendance à lever le pied et diminue en intensité, mais pas vous. Quel est le secret de toute cette nervosité si généreuse ?

C’est juste qu’on adore ce que l’on fait et nous sommes très ouverts ! Je me souviens que gamin à Newcastle, ce qui me fascinait dans certains concerts, c’était justement cette intensité et cette puissance, qui étaient saisissantes. Ca me transportait littéralement. Mon héritage musical vient de là, de tout ça. Depuis, j’essaie de délivrer la même chose, les mêmes sensations que j’avais adolescent. Et il y a aussi bien sûr cette connexion avec le public, qui est incroyable. C’est aussi pour ça qu’on ne prend pas de drogue, par exemple. Si tu fais ça, tu ne peux pas capter l’attention, tu restes dans ton coin à faire ton truc. Tu comprends ça en vieillissant et tu te rends vite compte que tu n’as pas d’excuse si tu n’as pas la passion. Balancer toute cette énergie est ce que tu dois faire ! C’est ça la liberté ! Regarde les Rolling Stones, ils sont probablement meilleurs aujourd’hui qu’ils ne l’ont jamais été ! Mick Jagger n’a jamais arrêté, il n’a jamais perdu l’inspiration. Si on peut le faire, alors faisons-le ! (Rires)

John & Mark Gallagher – Photo Jay Shredder

– Tout en restant très puissant et massif, RAVEN n’a jamais négligé les mélodies. Vous les travaillez plutôt en fonction des lignes vocales ou de la guitare ?

La plupart du temps, cela vient de la guitare. Souvent, Mark (Gallagher, son frère – NDR) m’envoie des trucs par téléphone qui ne veulent pas dire grand-chose et il me dit : ‘Tu vois, c’est ça qu’il faut faire !’ (Rires) Plus sérieusement, cela vient de la musique, pas du chant. Elle dicte la structure de la chanson, mais pas seulement, elle guide aussi la mélodie qui installe le titre. Ensuite, c’est une question de feeling. Il pose des voix avec des mots qui ne veulent rien dire au début pour installer la charpente en quelque sorte. Les paroles viennent après, suivant l’ambiance, et la ligne directrice apparaît d’elle-même. La fin de la pandémie a aussi réveillé beaucoup de choses en nous et nous a ouvert tellement de voies. Il a fallu canaliser tout ça et se demander de quelle manière devaient sonner nos nouveaux morceaux et je pense que cela nous a rendu encore meilleurs. On trouvait les choses plus rapidement, les breaks venaient d’eux-mêmes… Cela a provoqué ce genre de choses chez nous. Pas mal de trucs sont devenus assez évidents et nous avons expérimentés tellement de choses également ! (Rires) Lorsque nous enregistrons un album, il y a toujours environ 20% d’improvisation en studio. C’est quelque chose que nous adorons et qui ne nous fait pas peur du tout. Il y a un peu de magie là-dedans… (Sourire)

– Enfin, beaucoup de groupes dénoncent les difficultés économiques engendrées par les tournées. Comment cela se passe-t-il pour RAVEN ? Vous n’avez pas trop de problèmes au niveau de l’organisation financièrement ?

On en a eu, oui, mais ce n’était pas de notre fait. Nous devions participer à des festivals qui ont été annulés. Mais nos fans n’ont pas demandé à être remboursé. Ils ont en grande partie gardé leur billet. Après, c’est vrai que beaucoup de choses s’annulent, car les organisateurs n’ont aucune idée du nombre de gens qui viendront et combien d’argent ils pourront faire. Ils ne prennent donc aucun risque et annulent. Ils veulent l’argent avant de faire le concert. La pandémie a bousculé beaucoup de choses également jusqu’en 2021. Depuis deux ans, les concerts ont repris et certains endroits où nous étions programmés ont reportés en gardant la même affiche. Et pour nous, c’est très bien, car nous avons un nouvel album et nous ferons tous les festivals l’an prochain, même s’il y en aura aussi cet été. Et nous allons tourner avec Saxon également en Italie, puis nous jouerons aussi quelques concerts en Belgique. Et nous serons en France le 9 septembre dans les Pyrénées pour le ‘Pyrenean Warriors Open Air’, et ensuite en Allemagne. En octobre, nous serons ici en Angleterre pour une série de concerts, puis l’an prochain en Australie et au Japon. Donc, tout va très bien !!! (Sourire)

Le nouvel album de RAVEN, « All Hell’s Breaking Loose », est disponible chez Silver Lining Music.

