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Metal Progressif

DGM : conceptuel

Les maîtres incontestés du Metal Progressif italien ont décidé d’occuper le terrain et on ne les arrête plus. A raison de deux sorties en quelques mois seulement, on pourrait les croire à court d’imagination, ou plus simplement quelque peu rassasiés, mais il n’en est rien. DGM n’entend pas ralentir la cadence et lorsqu’on écoute ce nouvel effort, on peut se dire qu’ils en ont encore sous le pied… et pour un bon moment ! Captivant du début à la fin, « Endless » est assez inédit pour la formation dans son contenu et c’est ce qui fait tout son attrait.  

DGM

« Endless »

(Frontiers Music)

L’adjectif qui revient sans doute le plus souvent au sujet des Transalpins est ‘impressionnant’. Et sur « Endless », ils le sont encore. Un an à peine après le très bon « Life », ils livrent un album-concept. Etonnamment, c’est même le premier de leur discographie longue de douze opus et il s’agit aussi peut-être d’un des plus variés du quintet. Certes, on y retrouve toujours la patte de DGM, à savoir un style très dynamique aux envolées époustouflantes, mais il se distingue également par un nombre assez conséquent de passages acoustiques et purement Rock Progressif. Et là encore, ils excellent.

Orchestré par le maestro qu’est le guitariste et compositeur Simone Mularoni, « Endless » est bien entendu une réalisation très vive, éclairée par des mélodies et une technique d’une justesse incroyable. Si d’autres, dans le même style, donnent parfois l’impression d’en faire trop, c’est rarement le cas avec DGM, qui a su imposer son style depuis ses débuts. On retrouve donc cette atmosphère propre à ses productions, faite de ponts multiples, de breaks surprenants, de duels entre les claviers et la guitare et les apparitions toujours bien senties de la flûte qui offrent un petit côté intemporel dans cette vélocité très moderne.

Au chant, Marco Basile confirme qu’il est l’un des meilleurs chanteurs de la ‘Botte’. Irrésistible, il alterne les moments calmes et intenses avec une aisance bluffante. S’il aura fallu plus de 30 ans à DGM pour réaliser son premier album-concept, alors que c’est presque la norme en matière de Prog, le groupe se montre à la hauteur de l’exercice avec un déroulé très narratif, qui tient en haleine et se montre limpide dans son interprétation. Sur près d’une heure, on retiendra quelques moments forts comme « The Great Unknow », « Solitude », « From Ashes » et le magistral « … Of Endless Echoes », long de 14 minutes.   

(Photo : Matteo Ermeti)

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Metal Progressif

The Progressive Souls Collective : no reset

Deuxième partie du concept amorcé et développé par la tête pensante du projet, Florian Zepf, pour THE PROGRESSIVE SOULS COLLECTIVE. Cette réunion autour du Metal Progressif démarrée il y a quatre ans a trouvé ses repères, son ton et une patte qui le rendent désormais identifiable. Formé autour d’un line-up changeant, hormis son frontman, le collectif présente la suite de « Sonic Birth » avec « Sonic Rebirth », une production exceptionnelle, riche et d’une fluidité de chaque instant qui la rend assez unique.

THE PROGRESSIVE SOULS COLLECTIVE

« Sonic Rebirth »

(Metalville Records)

Lorsque que j’avais interviewé Florian Zepf, guitariste, compositeur et maître d’œuvre de THE PROGRESSIVE SOULS COLLECTIVE en 2020 à la sortie de « Sonic Birth », il m’avait confié qu’il ne s’agissait nullement d’un groupe, mais d’un projet dédié à l’amour de la musique progressive. Et pour mener à bien cette aventure, il avait réuni un casting international de haut vol, qui s’était vraiment investi dans la création d’un album très abouti et moderne. Et grâce à un savant mélange d’éléments numériques et organiques, le résultat était assez bluffant de vérité.

Pour « Sonic Rebirth », l’Américain continue sur cette belle lancée et il est toujours aussi bien entouré. A commencer par le chanteur Vladimir Lalic (Organized Chaos) qui est devenu bien plus que la simple signature vocale du collectif. Sont venus grossir les rangs : Megan Burtt (Gingerbomb), Jamie Powell et Simen Børven (Leprous), Gerald Peter (Jordan Rudess), Tim Korycki (Tomorrow’s Eve), ainsi que des membres de Special Providence et des musiciens d’Eric Clapton, Joe Cocker… THE PROGRESSIVE SOULS COLLECTIVE a donc encore fière allure, tout comme l’ensemble de ce nouvel opus.    

Les deux réalisations s’inscrivent dans un même concept et l’on reprend là où en était « Sonic Birth ». Toujours aussi affiné et élégant, le Metal Progressif du combo brille par la technicité de ses membres, mais pas seulement. Les mélodies sont accrocheuses, les thèmes très bien développés et les compositions de Florian Zepf montrent d’étonnantes facettes dans leurs structures. Si l’on pense parfois à Pain Of Salvation ou Haken, THE PROGRESSIVE SOULS COLLECTIVE s’étend dans un style très personnel et dans des ambiances très variées. Une nouvelle réussite.  