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Heavy metal Thrash Metal

Metallica : hors-saison

Pourquoi hors-saison ? Parce qu’intemporel, tout simplement ! Mais pas hors-jeu, ni hors-sujet ou hors-concours, non plus. Si en plus de 40 ans de carrière, METALLICA a alterné le bon, le très bon et le carrément mauvais, il faut bien reconnaître qu’avec « 72 Seasons », le quatuor renoue avec une certaine fraîcheur, une envie aussi et, avec un tel acquis, la maîtrise et le savoir-faire font encore une fois la différence. Les Américains ne font pas le grand écart, ne révolutionnent pas grand-chose mais, au fond, est-ce que c’est encore ça qu’on leur demande et qu’on attend d’eux ? Un disque de ce calibre est déjà une très belle chose.

METALLICA

« 72 Seasons »

(Blackened Recordings)

C’est toujours rigolo de s’atteler à la chronique d’un album que tout le monde déteste déjà avant même de l’avoir écouté ! Cela dit, les Californiens sont coutumiers du fait, rompus à l’exercice et surtout archi-blindés… à tous les niveaux ! Pas de quoi perdre le sourire donc pour nos amis de METALLICA. Bien plus qu’Ozzy, Megadeth ou Iron Maiden, James Hetfield et ses camarades sont sûrement les plus attendus au tournant de la scène Metal et même au-delà, si l’on en croit la palette sociale de leur public. Chaque nouvel album est par conséquent un évènement mondial et les attentes sont à la hauteur de cette démesure. 

Ayant déjà lâché quatre singles, « Lux Æterna », « Screaming Suicide », « If Darkness Had A Son » et le morceau-titre, on sait donc à quoi s’attendre de la production signée Greg Fidelman, assisté tout de même de Lars Ulrich et de James Hetfield… On ne sait jamais ! C’est massif, costaud, pas trop resserré et malgré une évidente modernité, le petit côté Old School fait du bien avec sa chaleur toujours très rassurante. METALLICA utilise ses propres recettes et on ne saurait trop lui en vouloir. Alors du haut de ses 77 minutes, de quoi est fait « 72 Seasons » et plus largement qu’est-on en droit d’attendre des Four Horsemen ?

Fidèle à lui-même, le cogneur en chef martèle tant que faire se peut ses fûts avec la métronomie qu’on lui connait. Lars Ulrich n’est sans doute pas le meilleur batteur du monde mais, quoi qu’on en dise, il est l’une des composantes majeures du style de METALLICA par son empreinte inimitable. Et que dire de Robert Trujillo, qui reste impérial de bout en bout ? Moins créatif qu’avec Suicidal Tendencies et Infectious Groove, certes, mais toujours indispensable. Aux guitares, Kirk Hammett et James Hetfield se font plaisir entre échanges bien sentis de riffs carrés et tranchants et  solos assez sobres et acérés.

Je ne vous ferai pas l’offense du ‘track by track’ que beaucoup affectionnent, d’une part parce que le tiers de « 72 Seasons » a déjà beaucoup tourner et d’autre part, car je pense que vous n’avez pas besoin de moi pour vous faire votre opinion. Mais un mot tout de même sur les moments forts, selon moi, de cette onzième réalisation studio. Sur des titres assez longs, donc peu formatés, METALLICA prend le temps de poser les atmosphères, preuve d’une grande liberté. Coup de projecteur donc sur « Sleepwalk My Life Away », « You must burn! », « Chasing Light », « Room Of Mirrors » et le génial « Inamorata ». Great job, dudes !

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Thrash Metal

Overkill : brand new old school

Si les noms du ‘Big Four’ reviennent avec insistance dès que l’on parle Thrash Metal, on a souvent tendance à négliger OVERKILL, véritable institution du genre, élément moteur pour plusieurs générations et régulièrement plus créatifs que les suscités. Encore meilleur que son prédécesseur et intéressant dans bien des domaines, « Scorched » prouve que le combo ne manque pas de ressources et encore moins d’idées.

OVERKILL

« Scorched »

(Nuclear Blast Records)

Vingtième album en 43 ans de carrière pour la légende Thrash Metal du New Jersey. C’est d’ailleurs assez rigolo de lire un peu partout que c’est le plus grand laps de temps entre deux efforts de la part d’OVERKILL. Certes, « Wings Of War » est sorti il y a quatre ans, mais si on tient compte de la pandémie, on est plutôt dans les clous. Ah, la, la ! Quand marketing et communication deviennent de si piètres arguments de vente.

C’est donc toujours sur le même rythme effréné que les Américains refont surface avec « Scorched » qui est étonnant à plus d’un titre. Toujours emmené par son frontman Bobby ‘Blitz’ Ellsworth et son bassiste Carlo ’D.D.’ Verni, derniers rescapés du line-up originel, OVERKILL assène son Thrash Metal si personnel avec une envie et une volonté intactes. Hargneux, groovy, incisif et percutant, le job est comme toujours très bien fait.

Pourtant, « Scorched » est tout en contraste et c’est même ce qui fait sa force. Le quintet ne fait pas dans le réchauffé et parvient même, contrairement à beaucoup d’autres, à se renouveler. S’il y a cet aspect Old School qui fait toujours le charme d’OVERKILL, la production est exemplaire, massive et libère une puissance toute sauvage (« Harder They Fall », « Twist Of The Wick », « Know Her Name », « Fever », « Bag O’Bones ». Classe !

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Thrash Metal

Kamala : la force du karma

Chez KAMALA, ça tabasse en règle et minutieusement et ça fait même 20 ans que ça dure ! Le trio brésilien sort son sixième opus studio (en plus d’un Live enregistré en France) et paraît avoir atteint la totale plénitude de son jeu. Avec « Karma », le combo conjugue vélocité, puissance et mélodie dans un juste équilibre très racé.

KAMALA

« Karma »

(M&O Music)

Cela fait maintenant deux décennies que KAMALA diffuse son Thrash Metal depuis Campinas au Brésil. D’une fraîche sauvagerie, la musique du combo s’affine au fil du temps forcément, mais aussi et surtout au gré des multiples changements de line-up. Il semblerait que son créateur, le guitariste et chanteur Raphael Olmos, soit en quête perpétuelle d’excellence, ce qu’on ne saurait lui reprocher.

Sur ce très bon sixième album, le frontman est entouré du bassiste Zé Cantelli et de la batteuse Isabela Moraes, tous deux rompus à l’exercice et d’une redoutable efficacité. Il faut bien avouer que la Brésilienne avoine sévère derrière ses fûts et non sans un groove certain, faisant corps avec des lignes de basse imparables. KAMALA montre les crocs et sort une fois encore l’artillerie lourde.

Sur des riffs acérés et agressifs, le power trio avance à toute allure dans un registre qui prend racine dans les 90’s et qui n’est d’ailleurs pas si éloigné de ses aînés et compatriotes Sepultura à leurs débuts. Cela dit, les Sud-Américains se démarquent grâce à une belle touche de modernité et « Karma » dispose également d’une production massive, qui élève aujourd’hui KAMALA dans la hiérarchie Thrash Metal.

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Thrash Metal

Praetor : bulldozor

Un pied en Lorraine et l’autre dans le Duché de Luxembourg, PRAETOR est solidement ancré dans un Thrash Metal percutant et sans détour. Rageur, le combo se montre facile dans un exercice très maîtrisé pour un premier album. Bien aidé par une riffeuse et soliste hors-pair, l’unité affichée se montre fracassante et très prometteuse. 

PRAETOR

« Praetor »

(Metal East Productions)

Forcément pour avoir œuvré dans des Tribute Bands dédiés à Metallica, Sepultura et Pantera, les influences de PRAETOR sur ce premier album éponyme sont manifestes. Et on ne va pas s’en plaindre ! Bien au contraire, les Franco-Luxembourgeois sont parvenus à élaborer un mix vraiment convaincant à travers des compositions musclées, efficaces et rentre-dedans.

Avec des tonalités Old School et directement marqué par l’héritage de la Bay Area, le quatuor a des arguments que les puristes de Thrash Metal trouveront familiers et addictifs. Composé d’Hugo Centero (guiatre, chant), Alex Guignard (batterie), Sébastien Gouttes (basse) et Noémie Bourgois (guitare), PRAETOR envoie du bois avec un savoir-faire de vieux briscards.

Ce premier effort présente une production puissante et massive, où les dix morceaux se libèrent dans un registre à la fois rugueux et sans concession. Véloce et groovy, le style de PRAETOR se détache rapidement de ses modèles avec des titres agressifs et mélodiques (« No Return », « Enemy », « Dormant Brain », « Screens », « Distant Road »). Une belle et grosse claque !