Le créateur du projet : Florian Zepf
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AOR Hard FM Hard Rock

Lionheart : pacification

Si l’esprit est ouvertement 80’s/90’s, les compos et l’interprétation ne dévoilent pas la moindre ride. Chevronnés et très inspirés, les musiciens de LIONHEART surfent toujours sur une belle vague de Hard Rock mélodique, entre Hard FM et AOR (oui, il y a une différence !). Solide et fédératrice, leur dernière production navigue entre des émotions dues au thème à l’œuvre ici et des envolées dignes des plus belles heures du genre. « The Grace Of A Dragonfly » allie puissance et intemporalité.  

LIONHEART

« The Grace Of A Dragonfly »

(Metalville)

Malgré une histoire qui a commence à la fin des années 80 et un line-up qui a tout du ‘All-Stars Band’, LIONHEART ne compte que quatre opus à son actif, en incluant « The Grace Of A Dragonfly ». Mais depuis « Second Nature » en 2017, les Anglais sont sur une belle dynamique et cette nouvelle réalisation vient confirmer les belles choses entrevues sur « The Reality Of Miracles » (2020). Avec une base Hard Rock, la cuvée 2024 nous embarque sur des refrains accrocheurs dans un Hard FM très soigné.

Forts une réputation qui les précède, Dennis Stratton (guitare, ex-Maiden), Steven Mann (guitare, MSG), Rocky Newton (basse, Wildfire, Schenker), Clive Edwards (batterie, Uli Jon Roth)v et Lee Small (chant, Shy) livrent leur premier concept-album. Centré sur la Seconde Guerre Mondiale, celui-ci se veut un hommage anti-guerre basé sur un travail mélodique exceptionnel. LIONHEART s’est focalisé sur les voix et tout le monde fait d’ailleurs les chœurs, mais c’est guitaristiquement que les Britanniques se montrent brillants.

Réaliser un disque aussi positif sur un thème guerrier n’était pas la chose la plus évidente et pourtant le quintet y est parvenu, grâce à des morceaux harmonieux et finement composés. Les chorus, les twin-guitares, les solos et les riffs du duo Stratton/Mann rayonnent enveloppé de claviers à la fois discrets et efficaces (« Declaration », « V Is For Victory », « The Longuest Night », « Just A Man », « UXB » et le morceau-titre). Tout en maîtrise, LIONHEART se montre sous son meilleur jour et fait parler l’expérience.

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Cinematic Metal France Metal Progressif

No Terror In The Bang : une confirmation tout en puissance [Interview]

Le changement de label et une orientation musicale nettement plus féroce semblent avoir donné à NO TERROR IN THE BANG une vision plus nette et sans limite de son Cinematic Metal. Toujours aussi progressif, des sonorités plus extrêmes sont cette fois à l’œuvre sur « Heal », notamment dans le chant. Les Normands paraissent avoir pris leur allure de croisière et s’impose vraiment sur la scène Metal hexagonale grâce à un registre original, créatif et totalement maîtrisé. Alexis Damien (batterie, arrangements), Romain Greffe (claviers, arrangements, piano) et Sofia Bortoluzzi, frontwoman du sextet, reviennent sur ce fougueux élan à l’œuvre sur ce nouvel album.

Photo : Aurelien Cardot

– Un peu moins de trois ans après « Eclosion », vous faites un retour fracassant avec « Heal ». Entre-temps, vous avez changé de label pour intégrer la belle maison Klonosphere. J’imagine que c’est une source de motivation supplémentaire ? Est-ce que cela a pesé d’une quelconque manière dans la réalisation de l’album ?

Alexis : Klonosphere est un label fondé par Guillaume Bernard de Klone, que je suis depuis longtemps. Son avis et ses encouragements étaient donc une très bonne surprise et un encouragement. Il a reçu l’album et nous a appelé assez rapidement. Le côté éclectique et progressif de notre musique collait à l’esthétique globale des groupes Klonosphere. On est donc ravis et cela nous donne un second souffle.

– Le cap du deuxième album est toujours important pour un groupe et dans votre cas, cela semble vous avoir donné des ailes et une détermination incroyable. C’est pour cette raison que « Heal » est nettement plus agressif que son prédécesseur ?

Romain : On avait à cœur de confirmer ce que nous avions entrepris dans le premier album, et nous étions portés par les retours positifs, autant dans la presse que dans les diverses rencontres au fil des scènes. On s’est dit qu’on voulait aller plus loin, qu’on voulait plus explorer, se lâcher et se faire plaisir aussi.

Alexis : Sofia a voulu aller plus loin dans le chant saturé, cela donne forcément une brutalité supplémentaire, et emmène la musique sur des territoires plus hostiles… Je pense qu’on a forcé le trait, on est effectivement allé plus loin dans le spectre sonore.

Photo : Aurelien Cardot

– Votre Metal Progressif a lui aussi beaucoup évolué et, s’il se veut toujours aussi cinématique, il est très ancré dans son époque avec notamment des sonorités MetalCore et Electro. C’était un changement nécessaire ou, plus simplement, c’est dû au fait que NO TERROR IN THE BANG n’avait pas encore exploré toute sa palette artistique ?

Romain : Cette fois-ci, tous les membres du groupe ont écrit des morceaux, et les idées ont fusé. Les expérimentations aussi. Donc, ces sonorités Electro sont un prolongement de ce que nous avions expérimenté sur « Eclosion », et font suite à cette volonté d’aller plus loin. C’est l’envie, toujours et plus, de faire cohabiter les styles. Inclure des parties Electro, ou aussi des vraies parties de piano proches d’une musique cinématographique et parfois même contemporaine, était à la fois amusant et évident !

Alexis : Je suis heureux si le disque t’a semblé actuel. C’est une priorité pour moi de se poser la question de la modernité, de mettre en perspective le passé – l’héritage – le présent et le futur. Je ne me verrais pas créer un groupe de Thrash, par exemple…Les références sont trop dures à surpasser. En revanche, défricher de nouveaux terrains, tenter des métissages, cela est excitant. Les musiques actuelles, c’est comme un arbre qui se développe à l’infini, et si nous pouvions incarner ne serait-ce qu’un petit bourgeon dans la grande maison ‘Metal’, cela nous irait parfaitement.

– L’autre fait marquant de « Heal » est la dimension prise par Sofia au chant. La puissance affichée est assez phénoménale avec, notamment, une facilité étonnante à passer du registre clair au growl. Se rapprocher ainsi du Metal extrême est même assez inattendu. Cela tient-il aussi de la thématique du combat développé sur l’album ?

Sofia : Oui tout à fait, rien dans l’interprétation n’a été composé au hasard. Le côté growl plus extrême se justifie par une volonté de démontrer cette maturité acquise au fil des années, mais c’est également dû à  l’envie d’illustrer la thématique du combat de manière plus poignante, plus cathartique. Allié au chant clair, il devient d’autant plus saisissant. 

Photo : Aurelien Cardot

– Malgré beaucoup de vélocité, « Heal » contient toujours autant de passages très cinématiques et immersifs, mais peut-être plus sombres que sur « Eclosion ». Cependant, on a le sentiment que vous avez cherché l’efficacité tout au long de l’album…

Alexis : Effectivement, si on fait du live, il est important de le penser et de l’anticiper. Certains morceaux marchent mieux que d’autres, chaque groupe connait ça. Désormais, nous avons plus de répertoire, et donc nous jouons les plus efficaces. Par conséquent, c’est un exercice d’équilibriste et d’autocritique permanent. Il faut savoir expérimenter en gardant raison gardée – une sorte de lucidité, pour se dire ‘oui’ ça marche ou ‘non’, ça ne marche pas, ce sera un morceau sur album, mais pas en concert…Cela dépend aussi de quels types de concert : jouer en première partie est très différent que de jouer un set de 1h15 en tête d’affiche.

Romain : C’est aussi dû à notre propre retour du premier album. On s’est rendu compte qu’il y avait des parties vraiment ardues à reproduire en live, et on voulait également que notre musique soit encore plus éclectique. C’est pour cela qu’on a souhaité introduire quelques parties plus efficaces, plus directes, mais sans pour autant renier ce qui fait notre sel. A chaque partie plus ‘in your face’ s’adjoint une autre plus subtile, avec des arrangements les plus travaillés possibles, pour que toutes les sensibilités de notre public s’y retrouvent.

Photo : Aurelien Cardot

– Même si l’une des particularités de NO TERROR IN THE BANG est de présenter une musique très fouillée et technique, « Heal » est encore plus sophistiqué dans le son, ainsi que dans la structure des morceaux, les détails de l’orchestration et le soin porté aux arrangements. Comment vous êtes-vous répartis le travail d’écriture et de production surtout ?

Romain : Tout le monde a contribué à l’écriture et l’arrangement de cet album, alors que sur « Eclosion », tous les morceaux partaient d’idées d’Alexis (et nous les avions arrangés à six). Chacun est venu avec deux ou trois morceaux, avec des sensibilités différentes, des discours et des ambiances variées. Parfois, avec des morceaux quasiment aboutis, parfois avec quelques idées à assembler. Nous avons ensuite repassé le tout à la moulinette ‘NO TERROR’, et chacun a pu apporter sa patte. Et le travail de Sebastien Langle a sublimé nos créations.

Alexis : Nous réalisons des pré-prod en home-studio, très avancées, et nous enregistrons ensuite au studio de Sebastien Langle, puis au mastering avec Pierrick Noel. Sebastien est un peu notre Rick Rubin, il nous pousse dans nos retranchements.

– A l’écoute de l’album, les images se bousculent et l’on pense évidemment au rendu scénique. Avez-vous imaginé une nouvelle scénographie ? Et puis, est-ce que le répertoire de deux albums-concepts peut se fondre facilement dans un même set ?

Romain : Evidemment ! Nous sommes en train de travailler sur une nouvelle scénographie, mais ça prend du temps. Ça n’est pas toujours simple de correspondre visuellement à notre ambition musicale, surtout que c’est un métier à part entière. Les morceaux peuvent cohabiter sans aucun souci, même si dans un premier temps, nous aurons à cœur de défendre « Heal » sur scène.

Alexis : Un objectif serait de pouvoir un jour proposer des projections à la façon d’un ciné-concert. Nous avons commencé à faire des tests, mais évidemment, tous les endroits ne sont pas adéquats pour cela. Certaines SMAC sont bien équipées, mais en festival, c’est déjà plus compliqué, et ne vous y trompez pas, cela est souvent réservé aux très grosses productions. Mais rien n’est impossible, il faut aussi être malins, nous y réfléchissons.

Photo : Aurelien Cardot

– Enfin et toujours à propos de la scène, comment allez-vous restituer la complexité de certains titres ? Vous comptez utiliser plus de machines, ou peut-être épurer certains passages ?

Romain : Pour le premier album, on jouait tout 100% live. Là, au vue de la production des morceaux, on va s’aider de séquences. Ça nous permettra de restituer au mieux nos arrangements, sans concession, peu importe la situation de concert, qu’on soit en première partie ou en tête d’affiche.

Alexis : Epuré, ça peut se faire sur certains tout petits bouts, comme le pré-refrain de « Warrior », qui contient 75 couches ! (Rires) Mais les titres ne sont pas aussi complexes que cela, on s’y fait très vite !

« Heal », le nouvel album de NO TERROR IN THE BANG est disponible chez Klonosphere

Retrouvez l’interview du groupe à l’occasion du premier album :

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Classic Hard Rock Hard Rock

The Redshift Empire : à la croisée des mondes

Fondamentalement Rock’n’Roll et surtout Hard Rock en l’occurrence, THE REDSHIFT EMPIRE s’est lancé dans un album-concept sur le thème de l’espace, un exercice pourtant cher au Progressif. Mais en restant ancrés dans la tradition du genre, les Français apportent une touche moderne avec une belle fraîcheur et une puissance presque Metal. Très travaillé, « New Horizons » dévoile une formation ambitieuse, inspirée et très douée, dont l’avenir s’annonce radieux.

THE REDSHIFT EMPIRE

« New Horizons »

(Redshift Records)

2023 marque un tournant pour le quintet francilien. Redshift est devenu THE REDSHIFT EMPIRE et après « Duality » paru en 2018 chez M&O, il sort son deuxième opus sur son propre label. Musicalement aussi, on note une évolution qui, sans être révolutionnaire, semble plutôt naturelle. Le groupe grandit, mûrit et son style avec. En revanche, « New Horizons » montre une production plus massive et très véloce et surtout, il s’agit d’un album-concept basé sur une épopée spatiale captivante.

Œuvrant dans un Hard Rock musclé et mélodique, parfaitement mis en valeur par un enregistrement et un mix irréprochables, THE REDSHIFT EMPIRE livre des morceaux très accrocheurs et entêtants. Sur des riffs épais et racés, une rythmique solide et dynamique, le frontman Thibault Ropers se montre d’une singulière polyvalence, tant la maîtrise affichée est irréprochable. Rien ne parait lui résister tout au long de « New Horizons », où il se révèle comme un redoutable chanteur dans un rôle de leader assumé.

Très bien structurée, cette nouvelle réalisation est aussi aventureuse dans son propos que dans son approche. Ce qui est assez étonnant chez THE REDSHIFT EMPIRE, c’est le registre emprunté. Si le son est actuel, l’ensemble sonne tellement intemporel qu’il est difficile de rattacher le combo à une époque spécifique. Et c’est aussi ce qui fait sa force et son originalité (« Ignition », « No Way Back », « Hyperspace », « Asteroids », « Planet III », « The Message »). « New Horizons » est bien plus qu’un simple envol réussi.

Photo : Lucie Monroe
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International Rock Progressif

Eloy : dans les arcanes de l’Histoire [Interview]

La boucle est bouclée pour Frank Bornemann, guitariste, chanteur et compositeur d’ELOY. La trilogie autour de la vie de Jeanne d’Arc arrive donc à son terme avec le troisième volet de cette folle aventure avec « Echoes From The Past ». Faisant suite à « The Vision, The Sword And The Pyre Part I & II », ce nouvel opus se présente dans une ambiance légèrement différentes des précédents, puisqu’on y retrouve une touche très personnelle et propre au groupe allemand. Son leader nous en dit plus sur cette épopée musicale moyenâgeuse, et pourtant si actuelle dans le son et les morceaux.

– « Echoes From The Past » a une saveur un peu particulière, puisqu’il est non seulement le 20ème album studio d’ELOY, mais il est aussi le dernier volet de la ta trilogie consacrée à Jeanne d’Arc. Quel regard portes-tu sur cette carrière bien remplie ?

Etonné par sa durée, ému par la grande attention qui a été accordée à la musique d’ELOY, reconnaissant pour une si grande communauté de fans autour du globe qui m’a permis de faire cette carrière et d’être toujours en forme et en bonne santé.

– Ce nouvel album fait donc suite à « The Vision, The Sword And The Pyre Part I & II », une aventure débutée en 2017. Comment as-tu fait évoluer la narration dans un premier temps ? Et est-ce que cette trilogie a été écrite en une seule fois, ou au fur et à mesure ?

Dès le début, j’ai eu l’intention de créer une œuvre absolument authentique et historiquement correcte dans tous ses détails. Pour ce faire, j’ai consulté différents historiens, dont Régine Pernoud et Olivier Bouzy, le directeur du Centre Jeanne d’Arc à Orléans. C’est ainsi que je suis devenu un fin connaisseur de son histoire. Pour m’inspirer, j’ai visité de nombreux lieux où elle avait vécu et travaillé. Puis, j’ai commencé à travailler sur l’œuvre. J’ai d’abord cherché un titre intéressant et je l’ai trouvé avec « La vision, l’épée et le bûcher », et je me suis lancé. Comme il s’agit d’une œuvre très complexe, je l’ai divisée en deux albums et je me suis d’abord concentré sur le contenu du premier, qui est sorti en 2017 et a été très remarqué. Il a eu un grand succès et s’est placé dans plusieurs charts.

Encouragé par ce succès, j’ai immédiatement travaillé sur le deuxième volet, qui est sorti en 2019 et a également eu du succès en se classant aussi dans plusieurs charts. Au début, je n’avais pas pensé à un troisième album. Plus tard, je me suis rendu compte que le conteur, Jean de Metz, n’avait pratiquement rien dit de ses impressions, pensées, peurs et sentiments sur les deux albums. J’ai donc décidé de créer un troisième volet, dans lequel il serait le protagoniste des événements aux côtés de Jeanne d’Arc et refléterait les événements dans sa mémoire. C’est devenu un album très émotionnel que j’ai intitulé « Echos du passé ». Et l’album marche aussi très bien.

– Musicalement, de quelle manière es-tu parvenu à trouver cet équilibre, car les trois albums montrent une belle unité ?

Je ne sais pas. J’ai simplement composé, écrit des textes et je me suis mis dans la peau de Jean de Metz. Je me suis donc totalement identifié à lui. Je devais penser et ressentir comme lui, sinon cela n’aurait pas été possible. En ce qui concerne la musique, j’avais plus de liberté que dans les deux précédents. Ainsi, lors de la composition, des éléments typiques d’ELOY ont été introduits dans la musique, ce qui a probablement rappelé aux fans d’anciens albums. Pour moi, il était important que la musique s’accorde avec les deux premiers, malgré ses moments de force, de sensibilité et d’émotion variables. L’accueil positif réservé à « Echoes From The Past » me montre que j’ai probablement réussi à terminer la trilogie sur une bonne note.

– Ta fascination et ton admiration pour Jeanne d’Arc ne sont pas récentes, car tu avais déjà composé les morceaux « Jeanne d’Arc » en 1992 et « Company Of Angels » en 1994. Est-ce qu’à l’époque, tu avais déjà imaginé créer une telle épopée musicale ?

Oui, j’y pensais déjà lorsque j’ai composé le premier titre sur le thème de Jeanne d’Arc en 1990. Mais c’était trop tôt pour une grande œuvre conceptuelle, car je n’avais pas le temps et la tranquillité nécessaires à l’époque pour composer et produire un tel opus. C’est pourquoi nous en sommes restés sur une seule chanson. « Company of Angels », en 1984, était prévu pour un film américain, mais il n’a jamais vu le jour. J’ai donc placé ce titre sur l’album « The Tides Return Forever ». Ensuite, j’ai eu une période très chargée, avec de nombreuses productions dans mon studio, et je n’ai pas eu le temps de m’attaquer à une œuvre aussi importante. Ce n’est que bien plus tard que j’ai eu l’occasion de réaliser ce rêve.

– « Echoes From The Past » semble t’avoir pris plus de temps, puisqu’il n’y avait que deux ans entre les deux premiers albums. Cela est-il dû au Covid, ou l’album t’a-t-il demandé plus de travail ?

Oui, le problème a en effet été le Covid. Les musiciens et les ingénieurs du son étaient constamment absents. La production de cet album a été très éprouvante. Je suis d’autant plus heureux de ce succès.

– Comment pour les deux précédents, Jean de Metz, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, est le protagoniste principal de l’histoire. Tu n’as pas été tenté de faire parler ton héroïne cette fois ?

Non, car cet album était dédié à Jean de Metz et à ses pensées et sentiments. Jeanne s’exprimait déjà sur « The Vision, the Sword & the Pyre Part 1 » avec la voix d’Alice Merton.

– Musicalement, ton Rock Progressif sonne très moderne aussi, tout en conservant ce côté intemporel propre à ELOY. Est-ce que le changement de line-up sur « Echoes From The Past » t’a également apporté un nouvel élan dans le jeu, la production et peut-être même dans la composition ?

Il n’y a pas eu de changement de casting, mais seulement des absences. Pendant la période de production, j’étais très souvent seul dans le studio. Les deux claviéristes, Hannes Folberth et Michael Gerlach, n’étaient pas là, et Steve Mann n’a pu participer aux claviers que pendant une période limitée, car il devait faire des tournées aux Etats-Unis, au Japon et en Angleterre en tant que guitariste. Au cours de la production, j’ai donc été très souvent seul en studio et je n’avais que sporadiquement des musiciens invités, auxquels j’expliquais ce qu’ils devaient jouer. Il n’y a eu aucun problème pour la basse et la batterie. Matze et Stephan ont apporté de superbes accents, qui ont donné un profil supplémentaire à l’album. Néanmoins, c’était une production épuisante et souvent solitaire pour moi, et finalement, j’ai dû mixer toute la musique et créer un pré-master.

– Ce qui est assez incroyable avec ELOY, c’est que tu as abordé des registres allant du Hard Rock au Space Rock en passant par le Krautrock, le Symphonique et bien sûr le Progressif. Pourtant, le style et le son du groupe sont immédiatement identifiables. Est-ce que c’est parce tu es le détenteur de cette identité depuis le début et que, finalement, ELOY ne pourrait pas continuer sans toi ?

Ce que tu supposes est vrai. J’ai effectivement fondé le groupe, j’ai fortement influencé son style par mes compositions et mon travail de production. J’ai également navigué à travers tous les changements de line-up. J’ai toujours tenu à ce que le groupe conserve son identité, et les fans m’ont largement récompensé pour cela.

– Enfin, lors de notre dernière interview, tu me disais que tu ne souhaitais pas faire de concerts autour de cette trilogie, mais un spectacle musical interprété par des artistes français. Où en est le projet aujourd’hui ?

Il est de facto impossible d’interpréter une telle œuvre uniquement avec une formation de groupe sous forme de concert avec de grands chœurs et des scénarios orchestraux. Dès le début, j’ai eu l’idée et l’intention de présenter « The Vision, the Sword and the Pyre » (sans « Echoes From The Part » et d’abord en France) comme un spectacle musical, à savoir un mélange de théâtre et de musique. Tous les dialogues et les paroles qui mènent l’action doivent provenir d’une troupe de comédiens français, qui se produisent sur scène. Les textes doivent bien sûr encore être écrits. Pour cela, je vais bientôt travailler avec un écrivain français. Il n’y aura pas de dialogues chantés, comme c’est le cas pour les comédies musicales. Si des représentations ont lieu à un moment ou à un autre dans d’autres pays, les textes parlés seront interprétés dans la langue du pays par une troupe de théâtre locale. Tu vois, le chemin à parcourir reste encore long et il n’est pas du tout certain que nous y parvenions. Croisons les doigts !

Le dernier album d’ELOY, « Echoes From The Past », est disponible chez Drakkar Entertainment.

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Djent Groove Metal Metal Progressif

TesseracT : futuriste

Sur une production massive signée en collaboration avec Peter Miles et Katherine Marsh de Choir Noir, TESSEARCT livre « War Of Being », un opus conceptuel et particulièrement immersif. Pointus et techniques, les Anglais posent des ambiances souvent avant-gardistes, et toujours aussi Metal et progressives. Et en se réinventant à chaque fois, leur parcours est assez renversant. A noter que la pochette a été réalisée avec l’assistance d’une IA, une chose qu’on ne verra pas se produire sur la musique du groupe, selon son guitariste James Monteith.

TESSERACT

« War Of Being »

(Kscope)

Apparu au début des années 2000, TESSERACT fait partie de la grande famille du Metal Progressif avec cependant des aspects qui le distingue du style originel. Les inspirations Rock des pionniers ont disparu au profit de sonorités plus actuelles comme le Nu Metal et surtout le Djent avec lesquels les membres du groupe ont grandi. C’est assez normal finalement et cela donne des spécificités particulières aux Britanniques, qui sont parmi les rares à proposer ce type de registre. En perpétuelle évolution et adeptes d’expérimentation musicale, ils présentent un « War Of Being » novateur.  

Cinq ans après leur dernier effort studio, « Sonder », et suite à « Live In The Lockdown » et « P.O.R.T.A.L.S. » sortis en pleine pandémie, TESSERACT s’essaie au concept-album et c’est plutôt réussi. On plonge ainsi dans ‘The Strangeland’, où se trouvent les deux protagonistes de cette fable moderne. En alternant les couleurs musicales à presque chaque album, le quintet sort systématiquement de sa zone de confort tout en restant dans un Metal Progressif flirtant avec le Groove, le Nu Metal et surtout le Djent. Présentées comme un élément unique, les neuf plages de « War Of Being » sont littéralement soudées.

L’enchaînement des morceaux est remarquable et grâce à des atmosphères très contrastées et un gros travail sur les textures sonores, TESSERACT s’appuie sur une belle vélocité et des passages aériens bien sentis. Entre chant clair mélodique et growl appuyé, le frontman Daniel Tompkins livre une prestation en symbiose parfaite avec un duo de guitaristes survitaminé, dont les riffs Heavy ravagent tout sur leur passage. Enfin, la rythmique agile et puissante mène ce nouvel opus sur un train d’enfer (« War Of Being », « The Grey », « Sacrifice », « Sirens »). Une belle et très maîtrisée déflagration !

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Doom Folk Metal Metal Progressif

Dun Ringill : l’épopée est en marche

Médiéval dans l’approche et très Metal et actuel dans le son, DUN RINGILL se lance dans une belle aventure, Heavy à souhait, Doom et progressive, sur la base d’un concept qui va donner lieu à deux volumes. En attendant 2024, le début de cette saga intitulée « 150 – Where The Gods Play » dévoile une aspiration à développer une fable musicale pleine de rebondissements.

DUN RINGILL

« 150 – Where the Old Gods Play Act 1 »

(The Sign Records)

En six ans d’existence, DUN RINGILL a sorti deux disques, « Welcome » (2019) et « Library Of Death » (2020), et pourtant il se lance déjà dans un défi très ambitieux. En effet, les Suédois livrent la première partie d’un double-album concept, « 150 – Where The Old Gods Play », dont l’histoire, et même le scénario, ont été écrits par Patrick Andersson Winberg (bassiste et principal compositeur) et Jonas Granath, professeur de religion et de littérature qui n’est d’ailleurs pas membre du groupe.

L’histoire nous propulse au début du siècle dernier en Ecosse, où l’on suit la protagoniste Lucia et un prête, le tout centré sur les manipulations de l’Eglise. Musicalement, la Folk nordique de DUN RINGILL se fond dans un Metal Progressif et un Doom profond. Si l’on retrouve ces atmosphères chez Skyclad ou Manilla Road, en raison notamment d’un léger voile old school, les Scandinaves se montrent très audacieux et dégagent une évidente originalité.

Entre émotion et fureur, « 150 – Where The Old Gods Play » diffuse des ambiances très prenantes où le violon se mêlent aux guitares et, grâce à la grande polyvalence vocale de Tomas Eriksson, l’ensemble devient vite immersif. Dès les premières notes de « Awakening » et sa cornemuse, DUN RINGILL annonce la couleur d’un opus qui se révèle profond et épique au fil de l’écoute (« Baptised By Fire », « Nathaniels Hymn » et le superbe « Blood Of The Lord »). Vite, le deuxième volet !

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Rock Progressif

Imaginaerium : une intemporalité ascensionnelle

Le Rock Progressif, teinté de Symphonique cette fois, ne supporte pas l’à-peu-près, c’est pourquoi le ‘casting’ réuni sur « The Rise Of Medici » dégage une rare intensité, qu’elle soit mélodique, orchestrale ou dans son récit si pointilleux et créatif. IMAGINAERIUM nous ramène quelques siècles en arrière avec une vision moderne de l’Histoire, où viennent se bousculer les images dans lesquelles les personnages prennent vie de manière saisissante. Du grand art !

IMAGINAERIUM

« The Rise Of Medici »

(Crime Records/We Låve Rock)

Projet final du regretté Eric Bouillette (Nine Skies, Solace Supplice, The Room, …), IMAGINAERIUM se présente avec un concept-album posthume brillant et qui devrait peut-être poursuivre son chemin sur scène. Car une telle réalisation est plutôt rare tant les protagonistes sont nombreux, neuf au total, « The Rise Of Medici » mérite que l’on s’y penche de très près afin de savourer pleinement cette grande fresque musicale toute en rebondissement.

Et ce magnifique édifice tient également sur les épaules de la chanteuse Laura Piazzai et du multi-instrumentiste Clive Nolan, tous deux à la base de cette création qui relate la montée au pouvoir d’une grande famille italienne du XVème siècle : les Médicis. Loin de donner dans le grandiloquent, l’Opéra Rock ou la comédie musicale, IMAGINAERIUM parvient à mettre en musique une histoire dans une belle unité narrative, qui capte naturellement toute l’attention.

Musicalement complexe parfois, on retient surtout la grande qualité des mélodies à l’œuvre et les couleurs apportées par un chant à cinq qui marie les contrastes sur une partition de haute volée. Avoir des musiciens d’un tel talent sur un album aussi exigeant que peu l’être « The Rise Of Medici » est nécessaire en plus d’être une véritable bénédiction. Machine à frissons, le groupe évolue d’un même et bel élan. IMAGINAERIUM invite au voyage… et il est beau !

Pour vous procurer l’album, un seul lien : https://shop.crimerecords.no

Retrouvez l’interview accordée par Laura Piazzai et Clive Nolan à Rock’n Force en octobre dernier :

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Heavy metal International

Night Demon : un classicisme éclatant [Interview]

Passe de trois pour le combo formé en 2011 à Ventura en Californie, qui surgit avec « Outsider », sorte de madeleine de Proust métallique. Conceptuel, l’album des Américains s’inscrit en effet dans la veine de la NWOBHM, soutenue cependant par une production très actuelle. Egalement bassiste du mythique Cirith Ungol depuis 2016, Jarvis Leatherby, frontman du power trio, revient sur la création de ce nouvel opus, l’évolution du groupe et sur son amour de la scène. Entretien.

– Tout d’abord et malgré ces dernières années compliquées pour tout le monde, on sent avec ce nouvel album que NIGHT DEMON est en pleine forme et très créatif. Vous en avez profité pour réfléchir sur le groupe et peut-être aussi lui donner de nouveaux objectifs ?

Oui, c’est vrai que cette pandémie a impacté l’ensemble de la société. Nous l’avons assez mal pris, parce que cela nous a empêché de tourner… et nous adorons tourner ! Depuis 2016, nous avons fait plus de 600 concerts. Cela dit, ça a été une bonne chose d’avoir un peut de temps pour pouvoir travailler sur ce nouvel album, c’est vrai. Mais je suis content que ce soit terminé, même si cela a été intéressant pour plusieurs raisons.

– En un peu plus de dix ans, vous comptez trois albums et même une compilation. Ce qui étonne aussi, c’est la sortie de neuf singles en plus de votre premier EP et d’un Live. Pourquoi autant de singles, c’est pourtant assez rare dans le Heavy Metal traditionnel ?

Oui, c’est vrai qu’on a sorti pas mal de singles. Nos albums sont très différents les uns des autres et finalement, c’était une bonne solution. On a fait ça en 2020 surtout. C’était juste histoire de changer un peu notre fonctionnement et d’essayer autre chose. Mais nous préférons bien sûr sortir des albums complets.

– Vous revenez donc avec « Outsider », qui est sans doute votre album le plus abouti, notamment au niveau de sa composition. En intégrant des passages plus lents et mélodiques, l’objectif était-il de peaufiner votre son et votre style ?

En fait, on ne voulait surtout pas se répéter. Tous nos albums ont toujours été un peu progressifs et on voulait revenir au son et au style beaucoup plus classique du Heavy Metal. On essaie de se renouveler à chaque album et on se pose toujours la question de savoir dans quelle direction nous allons aller. On voulait un son frais. Nous ne sommes pas un groupe comme AC/DC, par exemple, nous sommes incapables de faire ça. On a besoin de changer à chaque fois et c’est précisément ça qui nous intéresse et nous motive. 

– Même si l’on retrouve toujours l’influence de la NWOBHM, on a aussi le sentiment que votre style s’est également beaucoup américanisé. Tu le vois comme une sorte d’émancipation ?

Je ne sais pas trop. Je pense que les choses arrivent naturellement. Ce n’est pas quelque chose de conscient, ni de calculé. On essaie de sonner comme nous le ressentons sans trop prêter d’attention à ce qui nous entoure. C’est une question intéressante, je n’y avais jamais vraiment pensé auparavant. Il y a peut-être plus d’influences américaines sur ce nouvel album, mais je ne pense pas que nous sommes vraiment identifiables comme étant typiquement américain dans le son. Et il y a tellement de très bons groupes de chaque côté de l’Atlantique.

Jarvis Leatherby

– Pour la première fois, NIGHT DEMON se présente avec un album-concept. C’est quelque chose que tu avais en tête depuis longtemps, ou cela s’est finalement imposé assez spontanément ?

Oui, on avait ça en tête depuis un moment, mais c’est très compliqué à réaliser. On a déjà enregistré des albums qui contenaient deux-trois morceaux qui tenaient sur la même histoire. Cette fois, j’avais plus de temps pour me poser et écrire, car l’exercice n’est pas facile. Ecrire une histoire est comme écrire le scripte d’un film. J’ai toujours eu envie de le faire. Et cette fois, j’ai enfin pu le réaliser.

– Il y a un aspect très cinématographique et narratif justement sur « Outsider ». Selon toi, c’est le résultat d’un travail plus pointilleux sur les riffs, ou ce sont plutôt les textes qui ont donné le ton et la dynamique ?

Je pense que c’est surtout le fil de l’histoire qui donne cette dynamique. Il faut ensuite trouver la bonne musique qui va venir se poser dessus. On a vu ça comme un nouveau challenge et on a vraiment trouvé ça très cool à faire.

– La force et la particularité de NIGHT DEMON sont aussi d’évoluer en power trio. Et on a l’impression qu’il ne peut en être autrement. C’est aussi ton avis ?

En fait, on ne l’a pas fait exprès ! (Rires) Nous sommes vraiment très investis dans ce que nous faisons. C’est même assez saisissant ! On pourrait avoir un deuxième guitariste, mais je ne sais pas ce qu’il ferait. Cela apporterait sûrement un plus gros son, mais être à trois est vraiment quelque chose qui nous pousse encore plus et nous sommes heureux du résultat. On a déjà eu un second guitariste, mais bon… C’était un peu le bordel ! (Rires)

– Plusieurs passages plus lents de ce nouvel album débouchent aussi sur des aspects plus progressifs et même Doom par rapport à vos précédentes réalisations. C’est le fait de plus prendre le temps de poser certaines atmosphères qui vous y a conduit ?

En fait, c’est vraiment l’histoire qui nous guide et nous conduit à ces types de sonorités et d’ambiances. L’album s’écoute en entier et il est difficile de prendre les morceaux séparément. Il y a un réel fil conducteur. La partie Doom correspond aux passages plus sombres et pesants de l’histoire, alors que d’autres seront plus dans l’émotion. On a essayé de jouer la musique qui correspondait le mieux aux paroles. Ce sont les textes qui te disent où aller. On ne se pose pas de milites, nous ne sommes ce genre de groupe.

– Comme souvent chez NIGHT DEMON, les moments épiques ne manquent pas sur « Outsider » avec un côté sombre et aussi des passages accrocheurs et très speed. L’album étant assez narratif, votre intention est-elle de le jouer dans son intégralité et chronologiquement sur scène ?

Oui, absolument, à 100% ! Il y a beaucoup de groupes qui composent des morceaux très longs de 20 minutes. « Outsider » dure 35 minutes et nous avons choisi d’écrire des chansons assez courtes. On peut le jouer dans son intégralité, même s’il manquera quelques ‘classiques’ aux fans. (Rires) Mais oui, c’est notre objectif avec ce nouvel album.

– Enfin, si les groupes références sont toujours très nombreux dans le Heavy Metal, ils se font aussi vieillissants. N’est-ce pas l’heure pour NIGHT DEMON de s’imposer enfin, d’autant que vous êtes soutenus par le solide label qu’est Century Media ?

Ce n’est pas à nous de décider de ça, mais bien sûr que c’est notre volonté. Il y a beaucoup de groupes qui sont dans notre position et qui sont très bons. Mais c’est vrai que lorsque tu as déjà cinq ou six albums derrière toi, tu es en droit de te dire que c’est ton tour. C’est aussi la responsabilité des fans, des festivals et de la presse également. C’est aux festivals de mettre de jeunes groupes un peu plus haut sur l’affiche. Si les groupes sont bons, alors c’est leur place ! Et c’est l’occasion de montrer au public à quel point ils sont bons et qu’il faut les soutenir. Et si cela n’arrive pas très vite, il va y avoir un problème, parce que le fossé entre les anciens et les nouveaux va encore plus se creuser. Et si on n’arrête pas tout ça rapidement, ça va être la fin de beaucoup de choses. Il ne restera plus que des vieux groupes et des Tribute bands et donc, au final, la même musique tout le temps !

« Outsider » est disponible depuis le 17 mars chez Century Media Records.